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La France Réconciliée - Page 74

  • Le bonheur, valeur de réconciliation ?

    « Désormais, les décideurs politiques font tout pour comprendre ce qui rend les gens heureux et comment ils peuvent y contribuer, écrit Newsweek (1). Des pays aussi différents que le Bhoutan, l’Australie, la Chine , la Thaïlande et le Royaume-Uni élaborent des « indices du bonheur » afin de les utiliser conjointement au PIB pour mesurer le progrès de la société. » Cette nouvelle mode politique pose malgré tout un sérieux problème selon le magazine américain : « Peu importe que les principaux spécialistes internationaux du domaine se soient demandé lors d’une conférence si le bonheur était mesurable »…

     

    Le bonheur est tout sauf une idée nouvelle. L’idée que le bonheur est la pierre angulaire de tout désir humain vient d’une constatation a priori simple des premiers philosophes. Ainsi si l’on demande à l’être humain ce qu’il veut, il répondra, « Mon bonheur et celui des gens que j’aime ». Personne ne déclarera « Je cherche le malheur », c’est-à-dire le contraire de ce que je considère être ce que je désire. Cependant, cette constatation doit être immédiatement tempérée par une autre. En effet, si l’on demande à l’être humain si ce qu’il espère obtenir sur Terre est un état parfait de plénitude, il répondra par la négative en indiquant qu’il cherche « simplement » le mieux qu’il puisse obtenir de cette vie. De ce fait, il indique qu’il ne croit pas au bonheur tel qu’il est défini par la philosophie et qu’il connaît plus ou moins les réalités de la vie. De ce point de vue, l’être humain adopte une vision raisonnable de la vie. Néanmoins, il estime également – largement conditionné par les idéologies dominantes - que le mieux peut être toujours amélioré qualitativement et quantitativement. D’où la résurgence du concept de bonheur absolu (Attention, il ne faut pas confondre le bonheur, état d’une durée infinie et des instants de joie que certains ont tendance à qualifier d’instants de bonheur. Par définition, le bonheur ne peut pas être une séquence temporelle définie).

     

    C’est Aristote qui fait du bonheur le centre de la recherche existentielle de tout individu. Mais cela demeure une quête individuelle. Puis, le XVIII° siècle a ajouté deux éléments déterminants au bonheur en le faisant passer de ce caractère strictement individuel à un caractère collectif et en lui donnant un aspect essentiellement (mais pas uniquement) matériel. La Révolution française accentuera ce passage de l’individuel au collectif.

     

    Ainsi, les textes fondateurs de deux des principaux systèmes politiques en vigueur dans cette première partie du XXI° siècle font expressément références au bonheur. C’est d’abord le cas de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, en France, toujours en vigueur dans la Constitution de la V ° République, qui parle du « bonheur de tous » ( La Constitution de 1793 allait plus loin puisque son préambule contenait l’affirmation suivante : « (...) Afin que le peuple ait toujours devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur... » et, surtout, son article premier était libellé comme suit : « Le but de la société est le bonheur commun »). De même, la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique affirme très clairement que, parmi « les droits inaliénables » de l’homme, se trouve « la recherche du bonheur ». Et le gouvernement américain doit garantir ce droit au bonheur pour être un gouvernement respecté.

     

    Même si le bonheur a investit le champ politique stricto sensu, il reste néanmoins et avant tout un état individuel, notamment pour l’ensemble des idéologies modernes dominantes (issues massivement des révolutions libérales américaines et françaises ainsi que des théories des philosophes qui ont été leurs inspirateurs). Ce que ces régimes politiques affirment pouvoir offrir sont les conditions à son accomplissement. Mais cela revient au même. Offrir les conditions d’accomplissement du bonheur, c’est reconnaître que le bonheur existe, c’est proposer le bonheur comme but à atteindre.

     

    La « redécouverte » du bonheur aujourd’hui par de nombreux économistes relayés par des psychologues et des philosophes n’apporte rien de nouveau sauf que celui-ci est appelé à la rescousse pour être une valeur alternative au PIB, à cet indicateur qui mesure la richesse, l’accumulation matérialiste qui est devenue le paradigme de nos sociétés. En même temps, les économistes redécouvrent l’utilitarisme de Jeremy Bentham ainsi que l’individu n’est pas uniquement mû par une volonté d’accumulation de biens extérieurs mais aussi par une recherche d’une vie meilleure qui ne passe pas que par des critères économiques. Tout d’un coup, on redécouvre également que la nature du capitalisme, pour pouvoir vivre et se développer, est de constamment susciter des envies matérielles auprès des individus sans se préoccuper si cela leur apporte le moindre contentement profond. Et l’on se rappelle que le marketing est une idée inventée par le gendre de Freud dans les années trente aux Etats-Unis afin d’optimiser les ventes par la création de désirs artificiels au moment où les industriels se demandaient comment ils allaient faire pour écouler leurs productions de masse à l’heure du taylorisme (n’oublions pas que Henry Ford préconisait des salaires élevés pour tous afin de faire tourner la machine industrielle et celle des profits).

     

    Depuis une décennie, les travaux « scientifiques » se sont multipliés et les études – avec chacune leurs propres critères – tentent de dire qui est heureux et qui ne l’est pas. Ainsi, certains « chercheurs du bonheur » sont parvenus à situer l’endroit le plus heureux de la Terre  ! Ce serait la petite ville danoise de Ringkøbing… De même, l’homme le plus heureux de la planète serait, grâce à l’étude de son cerveau par des neurobiologistes, le moine bouddhiste français Matthieu Ricard, fils de Jean-François Revel… Et, selon que l’on prend les critères qui les arrangent, les auteurs placent les gens les plus heureux au Danemark ou au Vanuatu ! Fermez le ban.

     

    Fort bien. Mais le bonheur peut-il être cette recherche alternative au matérialisme ? La réponse est négative. D’une part parce que le bonheur coexiste sans aucun problème avec le matérialisme depuis près d’un siècle voire plus. D’autre part parce ce qu’il faudrait savoir ce qu’est le bonheur. Au-delà de la définition d’un état de plénitude constant et infini qui n’est guère atteignable, il est aussi perçu de manière différente par chaque individu pour qui le bonheur personnel correspond à des critères et des sensations à la fois propres et mouvantes comme le montre l’idée que c’est toujours par rapport à l’autre que l’on se positionne pour savoir si notre vie est meilleure qu’auparavant ou s’améliore (c’est la différence de niveau de vie avec son voisin qui est le critère primordial plutôt que l’amélioration objective de notre condition matérielle). Ecoutons Kant à ce sujet : « Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’à tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut. La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dans leur ensemble empiriques, c’est-à-dire qu’ils doivent être empruntés à l’expérience; et que cependant pour l’idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or, il est impossible qu’un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu’on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu’il veut ici véritablement. (...) Il n’y a donc pas à cet égard d’impératif qui puisse commander au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainement qu’ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d’une série de conséquences en réalité infinie... »

     

    Mais, même si le bonheur pouvait exister et pouvait réellement être mesuré, il serait plus dangereux qu’autre chose comme ciment social. En effet, il s’agit d’une notion fondamentalement égoïste, qui ne fait qu’opposer les êtres humains entre eux, la recherche du bonheur se faisant contre celle de l’autre et ce bonheur se bâtissant inexorablement sur le malheur d’un autre. Une société où la possibilité d’acquérir le bonheur existerait, serait infiniment violente. La recherche du bonheur est une des raisons de l’individualisation grandissante de nos sociétés développées. Chacun pour soi et le bonheur en plus pour les plus forts. En matière d’utopie, la véritable valeur ciment social absolu et sans rapports conflictuels entre les individus c’est l’amour, c’est-à-dire le respect, la tolérance et la solidarité partagés. On ne partage pas son bonheur, on partage son amour. La joie et le bien-être propre à la vie dans l’amour sont bien plus forts que de vivre dans la recherche du bonheur, cette recherche, encore une fois, étant une quête sans fin.

     

    Le bonheur n’est pas donc un indice pertinent pour calculer l’état de développement et de progrès d’une société. En revanche, le « bien être général », notion développée par certains économistes, est un indice beaucoup plus intéressant car il permet de mesurer des états de satisfaction beaucoup plus concrets, une « qualité de la vie ». Celui-ci a été défini récemment par le leader du parti conservateur britannique, David Cameron : « Nous devons désormais consacrer toute notre énergie au BEG, le bien-être général (« general well-being ». Cela implique de reconnaître les facteurs sociaux, culturels, moraux qui donnent un vrai sens à nos vies. Cela implique, en particulier, d’assurer un environnement durable et de bâtir des sociétés plus fortes. Et, oui, cela implique d’admettre que l’argent n’est pas tout et que la qualité de la vie est plus importante que la quantité d’argent ».

     

    Bien entendu, on comprend que cet indice doit être affiné pour rendre compte d’une meilleure qualité de la vie d’autant que cette qualité est souvent dépendante du revenu des individus ou d’une société… De plus, diaboliser l’argent – qui est une posture assez systématique des défenseurs du bonheur - est une drôle d’entreprise car celui-ci n’est qu’un moyen d’échange mis en place lorsque la spécialisation des individus et des sociétés a permis un essor dont nous bénéficions encore largement aujourd’hui. Il suffit seulement de remettre l’argent à sa place comme moyen et non comme fin. Reste que l’idée de David Cameron que « le bien-être général pourrait être le concept politique déterminant du XXI° siècle » est à creuser. Car si cette prédiction se révélait exacte, on reviendrait ainsi à des sociétés qui se préoccuperaient plus de leur lien social que leur accumulation matérielle. On peut rêver !

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

    (1) De Londres à Pékin, l’idée du bonheur fait son chemin par Rana Foroohar, Newsweek 2007

     

  • Le volontarisme, un outil politique à manier avec prudence et intelligence

    Nous avons élu un président de la république qui se présente comme un volontariste, un président qui souhaite bouleverser les habitudes des Français, sans chichis, pour permettre au pays de s’adapter aux défis d’aujourd’hui et de demain, tant ceux de la mondialisation que des problèmes écologiques. Voilà déjà qui nous change des deux dernières présidences, tout au moins au niveau du discours puisque, évidemment, le temps de l’action est encore beaucoup trop courte pour analyser l’application concrète de cette profession de foi qui est constamment rappelée par son auteur.

    La présence, à la tête de l’Etat, d’un tel homme politique va-t-elle, peut-elle aboutir à un changement en profondeur ou tout ceci n’est-il que pure rhétorique ? Cela peut-il changer en profondeur la société française ?

    Avant tout, il faudrait définir ce qu’est exactement le volontarisme car dans une acceptation large, on pourrait dire que tout home politique est volontariste puisqu’il défend des idées qu’il désire mettre en pratique et que, sans faire de procès d’intention, il croit à son combat pour les imposer. Dans le même ordre d’idée, tout programme d’un parti est volontariste. Néanmoins, le volontarisme se situe à un autre niveau. Il s’agit, en quelque sorte, non seulement, de s’attaquer aux habitudes en place mais, en plus, de demander à la réalité de se plier à une vision politique, vision politique que le volontariste estime non seulement juste mais, en quelque sorte, visionnaire.

    De ce point de vue, le volontarisme peut apparaître comme une supercherie, voire comme un danger. Changer la réalité est, soit une pure fiction, soit un jeu dangereux qui peut aboutir à des crises. Car, comme le rappelle le dictionnaire Larousse, le volontarisme est « une attitude que quelqu’un qui pense modifier le cours des événements par la seule volonté » avec « primauté à la volonté sur l’intelligence et à l’action sur la pensée intellectuelle ».

    Comme souvent, les réponses se trouvent dans l’histoire. Nicolas Sarkozy n’est pas le premier volontarisme de la politique et, en particulier, de la politique française. De grands hommes d’Etat ont été labellisés comme volontaristes. Que l’on songe à Armand Duplessis duc de Richelieu, Napoléon Bonaparte, Charles De Gaulle, du côté français. Que l’on songe au « chancelier de fer », Otto Von Bismarck, Théodore Roosevelt, Winston Churchill, Michael Gorbatchev dans le monde. Sans oublier Margaret Thatcher, Ronald Reagan ou, plus près de nous, Tony Blair. Toutes ces personnalités, dont nous ne sommes pas en train de juger les idées politiques ont voulu « changer la donne ». Sans oublier, ceux qui, en tant que volontaristes ont entraîné leurs pays et le monde dans des aventures criminelles et à la ruine comme Hitler, Mussolini ou Lénine.

    Le passage à la tête de l’Etat de tous ces politiques ont modifié les choses au cours de l’exercice de leur pouvoir. Mais, sur le long terme, celles-ci ont-elles été profondément modifiées ? Il est évident que la réponse ne peut être faite pour un Tony Blair ou un Michael Gorbatchev. Mais pour Richelieu qui voulait que la France soit un pays uni, pour Théodore Roosevelt qui voulait éliminé la gangrène de la corruption aux Etats-Unis, pour Margaret Thatcher qui voulait que la Grande Bretagne redevienne un pays libéral, pour Charles de Gaulle qui voulait redonner à la France son rayonnement d’antan, quel est la bilan ? Il est mitigé même s’il a montré qu’une volonté doublée d’une forte conviction et d’un pouvoir de convaincre pouvaient faire évoluer les situations.

    Sachant que ni Margaret Thatcher, ni Ronald Reagan, par exemple, n’ont changé les sociétés britanniques et américaines en profondeur malgré leur force de conviction et quelques succès indéniables, on découvre rapidement que le volontarisme peut n’être qu’une incantation. Cependant, les présidents volontaristes comme Théodore Roosevelt aux Etats-Unis ou Charles de Gaulle en France ont été des fers de lance du changement, le premier en luttant contre la corruption à tous les niveaux de la société américaine, notamment sur la mainmise des trusts sur l’économie, et le second en relevant l’identité nationale mise à mal durant la seconde guerre mondiale. Dès lors, il semble que le volontarisme donne ses meilleurs résultats dans les périodes de crise aigüe ou de bouleversement important dans une société fragilisée.

    De son côté, le nouveau président le république, Nicolas Sarkozy, nous propose un nouveau volontariste pour changer la France et la mettre de plein pied dans le XXI° siècle. A-t-il une chance de réussir et cela permettra-t-il de réconcilier les Français avec eux-mêmes, leur pays, l’Europe et le monde ? Il est beaucoup trop tôt pour répondre comme nous l’avons dit plus haut. Néanmoins, il possède quelques atouts pour pouvoir réussir dans son entreprise. Et un des plus importants est que la société française semble prête à accepter une dose de changement radical. Quelle dose ? Seul l’avenir nous le dira. Un autre indice positif est sa capacité à avoir réuni autour de lui des politiques venant d’horizons divers ce qui semblerait démontrer que sa vision rencontre un fort écho positif chez les décideurs.

    Quant à nous, nous croyons à un « volontarisme modéré ». Celui-ci port un nom, le Centrisme. S’il reconnaît l’importance de la volonté individuelle et s’il fait le « pari de l’humain » à l’instar de Confucius, il est aussi ancré dans la réalité et celle-ci n’est pas malléable à l’infini comme voudrait le faire croire certains politiques. Car le volontarisme ne doit pas être confondu avec l’incantation, méthode très à la mode dans le monde politique. Il ne suffit pas de dire ou d’affirmer pour que les choses changent. Il ne suffit pas non plus de décisions mais il faut que celles-ci correspondent à une situation même si c’est pour la modifier ou la changer en profondeur.

    Personne ne nie l’existence d’êtres exceptionnels et leur capacité à engendrer le changement. Mais il faudrait être bien naïf pour penser qu’une seule personne peut changer une société qui n’y serait pas consentante. Et ce consentement est aussi une affaire de consensus que l’on recherche constamment et qui est fait d’allers-retours entre la société dite « civile » et le monde politique. La fameuse alternative entre s’adapter au monde qui nous entoure ou l’adapter à soi n’est guère pertinente. Car, c’est bien avec un mélange des deux que l’on obtient les meilleurs résultats. Au risque de froisser quelques égos surdimensionnés…

    Ce dont nous avons besoin, pour réconcilier les Français avec leur pays et l’avenir, pour les réconcilier avec la politique, est un président qui prend toute la dimension, à la fois, des défis du XXI° siècle et de la réalité de la société française, économique, social et sociétale pour proposer un vrai contrat politique, c’est-à-dire des buts qui ramènent au concret, à la vie quotidienne de nos concitoyens. Dans cette optique, le volontarisme peut être un atout mais, s’il est débridé, un vrai risque.

    Alexandre Vatimbella

  • La nécessité de réinventer un "vivre ensemble"

    De nombreux intellectuels, philosophes, sociologues et politologues, observateurs avertis de la société française, sont inquiets, voire très inquiets. L’objet de leurs craintes : que le lent processus de délitement du lien social qui a pris racine dans le XVIII° siècle des Lumières suite à la promotion de l’individu roi, concept qui est réellement devenu hégémonique dans la deuxième partie du XX° siècle, ne parvienne bientôt à son point final, le coup de grâce ayant été donné par la rapide montée en puissance, lors de la fin du XX° siècle et du début du XXI°, des multiples revendications identitaires provenant de groupes ethniques, religieux, sociaux, etc.
    Ce mouvement que l’on observe depuis une vingtaine d’années, n’est qu’un avatar de l’individualisme roi et, en même temps, une réaction à celui-ci. Il a été à l’origine de la création de multiples groupes restreints – ce qui démontre a contrario le besoin indispensable de l’être humain d’appartenir à une communauté - où se retrouvent un certain nombre de personnes qui partagent des intérêts communs, voire des valeurs communes, et qui réclament à la société la mise en place de règles particulières en leur faveur quand ce n’est pas des changements de règles générales tout court. Exemple caricatural de cette atomisation de la collectivité générale en communautés véhiculant autant de visions autocentrées de la vie, la revendication, en Grande Bretagne, par des groupes de musulmans vivant dans des quartiers de Londres où ces derniers sont majoritaires d’une instauration de la charia, la loi islamique.
    Au-delà de cet exemple extrême mais pas isolé, ces observateurs estiment que nous sommes dans une tourmente et à la veille d’une déflagration sociale majeure. Certains demeurent optimistes quant à la capacité de la France de (re)constuire un « vivre ensemble ». D’autres, plus pessimistes, demandent que l’Etat prenne ses « responsabilités » et agisse avec la fermeté nécessaire.
    Quel est ce danger ? C’est ce que l’on a appelé le « communautarisme » assez improprement et qui est plutôt la scission de la société en d’innombrables « tribus » qui se sont constituées et qui continuent à se constituer sur des bases d’intérêts communs antinomiques les uns avec les autres et, souvent, antinomiques avec la règle générale.
    Ces chocs ne sont pas encore toujours frontaux mais ils sont voués à le devenir de plus en plus. Pour éviter qu’ils le deviennent, il nous faut absolument refonder notre « vivre ensemble » en inventant un nouveau lien social qui englobera toutes les éthiques communautaires tout en les dépassant dans une vision humaniste, c’est-à-dire de liberté et de tolérance, seule capable de respecter l’humain dans toute sa diversité. Synthétiquement, il faut réinvestir le « vivre ensemble » en assignant un cadre général contraignant à ces éthiques communautaires au-delà duquel elles ne peuvent déroger aux règles de la vie en commun.
    Concrètement, le politique peut-il réussir dans cette tâche si importante et si délicate ? Et doit-il choisir la voie du compromis ou de la fermeté ? Le consensus doit être évidemment privilégié mais il ne doit pas non plus être le seul mécanisme pour fonder ce nouvel « vivre ensemble ». Car la restructuration d’une communauté comme la France nécessite d’établir des bases fortes qui ne peuvent être que celles qui sont porteuses des valeurs de la culture française au sens large, notamment d’une culture démocratique issue largement d’une vision judéo-chrétienne modelée au cours des siècles. Ainsi, la liberté de pensée, la liberté de parole et la liberté d’agir dans le respect d’autrui ne sont pas négociables sauf à changer de système politique. L’égalité de condition et l’équité dans la reconnaissance de ceux qui entreprennent ne le sont pas non plus.
    Mais ce serait trop simple de rappeler l’intransigeance qu’une démocratie doit avoir vis-à-vis de ces principes sans s’interroger si ce n’est pas, justement, leur absence qui a créé cette montée des éthiques communautaires. Ainsi, la société doit également porter un regard critique sur ses pratiques et se remettre à l’ouvrage pour appliquer effectivement les règles non négociables de son vivre ensemble. C’est aussi dans sa fidélité à ses principes qu’une société peut demander à ses membres de les respecter. Reste qu’in fine, quelque soit le contexte et les erreurs de la société, il ne peut y avoir de « dérogations » données à certains afin de s’émanciper des règles et des principes qui constituent le ciment social. Car une civilisation qui se morcelle est une civilisation qui s’affaiblit par ses fondations avant de s’effondrer. C’est une leçon de l’histoire que connaissent d’ailleurs très bien beaucoup de ceux qui demandent ces dérogations…
    Alexandre Vatimbella

  • Réconcilier les Français avec le travail

    Le Centre place au cœur de son programme politique la liberté d’entreprendre, valeur défendue par la droite mais aussi la solidarité, valeur mise en avant par la gauche. Loin d’en faire des dogmes statiques, il en fait une synthèse pour en tirer un équilibre. Car le Centre n’est pas un juste milieu de deux extrêmes, il est un juste équilibre. C’est un milieu dynamique, c’est-à-dire un pôle d’attraction qui rassemble, non dans une vision conservatrice de la société mais, tout au contraire pour y insuffler une action politique volontariste qui amène le progrès.
    Pour y parvenir, le Centrisme est une pensée politique pragmatique qui s’appuie sur le « principe de réalité », terme « ronflant » à la mode qui ne signifie pas autre chose que l’on ne peut mettre, trivialement, la charrue avant les bœufs. En ce sens, le Centrisme reconnaît, en matière économique, la primauté de la production sur la redistribution puisque l’on ne peut redistribuer que ce que l’on a produit. Mais le principe de réalité, c’est aussi la mise en avant de une des valeurs centrales de toute société humaine : le travail. Sans travail pas de vie humaine. Sans travail pas de société humaine.
    Au-delà d’une « reconnaissance sociale » qu’apporte le travail et que l’on peut déplorer (privé de travail on demeure un humain à part entière), ce dernier est une obligation pour assurer notre existence. Nous ne sommes pas dans un jardin d’Eden où, rappelons-le, la femme et l’homme n’avaient pas besoin de travailler, et si celui-ci existe, nous ne le trouverons que dans un paradis après notre mort terrestre. Même si l’on épouse la vision d’un travail punition des dieux, il n’en reste pas moins que l’être humain est travail et que la lutte pour la vie dans lequel il s’insère est une réalité ontologique de l’humain et de l’humanité.
    Ainsi, ceux qui se revendiquent du Centre et du Centrisme placent la valeur travail au cœur de leur réflexion politique et économique. Ceux qui dénient cette place primordiale ne sont pas du Centre. Et cela n’a rien d’idéologique mais ressort d’une donnée incontournable de ce qu’est le Centrisme, un pragmatisme. Il ne s’agit pas de glorifier le travail pour le travail. Si nous pouvons penser que sans travail, l’être humain vivrait dans un certain désoeuvrement, le travail c’est, avant tout, le moyen de bâtir une société tout court puis de la fortifier ce qui permet ensuite, en faisant fructifier ce travail, de la rendre équilibrée, c’est-à-dire la plus juste possible pour tous. Et si l’espèce humaine, par quelque miracle, pouvait se passer du travail, alors nous serions, en tant que Centristes, les premiers à le reconnaître en tant que pragmatiques.
    Mais cette situation n’est pas pour demain. Tous ceux qui travaillent la terre savent que c’est une tâche continuelle que de se battre contre les éléments contraires pour que l’on puisse récolter ses fruits. Et même ceux qui n’ont qu’un jardin d’agrément savent que s’ils le laissent à lui-même, les mauvaises herbes et les ronces s’en empareront petit à petit. Et si notre organisme ne « travaillait » pas 24 heures sur 24 pour lutter pas contre les bactéries et les virus, nous ne pourrions vivre une seule seconde sur cette planète.
    Pour construire un avenir pour nous-mêmes et nos enfants, nous devons réhabiliter le travail dans une société où l’on a tendance à croire que tout peut se faire par une « main invisible », mais pas la même que celle des libéraux… Nous devons le réhabiliter non pas pour le plaisir mais parce que celui de nos parents et de nos aïeuls nous permet d’être là où nous sommes aujourd’hui et que le nôtre permettra de continuer l’œuvre de l’humanité : bâtir une meilleure vie.

    Alexandre Vatimbella

  • Le respect, condition de la liberté, de l'égalité et de la fraternité

    Il y a peu, nous parlions ici du couple star des Français, la liberté et l’égalité en expliquant que ces deux valeurs se trouvaient plus ou moins à égalité dans leurs cœurs. Ainsi, 52 % des personnes interrogées par le Cevipof dans son baromètre plaçaient l’égalité avant la liberté et 48 % mettaient cette dernière avant l’égalité. La nouvelle vague du baromètre du Cevipof inverse les résultats puisque les Français placent maintenant la liberté en premier pour 52 % d’entre eux et 47 % choisissent l’égalité (1 % ne se prononçant pas…).

    Ces résultats sont complétés par un sondage effectué par la Sofres pour Télérama. Ici, les trois valeurs de la devise de la France sont pris en compte : liberté, égalité, fraternité. Le choix des Français est plus radical encore puisque 52 % des Français estiment que la liberté est la plus importante du trio, 30 % que c’est l’égalité et 16 % la fraternité. Cependant ils pensent qu’aujourd’hui le terme le plus menacé est l’égalité (80 %) devant la fraternité (69 %) et la liberté (59 %). Et c’est pourquoi ils demandent à 55 % qu’une politique plus égalitaire soit mise en place contre seulement 38 % une politique plus axée sur la liberté.

    Quand on rentre dans les détails de ce très intéressant sondage, on apprend que s’il fallait rajouter un quatrième terme à la devise nationale, les Français choisiraient majoritairement le respect. En outre, quand on parle de liberté, c’est avant tout la liberté d’expression qui est importante (66 %) devant la liberté d’aller (17 %) et venir puis, loin derrière, la liberté d’entreprise (6 %), la liberté de culte (4 %), la liberté syndicale (3 %) qui ferme la marche en compagnie de … la liberté sexuelle (3 %) ! Sans doute, concernant cette dernière, les Français estiment-ils, d’une part, qu’il s’agit d’une pratique privée et que, donc, cette liberté ils la prennent en dehors de la sphère publique sans oublier une sensibilité accrue ces dernières années aux affaires choquantes de viols et, surtout, de pédophilie associés sans doute à tort à cette liberté.

    Pour revenir sur le choix d’une politique égalitaire et sur le fait que selon les Français ce soit l’égalité qui soit la plus menacée dans notre pays, il n’est pas inutile de rappeler que la France est certainement un des pays les plus égalitaires du monde comme l’expliquent la plupart des spécialistes et que les émoluments de certains patrons qui choquent les Français ainsi que les « golden parachutes » qui leur permettent d’être licenciés en empochant des dizaines de millions d’euros voire des centaines sont peu de choses dans l’égalité globale et que ces pratiques sont encore plus développées dans d’autres pays dont, par ailleurs, elles choquent tout autant les populations comme celles des Etats-Unis.

    Ce que le sondage ne demande pas, malheureusement, c’est ce qu’est l’égalité pour les Français. Une égalité des chances ou une égalité des conditions, ce n’est évidement pas la même chance. On sait qu’en général c’est plutôt la première qui est citée mais on sait aussi qu’il y a une très forte tendance en France à vouloir niveler les niveaux des revenus et de promouvoir une égalité synonyme d’uniformisation et, in fine, de système liberticide voire totalitaire tant la différence est le fondement de la liberté.

    La question qui se dégage de toutes ces données c’est, évidemment, comment concilier une envie de liberté et une demande d’égalité couplée avec celle d’une solidarité. Cette question est centrale dans la réconciliation des Français avec eux-mêmes et la société française. Celle-ci a été au cœur de la campagne présidentielle dont le premier tour vient de s’achever.

    La réponse se trouve en grande partie dans le quatrième terme que les Français ajouteraient volontiers à la devise nationale : le respect. Ce dernier concept est fondamental pour créer un lien social fort qui puisse être le terreau de la liberté, de l’égalité et de la fraternité et, surtout, de leur interpénétration. Mais il faut s’entendre sur le respect qui est un terme à la mode et qui, souvent, n’est qu’une simple revendication individualiste et hédoniste. Partout les gens ont le mot respect à la bouche. Demander à ce que l’on soit respecté est légitime. Demander à ce que tous ses désirs le soient, c’est entrer en conflit avec les désirs des autres et, plus grave, avec l’autre tout court. Ce respect là est irrespectueux…

    Le vrai respect est celui qui prend en compte la réalité de la vie en société. Nous devons vivre avec les autres, plus, nous en avons besoin. Dans ce cadre, nous devons être capables d’appréhender notre liberté par rapport à l’égalité et à la solidarité. Car le respect de l’autre commence d’abord dans celui de sa liberté et dans la tolérance à ce qu’il est. Un respect bien évidemment symétrique pour qu’il soit accepté et acceptable. Une fois ce respect accordé, celui de l’être dans sa globalité demande qu’on lui accorde l’égalité des chances et qu’une solidarité effective existe dans une société qui ne peut être équilibrée que si elle prend en compte la diversité de ses membres et qu’elle vient en aide à ceux qui en ont besoin à un moment donné de leur existence.

    De ce point de vue, le respect n’est pas seulement une revendication égoïste mais bien l’élément central qui permet de rendre effectif la liberté, l’égalité et la fraternité. Respecter ne veut pas dire aimer ni même apprécier l’autre mais seulement le reconnaître dans sa dimension humaine et donc lui accorder ce à quoi l’on estime soi-même être en droit de réclamer à cet autre.

    Une France réconciliée, ce sont des Français respectueux les uns des autres, une France où le respect est le fondement du lien social et non une France où la revendication à « ses » droits fait office de citoyenneté.


    Alexandre Vatimbella

  • Le courage de parler de l'Europe

    Avant d’être élu président des Etats-Unis, John Kennedy avait écrit (ou fait écrire…), un petit livre sur le courage en politique. Cette notion de courage dans la sphère du politique est essentielle si l’on veut comprendre comment des femmes et des hommes ont réussi à faire changer les choses (et non à seulement accompagner le changement) quand il semblait impossible de le faire.

     

    Bien sûr, l’éternel débat entre philosophes, politologues et sociologues qui consiste à savoir si les idées précèdent les faits ou si ce sont les faits qui modèlent les idées a encore de beaux jours devant nous. Néanmoins, il est intéressant de revenir sur une des principales idées de la deuxième partie du XX° siècle et, curieusement ( !) pratiquement oubliée des candidats à l’élection présidentielle : l’union de l’Europe. Nous avons déjà dit ici quelle chance cette union pouvait représenter pour l’avenir de la France et des Français. Grâce à l’Europe, non seulement notre présent est meilleur que ce qu’il aurait du être mais elle permettra à l’avenir d’être souriant si nous savons continuer cette construction. Actuellement, les candidats rivalisent « d’idées nouvelles » selon eux pour offrir à notre pays un avenir qu’ils prédisent radieux. Dans ces envolées lyriques, l’Europe est, malheureusement, très absente. Comme si nous étions redevenus une grande puissance qui va de nouveau prendre son destin en main toute seule…

     

    L’Europe une vieille idée toujours neuve…

     

    Cette idée d’une union politique de l’Europe était dans l’air depuis fort longtemps puisque certains font remonter la volonté d’unifier le continent européen jusqu’à l’empire romain, à Charlemagne, à l’empire romain germanique ou à Henri IV sans parler des grands penseurs qui ont souhaité l’union de ces états qui se faisaient continuellement la guerre. Mais il a fallu la détermination et le courage d’une poignée de visionnaires et de pragmatistes pour que l’Europe voulue, entre autres, par Briand et Churchill voie le jour sous les impulsions de quelques hommes politiques dont Robert Schuman et Jean Monnet en France. Et le courage était de dire à l’époque que des millions de morts pouvaient être oublié pour bâtir un monde meilleur, non seulement sans rancune mais en se donnant la main et en partageant.

     

    Alors que notre époque nécessiterait cette union et ce partage de l’effort sur notre continent, on cherche désespérément en France mais aussi dans les autres pays européens des hommes politiques assez courageux pour se mouiller pour l’Europe. Rappelons-nous le référendum de 2005. Lorsque les politiques ont commencé à comprendre que le non pouvait l’emporter, la plupart, si ce n’est l’ensemble des partisans du « oui » au Traité Constitutionnel se sont ménagés des portes de sortie si bien qu’ils parviennent à apparaître aujourd’hui comme neutres en cette matière à l’heure de l’élection présidentielle… Drôle de courage politique de ne pas parler de ce qui fâche alors que de nombreux politiques savent que rien ne se fera sans l’Europe.

     

    Evidemment, tous les candidats à cette présidentielle réagiront si vous leur tenez ce discours et vous jureront, la main sur le cœur, qu’ils ont parlé de l’Europe, qu’ils en parlent et qu’ils en parleront. C’est vrai mais… pour mieux l’enterrer la question ! Mini traité (avec quoi ?), nouveau référendum (dont on connaît la réponse), coopération renforcée (mais de quoi ?), les idées minimums font florès. Mais les grandes ambitions, les grands desseins, les grandes envolées lyriques sont au placard et l’on sent qu’elles y sont encore pour longtemps. Vous avez dit « courage politique » ?!

     

    L’Europe est de plus en plus une nécessité

     

    Depuis le « non » néerlandais et, surtout, français, l’Europe est en panne. Or, les défis du XXI° siècle n’ont pas décidé, dans un élan généreux pour notre pays et notre continent, de se mettre en hibernation le temps que nous prenions le temps de réfléchir à notre avenir ! La Chine et l’Inde - les méchants ! – ont donc continué à se développer suivit en cela par le Brésil et quelques autres pays. Les Etats-Unis et le Japon ne demeurent pas les bras croisés ainsi que la Corée du Sud et, surtout, la Russie qui se rêve à nouveau leader de l’Europe après avoir constaté que l’Union Européenne s’apparentait par les temps qui courent à une coquille de plus en plus vide.

     

    Quant aux terroristes, aux guerres, aux batailles économiques, à l’émigration déstabilisatrice des économies, ils sont encore là et pas devant le petit écran pour apprécier les débats de notre élection présidentielle mais sur le terrain pour modeler le monde et, le plus souvent, sans l’Europe.

     

    Bien sûr, nous allons fêter le 9 mai prochain les 50 ans du Traité de Rome. Et, à cette occasion les politiques, de nouveau la main sur le cœur, diront quelle belle idée que l’Europe, qu’il faut la relancer, qu’il faut l’approfondir, qu’il faut la remettre sur les rails. Et tout le monde sera d’accord sauf quelques nationalistes impénitents et quelques rétrogrades habillés dans des habits « rebelles ». Mais, concrètement, que fait l’Europe ? Rien ou presque car elle ne peut plus avancer depuis le référendum français.

     

    Le courage politique dont nous parlions au début, ce serait de parler de l’Europe et de dire, sans équivoque, que sans elle rien ne sera vraiment possible. Que la plupart des promesses et des dépenses que font généreusement les candidats à la présidentielle ne feront rien ou presque si la France travaille seule dans son coin.

     

    Il ne s’agit pas ici de dire que l’on aime ou non l’Europe. La problématique n’a rien de sentimentale. Car l’Europe est, non seulement, notre chance mais notre obligation d’aujourd’hui et de demain. Tant que cette réalité inéluctable ne sera pas réellement entrée dans le conscient et l’inconscient collectif comme une donnée incontournable, rien ne se fera et les référendums se termineront à chaque fois comme celui de 2005. Et, à chaque refus de construire un véritable avenir, la France et l’Europe hypothèqueront celui-ci jusqu’au jour où nous ne pourrons plus racheter cette hypothèque…

     

    A force de vouloir aller dans le sens de la facilité, les politiques s’exposent à la sentence de Vauvenargues : « L’art de plaire est l’art de tromper ». On est bien loin du courage politique…

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

  • Le Centre est définitvement libéral

    Par une mystification dont l’histoire a le secret, le libéralisme est devenu en France, en ce début de XXI° siècle, « le grand méchant loup » si ce n’est « l’ennemi public numéro un », démontrant, s’il en était encore besoin, que nous sommes dans un monde de communication où celui qui crie le plus fort et avec ces fameux accents « d’authenticité » a raison.

     

    Dès lors, de Jacques Chirac – qui n’hésite pas à comparer les maux du libéralisme à ceux du communisme ! - à José Bové, de Ségolène Royal – qui veut protéger ses concitoyens des méfaits du libéralisme - à Jean-Marie Le Pen, l’ennemi désigné est ce détestable libéralisme, responsable de tous les problèmes de la terre, des inégalités sociales à la globalisation « destructrice d’emplois » en passant par les revenus pharaoniques des « patrons du CAC 40 » jusqu’au réchauffement climatique ! Bien sûr, de la part de populistes intolérants surfant sur la vague de tous les mécontentements comme José Bové ou Jean-Marie Le Pen, cette haine du libéralisme n’est guère surprenante. Mais venant de Ségolène Royal et surtout de Jacques Chirac, l’attaque est indigne de politiques qui se disent « responsables » et qui ont, de toute évidence, oublié leurs leçons de sciences po et de l’ENA en matière de sciences politiques…

     

    A quelques mois des élections présidentielles et après le non au référendum sur la Constitution européenne qui était un rejet de la fameuse « Europe libérale », rappelons tout d’abord que le libéralisme n’est pas le capitalisme malgré ce que l’on essaye de faire croire aux citoyens, et encore moins le capitalisme financier, et que, même, le capitalisme n’a pas besoin du libéralisme pour exister comme nous le prouve tous les jours le développement économique de la Chine. Pour autant, le capitalisme n’est pas a priori mauvais mais il doit être encadré ce qui est justement depuis le début une des bases même du libéralisme économique. Le « capitalisme sauvage » a toujours été combattu par le libéralisme qui y voit un dévoiement de la liberté d’entreprendre.

     

    Ensuite, rappelons que le libéralisme possède trois composantes : une composante philosophique (l’autonomie de l’individu), une composante politique (la liberté de l’individu et la démocratie) et une composante économique (la liberté d’entreprendre) et que la déclinaison se fait dans cet ordre.

     

    Ce qu’est le libéralisme philosophiquement, politiquement et économiquement

     

    Philosophiquement, le libéralisme naît au XVII° siècle de la volonté de démontrer que l’absolutisme royal et que l’absolutisme religieux ne sont pas légitimes mais que l’être humain est naturellement autonome et se possède lui-même.

     

    Politiquement, le libéralisme affirme la liberté de l’être humain et affirme, dans le même temps que le choix de société pour défendre cette liberté est une démocratie représentative (ou, pour les plus extrémistes, une démocratie directe, voire plus d’Etat du tout rejoignant ainsi les anarchistes). De cette liberté découle la responsabilité.

     

    Economiquement, le libéralisme affirme que la meilleure organisation de production des richesses est la liberté dans un marché concurrentiel (et lutte contre les grands groupes qui tuent la concurrence et le libre choix du consommateur).

     

    De ces trois points de vue, philosophique, politique et économique, le Centre est donc bien libéral, il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais son apport fondamental au libéralisme, à la différence de la Droite , est le social. Car le Centre affirme non seulement que la société doit offrir des chances égales à tous les individus mais, comme de nombreux libéraux modernes, qu’elle a un devoir de solidarité du fait même de l’inégalité inhérente à toutes les sociétés. Cette spécificité propre qui lui vient des différents courants humanistes qui se retrouvent naturellement au Centre, qu’ils soient venus soit des univers laïcs, soit des mondes chrétiens.

     

    Et, non seulement le Centre est libéral mais il est fier de l’être parce qu’il assume sa volonté d’émanciper l’individu en d’en faire une personne responsable qui agit librement et est solidaire des autres et qui considère que l’égalité permet une vraie méritocratie où ce sont eux qui ont la volonté de prendre leur destin en main qui sont les moteurs de la société parce que les fruits de leur éventuelle réussite personnelle, à la fois, leur bénéficient et bénéficient à la société tout entière.

     

    Alexandre Vatimbella

     

  • Ni gaullisme, ni union nationale, ni gouvernement au centre: le Centrisme est une pensée forte et originale

    Il existe entre le centrisme, l’union nationale, le gouvernement au centre et le gaullisme de très grandes différences qu’il convient de ne pas oublier sauf à vouloir diluer cette pensée politique et la rendre fade. L’union nationale permet de réunir des personnes qui pensent différemment mais qui s’unissent à un moment critique du pays pour gouverner ensemble autour d’un consensus sur des politiques précises à mener dans le cadre démocratique. Gouverner au centre, c’est faire en sorte de gouverner prudemment en essayant de faire le moins de vague possible. Quant au Gaullisme, c’est un nationalisme social. Le Centrisme n’est ni l’union nationale comme veulent le faire croire certains, ni un gouvernement au centre comme voudraient le réduire d’autres et encore moins un nationalisme car sa volonté est d’unir toutes les personnes, il a une vocation universaliste qui n’est pas celle du Gaullisme. Le Centrisme est une pensée politique autonome qui ne grappille pas ses idées tantôt à gauche ou à droite, ni qui édulcore les mesures de droite et de gauche. Le Centrisme n’est pas « modéré », il est, au contraire dynamique en ce qu’il propose une vision forte de la politique qui est de mener une politique de juste équilibre afin de renforcer le lien social tout en s’appuyant sur les fondamentaux de la vie en société.

     

    Centrisme et union nationale : le Centrisme n’est pas antinomique avec l’union nationale puisque son but est de rassembler tous les citoyens en leur offrant le meilleur consensus possible, c’est-à-dire le meilleur de ce chacun peut obtenir dans une société d’intérêts personnels divergents. Mais, tout courant politique n’est-il pas pour l’union nationale à condition que ce soit sur ses valeurs et ses propositions ?! Dès lors, le Centrisme n’a pas vocation à représenter l’union nationale. Son projet est de réunir les femmes et les hommes autour de valeurs centristes et non de valeurs de gauche et de droite. Ramener le centrisme à l’union nationale, c’est démontrer qu’il n’a pas de pensée propre et de valeurs propres mais que, justement, l’union nationale lui permet de se réapproprier les idées de droite et de gauche. Evidemment, on peut estimer que le temps est à une union nationale conjoncturelle, c’est-à-dire que les défis qui se présentent à nous demandent un large consensus, comme l’allongement du temps de travail ou la lutte contre la pollution par exemple. Mais cette union nationale doit alors se faire après une élection dans une négociation dialectique entre les différentes visions politiques et non a priori dans un unanimisme réducteur et dangereux car fourre-tout.

     

    Centrisme et gouvernement au centre : le Centrisme a évidemment pour vocation de gouverner au centre mais parce que son projet et son programme sont centristes et non parce qu’il doit, après une élection, faire son aggiornamento centriste comme c’est le cas, à chaque fois, pour la gauche et la droite. De même, le Centre se doit d’être « prudent » au sens que lui donner Aristote, c’est-à-dire en étant responsable et en faisant en sorte de ne pas se jeter dans un aventurisme débridé qui coûte cher à toute la collectivité. En revanche, le Centrisme, se sont des valeurs fortes qui n’ont pas besoin d’être édulcorées après chaque élection car elles ne sont pas démagogiques. Le Centrisme est pragmatique et non démagogique. Le Centrisme n’est donc pas un « gouvernement au centre » mais un « gouvernement du Centre » et cela change tout !

     

    Centrisme et gaullisme : Quant au gaullisme, il est avant tout un nationalisme. De ce point de vue, il veut réunir la population dans une sorte d’union nationale durable autour des notions de nation et de chef charismatique et non sur un programme politique d’équilibre même si le gaullisme a agrégé des gens de gauche et de droite et qu’il s’est revendiqué comme capitalisme social (De Gaulle, ne l’oublions pas, fut démocrate chrétien au sortir de la Première guerre mondiale).

     

    Le Centre est une pensée politique originale

     

    Il faut dire et redire que le Centre c’est une pensée politique originale : le Centrisme. Le Centre doit donc se battre sur ses couleurs, c’est ce qui fait son originalité, son intérêt et se dignité. Bien sûr, nous savons que dans une élection ce n’est pas le projet ni le programme qui font élire un candidat. Cependant, c’est une vision politique et des valeurs. Or, le Centrisme a une vision politique et des valeurs consensuelles qui lui permettent de pouvoir séduire et réunir une majorité d’électeurs. Bien sûr, pour cela, encore faut-il promouvoir cette vision politique et ces valeurs, c’est-à-dire la culture centriste.

     

    La culture centriste a pour vocation de réconcilier les Français avec eux-mêmes et avec leur ambition de construire une communauté apaisée, ouverte et recherchant le bien être de chacun de ses membres. La culture centriste c’est réconcilier la France avec elle-même, avec l’Europe et lui redonner cette confiance indispensable aux femmes et aux hommes qui la compose dans toutes leurs diversités pour bâtir un monde meilleur. Une tâche exaltante parce que celle-là est du domaine du possible.

     

    Alexandre Vatimbella

     

  • Le vrai et beau récit du Centre

    Tous les courants politiques possèdent un récit structurant principal (et d’autres de moindre importance). Ce récit est ce que cette pensée raconte aux citoyens, l’histoire et l’aventure qu’elle leur propose de vivre s’ils lui font confiance. Au moment où des présidentielles se profilent et où le Centre semble avoir une chance de se raconter mais où certaines postures et certaines déclarations peuvent ressembler à de simples postures électorales, essayons de dégager ce récit.

     

     

    Tout d’abord, le récit du Centre part d’une vision humaniste pragmatique et « modérée » (au sens de modérateur) de la société qui refuse la démagogie et le populisme des extrêmes. Cette vision n’est pas sans difficultés puisqu’elle privilégie une société du possible contre une société de l’utopie défendue par la droite et la gauche. Car, même si cette approche est appréciée par l’opinion publique, cette dernière est toujours tentée de rejoindre les vendeurs de chimères et de rêves inaccessibles mais si féeriques... Mais c’est aussi ce qui fait son honneur et sa respectabilité.

     

     

    Qu’est-ce que propose le Centre ? Il se propose de construire une société équilibrée c’est-à-dire une société où chacun, quel qu’il soit, pourra trouver sa place et jouir de manière effective de ses droits s’il respecte ses devoirs. Ni partisan échevelé de l’individu-roi mais pas plus défenseur rigide d’une communauté-reine, le Centre veut mettre l’individu au centre de la société, c’est-à-dire en lui conférant le rôle principal. Mais ce rôle s’accompagne de la nécessaire et incontournable responsabilité. Et cette responsabilité, envers lui-même d’abord, envers les autres ensuite, c’est-à-dire envers chacun des autres mais aussi la communauté dans son ensemble est essentielle pour que la société soit équilibrée.

     

     

    La responsabilité de l’individu qui est considéré comme une personne, c’est-à-dire comme quelqu’un qui possède une autonomie irréductible et un lien indéfectible avec la société, doit lui permettre de se prendre en charge. Mais, à l’inverse d’un libéralisme pur et dur, le Centre ne pense qu’un « laisser-faire » où une fameuse mais fumeuse « main invisible » rééquilibre sans cesse les distorsions d’une liberté échevelée puisse répondre à tous les cas de figure et organise dans cette optique une solidarité pour aider ceux qui en ont besoin à s’assumer et à se responsabiliser. C’est ainsi, qu’à l’inverse d’un collectivisme utopique et liberticide, elle ne pense pas que l’Etat doit être l’organisateur en chef ad vitam æternam, le Léviathan, mais bien un outil dont la finalité est, en dehors de la cohésion et de la sécurité de la communauté, d’émanciper l’individu pour en faire une personne libre et responsable.

     

     

    Dès lors, le récit du Centre est d’amener chacun à devenir une personne épanouie dont l’individualité se mêle harmonieusement à celles des autres personnes dans une communauté consensuelle où le lien social s’exprime par le respect et la solidarité. Pas de révolutions violentes, pas de grands soirs, pas de sociétés utopiques, juste une recherche du meilleur équilibre possible afin de fonder la meilleure société possible où l’on pratique le bien vivre ensemble.

     

     

    Si cette vision est souvent plus difficile à faire passer médiatiquement parce qu’elle ne raconte pas de contes de fées, parce qu’elle n’est pas démagogique, elle est, en revanche, une vision réaliste, donc possible à réaliser.

     

     

    Mais elle raconte aussi une belle histoire, celle d’un individu libre et sachant où il a envie d’aller, respecter par les autres pour ce qu’il est, se sentant responsable de sa vie mais aussi de ce qui se passe autour de lui, voulant construire en harmonie avec les autres une société où l’on se rappelle que les êtres humains sont, comme le disait Aristote, des « animaux sociaux » dans le sens qu’ils se réalisent totalement dans le cadre de la communauté humaine.

     

     

    C’est ce récit que devrait nous raconter tout homme ou toute femme politique qui se réclame du Centre et qui cherche à se faire élire dans une élection locale ou nationale. Cela éviterait de faire passer le Centre pour un lieu où se retrouvent des gens qui ne savent pas choisir entre un côté ou l’autre, pire, qui n’ont que peu d’idées et qui les piquent alternativement à gauche ou à droite, des politiques plus préoccupés par se faire élire que par agir.

     

     

    Le Centre a un vrai et beau récit à raconter. Il serait bête de s’en priver.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

  • Le couple liberté-égalité : star des Français et garant du Bien vivre ensemble

    Dans le dernier baromètre du Cevipof, 52 % des Français déclarent préférer l’égalité contre 48 % la liberté. Après correction des marges d’erreur (ce que les sondeurs et les médias français oublient souvent de préciser !), on peut dire que les deux concepts s’équilibrent. Les Français sont donc pour une société d’équilibre. Et le Centre est pour une politique de juste équilibre.

     

     

    Car il est important d’expliquer que sans liberté, il n’y a pas d’égalité possible et que seule une égalité peut rendre effective la liberté dans la société. Le couple est lié à jamais dans une démocratie sociale. La liberté sans l’égalité produit une société où le plus fort est toujours gagnant sans pour autant le lier à la communauté dont il est issu et sans laquelle il n’aurait pu devenir le plu fort. L’égalité sans la liberté tend à nier la différence et donc l’essence même de l’individu qui ne peut que s’épanouir dans la liberté.

     

     

    Bien évidemment, nous ne devons pas oublier que trop de liberté tue l’égalité, trop d’égalité tue la liberté mais aussi que trop de liberté tue la liberté et trop d’égalité tue l’égalité. L’histoire des pays européens est là pour nous rappeler les dangers des relations entre ces deux termes constitutifs des démocraties occidentales et qui sont un des héritages les plus forts des peuples qui y habitent. Mais il est tout aussi important de rappeler que ce couple doit avancer ensemble.

     

     

    Car, en posant comme postulat déterministe que l’être humain naît libre, les libéraux ont fait un contresens. L’être humain ne naît pas libre car il naît dans et d’une communauté dont il est entièrement dépendant pendant au moins les premières années de sa vie. La dépendance n’est pas la liberté. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’une sujétion aussi forte à la communauté soit définitive. D’autant que l’être humain en tant qu’être unique se possède lui-même.

     

     

    Ainsi, l’être humain de totalement dépendant acquiert une autonomie de plus en plus grande au fil de sa vie mais aussi dans l’évolution de la société qui lui permet de demander une liberté de plus en plus grande. Cette demande de liberté vient alors se heurter à la solidarité qui lui a permis, comme être dépendant, d’être pris en charge par la communauté. Cependant, l’être humain n’étant jamais le produit d’une génération spontanée, ne peut donc jamais réfuter le communauté d’où il vient.

     

     

    Néanmoins, le hasard de sa naissance fait que l’être humain peut revendiquer que n’ayant rien demandé à personne, il n’a de compte à rendre à personne. Cette posture métaphysique est recevable philosophiquement mais non politiquement, dans l’organisation de la cité. Là se situe également une limite de la liberté niée par les libéraux (qui ne reconnaissent qu’une limitation du fait de la liberté de l’autre) mais néanmoins réelle si l’on veut garantir le survie de la communauté. Ce n’est pas seulement la limitation vis-à-vis de la liberté de l’autre mais également de l’organisation de la société. Même un individualiste aussi forcené que Max Stirner le reconnaissait.

     

     

    Dès lors, le bien vivre ensemble doit réunir ces deux composantes, liberté et égalité, cette dernière étant nécessaire à la solidarité. Et la solidarité ne peut être une simple décision de l’être libre, c’est-à-dire une contribution volontaire mais doit être une contribution obligatoire.

     

     

    Une autre objection libérale affirme que les êtres humains ont les mêmes chances et les mêmes droits et que celui qui gagne est celui qui en veut le plus et qui est le meilleur et que ceci fait progresser les sociétés. L’initiative individuelle à finalité personnelle serait donc le moteur de la société et de son progrès. Pourtant, comme l’ont expliqué d’autres penseurs libéraux aussi important que John Rawls, pour que l’égalité des chances et des droits soit une réalité, il faudrait qu’il y ait eu, un jour, une sorte de situation zéro où tout le monde serait parti de la même condition. Or cette situation n’a jamais existé. L’inégalité existe donc dès le départ et elle provient, en grande partie, de la différence. Si cette différence crée de l’inégalité que l’on ne peut abolir sans risque liberticide et de marasme économique, l’inégalité elle crée de l’injustice et cette injustice doit être combattue.

     

     

    Le Juste Equilibre, moteur d’une politique centriste ne peut donc que jouer de la balance sans fin entre liberté et égalité sachant qu’il ne faut jamais que le balancier aille trop dans un sens ou dans un autre au risque d’un délitement du lien social. Et c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. L’individualisation croissante de la société et les revendications qui en découlent de la part de chaque individu provoquent un fort coup de balancier vers la liberté ou, ce que nous préférons appeler, l’intérêt égoïste qui cherche souvent sa justification dans la liberté.

     

     

    En retour, les individus les plus floués – mais pas forcément les plus adeptes du lien social ! – demandent, dans une même démarche égoïste, plus d’égalité en espérant avoir sans peine ce qu’ils n’ont pu obtenir dans la jungle du chacun pour soi. Dès lors, le principale ennemi de ce couple star des Français est bien le peuple français lui-même dans sa quête effrénée d’individualisation (les peuples européens et nord-américains sont dans la même situation) !

     

     

    Quant les Français auront enfin compris que le chacun pour soi ne mène nulle part sauf à être victime de celui qui est plus fort – et on trouve toujours quelqu’un de plus fort que soi -, ils pourront rebâtir un vrai lien social où la liberté et l’égalité seront des moteurs de la différence et de la solidarité et non de l’égoïsme et du repli sur soi. S’ouvrir à l’autre est aujourd’hui une obligation si nous voulons aborder les défis du XXI° siècle dans les meilleures conditions. Cette unité doit être non seulement française mais aussi européenne, ce qu’ont oublié les pourfendeurs de la Constitution Européenne.

     

     

    La campagne présidentielle qui vient de commencer devrait être un forum pour que l’on comprenne bien que l’évolution des sociétés ou que leur « progrès » ne sont pas dans l’affirmation du « moi » contre les autres mais bien une affirmation de la différence de ce « moi » dans l’union avec la différence des « moi » des autres. Alors, le couple liberté / égalité aura donné naissance à la vraie fraternité. Voilà qui doit vous rappeler quelque chose…

     

     

     

    Alexandre Vatimbella