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jean arthuis

  • Macron, l’homme qui divise le Centre

    La séquence politique – toujours en cours – de sa démission du ministère de l’Economie, a fait d’Emmanuel Macron un révélateur particulièrement efficace de toutes les ambiguïtés et de tous les paradoxes des partis centristes ainsi que de leurs querelles et de leurs divisions.

    D’ailleurs, que l’on ne s’y méprenne pas, ce sont bien ces querelles et ces divisions qui sont la principale origine, voire la seule, de la cacophonie actuelle entre l’UDI et le MoDem et à l’intérieur même de l’UDI.

     

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  • Présidentielle 2017. La primaire de LR devient «de la Droite et du Centre» grâce à Arthuis

    L’Alliance centriste est une composante de l’UDI.

    Micro-parti, elle n’en a pas moins quinze parlementaires, essentiellement des sénateurs et est présidée par Jean Arthuis ancien ministre de Jacques Chirac, sous l’autorité du Premier ministre d’alors, Alain Juppé et ancien sénateur.

    L’Alliance centriste a tenu son congrès le samedi 27 février et a décidé de ne pas soutenir une candidature indépendante de l’UDI à la présidentielle et de présenter un candidat à la primaire de LR en publiant ce communiqué:

    «L’Alliance centriste, à la veille des échéances électorales de 2017, entend porter (son) projet à la primaire ‘de la Droite et du Centre’ par le biais d’une candidature». (lire le communiqué intégrale ici)

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  • Présidence de l’UDI: 4 candidats, 4 lignes politiques

    Après que Jean Arthuis ait du piteusement jeter l’éponge faute d’un nombre suffisant de parrainages, il ne reste donc plus, officiellement (les dépôts sont clos), que quatre candidats en lice pour la présidence de l’UDI: Fromantin (droite), Jégo (droite modérée), Morin (centre-droit), Lagarde (centre).

    L’éventail est donc large pour les militants de la formation regroupant de la Droite au Centre, qui devront se choisir un nouveau leader en octobre prochain.

    - Jean-Christophe Fromantin représente l’option droite de l’UDI. Il prône un positionnement clairement à droite pour concurrencer directement l’UMP avec une tradition démocrate-chrétienne à l’instar de ce qu’est la CDU d’Angela Merkel en Allemagne ou de ce que fut la Démocratie chrétienne en Italie. Jean-Christophe Fromantin est le seul à demander que l’UDI devienne un parti uni et non plus une confédération. A noter, en outre, que sa foi catholique en fait un conservateur en matière de mœurs à l’opposé de ses trois concurrents plutôt libéraux en la matière.

    - Yves Jégo (avec son binôme Chantal Jouanno) représente l’option droite modérée de l’UDI dans le droit fil du positionnement de Jean-Louis Borloo que ce dernier qualifie de «républicanisme social». S’il n’est peut-être pas le candidat-paravent de Borloo qui tiendrait la boutique en attendant que le chef se remette de ses problèmes de santé, Jouanno et lui sont deux inconditionnels du président sortant qui ne feraient aucune difficulté à s’effacer le moment venu pour lui rendre son poste s’il lui prenait l’envie ou le devoir de revenir. Il est certainement le plus libéral des quatre candidats tant en matière économique qu’en matière de mœurs. Son handicap peut-être rédhibitoire est de n’être pas, comme Fromantin, centriste.

    - Hervé Morin représente l’option centre-droit de l’UDI. Il défend une «alliance naturelle» avec l’UMP comme l’a fait pendant cinq ans (entre 2007 et 2012) de gouvernement le Nouveau centre qu’il dirige avec une vision très libérale de l’économie et un Centre, certes indépendant, mais qui est pré-positionné à droite quoi qu’il arrive, ce qui fut d’ailleurs le motif de sa rupture officielle avec François Bayrou après la présidentielle de 2007.

    - Jean-Christophe Lagarde représente, avec toutes les précautions nécessaires, l’option centre de l’UDI. Il s’est positionné pour une UDI totalement indépendante de l’UMP et, qui plus est, qui doit se confronter avec cette dernière en défendant un programme centriste pour en ressortir vainqueur. Son projet politique est à la fois libéral économiquement parlant et teinté de solidarisme, socialement parlant. Reste que Lagarde est un peu un mystère car ses déclarations et ses prises de position sont parfois déroutantes, passant souvent d’un consensualisme à une confrontation dure et sans concession que l’on peut sans doute mettre sur le compte d’insuffisances dans sa réflexion politique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Présidence de l’UDI: la bataille de l’indépendance

    Ils sont maintenant cinq candidats principaux à briguer la présidence de l’UDI en novembre prochain: Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin, Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo et Jean Arthuis.

    Si chacun représente une option différente – ce qui rend cette élection très intéressante –, tous, dans leur déclaration de candidature ou dans leurs propos, ont déjà eu à cœur de parler de l’«indépendance» de l’UDI, un thème très sensible chez les centristes et qui sera certainement primordial pour cette élection mais également pour l’avenir de la confédération créée par Jean-Louis Borloo.

    Quatre des cinq prétendants peuvent, de plus, se targuer de n’avoir jamais rejoint l’UMP et d’avoir toujours supporté un Centre indépendant de la Droite.

    Seul Yves Jégo qui a papillonné à droite et a été un supporter inconditionnel de Nicolas Sarkozy n’a pas ce background même s’il est devenu depuis sa rupture avec l’ancien président de la république et son ralliement à Jean-Louis Borloo, lui-même en rupture d’UMP, un des avocats les plus intransigeants de l’indépendance de l’UDI face à l’UMP.

    Mais il y a indépendance et indépendance.

    Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin en tant que membres du Nouveau centre ont été les alliés fidèles de l’UMP pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

    Et même s’il n’a pas été ministre à l’opposé d’Hervé Morin et qu’il s’en targue désormais, Jean-Christophe Lagarde a été un appui fidèle de la majorité d’alors.

    Jean-Christophe Fromantin, à l’opposé, a gagné ses galons politiques par sa posture d’indépendance face aux partis. Candidat surprise à la mairie de Neuilly-sur-Seine en 2008, il l’a emporté face à l’UMP et aux héritiers de Nicolas Sarkozy, ne pliant jamais aux pressions venus d’un peu partout.

    Quant à Jean Arthuis, membre de l’UDF puis du Mouvement démocrate avant de créer l’Alliance centriste, il a tenté sans succès de réunir les centristes éparpillés dans une structure indépendante avant de supporter François Bayrou à la présidentielle puis de rallier l’UDI.

    Le fait que les deux derniers n’aient pas varié dans cette indépendance face à la Droite est certainement un plus pour leur candidature, ce qui leur sera sans doute utile puisqu’ils partent avec un déficit certain avec la faiblesse de leurs partis respectifs, Territoires en Mouvement (Fromantin) et Alliance centriste (Arthuis).

    Néanmoins, on peut mettre au crédit des deux premiers la création du Nouveau centre dès leur rupture avec François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle de 2007 ainsi que leur refus réitéré et sans faille de rejoindre l’UMP comme l’avaient fait nombre de centristes avant eux.

    Quant à Yves Jégo, on peut penser qu’il en fera des tonnes pour démontrer qu’il est vraiment indépendant de ses anciens amis de la Droite et parfois même d’une droite très radicale.

    Pour autant, qu’est-ce que signifie cette indépendance clamée par tous ces candidats?

    L’UDI s’est mise dans une situation très paradoxale en affirmant haut et fort son indépendance (contenue même dans son nom) et, en même temps, en clamant son allégeance indéfectible à une alliance «naturelle» avec l’UMP.

    Car indépendance veut bien dire qu’il n’y a pas de liens «naturels» ou autres avec un autre courant politique mais seulement une possible alliance électorale puis éventuellement gouvernementale en cas de succès basé sur un véritable programme politique.

    Dès lors, il sera intéressant dans les semaines qui viennent d’écouter les différents candidats explicités leurs visions personnelles de l’indépendance en détaillant leurs projets politiques respectifs.

    Rappelons, tout de même, que l’UDI se définit comme un parti de centre-droit.

    On ne devrait donc pas voir un des candidats se réclamer d’un Centre à équidistance de la Gauche et de la Droite comme l’a fait pendant des années François Bayrou.

    Ou alors, comme on a cru le percevoir dans certaines déclarations d’un Jean-Christophe Lagarde ou d’un Jean-Christophe Fromantin, l’UDI pourrait, à l’occasion de l’élection de son président, en profiter pour présenter une nouvelle version de son indépendance, émancipée de tout lien a priori, grâce à l’originalité de son projet centriste.

    Au moment où ni le PS, ni l’UMP ne savent plus exactement où ils en sont politiquement parlant, ce serait un acte fort et porteur d’un espoir de voir le Centre séduire les Français.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Une fin d’année cruciale pour les espoirs du Centre

    En cette année 2014, il semblait que les rendez-vous les plus importants pour les partis centristes seraient les élections municipales et européennes avec le baptême du feu pour l’UDI en tant que formation structurée et pour l’Alternative en tant qu’«organisation coopérative» sensée rapprocher le Mouvement démocrate et l’UDI en vue d’une fusion future de l’espace central.

    Si les résultats n’ont certes pas été mauvais, notamment lors des élections municipales, ils n’ont pas été à la hauteur des espérances face à un pouvoir socialiste en déliquescence.

    Plus négatif pour la sphère centriste, les élections européennes ont été décevantes et l’Alternative a, non seulement été incapable de conduire le débat (qui a malheureusement été phagocyté par l’extrême-droite et la volonté de l’électorat de «punir» les partis traditionnels) mais elle est également apparue comme un simple cartel électoral dans lequel le MoDem a réussi à tirer son épingle du jeu au détriment de l’UDI et non des partis de droite ou de gauche.

    Néanmoins ce qui caractérisera sans doute l’année centriste 2014 sera les élections qui vont se dérouler à l’UDI et à l’UMP à l’automne prochain afin de désigner les nouveaux présidents des deux partis respectifs.

    Car celles-ci vont montrer où se trouve stratégiquement les centristes et quel est leur force politique.

    L’élection à la tête de l’UDI va permettre de savoir si un centriste «pur jus» va prendre la tête de la confédération créée par Jean-Louis Borloo et dirigée jusqu’à présent par des hommes de la droite libérale modérée (que ce soit Borloo lui-même puis Yves Jégo, son remplaçant «intérimaire»).

    Théoriquement, si l’on analyse les forces en présence, la bataille devrait se jouer entre Hervé Morin, le président du Nouveau centre (principale formation de la confédération), et Jean-Christophe Lagarde (premier allié centriste de Borloo), le président de Force européenne démocrate (Fed), deux centristes de longue date.

    Les autres prétendants, Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo (et son «associée», Chantal Jouanno) et, sans doute selon les rumeurs, Jean Arthuis, voire quelques autres candidats, devraient faire de la figuration malgré leurs qualités sauf à s’allier contre les deux favoris, ce qui n’est pas à exclure.

    Si les centristes parviennent à mettre la main sur la présidence de l’UDI, on ne devrait pas voir tout de suite un changement d’orientation politique ou de fonctionnement mais il est certain que la représentation du parti collerait mieux à son Adn qui est constitué majoritairement de matière centriste.

    Bien entendu, la victoire de Lagarde ou de Morin peut poser un énorme problème au parti du fait même qu’ils sont en conflit ouvert depuis la création du Nouveau centre en 2007 et la promesse non-tenue, selon Jean-Christophe Lagarde, par Hervé Morin de s’effacer au bout de deux ans de la présidence du parti à son profit.

    Cet épisode que n’a jamais digéré Lagarde et qui est une des raisons principales de son départ du Nouveau centre et de la création de son parti, la Fed, puis de l’UDI avec Jean-Louis Borloo, empêchera sans doute la possibilité d’un deal entre les deux hommes qui n’ont aucune confiance l’un dans l’autre.

    C’est sans doute à l’aune de cette menace d’implosion de l’UDI (Lagarde et Morin peuvent-ils accepter la victoire de l’autre?) que se trouve la chance des «seconds couteaux» de créer une surprise.

    Pour autant, si un de ces derniers réussissaient à être élu, se poserait la question de son réel pouvoir et de sa légitimité alors qu’il ne représenterait qu’un courant très minoritaire de l’UDI, face aux «puissants» que sont Morin et Lagarde qui n’auraient aucune intention et intérêt de jouer collectif.

    Du coup, se fera peut-être jour, également, une candidature venue directement du Parti radical (autre composante importante de l’UDI), celle de Laurent Hénart ou de Rama Yade, pour tenter de barrer la route aux deux hommes.

    On le voit, l’élection du président de l’UDI pourrait être l’événement majeur du Centre cette année avec beaucoup de points d’interrogations et autant de points d’exclamations…

    Car une des conséquences de ce scrutin pourrait être l’implosion de l’UDI ce qui remettrait en selle, du même coup et de manière spectaculaire, François Bayrou avec sans doute la distribution d’une nouvelle donne (avec des rapprochements du type Bayrou-Arthuis dans un paysage centriste très éclaté et sinistré).

    L’élection à la tête de l’UMP sera aussi un moment fort pour les centristes et pas seulement pour ceux qui se trouvent encore à l’intérieur de la «maison commune» Droite-Centre.

    Deux grands courants (au-delà même des batailles de personnalités qui sont innombrables!) se sont faits jour pour refonder l’UMP.

    Schématiquement, il y a celui porté par Juppé ou Raffarin qui est de reconstruire une alliance entre la Droite et le Centre dans un parti unifié passant des accords privilégiés avec les centristes qui demeureraient en-dehors de l’UMP.

    Et il y a celui porté par les Wauquiez, Guaino, Peltier et autres qui est de droitisé l’UMP et de chasser sur les terres du Front national pour (re)construire un parti de droite homogène et hégémonique, imposant les termes du débat politique aux centristes.

    L’élection permettra, quoi qu’il en soit, de jauger la véritable force du courant centriste à l’intérieur de l’UMP.

    Le récent sondage de l’institut BVA montre, en tout cas, qu’une petite majorité des sympathisants de l’UMP (54%) préfèrent la deuxième option et souhaitent un parti plus à droite qu’aujourd’hui contre 41% qui voudraient un parti plus centriste.

    Reste que ces deux chiffres montrent avant tout une formation divisée sur son identité ce qui pourrait profiter, in fine, à l’UDI… si celle-ci parvient à sortir de l’élection de son président, non seulement intacte, mais dynamisée et ainsi capable de débaucher tout ce que l’UMP compte de modérés, surtout si c’est la droite dure qui s’empare du parti.

    Si ce dernier scénario – qui n’est pas le plus probable – devait se réaliser, alors le basculement espéré par Jean-Louis Borloo où l’UDI deviendrait, devant l’UMP, le parti dominant dans l’opposition pourrait se mettre en place plus vite que prévu.

    On le voit, 2014 pourrait être vraiment une année primordiale pour le Centre dans un jeu de quitte ou double dont personne ne maîtrise actuellement l’ensemble des paramètres, loin de là.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • UDI: qui pour remplacer Jean-Louis Borloo?

    A part Jean-Christophe Fromantin, le député-maire de Neuilly-sur-Seine, aucun autre membre de l’UDI ne s’est encore déclaré officiellement candidat pour le poste de président de la confédération laissé vacant depuis le départ de Jean-Louis Borloo.

    Mais, en regard du rapport des forces à l’intérieur du parti de centre-droit et sauf surprise de dernière minute (comme le retour de Borloo ou l’adhésion d’un poids lourd venu de l’UMP), on peut dresser une liste probable des principaux candidats qui devraient s’affronter avant la fin de l’année afin de devenir, sinon le leader du Centre, au moins une des deux têtes du cerbère de la maison centriste avec François Bayrou qui, lui, est toujours là alors qu’un des buts de l’UDI étaient justement de s’en débarrasser...

    On trouve dans les premiers couteaux, outre monsieur Fromantin, Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin, Yves Jégo et, dans les seconds couteaux, François Sauvadet, Jean Arthuis, Rama Yade, Laurent Hénart ou François Zochetto.

    Et il n’est pas exclut, comme on l’a évoqué ci-dessus, qu’en dernier recours, Jean-Louis Borloo, renaissant de ses cendres, tel le Phoenix soit également candidat à sa propre succession, lui dont la santé s’améliore rapidement et qui suit ce qui se passe à l’UDI avec beaucoup d’intérêt et… d’interventionnisme.

    Voyons les atouts et les faiblesses des candidats que l’on vient de citer.

    - Jean-Christophe Formantin: Puisqu’il est le premier à s’être déclaré, commençons par lui.

    Ses atouts – Le député-maire de Neuilly-sur-Seine est un fonceur à qui tout réussit depuis qu’il s’est lancé en politique.

    Président d’un parti qu’il a fondé et formation membre de la confédération, Territoires en mouvement, il a, à son palmarès d’avoir réussi à prendre la suite de Nicolas Sarkozy dans son fief de Neuilly alors même qu’il n’était pas le successeur désigné et adoubé, loin de là, faisant prendre littéralement un bouillon à l’UMP dans la ville cossue de la banlieue parisienne.

    Ce fait d’armes lui a donné une réelle stature.

    Mais il est aussi un homme de projets et de propositions, ce qui n’est pas si courant ces derniers temps dans les rangs centristes…

    Son dynamisme est également à mettre à son crédit.

    Ses handicaps – Le maire de Neuilly-sur-Seine est en revanche un marginal à l’intérieur de l’UDI. Il représente l’aile droite de la formation, n’ayant pas la fibre vraiment centriste mais plutôt celle d’un représentant d’une droite libérale modérée située au centre de l’échiquier politique.

    De même, il n’a pas beaucoup de troupes et est très individualiste, ce qui lui a permis de s’imposer à Neuilly sur le mode commando mais ce qui est plutôt une faiblesse pour prendre une organisation de militants.

    Depuis qu’il s’est déclaré, il a reçu quelques soutiens mais pas des grands leaders du parti.

    Enfin, paradoxe de son fort libéralisme en matière économique, il est assez conservateur sur les mœurs (il est ainsi en pointe depuis le début dans le combat contre le mariage pour tous ayant même été un des orateurs vedettes lors de la grande manifestation qui se termina au Champs de mars), ce qui pourrait rebuter une partie de l’UDI.

    - Jean-Christophe Lagarde: C’est aux yeux de beaucoup, le favori.

    Ses atouts – Le député-maire de Drancy, en Seine-Saint-Denis, dans l’ex-banlieue rouge communiste, a montré qu’il savait prendre d’’assaut un territoire pour en faire un fief solide et incontesté, un peu à la manière de Fromantin, mais avant lui.

    Son positionnement, qui est certainement un de ceux qui est le plus au centre de l’UDI, le désigne naturellement pour prendre en main une confédération qui est majoritairement constitué de partis centristes et dont le fait que Jean-Louis Borloo en a été le président est plutôt un anachronisme idéologique.

    Rappelons qu’il est co-secrétaire général de l’UDI (avec Laurent Hénart du Parti radical), ce qui fait de lui, théoriquement, le numéro deux du parti.

    Il est apprécié par beaucoup et il fut même un temps où l’Alliance centriste de Jean Arthuis espérait en faire son président (lui a préféré créer la FED, Force européenne démocrate).

    Ses handicaps – Eternel espoir du Centre, Jean-Christophe Lagarde ne parvient pas à dépasser, pour l’instant, ce stade alors qu’il a maintenant 46 ans.

    Il a espéré être ministre de Nicolas Sarkozy mais celui-ci lui a préféré des hommes comme Morin, Sauvadet et Leroy, ce qui l’a beaucoup affecté.

    Ses sorties médiatiques sont souvent ternes et sans souffle et on s’interroge souvent sur son positionnement politique, parfois plus à droite que l’UMP dans certaines de ses diatribes sécuritaires et de ses attaques politiques, parfois très proche du social-libéralisme d’un Manuel Valls, notamment en matière de mœurs (il a voté la loi sur le mariage pour tous).

    Enfin, il est déteste Hervé Morin autant que celui-ci le déteste, ce qui devrait l’empêcher, dans un premier temps, d’avoir le soutien du Nouveau centre alors qu’il devra absolument l’obtenir pour être élu.

    - Hervé Morin: le député de l’Eure est aussi le président de la principale composante de l’UDI, le Nouveau centre, qu’il a créé en 2007 en quittant l’UDF et François Bayrou, avant que celui-ci ne crée dans la foulée le Mouvement démocrate, et avec deux principaux comparses, Jean-Christophe Lagarde et François Sauvadet.

    Ses atouts – L’atout principal d’Hervé Morin est d’être le président de la principale composante de l’UDI, le Nouveau centre (il est également président du Conseil national de l’UDI, le «parlement» du parti mais ce qui est une fonction essentiellement honorifique).

    Malgré le départ fracassant d’une partie de ses troupes derrière Jean-Christophe Lagarde, François Sauvadet et Maurice Leroy, il a réussi à éviter l’implosion finale.

    Bien sûr, afin de garder ses partisans, il a dû, la mort dans l’âme, rejoindre l’UDI alors qu’il a des relations conflictuelles avec tous ses autres leaders, au premier chef avec Jean-Louis Borloo et Jean-Christophe Lagarde mais aussi avec François Sauvadet et Maurice Leroy ainsi qu’avec les dirigeants du Parti radical.

    Ses handicaps – Hervé Morin ne représente rien sur l’échiquier politique, lui qui était crédité de moins de 1% des intentions de vote dans les sondages lors de la dernière présidentielle et, surtout, qui n’a même pas été capable de pouvoir se présenter, n’ayant pas pu récolter les 500 parrainages d’élus nécessaires ce qu’un candidat fantaisiste comme Jacques Cheminade a réussi à faire!

    Autant dire qu’au-delà des nombreuses hostilités à l’intérieur de l’UDI, son élection à la tête de la confédération n’aurait aucun intérêt en termes politiques pour cette dernière.

    Et l’on ne peut concevoir, aujourd’hui, un ralliement des Lagarde, Sauvadet, Leroy, Fromantin, Yade et Hénart derrière son nom.

    D’autant qu’il joue la carte du rapprochement avec François Bayrou, ayant été un des plus fervents défenseurs de la création de l’Alternative.

    Ce rabibochage avec celui qui fut son chef pendant des années à l’UDF et qui lui préféra toujours Marielle de Sarnez comme lieutenant, n’est que de façade, les deux hommes n’ayant pas grand respect l’un pour l’autre.

    Mais il permet à Hervé Morin de s’appuyer sur Bayrou contre ses ennemis de l’intérieur…

    De même, il est fort possible que ses troupes, une nouvelle fois, l’obligent à accepter de s’effacer derrière un autre leader.

    Prendra-t-il le risque d’une nouvelle humiliation?

    Reste qu’il joue encore une fois sa crédibilité politique même s’il ne devrait pas disparaître de la scène publique en cas d’échec.

    - Yves Jégo: Président par intérim et par hasard, il rêve de demeurer à la tête de l’UDI, coûte que coûte, ayant même proposé à Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin, un triumvirat avec présidence tournante, ce que les deux sollicités ont décliné poliment…

    Ses atouts – On est encore étonné de trouver Yves Jégo à l’UDI.

    L’homme avait fait allégeance à Nicolas Sarkozy et, il fut une époque, défendait bec et ongle toutes les idées de son mentor jusqu’à la caricature.

    Mais il fut très mal récompensé puisque, selon ses termes, «viré comme un malpropre» du gouvernement Fillon.

    Lui qui se qualifiait de «sarkozyste avant tout», entra donc en résistance et rejoignit Borloo puis l’UDI.

    C’est un libéral avec peu de fibres centristes mais il s’est totalement mis dans la peau du président après le retrait de Jean-Louis Borloo et force est de reconnaître qu’il ne s’en est pas trop mal sorti.

    En pointe à l’UDI dans la recherche d’un consensus avec le gouvernement de Manuel Valls (même s’il a multiplié les déclarations contradictoires), il est également un de ceux qui mènent une guerre sans merci au Front national au nom des valeurs libérales, ce qui est à porter à son crédit.

    Ses handicaps – Il n’a aucune troupe et aucun leader de l’UDI ne songe un instant à lui en apporter par son soutien.

    Même s’il pourrait être élu pour éviter l’implosion de la formation de centre-droit en étant le candidat le moins clivant, son élection serait certainement un très mauvais signal, car il ne possède pas la surface politique nécessaire pour lui donner la dynamique indispensable dont elle a besoin dans les deux années qui viennent.

    En outre, son parcours politiques méandreux est un moins certain.

    - Rama Yade: Finissons avec la chouchou des journalistes qui n’est pas une favorite loin de là mais qui a une certaine aura auprès du grand public.

    Elle se lancera peut-être dans la course si elle n’est pas élue président du Parti radical ou, justement, si elle est élue à ce poste!

    Car, ce qu’elle veut désormais, c’est exister politiquement à tout prix.

    Ses atouts – D’une grande faiblesse dans le débat des idées jusqu’à présent, son atout majeur est d’être une icône médiatique et, de ce fait, d’avoir une surface en la matière importante, voire démesurée face à son réel poids politique.

    Et aujourd’hui, il faut bien le dire, il n’y a pas de personnalités médiatiques à l’UDI à part elle et Jean-Louis Borloo.

    C’est donc sa chance.

    Ses handicaps: L’ancienne ministre et égérie de Nicolas Sarkozy n’est absolument pas une centriste, ni même de centre-droit ou de droite modérée.

    Si elle se retrouve à l’UDI, c’est parce qu’elle y a suivi Jean-Louis Borloo et pour tenter d’avoir des mandats électifs, ce qu’elle n’ pu obtenir à l’UMP.

    Elle ne dispose, par ailleurs, d’aucun soutien des leaders de l’UDI, notamment des centristes qu’elle ne porte pas dans son cœur.

    Et puis, son combat face à Laurent Hénart pour la présidence du Parti radical pourrait laisser quelques séquelles et ne pas lui permettre d’avoir un parti uni derrière elle pour la compétition de l’UDI.

    Ce panorama est évidemment sommaire et laisse quelques prétendants de côté.

    Pour autant, si l’on devait désigner un favori, nous l’avons dit, ce serait Jean-Christophe Lagarde.

    Il est, en effet, le plus «compatible» avec les différents courants de l’UDI.

    Néanmoins, il est loin de s’imposer naturellement et d’être le choix évident.

    D’autant qu’il est le plus centriste et que l’histoire nous apprend que les centristes ont souvent cherché un chef en dehors de chez eux…

    Face à lui, dans le trio final, on devrait retrouver Hervé Morin et Jean-Christophe Fromantin qui pourrait être la surprise de ce scrutin.

    Enfin, il existe un risque non-négligeable pour la cohésion déjà fragile de l’UDI si les candidats qui arrivent dans les trois ou quatre premières places se retrouvent avec des scores très proches, aucun n’obtenant la légitimité nécessaire pour diriger le parti mais n’ayant l’obligation de s’effacer face aux autres.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Refondation du Centre. L’instant critique de l’après-Borloo

    Il y a quelque chose de particulièrement indécent – pardon, de «politique»  – à voir ceux qui le combattaient durement hier, dresser aujourd’hui des couronnes de lauriers à Jean-Louis Borloo pour mieux l’enterrer en vue de demain.

    Que n’a-t-on entendu dans les coulisses de l’UDI, ses «amis» le railler sur ses addictions voire sur ses incapacités congénitales à se décider et à diriger ainsi qu’à aller au combat.

    Sans parler des noms d’oiseaux et des synonymes de traître qui se baladaient un peu partout sur les lèvres des responsables de feue l’UDF puis du Mouvement démocrate, lui qui avait rejoint Jacques Chirac en 2002 puis Nicolas Sarkozy en 2007 en laissant tomber François Bayrou.

    Mais, comme le pointe les médias avec leur énième enterrement programmé du Centre, son retrait de la vie politique a créé un vide et un instant critique pour l’avenir, non seulement de l’UDI et de l’Alternative, mais pour celui de la refondation actuelle des partis centristes.

    Car, disons-le, même si Jean-Louis Borloo n’était pas un centriste (tout comme Valéry Giscard d’Estaing, par exemple), il avait réussi à réunir l’espace centriste et fait en sorte que les rivaux d’hier soient obligés de cohabiter ensemble.

    Or, lui parti, les vieilles inimitiés et querelles vont pouvoir reprendre, peut-être de plus belle, sachant que les leçons en politique ne sont que très peu apprises…

    Bien sûr, un président par intérim vient d’être nommé, Yves Jégo, en attendant le congrès extraordinaire chargé d’élire le nouveau chef de l’UDI.

    Bien sûr, également, les zones d’ombre du rapprochement UDI-Mouvement démocrate seront oblitérées jusqu’aux résultats des élections européennes.

    Bien sûr, les leaders centristes ont des propos mesurés les uns sur les autres.

    Pour autant, personne ne peut penser une seule seconde qu’Yves Jégo possède ne serait-ce que le début d’une stature et d’un entregent pour être le prochain président de l’UDI.

    Le problème est qu’il n’y a aucune personnalité qui fasse consensus pour prendre les rênes de la confédération de centre-droit.

    Hervé Morin en tant que président du Nouveau centre, principale composante de l’UDI, n’est pas celui-là, lui qui a fait fuir une grande partie de ses anciens amis (les premiers à rejoindre Borloo), qui a fait un flop retentissant aux présidentielles (incapable de réunir 500 signatures pour se présenter et ne dépassant pas 1% des intentions de vote dans les sondages) et qui a été obligé d’adhérer au nouveau parti de Borloo contraint et forcé par ses derniers lieutenants qui menaçaient tous de le quitter en cas de refus de sa part.

    Et nombre d’anciens du Nouveau centre qui ne l’aiment pas – et c’est un euphémisme – seront là pour s’assurer qu’il ne mette pas la main sur l’UDI, comme François Sauvadet, Maurice Leroy ou encore Jean-Christophe Lagarde.

    Ce dernier, qui a créé juste avant de rejoindre l’UDI, un nouveau parti, la FED (Force européenne démocrate) sera sans doute candidat comme son ennemi intime Morin (leur brouille date de l’époque où Morin devait lui céder sa place de président du Nouveau centre, deux ans après son élection, ce qu’il refusa in fine de faire alors qu’il lui avait donné sa parole afin de se faire élire à ce poste avec l’appui de Lagarde).

    Mais Jean-Christophe Lagarde est un éternel espoir de la politique et ses interventions publiques sont souvent décevantes comme celle qu’il a faite pour s’opposer sur tout ce que venait de dire Manuel Valls lors de son discours de politique générale avec des arguments d’une grande faiblesse, apparaissant plus jusqu’au-boutiste que les dirigeants de l’UMP…

    Son manque d’épaisseur sera sans doute un handicap mais les bons résultats dans sa ville de Drancy et ses réélections faciles dans un département de Seine-Saint-Denis penchant toujours fortement à gauche, montrent une réelle capacité politique.

    A côté des deux centristes, on devrait retrouver le radical Laurent Hénart, second de Borloo et nouveau maire de Nancy mais qui est encore peu médiatisé et demeure un second-couteau qui aura du mal à donner le dynamisme dont a besoin l’UDI pour franchir un nouveau cap et se positionner comme la future troisième force politique du pays.

    De même, des personnalités comme François Sauvadet (qui devrait récupérer la présidence du groupe UDI à l’Assemblée nationale, de quoi sans doute le contenter), Rama Yade ou Chantal Jouanno, pourraient être tentées de poser leur candidature sans grandes chances de succès, tant elles manquent de soutien à l’intérieur de la formation de centre-droit.

    Si l’on élargi la recherche, quelques noms apparaissent pour cette élection comme celui de l’ancien journaliste Jean-Marie Cavada (peut-être un peu trop âgé), du maire d’Issy-les-Moulineaux André Santini (trop de casseroles notamment judiciaires), de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Valérie Létard (un peu trop transparente), du maire de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin (un peu trop individualiste et trop critique sur l’Alternative, opposant intransigeant à François Bayrou),du député de la Marne Charles de Courson (trop focalisé sur son dada les dépenses publiques et sans réelle stature nationale), du nouveau maire de Laval et président du groupe UDI au Sénat, François Zocchetto (lui aussi quasiment inconnu au niveau national).

    Certains pourront y rajouter l’ancien socialiste et ministre de Nicolas Sarkozy Jean-Marie Bockel (sans aucune troupe pour le soutenir) ou Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste (mais trop velléitaire), qui font plutôt «has been» que prétendants sérieux.

    Si l’on reprend tous les noms que l’on vient de citer, on s’aperçoit que l’UDI a vraiment un problème de leadership qui pourrait être un handicap énorme pour son avenir.

    D’autant qu’il y a un leader centriste qui possède la stature nationale, la reconnaissance médiatique et l’expérience de chef, c’est bien évidemment François Bayrou!

    Bien sûr, le président du MoDem et nouveau maire de Pau ne se présentera pas à la présidence de l’UDI mais il pourrait être le grand bénéficiaire des moments difficiles qui se préparent dans cette formation.

    Pour autant, il sera aussi confronté au manque total de cohésion et à l’absence de projet et de programme cohérents de l’Alternative, cette organisation coopérative qui regroupe l’UDI et le Mouvement démocrate.

    Si le score de celle-ci est élevé lors des européennes, elle montrera son utilisé mais pas encore sa légitimité qui devra être construire après ces élections.

    On peut penser que la retraite de Jean-Louis Borloo va amener François Bayrou à être très consensuel et à faire nombre de compromis pour s’attirer les bonnes grâces des leaders de l’UDI afin d’asseoir un futur leadership sur l’espace centriste en vue des présidentielles de 2017 pour lesquelles il a assuré qu’il ne serait pas candidat (ce genre de promesse n’engageant que ceux qui la croit) ou pour négocier un «ticket» avec Alain Juppé (son soutien au maire de Bordeaux contre le poste de premier ministre).

    Un scénario fort possible d’autant plus crédible s’il a en face de lui un président de l’UDI faible et inconsistant.

    Reste que François Bayrou est à la tête d’un parti exsangue, tiraillé entre plusieurs tendances, avec peu de militants, peu de moyens financiers et peu d’élus (un peu plus néanmoins depuis les municipales), ce qui ne le place pas en position de force lors de négociations avec l’UDI, c’est le moins que l’on puisse dire.

    Dès lors l’implosion de l’espace centriste est une hypothèse vraisemblable.

    La politique ayant, comme la nature, horreur du vide, cela ne signifie évidemment pas la disparition des centristes et d’un ou plusieurs partis centriste mais la refondation centriste en prendrait un bon coup sur la tête.

    Quoi qu’il en soit, au risque de décevoir tous les fossoyeurs du Centre, et ils sont très nombreux, l’implosion et le morcellement, voire même la disparition fortement hypothétique d’une force politique centriste, ne signerait pas la disparition du Centrisme en tant que pensée politique et du Centre en tant que lieu politique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’UDI, un an après: «doit encore faire largement ses preuves»

    En réunissant son premier conseil national samedi 15 juin et en lançant officiellement son «contre-gouvernement», l’UDI (Union des démocrates et indépendants), formation de centre-droit créée par Jean-Louis Borloo il y a un an, veut démontrer qu’elle est désormais la troisième formation française et qu’elle fait partie des «grands», marchant inexorablement vers la gloire illustre de son ancêtre, l’UDF de Valéry Giscard d’Estaing.

    Petit problème, Jean-Louis Borloo «oublie» le Front national dont un sondage paru récemment dans Valeurs Actuelles, lui donnait 21% des intentions de vote aux européennes de 2014 contre 6,5% pour l’UDI qui se retrouve également derrière le Front de gauche (9%), les Verts (7,5%) et même le Mouvement démocrate (7%). Ce qui en ferait alors, si cela se confirme dans les urnes l’année prochaine, le septième parti de France!

    Pourtant, à force de déclarations mêlant chiffres et satisfecit ainsi qu’approximations, pour ne pas dire plus, les responsables du parti ont même réussi à convaincre les médias que cela n’était plus qu’une question de mois avant que l’auto-prophétie martelée par son président, à savoir que l’UDI allait devenir le premier parti de France, ne se réalise.

    Mais qu’en est-il de ce pari de faire exister une deuxième formation de droite aux côté de l’UMP, un peu plus modérée et un peu plus tournée vers le centre de l’échiquier politique?

    L’UDI revendique 50.000 adhérents (mais il semble que beaucoup d’anciens militants des partis qui la composent se soient retrouvés de fait membres de cette confédération sans avoir demandé quoi que ce soit), 31 députés et 28 sénateurs (dans un groupe où ils côtoient ceux du MoDem au nombre de quatre).

    Ces chiffres n’en font pas un «grand» parti, cette qualification étant réservée à ceux qui dépassent les 20% à 25% des voix dans les scrutins nationaux et qui se retrouvent avec une centaine de députés.

    De plus les ambiguïtés fondamentales de l’UDI demeurent.

    La première est qu’il s’agit d’une confédération de petits partis dont aucun pour l’instant ne s’est dissous, ni n’en a l’intention de le faire, dans une formation unique et centralisée, l’espoir de Jean-Louis Borloo.

    Même si le combat des chefs est en sourdine, qui peut croire que des personnalités qui se détestent autant que Morin, Borloo et Lagarde (liste non-limitative) puissent, dans la durée, coexister?

    La deuxième est que l’UDI qui se dit proche du Centre recherche exclusivement son alliance à droite. L’UMP plutôt que le Mouvement démocrate.

    Pourquoi pas mais, alors, il faut nous expliquer comment elle peut faire groupe commun avec de dernier au Sénat tout en rejetant une alliance des centres!

    La troisième est de savoir qu’elle est l’ambition de l’UDI. Est-elle un parti à côté de l’UMP ou qui veut prendre la place de cette dernière? En rappelant à tout bout de champ qu’elle est indépendante mais que sa seule alliance possible est avec l’UMP, ses dirigeants tiennent un discours paradoxal d’une indépendance politique dans une dépendance électorale a priori, avant même d’avoir justement discuter d’un programme politique...

    Ainsi, quand, par exemple, Hervé Morin clame partout le retour du Centre et la fin de la dépendance de celui-ci avec la Droite et qu’en même temps il fait allégeance à celle-ci en déclarant qu’il n’y aura pas d’autre alliance qu’avec elle, il enferme l’UDI dans une satellisation de fait qui est identique à celle qui prévalait auparavant pour le Nouveau centre ou le Parti radical.

    D’autant qu’Hervé Morin ne rechigne pas à se contredire quand il se félicite du retour du Centre par le biais de l’UDI tout en affirmant que le temps de la modération centriste est terminée et que l’UDI est une alternative à l’UMP! «Nous étions devenus la décoration de l'UMP dans une composition gouvernementale ou majoritaire. Cette famille politique doit retrouver la place qui était la sienne, d'être une alternative au PS et à l'UMP avec des propositions chocs, la demi-mesure c'est fini».

    Cette même contradiction se retrouve chez Borloo: «L'indépendance n'est pas un slogan ni une tactique d'alliance de circonstance, c'est le fruit d'une vision et d'une organisation. Mais l'indépendance ce n'est pas l'isolement. Les démocraties occidentales fonctionnent avec des coalitions, la France ne fait pas exception à cette règle. Nous avons vocation à établir une coalition avec la droite républicaine, humaniste mais nous n'avons pas vocation à ne pas savoir où nous habitons ou à changer de coalition».

    Une contradiction qui ne devient cohérente que si l’objectif à terme de l’UDI est de remplacer l’UMP avec la même philosophie qui a présidé à la création de cette dernière en 2002, à savoir réunir la droite et le centre dans un parti unique, ce que critiquent les dirigeants de la confédération de centre-droit et qui est à l’origine soi-disant de sa mise sur pied...

    Car, rappelons-le, même si Nicolas Sarkozy n’a jamais aimé les centristes, ce qui est un euphémisme, Jacques Chirac voulait de cette alliance Droite-Centre et a choisi son Premier ministre après la création de l’UMP chez les centristes avec Jean-Pierre Raffarin.

    C’est sans doute pourquoi, Jean-Louis Borloo et ses lieutenants sont obligés d’expliquer à chaque fois en quoi l’existence de l’UDI a un intérêt. Un exercice assez surréaliste que l’on voit peu souvent pratiqué systématiquement par les formations politiques.

    Le président de l’UDI a ainsi déclaré lors du conseil national que «Il doit y avoir une signature UDI. Cette signature UDI, c'est la liberté d'entreprendre, le dynamisme, la maîtrise des impôts, le travail en réseau entre républicains car on ne dirige pas des collectivités en étant sectaire.»

    Le problème, c’est que du PS au FN, on peut tout à fait reprendre cette signature…

    Sans oublier (mais là, Borloo ne s’en est pas souvenu!), l’Europe et la décentralisation qui sont des thèmes centristes par excellence.

    Il avait malgré tout affirmé peu auparavant que l’élection européenne de 2014 serait «majeure» pour l’UDI tout en souhaitant que celle-ci aille à la bataille, non sous son propre nom, mais avec une liste baptisée «les Européens»!

    Tout cela fait brouillon, à moins que la vraie justification de l’existence de l’UDI soit d’empêcher l’UMP de conclure des alliances avec le FN puisque la seule ligne rouge dans l’alliance entre l’UDI et l’UMP est l’alliance que cette dernière pourrait conclure avec l’extrême-droite.

    Encore que, dans es rangs, l’UDI compte le CNI qui n’a jamais fermé totalement la porte à des rapprochements avec le FN…

    En fait, pour comprendre l’existence de l’UDI et ses paradoxes, il faut en revenir à la genèse de sa création.

    L’UDI, c’est, avant tout, une coalition de bras cassés de l’après 2012 où Jean-Louis Borloo, d’abord écarté de Matignon par Sarkozy avait fait un flop à la présidentielle en n’ayant pas le courage de se présenter, où Hervé Morin ne put jamais réunir les 500 signatures lui permettant de se présenter (et alors que les sondages ne lui donnaient, au mieux, que 1% des intentions de vote), où Jean Arthuis se retrouvait à la tête d’un micro-parti en train de se déliter lentement, où Jean-Christophe Lagarde était dans l’impossibilité de faire exister une alternance à Hervé Morin au Nouveau centre, où Jean-Marie Bockel et sa Gauche moderne étaient en instance d’évaporation et quelques autres cas du même genre.

    La claque prise aux législatives après celle de la présidentielle obligeait ces différentes personnalités et leurs formations affaiblies à se réunir sous peine de disparaître de l’échiquier politique national.

    S’il fallait une preuve que cette union est faite de bric et de broc, on peut la trouver dans les approches qui continuent à être différentes sur la plupart des sujets économiques, sociaux ou sociétaux entre les interventionnistes du Parti radical, les libéraux d’une partie du Nouveau centre et de l’Alliance centriste et les démocrates sociaux d’une autre partie du Nouveau centre, de Force européenne démocrate. Sans parler du Centre national des indépendants (très à droite), de la Gauche moderne (un peu à gauche) ou de Territoires en mouvement (social-conservateur), la formation du maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin.

    Les dissonances lors du débat sur le mariage pour tous ont été, non pas le révélateur de ces différences importantes de vision, mais un nouvel exemple du manque de cohérence politique de l’UDI.

    Du coup, au bout d’un an d’existence, on n’a pas encore une vue assez claire de ce qu’est l’UDI qui démontrerait qu’elle est indispensable au Centre et au Centrisme ou au paysage politique français et, surtout, à la France.

    En cette période d’examens de fin d’année scolaire, l’appréciation sur le dossier de l’élève UDI pourrait être «doit encore largement faire ses preuves».

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • De la patience d’être centriste

    Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.

    Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.

    Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.

    A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.

    Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.

    A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.

    Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.

    Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…

    Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.

    Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.

    Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.

    Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.

    Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.

    C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.

    Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.

    Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.

    C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.

    Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

    Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.

    Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.

    Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.

    Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…

    Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.

    Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.

    Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.

    Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…

    Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.

    Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.

    Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.

    Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centrisme en 2012. Année à élections, année centriste?

     

     

     

     

    Vingt-six pays connaîtront, cette année, des élections nationales qui toucheront 53% de la population mondiale, représentant la moitié du PIB mondial. Des présidentielles à Paris et à Washington en passant par des législatives et d’autres présidentielles dans de nombreux pays, notamment en Afrique et en Europe, 2012 sera-t-elle une année centriste?

     

    Poser la question semble déjà une certaine provocation. En France, le meilleur candidat centriste est pour l’instant à moins de 15% des intentions de vote au premier tour. Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama est en grande difficulté et sa réélection n’est en rien assurée. De même, le Centre a, certes, des potentialités dans beaucoup d’autres pays mais pourrait n’en réaliser aucune ou peu.

     

    Pourtant, la crise et les difficultés qui l’accompagnent, touchant toutes les populations de la planète, demandent des solutions sans doute nouvelles et innovantes mais surtout responsables et difficiles, donc nécessitant un consensus. De quoi donner un certain avantage aux représentants du Centre.

     

    C’est dans ce cadre et avec des scénarios différents que les centristes pourraient faire la différence. Voyons ce qu’il en est dans deux des élections principales de l’année.

     

    En France, François Bayrou, après une traversée du désert tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy et au vu du peu d’enthousiasme soulevé dans la population quant à sa volonté d’être à nouveau présent à la présidentielle, aurait du se cantonner à la dure réalité d’un petit candidat qui ferait une campagne courageuse mais qui aurait du mal à dépasser les 10% des intentions de vote.

     

    Mais, divine surprise pour le leader du Mouvement démocrate qui semblait même s’être fait une raison et vivre sur le souvenir de ses «18,55%» en 2007, les sondages ont frémi début décembre sous l’impulsion, à la fois et comme lors de la précédente campagne, de son entrée en lice officielle, du manque de charisme de ses adversaires et en particulier des candidats des deux grands partis et de médias très complaisants.

     

    Ce dernier phénomène que nous avions déjà analysé il y a cinq ans s’explique, à la fois, par la volonté de ceux-ci de donner du piment à une élection qu’ils ne veulent pas voir se résumer à un combat à deux et parce que les médias de gauche espèrent qu’il parasitera la Droite avant d’appeler à voter pour François Hollande au second tour et inversement pour la Droite avec, in fine, une prise de position en faveur de Nicolas Sarkozy…

     

    Un quatrième élément, la crise économique et le désarroi d’une partie des Français qui en résulte, ouvre le jeu à des candidats «recours» comme François Bayrou ou Marine Le Pen (et à un degré moindre, Jean-Luc Mélenchon).

     

    Cependant, les chances de François Bayrou, en ce début d’année 2012 demeurent encore largement hypothétiques. Il est toujours en quatrième position dans les sondages, loin derrière les deux qui font la course en tête. De même, il va devoir confronter son projet qui n’est pas encore publié à la critique des autres et surtout défendre des positions qui font déjà débat chez les centristes eux-mêmes, dans lesquelles certains y voient plus de populisme que de libéralisme, plus du nationalisme que de l’européanisme traditionnel de la famille du Centre et, surtout, de la démocratie-chrétienne dont est issu le président du Mouvement démocrate.

     

    C’est le cas d’Hervé Morin qui, s’il continue à être candidat dans les prochaines semaines, pourrait être, malgré ses 1% dans les sondages, une épine dans le pied de François Bayrou en défendant, comme il fait actuellement, des positions souvent plus centristes que celles du leader du Mouvement démocrate.

     

    Sans oublier que des tensions sont récemment apparues dans l’équipe de campagne de ce dernier, composée de personnalités venues de bords et de cultures politiques totalement différents. On l’a vu cette semaine en ce qui concerne la TVA sociale où Jean Arthuis a durement critiqué l’hostilité de François Bayrou à cette mesure.

     

    Et puis se posera l’éternelle question de l’«électabilité», pour utiliser un terme franglais, de François Bayrou (la propension que les électeurs ont de penser qu’il a des chances réelles de devenir président). Car les sondages montrent encore que les Français ne le voient pas à l’Elysée et les questions, s’il devient président, de savoir avec qui il va gouverner et comment il se débrouillera avec un parti sans élus et faiblement structuré, seront de plus en plus prégnantes s’il continue à monter dans les sondages et au fur et à mesure que l’élection approchera.

     

    Aux Etats-Unis, Barack Obama qui ne suscite plus l’engouement de 2007-2008, pourrait toutefois tirer son épingle du jeu face à un candidat républicain qui, même s’il est modéré au fond de lui-même comme Mitt Romney (le favori actuel dans les primaires), demeurera, quoiqu’il arrive, l’otage des extrémistes de la droite conservatrice à qui il devra donner des gages afin qu’ils votent pour lui.

     

    D’autant, qu’en ce début d’année, la situation économique semble s’améliorer sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un mouvement de fond ou seulement d’une embellie passagère. Le chômage est ainsi tombé à son plus bas depuis quatre ans, à 8,5% de la population active, et les entreprises américaines ont créé 200.000 emplois en décembre.

     

    Néanmoins, la situation du président sortant demeure fragile. D’une part, parce que les difficultés économiques vont encore toucher, quoiqu’il arrive, la population. D’autre part, parce que toute rechute dans ce domaine boostera le candidat républicain qui lui sera opposé en novembre prochain.

     

    En outre, le filet de sécurité de Barack Obama est très effiloché avec des sondages qui sont, certes, meilleurs qu’il y a quelques semaines mais qui demeurent beaucoup moins favorables, en termes d’opinions positives et d’approbations de son action, que ceux de la plupart des présidents qui l’ont précédé et qui se présentaient à leur propre succession, surtout, les sondages de ceux qui ont été réélus...

     

    Bien sûr, il est faux d’affirmer que le seul atout majeur d’Obama est la faiblesse (même si celle-ci est véritable) du panel de candidats républicains qui veulent se présenter face à lui. Pour autant, cela, évidemment, le servira grandement. Reste qu’il peut aussi présenter un bilan dont il n’a pas à rougir.

     

    Enfin, son centrisme qui a été la cible d’attaques très dures voire haineuses au cours des trois dernières années de la part la Gauche et la Droite sera, sans doute, un précieux avantage au moment où les Américains rejettent de plus en plus les outrances des extrémistes (le Mouvement du Tea Party est en forte chute dans les sondages) et où le vote des «independents» - ces électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun des deux grands partis et qui se définissent le plus souvent comme des modérés -, sera la clé de l’élection.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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