En démocratie, rien ni personne n’est au-dessus de la loi et… de la critique
Le Centre et le Centrisme sont les défenseurs inconditionnels de la démocratie républicaine libérale et sociale.
En conséquence de quoi, les centristes sont respectueux des institutions de la démocratie et des personnes. Cependant, pour eux, ni les premières, ni les secondes ne sont au-dessus des lois et de la critique.
Ni l’exécutif, ni la législatif, ni le judiciaire, ni le «quatrième pouvoir» qu’est la presse (et plus généralement tout outil pour exprimer son opinion), ni les individus quels qu’ils soient ne peuvent se prétendre en dehors de la loi et refuser d’être critiqués.
Sans loi pas de sécurité, sans critique pas de liberté.
La sécurité et la liberté sont deux fondements de la démocratie.
Ceci est important pour comprendre dans quel cadre se déroule la vie démocratique d’un pays comme la France et quelles sont les règles pour que celle-ci soit, à la fois, préservée et approfondie.
La première règle principale en la matière est que les institutions et les personnes doivent être respectées en tant qu’institutions et personnes.
Cela signifie, concrètement, que, par exemple, les tribunaux ou les médias doivent être respectés comme entités indispensables pour que la démocratie fonctionne. Sans juge et sans journaliste, pas de démocratie.
De même, les personnes ont droit au respect parce que, sinon, on se retrouve dans la loi de la jungle, donc en dehors des règles démocratiques.
Ayant dit cela, la deuxième règle principale c’est qu’aucune institution, aucune personne n’est au-dessus de la loi ou d’une opinion critique.
Si nous ne pouvons réprimander ceux qui occupent certaines fonctions ou signifier notre opposition à tel ou tel agissement d’une institution ou d’une personne, alors nous ne sommes pas en démocratie.
De même, si, dans le cadre de la loi, aucune institution n’a de compte à rendre sur son fonctionnement au peuple alors nous ne sommes pas, non plus, dans un régime démocratique.
Analysons ces deux règles que nous venons d’énoncer à la lumière de la mise en examen par un juge d’instruction d’un ancien président de la république.
La justice ne peut être critiquée comme institution dans cette affaire. En revanche, elle peut l’être, à la fois, dans son organisation et dans sa manière de fonctionner, notamment sur le fait de savoir si elle a respecté ou non le cadre légal.
La décision du juge est ainsi tout à fait critiquable pour celui qui le souhaite. Il peut même l’attaquer… en justice.
A l’opposé, aucun responsable politique présent ou passé ne peut échapper aux lois de la république et à la critique de son action. C’est la fonction et uniquement la fonction de président de la république qui doit être respectée, non la personne qui l’occupe ou l’a occupée ainsi que ses agissements.
Néanmoins, elle a droit, comme tout autre citoyen, au respect dû à son statut de sujet central d’une démocratie, le statut de personne qui est innocente tant qu’elle n’a pas été condamnée.
Dès lors, un juge d’instruction qui met en examen un ancien président de la république n’est pas légitime à s’attaquer à l’institution «président de la république» mais l’est tout à fait de le faire à une personne qui a occupé ce poste.
En revanche, cette personne et ceux qui le soutiennent sont tout à fait libres de critiquer, non pas l’institution «justice» mais la personne qui l’exerce par rapport à ses actes. Si tel n’était pas le cas, nous ne serions pas en démocratie.
Ce faisant, cette personne qui a occupé le poste de président de la république peut être tout à fait critiqué pour son action passée et présente au nom du même principe démocratique.
Il ne faudrait pas en conclure au vu de ce que je viens de dire que la démocratie ne peut et ne doit pas accepter les critiques sur son organisation.
Bien évidemment, dans le débat démocratique l’on peut critiquer une institution en estimant qu’elle n’est pas légitime ou que ses pouvoirs sont trop importants ou pas assez.
Cependant, cette conversation est d’une autre nature, d’un autre niveau et ne doit pas être à géométrie variable, c’est-à-dire concerner tel événement particulier et seulement celui-ci.
D’autant que ceux qui ont critiqué de manière virulente le juge, d’un côté, ou l’ancien président de la république, de l’autre, ne sont des adversaires déclarés de la démocratie républicaine, de ses règles et de des institutions.
Ou alors, il faut qu’ils nous le disent…
Alexandre Vatimbella
PS: Bien évidemment ces remarques ne s’appliquent pas aux nouvelles imbécilités de Nadine Morano comparant la mise en examen de Nicolas Sarkozy à l’erreur judiciaire commise lors de l’affaire d’Outreau où des adultes furent faussement accusés de comportements pédophiles et condamnés à de lourdes peines de prison après une instruction bâclée par un juge. La démocratie demande que ceux ayant exercé des responsabilités politiques aient, sinon de l’intelligence, au moins de la retenue…
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