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Un idiot à la Maison blanche ou quand la démocratie a réellement commencé à sombrer

«Idiot», «crétin», «incapable», «dangereux», ce ne sont pas des adjectifs à nous, ni ceux d’opposants à Donald Trump mais ils sortent directement de la bouche de ceux qui travaillent avec lui à la Maison blanche.

Il faut bien comprendre ce que cela veut dire quand vos conseillers affirment vous empêcher de faire des bêtises (comme provoquer une guerre), qu’ils vous cachent des choses, qu’ils refusent de transmettre vos ordres les plus inconséquents et qu’ils déclarent un peu partout que vous devriez être destitué.

Dans le fauteuil du bureau ovale, se trouve assis l’homme le plus puissant des Etats Unis, la première puissance mondiale, la plus vieille démocratie du monde, et cet homme est un «moron», un «abruti» (toujours selon ses conseillers).

Ce n’est pas un simple fait, mais un séisme qui a frappé la démocratie mondiale le 8 novembre 2016 et dont les répliques continuent de faire trembler le monde sans discontinuer depuis lors.

Bien sûr, c’est d’abord la faute à Trump.

Mais aussi au Parti républicain qui lui a permis de concourir sous ses couleurs avant de l’adouber sans trop de scrupules.

Sans oublier les plus de 60 millions d’électeurs qui l’ont porté au pouvoir.

On ne mésestimera surtout pas le système électoral américain qui permet, une nouvelle fois, à un candidat ayant eu moins de voix que sont concurrent (en l’occurrence trois millions!) de gagner un scrutin, ce qui n’est vraiment pas très «normal» en démocratie.

Et puis il faut citer les médias qui, tout en combattant Trump majoritairement, lui ont donné la parole, ont relayé tous ses mensonges, lui ont permis toutes ses insultes, pas du tout parce que cela faisait partie du débat démocratique mais parce que leurs audiences étaient boostées et leurs revenus publicitaires également donc, globalement, leurs chiffres d’affaires…

On pourrait, dans une provocation finale, y ajouter la démocratie républicaine qui n’a pu empêcher un tel personnage de se faire élire à la tête de la première puissance mondiale mais on préfèrera parler des dysfonctionnements de celle-ci à plusieurs niveaux que de l’incriminer dans ses fondements mêmes.

L’élection de Donald Trump est bien un moment pivot qui nous fait comprendre que la démocratie est attaquée en son cœur même, là où on pensait qu’elle était à l’abri d’une telle mésaventure.

Bien entendu, les Etats-Unis n’ont pas toujours été des parangons de vertu démocratique.

L’épisode George W Bush est le plus récent avant l’élection de Trump.

Cependant, jamais un populiste démagogue, incapable, menteur, foulant au pied toutes les valeurs de la démocratie (mot qu’il ne prononce pratiquement jamais) qui se veut ami avec les pires canailles de la planète (il vient même de déclarer que lui et Kim Jon-Un, le dictateur sanguinaire nord-coréen était «tombés amoureux l’un de l’autre»…) n’avait été élu au poste suprême.

De même, l’élection de Trump a dynamisé les forces anti-démocratiques dans de nombreux pays (comme la Pologne, l’Italie ou les Philippines) et les autocrates déjà en place (comme en Russie ou en Turquie).

Sans oublier que de nombreux populistes et extrémistes utilisent désormais les recettes de Trump (mensonges, insultes, menaces, promesses irréalisables) pour se donner de la visibilité comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Laurent Wauquiez en France.

Et la polarisation qui en résulte rend fou une partie des médias qui, d’un bord à l’autre, se transforme en simple outil de propagande, s’inspirant largement de ce qui se passe sur internet (sur certains sites et sur la plupart des réseaux sociaux).

Tout cela, bien sûr, était en gestation depuis quelques années et les mouvements extrémistes et populistes ne sont pas nés avec Trump, ni même leur résonnance dans la société.

Mais les voilà parés, sinon d’une légitimité, en tout cas d’une visibilité et d’une aura qui semble difficilement à contrer pour l’instant.

Oui, l’installation d’un idiot à la Maison blanche a réellement déclenché un mouvement qui fait sombrer petit à petit la démocratie.

 

Jean-François Borrou

Alexandre Vatimbella

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