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L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Bolsonaro victorieux, entre faillite des élites et immaturité du peuple

En élargissant un peu au monde la victoire du fasciste revendiqué Jair Bolsonaro à la présidentielle du Brésil, ce dimanche, voici désormais que les quatre grands pays émergents, les membres du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) originaire, sont tous gouvernés par des autocrates populistes et des dictateurs, tous ennemis de la démocratie républicaine.

Bolsonaro rejoint ainsi le club où se trouvent déjà Poutine (Russie), Xi (Chine) et Modi (Inde) mais aussi une plus grande confrérie des fossoyeurs de la liberté avec, entre autres, Erdogan (Turquie), Duterte (Philippines), Maduro (Venezuela), Kabila (Congo), Kagame (Rwanda), Sissi (Egypte), Khamenei (Iran).

 

On pourrait y ajouter les Orban (Hongrie), Salvini et Di Maio (Italie), Kaszynski (Pologne) et autres compères.

Et on ne parle même pas des bouchers comme Kim (Corée du Nord) ou Assad (Syrie).

Arrêtons ces listes aussi longues que désespérantes pour les démocrates dont les centristes pour parler un peu du cas brésilien où la victoire de Bolsonaro est toute autant la faillite des élites que l’immaturité du peuple, un triste déjà-vu à la récidive trop fréquente ces dernières années.

Sorti d’une dictature en 1986, le pays n’a pas réussi à construire une vraie démocratie républicaine sur des bases et un lien social solides.

La croissance de la fin des années 1990 et du début des années 2000 a permis de cacher l’état de délabrement politique du pays ainsi qu’une économie basée uniquement sur la vente de matières premières et incapable de bâtir un tissu industriel et un secteur des services conséquents.

Sur cette illusion de développement, le parasite de la corruption à grande échelle s’est incrusté et a infesté toute la classe politique dont la malhonnêteté est aussi affligeante et effarante que l’irresponsabilité.

Dès lors, déconsidérés auprès de la population, ces politiciens sont d’abord les principaux fossoyeurs du Brésil et une des raisons de la prise du pouvoir par Bolsonaro et de sa clique d’extrême-droite.

Mais pour que ces politiciens aient pu diriger le pays, il fallait bien que l’on vote pour eux.

D’où la responsabilité du peuple dans la situation actuelle, lui qui trouvait souvent son compte dans un système clientéliste où les électeurs étaient récompensés sur le dos du pays et qui a longtemps fermé les yeux sur ces agissements.

Quant à l’armée, dont beaucoup de membres sont pro-Bolsonaro (un ancien du sérail), jamais purgée des membres de la dictature, elle est, comme la police, responsable de n’avoir jamais pu (r)établir la paix civile dans un pays gangréné par la violence quotidienne où les autorités conseillaient il n’y a pas si longtemps aux automobilistes de ne pas s’arrêter à certains feux rouges la nuit pour ne pas se faire attaquer…

Aujourd’hui, se trouve à la tête du Brésil, un aventurier prêchant la violence, la répression, l’abandon de la démocratie, l’appel au meurtre.

Un aventurier incompétent, qui a érigé l’insulte et la menace comme projet politique et dont les propos sont aussi inconsistants que son programme électoral.

Tout cela, ses électeurs le savaient, eux qui voulaient un «homme fort» pour sortir le pays du marasme.

Ils vont goûter à un Donald Trump puissance dix sauf si le personnage est également un opportuniste qui a dit tout et n’importe quoi pour se faire élire.

Mais ce tout et n’importe quoi a de quoi angoisser tous les démocrates puisque c’est bien pour cette diarrhée verbale indigeste que les électeurs ont voté.

La démocratie républicaine est, à nouveau, en deuil et, ces derniers temps, elle assiste à beaucoup trop d’obsèques.

Le pire, dans l’histoire, est que c’est le peuple qui est souvent l’assassin ou le principal complice.

 

 

 

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