Mais qu’est-ce que l’UDI va décider le 20 mars?
Jean-Christophe l’a donc décidé et annoncé, c’est le 20 mars prochain que les militants de l’UDI vont se prononcer sur ce que va faire leur parti pour les présidentielles.
Il a ainsi expliqué que «début janvier, nous lancerons en interne le débat sur l'élection présidentielle» et qu’il dira au mois de février «ce que j’en pense», estimant en outre que «toutes les opinions sont respectables» sur le sujet.
Le président de la formation de centre-droit a ajouté que tout le monde devrait respecter le choix des militants une fois celui-ci fait, ce qui est, à la fois, une mise en garde et sans doute… un vœu pieux!
Quatre options sont possibles:
1) Présenter un candidat à l’élection présidentielle;
2) Rejoindre la primaire de Les républicains en y présentant ou non un candidat;
3) S’allier avec le Mouvement démocrate en présentant un candidat commun avec ou sans primaire du Centre;
4) Ne pas présenter de candidat, ne pas rejoindre la primaire de LR, ne pas s’allier avec le Mouvement démocrate tout en se prononçant pour un candidat extérieur au parti une fois que tous les prétendants se seront déclarés ou quelques mois avant le premier tour.
Eliminons tout de suite la dernière alternative qui signifierait l’incapacité de l’UDI de décider et de s’en remettre à un choix au dernier moment tout en espérant en retirer des avantages politiques et électoraux.
Bien entendu, cela pourrait avoir l’intérêt de donner à ce ralliement tardif une importance dans le résultat du premier tour, donc une possibilité de négocier un bon accord.
Mais cela voudrait aussi dire que l’UDI refuserait d’avoir un rôle actif dans la précampagne, voire dans la campagne présidentielle.
Avec le risque que ses électeurs aient choisi avant elle et donc de ne guère lui donner la possibilité de négocier quoi que ce soit d’intéressant.
La troisième option – la meilleure pour le Centre, évidemment – semble également peu crédible pour deux raisons.
La première et principale concerne les mauvais rapports entre Lagarde et Bayrou ainsi que la méfiance de nombre de militants de l’UDI envers le président du Mouvement démocrate et le peu d’engouement des militants du MoDem pour le «parti frère».
La deuxième est que François Bayrou a déjà fait son choix.
Soit il soutiendra Alain Juppé s’il est le candidat de LR, soit il se présentera lui-même sans passer par un accord avec l’UDI ou une primaire du Centre.
Reste les deux premières options, la candidature indépendante et le ralliement à la primaire LR.
La candidature indépendante de l’UDI est sans doute souhaitée par une majorité de militants mais ce n’est pas sûr que cette option soit celle qui soit retenue.
Car participer pour participer n’est peut-être pas le meilleur moyen de montrer sa force.
Cela peut même être la meilleure façon d’étaler sa faiblesse.
Reste que la présidentielle est la reine des élections politiques françaises.
Ne pas y être est donc pour un parti ou un courant de pensée une décision lourde de conséquences.
Cela signifie, aux yeux des Français, que l’on n’est pas assez fort ou que l’on estime que l’on ne représente pas un courant de pensée assez important pour figurer dans la compétition.
Dans la V° République, l’absence d’un parti à la présidentielle est un aveu de faiblesse et un handicap dans la vie politique.
L’intérêt d’un ralliement à la primaire de LR en présentant ou non un candidat, permettrait à l’UDI d’être associée à la campagne et, surtout, de négocier très en amont des conditions favorables en cas de victoire de la Droite.
Elle permettrait aussi de ne pas se ridiculiser si jamais le candidat de l’UDI faisait dans les sondages des scores à la Hervé Morin en 2012, soit entre 1% et 2% des intentions de vote…
En revanche, elle noierait sans doute le parti dans la masse et dans la nasse de la Droite et celui-ci ne pèserait pas grand-chose face à LR plus la campagne avancerait.
Du coup, l’espoir d’obtenir beaucoup de concessions de la part des LR deviendrait illusoire.
Le choix n’est pas évident à faire n’en déplaise à Laurent Hénart (pour une candidature indépendante) et Hervé Morin (pour un ralliement inconditionnel à la primaire).
L’UDI a beaucoup à perdre dans les deux cas mais peut aussi beaucoup gagner.
Par ailleurs, on peut aussi imaginer des décisions intermédiaires.
La première serait de présenter un candidat avec la possibilité de se retirer si le candidat LR risquait d’être éliminé ou si son score demeurait ridiculement bas dans les sondages.
On pourrait ainsi imaginer le scénario suivant: l’UDI présente un candidat, le teste auprès des Français, scrute les signes de son intérêt mais aussi de ses conséquences sur le deuxième tour et décide, une fois la situation clarifiée de la pérenniser ou, au contraire, de la retirer après une négociation avec LR.
La deuxième serait de poser des conditions fortes au ralliement à la primaire notamment dans l’élaboration d’un programme électoral commun et d’un futur pacte de gouvernement avec une présence notable dans le gouvernement avec des postes-clés.
La troisième serait de demander à tous les candidats LR d’expliquer en quoi leur programme est compatible avec les valeurs centristes et d’adopter une liste de mesures centristes à mettre en œuvre une fois élu à l’Elysée et de choisir le meilleur d’entre eux sur ces critères sans rejoindre directement la primaire pour garder son indépendance dans le soutien mais aussi la critique.
Une fois le choix réalisé, il faudra aussi se poser la question cruciale de savoir si tous, à l’UDI et dans les partis qui forment cette confédération se plieront à celui-ci.
Ainsi, si l’UDI présente un candidat, Hervé Morin et le Nouveau centre l’accepteront-ils alors qu’ils ont déjà menacé d’aller négocier directement avec LR leur participation à la primaire?
A l’opposé, si l’UDI décide de se rallier à la primaire de LR, Laurent Hénart et le Parti radical, l’approuveront-ils, eux qui viennent de rappeler qu’ils n’avaient pas quitté l’UMP pour devenir un simple appendice de LR?
Y aura-t-il, également, des envies de candidatures «indépendantes» de membres de l’UDI si le parti renonce à en présenter un officiellement?
Mais la question principale, cruciale même, est sans doute: y aura-t-il encore une UDI après le 20 mars?
Alexandre Vatimbella
Voir le site Le Centrisme