L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Un an de France centriste
Le 7 mai 2017, il y a tout juste un an, Emmanuel Macron devenait le vingt-cinquième président de la république française, le huitième de la V° République et le plus jeune à être jamais élu, à 39 ans.
Surtout, il devenait le premier président centriste de la V° République (on ne peut pas baptiser de centriste la politique suivie par Valéry Giscard d’Estaing lors de sa présidence de 1974 à 1981 même s’il a gouverné avec les centristes qui ont été ses principaux soutiens et qu’il a souvent voulu être au centre sans être du Centre).
Ce n’est pas moi qui le dit mais bien les sondages où les sympathisants centristes affirment à un pourcentage écrasant qu’Emmanuel Macron est bien un des leurs.
De plus, ses principaux soutiens sont les centristes (LREM, même si la formation macronienne n’est pas que centriste, MoDem et UDI) et sa majorité présidentielle est essentiellement centriste (LREM et le MoDem).
Et depuis un an qu’il est au pouvoir, il n’a pas changé son positionnement, 73% des Français estimant dans un récent sondage qu’il fait ce qu’il avait promis lors de la campagne présidentielle, ce qui est en soi un exploit.
Seuls ses opposants de gauche veulent voir en lui un homme à droite, voir très à droite, mais c’est une habitude chez eux de diaboliser les centristes comme s’il fallait les rejeter encore plus durement que les droitistes, de peur d’une certaine séduction de leur électorat pour les thèses humanistes…
Mais qu’est-ce qu’une France centriste à notre époque, puisque les derniers gouvernements qui se réclamaient du Centre datent maintenant de plus de soixante ans?
Sans évidemment tirer de conclusions trop hâtives, de faire un bilan beaucoup trop prématuré et prétendre que tout le pays est devenu centriste, on peut tout de même faire quelques constatations pertinentes.
La première est que la France semble sur une dynamique (terme que les Français appliquent très majoritairement à Emmanuel Macron) qui pourrait ne pas être que passagère.
Tant au niveau intérieur, avec la mise en place de multiples réformes dont le sens est positif mais dont les résultats ne pourront être réellement appréciés que dans les années à venir et qui séduisent une grande partie du pays, qu’au niveau extérieur, où l’image de la France s’est nettement améliorée parce qu’elle est vue comme une puissance démocratique qui dit les choses et fait ce qu’elle dit, la méthode centriste (réformisme progressiste s’appuyant sur les valeurs humanistes et le juste équilibre) semble adéquate.
La deuxième est que la vague populiste démagogique et extrémiste qui menace l’ensemble des démocraties et qui est déjà aux affaires des Etats-Unis à la Hongrie, de la Pologne à l’Autriche et, peut-être bientôt, l’Italie, n’a pas gagné du terrain en France alors même qu’elle était aux portes du pouvoir en 2017 et qu’Emmanuel Macron a réussi à la contenir.
Ni le Front national, ni la France insoumise, ni les nouvelles radicalités dans les partis traditionnels (en particulier à LR) ne séduisent une majorité de Français.
Rien n’est gagné, loin de là, mais cette première année centriste ne s’est pas fracassée sur cette opposition même au régime de la démocratie républicaine libérale qu’ont porté les révolutions française et américaine.
La troisième est la capacité du Président de la république à gouverner réellement et à faire ce qu’il dit, ce que les Français constatent comme nous l’avons vu plus haut).
Car, il est une évidence, sans Emmanuel Macron, tout cela n’aurait pas été possible.
Bien entendu, le nouveau chef de l’Etat est loin d’être parfait et l’on peut pointer ici ou là des indices de possibles dérapages.
Mais ce serait lui faire un procès d’intention – déjà en vogue dans de nombreux médias et chez ses adversaires politiques – que d’en conclure à des dérives qui n’ont pas eu lieu.
De ce point de vue, l’élection de Macron relance le débat sur les personnalités providentielles et sur le volontarisme.
Si l’on ne peut se prononcer sur le fait qu’il soit un homme providentiel (l’Histoire nous le dira ou pas), on voit bien que le volontarisme porté par un Nicolas Sarkozy mais, surtout, par un Barack Obama, est largement assumé par Emmanuel Macron.
Sans nier que le volontarisme réussi généralement parce que les conditions sont réunies pour son succès, on ne peut pas nier, non plus, que lorsqu’il est porté par quelqu’un qui insuffle une dynamique forte et qui sait où il va, il a des chances de donner de bons résultats.
Reste que dans ces temps incertains où, comme le titre le magazine Time cette semaine, nous sommes à l’ère des «Strongmen», des hommes forts, tout autour de la planète, la première année centriste d’Emmanuel Macron peut être vue comme positive.
Cependant tout est bien ténu dans notre époque troublée et, quand nous ferons le bilan de la deuxième année de sa présidence, la situation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, pourrait bien avoir été bouleversée.
Mais celle-ci pourrait également se dérouler comme la première sans oublier qu’après les réformes de remise à niveau, devraient venir celles d’un pays plus solidaire, ce qui a toujours été contenu dans le programme du candidat Macron.
Et comme les disent 73% de ses compatriotes, il fait ce qu’il dit.