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  • Le couple liberté-égalité : star des Français et garant du Bien vivre ensemble

    Dans le dernier baromètre du Cevipof, 52 % des Français déclarent préférer l’égalité contre 48 % la liberté. Après correction des marges d’erreur (ce que les sondeurs et les médias français oublient souvent de préciser !), on peut dire que les deux concepts s’équilibrent. Les Français sont donc pour une société d’équilibre. Et le Centre est pour une politique de juste équilibre.

     

     

    Car il est important d’expliquer que sans liberté, il n’y a pas d’égalité possible et que seule une égalité peut rendre effective la liberté dans la société. Le couple est lié à jamais dans une démocratie sociale. La liberté sans l’égalité produit une société où le plus fort est toujours gagnant sans pour autant le lier à la communauté dont il est issu et sans laquelle il n’aurait pu devenir le plu fort. L’égalité sans la liberté tend à nier la différence et donc l’essence même de l’individu qui ne peut que s’épanouir dans la liberté.

     

     

    Bien évidemment, nous ne devons pas oublier que trop de liberté tue l’égalité, trop d’égalité tue la liberté mais aussi que trop de liberté tue la liberté et trop d’égalité tue l’égalité. L’histoire des pays européens est là pour nous rappeler les dangers des relations entre ces deux termes constitutifs des démocraties occidentales et qui sont un des héritages les plus forts des peuples qui y habitent. Mais il est tout aussi important de rappeler que ce couple doit avancer ensemble.

     

     

    Car, en posant comme postulat déterministe que l’être humain naît libre, les libéraux ont fait un contresens. L’être humain ne naît pas libre car il naît dans et d’une communauté dont il est entièrement dépendant pendant au moins les premières années de sa vie. La dépendance n’est pas la liberté. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’une sujétion aussi forte à la communauté soit définitive. D’autant que l’être humain en tant qu’être unique se possède lui-même.

     

     

    Ainsi, l’être humain de totalement dépendant acquiert une autonomie de plus en plus grande au fil de sa vie mais aussi dans l’évolution de la société qui lui permet de demander une liberté de plus en plus grande. Cette demande de liberté vient alors se heurter à la solidarité qui lui a permis, comme être dépendant, d’être pris en charge par la communauté. Cependant, l’être humain n’étant jamais le produit d’une génération spontanée, ne peut donc jamais réfuter le communauté d’où il vient.

     

     

    Néanmoins, le hasard de sa naissance fait que l’être humain peut revendiquer que n’ayant rien demandé à personne, il n’a de compte à rendre à personne. Cette posture métaphysique est recevable philosophiquement mais non politiquement, dans l’organisation de la cité. Là se situe également une limite de la liberté niée par les libéraux (qui ne reconnaissent qu’une limitation du fait de la liberté de l’autre) mais néanmoins réelle si l’on veut garantir le survie de la communauté. Ce n’est pas seulement la limitation vis-à-vis de la liberté de l’autre mais également de l’organisation de la société. Même un individualiste aussi forcené que Max Stirner le reconnaissait.

     

     

    Dès lors, le bien vivre ensemble doit réunir ces deux composantes, liberté et égalité, cette dernière étant nécessaire à la solidarité. Et la solidarité ne peut être une simple décision de l’être libre, c’est-à-dire une contribution volontaire mais doit être une contribution obligatoire.

     

     

    Une autre objection libérale affirme que les êtres humains ont les mêmes chances et les mêmes droits et que celui qui gagne est celui qui en veut le plus et qui est le meilleur et que ceci fait progresser les sociétés. L’initiative individuelle à finalité personnelle serait donc le moteur de la société et de son progrès. Pourtant, comme l’ont expliqué d’autres penseurs libéraux aussi important que John Rawls, pour que l’égalité des chances et des droits soit une réalité, il faudrait qu’il y ait eu, un jour, une sorte de situation zéro où tout le monde serait parti de la même condition. Or cette situation n’a jamais existé. L’inégalité existe donc dès le départ et elle provient, en grande partie, de la différence. Si cette différence crée de l’inégalité que l’on ne peut abolir sans risque liberticide et de marasme économique, l’inégalité elle crée de l’injustice et cette injustice doit être combattue.

     

     

    Le Juste Equilibre, moteur d’une politique centriste ne peut donc que jouer de la balance sans fin entre liberté et égalité sachant qu’il ne faut jamais que le balancier aille trop dans un sens ou dans un autre au risque d’un délitement du lien social. Et c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. L’individualisation croissante de la société et les revendications qui en découlent de la part de chaque individu provoquent un fort coup de balancier vers la liberté ou, ce que nous préférons appeler, l’intérêt égoïste qui cherche souvent sa justification dans la liberté.

     

     

    En retour, les individus les plus floués – mais pas forcément les plus adeptes du lien social ! – demandent, dans une même démarche égoïste, plus d’égalité en espérant avoir sans peine ce qu’ils n’ont pu obtenir dans la jungle du chacun pour soi. Dès lors, le principale ennemi de ce couple star des Français est bien le peuple français lui-même dans sa quête effrénée d’individualisation (les peuples européens et nord-américains sont dans la même situation) !

     

     

    Quant les Français auront enfin compris que le chacun pour soi ne mène nulle part sauf à être victime de celui qui est plus fort – et on trouve toujours quelqu’un de plus fort que soi -, ils pourront rebâtir un vrai lien social où la liberté et l’égalité seront des moteurs de la différence et de la solidarité et non de l’égoïsme et du repli sur soi. S’ouvrir à l’autre est aujourd’hui une obligation si nous voulons aborder les défis du XXI° siècle dans les meilleures conditions. Cette unité doit être non seulement française mais aussi européenne, ce qu’ont oublié les pourfendeurs de la Constitution Européenne.

     

     

    La campagne présidentielle qui vient de commencer devrait être un forum pour que l’on comprenne bien que l’évolution des sociétés ou que leur « progrès » ne sont pas dans l’affirmation du « moi » contre les autres mais bien une affirmation de la différence de ce « moi » dans l’union avec la différence des « moi » des autres. Alors, le couple liberté / égalité aura donné naissance à la vraie fraternité. Voilà qui doit vous rappeler quelque chose…

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

  • Tout se passe-t-il au centre ?

    Où va se passer l’élection présidentielle ? A Droite, à Gauche, au Centre ? Sur les valeurs, sur l’économie, sur la sécurité, sur le social ? Au regard des qualités des candidats ou de leur image sur papier glacé (un femme, un fonceur, un rassembleur, etc.). Il est souvent difficile de prédire ce qui sera, en fin de compte, l’élément essentiel qui déterminera le corps électoral à choisir un candidat parmi les autres. Reste que plusieurs indices montrent que le positionnement au centre risque de (re)jouer un rôle majeur en 2007.

    Bien évidemment, comme d’habitude, les candidats vont ratisser large avec un discours à la fois « marqué » pour mobiliser l’électorat traditionnel de leur camp et « consensuel » pour ratisser le plus large possible, vers cet électorat « modéré » qui se situe au centre de l’échiquier politique. Mais, ce qui risque d’être nouveau en avril prochain, c’est le rôle central du discours consensuel.

    Alors que les temps étaient récemment à une distinction tranchée, droite contre gauche, il semble que le balancier politique soit de nouveau stabilisé au centre. C’est ce que semble, en tout cas, signifier les résultats des récentes élections à mi-mandat américaines et c’est ce que semblent montrer les positionnements des différents candidats à l’élection présidentielle de 2007. Serions-nous enfin dans l’universalité de la « Troisième voie » chère à Bill Clinton, celle qui fut reprise par un Tony Blair qui édifia son « blairisme » sur ce socle ? Universalité qui serait d’autant plus prégnante que l’évolution de la Droite et de la Gauche se fait, depuis des années, vers le Centre et non vers les extrêmes, ce qui permet, d’ailleurs, la résurgence des partis extrémistes des deux côtés du spectre politique. Mais, même s’il ne faut pas nier ce mouvement, reste que Droite et Gauche ne sont pas le Centre.

    Qu’est-ce donc que le Centre exactement ? Cette question est loin d’être sans intérêt puisqu’un candidat à l’élection présidentielle, François Bayrou, revendique cette étiquette (« centriste révolutionnaire », précise-t-il) et que les médias – en attendant, peut-être, les électeurs – lui porte de plus en plus une attention particulière. Rappelons, rapidement, que le Centre est aussi vieux que la Droite et la Gauche. Il naquit, comme ses deux compères, lors de la Révolution et fut même la force politique dominante à l’Assemblée Constituante.

    Souvent, le Centre a été défini comme une mouvance souple qui pratiquait le compromis, voire la compromission. Ses dirigeants étaient plutôt associés à des hommes politiques ambitieux qui, comme un Edgar Faure, pouvaient naviguer sans aucun scrupule de gauche à droite selon les modes politiques et les strapontins offerts (même si Edgar Faure fut un homme politique des plus brillants).

    Ce serait faire injure aux militants centristes que de ramener le Centrisme au seul opportunisme politique. Car, être au Centre, c’est se définir comme un humaniste qui recherche avant tout à réconcilier les citoyens, à les faire avancer tous ensemble, même si leurs intérêts individuels peuvent être divergents, afin de bâtir une société équilibrée où chacun doit avoir la sensation qu’il compte et que ses revendications sont prises en compte. C’est bâtir une communauté réconciliée parce qu’unie dans un même élan solidaire permettant l’épanouissement de chacun.

    Dès lors, le Centre est une pensée éminemment unitaire et pragmatique, un libéralisme social par évidence. Libéral parce que le Centre reconnaît que le moteur du progrès et de l’évolution de la société passe par la liberté. Social parce que le Centre sait que la sécurité des citoyens, à tous les niveaux, passe par la solidarité et une organisation qui ne laisse personne sur les côtés de la route.

    Une fois le Centre défini, on voit que n’y est pas qui veut. Et si l’élection se fait au centre, ceux qui essaient de ratisser large ne le font souvent que pour obtenir les quelques voix qui feront la différence. Car la plupart des candidats sont des diviseurs et non des rassembleurs même s’ils affirment le contraire. Proposer, par exemple, dans des slogans réducteurs de « faire payer les riches » ou de « remettre la France au travail », c’est nier, d’un côté, la liberté nécessaire au bien être du pays et, de l’autre, injurier ceux qui travaillent dur ou ceux qui ne parviennent pas à trouver un emploi.

    C’est pourquoi, seul le Centre, dans une politique de juste équilibre, peut réconcilier les Français entre eux, réconcilier les Français avec leur pays, réconcilier les Français avec la politique. Seule cette dernière réconciliation peut permettre de gérer le présent en pensant à l’avenir et de prévoir l’avenir en construisant le présent. Et les défis ne manquent pas…


    Alexandre Vatimbella