Pour Bayrou, finie l’union nationale, vive l’axe central
Finie la fameuse union nationale que François Bayrou demandait en 2007 et surtout en 2012.
Voici le temps du ralliement officiel du président du Mouvement démocrate à l’axe central qui va d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Emmanuel Macron, Jean-Christophe Lagarde, lui-même et quelques autres.
Est-ce que parce que les sondages montrent que les Français veulent une nouvelle majorité de ce type-là?
Toujours est-il qu’il a affirmé, au micro de France culture que «L’union nationale voudrait dire que l’on prend tout le monde y compris les extrêmes, et je ne crois pas que cela soit bon. Mais vous voyez bien qu’il y a des sensibilités compatibles entre elles. Un certain nombre de choses que Manuel Valls dit sont compatibles avec un certain nombre de choses que je pense ou qu’Alain Juppé pense».
Et d’affirmer que «Pour moi, il n’y a qu’une majorité possible en France aujourd’hui : une grande majorité réformiste centrale».
Cette «alliance centrale», selon ses termes, à néanmoins des contours assez flous puisqu’elle serait plus large de l’axe central Juppé-Lagarde-Bayrou-Macron-Valls.
Pour Bayrou, il s’agit de «La seule majorité disponible possible si on voulait la faire! Mais on a des institutions et des règles électorales qui s’y opposent».
Comment interpréter ce nouveau positionnement de François Bayrou qui était – selon ses propres déclarations – du Centre en 2002, de centre gauche en 2007, de l’extrême-centre en 2012 puis de centre-droit lors des dernières municipales et régionales avant de réduire son idée d’union nationale à une majorité centrale où il inclut des socialistes après avoir dit tant de mal d’eux tous après que François Hollande ne lui ait pas tendu la main lors de son élection à l’Elysée?
Evidemment à un attachement aux valeurs humanistes que l’on ne peut remettre en cause.
Mais aussi à une ambition politique qu’il n’a jamais cachée.
François Bayrou hume depuis toujours l’air du temps pour tenter de réunir une majorité de Français autour de lui.
Tout comme sa propension à vouloir récupérer des électorats plus ou moins en déshérences comme ce fut le cas en 2007 quand un certain nombre de gens de gauche ne se résolvaient pas à voter Ségolène Royal ou, actuellement, avec tous les gens de droite modérée qui ne veulent plus de Nicolas Sarkozy.
Mais il a aussi voulu s’attacher les héritiers du Gaullisme en prenant des positions fortes sur un protectionnisme économique, sur un patriotisme consumériste et en défendant une certaine idée de la grandeur de la France propre au général de Gaulle.
C’était d’ailleurs le discours qui collait alors à sa volonté d’union nationale.
De ce point de vue, François Bayrou est plus au centre que du Centre et qu’il ne s’interdit pas de redessiner les contours de l’espace central ou de les élargir de manière très exagérée au grès de ses projets politiques.
Ainsi, toujours lors de son interview à France culture, il a donné une définition assez fourre-tout du Centre: «Le Centre est à la fois un projet et une attitude politique, celle de considérer que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous ne sont pas des ennemis. Ils ne sont pas d’accord avec vous, vous pouvez avoir des débats. Autrement dit, notre règle politique n’est pas celle du sectarisme (…).»
Il a tout de même précisé qu’«Il y a une famille politique du Centre - un courant, une sensibilité politique - qui a son identité propre et qui peut s’allier avec d’autres à condition que l’on soit dans la reconnaissance de ce projet et de cette vision du monde».
Pour autant, on verra bien dans les temps qui viennent comment il remodèle son positionnement politique autour de cette «majorité centrale réformiste», surtout si Alain Juppé n’est pas candidat à la présidentielle et qu’il se jette une nouvelle fois dans la bataille.
Alexandre Vatimbella
Voir le site Le Centrisme