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  • Le paradoxe de l’automobile : l’acheter et ne pas s’en servir !

    Le paradoxe de l’automobile est une des manifestations les plus caractéristiques de l’inconséquence politique de ces trente dernières années qui prend un tour encore plus ubuesque actuellement avec la crise économique et financière mondiale où l’industrie automobile est en péril partout dans le monde et où tous les gouvernements annoncent, chacun à leur tour, un plan de soutien et de relance du secteur. Ce paradoxe peut se résumer à cette formule : « Pour être un bon citoyen, il faut acheter une voiture mais ne pas s’en servir » !

    Détaillons. Tout citoyen responsable se doit d’acheter une voiture afin de faire fonctionner les usines et de donner du travail aux ouvriers, puis de donner du travail aux vendeurs de voitures, aux réparateurs de voitures, aux pompistes, aux employés d’autoroutes et à un certain nombre de « parasites » automobilistiques comme les contractuels, les employés des fourrières et les poseurs de pub sur les pare-brises. Cependant, une fois que notre citoyen responsable a acquis sa voiture, il doit louer ou, mieux, acheter une place de parking pour y mettre son nouveau bien et ne jamais s’en servir pour aller au boulot, pour emmener les enfants en classe, pour partir en vacances ou pour faire ses courses afin d’éviter les embouteillages qui paralysent le pays et qui polluent énormément, sans parler des nuisances sonores. D’autant qu’il fera des économies d’énergie ce qui permettra de ne pas plomber la balance des paiements et qu’il ne creusera pas le trou de la sécurité sociale en causant des accidents de la route. Il ne faut pas qu’il oublie, malgré tout, de prendre une assurance, même si sa voiture ne roule pas, afin de ne pas précipiter la faillite de toutes les grandes compagnies d’assurance et qu’il continue à acheter des revues automobiles. De temps en temps, il aura la bonne idée de siphonner son réservoir (mais pas de mettre en route son moteur, respect de l’environnement oblige) afin d’aller chercher de l’essence en transport en commun muni de jerricans. De temps en temps, également, il poussera sa voiture pour la garer sur des emplacements interdits afin de participer au budget de sa commune. Et il ne faut pas qu’il oublie de changer sa voiture tous les deux ans afin de faire fonctionner les usines et patati patata. Enfin, on ne saurait trop conseiller à ce bon citoyen responsable d’acheter une deuxième voiture pour sa femme, une troisième pour sa fille et une quatrième pour son fils pour résoudre le chômage. Et autant de places de parking pour résoudre la crise de l’immobilier. Mais peut-être pas autant de jerricans car ceux-ci sont sans doute « Made in China »...

    Quel que soit le comique de la situation, c’est drôle à en pleurer ! Le paradoxe de l’automobile constitue ainsi un des meilleurs exemples des dysfonctionnements de nos sociétés à tous les niveaux mais surtout de l’Etat. Car, celui-ci, incapable de se projeter dans l’avenir fonctionne exclusivement ou presque à court terme. De même, l’appareil politique, incapable de prendre ses responsabilités prend des décisions incohérentes et totalement contradictoires souvent pour se faire réélire mais aussi par une absence complète d’une vision responsable des défis qui se pose à la société. D’un côté, il faut faire exister un secteur économique, voire même l’aider comme c’est le cas actuellement, tout en demandant au citoyen de participer à ce « civisme » (remplacer sa vieille voiture grâce à une prime à la casse, par exemple) et en l’encourageant, ensuite, à ne pas se servir de l’automobile qu’il vient d’acquérir au nom d’un autre « civisme ». Mais le bon citoyen, lui aussi, participe de ce paradoxe en élisant ce même personnel politique irresponsable, en achetant des voitures tout en se disant très concerné par les problèmes de pollution et de réchauffement de la planète tout en fustigeant les méchants industriels qui lui permet de polluer sans grands états d’âme en ayant trouver des boucs émissaires…

    Et au moment où l’on devrait enfin pouvoir dire « la voiture est morte, vive la voiture ! » en décidant de laisser mourir cette vieille automobile polluante grâce à la crise qui s’établit partout dans le monde pour en créer une nouvelle propre et durable, ne voilà-t-il pas que tous les gouvernements du monde viennent au secours de la vieille automobile au lieu de permettre à cette nouvelle automobile de naître. Partout on subventionne les constructeurs automobiles qui n’ont pas su ou voulu s’adapter, partout on établit des primes à la casse pour déresponsabiliser le citoyen qui n’en a guère besoin, partout de Pékin à Paris, de Washington à New Delhi.

    L’être humain, individuellement et collectivement, a toujours eu du mal à bâtir du durable. De même, il a pratiquement toujours était incapable de s’adapter à l’avenir en douceur estimant que ce qui ne relevait pas du jour même pouvait attendre le lendemain même si celui-ci était trop tard. Bien sûr, de l’autre côté, il y a toujours eu des oiseaux de malheur pour surfer sur les angoisses collectives et pour prédire la fin du monde qui, pour autant que nous puissions le juger, n’est pas encore arrivée malgré tous les faire-part de décès qui nous ont été adressés au fil des siècles.

    Reste que la « paradoxe de l’automobile » a un dindon de la farce, l’automobiliste. Sans être pour le moins du monde populiste, remarquons que le citoyen conducteur (le « citoyen vache à lait » diraient certains) est le seul à payer tout le temps : en achetant la voiture ; en payant des impôts qui se transformeront en aides et subventions publiques ; en payant son essence, son assurance, ses contrôles techniques, le remplacement des pièces défectueuses, les révisions, le dépannage en cas de panne ; en s’acquittant des péages d’autoroutes, des stationnements payants, des amendes de toutes sortes et ainsi de suite. Sans oublier, par exemple, les impôts qui payent les hôpitaux publics où on se fait soigner après un accident de la route. Et en retour, on lui explique qu’il est un mauvais citoyen qui est en train de détruire la planète !

    Il y aurait un bon côté si le « paradoxe de l’automobile » avait permis à la société d’apprendre une bonne leçon. Malheureusement, les politiques, les industriels et les citoyens sont toujours aussi irresponsables devant les défis du présent et du futur. Dès lors, il n’est pas un phénomène exceptionnel mais bien le fonctionnement normal de nos sociétés. Et là, nous avons de quoi être inquiets pour notre avenir !

    Alexandre Vatimbella

  • L’inévitable guerre, à moins que…

    Ce jour, comme hier et comme demain, de nombreuses personnes vont mourir dans des conflits qui ensanglantent le monde aux quatre coins de la planète, de l’Afghanistan au Congo, de la Colombie à la Somalie et dans lesquels, nous l’oublions souvent, nous sommes, nous, Européens et Occidentaux, directement impliqués. Depuis que l’Humanité existe, il y a eu plus de jours de guerre que de jours de paix ! La guerre est donc la gestion du conflit préférée des êtres humains… Cette réalité désespérante risque de perdurer et peut-être même de s’amplifier dans les décennies à venir, faisant du XXI° siècle, un siècle tout aussi sanglant que le précédent pourtant peu économe en vies humaines sur les champs de bataille et dans les ruines des cités. Car les motifs pour faire la guerre vont se multiplier et leur importance pourrait bien balayer nos belles valeurs humanistes. Au-delà de tous les conflits existants, le manque d’énergie sera peut-être la cause des premières guerres du siècle nouveau. La raréfaction de l’eau potable, le manque de nourriture, l’exigüité du territoire, le nombre de femmes insuffisantes dans des pays comme l’Inde ou la Chine sont autant d’autres motifs déclenchant. Sans parler d’une possible guerre de religion. Et sans oublier que le terrorisme pourrait disposer d’armes de destructions massives à plus ou moins long terme. A moins que la crise économique et financière mondiale ne se prolonge et soit le terreau de troubles sociaux puis de régimes autoritaires comme ce fut le cas en 1929 avec, au bout, la deuxième guerre mondiale, le conflit le plus meurtrier de toute l’histoire de l’humanité, il y a, à peine, soixante-trois ans…

    Dès lors, la question n’est peut-être pas de se demander s’il y aura une nouvelle grande guerre mais quand et où. Et ce « où » pourrait bien impliquer encore plus directement le monde occidental dans lequel nous vivons bien plus qu’il ne l’est actuellement dans les guerres où l’Europe et les Etats-Unis sont engagés (Irak, Afghanistan, Darfour, Congo, etc.). Bien sûr, le pire n’est jamais sûr mais l’expérience des siècles passés, voire des millénaires, doit nous encourager, au minimum, à nous préparer à la possible survenance d’un nouveau conflit même si les optimistes notent que, jusqu’à présent, aucune guerre n’a mis aux prises des démocraties, ce qui devrait limiter les risques d’embrasement en Europe. Pour le moment.

    Y a-t-il une chance que le scénario catastrophe ne survienne pas ? Cette chance, malheureusement, ne se trouve sans doute pas dans notre amour du prochain, ni dans notre sagesse en dépit de ce que croient tous les idéalistes qui prônent un changement de nos comportement et de nos manières de vivre. La peur d’une guerre atomique peut être un repoussoir mais jusqu’à quel niveau de haine ou de désespoir ? En revanche, la sauvegarde de la paix peut se trouver dans l’ingéniosité humaine, dans l’innovation. Il n’est pas question ici de foi aveugle et inconditionnelle dans la science et la technologie humaines. Non, il s’agit simplement de l’espoir que l’être humain sera capable de trouver des solutions dans ses capacités d’innovation technique car, pour ce qui des innovations politique et sociétale, il y a tout lieu de se montrer très pessimiste, non pas sur ses capacités à en conceptualiser mais dans celles de les mettre effectivement en œuvre. Parions sur le génie technologique de l’être humain plutôt que sur sa sagesse pour avoir une chance de nous en sortir. Ce qui ne nous empêche pas, bien sûr, de continuer le combat pour que les êtres humains comprennent que leur intérêt commun est de consacrer toutes leurs énergies non pas à détruire ce qu’ils ont construit mais à le protéger, à l’améliorer et à le partager. Une révolution par l’amour et la sagesse qui ne semble pas encore être leur préoccupation première …

    Alexandre Vatimbella

  • L’Europe est une nécessité mais plus un rêve

    Bien, il y aura des élections européennes en 2009. On peut presque parier qu’à coup sûr la participation ne sera pas très élevée… et que tout le monde le déplorera avant de passer à autre chose. Car l’Europe n’intéresse plus beaucoup les citoyens, non pas parce qu’elle n’est pas présente ou parce qu’elle n’est pas considérée comme une nécessité (bonne ou mauvaise) mais parce qu’elle ne fait plus rêver depuis très longtemps. Et l’on peut aussi parier que le rêve européen n’est pas prêt de revenir. En fait, ce rêve est mort lorsque les politiques l’ont enterré sans cérémonial lorsqu’ils se sont rendus compte qu’il ne pourrait jamais y avoir une vraie Europe politique parce que personne n’en voulait vraiment et que la seule Europe possible était une Europe de la paix, technocratique et tournée vers les échanges économiques. Ce n’est pas rien mais cela ne peut plus être plus que cela. Et les déclarations triomphales de Nicolas Sarkozy sur le retour de l’Europe à l’occasion de la crise économique et financière mondiale et des mesures « prises en commun » n’aura trompé personne puisque dès qu’elles furent faites les « partenaires européens » de la France s’empressèrent de prendre, chacun de leur côté, des mesures nationales sans guère se soucier d’une quelconque « unité européenne » !

    Evidemment, cette Europe n’a guère d’avenir en tant que puissance mondiale. Mais qui veut que l’Europe soit une puissance mondiale ? La France ? sans doute ; la Grande Bretagne ? peut-être ; l’Allemagne ? sans doute pas comme l’Italie et l’Espagne. Quant au Danemark, à la Suède, à l’Irlande, à la Finlande, à la Pologne ou à la République Tchèque, surtout pas. Les peuples européens dans leur majorité souhaitent vivre dans le cocon d’une démocratie sociale où règne la paix avec compassion pour le malheur du monde mais pas en allant y fourrer son nez de trop près. D’ailleurs, les fameuses controverses sur le « modèle social européen » ont montré qu’à défaut d’un système unitaire dans ce domaine, il y avait néanmoins une vision commune (sauf peut-être en Grande Bretagne et encore) sur la conception du travail, celle des loisirs et celle de la couverture sociale. De même, l’Europe est devenue avant tout un espace de paix depuis la crainte réelle des politiques, lors des conflits dans les Balkans, que la guerre ne revienne sur un continent déjà si durement éprouvé et toujours pour des questions des minorités nationales comme détonateur (la forte communauté hongroise de Roumanie par exemple). C’est l’unique raison pour laquelle on s’est empressé de faire adhérer des pays comme la Slovénie, la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie comme l’ont reconnu les politiques au pouvoir à l’époque et que l’on veut incorporer au plus vite la Croatie, la Bosnie et la Serbie, sans oublier la Macédoine, l’Albanie et le Monténégro. Car l’incapacité de l’Union européenne à régler les conflits balkaniques dans les années 1990 ont montré qu’elle n’était, à ce niveau-là, qu’un tigre de papier et que seule l’intervention de l’ami américain empêcha le conflit de l’ex-Yougoslavie de se propager à toute la région et de dégénérer en guerre européenne (rappelons que, entre autres, la France soutenait le Serbie et l’Allemagne, la Croatie).

    Donc l’Europe ne fait plus rêver mais nous ne pourrions nous en passer économiquement et pacifiquement parlant. Reste que deux dangers guettent cette « petite » Europe à moyen-long terme. D’une part, un lent délitement qui pourrait remettre en cause, dans quelques décennies, son existence ce qui serait certainement désastreux. D’autre part, une sorte de « syndrome munichois » où la paix et la prospérité à tout prix pourrait avoir comme conséquence, dans un monde où il faut toujours lutter pour préserver ses acquis quels qu’ils soient, de n’avoir ni l’une, ni l’autre. Et faudrait-il alors 50 millions de morts de plus pour que le rêve revienne ? La leçon de l’Histoire, ici, ne permet pas de répondre avec confiance par la négative…

    Alexandre Vatimbella