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L’Europe est une nécessité mais plus un rêve

Bien, il y aura des élections européennes en 2009. On peut presque parier qu’à coup sûr la participation ne sera pas très élevée… et que tout le monde le déplorera avant de passer à autre chose. Car l’Europe n’intéresse plus beaucoup les citoyens, non pas parce qu’elle n’est pas présente ou parce qu’elle n’est pas considérée comme une nécessité (bonne ou mauvaise) mais parce qu’elle ne fait plus rêver depuis très longtemps. Et l’on peut aussi parier que le rêve européen n’est pas prêt de revenir. En fait, ce rêve est mort lorsque les politiques l’ont enterré sans cérémonial lorsqu’ils se sont rendus compte qu’il ne pourrait jamais y avoir une vraie Europe politique parce que personne n’en voulait vraiment et que la seule Europe possible était une Europe de la paix, technocratique et tournée vers les échanges économiques. Ce n’est pas rien mais cela ne peut plus être plus que cela. Et les déclarations triomphales de Nicolas Sarkozy sur le retour de l’Europe à l’occasion de la crise économique et financière mondiale et des mesures « prises en commun » n’aura trompé personne puisque dès qu’elles furent faites les « partenaires européens » de la France s’empressèrent de prendre, chacun de leur côté, des mesures nationales sans guère se soucier d’une quelconque « unité européenne » !

Evidemment, cette Europe n’a guère d’avenir en tant que puissance mondiale. Mais qui veut que l’Europe soit une puissance mondiale ? La France ? sans doute ; la Grande Bretagne ? peut-être ; l’Allemagne ? sans doute pas comme l’Italie et l’Espagne. Quant au Danemark, à la Suède, à l’Irlande, à la Finlande, à la Pologne ou à la République Tchèque, surtout pas. Les peuples européens dans leur majorité souhaitent vivre dans le cocon d’une démocratie sociale où règne la paix avec compassion pour le malheur du monde mais pas en allant y fourrer son nez de trop près. D’ailleurs, les fameuses controverses sur le « modèle social européen » ont montré qu’à défaut d’un système unitaire dans ce domaine, il y avait néanmoins une vision commune (sauf peut-être en Grande Bretagne et encore) sur la conception du travail, celle des loisirs et celle de la couverture sociale. De même, l’Europe est devenue avant tout un espace de paix depuis la crainte réelle des politiques, lors des conflits dans les Balkans, que la guerre ne revienne sur un continent déjà si durement éprouvé et toujours pour des questions des minorités nationales comme détonateur (la forte communauté hongroise de Roumanie par exemple). C’est l’unique raison pour laquelle on s’est empressé de faire adhérer des pays comme la Slovénie, la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie comme l’ont reconnu les politiques au pouvoir à l’époque et que l’on veut incorporer au plus vite la Croatie, la Bosnie et la Serbie, sans oublier la Macédoine, l’Albanie et le Monténégro. Car l’incapacité de l’Union européenne à régler les conflits balkaniques dans les années 1990 ont montré qu’elle n’était, à ce niveau-là, qu’un tigre de papier et que seule l’intervention de l’ami américain empêcha le conflit de l’ex-Yougoslavie de se propager à toute la région et de dégénérer en guerre européenne (rappelons que, entre autres, la France soutenait le Serbie et l’Allemagne, la Croatie).

Donc l’Europe ne fait plus rêver mais nous ne pourrions nous en passer économiquement et pacifiquement parlant. Reste que deux dangers guettent cette « petite » Europe à moyen-long terme. D’une part, un lent délitement qui pourrait remettre en cause, dans quelques décennies, son existence ce qui serait certainement désastreux. D’autre part, une sorte de « syndrome munichois » où la paix et la prospérité à tout prix pourrait avoir comme conséquence, dans un monde où il faut toujours lutter pour préserver ses acquis quels qu’ils soient, de n’avoir ni l’une, ni l’autre. Et faudrait-il alors 50 millions de morts de plus pour que le rêve revienne ? La leçon de l’Histoire, ici, ne permet pas de répondre avec confiance par la négative…

Alexandre Vatimbella

 

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