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  • Nous avons besoin du «croiseur» centriste pour traverser les turbulences


    Comme l’a expliqué Jean Arthuis, le président de l’Alliance centriste, la rigueur d’aujourd’hui n’a d’intérêt que si elle permet de mettre en place la croissance saine et soutenable de demain. Pour ce faire, il a utilisé un néologisme «croiseur» (croissance + rigueur), bien plus parlant que celui de «rilance» (rigueur+relance) de Christine Lagarde, la ministre de l’Economie.

    Au-delà de l’enrichissement éventuel du dictionnaire, le point central est que la rigueur n’est pas une fin en soi, c’est un moyen de retrouver la croissance et donc une meilleure condition économique et sociale de nos concitoyens. Elle permettra également de remettre en place les fondamentaux de la gestion économique du pays avec la maîtrise de la dépense publique et son orientation vers les grands défis du présent et de l’avenir que sont l’éducation, l’innovation et l’emploi. C’est un consensus qui se dégage actuellement chez la plupart des économistes et des politiques responsables.

    Voilà un certain temps que les centristes demandaient que des mesures soient prises en ce sens. Non pas qu’ils aiment les purges et l’austérité, bien au contraire. Mais ils savent que personne, ni une famille, ni une entreprise, ni une ville, ni un Etat, ne peut vivre au-dessus de ses moyens et à crédit ad vitam aeternam sans en payer l’addition à un moment. Et plus on attend, et plus celle-ci est salée avec des conséquences plus douloureuses, un peu comme celles qui nous guettent lorsqu’ayant une toute petite carie et redoutant la roulette, nous attendons une rage de dent pour nous rendre chez le dentiste, sachant que nous souffrirons plus avant, pendant et après notre visite. C’est déjà difficile de dépenser plus que l’on gagne en période de croissance. Cela devient impossible en période de difficultés économiques comme c’est le cas actuellement.

    Du coup, pour remporter la rude bataille qui a déjà commencé et qui risque de durer quelques temps, il nous faut le «croiseur» centriste. Car, comme l’a déclaré le président de la Commission pour la libération de la croissance française, Jacques Attali, dans un entretien au quotidien les Echos, «la situation est très grave. (…) Il faut stabiliser la dette à l'horizon 2013, c'est une première étape, et la ramener ensuite vers 60% de PIB d'ici à 2020. Cela nécessite des efforts gigantesques, et qui sont incontournables car les risques en cas d'inaction seraient immenses. Les marchés nous menacent notamment d'augmenter les taux d'intérêt. Le redressement des finances publiques est devenu aujourd'hui une condition du retour de la croissance. C'est la dette qui est un frein. (…) Nous avons devant nous non pas trois ans de rigueur mais dix. Il faut une mobilisation générale du pays. Sinon, nous courons à la catastrophe».

    L’on croirait entendre un centriste! En tout cas, le discours est alarmiste mais a le mérite d’être parfaitement clair. Et il rejoint certaines propositions de l’Alliance centriste en matière fiscale avec la suppression de l’impôt sur la fortune et du bouclier fiscal ainsi que la création d’une tranche supplémentaire pour l’impôt sur le revenu qui taxerait surtout ceux qui s’enrichissent grâce aux plus-values immobilières.

    Mais Jacques Attali, malheureusement, ne va pas jusqu’au bout de son raisonnement en s’opposant à une hausse conjoncturelle des impôts que soutien Jean Arthuis, comme ce dernier le disait au quotidien Le Figaro, «La France ne pourra pas échapper aux hausses d'impôts. Car le plan proposé par le gouvernement ne suffira pas à ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013. L'hypothèse de croissance à 2,5% est irréaliste et les mesures d'économie insuffisantes. Il manque environ 50 milliards d'euros. Outre la réduction des dépenses, je propose notamment que la TVA dans la restauration et pour les travaux de rénovation du logement passe de 5,5% à un taux compris entre 10% et 12%. Pour rétablir notre compétitivité et combattre le chômage, il faudrait même relever sans attendre le taux normal de TVA, aujourd'hui à 19,6%. Le financement de l'Assurance-maladie et de la politique familiale ne doit plus peser sur les salaires. La TVA doit prendre le relais».

    Une hausse de la TVA qui doit permettre de plus taxer les produits venant des pays à bas coûts de production et d’alléger, dans le même temps, la pression fiscale sur les entreprises installées en France afin que celles-ci soient à nouveau concurrentielles, créatrices d’emploi et cessent de délocaliser.

    Là où les deux hommes se rejoignent à nouveau, c’est sur l’Europe. Ensemble, ils estiment qu’une plus forte intégration européenne est indispensable afin d’atteindre les objectifs de maîtrise des dépenses publiques et de retour de la croissance. Une Europe dont nous devons sans délai reprendre la construction vers un fédéralisme afin de garantir aux populations du vieux continent la paix dans la prospérité. Mais cela passe par une expertise sur ce qu’est l’Union européenne et sur qui veut vraiment bâtir une maison commune. A force d’éluder ces questions, les institutions européennes continueront à exister mais vidées de leur substance, de leur esprit d’union des peuples au nom d’un avenir commun, un esprit qui s’évaporera lentement,  sans faire de bruit, au cours des prochaines années.

    Si la crise a eu un effet salutaire c’est parce qu’elle a obligé les Français à prendre conscience que le fameux «modèle français et européen» devait être réformé en profondeur si l’on voulait en protéger la philosophie et une partie des acquis. Les sondages le disent même si, de cette prise de conscience à l’acceptation raisonnée des mesures inévitables, il y a parfois un gouffre! Comme si les Français, se trouvant sur un paquebot en train de couler et le sachant, continuaient de se faire bronzer ou de profiter de la piscine au lieu de réparer le trou dans la coque.

    Le grand débat dans la société française a enfin débuté avec la réforme des retraites. Il devra se poursuivre avec la réforme du système fiscal, celui du système éducatif, du système de protection social afin de renouveler et de raffermir le lien social qui se délite toujours plus. Sans oublier la réforme de l’Europe pour qu’elle soit plus à même d’être un des piliers gagnants de la mondialisation au lieu de la subir de plus en plus et de n’être plus, demain, qu’une friche économique en déshérence. Et le principe qui doit guider ces réformes est le «toujours mieux» qui doit être opposé au «toujours plus» au nom d’une vision humaniste et équilibrée de la société.

    Ce débat ne doit pas être tronqué. Il doit être mené avec responsabilité et non avec la démagogie que l’on voit déjà poindre à droite comme à gauche où le clientélisme fait son retour en force. Le redressement de la France - qui est encore possible (n’en déplaisent aux déclinistes) - passe par un pacte social refondé autour d’une croissance soutenable et solidaire dans la liberté.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La rigueur des centristes

    Le Centre est pour la responsabilité. Que ce soit en matière politique, économique, sociale et sociétal. C’est la raison pour laquelle le Centrisme met en avant la notion de juste équilibre qui doit permettre de gérer la société avec rectitude afin que celle-ci se développe harmonieusement pour le bien de tous. Cette légitime et nécessaire pertinence dans le gouvernement des humains implique une action pragmatique prenant en compte la réalité.

    Que nous dit cette réalité aujourd’hui? Que l’économie de la France est en difficulté et que les finances publiques du pays sont en danger. Ce n’est pas une découverte pour les centristes qui, depuis des années, appellent les différents gouvernements à une clairvoyance et une responsabilité afin d’éviter la catastrophe. Jean Arthuis, le président de l’Alliance Centriste et quelques autres dont Charles-Amédée de Courson du Nouveau Centre ont répété, inlassablement, qu’il fallait assainir les dépenses de la puissance publique. En vain.

    La crise économique et financière de 2008-2009 a relégué, pour un temps, aux calendes grecques la limitation des dépenses de l’Etat et des collectivités locales afin de mettre en place une politique de relance keynésienne avec un fort soutien de l’activité économique du pays par les deniers publics.

    Malheureusement, la reprise que l’on espérait n’a pas eu lieu. Celle-ci aurait permis de renflouer les caisses de l’Etat avec des rentrées fiscales qui augmentent automatiquement lorsque la croissance revient. Au lieu de cela, la France mais aussi les autres pays européens sont dans une petite croissance molle qui ne permet pas de réduire les déficits.

    Vivant au-dessus de ses moyens depuis des années, ayant tenté une relance économique qui n’a pas été au rendez-vous, la seule alternative crédible de la France était la rigueur. Et si certains continuent à croire que l’on peut s’en passer, celle-ci s’impose partout dans les pays développés, du Japon à l’Allemagne en passant par la Grande Bretagne et l’Espagne. Même les Etats-Unis vont devoir s’y mettre malgré l’opposition de leur président, Barack Obama, les marchés commençant à estimer que le déficit du pays n’est plus soutenable et que la reprise américaine a du plomb dans l’aile. La remontée de l’euro face au dollar ces dernières semaines en est une des caractéristiques, preuve du retour des investisseurs en Europe et leur départ du marché américain trop fragile à leurs yeux.

    Mais si le Centrisme est pour la rigueur quand cela est nécessaire (et une gestion rigoureuse de l’économie même en cas de forte croissance), il n’est pas pour l’austérité. Même en cas de récession. Car il ne faut pas confondre rigueur et austérité. Il ne faut pas confondre la gestion responsable de l’économie et des deniers de l’Etat dans une vision dynamique de développement avec des coupes budgétaires et une dépense publique atone sans projet politique autre que celle de faire des économies.

    Une politique de rigueur consiste en un refus de tout laxisme et s’attache à respecter les impératifs économiques et budgétaires. Une politique d’austérité vise à la diminution des dépenses publiques. La différence est que la politique de rigueur n’est pas antinomique, a priori, avec un plan de relance de l’économie en cas de période de crise ou de récession, ce qui n’est pas le cas d’une politique d’austérité.

    Pour autant, il n’est guère facile, comme le souhaite la ministre de l’Economie, Christine Lagarde avec son expression «rilance» (rigueur+relance), d’associer la rigueur et la relance, de trouver l’équilibre entre les deux termes.

    Quoiqu’il en soit, il faut une lutte sans merci contre le laxisme et la dépense clientéliste ainsi qu’une pérennisation des recettes de l’Etat afin d’empêcher la faillite de ce dernier tout en dégageant des marges de manœuvre. Dans le même temps, il faut définir les priorités de la politique économique et sociale (dont une réelle politique de soutien à l’innovation et un accompagnement social pour les plus démunis et les chômeurs). Et il faut dégager des moyens pour ces priorités. Voilà qui demande… une rigueur et une indépendance d’esprit!

    La rigueur alliée à la relance ne distribue pas l’argent à tout va comme on l’a vu pour les immenses plans de relance adoptés aux Etats-Unis et en Chine afin d’irriguer le tissu économique un peu comme les grandes exploitations agricoles ont l’habitude de le faire avec leur énorme déperdition. Au contraire, elle cible les secteurs économiques qui doivent être irrigués comme le font les nouvelles techniques d’irrigation qui, se focalisant exactement sur ce qui doit être irrigué, permettent une meilleure irrigation tout en économisant l’eau.

    Il faut donc une expertise fine que le gouvernement doit conduire tout en expliquant sa démarche. Car sans une compréhension par les citoyens du sens d’une politique de rigueur et de relance ciblée, les chances de succès sont amoindries. La rigueur, pour être acceptée et acceptable, plus, pour être efficace, demande des acteurs responsables. A la fois à la tête de l’Etat mais aussi dans tout le tissu social et économique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’exigence éthique du Centrisme

    Pour le Centrisme pas de liberté sans responsabilités. Ce qui signifie être responsable de ses actes, avoir des responsabilités mais aussi prendre ses responsabilités et les assumer. Et la responsabilité est une exigence éthique indépassable dans une société de liberté.

    Si nous sommes libres de nos actes et de nos décisions, nous sommes aussi responsables de ceux-ci face à la communauté, face aux autres. De même, nous ne pouvons prétendre nous affranchir du cadre dans lequel tous les autres agissent sous un quelconque prétexte. Nous avons des droits mais aussi des devoirs, nous devons respecter les lois comme nous demandons aux autres de les respecter et nous devons respecter le lien social qui nous sert à partager nos valeurs communes.

    Cette liberté a donc un prix que tous ne veulent pas payer. Pour ceux qui ne prétendent à rien, cela est déjà problématique dans une démocratie, même s’ils ne se rendent pas coupables d’actes délictueux ou criminels. Mais pour tous ceux qui ont des ambitions, cela devient inacceptable. D’autant que cette volonté d’escroquer le lien social et de ne pas respecter les règles se justifie, selon eux, par leur soi-disant statut social, économique ou intellectuel supérieur. On trouve souvent ceux-ci dans les milieux du pouvoir qu’il soit économique ou politique.

    Or, le pouvoir dans une démocratie exige également une éthique du commandement qui se surajoute à l’éthique de responsabilité dans laquelle tout citoyen, tout individu doit agir. Le pouvoir donne une plus grande latitude d’action qui permet déjà d’élargir le champ de sa liberté. Mais, en même temps, qu’il élargit ce champ, il augmente aussi le degré de responsabilité dont doit faire preuve tous ceux qui ont décidé de l’exercer.

    D’autant que le pouvoir ne vient pas d’une contrainte mais une recherche librement acceptée. Et, dans toute communauté libre, elle poursuit un but à la fois individuel et collectif. Si le pouvoir économique permet de devenir riche, il se justifie collectivement par l’enrichissement de la communauté. Si le pouvoir politique permet de gouverner les autres, il se justifie collectivement par le bien être général. Et si la communauté permet cet enrichissement et ce gouvernement des autres, si elle permet d’acquérir une puissance, elle demande en retour que le pouvoir qui va avec respecte les règles de fonctionnement de la société et se double d’une responsabilité supplémentaire.

    Cela ne signifie pas que les élites doivent être des êtres parfaits qui ne commettent jamais des impairs ni des fautes. Ce serait utopique et même dangereux pour la démocratie d’avoir des êtres parfaits dirigeant des êtres imparfaits… Non, cela signifie que l’on doit accepter les responsabilités qui vont avec son statut et on doit accepter la sanction qui intervient lorsque l’on transgresse les règles de cette responsabilité.

    On ne peut vouloir la liberté sans la responsabilité. On ne peut vouloir le pouvoir sans la responsabilité. Et l’on ne peut refuser les responsabilités lorsque l’utilisation de la liberté ou du pouvoir n’est plus légitime ou lorsque l’on a commis des fautes.

    Cette double responsabilité s’insère dans l’exigence éthique du Centrisme. C’est la raison pour laquelle le Centrisme refuse tout affaiblissement de la responsabilité et tout délitement du lien social. C’est la raison pour laquelle, le Centrisme a toujours demandé une gouvernance, économique ou politique, éthique qui permet réellement de baser le fonctionnement de la société sur un vrai humanisme.

    Alexandre Vatimbella

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  • Le pari raté de Nicolas Sarkozy et les centristes

    En mettant la réussite matérielle au cœur de son projet (travailler plus pour gagner plus; le bouclier fiscal; le «bling-bling» revendiqué avec, entres autres, la réception au Fouquet’s et les vacances de luxe chez ses amis milliardaires; l’augmentation de son salaire de 100% dès sa prise de fonction; le mélange assumé de l’argent et de la politique; etc.), Nicolas Sarkozy avait fait un pari de faire de l’argent la clé du bonheur des Français. Trois ans après et une crise économique et financière mondiale, l’échec est patent.

    Au-delà d’une volonté de greffer sa vision (fausse) du rêve américain sur le «modèle français», le Président de la république a cru que son quinquennat permettrait de redonner un élan à la France par l’argent. Cette stratégie de l’«enrichissez-vous» aurait pu réussir si la croissance avait été au rendez-vous et si l’ostentation au sommet avait rejaillit largement sur la population. L’envie d’améliorer son quotidien matériel est une des données de notre société consumériste où beaucoup estiment que la réalisation de soi passe par un compte en banque fourni, même ceux qui affirment qu’une société de loisirs est plus importante qu’une société du travail. Les loisirs, ça coûte cher!

    Mais cet échec a dévoilé la partie amorale de ce projet, ce qui a des implications beaucoup plus grave que la seule personne de Nicolas Sarkozy et de son avenir politique. Car l’éthique en a pris un rude coup et le sondage publié par Libération estimant à 64% que les hommes politiques sont «plutôt malhonnêtes» et seulement à 29% qu’ils sont «plutôt honnêtes» en est un exemple particulièrement édifiant.

    Il interpelle particulièrement les centristes dont la vision en la matière a toujours été équilibrée. Ils ont toujours mis en avant le «toujours mieux» face au «toujours plus». Ainsi, ils ne rejettent pas la réussite matérielle et l’enrichissement comme la Gauche mais n’en font pas un des piliers de leur projet politique comme la Droite. Celui qui travaille et met en valeur ses talents a le droit de récolter les fruits de ceux-ci tout en participant à l’effort de solidarité. Mais l’humanisme centriste met en avant une réalisation de soi beaucoup plus globale où la réussite passe par une vie équilibrée et enrichissante avant tout dans le rapport à l’autre, en particulier dans la famille, dans la spiritualité (quelle soit laïque ou religieuse) et dans la capacité réelle de vivre une vie libre et accomplie.

    Si la réussite matérielle participe de cette vie libre et accomplie, elle n’en est qu’un moyen et pas un but. De même, au-delà d’un certain niveau de vie, elle ne justifie pas que l’on bouscule toutes les règles de vie en commun et la morale au nom d’une recherche sans fin du toujours plus.

    Un des faits qui a le plus choqué les Français est l’achat par l’Etat des cigares du secrétaire d’Etat au grand Paris, Christian Blanc, pour douze mille euros alors que, non seulement, cette utilisation de l’argent public est choquante mais qu’il pouvait se les acheter lui-même, ayant largement les moyens de le faire. Christian Blanc – qui se défend de tout comportement anormal et affirme vouloir rétablir la vérité - se dit centriste (il est membre du Nouveau Centre mais a navigué souvent dans la politique au gré de ses intérêts). Reste qu’il a du sans doute oublier sur quoi se fonde le Centre. Et il est bon de rappeler ici qu’il n’est pas un endroit pour opportunistes mais pour ceux qui ont de fortes convictions humanistes…

    Alexandre Vatimbella

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  • Comment noyer le poisson centriste

    Le poisson centriste dérange. Il est même devenu un poison pour certains… Et ils ont décidé de le noyer. Comment? En bombardant les médias de nouvelles et d’initiatives dont le but final est son élimination, si ce n’est du paysage politique, en tout cas de la prochaine présidentielle. Aujourd’hui, les grandes manœuvres viennent de la Droite mais, n’en doutons pas, elles viendront également de la Gauche lorsque l’échéance électorale de 2012 se rapprochera et qu’il faudra capter ces voix centristes indispensables à tout victoire électorale.

    Noyer le poisson centriste est une tâche à plusieurs (petites) mains. Il faut, d’une part, le décrédibiliser en niant son existence ou, au moins, son importance. C’est le cas, par exemple, d’un Jean-François Copé ou d’un Luc Ferry crachant sur le Nouveau Centre et niant l’existence d’un Centre indépendant dans un éditorial récent du Figaro.

    D’autre part, il faut le phagocyter en lançant des leurres comme Nicolas Sarkozy recevant un Philippe Douste-Blazy toujours prêt à reprendre du service (!) ou, plus sérieusement, remettant en selle un François Bayrou (avec l’aide de ses petites mains Jean-Pierre Raffarin et Gérard Longuet, notamment). Un Bayrou qui continue à confondre -mais est-ce un hasard?-, centrisme et union nationale. Ou comme Dominique de Villepin qui se réclame soudainement du Centre pour capter son électorat, sans doute partageant l’étonnante affirmation de Jean-François Kahn – le ridicule en politique ne tuant plus depuis fort longtemps - faisant du Gaullisme, un centrisme! D’ailleurs François Bayrou a déclaré qu’il allait rencontrer Dominique de Villepin…

    Il faut également tenter de le piéger par tous les moyens. C’est le cas d’un Jean-Pierre Raffarin dont la dernière trouvaille est de proposer au Nouveau Centre l’organisation de primaires dans la majorité présidentielle afin de désigner un candidat unique en 2012 sachant qu’un représentant du Centre n’aurait aucune chance de les remporter face à celui de la Droite. Un Jean-Pierre Raffarin, ex-centriste, présent dans tous la plupart des coups fourrés afin d’empêcher l’existence d’un Centre indépendant.

    On peut aussi utiliser la flagornerie et la séduction pour endormir l’ennemi, tâche dévolue à un certain nombre à l’intérieur de l’UMP (dont encore Raffarin mais aussi Marc-Philippe Daubresse) qui redécouvrent soudainement qu’ils ont été centristes et tentent de neutraliser la réémergence d’un Centre fort et indépendant par le baiser qui tue de la nécessaire refondation de cette, oui, formidable famille centriste… mais dans l’UMP!

    Et puis il y aura les incontournables défections dont on commence à voir quelques unes se dessiner au Nouveau Centre contre la candidature d’Hervé Morin. Valérie Létard a déjà choisi le camp de Jean-Louis Borloo, protégé de Nicolas Sarkozy, et André Santini ne se montre guère favorable à une candidature de son parti. La liste devrait s’allonger dans les mois qui viennent.

    Les Centristes auraient tort de s’amuser de toutes ces tentatives grossières pour leur couper les ailes de leur refondation dans une structure forte et indépendante. Car chaque entreprise de déstabilisation permet d’insuffler le doute dans l’opinion grâce au relai surdimensionné des médias. Et le doute, en politique, fait souvent le lit de la défaite électorale.

    Alexandre Vatimbella

     

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