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  • La légitimité politique du Centre

    Pourquoi la Droite et la Gauche reviennent toujours au centre? Pourquoi tous les gouvernements de droite et de gauche ont tendance à gouverner au centre. Ce n’est pas par hasard, ni par perte du sens de l’orientation. Au contraire. Car la légitimité politique se trouve bien au centre et c’est une évidence que l’attirance centrale soit trop forte pour que les extrêmes puissent s’en affranchir longtemps. Mais ce n’est pas une attirance de renoncement, bien au contraire, c’est la force aimantée de la responsabilité et de la légitimité auxquels sont obligés de revenir tous les idéologues un tant soit peu lucides. Pour gouverner un pays, il ne peut y avoir, sur la durée, qu’une politique qui soit légitime et responsable, une politique équilibrée.

    Dès lors, pourquoi mettre au pouvoir des gens qui proposent des politiques irresponsables et qui divisent la communauté alors qu’il y a des gens qui portent les idées du Centrisme, celle d’une pensée politique responsable et légitime ?

    Evidemment, il y a le syndrome «demain on rase gratis» ou «Père Noël». Les propositions clientélistes et populistes sur l’établissement demain du paradis sur terre sans effort et pour tout le monde sans exception exaltent les populations mais aussi flattent leurs comportements les plus matériels. Avoir beaucoup plus sans se fatiguer plus que ça, voilà qui attire toujours de nombreux électeurs! Mais, ne nous y trompons pas, cette situation existe aussi parce que le Centre est incapable de «vendre» correctement ses idées et que de nombreux opportunistes phagocytent son message.

    L’incapacité du Centre à vendre son message est ancienne. Les centristes ont toujours du répondre aux attaques venues de la Gauche et de la Droite les accusant d’être des mous qui ne prenaient pas partie et dont les idées n’étaient qu’un mélange fade d’idées de gauche et de droite. Et, au lieu, de clamer haut et fort l’originalité de leurs idées et de leur démarche, les centristes ont répondu par des arguments sur leur vision «modérée» (que leurs détracteurs ont tôt fait d’appeler de la mollesse et de l’insipidité), par un profil bas et, surtout, par un complexe d’infériorité qui s’est traduit sans cesse par des rapprochements soit avec la Gauche, soit avec la Droite pour se donner, soi-disant, un peu plus de personnalité. Le centriste honteux ne peut porter un message dynamique, moderne, responsable et légitime, le message du Centrisme. Et ne pouvant le porter, il ne peut convaincre que le message est le bon et qu’il est le meilleur messager pour le mettre en œuvre.

    Mais il ne faut pas oublier tous les opportunistes qui encombrent les salles d’attente des agences pour l’emploi politique et qui pensent que d’être au centre leur donnent plus de chance de parvenir au pouvoir puisqu’ils peuvent plus facilement se déclarer de gauche ou de droite au moment opportun. Les gouvernements de la V° République pullulent de cette race de politiques dont certains, il faut le dire, ont très bien réussi sur le dos du Centre…

    Porter la légitimité politique, c’est-à-dire la seule façon de faire de la politique dans une démocratie représentative, est une mission qui impose un comportement responsable et une fierté que les centristes seraient bien inspirés d’adopter face à leurs détracteurs. Vouloir construire la meilleure société possible où tous y trouvent leur compte en respectant chacun dans une vision humaniste, ce n’est pas honteux. C’est plutôt le contraire qui l’est!

    Alexandre Vatimbella

  • Quel leader pour le centre ?

     

    Y a-t-il un leader naturel et charismatique du Centre? La réponse est non. Et parmi les chefs de partis se réclamant du centre, François Bayrou, Hervé Morin et Jean Arthuis, lequel pourrait prétendre remplir ce rôle? Aucun. François Bayrou aurait pu être l’élu, lui qui a réussi à obtenir un score de 18,57% aux dernières élections présidentielles en tant que candidat de l’UDF. Mais il l’a dit lui-même, il n’est pas centriste et son désormais positionnement à gauche avec le Mouvement démocrate le disqualifie pour être un rassembleur de la famille centriste. Son dauphin d’alors à l’UDF, Hervé Morin tente de se placer pour occuper le siège mais la dépendance quasi-totale vis-à-vis de l’UMP de son parti, le Nouveau Centre, et son propre positionnement au centre-droit (il est plus un libéral qu’un centriste) n’en fait pas actuellement un postulant sérieux. Quant à Jean Arthuis, il répète partout qu’il n’est pas candidat au poste de leader de quoi que ce soit mais il se veut uniquement un réunificateur de la famille centriste. Le parti qu’il a créé, l’Alliance centriste, a d’ailleurs comme slogan le fait de «rassembler les centristes» mais pas de mener une politique centriste. Et puis, n’oublions pas que ses prises de positions en matière économique et financière sont plus proches des thèses d’Alternative libérale, le groupuscule néolibéral, que du MRP et de son centrisme social. De plus, aucun des trois que l’on vient de citer n’a un charisme propre à enflammer les foules…

    Peut-il y avoir un leader caché ou, en tout cas, un qui monte et qui va s’imposer dans les années qui viennent? Si l’on passe en revue les noms des possibles candidats, on s’aperçoit qu’ils sont très peu nombreux au jour d’aujourd’hui. Tout juste pourrait-on citer Jean-Christophe Lagarde, le député du Nouveau Centre de Seine-Saint-Denis et président exécutif du Nouveau Centre ou Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical. Mais pour qu’ils remplissent le rôle encore faudrait-il qu’ils fassent preuve d’une indépendance politique et qu’ils bâtissent un discours centriste clair ce qui n’est pas encore le cas.

    Devant cette absence de figure charismatique, le Centre se trouve peu à même de se réunifier. Evidemment, tout va très vite en politique et il se peut très bien qu’une ou plusieurs personnalités se révèlent d’ici à l’élection présidentielle, Jean-Christophe Lagarde ou Jean-Louis Borloo pouvant en être (et même Hervé Morin), afin de porter une candidature unique du Centre qui soit autre chose qu’un simple témoignage ou qu’une simple volonté d’occuper un espace politique pour récupérer des voix. Si ce n’est pas le cas, les présidentielles de 2012 pourrait bien être une bérézina centriste.

    Peut-on, par ailleurs, dresser une sorte de portrait-robot d’un leader qui serait capable, à la fois, de réunir la famille centriste et de porter une réelle espérance politique auprès de la population. Au-delà des caractéristiques communes à tout chef charismatique, qu’il soit de Gauche, de Droite ou du Centre, celui-ci devra être capable de réaliser un délicat compromis entre les différences tendances centristes afin de bien positionner le parti ou la confédération de parti dont il serait le dirigeant au centre de l’échiquier politique. Reste que la tâche la plus importante sera de présenter un programme afin de réconcilier la France avec elle-même mais aussi avec l’Europe et la mondialisation.

    Réconcilier la France avec elle-même c’est la mettre en face de la réalité pour qu’elle avance et non la laisser dans ses chimères pour qu’elle recule. Et pas seulement sur le plan économique ou diplomatique. Une société qui se réfugie dans l’idéalisation d’un passé n’est plus capable de se prendre en charge et de porter un projet d’avenir aux plans économique, social et sociétal. Réconcilier la France avec elle-même, c’est refonder la démocratie autour des vraies valeurs que sont la liberté, la solidarité et la tolérance dans des institutions rénovées parce que représentatives de l’ensemble de la population. C’est également refonder l’économie autour d’une économie entrepreneuriale de la connaissance dont la finalité innovatrice est de créer les nouveaux produits, seule façon de s’insérer positivement dans une mondialisation et de la cogérer au lieu de la subir. Cette refondation doit s’accompagner d’une véritable pédagogie et d’une indispensable légitimation par l’ensemble de la population. Sinon, elle sera encore vécue comme une agression quel que soit sont bien-fondé.

    Cette tâche est immense. Elle va bien au-delà des échéances électorales. Cette réconciliation ne se fera pas en cent jours, ni en 110 propositions… Mais elle se fera avec – et non pas sans ou, pire, contre – toutes les Françaises et tous les Français qui veulent – comme dans d’autres pays démocratiques – participer à leur présent et à l’avenir qui se construit pour leurs enfants. C’est la première chose que doit comprendre le prochain leader légitime du Centre. Il devra être porteur d’un vrai projet pour le pays. Et il devra avoir le courage de gouverner en expliquant la réalité de la situation de la France mais aussi les formidables potentialités qu’elle possède et qui ne demandent qu’à s’exprimer.

    Un tel programme doit s’inspirer de ce juste équilibre indispensable pour construire cette société du respect, de la solidarité et de la tolérance que tous les grands leaders centristes ont porté et que le Centrisme de ce nouveau millénaire doit incarner absolument tel qu’un Barack Obama, par exemple, essaye de le faire aux Etats-Unis. Un tel leader existe-t-il aujourd’hui en France?

    Alexandre Vatimbella