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  • Les enfants devront toujours «payer» pour leurs parents… et c’est normal !

    Partout, de Barack Obama à François Bayrou, de Nicolas Sarkozy à Angela Merkel, de Gordon Brown à Ségolène Royal, le thème à la mode des leaders politiques, repris par la presse sans véritable esprit critique, est que notre responsabilité envers les générations futures doit être au centre de nos décisions. Ils viennent, tous en cœur, nous expliquer que nous ne devons pas laisser à nos enfants des dettes en tout genre qui mettront en péril leur avenir radieux. Beau thème consensuel d’un monde harmonieux s’il en ait mais particulièrement hypocrite et totalement irresponsable ! Si l’on suit cette logique jusqu’au bout, cela veut dire que nous ne devons jamais agir puisque chacune de nos actions a des conséquences pour le futur, conséquences parfois « négatives » (souvent cette caractéristique étant indécelable au moment de la prise de décision) mais néanmoins incontournables si nous devons construire le présent et le futur. Par exemple, l’idée que nous ne devons pas laisser de déficits des finances publiques voudraient dire qu’il ne faut jamais dépenser en s’endettant dans l’espoir de récolter des fruits meilleurs, alors que l’humanité agit ainsi depuis la nuit des temps parce qu’il s’agit de la seule façon d’améliorer notre existence mais aussi, tout simplement, de la garantir. Car la prise de risque est inhérente à notre présence sur terre. Sans risques, pas de progrès et pas d’amélioration de nos existences. Le risque est à la fois individuel et collectif. Quotidiennement, chacun de nous prend des risques et toute communauté en fait de même. Des risques immédiats mais aussi des risques pour le futur.

    Ce thème a une origine, « l’éthique de responsabilité » de Hans Jonas, un philosophe américain d’origine allemande qui était hanté par la responsabilité de nos actions sur le futur et qui préconisait une attitude pessimiste face à l’avenir. Philosophe à la mode dans le milieu des prophètes de la fin du monde, il a notamment inspiré le fameux « principe de précaution » que le démagogue Jacques Chirac a fait inscrire dans la Constitution et dont la plupart des membres de la communauté scientifique estiment qu’il est une hérésie puisqu’il veut éliminer le risque à la base de toute avancée de l’humanité. Cette éthique de responsabilité ressemble fort à de l’irresponsabilité et le principe de précaution à la peur d’agir. Croire en une évolution naturelle du monde qui serait harmonieuse revient à déifier la nature alors que nous nous battons depuis l’apparition de l’humain pour qu’elle ne nous élimine pas…

    Vouloir éviter tout risque et tout héritage négatif pour les générations futures est une douce utopie et une négation de la vie. D’autant qu’il nous est le plus souvent impossible de mesurer nos actions sur le futur. Parfois, ce que nous pensons être des actes qui auront des conséquences négatives, en ont des positives et inversement. De même, la science se trompe et ses hypothèses se trouvent contredites par d’autres. Ce que nous ne devions pas faire la veille, devient ce que nous devons faire le lendemain… Les êtres humains ne sont pas Dieu et ils ne maîtrisent pas la vie. Empêcher la prise de risque ne nous aurait jamais fait sortir de la préhistoire et d’une vie végétative où notre seule préoccupation serait la survie… Dès lors, nos enfants devront «payer» pour les bêtises que nous pourrions commettre et… c’est normal ! Oui, c’est normal au sens de normalité - et non dans ce drôle de sens où la normalité signifierait le bien - parce que nous prenons des décisions pour assurer notre vie et celle de nos enfants et que nous pouvons nous tromper. Et que nos parents ont fait de même et que nous payons pour eux qui ont payé pour les décisions de nos grands-parents et ainsi de suite jusqu’aux premiers êtres humains. Prenons le cas de la crise économique et financière mondiale actuelle. Beaucoup de Républicains, aux Etats-Unis, ont affirmé que s’ils n’avaient pas voté le plan de relance de Barack Obama, c’était pour ne pas grever le futur des générations futures avec des déficits abyssaux des finances publiques (en oubliant que c’est parce qu’ils ont refusé d’appliquer des règles de contrôles que la situation financière a dégénéré et qu’ils sont responsables des conséquences sur les générations futures alors qu’ils pensaient, au contraire, assurer leur bien-être matériel pour toujours…). C’est le discours, en particulier, de John McCain, l’ancien adversaire républicain d’Obama à l’élection présidentielle. Mais, si nous ne faisons rien, alors tout va s’écrouler et le futur de nos enfants sera encore plus en danger. Où est l’irresponsabilité ? Dans l’agir ou dans le non-agir ? Ce serait tellement plus facile de ne jamais prendre de décisions, de n’être responsable de rien et de laisser la vie agir à notre place et de dire à nos enfants : « vous voyez, nous n’avons pris aucune décision, nous vous laissons le monde comme nous l’avons trouvé et, surtout, ne touchez à rien ». Il y a fort à parier que quelques générations plus tard l’humanité n’existerait plus. On objectera que l’on a qu’à prendre des décisions dont nous sommes absolument sûrs qu’elles seront positives. Le seul problème c’est que nous ne pouvons jamais le savoir sauf pour une infime minorité ce qui revient à peu près à ne rien faire… et à notre disparition programmée. Sans oublier les milliards de gens qui, aujourd’hui encore, ne mangent pas à leur faim et meurent jeunes de maladies dues à la pauvreté. Allons donc leur expliquer que la vie n’est pas un risque et qu’il vaut mieux ne rien faire en attendant la mort…

    La responsabilité et le respect des autres sont deux des principales valeurs que nous devons appliquer quotidiennement. Mais la responsabilité, ce n’est pas le pessimisme attentiste et le respect ce n’est pas la peur d’agir. C’est tout le contraire.

     

    Alexandre Vatimbella

  • Le respect, vraie valeur révolutionnaire

     

    Si l’on considère qu’une révolution établit un nouvel ordre des choses sans retour en arrière, alors le respect est bien une valeur révolutionnaire et, de plus, la condition obligatoire de l’exercice effectif de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. C’est aussi, sans doute, pourquoi nous en sommes si loin…

    Le couple star des Français, est la liberté et l’égalité. Ces deux valeurs se trouvent plus ou moins à égalité dans leurs cœurs ce que confirment la plupart des sondages de ces dernières années. Ainsi, 52% des personnes interrogées par l’avant dernier baromètre du Cevipof (Centre de la vie politique française) avaient placé l’égalité avant la liberté et 48% avaient mis la liberté avant l’égalité. La dernière vague de ce baromètre a inversé les résultats puisque les Français ont placé la liberté en premier pour 52% d’entre eux et 47% choisissent l’égalité (1% ne se prononçant pas…). L’un dans l’autre, on voit bien que liberté et égalité sont les deux faces d’une même vision politique de la population de notre pays.

    On peut compléter ces résultats par un sondage effectué par la Sofres pour le magazine Télérama voici quelques mois. Ici, les trois valeurs de la devise de la Frances ont été prises en compte : liberté, égalité, fraternité. Le choix des Français a été plus radical encore puisque la liberté a remporté avec une large avance les suffrages de 52% des Français qui ont estimé qu’elle est la plus importante du trio, devant l’égalité (30%) et la fraternité (16%). Cependant ils pensent qu’aujourd’hui le terme le plus menacé est l’égalité (80%) devant la fraternité (69%) et la liberté (59%). Et c’est pourquoi ils demandent à 55% qu’une politique plus égalitaire soit mise en place contre seulement 38% une politique plus axée sur la liberté.

    En outre, quand on parle de liberté, c’est avant tout la liberté d’expression qui est importante (66%) devant la liberté d’aller et venir (17%) puis, loin derrière, la liberté d’entreprise (6%), la liberté de culte (4%), la liberté syndicale (3%) qui ferme la marche en compagnie de … la liberté sexuelle (3%) ! Sans doute, concernant cette dernière, les Français estiment-ils, d’une part, qu’il s’agit d’une pratique privée et que, donc, cette liberté ils la prennent en dehors de la sphère publique sans oublier une sensibilité accrue ces dernières années aux affaires choquantes de viols et, surtout, de pédophilie associés sans doute à tort à cette liberté.

    Pour revenir sur le choix d’une politique égalitaire et sur le fait que selon les Français ce soit l’égalité qui soit la plus menacée dans notre pays, il n’est pas inutile de rappeler que la France est certainement un des pays les plus égalitaires du monde comme l’expliquent la plupart des spécialistes qui se sont penchés sur la question et que les émoluments de certains patrons qui choquent les Français ainsi que les « golden parachutes » qui leur permettent d’être licenciés en empochant des dizaines de millions d’euros voire des centaines sont peu de choses dans l’égalité globale et que ces pratiques sont encore plus développées dans d’autres pays dont, par ailleurs, elles choquent tout autant les populations comme celle des Etats-Unis.

    Ce que le sondage ne demande pas, malheureusement, c’est ce qu’est l’égalité pour les Français. Une égalité des chances ou une égalité des conditions, ce n’est évidement pas la même chance. On sait qu’en général c’est plutôt la première qui est citée mais on sait aussi qu’il y a une très forte tendance en France à vouloir niveler les niveaux des revenus et de promouvoir une égalité synonyme d’uniformisation et, in fine, de système liberticide voire totalitaire tant la différence est le fondement de la liberté.

    La question qui se dégage de toutes ces données c’est, évidemment, comment concilier une envie de liberté et une demande d’égalité couplée avec celle d’une solidarité. Cette question est centrale dans la réconciliation des Français avec eux-mêmes et la société française.

    La réponse se trouve en grande partie dans le quatrième terme que les Français ajouteraient volontiers à la devise nationale : le respect. Car, quand on rentre dans les détails de ce très intéressant sondage de Télérame, on apprend que s’il fallait rajouter un quatrième terme à la devise nationale, les Français choisiraient majoritairement le respect. Un intérêt pour cette valeur que confirme un nouveau sondage réalisé par la SOFRES début 2009 pour le Conseil d’analyse stratégique. Ainsi, les Français estiment que la valeur qui doit être privilégiée dans les années à venir est le respect d’autrui.

    Le respect est fondamental pour créer un lien social fort qui puisse être le terreau de la liberté, de l’égalité et de la fraternité et, surtout, de leur interpénétration. Mais il faut s’entendre sur le respect qui est un terme à la mode et qui, souvent, n’est qu’une simple revendication individualiste et hédoniste. Partout les gens ont le mot respect à la bouche. Demander à ce que l’on soit respecté est légitime. Demander à ce que tous ses désirs le soient, c’est entrer en conflit avec les désirs des autres et, plus grave, avec l’autre tout court. Ce respect là est irrespectueux…

    Le vrai respect est celui qui prend en compte la réalité de la vie en société. Nous devons vivre avec les autres, plus, nous en avons besoin. Dans ce cadre, nous devons être capables d’appréhender notre liberté par rapport à l’égalité et à la solidarité. Car le respect de l’autre commence d’abord dans celui de sa liberté et dans la tolérance à ce qu’il est. Un respect bien évidemment symétrique pour qu’il soit accepté et acceptable. Une fois ce respect accordé, celui de l’être dans sa globalité demande qu’on lui accorde l’égalité des chances et qu’une solidarité effective existe dans une société qui ne peut être équilibrée que si elle prend en compte la diversité de ses membres et qu’elle vient en aide à ceux qui en ont besoin à un moment donné de leur existence.

    De ce point de vue, le respect n’est pas seulement une revendication égoïste mais bien l’élément central qui permet de rendre effectif la liberté, l’égalité et la fraternité. Respecter ne veut pas dire aimer ni même apprécier l’autre mais seulement le reconnaître dans sa dimension humaine et donc lui accorder ce à quoi l’on estime soi-même être en droit de réclamer à cet autre.

    Une France réconciliée avec elle-même et le monde, ne peut exister que si les Français sont respectueux les uns des autres, que dans une France où le respect est le fondement du lien social et non une France où la revendication à « ses » droits fait office de citoyenneté.

    Alexandre Vatimbella

     

  • « Eux » et « Nous »

    « Eux », ce sont les responsables de la crise. Et « Nous » sommes les victimes de la crise. Le manichéisme a encore une fois frappé. L’irresponsabilité aussi. Car il n’y a pas « Eux » et « Nous », il y a seulement des hommes et des femmes, dans tous les pays du monde démocratiques, qui ont décidé de donner leurs pouvoirs à leurs représentants afin d’agir en leurs noms. Cela s’appelle la démocratie représentative ou, pour certains penseurs comme Sieyès, le système représentatif puisqu’ils estiment que la démocratie, la vraie, est un système où le citoyen prend lui-même les décisions. On appelle ça, de nos jours, la « démocratie directe » par rapport à la « démocratie représentative ».

    Ce n’est pas seulement une bataille de mots pour le plaisir de disserter. Si nous sommes dans un système représentatif, celui qui semble le mieux adapté à une société complexe où la division du travail et le partage des tâches sont une nécessité (non, nous ne pouvons pas être, à la fois, boulanger, boucher, épicier, agriculteur, pompiste et chef de l’Etat !), nous ne sommes pourtant pas les victimes irresponsables des agissements de nos gouvernants comme nous voulons le faire croire quand tout va mal. Ni les victimes innocentes de méchants boursicoteurs ou de va-t-en-guerres dangereux. Car « Nous » avons du pouvoir mais nous ne voulons pas l’exercer. Et, au fil du temps, nous avons réclamé une plus grande indépendance vis-à-vis de la société (cela s’appelle l’individualisme et la « postmodernité ») qui nous permet de nous créer une sorte de sphère indépendante et totalement égocentrique mais aussi une citoyenneté à mi-temps où nous ne nous occupons de ce que nous voulons et, non pas, de ce que nous devons. Car, contrôler nos gouvernants est le devoir des gouvernés. Il ne s’agit pas de leur donner un « mandat impératif » (où un gouvernant-mandataire ne peut prendre que des mesures précises que ses gouvernés-mandants lui ont donné) qui ne peut évidemment pas fonctionner dans un monde complexe où nous ne savons jamais de quoi est fait le lendemain et qui paralyserait le fonctionnement politique et de l’Etat mais de trois choses essentielles dans un système représentatif : nous tenir au courant, savoir pour qui on vote et contrôler le fonctionnement de nos élus.

    Nous tenir au courant, c’est pouvoir s’informer librement et complètement. L’information libre (presse, audiovisuel, livres, débats, discussions, etc.) est la base grâce à laquelle le citoyen responsable sait pour qui il vote. Si nous ne savons pas ce qui se passe autour de nous, quels sont les problèmes, quelles peuvent être les solutions, alors nous ne sommes pas capables de savoir ce que nous voulons. Dès lors, nous voterons pour des gens qui ne défendrons pas nos points de vue mais qui nous proposerons les leurs auxquels nous ne pourrons qu’adhérer, même si c’est a minima, tout en ne sachant pas s’ils sont ou non bons pour nous.

    Savoir pour qui on vote, ce n’est pas croire en telle ou telle personnalité politique. La croyance n’est pas, en matière politique, un fonctionnement rationnel. Bien sûr, nous n’éliminerons jamais ce facteur croyance mais il doit être supplanté par une analyse des capacités et des promesses faites par ceux qui nous demandent de les élire. Si ce travail était fait sérieusement, cela éliminerait beaucoup de démagogues et obligerait les politiques à un travail beaucoup plus sérieux et responsable. Cela nous permettrait aussi d’imposer un certain nombre de nos points de vue.

    Mais, une fois que nous avons voté, notre « travail » de citoyen n’est pas fini comme le croient la plupart d’entre nous qui se muent alors en pauvres victimes irresponsables qui pestent devant des politiques qui ne prennent pas les bonnes mesures et qui permettent aux escrocs et aux criminels de pulluler autour de nous. Non, notre contrôle de citoyen libre et responsable commence pour éviter les dérives des promesses non tenues, de la corruption et du mauvais gouvernement. Nous pouvons intervenir en dénonçant les dysfonctionnements, les changements de cap, les erreurs, en proposant des solutions en étant, en fait, une vraie « opinion publique », c’est-à-dire responsable et capable d’une réflexion, imposant à nos élus de bien gouverner dans un bon gouvernement et dans la voie pour laquelle nous les avons installés au pouvoir. Et c’est tout à fait réalisable. Par exemple, en investissant le secteur associatif en créant des structures d’analyses, de contrôles et de propositions. Alors nous remplirons ce devoir de contrôle sans lequel le système représentatif ne devient qu’un système plébiscitaire où une caste politique se présente devant nous toutes les x années pour se partager des emplois comme n’importe quel demandeur d’emploi devant un patron mais un patron qui, ici, renoncerait ensuite à contrôler le travail de son employé en lui laissant faire ce qu’il veut…

    Bien entendu, il est beaucoup plus confortable d’être une victime innocente qui ferme ses yeux, met du coton dans ses oreilles et se bouche le nez tout en ouvrant la bouche pour pleurer et se lamenter sur son sort de cocue politique, sacrifiée sur l’autel des intérêts maléfiques des « Eux », les méchants. Mais si nous avons un tant soit peu d’amour propre, prenons-nous en d’abord à « Nous » avant d’attaquer les « Eux » et travaillons à n’être pas de simples citoyens mais des citoyens libres et responsables. Deux adjectifs qui font toute la différence…

    Alexandre Vatimbella