Loin d’une France réconciliée…
Un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, force est de reconnaître que, justement, les Français ne se reconnaissent pas beaucoup dans ce président « bling-bling » dont l’action ne semble pas avoir été très efficace en regard des défis du moment si ce n’est de ceux du futur. Et, comble d’ironie et de cruauté pour le Président de la république, une majorité relative de Français aimeraient bien qu’il prenne son opposant le plus virulent, François Bayrou, comme Premier ministre.
Au-delà du fait que nous ne savons toujours pas quel est le programme du fondateur du Mouvement démocrate, ceci démontre bien le fiasco de l’action gouvernementale et, plus surprenant, de la communication du pouvoir en place. Sans doute que les Français souhaitent, comme toujours, être gouvernés au centre à défaut d’être gouvernés par le Centre, le vrai, mais cela ne doit pas cacher la méfiance des citoyens à une équipe qui quand elle ne s’engueule pas, a du mal à agir et à changer les choses pour lesquelles elle s’est faite élire.
Evidemment, Nicolas Sarkozy est encore là pour quatre ans et il serait malvenu de tirer un bilan de son action au bout de 365 jours. Mais, lui-même, a senti le malaise et son intervention télévisée récente l’a bien montré. Bien sûr, il peut invoquer comme beaucoup de ses prédécesseurs, la situation économique difficile voire la crise qui se profile et il n’aurait pas tout à fait tort. Bien sûr, il peut invoquer les pesanteurs de la société française mais justement il avait juré de s’y attaquer alors que ses réformes ont été des compromis peu dynamiques voire de pitoyables compromissions avec les tenants du blocage économique, social et sociétal, l’affaire des OGM en étant une caricature. Bien sûr, il peut invoquer la jeunesse de son équipe en place en pariant que son baptême du feu va lui donner un peu plus de consistance mais encore faudrait-il qu’il y ait une ligne directrice cohérente que l’on a bien du mal à trouver.
Dès lors, c’est à une véritable réflexion sur quoi faire, comment faire et comment le dire que Nicolas Sarkozy et ses conseillers doivent s’atteler. Si, comme le prétend le Président de la république, il na que faire de l’impopularité car il a une mission à accomplir, celle de réformer durablement la France pour lui permettre d’être un acteur majeur dans les décennies qui viennent, alors il doit aller de l’avant dans les réformes et il doit choisir les personnes qui sont capables non seulement de les mettre en place mais de les comprendre et de les supporter. La longue litanie de couacs dans l’action et la communication des conseillers et des ministres a jeté une suspicion sur la qualité et la capacité de l’équipe en place. Le Président doit absolument réagir quitte à mettre dehors tous les incompétents ou tous ceux qui tirent dans un sens inverse de l’action qu’il veut mener ou qu’il a affirmé vouloir mener. Le temps des jeunes sans compétences mais tellement « peopolisables », des gens de gauche venus dire tout le bien qu’il pense d’un homme de droite et récupérer quelques strapontins, de gens du Centre qui, malheureusement, ne sont guère écoutés, doit laisser place à une équipe soudée qui va de l’avant.
Quoiqu’il en soit, nous devons attendre encore pour entreprendre une analyse critique du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Tout ce que l’on peut dire pour l’instant c’est que les Français sont inquiets tout autant par la situation économique et sociale que par l’incapacité gouvernementale. Mais l’on sait aussi qu’il en faut peu, ou en tous cas qu’il faut quelques résultats positifs, pour qu’une opinion publique change de vision radicalement. Sans doute aujourd’hui Nicolas Sarkozy est le plus impopulaire des Président de la V° République. Rappelons-nous cependant qu’en 1986 personne ne donnait une chance à François Mitterrand de faire un deuxième mandat et qu’il remporta une large victoire en 1988. La politique est faite de méandres qui permettront peut-être à Nicolas Sarkozy de renaître à la manière mitterrandienne. Reste à espérer que cela sera à cause d’une action politique efficace et non d’une communication bien menée si chère à Mitterrand…
Alexandre Vatimbella