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politique - Page 21

  • Centre: Pourquoi il faut en revenir au modèle UDF de 1978


    Le Centre est pluriel et il le restera. Le centriste est indépendant et il le demeurera. Les valeurs du Centre sont communes aux centristes et elles le resteront. La vision humaniste, pragmatiste, consensuelle et responsable traverse tous les partis centristes et cela demeurera. Conclusion, le Centre est pluriel mais ce qui différencie les centristes est moins important que ce qui les uni. En conséquence, le Centre doit se refonder pour porter son projet politique dans une formation pluraliste type confédération, respectueuse des différences et garante de l’unité. Quelque chose comme l’UDF de 1978…

    Le Centre français est à la confluence de trois courants de pensée majeurs, la démocratie-chrétienne, le radicalisme et le libéralisme. De la démocratie-chrétienne, le Centre tire sa doctrine sociale, du libéralisme, il tire sa vision de la liberté et du radicalisme, il tire son républicanisme pragmatiste. De tous, il tire son engagement pour une démocratie humaniste consensuelle, représentative et participative, libérale et sociale, promouvant une économie sociale de marché, pour une France forte dans une Europe unie, moteur d’une mondialisation équitable et pilier de la paix, avec la volonté de faire naître une personne éclairée, libre, respectueuse et responsable dans une société de liberté et d’égalité des chances, solidaire des plus pauvres et des accidentés de la vie, tolérante envers les visions et les croyances mais ferme sur la garantie de la liberté dans la sécurité.

    Aucun centriste digne de ce nom ne pourrait remettre en cause ces valeurs et ces objectifs qui structurent son engagement et son combat politiques. Mais aucun centriste digne de ce nom n’est totalement prêt à renoncer à sa différence sans pour autant refuser de s’associer avec tous ceux qui partagent sa vision politique.

    Vouloir bâtir un parti fermé type UMP et PS ne mènera à rien sur le moyen et long terme. Après la joie éphémère des retrouvailles, les tendances autonomistes de chaque mouvance reprendraient le pas sur l’unité du parti. Alors, autant les reconnaître et construire dessus. La confédération aurait cet avantage de donner une puissance politique au Centre autour d’un projet commun sans nier les différences qui pourraient alors s’exprimer librement sans remettre en cause l’objectif de gouverner autour de mesures et de réformes centristes capables, et c’est l’essentiel, de permettre à la France de retrouver une nouvelle dynamique politique, économique, sociale et sociétale. Une bonne raison de refonder cette formation pluraliste et de se retrouver dans une maison commune où chacun aura sa propre chambre…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Ce que la défaite de Barack Obama peut nous apprendre sur la pratique centriste de gouvernement


    La défaite est dure même si elle aurait pu être pire Voilà l’enseignement premier que les démocrates vont pouvoir tirer de leur revers aux élections de mi-mandat qui a vu la Chambre des représentants basculée dans le camp des républicains et la majorité démocrate au Sénat largement écornée. Une défaite annoncée tant les électeurs américains, déboussolés, en veulent à tout le monde, des banquiers de Wall Street à leurs élus en passant par les compagnies pétrolières, les Chinois, les musulmans américains, les professionnels de l’immobilier et bien d’autres encore sur fond de problèmes économiques non-résolus et d’un chômage très élevé.

    Mais si la victoire des républicains et de la frange la plus à droite du parti de l’éléphant (le Tea Party qui, quoiqu’on essaie de le faire croire est bien largement dominé par des militants ou des sympathisants républicains) était prévue depuis des semaines, il ne faut pas oublier que, deux ans plus tôt, ces mêmes républicains étaient chassés du pouvoir par une vague bleue (la couleur démocrate) qui voyait un Barack Obama succéder triomphalement – ou presque – à un George W Bush honni par une majorité d’Américains.

    Cependant, ce retournement n’est pas aussi improbable que ce que veulent nous faire croire des médias toujours en quête de sensationnalisme afin de doper leur taux d’écoute. D’abord parce que ces mêmes médias qui avaient encensés le premier président «noir» des Etats-Unis sont aussi ceux qui n’ont pas cessé de vouloir se rattraper de cette forfanterie peu déontologique en lui cherchant constamment la petite bête. Ensuite, parce que la versatilité de l’électorat dans une démocratie médiatique est de plus en plus une donnée de nos systèmes politiques occidentaux. Les milliers de sondages qui nous abreuvent chaque année permettent de remettre en cause toutes les légitimités politiques sorties des urnes, de susciter des campagnes de dénigrement ou de glorification sans relation avec la réalité, de monter en épingle des initiatives aussi peu reluisantes que, par exemple, les manifestations où Obama était traité à la fois de Hitler, de Staline et de socialiste européen…

    Car si Barack Obama est (aussi) un phénomène médiatique – rappelons-nous la diabolisation d’Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle de 2008 par la presse au profit de son rival dans les primaires démocrates – le mouvement du Tea Party procède de la même volonté de créer l’événement et non de le relater. Un bon thème d’examen pour journalistes en herbe serait «qu’est-ce que serait devenus Barack Obama et le Tea Party sans la couverture outrancière des médias à leur sujet?».

    Bien sûr, les faits sont là – la défaite démocrate et la fragilisation d’Obama - et il convient de les analyser, surtout lorsque l’on est centriste car la politique menée par le président américain a bien été une politique centriste. Passons sur ces «experts» français qui expliquent que Barack Obama va devoir «recentrer» sa politique (difficile de recentrer une politique centriste…) et sur les déclarations des républicains les plus à droite qui disent la même chose, ceux-là même qui ont refusé toute concertation avec le président et qui ont torpillé toutes ses tentatives de consensus.

    Ce qui doit interpeller aujourd’hui les centristes du monde entier, c’est la fragilité d’un pouvoir réellement centriste (même si, concédons-le, parfois Barack Obama a du céder aux demandes de la gauche du parti démocrate mais il a du aussi le faire à celles des républicains). Tous les commentateurs sérieux s’accordent pour dire que l’Administration Obama a bien suivi une politique centriste au grand dam d’ailleurs des «liberals» démocrates qui souhaitaient des mesures beaucoup plus fortes et clientélistes.

    De ce fait, comme on pouvait le prévoir, Barack Obama n’a pas eu qu’un seul ennemi mais deux. Un ennemi à droite, les républicains et quelques démocrates conservateurs, un ennemi à gauche, la frange le plus libérale du parti démocrate. Ces deux ennemis n’ont eu de cesse de critiquer toutes les actions et les mesures prise depuis deux ans. Un déluge de récriminations qui a fragilisé le président américain.

    Beaucoup se sont demandés pourquoi Barack Obama s’est si mal vendu auprès du peuple américain au vu des réformes et des décisions qu’il a prises et qui sont très importantes. Ainsi, il a évité que les Etats-Unis tombent dans une récession dramatique avec son plan de relance de près de 800 milliards de dollars. Il a mis en place une réforme de l’assurance santé et de la finance. Il a permis aux étudiants d’avoir plus de bourses pour étudier et a baissé les impôts de 95% des Américains, etc. Prenons d’ailleurs cette dernière mesure. Voilà un démenti pour tous ceux qui ne parlent que d’augmentation des impôts. Oui, mais voilà, seuls 8% des Américains savent que leurs impôts ont baissé…

    Alors, Barack Obama mauvais communiquant? Pour certains c’est le cas et cela leur paraît une découverte extraordinaire vu sa campagne de 2008 où on l’avait baptisé grand communiquant devant l’éternel. Pour expliquer cette déficience, certains politologues expliquent qu’il n’aime pas les foules, qu’il est capable de se vendre lui-même mais pas son action et qu’il a une trop haute estime de lui-même pour s’abaisser à se justifier. Tout cela est en partie vrai. Néanmoins, il faut rajouter que Barack Obama, comme beaucoup de politiques sincères, a cru que ses actions seraient, en elles-mêmes, ses justifications. D’où son amertume perceptible à la fin de la campagne, lorsqu’il s’est aperçu que les électeurs semblaient plus sensibles au travestissement grossier de celles-ci qui n’avaient plus rien à voir avec un débat politique sérieux et responsable.

    Mais une des causes principales, si ce n’est la cause principale, de l’échec de Barack Obama dans ces élections de mi-mandat, c’est l’incompréhension de l’électorat d’une politique centriste et d’un discours centriste qui l’accompagne. Bien sûr, nous savons que la Droite et la Gauche, une fois aux commandes, se doivent de gouverner pragmatiquement au centre. Pour autant, afin de contenter leurs clientélismes respectifs, elles gardent leurs phraséologies extrémistes et leurs discours clivants. Du coup, un discours consensuel et responsable qui explique une action politique équilibrée et pragmatique peut être un handicap. Et, aux Etats-Unis, il l’a été ces deux dernières années face à un déchaînement de critiques violentes venu des deux bords extrêmes de l’échiquier politique.

    Comment le Centre peut se sortir d’une situation déjà vécue dans d’autres temps et dans d’autres pays (la défaite de Valéry Giscard d’Estaing en 1981 est bien due en partie à la conjonction de deux discours véhéments, l’un venu du RPR de Jacques Chirac et l’autre du Parti socialiste de François Mitterrand). D’autant que la pédagogie qu’a voulu instaurer Barack Obama ainsi que sa volonté de toujours permettre un rapprochement des points de vue a été utilisées par ses adversaires pour le caricaturer à l’extrême.

    Une des réponses est de se rappeler – qu’on l’approuve ou non - que l’action politique ne vaut pas grand-chose aux yeux des électeurs si elle n’est pas expliquée, réexpliquée et mise en scène, non pas pour tromper les citoyens mais bien pour leur permettre de comprendre réellement les tenants et les aboutissants de celle-ci afin que leurs opinions et leurs votes soient le moins parasitées par de la propagande violente et la mauvaise foi.

    De même, le consensus et la concertation sont évidemment essentiels pour les centristes sans pour autant qu’ils deviennent une obsession paralysante face à des forces qui pratiquent la stratégie de la terre brûlée. Il ne faut jamais renoncer à dialoguer et à trouver des terrains d’entente mais il faut avancer et (dé)montrer sa volonté politique.

    Reste que nous pouvons également réfléchir sur le sens du désaveu que reçoivent souvent les vrais réformistes qui sont généralement des centristes. La politique consiste à agir pour le bien de sa communauté et non pas pour se faire réélire en adoptant les postures clientélistes irresponsables. Et même si la défaite est amère, tout vrai centriste réformateur et responsable doit se rappeler que son action politique est risquée mais que, quel que soit ce risque, elle en vaut la chandelle et, souvent, une place dans l’Histoire...

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Retraites: et si tout cela n’était que communication?


    Le Président de la république et le gouvernement ont tenu bon, l’opposition et les syndicats se sont bien battus et la France… Oui, au fait, et la France dans tout cela?! Honnêtement, la réforme des retraites n’en est pas réellement une et le problème demeure entier sur la permanence de la protection sociale «à la française». Heureusement que les centristes mais aussi la CFDT ont posé la question d’une vraie réforme qui puisse durer dans le temps et apporter une réponse à la manière dont nous allons pouvoir (re)bâtir une protection sociale pérenne face aux défis de la mondialisation et au regard des spécificités de notre pays dans les décennies à venir. Rappelons ainsi que les centristes, notamment ceux de l’Alliance centriste, se sont positionnés sur la mise en place d’une retraite à points et que la discussion sur cette proposition devrait avoir lieu dans les trois ans à venir comme le prévoit la loi votée. Mais pourquoi ne pas avoir eu ce débat maintenant?

    Dès lors, toutes les gesticulations de ces dernières semaines semblent bien dérisoires. On a assisté à une comédie dramatique bien huilée où chacun a joué son rôle presqu’à la perfection, respectant le script au mot près. Du coup, on peut se demander si tout cela n’était pas voulu d’avance. Un Président de la république et un gouvernement «droits dans leurs bottes», quelle belle image pour les électeurs un peu déboussolés de la majorité actuelle mais pas simplement pour eux. Une gauche combative et des syndicats remontés, quelle belle posture pour raviver la flamme de l’opposition.

    Alors, il n’est pas déplacé de se dire que la stratégie de communication du pouvoir était de jouer la radicalisation contrôlée, de mettre en place un face à face et de démontrer que face à des manifestations à répétition, face à un blocage partiel du pays, face aux violences des casseurs, il ne cèderait pas. Pari réussi puisque la loi a été votée et la révolution n’a pas eu lieu!

    Sachant les dès pipés, l’opposition a joué sa partition à merveille, mettant de l’huile sur le feu (alors que rien ne l’empêche dans le jeu de la démocratie d’annuler cette loi dans deux ans si elle reprend le pouvoir) en soignant son image sans grands risques et surtout en évitant de proposer une vraie réforme alternative face à la réformette gouvernementale car cela aurait pu nuire à sa popularité…

    Oui, bien joué au niveau de la communication. Mais, et la France dans tout cela? Bonne question, très bonne question. Et merci de l’avoir posée…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Il est temps de vivre dans la réalité


    Sur le paquebot France à la dérive et qui fonce droit sur un iceberg imposant, l’orchestre joue que tout va bien et les danseurs pensent qu’ils ont assez travaillé, qu’ils peuvent prendre du bon temps sans que rien ne puisse leur arriver car ils sont, le croient-ils, sur un navire insubmersible qu’ils ont d’ailleurs eux-mêmes construit... L’équipage, à quelques exceptions près, partage cette opinion, tout en nettoyant les ors et les dorures des salons et des cabines mais en laissant les moteurs s’encrasser dangereusement depuis des années. Tous attendent un miracle même en voyant se rapprocher l’iceberg. Un miracle du genre que celui-ci fonde juste avant la collision annoncée, que le paquebot dévie de sa route sans que l’on donne un coup de barre pour l’éviter ou toute autre croyance que le pire ne peut jamais arriver. Et ils se sont convaincu que ce pire n’arrivera jamais.

    Pourtant, il aurait suffi de quelques bonnes volontés, de quelques gouttes de sueur pour mener le bateau à bon port. Au lieu de cela, ce sont des torrents de larmes et de sang qui seront au rendez-vous.

    Le monde change. Pendant que les Français se prélassent dans un paquebot de luxe vieillissant, la plupart de leurs concurrents voyagent dans la classe économique d’avions à réaction. Non seulement ils atteignent leur destination avant eux mais, en plus, ils le font à moindre prix, avec plus d’efficacité et davantage de temps pour travailler.

    Nous pouvons dire, nous Français, que nous ne voulons pas de cette compétition mondiale mais nous ne pouvons pas dire que ce n’est pas la réalité. Nous pouvons nous dire que nous nous accrocherons à tous nos avantages jusqu’au dernier moment afin d’en profiter le plus longtemps possible quelque soit les conséquences mais nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas vu les autres pays avancés procéder à des réformes nécessaires et des pays émergents en train de prendre notre place.

    De même, les Français qui croient que les populations de ces pays émergents vont nous rejoindre dans la civilisation des loisirs et qu’il y a de la place pour tout le monde, vivent dans une fantasmagorie naïve et irresponsable. Notre mode de vie, notre richesse actuels ne peuvent pas être partagées par l’ensemble de la population mondiale, ni même par la moitié d’entre elle, c’est impossible économiquement parlant mais également parce que la nature ne recèle pas d’assez de matières premières, ne produit pas assez de nourriture et d’autres choses encore pour tout le monde.

    Nous pourrions alors nous dire que, puisque nous ne voulons pas faire des efforts, nous sommes prêts à baisser notre niveau de vie et rejoindre les écologistes extrémistes qui veulent imposer à la France et à l’Europe une croissance négative. Pourtant, dans le paquebot, les revendications ne ressemblent pas exactement à une profession de foi de frugalité et de renoncement au bien être. Non, elles sont plutôt du genre «après moi le déluge» mais je ne lâcherai pas un iota des mes avantages et, surtout, laissez-moi danser. D’où une bizarrerie de voir les plus jeunes danser avec les adultes.

    Oui, le paquebot France doit changer de route et moderniser ses moteurs. Oui, les passagers et les membres d’équipage doivent se retrousser les manches afin qu’il ne perde pas son lustre. Tout cela s’appelle de la lucidité et de la responsabilité. Sans ces deux attributs, notre beau bateau que nous avons mis des siècles à construire et à entretenir, à moderniser et à peaufiner, va couler dans les abysses les plus profonds lentement, certes, mais inexorablement.

    Pendant ce long et douloureux naufrage, les musiciens continueront à jouer, les passagers à danser, l’équipage à nettoyer les ors et les dorures et les avions à passer au-dessus de leurs têtes…

    Les Français peuvent croire qu’ils sont une exception, voire une avant-garde de la révolution mondiale qui rasera gratis ou presque, leur croyance ne crée pas la réalité. Celle-ci ressemble plutôt à une France qui croit encore qu’on l’on peut vivre au-dessus de ses moyens quand des milliards d’individus, vivant au-dessous de leur besoins, frappent à la porte de la prospérité, qui croit que l’on peut gagner plus en travaillant moins et qui croit que des avantages obtenus grâce à la prospérité sont donnés ad vitam aeternam sans aucun effort et sans adaptation nécessaire à la réalité qui nous entoure. Une France qui vit dans l’illusion et le renoncement. Heureusement que cela aussi n’est pas une donnée intangible. Mais il est temps de nous en rendre compte.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Pour le Centre, il faut apurer les comptes avant de dépenser à nouveau


    Le Centre a toujours prôné une gestion responsable des finances publiques avec un respect des grands équilibres notamment celui du budget de l’Etat. Non pas que cela doive interdire aux pouvoirs publics d’intervenir pour soutenir l’économie, ni pour développer des programmes sociaux mais cela doit permettre d’éviter que les gouvernants considèrent que l’on peut dépenser sans compter en renvoyant la balle de la dette publique à leurs successeurs jusqu’au jour où le système implosera. Or, nous n’en sommes peut-être pas très loin!

    Pourtant, ces dernières semaines, une offensive d’économistes keynésiens, largement relayée par la presse, a réclamé un nouveau plan de relance et de nouvelles dépenses publiques pour soutenir la faible reprise économique.

    Rappelons que parmi les raisons principales de la crise de 1929 et des années trente il y eut, pour les économistes, l’absence de plan de relance de grande ampleur et la montée du protectionnisme. C’est pourquoi, les principaux pays de la planète ont tous très vite adopté des plans de soutien de l’activité économique lors de la crise de 2008-2009 et se concertèrent pour ne pas prendre de mesures protectionnistes. Grâce à ces décisions, la pire crise économique jamais connues a pu être évitée Des plans et des décisions qui reçurent l’approbation des centristes devant l’urgence à agir.

    Néanmoins, après une reprise que certains espéraient en fanfare, l’activité économique et la croissance, notamment dans les pays européens, au Japon et aux Etats-Unis, demeure molle. D’où l’idée avancée par certains, et notamment le prix Nobel d’économie, l’américain Paul Krugman, que, puisque les plans de relance n’ont pas atteint entièrement leurs objectifs, il faudrait mettre en place de nouveaux stimulus de l’économie qui permettraient de réellement relancer l’activité.

    Même s’ils sont conscients que ces nouvelles mesures vont creuser encore plus les déficits publics des pays concernés, les tenants d’une nouvelle relance estiment que le plus important est une forte croissance qui permettra, à terme, d’éponger les trous financiers qu’elle va inévitablement creusés.

    Face à cette demande, il y a, en effet, la réalité des déficits abyssaux publics dans tous les pays européens, aux Etats-Unis et au Japon. D’où la décision de la plupart des pays avancés, après la relance, de mettre en place des plans de rigueur afin d’apurer les comptes, encouragés en cela par la pression des marchés inquiets de la montée de l’insolvabilité de la dette publique dans plusieurs pays, de la Grèce à l’Espagne en passant par l’Irlande et le Portugal. Même aux Etats-Unis, Barack Obama qui souhaite pourtant de nouvelles mesures publiques de relances, vient de déclarer que le déficit américain n’était plus soutenable et qu’il était urgent de faire d’importantes économies.

    Les centristes partagent évidemment le point de vue d’un retour à des comptes publics équilibrés ou, tout au moins, sains. Car il s’agit ici de responsabilité politique et de capacité financière des Etats. La crise a été un révélateur que les déficits publics étaient devenus insoutenables pour la plupart des pays avancés. Néanmoins, ces mêmes déficits existaient auparavant et ne sont pas nés de la crise mais d’une fuite en avant dangereuse. Car si l’apurement n’est pas décidé et mis en œuvre avec rigueur et responsabilité, la banqueroute surviendra un jour. Et alors la période que traversons les pays en cessation de paiement avec la litanie de difficultés extrêmes pour leurs populations, sera bien plus longue que celle qui doit, dès maintenant, permettre d’apurer les comptes. Une bonne raison de ne pas céder aux sirènes des dépensiers même si l’on comprend leurs motivations devant les forts taux de chômage qui frappent un peu partout en Europe et aux Etats-Unis. Cependant, l’amélioration qui pourrait résulter – et qui n’est même pas sûre - d’une nouvelle relance serait rapidement effacée par des finances publiques à la dérive qui engendreraient une rigueur d’une toute autre ampleur.

     

    Alexandre Vatimbella

  • Sans responsabilité, pas de société démocratique équilibrée


    Au moment où nous devons prendre des décisions importantes pour notre avenir, rappelons-nous que le bon fonctionnement de la démocratie est impossible sans responsabilité. Un individu libre est quelqu’un qui fait des choix sans contrainte autre que celle du respect de la liberté d’autrui mais qui est capable, dans le même temps, de faire des choix responsables. Sans vraie capacité pas de réelle liberté.

    Cette capacité s’acquiert grâce à son émancipation, c’est-à-dire par l’acquisition d’un savoir qui lui permet de se déterminer librement et en toute responsabilité, à la fois, pour son intérêt propre mais également pour celui de la communauté à laquelle il appartient. D’où l’importance, dans une démocratie, d’une transmission du savoir efficace par un système éducatif performant et des médias délivrant une information sérieuse et libre afin de donner la réelle capacité à chaque individu de choisir en toute responsabilité.

    Sans cette prise en compte concomitante de ces deux intérêts, individuel et collectif, il n’y a pas de responsabilité individuelle et, en conséquence, il ne peut y avoir de société équilibrée composée de personnes c’est-à-dire d’individus libres, respectueux, solidaires et tolérants ayant des droits et des devoirs.

    C’est pourquoi l’on peut être inquiet devant les avancées de l’égoïsme et de l’égocentrisme dans les pays démocratiques. Cette individuation montante caractéristique des sociétés postmodernes n’est pas une conséquence inéluctable de l’avancée de la démocratie, bien au contraire, mais le résultat d’un dévoiement de l’individualisme par l’exercice d’une liberté sans responsabilité. Celle-ci n’est en réalité qu’une licence permettant à chacun d’entre nous de pouvoir revendiquer à son unique avantage et de choisir pour son seul intérêt propre en rejetant toute idée de responsabilité dans ses revendications et ses choix. Or, une telle perversion de la liberté détruit évidemment le vivre ensemble, détruit la démocratie et, in fine, détruit la liberté elle-même. Sans responsabilité, l’exercice de la liberté n’est qu’une suite de décisions dont le seul horizon est la satisfaction égoïste et égocentrique de désirs immédiats et la volonté d’acquérir des privilèges sans se soucier des conséquences.

    En outre, en l’absence de responsabilité, l’individu à tendance à orienter ses choix vers l’obtention d’un avantage superficiel et un profit à courte vue au détriment de décisions qui auraient des bénéfices, non seulement, plus pérennes et plus respectueuses de l’autre, mais qui seraient meilleures pour ses propres intérêts et ceux de ses proches.

    C’est la raison pour laquelle, le Centrisme, pensée de la liberté dans la responsabilité, applaudit à toutes les avancées de la liberté mais ne conçoit celles-ci que pour un individu responsable. Un individu de plus en plus autonome et libre n’est un danger pour la société que s’il est irresponsable, cette irresponsabilité détruisant alors le lien social qui unit les membres d’une même communauté entre eux.

    La responsabilité est donc une condition sine qua non du bon fonctionnement de la démocratie. Si elle ne s’élève pas dans les années à venir, en même temps que l’individu acquiert une plus grande autonomie, alors nous avons tout lieu d’être inquiets. Nous devons absolument remettre de la responsabilité de tous les actes, à tous les niveaux et dans tous les domaines, de la politique à l’économie, et pour tout le monde, du président de la république au simple citoyen.

    Les admirateurs des régimes totalitaires considèrent les individus comme des incapables qui ne peuvent se prendre en main et décider pour eux et pour la communauté. Les promoteurs des luttes pour l’émancipation qui ont traversé les XIX° et XX° siècles voulaient démontrer l’inanité d’un tel raisonnement. Ils savaient que la liberté était un risque. Cependant, ils pariaient dans la reconnaissance des bienfaits de celle-ci par les peuples qui l’utiliseraient avec responsabilité ce qui permettrait qu’ils fassent bon usage de cet inestimable bien. Il serait bien dommage que nous contredisions ces derniers et donnions raison aux premiers. Ce serait, en outre, excessivement dangereux pour la démocratie…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centrisme comme antidote à l’individuation irresponsable d’une société éclatée


    Ceux qui croient que nous vivons dans une société de citoyens libres et responsables n’ont pas (encore) compris et pris la mesure de toute la force destructive de l’individuation irresponsable qui mine lentement les fondements des démocraties représentatives depuis des décennies. Une individuation qui est peut-être même une tare originelle de celles-ci si l’on se rappelle les craintes d’Alexis de Tocqueville à ce propos dès son voyage aux Etats-Unis au milieu du XIX° siècle où il prédisait une dissolution du lien social face à la montée des revendications égalitaires par un usage perverti de la liberté. Une individuation qui, quoiqu’il en soit et au fil des ans, a pris une ampleur de plus en plus grande et qui pose un véritable dilemme à la société démocratique: doit-elle limiter la liberté individuelle qui est à la base de sa légitimité afin de refonder un lien social et ainsi «rerésponsabiliser» l’individu?

    Aujourd’hui, la société démocratique n’est pas cette entité produisant un lien social fort qui permettrait de lier harmonieusement liberté et responsabilité (sans parler de la solidarité et de la tolérance) et de faire de ses membres des personnes (c’est-à-dire des individus libres, responsables, dotés de droits et de devoirs et réunis par un lien social). Elle ressemble plutôt à une myriade de groupements d’intérêts particuliers, formés de consommateurs insatisfaits et gérés difficilement par une organisation étatique dont les dirigeants pour garder ou conquérir le pouvoir s’engagent à gérer les désirs matériels éphémères de clientèles diverses, se réunissant autour d’intérêts partagés sans pour autant vouloir s’unir par un destin commun. Certains nomment ce phénomène «hypermodernité», d’autres, «post-modernité». Peu importe son appellation contrôlée ou non, la réalité s’impose et pose plus de questions qu’elle n’en résout.

    Revenons sur ce concept de groupement de consommateurs insatisfaits. Celui-ci est un effet pervers de la démocratie qui a poussé à son paroxysme les demandes autonomistes, consuméristes et revendicatives (notamment les «droits à») des individus, sur fond d’explosion d’une communication globale vantant la satisfaction des désirs matériels comme réussite existentielle.

    Cet effet pervers permet aux tendances égoïstes et égocentriques des êtres humains de transformer la société en une sorte de syndicat de groupes revendicatifs où le droit de chacun de leurs membres prend toujours le pas sur leurs devoirs individuel et collectif, ramenant le lien social à un simple contrat commercial où le fait de faire partie d’une communauté donne des droits et des avantages sans pour autant demander en retour des devoirs et des responsabilités à hauteur égale. Ici, on ne parle évidemment pas de l’appareil répressif de l’Etat qui peut même être de plus en plus prégnant dans un phénomène d’individuation irresponsable croissante mais de la relation politique entre l’individu et la communauté dans laquelle il vit.

    L’Etat n’est pas la victime de ce mouvement. Pire, il l’a accompagné car, comme nous le savons depuis des lustres, du pain et des jeux permettent de contrôler efficacement des individus qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez (leur intérêt immédiat et égoïste) au grand soulagement de la machine administrative qui n’a pas à faire autre chose que transformer la société en un mélange de grande surface et de parc d’attraction pour pérenniser son pouvoir.

    Le problème fondamental dans cette situation est qu’elle s’est établie en se servant de la liberté et de l’égalité, les deux fondements des démocraties libérales. Ce n’est pas que la liberté et l’égalité portent en elles forcément les dérives qui amènent à cette réalité que nous venons de décrire mais elles le permettent si ceux qui ont en charge de faire fonctionner la société choisissent cette voie qui est la plus simple et la plus rentable à court et moyen terme mais qui sape les fondements de la démocratie libérale au long terme. Et l’on sait aussi depuis longtemps que la facilité tient malheureusement lieu de principe de gouvernement des êtres humains.

    Car si la liberté appelle la liberté, si l’égalité appelle la l’égalité, c’est-à-dire que l’appel d’air créé, comme le prévoyaient les adversaires de la démocratie, amène une liberté et une égalité débridée, la notion de responsabilité est le médiateur qui doit empêcher ces dérives. Or c’est bien l’absence de cette responsabilité qui détruit la démocratie représentative et la remplace en un supermarché et une superfoire des droits et des désirs.

    La société ne peut être ce vaste bazar où le citoyen, devenu uniquement consommateur, en recherche constante d’assouvissement de ses désirs matériels, viendrait y piocher ce qu’il veut sans avoir d’obligations en retour. Néanmoins, la société ne peut, non plus, être un carcan qui empêche l’individu de se réaliser et réaliser ses projets de vie au nom d’une appartenance à une communauté qui restreindrait  son aspiration naturelle à vivre une vie pleine et personnelle.

    De même, l’individu ne peut demander à la société de lui garantir ses désirs au nom d’une sécurité (dans tous les domaines) et d’une égalité. Mais la société ne peut abandonner son rôle sécuritaire et de solidarité pour permettre le développement le plus harmonieux possible de l’individu.

    En outre, si la société demande à l’individu d’avoir des obligations envers elle, c’est aussi parce qu’elle a des obligations envers lui. Une société ne peut uniquement demander à l’individu de justifier son appartenance à la communauté, elle doit également justifier sa demande. Comment, dès lors, marier harmonieusement, ces deux demandes légitimes, la volonté des individus d’avoir une autonomie croissante et la nécessité de l’existence d’un lien social qui ne soit pas aliénant?

    Devant ce dilemme, c’est ici que le Centrisme entre en scène.

    Pourtant, pourquoi le Centrisme pourrait être un antidote à ce processus d’individuation qui semble irréversible sans pour autant revenir à une récession dans son autonomie? Une question d’autant plus pertinente, qu’au fil des ans, le Centre a participé à la lente montée en puissance de ce délitement du lien social en confondant, comme les autres mouvances politiques de droite et de gauche, individualisme responsable et individuation irresponsable. Cependant, c’est bien la notion essentielle pour le Centrisme du juste équilibre qui permet de résoudre en douceur cette équation a priori insoluble. Elle est, en effet, la seule qui propose de prendre en compte cette volonté de l’individu d’être autonome tout en remettant, à la fois, de la responsabilité et du sens dans l’existence de chacun et dans le vivre ensemble.

    Le juste équilibre ne demande pas un retour en arrière que certains prônent vers une réhabilitation de l’autorité et d’une communauté castratrice de l’émancipation individuelle. Il ne milite pas non plus en faveur d’une hypothétique libération totale de l’individu du lien social dans une mondialisation sans âme où chacun serait une sorte d’entité indépendante ne fonctionnant que sur la base de son intérêt immédiat au détriment de toutes les autres intérêts et advienne que pourra... Le juste équilibre veut promouvoir un individu responsable capable de prendre son avenir en main mais en même temps de participer activement au futur commun de l’humanité tout entière (et évidemment de sa communauté d’appartenance).

    Mettre l’humain au centre de ses préoccupations dans une vision humaniste où il est la raison et la cause de tout n’est pas de faire de cet humain un être irresponsable et mu uniquement par une satisfaction immédiate de ses envies mais de lui permettre de bâtir sa vie pour que celle-ci soit la meilleure possible dans une communauté où tous les autres membres ont le même droit, ce qui lui impose des obligations et d’être responsable. Personne ne dit que cela sera facile. Mais personne ne dit que c’est impossible!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Jean Arthuis au centre de toutes les convoitises politiciennes doit tenir bon la barre de la refondation du Centre


    En avril dernier, j’écrivais ici même que «l’attention portée à Jean Arthuis est de bon augure pour la refondation centriste et prouve qu’il a bien une place centrale dans celle-ci. Néanmoins il ne faudrait pas qu’il se fasse phagocyter par des entreprises qui ressemblent parfois à des ambitions personnelles ou qui sont lancées pour récupérer uniquement cette légitimité à des fins électoralistes». Les derniers événements montrent que les volontés de s’approprier le leader de l’Alliance centriste sont de plus en plus nombreuses et la pression de plus en plus forte pour qu’il adoube un leader.

    Au-delà d’un homme politique qui est demeuré fidèle à ses engagements centristes, c’est bien sa position centrale dans la refondation du Centre qui fait de lui l’élément incontournable de toute légitimité centriste. Invité et toujours présent dans les réunions des diverses composantes du Centre, chacune de celles-ci expliquent bien que s’il est là, à leurs côtés, c’est qu’il cautionne évidemment leur légitimité de représenter le «vrai Centre».

    Rien n’est simple et le danger de la récupération politicienne est constant. L’entreprise de Jean Arthuis avec son parti Alliance centriste de réunir tous les centristes est bien saluée par tout centriste réel ou déclaré. Mais le discours est rarement suivi d’initiatives concrètes et le fait de s’être exhibé avec Jean Arthuis suffit pour réclamer son certificat de «vrai centriste refondateur».

    De ce point de vue, l’Alliance centriste et Jean Arthuis souffrent d’une image réductrice véhiculée par les médias et accréditée par les autres composantes du centrisme qui ne souhaitent pas qu’ils prennent une plus grande importance, celle d’un parti et d’un homme dont le seul but est de prêcher l’union. Dès lors, dès que l’on entre dans le débat politique, l’Alliance centriste est marginalisée voire inexistante et Jean Arthuis est présenté comme le président de la commission des Finances du Sénat et non comme le président d’un parti politique.

    Plus grave pour le combat que mène Jean Arthuis est le danger ultime qui le menace lui et son parti. S’il décide, aujourd’hui, de rejoindre l’un ou l’autre camp centriste, il signera, dans le même temps, la disparition de l’Alliance centriste et sera immédiatement marginalisé, son «utilité» devenant nulle pour tous ceux qui tentent actuellement de le récupérer.

    Ainsi, la seule issue possible pour lui et ses amis est de faire de l’Alliance centriste l’unique point de fixation de la refondation centriste en développant les initiatives dans ce sens, proposant concrètement la création d’une nouvelle formation politique d’union et véhiculant un discours politique beaucoup plus structuré.

    Dans le même temps, Jean Arthuis doit continuer sur la voie qu’il s’est tracé, aller apporter la bonne parole de la réconciliation et de la refondation du Centre partout où on le demande. Mais il doit absolument éviter de servir la soupe et d’alibi. C’est sa crédibilité, celle de l’Alliance centriste mais aussi celle du Centre et, au-delà, la possibilité pour la France d’avoir un Centre fort pour réellement gouverner et remettre le pays sur les bons rails qui est en jeu. Pour l’instant, il s’en tire bien mais les chausse-trappes seront de plus en plus nombreuses sur son chemin. Heureusement, le combat en vaut la peine.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La France ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens mais elle peut les augmenter!

     

    Dans le débat sur la rigueur et sur la maîtrise des déficits, le discours dominant semble être que la France, ne pouvant vivre au-dessus de ses moyens, est condamnée à un certain déclin et même à un déclin certain. Or, c’est exactement le contraire qui doit être à la base d’une politique rigoureuse dont un des axes est de maîtriser les dépenses publiques. Il s’agit de redonner les moyens à la France afin qu’elle puisse éviter le déclin qui se dessine à cause d’un laxisme politique au cours des dernières décennies. Seule une politique responsable en la matière peut permettre au pays de repartir sur des bases saines. Une politique prônée et voulue par les centristes.

    En aucun cas, une telle politique ne signifie que l’on ne peut, dans le même temps, réorienter les capacités publiques et privées de la France vers l’innovation et la mise en place d’une économie du XXI° siècle, capable de se mesurer aux défis de la mondialisation (et non en les niant). Si ce n’était pas le cas, une politique de rigueur et de maîtrise de la dépense publique ne serait qu’une vision étriquée et comptable du politique qui conduirait inévitablement à une profonde crise de confiance de la société française sans pour autant apporter une quelconque solution aux problèmes structurels et conjoncturels du pays.

    On peut croire qu’en fermant les yeux la réalité n’existe pas et rêver. On peut aussi croire que l’on ne peut rien pour infléchir la réalité et s’empêcher d’espérer. Ces deux postures irresponsables et de renoncement conduisent soit à nier les efforts à faire (on le voit avec le problème de la retraite et, plus largement, des comptes sociaux du pays), soit à s’enfermer dans un repli sur soi qui aboutit à refuser la confrontation avec le réel parce que, soi-disant, tout ce qui se passe est inéluctable.

    Pour éviter que l’une ou l’autre de ces visions ne paralysent la France, nous devons donc travailler à la rendre plus riche en augmentant ses moyens afin que les Français gardent leur niveau de vie et puissent, à terme, l’augmenter. Ecartons les politiques misérabilistes et les discours de renoncement pour prendre en main notre avenir et celui de nos enfants. Mais n’oublions pas que jamais rien n’est donné et qu’il ne suffit pas d’avoir un discours volontariste pour que la réalité se plie par miracle à nos désirs. Il faut se retrousser les manches et se préparer à une bataille, tout pacifique mais néanmoins rude afin d’inventer une société dynamique, innovante avec des Français qui ont envie de gagner.

    Augmenter les moyens de la France, c’est faire les efforts nécessaires aujourd’hui afin d’en récolter les fruits demain. C’est ce que nous avons fait au sortir de la deuxième guerre mondiale avec la réussite que l’on connait. C’est ce qu’ont fait également l’Allemagne et le Japon. C’est ce que font l’Inde, la Chine et le Brésil et, un peu avant eux, la Corée du Sud.

    Tout cela nous rappelle que rien n’est jamais donné définitivement. D’un côté comme de l’autre. Qui pouvait penser que la Grande Bretagne, de première puissance mondiale en 1900 allait décliner aussi rapidement au cours du XX° siècle? Qui pouvait penser, en retour, que ce qui apparaissait comme un déclin quasi-définitif de la Chine à l’aube du XX° siècle ne serait qu’une période difficile qui s’est achevée par un formidable retour, le grand bon en avant non pas celui catastrophique de Mao mais celui époustouflant de Deng Xiaoping, pour permettre à l’Empire du milieu de récupérer sa place en ce début de XXI° siècle (même s’il doit encore se consolider)?

    Si l’on envisage les deux côtés, la morale à en tirer est que ceux qui se reposent sur leurs lauriers préparent leurs difficultés de demain et ceux qui se retroussent les manches construisent leurs réussites du futur. Mais cela nous rappelle aussi que rien ne se fera sans travail. Qu’on l’aime ou non…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le problème (de) Barack Obama et sa politique centriste

    Il y a un problème Obama et Obama a un problème. Le problème Obama est de savoir pourquoi a-t-il été élu. Le problème d’Obama est de savoir si une politique centriste peut avoir des chances de réussir aux Etats-Unis ou ailleurs dans le monde.

    Le problème Obama d’abord. Elu en 2008 avec 53% des voix, beaucoup ont cru aux Etats-Unis et dans le monde qu’il avait été bien élu par un peuple devenu, tout à coup, à la pointe de la société métissée et post-partisane, adepte d’une transformation en profondeur de la société américaine.

    Rien n’était plus faux. On se rend compte aujourd’hui qu’Obama a été élu après avoir mis sur pied et mené une formidable campagne électorale où chacun de ceux qui ont voté pour lui ont compris qu’il allait changer la société comme il le souhaitait, lui, l’électeur. Il a aussi été élu en éliminant Hillary Clinton, sa principale concurrente, sachant qu’ensuite, même un âne (l’emblème du Parti démocrate) aurait triomphé du candidat républicain.

    Par une conjonction des situations qui ne se reproduira peut-être pas avant longtemps, il a réussi à gagner les primaires démocrates (en étant battu au nombre de voix) grâce à la mobilisation de la jeunesse qui a voulu croire en cette société métissée triomphante puis par une sorte de volonté de rédemption du peuple américain issue d’un rejet massif voire total des républicains discrédité par les huit années de présidence catastrophique de George W Bush dont la plupart des Américains avait honte en 2008. Sans oublier une crise économique sans précédent qui venait détruire, in fine, le peu de crédibilité restante de l’équipe au pouvoir.

    Pour autant, Barack Obama a été «mal» élu. 53% des voix dans la situation des Etats-Unis d’il y a deux ans est le bas de la fourchette de ce que pouvait espérer n’importe quel candidat démocrate. Il aurait pu (dû) facilement atteindre les 58%-60% ainsi que tous les politologues l’ont démontré. Déjà, donc, un certain nombre d’électeurs qui voulaient le changement d’équipe n’ont pas voulu d’un président noir. Quant à beaucoup de ceux qui ont voté pour lui, ils souhaitaient leur changement et pas le sien.

    On comprend dès lors que les incompréhensions et les résistances se sont faites jour rapidement, quelques semaines seulement après la prise de fonction de Barack Obama, et qu’elles ont atteintes des sommets rarement vus dans la société américaine pourtant habituée aux dérapages excessifs, avec des discours de haine, racistes, populistes, extrémistes. Et le président n’a jamais réussi à reprendre la main, peu aidé en cela par des médias devenus rapidement sceptiques pour ne pas être accusés d’Obamania, ce que, pourtant, ils avaient pratiqué durant toute la campagne.

    Privé des relais médiatiques nécessaires, incapables de créer une dynamique politique, Barack Obama s’est lentement enfoncé dans les sables mouvants de l’opinion publique versatile. Et ce, d’autant plus facilement que, dans un contexte économique très difficile d’absence de croissance économique forte et de montée du chômage, sont remontées à la surface toutes les méfiances suscitées par sa victoire. Le tout avec une campagne de dénigrement total de la part des républicains qui, inquiets de voir Obama éventuellement réussir sa politique centriste et son rassemblement «post-partisan», ont décidé que leur salut ne pouvait passer qu’en jouant la politique du pire, la démagogie et l’extrémisme. Mais la gauche du Parti démocrate a fait pratiquement de même, déçue de ne pas voir en Barack Obama le chantre libéral qui allait pourfendre tous les néo-conservateurs.

    Et c’est là qu’intervient le problème d’Obama. Pouvait-il réussir une politique centriste et gouverner consensuellement? Beaucoup de gens reprochent actuellement au président de n’avoir pas de récit fédérateur qui puisse définir un Obamisme. En réalité, ce discours existe mais, d’une part, il n’est pas assez martelé par Obama et, d’autre part, il n’est guère audible aujourd’hui car idéologiquement non marqué ce qui fait que de nombreux électeurs ne se reconnaissent pas dans celui-ci, car trop compliqué à comprendre dans un monde où le binaire est plus en vogue que la complexité.

    Car, Barack Obama tient bien un discours centriste et rassembleur qui va à l’opposé de ceux de la Droite et de la Gauche qui se gargarisent de rhétorique «ultra», s’appuyant sur des clientélismes et des angoisses réelles dans la société, tout en n’accomplissant rien ou pas grand-chose une fois au pouvoir.

    Obama doit-il donc devenir un politicien sans foi ni loi dont la seule ligne d’horizon est de gagner une élection quel qu’en soit le coût pour ses valeurs? Sans aller jusque là, ses amis politiques (il lui en reste!) lui demande de définir où il veut aller et de le dire et le redire. Pourtant, il l’a déjà fait à maintes reprises. Et, plus important, il a fait ce qu’il a dit qu’il allait faire. Il suffit de relire ses discours et ses professions de foi. Il n’a pris personne par surprise. Une qualité rare de nos jours dans l’univers politique.

    Est-ce donc la politique centriste qui est la cause des ennuis d’Obama? Oui et non. Oui parce qu’une politique centriste en prenant des mesures pour trouver le juste équilibre qui permet de contenter le plus de personnes possibles dans une vision pragmatique, consensuelle mais totalement anti-démagogique se heurte évidemment aux intérêts particuliers de chaque côté de l’échiquier et est beaucoup plus difficile à expliquer. Non parce qu’Obama a aussi fait une erreur d’appréciation: les citoyens ne sont pas capables, pour la plupart, de comprendre une vision d’une politique uniquement par les réformes et les décisions prises. Il doit y avoir un discours global qui l’accompagne. De ce point de vue, le président n’a pas assez investi de temps pour rappeler cette vision qu’il avait pourtant développé pendant sa campagne, une Amérique modernisée, apaisée, réunie, regardant vers l’avenir, construisant son futur en faisant de la place à tout le monde et revitalisant le rêve américain. Une Amérique libérale-sociale, une Amérique centriste qui ne nierait néanmoins pas les spécificités du pays où l’aventure personnelle qui permet de réussir sa vie en prenant son destin en main demeure un sentiment puissant même si la réalité est moins exaltante que cela pour la grande majorité des Américains qui n’ont guère de chance actuellement d’escalader l’échelle sociale.

    Critiqué par la Droite et par la Gauche, quelle est donc la vraie base électorale de Barack Obama? Lorsque l’on voit les critiques venues de la Droite et de la Gauche extrême, quand on analyse le programme et les réalisations du président américain, il est évident que sa base est centriste. Une base qui représente la majorité du corps électoral du pays mais qui, travaillé par les ultras des deux bords, ne croit pas qu’Obama mène une politique du Centre.

    Des ultras qui, si l’on met leurs affirmations ensemble, ont dressé un portrait du président totalement surréaliste. Il serait ainsi un nouveau George W Bush (gauche) socialiste (droite), voire un Dick Cheney (gauche) communiste (droite), un va-t-en-guerre (gauche) pacifiste (droite), un être hybride mi-Hitler, mi-Staline (droite) néolibéral (gauche) musulman (droite) membre de la CIA (gauche), un conservateur (gauche) bradant les valeurs chrétiennes de l’Amérique (droite), creusant un déficit public abyssal (droite) mais pas assez dépensier pour mettre en place une relance de l’économie (gauche).

    On pourrait continuer longtemps et s’en gausser si cette image totalement brouillée n’empêchait qu’émerge, dans l’opinion publique américaine mais aussi mondiale, un portait plus proche de ce qu’est Barack Obama. La responsabilité de cet entrelacement de clichés risibles mais destructeurs en revient d’abord à l’extrême-droite soutenue par le Parti républicain et, à un degré moindre, à la gauche soutenue par les activistes libéraux. Mais elle est aussi du fait de Barack Obama qui n’a pas su mettre en place des pare-feux efficaces, pensant que son action prouverait ses intentions et son positionnement, croyant surtout que son habileté communicationnelle ne ferait qu’une bouchée de tous ces ragots.

    Barack Obama restera dans l’histoire des Etats-Unis quoi qu’il arrive. Pas seulement parce qu’il est le premier noir élu à la présidence mais surtout parce qu’il aura accompli un énorme travail (réforme de la santé, réforme de la sphère financière, plan de relance qui a évité une catastrophe aux Etats-Unis et au monde, etc.). Cependant, le présent n’a que faire de l’histoire qui se construit et les élections de mi-mandat de novembre prochain qui vont renouveler entièrement la Chambre des représentants et un tiers du Sénat risquent d’être catastrophiques pour Barack Obama et les démocrates.

    Reste que, comme le rappelle la presse américaine, Ronald Reagan et Bill Clinton ont connu des défaites lors de leurs premières élections de mi-mandat ce qui ne les a pas empêché d’être réélus deux ans plus tard et de terminer leur huit ans de présidence avec des cotes de popularité très élevées. Barack Obama pourra donc rebondir. Le peut-il? Le veut-il?

    Quand il a été élu en 2008, il a affirmé qu’il préférait être le président d’un seul mandat en accomplissant de vraies réformes qu’un président réélu sans rien faire. L’histoire serait sans doute tragique pour le premier président noir non réélu et pour l’image des Etats-Unis. Mais elle serait triomphante pour un président qui aurait accompli d’importantes et nécessaires réformes au prix de sa popularité et de sa réélection.

    Barack Obama n’a certainement pas l’âme d’un martyr et tous ceux qui l’ont approché connaissent son goût du pouvoir et sa volonté de mener une action politique sur le long terme pour lettre les Etats-Unis sur les bons rails du XXI° siècle. Néanmoins, certainement pas à n’importe quel prix ce qui fait de lui un politique atypique. Un vrai centriste pragmatique, consensuel, réformiste et responsable en quelque sorte…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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