Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Macron nous refait le coup de l’«ailleurs»!

Lors du lancement officiel de son mouvement «En marche» le 6 avril à Amiens, Emmanuel Macron a affirmé qu’il n’était pas de droite, ni de gauche.

Sans rire, il a déclaré, «J'ai pris du temps, j'ai réfléchi, j'ai consulté, j'ai associé et j'ai décidé qu'on allait créer un mouvement politique nouveau, c'est-à-dire qui ne sera pas à droite, pas à gauche».

Comme il n’a pas parlé du Centre, on peut supposer qu’il ne s’en réclame pas et qu’il ne se définit pas non plus comme «central» (sic) à l’instar d’Alain Juppé qui tente comme Macron de brouiller les cartes sur son réel positionnement politique.

Le voilà donc qui nous refait le fameux coup de l’«ailleurs» que tant de politiques nous ont fait par le passé, comme feu Michel Jobert et François Bayrou, le plus récemment.

 

Pour expliquer qu’il n’était pas un homme politique comme les autres, il a affirmé porter des «idées neuves» -- ce qui n’est pas un discours très «nouveau»  – et croire «à la liberté économique, sociale, politique et à notre capacité collective à l'articuler avec la justice».

Signalons juste à notre ministre de l’Economie qu’il a juste énoncé la définition du libéralisme selon le philosophe John Rawls, soit un positionnement au centre-gauche, ce qui d’ailleurs n’est pas très étonnant puisqu’il s’est défini plusieurs fois comme social-libéral…

Mais cette volonté d’être «ailleurs» qui titille tous ceux qui se veulent originaux est assez désolante.

Si l’on parle de gauche, de droite et de centre depuis la Révolution française, c’est uniquement pour définir les orientations politiques de chacun selon une convention de langage qui vaut ce qu’elle vaut mais qui permet de signifier une pensée, des idées, un projet ou un programme politiques et celui ou ceux qui les portent.

Vouloir s’extraire de cette grille de lecture qui permet à l’électeur de faire des choix n’a aucun sens et n’a aucune utilité pour des citoyens qui souvent n’y comprennent plus rien.

Mais y a-t-il quelque chose à comprendre?!

On se rappelle que les écologistes à leurs débuts affirmaient, comme monsieur Macron, qu’ils n’étaient ni de gauche, ni de droite, ce qui les a mis dans des contradictions incessantes et sans fin et n’a guère tenu très longtemps.

Dans un registre assez parallèle, on voit fleurir partout ces fameuses «organisations citoyennes» qui soutiennent ne pas faire de politique tout en en faisant à moins que ce ne soit le contraire.

Se prétendant «ailleurs» elles aussi, elles veulent désigner des candidats non-politiques à la présidentielle, élection hautement politique, ce qui est soit une idiotie, soit une escroquerie intellectuelle.

Et même si c’était vrai, dès leurs candidatures avalisées, ces «non-politiques» deviendraient évidemment et immédiatement des politiques…

Pour en revenir à Emmanuel Macron, on attendait mieux de lui qu’un mouvement pseudo-original et des propos comme «les clivages sont devenus obsolètes à beaucoup d'égards».

De même que cette autre tarte à la crème qu’il nous ressort celui du «Mal français» qu’il semble nous faire découvrir alors qu’il est paru des monceaux d’ouvrages sur le sujet ces cent dernières années…

Par ailleurs, il devrait se méfier car beaucoup de ceux qui se sont voulus ailleurs ont en fait été nulle part sauf peut-être dans les oubliettes de la politique beaucoup plus vite qu’ils ne l’avaient craint.

Mais cet «ailleurs» est peut-être une manière de cacher son véritable positionnement, celui d’un centriste qui ne s’assume pas encore totalement.

 

Alexandre Vatimbella

 

Voir le site Le Centrisme

 

Les commentaires sont fermés.