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La France Réconciliée - Page 73

  • Non, le libéralisme n’est pas responsable de la crise, oui, le capitalisme doit être réglementé

    Non, ce n’est pas la liberté qui est en cause dans la crise économique et financière mondiale comme voudraient le faire croire ceux qui ont toujours eu peur de son exercice effectif mais la façon dont elle est organisée. Cette distinction est essentielle pour ne pas tomber dans une critique facile mais aussi stérile d’une soi-disant tare originelle du libéralisme qui permettrait aux plus roublards de faire leur beurre sur le dos des autres. Car, ici, ce n’est pas le libéralisme qui est responsable de cette crise mais bien le capitalisme, c’est-à-dire le système économique qui organise la machine à produire de la richesse et qui, comme le prouve l’exemple chinois, n’a guère besoin du libéralisme pour exister. C’est de ce système que proviennent les dysfonctionnements qui ont été mis au jour et justement stigmatisés.

    Comme l’explique la philosophe Valérie Charolles dans son ouvrage « Le libéralisme contre le capitalisme », « Il est urgent de revenir aux fondements de la pensée libérale. Pour Adam Smith, le marché est le pendant de la démocratie. Il repose sur la reconnaissance de la liberté de chacun et de sa capacité à être partie prenante de la sphère économique : le travail, source de la richesse, est la valeur fondamentale. La concurrence, à ses yeux, sert à garantir que le mouvement du marché ne débouchera pas sur des positions de domination, mais permettra l’équilibre à long terme où les profits seront modérés et accessibles à tous. Trois notions sont donc fondamentales pour Smith : le travail, la concurrence et l’équilibre. » On le voit, on est loin des agissements qui ont conduit à la dérive financière actuelle du capitalisme qui n’est supportée que par les ultralibéraux. Et si ces notions fondamentales du libéralisme avaient été appliquées, nous n’en serions pas à débourser des centaines et des centaines de milliards pour renflouer des banquiers et des traders qui ont cru que notre argent était leur argent…

    De même, tous les théoriciens sérieux du libéralisme, ont toujours affirmé que liberté sans responsabilité était une calamité. S’il y a liberté, il faut nécessairement la responsabilité. C’est ce qu’écrit très clairement un des théoriciens du libéralisme le moins régulé, Friedrich Von Hayek : « La liberté ne signifie pas seulement que l'individu a à la fois l'occasion et le poids du choix ; elle signifie aussi qu'il doit supporter les conséquences de ses actions et qu'il recevra estime ou blâme pour elles. La liberté et la responsabilité sont inséparables ». Cette responsabilité est essentielle si l’on a en tête cette évidence que rappelle Montesquieu, « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ». La responsabilité de ses actes est donc là pour qu’il ne dépasse pas la frontière qui conduit à l’abus. Car l’irresponsabilité crée le désordre qui crée l’insécurité qui tue la liberté et qui provoque, par exemple, la crise d’aujourd’hui. Dès lors, Il faut que cette responsabilité ne demeure pas qu’un vœu pieu mais qu’elle soit organisée pour empêcher ceux qui pensent qu’elle n’est qu’un mot creux, sans signification et sans implication sur leurs actes, d’aller trop loin. John Locke dit que « là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de liberté ». La norme doit donc être ce rempart, non seulement contre l’abus du pouvoir politique mais aussi contre l’abus du pouvoir économique.

    On doit organiser la liberté politique et son corollaire, la liberté économique. Car, si cette dernière découle de la première, elle est surtout le système le moins mauvais pour produire de la richesse et non le cadre naturel quasi-métaphysique avec cette fameuse « main invisible » qui régulerait les marchés. Sans liberté d’entreprendre et sans récompense liée à cette liberté en cas de réussite, la plupart des entrepreneurs potentiels n’entreprendraient jamais. A cette réelle prise de risque doit correspondre une gratification en cas de réussite. Mais si l’on a le droit de réussir, on a aussi l’obligation d’être responsable de ce que l’on entreprend. Et là on se trouve au cœur des dysfonctionnements du capitalisme financier où la plupart de ceux qui entreprennent sur les marchés boursiers du monde sont totalement irresponsables dans tous les sens du terme notamment parce que les règles de régulation ne sont pas assez contraignantes et, pire, parce qu’elles ne sont pas appliquées. Irresponsables dans la manière de travailler, irresponsables de leurs actes, irresponsables vis-à-vis de l’argent des autres qu’ils utilisent. Et là se trouve la problématique. Car certains ultralibéraux qui confondent les marchés financiers avec la corne d’abondance couplée avec le loto continuent à affirmer que ce sont les règles de fonctionnement et de contrôle qui sont trop contraignantes au nom de la liberté et de l’efficacité. Pour eux, il faut une liberté totale au mépris de la responsabilité mais aussi de la morale car voilà bien d’un gros mot qu’ils n’aiment pas entendre préférant utiliser celui, moins exigent, de « éthique » que s’auto-imposeraient les acteurs du marché. On a malheureusement vu avec cette crise combien cette autorégulation et cette éthique étaient puissantes… Car, selon eux, tout doit être sacrifié au nom de l’efficacité. C’est une affirmation dangereuse car la morale doit être la borne de l’efficacité. Il n’est pas possible de faire n’importe quoi au nom de l’efficacité au risque d’ouvrir la boite de pandore de tous les abus dans tous les domaines. Et cette exigence morale dans notre monde irresponsable doit être traduite en réglementations c’est-à-dire, dans le cas qui nous occupe ici, en limitant les possibilités de faire n’importe quoi pour s’enrichir sur les marchés financiers et en prévoyant de vraies et fortes sanctions pour ceux qui les transgressent. Loin d’être liberticide comme le crient volontiers ceux qui justement s’enrichissent sur le dos des autres grâce à quelques tours de passe-passe (et non grâce à leur travail et leur intelligence) et leurs idéologues, elles permettent à la liberté de vivre pour tous. Faire n’importe quoi, ce n’est pas la liberté c’est le désordre. Et le désordre empêche toute activité. Seule la sécurité le permet. Voilà un discours que même ces ultralibéraux devraient entendre, eux pour qui la sécurité est la seule fonction légitime d’un Etat et l’ordre la seule façon d’apporter la confiance nécessaire au développement économique. Car le capitalisme est, au bout du compte, un outil de développement économique, c’est-à-dire un outil pour apporter le bien être aux sociétés qui l’utilisent et à ceux qui y vivent et non une fin en soi.

    Alexandre Vatimbella

  • Centrisme n’est pas Socialisme mais Bayrou et Royal labourent les mêmes terres

    François Bayrou et Ségolène Royal poursuivent tous deux la même ambition, devenir Président de la République française. Pour cela, ils ont besoin de ratisser large car leurs partis respectifs ne sont pas en état de gagner la bataille seuls. Pour chercher un réservoir d’électeurs, Bayrou doit aller voir à gauche, vers le Parti socialiste, et Royal à droite, vers le Mouvement démocrate. Voilà ce qui les rassemble, une stratégie politique. Tout le reste les divise. Enfin, c’est ce que l’on pourrait croire car la réalité est toute différente même si leurs circonvolutions idéologiques tentent de faire croire que Centrisme et Socialisme sont solubles l’un dans l’autre. Celles-ci sont aussi pathétiques que mensongères mais cache, surtout, une autre réalité.

    Entre un Libéralisme social et un Socialisme libéral, rappelons qu’il existe bien sûr des ponts mais il continue néanmoins à couler une rivière entre les deux. Et, aujourd’hui, entre le Centrisme à la française et le Socialisme à la française, il vaut mieux parler d’un fleuve en crue… Car le Socialisme français n’a rien à voir avec la Troisième voie chère aux Travaillistes britanniques et aux Démocrates américains. Quant au Centrisme français, ses fondements n’ont guère à voir avec la pensée de plus en plus affichée par François Bayrou et le Mouvement démocrate qui, eux, professent, une sorte de catholicisme social laïcisé où la stigmatisation de la réussite personnelle et de l’individualisme n’a rien à voir avec l’éthique de responsabilité prônée par le Centrisme.

    La réalité est donc qu’aujourd’hui nous sommes dans une sorte de supercherie où le Mouvement démocrate n’est pas un parti du Centre malgré ses dires mais plutôt un parti plus proche d’une Gauche « centrisée » à la Ségolène Royal ou, plus, d’une charité chrétienne anticapitaliste que d’un centre-gauche, François Bayrou, ne l’oublions pas, est issu de la Démocratie chrétienne la plus conservatrice. Dès lors, il existe effectivement une proximité idéologique entre le socialisme mou de Ségolène Royal et le catholicisme social conservateur et anticapitaliste de François Bayrou. Reconnaître cette réalité serait évidemment une honnêteté vis-à-vis des électeurs. Ne nous leurrons pas, cela ne se passera pas parce qu’en politique nous nous trouvons face à des positionnements idéologiques qui n’ont souvent rien à voir avec la réalité que ce soit à droite, au centre ou à gauche Ce qui permet d’ailleurs de trouver paradoxalement des personnes de droite à gauche et au centre, de gauche à droite et au centre et du centre à gauche et à droite.

    Reste une autre réalité : Ségolène Royal a besoin de François Bayrou et François Bayrou a besoin de Ségolène Royal mais il n’y aura qu’une place à l’Elysée. La lune de miel sera donc de courte durée dès que seront annoncées les fiançailles car le mariage sera bien sûr impossible tant les deux labourent les mêmes terres.

    Alexandre Vatimbella

  • Barack Obama est un vrai centriste

    C’est entendu : aux Etats-Unis, comme dans tous les pays démocratiques, une élection se gagne au centre même si les candidats de gauche et de droite ont du se montrer beaucoup plus « extrémistes » lors d’une campagne électorale tout en envoyant des signes de modération aux indécis et aux électeurs des autres camps. De même, on peut caractériser le Parti républicain et le Parti démocrate comme deux partis centristes même si une radicalisation à eu lieu ces deux dernières décennies avec l’émergence d’une aile droite beaucoup plus puissante chez les Républicains depuis la « révolution reaganienne » et la présence d’une aile gauche beaucoup plus présente chez les Démocrates. Et les deux candidats à l’élection du 4 novembre, le Démocrate Barack Obama et le Républicain John McCain sont deux modérés aux idées modérées même si Obama a du faire plaisir aux libéraux du Parti démocrate dans ses discours et si John McCain a fait de même pour les conservateurs et les évangélistes.

    Reste que, malgré les effets de manche et les sermons de tribune, John McCain et, surtout, Barack Obama sont deux vrais centristes. Néanmoins, McCain, en choisissant Sarah Palin comme colistière, s’est violemment déporté sur la droite, à la fois pour plaire aux électeurs évangélistes durs qui sont la base de toute victoire républicaine depuis Richard Nixon (le premier républicain à les avoir courtisés) mais aussi parce qu’il n’a pu faire autrement, cédant aux injonctions des durs du parti. Son réel choix était Joe Lieberman, centriste indépendant, ancien du parti démocrate – parti avec lequel il continuait jusqu’à présent de voter au Sénat - et ancien colistier du démocrate d’Al Gore en 2000 lors de cette élection si controversée qui avait vu l’arrivée de George W. Bush au pouvoir. Même si son dernier plan économique est beaucoup plus centriste au grand dam des gardiens de l’orthodoxie reaganienne, son positionnement politique s’est installé à droite.

    Barack Obama, au contraire, depuis que les primaires sont terminées au Parti démocrate n’a eu de cesse de recentrer son discours, d’expliciter sa vraie pensée politique. Les écrits et les prises de position de Barack Obama, à défaut d’un réel bilan politique, sont absolument sans équivoques à ce propos. Que Barack Obama ait une fibre sociale plus affirmée que John McCain est chose évidente mais cela ne fait pas de lui un socialiste mais plutôt un homme du centre-gauche et encore.

    Barack Obama n’a jamais fait mystère de sa volonté d’être « bipartisan », c’est-à-dire de réunir des majorités très larges pour gouverner incluant Démocrates et Républicains modérés. Et s’il a tant rechigné (avant de s’y résoudre notamment lors de la Convention démocrate de Denver) à prendre des accents populistes à l’instar de sa rivale - et néanmoins centriste elle aussi – Hillary Clinton, c’est parce qu’il ne désirait pas travestir ses opinions et ses choix politiques. Globalement, il est pour une économie libérale que le marché régule avec un Etat superviseur en souhaitant que la classe moyenne soit le moteur du pays et que ceux qui n’ont pu encore s’élever à elle, le puissent avec des mesures d’accompagnements sociaux et grâce à la méritocratie dont le système éducatif est la pièce centrale. De même, il est pour la création d’un système de soins gérés par une assurance santé au niveau national.

    Au niveau économique, Barack Obama fait partie des démocrates qui veulent réconcilier l’efficacité d’une économie de marché avec un réel ascenseur social. Pour ce faire, il veut « moraliser » le capitalisme en évitant que celui-ci ne devienne une fusée qui enverrait dans les étoiles les plus riches qui s’enrichiraient sans fin et laisseraient tous les autres sur Terre, notamment la classe moyenne qui a perdu du pouvoir d’achat lors des deux présidences de George W. Bush, et qui s’enfoncent inexorablement dans les sables mouvants de la perte de pouvoir d’achat depuis huit ans. De même, il estime que seule l’innovation permettra de créer les emplois nécessaires à l’économie américaine. Il fustige le refus de toute évolution où les anciens métiers sont remplacés par les nouveaux avec une période délicate de basculement. C’est ainsi qu’il faut apprécier son plan pour les énergies renouvelables tout autant que la philosophie environnementale qui l’accompagne avec, à la clé, selon lui, la création de millions d’emplois nouveaux.

    Au niveau sociétal, à côté de ses prises de positions « à gauche » pro-avortement et pro-mariage homosexuel ainsi que pour un service public de l’éducation rénové et ouvert à tous, il y a ses prises de position « à droite » sur la possession d’armes à feu, la peine de mort et la responsabilisation des parents dans l’éducation de leurs enfants. De même, au niveau international, il n’est pas anti-guerre mais contre les mauvaises guerres, étant dans ce domaine un démocrate de la tradition de John Kennedy et non de celle de Jimmy Carter. De ce point de vue, et malgré les attentes des nations étrangères, notamment celles d’Europe, il ne changera pas fondamentalement la politique étrangère des Etats-Unis car il n’est pas isolationniste mais estime que le pays a un devoir d’émancipation des peuples vers la liberté et que cela implique une Amérique responsable et présente dans le monde pour assurer son leadership et non repliée sur elle-même.

    On le constate, en France, Barack Obama n’aurait ni sa carte au Parti socialiste (dont les responsables se méfient de lui comme ils se méfient traditionnellement de tous les candidats démocrates ou de ceux du Parti travailliste britannique pas assez à gauche selon eux, exception sans doute de George McGovern en 1972, balayé par Richard Nixon), ni à l’UMP (dont les responsables, à part quelques uns, ont la fâcheuse tendance de supporter les Démocrates plutôt que les Républicains pourtant nettement plus proches de leurs idées politiques…). Non, il serait du Centre, de celui qui tente d’instaurer un juste équilibre par un gouvernement volontaire mais modéré.

    Alexandre Vatimbella

  • Et si on essayait enfin le vrai libéralisme social ?

    Friedrich Hayek, le chantre du capitalisme sans états d’âme, avait raison de prétendre que seul le capitalisme brut sans justice sociale peut apporter autant de développement économique et de richesse. Reste à savoir, comme il le prétend, si c’est alors le seul système viable car nous devons nous demander si amasser le plus de richesses possibles est le seul but poursuivi par les êtres humains. D’autant qu’il faut douter de cette volonté effrénée e nous rappelant que, confronter à des surplus toujours grandissant du fait d’une production de masse, les entreprises ont du inventé le marketing dans les années trente dont l’unique missions était de créer des désirs et des besoins artificiels toujours plus grands et plus nombreux afin de faire consommer les gens pour consommer et non pour satisfaire des besoins ou des envies spontanées ou utiles. Dès lors, on peut se demander avec justesse si l’humanité ne recherche pas, en même temps que son bonheur matériel, son bonheur dans la vie en commun, le partage et l’amour, son bonheur dans une vie intérieure. Alors, ce n’est pas le capitalisme pur et dur prôné par celui que Reagan, Thatcher et Pinochet admiraient qu’il nous faut mais un capitalisme qui s’insère dans un libéralisme social qui se soucie aussi d’apporter en même temps que le bien être matériel, le vivre bien dans un juste équilibre entre la liberté (et notamment la liberté économique indispensable pour l’organisation économique) et la solidarité, entre l’individualité et l’appartenance à un groupe. C’est donc à vers un libéralisme social qu’il nous faut nous tourner.

    La crise financière qui est en train de submerger le monde montre une fois de plus et peut-être une fois pour toute que ce capitalisme ne peut agir sans contrôle et sans règles, surtout qu’il n’est pas de lui-même un système vertueux car composé d’intervenants dont le seul but est de maximiser au-delà de toute morale et de toute honnêteté leurs profits. Point de main invisible qui régulerait naturellement cette jungle d’autant que ces intervenants qui clament haut et fort leur liberté de faire des profits à n’importe quel prix et par n’importe quel moyen se tournent soudainement vers l’Etat et vers la collectivité qu’ils abhorrent avec Friedman et ses disciples pour demander de l’aide quand tout va mal, prompts à clamer leur irresponsabilité. Or le capitalisme ne peut être une organisation d’une économie libérale que si la liberté est contrebalancée par la responsabilité et cette responsabilité doit être contrôlée par la collectivité qui est la même qui assure la liberté. Seul ce contrôle peut éviter les dérapages. Qui plus est, le libéralisme pour permettre à la société d’absorber les chocs de la liberté économique, seule organisation capable d’apporter la richesse, doit être social, c’est-à-dire qu’il doit organiser la solidarité pour aider tous les membres d’une communauté à profiter des fruits de cette liberté économique.

    Cette crise montre aussi à l’extrême par l’intervention de l’administration Bush qui se voulait la digne héritière d’un laisser-faire prôné par Ronald Reagan (mais jamais mis vraiment en œuvre par celui-ci…) et d’un désengagement de l’Etats, donc de la société, dans l’économie et le social, qu’une idéologie ne peut tenir devant les faits qui l’invalident. Le risque d’une catastrophe financière qui montre les limites d’une régulation ad minima, voire d’une absence de régulation, a eu raison de toutes les belles théories.

    Mais, attention de ne pas se tromper une fois de plus de cible. Cette crise ne démontre absolument pas que le libéralisme est une organisation de la société qui ne marche pas, ni même que le capitalisme en tant qu’organisation de l’économie soit responsable de ce qui arrive. Il démontre en revanche que l’irresponsabilité est toujours la plus dangereuse des positions. La fuite en avant couplée avec l’espoir qu’un miracle impossible ne survienne avant le crash final est tout sauf une posture responsable des acteurs de la finance et des gouvernements.

    Et l’on en revient à cet incontournable libéralisme social. Oui, seul ce libéralisme social est économiquement, socialement et politiquement acceptable. Oui, il est la seule organisation de la société qui allie la nécessaire efficacité économique et politique avec la tout aussi nécessaire morale politique qui contrôle l’économie.

    Rappelons encore et encore que c’est le libéralisme social qu’il faut défendre comme meilleures organisation de la société et non le social-libéralisme ou le socialisme libéral. Car le seul système qui a jusqu’à présent fait ses preuves dans l’histoire est celui qui produit de la richesse et du bien être avant de le redistribuer. Libéralisme économique parce que la liberté des acteurs économiques est la plus efficace car libérant les énergies. Et cette richesse peu ensuite être utilisée en partie à assurer la nécessaire cohésion sociale par une solidarité à l’intérieur de la communauté.

    Un vrai libéralisme social interdit les dérives boursières que l’on connait aujourd’hui mais il ne bride pas l’initiative économique individuelle qui est la seule capable de créer une vraie richesse. Et seul le Centrisme propose ce libéralisme social. Il faudra bien qu’un jour, au lieu d’élire des partis de droite ou de gauche qui font un ersatz de politique centriste, la fameuse « politique au centre » des politologues, les citoyens mettent au pouvoir le vrai Centrisme. Il est plus que temps lorsque l’on voit les échecs des régimes collectivistes et des régimes de liberté sauvage. N’est-ce pas un beau challenge pour ce XXI° siècle ?

    Alexandre Vatimbella

  • Pourquoi Barack Obama pourrait perdre

    Il y a quelques semaines, tous les médias américains (sans parler de ceux du monde entier...) étaient unanimes: sans faute politique majeure ou scandale de dernière minute déterré par des Républicains fouineurs, le candidat démocrate Barack Obama ne ferait qu'une bouchée du candidat républicain John McCain le 4 novembre prochain et deviendrait le prochain et premier président noir des Etats-Unis d'Amérique. Aujourd'hui, les jeux sont loin d'être faits et les manques politiques de Barack Obama ainsi que la campagne intelligente de John McCain remettent ce scénario du triomphe en question.
    Ce n'est pas que Barack Obama soit devenu moins intelligent mais, alors que les médias ne semblaient pas en faire grand cas voici quelques mois lors des primaires démocrates face à Hillary Clinton , ni même d'ailleurs les électeurs, de plus en plus de gens s'interrogent sur le contenu du fameux "changement" promis par le sénateur de l'Illinois. Car il ne suffit pas de dire "changement" à tout va pour en faire une réalité palpable. Or, au moment où le pays traverse une crise économique mais aussi une crise de confiance, le peuple américain veut savoir où l'on va l'emmener. Avec John McCain, les choses semblent connues: ce sera une politique de centre droit avec des relents de conservatisme au niveau des impôts, de la guerre contre le terrorisme et de certaines valeurs prônées (mais sans doute pas mise en oeuvre comme l'interdiction de l'avortement par exemple). Avec Barack Obama, c'est une toute autre paire de manche car le flou est assez grand sur plusieurs questions. Ce sera, sans doute, une politique de centre gauche mais on ne sait plus très bien quelles sont les options retenues pour la guerre d'Irak (retrait immédiat ou non) et pour certaines valeurs (Obama est apparu très conservateur sur la peine de mort et la possession d'armes) sans parler d'un discours assez atone sur l'économie, la principale préoccupation des Américains.
    Du coup, la timidité des propositions de Barack Obama est de plus en plus mise en avant même au Parti démocrate où certains demandent instamment à son futur candidat d'être plus ferme et plus entreprenant en la matière. Mais c'est aussi sa personnalité et son expérience qui font de plus en plus problème et John McCain en profite pour affirmer que Barack Obama n'a pas l'expérience requise pour le poste et qu'il ne suffit pas qu'il dise qu'il n'est pas un "politicien de Washington" pour apparaître comme un homme providentiel (McCain joue aussi sur son côté "en marge" du Parti républicain pour affirmer qu'il n'est pas non plus un politicien de cette espèce détesté par l'Amérique profonde).
    Bien sûr, les élections sont loin encore et tout peut évoluer d'un côté comme de l'autre. Barack Obama est le favori incontestable mais cette position qu'il occupe pour la première fois de sa vie (il ne l'était pas quand il a été élu sénateur de l'Illinois, ni non plus lors des primaires démocrates) semble le mettre mal à l'aise et le paralyser. D'autant que tous les observateurs expliquent que cette élection est dans la poche des Démocrates. Dès lors, toute inflexion de l'image de leur candidat apparaît comme un signe de faiblesse. C'est ce qui se passe actuellement. La Convention démocrate à Denver à la fin de cette semaine devrait redonner un peu de lustre et d'allant à la campagne de Barack Obama. Il faut surtout qu'elle retrouve une dynamique, celle qui lui a permis de battre Hillary Clinton lors des primaires démocrates.
    Le seul problème est que Barack Obama, avec une couverture médiatique aussi forte voire indécente, n'est plus tellement un "homme nouveau" qui électrisait les foules par son discours mais aussi par ce sentiment que tout allait devenir comme dans le "Rêve américain". D'autant que le candidat démocrate a des idées politiques de longue date que l'on peut retrouver dans ses livres et ses discours: il est du Centre, ce qui pourrait, de plus en plus, décevoir la partie la plus bruyante et la plus exposée médiatiquement de ses fans: les jeunes à la gauche du Parti démocrate, voir de gauche tout court...

     

    Alexandre Vatimbella

  • Le Centrisme et ses alliances nécessaires

    Si demain Droite et Gauche faisaient une alliance gouvernementale, sauf s’il s’agit d’une union nationale face à une crise grave, voilà qui serait certainement opportuniste. En revanche, et malgré l’opprobre qui s’abat sur le Centre à chaque fois que cela se passe, si ce dernier fait une alliance soit avec la Droite, soit avec la Gauche, il s’agit d’alliances que l’on peut qualifier de « naturelles » et de « logiques ».
    Explications.
    Le Centre n’est pas et ne sera jamais la réunion de ceux qui mélangent idées de gauche et idées de droite. Le Centrisme n’est pas une pensée politique sans âme qui piquerait ses références à droite et à gauche. D’abord parce que cela voudrait dire que Droite et Gauche ont existé avant le Centre ce qui, historiquement, est faux. Ensuite, parce que, plus important, le Centrisme est une pensée qui, comme la vie, déteste les extrêmes et préfère l’équilibre. Quand on mange trop ou pas assez, on risque d’être malade. Quand on mange équilibré, on a toutes les chances d’être bien portant. Quand on fait trop de sport on risque l’infarctus. Quand on ne fait pas assez de sport, on risque aussi l’infarctus. Quand on en fait de manière équilibrée, on est en meilleure forme. Quand il pleut trop, il y a des inondations destructrices. Quand il ne pleut pas assez, il y a la sécheresse dévastatrice. Quand il pleut ce qu’il faut, la terre donne le meilleur d’elle-même. Pourquoi cette règle qui peut s’appliquer à toute la vie ne fonctionnerait-elle pas uniquement en politique ?
    Mais l’équilibre en soi n’est pas suffisant pour apporter des solutions politiques pour le bien être de toute la population. Il doit être juste, c’est-à-dire profitant à tous et s’appuyant sur les équilibres d’une société harmonieuse qui portent nom respect, tolérance, solidarité dans la liberté et le progrès maîtrisé au nom d’un bien vivre ensemble.
    C’est dans ce contexte qu’il faut replacer les alliances. Car, du coup, le Centre et le Centrisme ne sont plus les mauvaises caricatures que les extrémistes de gauche et de droite veulent imposer au nom de leur sectarisme mais bien un lieu et une pensée en évolution perpétuelle pour rechercher constamment l’équilibre, c’est-à-dire l’harmonie. Or cet équilibre passe par des mesures et des politiques qui sont parfois défendues également par la gauche, parfois également par la droite, parfois également par les deux en même temps. C’est là que doit se nouer des alliances. Non pas forcément tantôt avec la droite et tantôt avec la gauche. Cette politique d’alliances n’aurait guère de pertinence sauf si le Centre était dominant et/ou majoritaire dans le pays ce qui n’est pas le cas en France actuellement.
    Un Centre minoritaire doit donc s’allier –ne serait-ce que le temps d’une législature ou d’un mandat présidentiel, ce qui signifie à peu près la même chose dorénavant- avec la gauche ou la droite pour gouverner. Libre à lui, ensuite, de casser cette alliance si les principes qu’il défend ne dictent pas la politique présidentielle et gouvernementale. Libre à lui de ne plus renouveler cette alliance à la fin d’un contrat de législature ou présidentiel.
    Pourquoi une alliance est-elle préférable à un splendide isolement ? On pourrait en effet objecter que le Centre devrait mieux demeurer seul et, dans le quotidien politique, supporter et voter les mesures qu’il défend ou qui sont proches des siennes et s’opposer à celles qu’il combat. Mais cette posture est une sorte d’irresponsabilité politique parce qu’elle permet, au nom d’une « indépendance » ou d’une « neutralité » de se donner le beau rôle en votant des mesures populaires et en combattant des mesures impopulaires. Ou, si ce n’est pas le cas, de n’être pas jugé responsable d’une politique à laquelle on aurait accordé une sorte de demi-soutien.
    Or, la politique, c’est prendre des responsabilités et de les assumer même si l’on doit faire des compromis pour gouverner lorsque l’on est minoritaire. Un parti politique est fait pour gouverner. Une pensée politique est faite pour être appliquée. Un parti centriste a vocation à gouverner même s’il doit s’allier, même s’il doit le faire face à un partenaire beaucoup plus puissant que lui. Un programme centriste doit trouver des applications même s’il n’est pas appliquer totalement du fait que le Centre est minoritaire.
    Ceux qui souhaitent que le Centre demeure dans un splendide isolement ont souvent des arrière-pensées politiciennes ou personnelles. Mais, au-delà de ces petits calculs, ils décrédibilisent le Centre en en faisant un lieu d’irresponsabilité. Or, dans le passé, le Centre, décrié comme opportuniste, prenait ses responsabilités en allant au charbon le plus souvent possible. Bien sûr, souvent des opportunistes en profitaient pour récupérer des strapontins dans les lieux de pouvoir. Mais, à côté de cela, il y avait de vrais militants de la cause centriste qui estimaient que l’équilibre, la modération et le compromis, concepts philosophiques défendus par les plus grands penseurs d’Aristote à Confucius en passant par Tocqueville, devaient être les principes directeurs de la politique de la France. Et, souvent, ils ne s’en sont pas trop mal tirés au jugement de l’histoire, à l’opposé de beaucoup d’extrémistes…
    Alexandre Vatimbella

  • Loin d’une France réconciliée…

    Un an après l’élection de Nicolas Sarkozy, force est de reconnaître que, justement, les Français ne se reconnaissent pas beaucoup dans ce président « bling-bling » dont l’action ne semble pas avoir été très efficace en regard des défis du moment si ce n’est de ceux du futur. Et, comble d’ironie et de cruauté pour le Président de la république, une majorité relative de Français aimeraient bien qu’il prenne son opposant le plus virulent, François Bayrou, comme Premier ministre.
    Au-delà du fait que nous ne savons toujours pas quel est le programme du fondateur du Mouvement démocrate, ceci démontre bien le fiasco de l’action gouvernementale et, plus surprenant, de la communication du pouvoir en place. Sans doute que les Français souhaitent, comme toujours, être gouvernés au centre à défaut d’être gouvernés par le Centre, le vrai, mais cela ne doit pas cacher la méfiance des citoyens à une équipe qui quand elle ne s’engueule pas, a du mal à agir et à changer les choses pour lesquelles elle s’est faite élire.
    Evidemment, Nicolas Sarkozy est encore là pour quatre ans et il serait malvenu de tirer un bilan de son action au bout de 365 jours. Mais, lui-même, a senti le malaise et son intervention télévisée récente l’a bien montré. Bien sûr, il peut invoquer comme beaucoup de ses prédécesseurs, la situation économique difficile voire la crise qui se profile et il n’aurait pas tout à fait tort. Bien sûr, il peut invoquer les pesanteurs de la société française mais justement il avait juré de s’y attaquer alors que ses réformes ont été des compromis peu dynamiques voire de pitoyables compromissions avec les tenants du blocage économique, social et sociétal, l’affaire des OGM en étant une caricature. Bien sûr, il peut invoquer la jeunesse de son équipe en place en pariant que son baptême du feu va lui donner un peu plus de consistance mais encore faudrait-il qu’il y ait une ligne directrice cohérente que l’on a bien du mal à trouver.
    Dès lors, c’est à une véritable réflexion sur quoi faire, comment faire et comment le dire que Nicolas Sarkozy et ses conseillers doivent s’atteler. Si, comme le prétend le Président de la république, il na que faire de l’impopularité car il a une mission à accomplir, celle de réformer durablement la France pour lui permettre d’être un acteur majeur dans les décennies qui viennent, alors il doit aller de l’avant dans les réformes et il doit choisir les personnes qui sont capables non seulement de les mettre en place mais de les comprendre et de les supporter. La longue litanie de couacs dans l’action et la communication des conseillers et des ministres a jeté une suspicion sur la qualité et la capacité de l’équipe en place. Le Président doit absolument réagir quitte à mettre dehors tous les incompétents ou tous ceux qui tirent dans un sens inverse de l’action qu’il veut mener ou qu’il a affirmé vouloir mener. Le temps des jeunes sans compétences mais tellement « peopolisables », des gens de gauche venus dire tout le bien qu’il pense d’un homme de droite et récupérer quelques strapontins, de gens du Centre qui, malheureusement, ne sont guère écoutés, doit laisser place à une équipe soudée qui va de l’avant.
    Quoiqu’il en soit, nous devons attendre encore pour entreprendre une analyse critique du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Tout ce que l’on peut dire pour l’instant c’est que les Français sont inquiets tout autant par la situation économique et sociale que par l’incapacité gouvernementale. Mais l’on sait aussi qu’il en faut peu, ou en tous cas qu’il faut quelques résultats positifs, pour qu’une opinion publique change de vision radicalement. Sans doute aujourd’hui Nicolas Sarkozy est le plus impopulaire des Président de la V° République. Rappelons-nous cependant qu’en 1986 personne ne donnait une chance à François Mitterrand de faire un deuxième mandat et qu’il remporta une large victoire en 1988. La politique est faite de méandres qui permettront peut-être à Nicolas Sarkozy de renaître à la manière mitterrandienne. Reste à espérer que cela sera à cause d’une action politique efficace et non d’une communication bien menée si chère à Mitterrand…
    Alexandre Vatimbella

  • Où est la « place du Centre » ?

    Avec le fiasco du Mouvement démocrate et de sa stratégie « à la carte » et la défaite cinglante de la droite aux municipales, avec les espoirs retrouvés d’une gauche à la recherche de partenaires pour les prochaines échéances électorales, les politiques, les politologues et les journalistes ne parlent plus que de la « place du Centre ». Mais où est-elle cette place ? A Droite comme le dit Jean-Pierre Raffarin et Hervé Morin ? A Gauche comme le prétend Ségolène Royal ? Nulle part comme le répète François Bayrou (c’est-à-dire un coup à droite, un coup à gauche et vive les présidentielles de 2012 !) ?

    Bien sûr, derrière cette question sur la place du Centre il ya évidemment une autre question essentielle : y a-t-il une place pour le Centre ? Cette question qui est sans cesse remise sur le tapis par tous ceux qui affirment que le Centre n’existe pas.

    Et puis, il y a ceux qui affirment péremptoirement qu’un Centre n’existe pas mais que tout le monde s’y retrouve pour gouverner ! Ainsi, il n’y aurait qu’une Gauche et une Droite, irresponsables idéologiquement en proposant des programmes irréalisables et responsables politiquement et devant donc gouverner au centre. Mais de Centre, nenni ! Voilà bien une de ces démonstrations fallacieuses qui permet de prétendre que le Centre ne serait qu’un appendice ou un supplétif de la Droite ou de la Gauche, voire un simple parti d’opportunistes en quête de se vendre au plus offrant pour grappiller quelques strapontins éventrés et grinçants.

    Alors, cette place du Centre ? La place du Centre mais elle est… au centre, pardi ! Et sa philosophie politique est le Centrisme, pas une idéologie de Droite, ni une de Gauche, ni un mélange indigeste des deux, ni un opportunisme sans aucune originalité propre. La place du Centre est évidemment au centre et, il faut l’ajouter immédiatement dans une posture forte d’indépendance d’autant plus qu’on lui dénie son existence. Le Centre est du Centre et au centre. Une pensée politique n’existe que si elle est indépendante parce qu’elle représente une sensibilité politique qui ne peut se fondre dans une autre pensée. La Gauche ne sera jamais la Droite, le Centre ne sera jamais la Gauche et la Droite ne sera jamais le Centre.

    Mais cette constatation n’interdit pas les convergences d’idées et les rapprochements politiques sur des programmes ponctuels voire sur des programmes de gouvernement. D’une parte, parce que nous sommes dans une démocratie où tous les « partis de gouvernement » ou presque partagent le même socle de valeurs. Et puis, d’autre part, ne nous y trompons pas, indépendance ne veut pas dire isolement. Le Centre, pour gouverner, a besoin de faire des alliances comme la Gauche et la Droite. Rien de mal à cela car un parti politique existe pour gouverner, c’est sa fonction première et sa mission. S’il ne peut gouverner seul, il lui faut des partenaires. Un Centre indépendant mais un Centre dans le jeu politique capable de discuter et de nouer des alliances claires. Un Centre indépendant n’est pas un Centre qui ne fait pas d’alliances. Prétendre le contraire c’est vouloir l’asphyxier ou s’en servir comme une arme politique mais non comme une puissance capable de gouverner. Et, ce qui souvent dessert le Centre, ces alliances peuvent exister tant à Droite qu’à Gauche parce que le Centre est un libéralisme social avec certaines de ses idées défendues par la Droite et d’autres par la Gauche. Et l’originalité ontologique du Centre, c’est bien se mélange unique en son genre, celui qui fait que le Centre est un rassembleur car il propose une vraie politique de liberté et de solidarité dans un juste équilibre afin de ne léser personne.

    La fameuse place du Centre existe et elle est au centre et du Centre. Cette affirmation est pour ceux qui ne comprennent pas ce qu’est le Centre mais aussi pour tous ceux qui se réclament du Centre. Les Centristes sont souvent déboussolés par les affirmations qui prétendent qu’ils n’existent pas mais ils le sont tout autant par les agissements de certains politiques qui se réclament du Centre. C’est pourquoi la clarification est un enjeu majeur du Centre. Au lieu de jouer un jeu politique peu lisible, il doit affirmer ses valeurs et proposer des alliances s’il en est besoin par rapport à ces valeurs. Tout autre façon de procéder ne peut qu’accréditer l’idée que le Centre n’est rien d’autre qu’un marais où surnagent quelques opportunistes dont certains croient en des couronnements nationaux.

     
    Alexandre Vatimbella

  • Barack Obama le peut-il vraiment ?

    « Yes, we can ! » (oui, nous pouvons), tel est le slogan phare de la campagne de Barack Obama, un des deux prétendants à l’investiture du Parti démocrate pour la prochaine élection présidentielle américaine du 4 novembre prochain. Un slogan qui fait mouche, notamment auprès des jeunes, mais pas seulement. Un slogan qui n’est cependant pas nouveau dans son volontarisme revendiqué d’autant plus qu’il est accolé au mot favori de Barack Obama « Change » (le changement) qu’il applique indifféremment à l’Amérique (« Change America ») et au monde (« Change the world »). Voilà une association qui pose des questions essentielles de la politique sur le volontarisme et la capacité de changement. D’autant que Barack Obama se veut aussi un centriste et que son projet consensualiste veut réunir les deux Amériques, la rouge (républicaine) et la bleue (démocrate).

     
    Tout d’abord, le volontarisme La présence, à la tête de l’Etat, d’un homme politique volontariste peut-elle aboutir à un changement en profondeur ou ces slogans ne sont-ils que pure rhétorique ? Cela peut-il changer en profondeur la société américaine et, par ricochet, le monde ?

     
    Comme nous l’expliquions ici récemment, avant tout, il faudrait définir ce qu’est exactement le volontarisme car dans une acceptation large, on pourrait dire que toute personne qui fait de la politique est volontariste puisqu’elle défend des idées qu’elle désire mettre en pratique et que, sans faire de procès d’intention, elle affirme croire à son combat pour les imposer. Dans le même ordre d’idée, tout programme d’un parti est volontariste. Néanmoins, le volontarisme se situe à un autre niveau. Il s’agit, en quelque sorte, non seulement, de s’attaquer aux habitudes en place mais, en plus, de demander à la réalité de se plier, plus ou moins fortement selon le degré de volontarisme, à une vision politique, vision politique que le volontariste estime non seulement juste mais, en quelque sorte, visionnaire. De ce point de vue, le volontarisme peut apparaître comme une supercherie, voire comme un individu dangereux qui pourrait conduire son pays sur un chemin hasardeux.

     
    Changer la réalité est, soit une pure fiction, soit un jeu dangereux qui peut aboutir à des crises. Car, comme le rappelle le dictionnaire Larousse, le volontarisme est « une attitude que quelqu’un qui pense modifier le cours des événements par la seule volonté » avec « primauté à la volonté sur l’intelligence et à l’action sur la pensée intellectuelle ».

     
    Comme souvent, les réponses se trouvent dans l’histoire. Des dirigeants ont été labellisés comme volontaristes. Que l’on songe à Richelieu, Napoléon, De Gaulle, Bismarck, Théodore Roosevelt, Churchill, Gorbatchev, Thatcher, Reagan ou, plus près de nous, dans l’actualité récente, Tony Blair et, bien sûr, Nicolas Sarkozy. Toutes ces personnalités, dont nous ne sommes pas en train de juger les idées politiques ont voulu « changer la donne ». Sans oublier, ceux qui, en tant que volontaristes ont entraîné leurs pays et le monde dans des aventures criminelles et à la ruine comme Hitler, Mussolini ou Lénine pour ne citer que les plus célèbres.

     
    Le passage à la tête de l’Etat de tous ces politiques a certainement modifié les choses au cours de l’exercice de leur pouvoir. Mais, sur le long terme, celles-ci ont-elles été profondément modifiées ? Et l’analyse historique permet-elle d’affirmer que les choses ont changé grâce à eux ou démontre-t-elle qu’elles étaient de toute façon inscrites dans l’évolution des sociétés auxquelles ils appartenaient ? Il est évident que la réponse ne peut être faite pour un Tony Blair ou un Nicolas Sarkozy. Mais pour Richelieu qui voulait que la France soit un pays uni, pour Théodore Roosevelt qui voulait éliminer la gangrène de la corruption aux Etats-Unis, pour Margaret Thatcher qui voulait que la Grande Bretagne redevienne un pays libéral, pour Charles de Gaulle qui voulait redonner à la France son rayonnement d’antan, quel est la bilan ? Il est mitigé selon les historiens même s’il a montré qu’une volonté doublée d’une forte conviction et d’un pouvoir de convaincre pouvaient faire évoluer les situations. Reste que leurs actions étaient en accord avec leur temps (pas forcément avec l’opinion publique), ce qui les a évidemment facilitées.

     
    Sachant que ni Margaret Thatcher, ni Ronald Reagan, par exemple, n’ont changé les sociétés britanniques et américaines en profondeur malgré leur force de conviction et quelques succès indéniables, on découvre rapidement que le volontarisme peut n’être qu’une incantation. Cependant, les présidents volontaristes comme Théodore Roosevelt aux Etats-Unis ou Charles de Gaulle en France ont été des fers de lance du changement, le premier en luttant contre la corruption à tous les niveaux de la société américaine, notamment sur la mainmise des trusts sur l’économie, et le second en relevant l’identité nationale mise à mal durant la seconde guerre mondiale. Dès lors, il semble que le volontarisme donne ses meilleurs résultats dans les périodes de crise aigüe ou de bouleversements importants dans une société fragilisée.

     
    Personne ne nie l’existence d’êtres exceptionnels et leur capacité à engendrer le changement ou, en tout cas, à le poser au centre du débat politique. Néanmoins, il faudrait être bien naïf pour penser qu’une seule personne peut changer une société qui n’y serait pas consentante. Et ce consentement est aussi une affaire de consensus que l’on recherche constamment et qui est fait d’allers-retours entre la société dite « civile » et le monde politique. La fameuse alternative entre s’adapter au monde qui nous entoure ou l’adapter à soi n’est guère pertinente. Car, c’est bien avec un mélange des deux que l’on obtient les meilleurs résultats.

     
    Pour en revenir à Barack Obama, le sénateur de l’Illinois propose un nouveau volontariste basé sur la rupture avec l’ère Bush et un consensus large pour changer l’Amérique et donc le monde. Même si son changement demeure pour l’instant plus incantatoire que se basant sur un programme solide comme le font remarquer plusieurs commentateurs américains (il a tout de même publié fin 2007 un programme mais qui reste vague sur la manière concrète de le réaliser). A-t-il une chance de réussir ? La tâche sera difficile mais il possède quelques atouts pour mener à bien son entreprise ou une partie, ce qui ne serait déjà pas si mal. Il héritera d’un pays profondément divisé mais qui aspire à retrouver son unité plus légendaire que réelle, qui veut mettre fin dans la dignité à une aventure guerrière en Irak sans perdre la face et souhaite une nouvelle donne économique tout en voulant revitaliser ce fameux « American dream. », ce rêve américain un peu fourre-tout et dont les économistes, les sociologues et les spécialistes de sciences politiques nous disent qu’il n’existe plus depuis longtemps notamment dans sa dimension d’élévation sociale.

     
    Le rêve est une réalité politique !
    Parlons maintenant de l’impact de ces slogans sur les citoyens. Ici, on ne parle plus de volontarisme mais d’espoir et de rêve. Il est sûr que « Change » et « Yes, we can » ont un impact fort surtout auprès des jeunes. Chez eux, désir de changement et espoir d’un monde meilleur sont toujours importants parce qu’ils se nourrissent à la fois d’une jeunesse qui n’accepte pas un monde qu’elle n’a pas créé, monde cruel et injuste, monde bâti par les générations précédentes, notamment celle de leurs parents, et d’une espérance que tout peut devenir meilleur si on le veut et qu’on s’unit pour le faire. Mais c’est un slogan qui fonctionne également dans les autres classes d’âge car il renvoie à cette possibilité d’un demain qui chante et que nous portons tous en nous même si nous sommes des réalistes.

     
    Bien sûr, la politique, c’est agir sur le réel. Cette affirmation est la pierre angulaire de toute action politique qui se veut responsable et efficace. Mais nous savons aussi que nous sommes des êtres qui transformons le réel pour le sublimer. Cette sublimation est ce que l’on appelle parfois un récit politique qui cimente un groupe plus ou moins important. Dès lors, par un paradoxe propre à la politique, le rêve est une réalité politique ! Et cette réalité peut être un puissant moteur du changement mais aussi un danger pour une société. Car si le rêve se mue en déception alors il peut conduire à la violence et à la désorganisation sociale.

     
    Ainsi, aux Etats-Unis, Barack Obama représente le rêve comme l’a présenté John Kennedy avant lui. Hillary Clinton, de son côté, représente la réalité politique. La filiation revendiquée par Obama avec Kennedy est très intéressante. D’abord, elle démontre que le rêve est une demande renouvelée des électeurs même si l’expérience nous apprend qu’ils sont toujours déçus par les vendeurs de rêve avant que, souvent, ceux-ci deviennent, par un nouveau retournement de situation, des icônes de la légende d’un pays. Cela démontre également que se revendiquer du rêve est une façon de convaincre les électeurs. Mais de quel rêve parle-t-on ? Celui d’une icône, Kennedy, tellement loin de la réalité de sa présidence qui fut proche d’un fiasco et, en tout cas, entachée de tellement de zones d’ombre que l’on est en droit de se demander si la belle figure de John Kennedy et sa jeunesse ont été ses seuls atouts avec des discours qui enthousiasmaient tout en étant à la fois loin de la réalité et loin de pouvoir trouver une application concrète. Rappelons que tous les droits civiques et les droits sociaux promis par John Kennedy – et Martin Luther King - furent réalisés par Lyndon Johnson alors considéré comme un affreux politicien réactionnaire du Sud à l’inverse d’un Kennedy si libéral et si ouvert…

     
    Dès lors, si Barack Obama n’est que la réincarnation de John Kennedy comme le clame une grande partie du clan Kennedy qui s’est rangé derrière lui, on peut être inquiet. D’autant que l’autre partie du clan, les enfants de Robert Kennedy, ont choisi Hillary Clinton. Et entre John er Robert, le vrai politique, celui qui avait un vrai programme était Robert… Mais Barack Obama n’est pas un dandy que son père a poussé à se présenter à la présidentielle. Il en est même très loin. Néanmoins, il a compris la communication du XXI° siècle, celle de l’internet et de la compassion, celle de l’affectif et du jeunisme d’une société vieillissante. Mais la communication ne fait pas une gouvernance comme des exemples récents proches de nous le rappellent ! Espérons que Barack Obama, qui a salué Nicolas Sarkozy et son action sait, lui, faire la différence…

     
    Alexandre Vatimbella

  • Tout le monde a raison… mais la raison a le dernier mot (ou pourquoi le centrisme est la meilleure politique)

    Il y a ceux qui pensent qu’il faudrait plus de liberté et de responsabilité car ils veulent que tout individu puisse prendre le maximum de décisions concernant sa vie en pleine responsabilité. Et ils ont raison. Il y a ceux qui pensent qu’il faudrait plus de solidarité car ils demandent à ce que les plus faibles soient aidés ainsi que ceux qui connaissent des problèmes à un moment difficile de leur existence. Et ils ont raison. Il y a ceux qui veulent plus d’équité et de méritocratie car ils pensent qu’il faut récompenser ceux qui veulent réussir quel que soit leur origine sociale. Et ils ont raison. Il y a ceux qui veulent plus d’égalité car ils pensent qu’il faut donner la même chance à tout le monde au départ. Et ils ont raison. Il y a ceux qui estiment que l’économie doit être totalement ouverte pour permettre la croissance et l’innovation. Et ils ont raison. Il y a ceux qui estiment que l’on doit protéger certains secteurs vitaux pour une société. Et ils ont raison. Et l’on pourrait continuer cette énumération des contraires encore longtemps.

     

     

    Oui, tout le monde a raison. Car les choses ne sont jamais blanches ou noires. Tout le monde a raison parce que les situations sont souvent complexes. Tout le monde a raison parce qu’à côté de la raison, il y a le cœur et inversement. Tout le monde à raison parce qu’à côté de l’individu-roi, il y a la société-refuge.

     

     

    Mais, comme dans tous ces paradoxes, si tout le monde a raison, c’est que tout le monde a tort. Car, aucune de ces affirmations sans l’autre n’est raisonnable. C’est de par leur mixité qu’elles acquièrent ce côté raisonnable, ce côté central – c’est-à-dire éloigné des extrêmes – qui les rend valides.

     

     

    De même, tout le monde ne peut pas avoir raison en même temps. D’où le rôle éminemment important du politique et du choix politique. Car la politique est l’art de prendre des décisions suivant les circonstances. Et la meilleure politique c’est celle qui prend pragmatiquement les bonnes décisions au bon moment dans une vision de juste équilibre. C’est ici que la raison a le dernier mot.

     

     

    Si nous devons obligatoirement faire des choix pour construire une politique efficace, il n’en reste pas moins qu’il ne faut pas oublier les options qui ne seront pas prises en compte pour la mener, sachant qu’elles sont tout aussi légitimes que celles retenues mais pas efficaces pour mener une bonne politique à une époque donnée.

     

     

    Car, dans la durée c’est bien vers l’équilibre que tout doit tendre parce que nous devons construire une société harmonieuse où comme le dit un proverbe de la dynastie des Tang, « L'harmonie est nécessaire pour la prospérité des choses, l'uniformité au contraire entrave toute création. L'harmonie consiste en l'unité des différences. C'est seulement lorsque cette unité existe que les choses peuvent prospérer et qu'un souverain en tire avantage. À l'inverse, la simple accumulation des choses toutes identiques ne mène à rien. »

     

     

    Se trouver au milieu , c’est-à-dire loin des extrêmes, ce qui représente la meilleure position politique possible pour les Chinois, c’est à la fois prendre en compte toutes les opinions, tenter de concilier le maximum d’intérêts divergents mais aussi prendre des décisions.

     

     

    Toutes les bonnes raisons doivent se fondre dans la raison et celle-ci prend appui sur le réel.

     

     

    Alexandre Vatimbella