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  • Non, le libéralisme n’est pas responsable de la crise, oui, le capitalisme doit être réglementé

    Non, ce n’est pas la liberté qui est en cause dans la crise économique et financière mondiale comme voudraient le faire croire ceux qui ont toujours eu peur de son exercice effectif mais la façon dont elle est organisée. Cette distinction est essentielle pour ne pas tomber dans une critique facile mais aussi stérile d’une soi-disant tare originelle du libéralisme qui permettrait aux plus roublards de faire leur beurre sur le dos des autres. Car, ici, ce n’est pas le libéralisme qui est responsable de cette crise mais bien le capitalisme, c’est-à-dire le système économique qui organise la machine à produire de la richesse et qui, comme le prouve l’exemple chinois, n’a guère besoin du libéralisme pour exister. C’est de ce système que proviennent les dysfonctionnements qui ont été mis au jour et justement stigmatisés.

    Comme l’explique la philosophe Valérie Charolles dans son ouvrage « Le libéralisme contre le capitalisme », « Il est urgent de revenir aux fondements de la pensée libérale. Pour Adam Smith, le marché est le pendant de la démocratie. Il repose sur la reconnaissance de la liberté de chacun et de sa capacité à être partie prenante de la sphère économique : le travail, source de la richesse, est la valeur fondamentale. La concurrence, à ses yeux, sert à garantir que le mouvement du marché ne débouchera pas sur des positions de domination, mais permettra l’équilibre à long terme où les profits seront modérés et accessibles à tous. Trois notions sont donc fondamentales pour Smith : le travail, la concurrence et l’équilibre. » On le voit, on est loin des agissements qui ont conduit à la dérive financière actuelle du capitalisme qui n’est supportée que par les ultralibéraux. Et si ces notions fondamentales du libéralisme avaient été appliquées, nous n’en serions pas à débourser des centaines et des centaines de milliards pour renflouer des banquiers et des traders qui ont cru que notre argent était leur argent…

    De même, tous les théoriciens sérieux du libéralisme, ont toujours affirmé que liberté sans responsabilité était une calamité. S’il y a liberté, il faut nécessairement la responsabilité. C’est ce qu’écrit très clairement un des théoriciens du libéralisme le moins régulé, Friedrich Von Hayek : « La liberté ne signifie pas seulement que l'individu a à la fois l'occasion et le poids du choix ; elle signifie aussi qu'il doit supporter les conséquences de ses actions et qu'il recevra estime ou blâme pour elles. La liberté et la responsabilité sont inséparables ». Cette responsabilité est essentielle si l’on a en tête cette évidence que rappelle Montesquieu, « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ». La responsabilité de ses actes est donc là pour qu’il ne dépasse pas la frontière qui conduit à l’abus. Car l’irresponsabilité crée le désordre qui crée l’insécurité qui tue la liberté et qui provoque, par exemple, la crise d’aujourd’hui. Dès lors, Il faut que cette responsabilité ne demeure pas qu’un vœu pieu mais qu’elle soit organisée pour empêcher ceux qui pensent qu’elle n’est qu’un mot creux, sans signification et sans implication sur leurs actes, d’aller trop loin. John Locke dit que « là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de liberté ». La norme doit donc être ce rempart, non seulement contre l’abus du pouvoir politique mais aussi contre l’abus du pouvoir économique.

    On doit organiser la liberté politique et son corollaire, la liberté économique. Car, si cette dernière découle de la première, elle est surtout le système le moins mauvais pour produire de la richesse et non le cadre naturel quasi-métaphysique avec cette fameuse « main invisible » qui régulerait les marchés. Sans liberté d’entreprendre et sans récompense liée à cette liberté en cas de réussite, la plupart des entrepreneurs potentiels n’entreprendraient jamais. A cette réelle prise de risque doit correspondre une gratification en cas de réussite. Mais si l’on a le droit de réussir, on a aussi l’obligation d’être responsable de ce que l’on entreprend. Et là on se trouve au cœur des dysfonctionnements du capitalisme financier où la plupart de ceux qui entreprennent sur les marchés boursiers du monde sont totalement irresponsables dans tous les sens du terme notamment parce que les règles de régulation ne sont pas assez contraignantes et, pire, parce qu’elles ne sont pas appliquées. Irresponsables dans la manière de travailler, irresponsables de leurs actes, irresponsables vis-à-vis de l’argent des autres qu’ils utilisent. Et là se trouve la problématique. Car certains ultralibéraux qui confondent les marchés financiers avec la corne d’abondance couplée avec le loto continuent à affirmer que ce sont les règles de fonctionnement et de contrôle qui sont trop contraignantes au nom de la liberté et de l’efficacité. Pour eux, il faut une liberté totale au mépris de la responsabilité mais aussi de la morale car voilà bien d’un gros mot qu’ils n’aiment pas entendre préférant utiliser celui, moins exigent, de « éthique » que s’auto-imposeraient les acteurs du marché. On a malheureusement vu avec cette crise combien cette autorégulation et cette éthique étaient puissantes… Car, selon eux, tout doit être sacrifié au nom de l’efficacité. C’est une affirmation dangereuse car la morale doit être la borne de l’efficacité. Il n’est pas possible de faire n’importe quoi au nom de l’efficacité au risque d’ouvrir la boite de pandore de tous les abus dans tous les domaines. Et cette exigence morale dans notre monde irresponsable doit être traduite en réglementations c’est-à-dire, dans le cas qui nous occupe ici, en limitant les possibilités de faire n’importe quoi pour s’enrichir sur les marchés financiers et en prévoyant de vraies et fortes sanctions pour ceux qui les transgressent. Loin d’être liberticide comme le crient volontiers ceux qui justement s’enrichissent sur le dos des autres grâce à quelques tours de passe-passe (et non grâce à leur travail et leur intelligence) et leurs idéologues, elles permettent à la liberté de vivre pour tous. Faire n’importe quoi, ce n’est pas la liberté c’est le désordre. Et le désordre empêche toute activité. Seule la sécurité le permet. Voilà un discours que même ces ultralibéraux devraient entendre, eux pour qui la sécurité est la seule fonction légitime d’un Etat et l’ordre la seule façon d’apporter la confiance nécessaire au développement économique. Car le capitalisme est, au bout du compte, un outil de développement économique, c’est-à-dire un outil pour apporter le bien être aux sociétés qui l’utilisent et à ceux qui y vivent et non une fin en soi.

    Alexandre Vatimbella

  • Centrisme n’est pas Socialisme mais Bayrou et Royal labourent les mêmes terres

    François Bayrou et Ségolène Royal poursuivent tous deux la même ambition, devenir Président de la République française. Pour cela, ils ont besoin de ratisser large car leurs partis respectifs ne sont pas en état de gagner la bataille seuls. Pour chercher un réservoir d’électeurs, Bayrou doit aller voir à gauche, vers le Parti socialiste, et Royal à droite, vers le Mouvement démocrate. Voilà ce qui les rassemble, une stratégie politique. Tout le reste les divise. Enfin, c’est ce que l’on pourrait croire car la réalité est toute différente même si leurs circonvolutions idéologiques tentent de faire croire que Centrisme et Socialisme sont solubles l’un dans l’autre. Celles-ci sont aussi pathétiques que mensongères mais cache, surtout, une autre réalité.

    Entre un Libéralisme social et un Socialisme libéral, rappelons qu’il existe bien sûr des ponts mais il continue néanmoins à couler une rivière entre les deux. Et, aujourd’hui, entre le Centrisme à la française et le Socialisme à la française, il vaut mieux parler d’un fleuve en crue… Car le Socialisme français n’a rien à voir avec la Troisième voie chère aux Travaillistes britanniques et aux Démocrates américains. Quant au Centrisme français, ses fondements n’ont guère à voir avec la pensée de plus en plus affichée par François Bayrou et le Mouvement démocrate qui, eux, professent, une sorte de catholicisme social laïcisé où la stigmatisation de la réussite personnelle et de l’individualisme n’a rien à voir avec l’éthique de responsabilité prônée par le Centrisme.

    La réalité est donc qu’aujourd’hui nous sommes dans une sorte de supercherie où le Mouvement démocrate n’est pas un parti du Centre malgré ses dires mais plutôt un parti plus proche d’une Gauche « centrisée » à la Ségolène Royal ou, plus, d’une charité chrétienne anticapitaliste que d’un centre-gauche, François Bayrou, ne l’oublions pas, est issu de la Démocratie chrétienne la plus conservatrice. Dès lors, il existe effectivement une proximité idéologique entre le socialisme mou de Ségolène Royal et le catholicisme social conservateur et anticapitaliste de François Bayrou. Reconnaître cette réalité serait évidemment une honnêteté vis-à-vis des électeurs. Ne nous leurrons pas, cela ne se passera pas parce qu’en politique nous nous trouvons face à des positionnements idéologiques qui n’ont souvent rien à voir avec la réalité que ce soit à droite, au centre ou à gauche Ce qui permet d’ailleurs de trouver paradoxalement des personnes de droite à gauche et au centre, de gauche à droite et au centre et du centre à gauche et à droite.

    Reste une autre réalité : Ségolène Royal a besoin de François Bayrou et François Bayrou a besoin de Ségolène Royal mais il n’y aura qu’une place à l’Elysée. La lune de miel sera donc de courte durée dès que seront annoncées les fiançailles car le mariage sera bien sûr impossible tant les deux labourent les mêmes terres.

    Alexandre Vatimbella