Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pour le Centrisme, il faut changer la société sans changer de société

Il y a un principe de réalité dans le Centrisme. Il faut s’attaquer à changer le réel de manière pragmatique mais néanmoins volontariste pour le réformer et l’améliorer et non prétendre de manière utopique le changer pour bâtir un soi-disant nouveau monde qui ne pourra que ressembler à l’ancien et parfois en pire. Tâche ardue s’il en est car comme le dit si bien le philosophe Clément Rosset, «il est beaucoup plus difficile – et surtout beaucoup plus courageux – d’améliorer le monde que de le jeter tout entier aux cabinets».

Le vrai changement, la vraie réforme n’ont donc rien à voir avec un quelconque grand soir. Ils sont durs à mettre en œuvre, ils prennent du temps à produire des effets et ils doivent être équilibrés pour être, comme on le dit maintenant par une formule lapidaire, gagnant-gagnant, pour avoir un sens, c’est-à-dire profiter à tous en donnant à chacun le plus de ce qu’il peut attendre de la société pour bâtir sa vie d’individu libre et responsable dans sa dimension de personne insérée dans une communauté.

De ce point de vue, il n’est pas inutile de se demander qu’est-ce qui doit demeurer et qu’est-ce qui doit être changé. Et nous devons nous le demander dans une perspective politique c’est-à-dire dans une optique où l’efficacité est le critère premier. Mais, attention, efficacité veut dire que le changement et la pérennité ne peuvent être valides que s’ils profitent à toute la société. Cela ne veut pas dire qu’ils bénéficient directement à tout le monde mais que la structure sociétale qui les incluent, elle, soit la plus efficace possible pour remplir sa mission, rechercher le bien être de toute la population.

Ainsi, le libéralisme social doit être le cadre des relations entre les personnes. Ce libéralisme social n’est pas le système le plus juste ou le plus moral, il est le système le plus efficace pour assurer le bien être maximum et donc pour mettre en place la meilleure justice possible et être le terreau qui permette aux comportements sociaux moraux de pouvoir s’épanouir.

Plus prosaïquement, on n’a pas trouvé – et il sera dur de le faire – de cadre qui permette le plus de liberté et le plus de social possible tout en demeurant dans la réalité de l’existence que le libéralisme social. Sans liberté, l’individu demeure un sujet et est incapable de devenir un moteur du progrès notamment en libérant les énergies qui créent des richesses et qui s’appelle la liberté d’entreprendre que ce soit dans le domaine économique, social ou sociétal. Personne n’a inventé jusqu’à maintenant un moteur aussi fort que celui-ci. Bien sûr, la liberté a un prix qui est même très élevé. Elle crée de l’inégalité sociale à parti des différences ontologiques de chaque personne. C’est à ce niveau, et à ce niveau seulement, que la communauté intervient, notamment par son outil, l’Etat, pour introduire de la justice sociale et empêcher les dérives individualistes ou délictueuses. Cette justice sociale, au demeurant, n’est pas morale dans notre vision d’efficacité. Elle est là parce que la mission de la société est d’assurer le meilleur bien être possible de la population tout en garantissant la meilleure sécurité possible de tout un chacun. La redistribution d’une partie des richesses acquises grâce à la liberté procède de cette mission.

Evidemment, la Droite et la Gauche affirment qu’elles assurent la liberté et qu’elles font de la redistribution sociale. Mais il leur manque l’élément principal et primordial du Centrisme pour rechercher l’équité, le juste équilibre. C’est ici que le Centre fait jouer sa différence et, même, son rôle de point de fixation de toute la vie politique. Et la Droite et la Gauche sont obligées, à leurs corps défendant, de ce rapprocher toujours de ce point sans pour autant s’y rallier vraiment ce qui a pour conséquence des politiques bancales et peu efficaces.

Dès lors, ce qu’il faut changer, ce n’est pas le jeu lui-même, ce libéralisme social qui sert de référence à notre société aujourd’hui, mais les règles du jeu. Ce sont, par exemple, toutes les entraves à sa réelle existence que ce soit les prébendes données aux puissants que les entraves à l’action et la créativité individuelle. Ce sont tous ces règlements qui ne servent qu’à brider les capacités individuelles ou à empêcher les initiatives collectives qui, in fine, profitent à tous. Ce sont tous ces prélèvements qui nourrissent une hypertrophie de l’Etat et tous ces trous dans les caisses de ce même Etat creusés par les nombreux cadeaux donnés sans aucun fondement à certains groupes de pression. Ce sont tous ces freins à l’égalité des chances mais aussi tous ceux à l’expression des différences. Ce sont toutes ces scléroses de la société mais aussi toute cette fausse «modernité» qui fait oublier les vraies valeurs. C’est cet individualisme égoïste et cette volonté de protection à tous prix égocentrique. C’est l’uniformité réductrice mais aussi le communautarisme régressif. Et l’on pourrait continuer.

Le but du changement centriste est de bâtir au jour le jour grâce à ses valeurs (liberté, respect, solidarité, tolérance) et à son principe d’action (le juste équilibre) une société meilleure qui profite à tous ses membres. Celle-ci ne sera jamais le paradis sur terre. Car il n’existe pas. Et tous ceux qui ont cru pouvoir le bâtir ne sont parvenus qu’à faire vivre l’enfer à leurs populations…

Alexandre Vatimbella

Les commentaires sont fermés.