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La France Réconciliée - Page 70

  • Le réformiste, le «nouveau» Barack Obama?


    Pour bien comprendre le soi-disant revirement politique de Barack Obama depuis quelques semaines, depuis la perte d’un siège de sénateur par le Parti démocrate, il faut prendre ce recul nécessaire que bien peu de commentateurs prennent de nos jours, malheureusement. Nous avons toujours démontré ici que le président des Etats-Unis était un centriste réformiste. Non seulement parce qu’il l’a toujours dit mais aussi parce que tous ses actes en font foi. Rien de nouveau là-dessus, il l’est encore. Oui, mais voilà, de nombreux commentateurs semblent le découvrir après en avoir fait un «liberal», un homme bien ancré à gauche, ce qu’il n’a jamais été/

    Ceux qui prétendent que Barack Obama est un homme de gauche estiment que la campagne présidentielle de 2008 avec son mot d’ordre «Change» (le changement) et les mesures prises début 2009, une fois qu’il accédé au pouvoir, ont démontré qu’il était plutôt un «socialiste» qui voulait transformer en profondeur la société.

    Le problème est qu’ils ont confondu – sciemment ou non - le conjoncturel et le structurel et qu’ils ont mélangé, souvent malhonnêtement, la nécessité de reconstruire les Etats-Unis et la manière de gouverner un pays reconstruit.

    Ainsi, lorsque qu’Obama arrive au pouvoir, il se retrouve devant une grave crise conjoncturelle, non plus essentiellement politique suite à la présidence polarisée de Bush , mais essentiellement économique (avec une décroissance) et sociale (avec un fort taux de chômage). Sa priorité n’est donc plus de réconcilier les Américains entre eux et avec leur pays mais de prendre des mesures d’urgences pour remettre les Etats-Unis sur la voie de la croissance et de l’emploi.

    Ces mesures d’urgences, conjoncturelles, n’ont rien à voir avec sa volonté de réformer structurellement le pays et de (re)mettre en place un système consensuel basé sur une volonté de gouverner de manière bipartisane. Cependant, les mesures d’urgences doivent primer parce qu’avant de gouverner par l’équilibre, il faut d’abord (re)trouver les conditions de l’équilibre.

    Barack Obama n’est pas responsable de la crise qu’il a trouvé à son arrivée au pouvoir, ni il a inventé les problèmes à résoudre qui ont nécessité des actions fortes avec son plan de relance économique et son plan d’assurance santé. Il n’est pas non plus responsable de la guerre en Afghanistan (provenant de l’attaque du 11 septembre) ni de celle en Irak (provenant d’une volonté de George W Bush). Pour autant, il ne pouvait, ni ne voulait, occulter ces réalités et il les a attaquées de front. S’y attaquant, il s’est retrouvé caricaturé en un volontariste désirant tout chambouler, ce qui n’a jamais été sa vision du gouvernement.

    Ainsi, Barack Obama est un centriste réformiste qui a trouvé une situation qui lui imposait d’abord de réparer le système («to fix the system») avant de pouvoir le gérer de manière consensuelle («a bipartisanship government). Mélanger les deux est lui faire un procès d’intention comme c’est le cas actuellement du Parti républicain. Car ce dernier s’est emparé du trouble de la population américaine devant la crise et les mesures fortes nécessaires pour la combattre, sentant immédiatement quel était le danger pour lui si Barack Obama réussissait son pari à rapprocher les Américains et à mettre en place des majorités fluctuantes selon les projets et les réformes (ce que l’on appelle aux Etats-Unis «postpartisanship»). Le mieux était donc de mettre immédiatement en place une confrontation dure qui démontrait qu’il y avait deux camps irréconciliables.

    On comprend cette stratégie pour un parti politique qui a peur pour son existence. On comprend moins bien l’intérêt pour le bien être d’un pays que l’on affirme aimer et défendre… Le pire est que cette stratégie a eu un impact fort, à la fois aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier. Les erreurs de communication et stratégiques de la Maison Blanche ont amplifié cet impact dont le résultat, en terme d’efficacité politique pour le bien du pays pourrait bien être catastrophique.

    Alexandre Vatimbella

  • La désunion ridicule de ceux qui veulent unir

    Il y a une certaine ironie à voir les centristes déchirés ces derniers temps alors que la pensée politique à laquelle ils se réfèrent est un constant appel à l’union par le consensus. Une ironie qui, pour tous ceux qui croient que le Centrisme est la solution politique, se transforme bien vite en une colère doublée d’une incompréhension. Comment peut-on prôner aux citoyens ce que l’on n’est même pas capable de s’appliquer à soi-même? Bien évidemment, n’étant pas né de la dernière pluie, je connais la réponse. Si les hommes politiques appliquaient tous les principes qu’ils défendent, le monde politique serait un univers de vertu. Pas besoin de démontrer que cela n’est pas exactement le cas… Mais tout de même, les centristes ont l’air bien ridicules dans leurs groupuscules, tentant d’exister afin de se garantir un petit boulot, jetant l’anathème sur leurs meilleurs amis devenus leurs meilleurs ennemis avant que cela ne devienne le contraire...

    Que les hommes politiques centristes ne soient pas tous au garde-à-vous récitant un bréviaire identique, c’est, non seulement, heureux mais c’est ce qui fait une des caractéristiques fortes du Centre composé d’hommes et de femmes libres et responsables qui ne sont pas des militants bêtes et zélés, le petit doigt sur la couture du pantalon. Les ennuis de l’autocratisme de François Bayrou au Mouvement démocrate avec ses adhérents venus de l’UDF est bien là pour le démontrer. Les centristes laissent cela aux partis aux idéologies fermées et aux pratiques clientélistes.

    Pour autant, des valeurs, des visions politiques, des volontés d’action sont communes à tous les centristes et peuvent leur permettre de se retrouver sans que les différences positives de chacun ne soient gommées. L’UDF au temps de sa création et de sa grandeur en était une preuve avec tous les inconvénients que cela peut représenter mais aussi avec toute la puissance que cela peut générer. Et l’on ne peut que défendre les initiatives de ceux qui veulent que le Centre soit à nouveau une force politique majeure et non une force d’appoint à la Gauche ou à la Droite. Ainsi en est-il de la création de l’Alliance centriste par Jean Arthuis. Ainsi en est-il des appels à une confédération centriste de Jean-Christophe Lagarde.

    L’après-élections régionales sera à n’en point douter douloureux pour les Centristes engagés dans des aventures vouées à l’échec, que ce soit le Nouveau Centre dans des listes Majorité présidentielle, que ce soit le Mouvement démocrate dans des listes tournées uniquement vers les socialistes. Mais cela pourrait permettre à tous les centristes, où qu’ils se trouvent, à (re)nouer le dialogue et à se rassembler pour enfin porter le vrai message du Centrisme et à proposer à la France un vrai avenir dans ce XXI° siècle où elle n’a pas encore trouvé réellement sa place, la place qui devrait être la sienne, celle d’une nation moderne, conquérante et consensuelle. Cela ne vaut-il pas de faire un petit effort messieurs et mesdames les centristes?!

    Alexandre Vatimbella

  • La primauté du libéralisme politique sur le libéralisme économique

    C’est le libéralisme politique qui codifie le libéralisme économique et non le contraire. Pour avoir oublié ce primat évident du politique, les sociétés se disant libérales ont vu émerger des comportements uniquement tournés vers la rentabilité financière et l’enrichissement personnel et non guidés par l’accomplissement de l’être humain en tant que personne. Du coup, ces sociétés ne sont plus assises sur les fondements du libéralisme.

    Car le libéralisme, avant d’être une organisation de l’économie est une vision de la société, du rapport de celle-ci avec l’individu et de la teneur du lien social. Dès lors, l’économique obéit au politique dans le sens où c’est le politique qui édicte les règles de fonctionnement de l’économie. L’oublier, c’est oublier la morale inhérente au libéralisme et n’en faire qu’une arme pour les plus forts, plus grave, pour les plus cupides.

    Revenir au primat du politique, c’est revenir à l’essence du libéralisme. Celui-ci organise l’effectivité de la liberté dans un cadre social en mettant en avant la responsabilité comme contrepartie à la liberté. Une responsabilité qui s’exprime dans le lien social qui comprend le respect, la tolérance et la solidarité. Traduit en termes économiques, la liberté d’entreprendre est bornée par des règles éthiques où l’enrichissement est permis mais en respectant l’honnêteté dans un environnement concurrentiel.

    La pensée libérale s’est vitre trouvée confortée au problème de l’inégalité. Si, dans un premier temps, elle a résolu le problème en affirmant que seule l’égalité devant la loi était justifiée, l’inégalité des chances s’est vite imposée au centre de sa réflexion. Dès lors, elle a opéré une révision du contenu de cette égalité qui devait être, non seulement une égalité juridique, mais également une égalité des chances qui apporte la base (accès au savoir, aux soins médicaux, à un logement, à un emploi) pour libérer les talents. Cette révision donnait enfin un sens social au libéralisme mais il permettait également à la communauté de pouvoir profiter de tous ces talents dont la majorité ne pouvait réellement s’exprimer sans cette égalité des chances.

    Mais, attention, cette égalité des chances n’est pas une égalité des revenus. C’est, ensuite, par le travail que les potentialités s’expriment et que l’inégalité se crée sans que celle-ci soit illégitime puisqu’elle ressort d’une volonté de l’individu et non d’un environnement social inégalitaire.

    Pour autant, cette inégalité de revenu ne peut justifier que tout soit permis pour être en haut de l’échelle comme la dérive de comportements sociaux d’individus l’a démontré depuis que le monde existe et, pour notre propos, depuis que certains ont transformé la liberté du libéralisme en une vision du tout est possible dans un monde comparé à une jungle et où la finance est devenue l’eldorado de conquistadors peu scrupuleux. Dès lors, dans cette vision déshumanisée, s’enrichir jusqu’à plus soif sur le dos des autres et de la communauté n’est plus un comportement déviant mais c’est gagner cette compétition de la vie que, soi-disant, le libéralisme organiserait.

    Or, rien n’est plus faux. C’est le darwinisme social avec Herbert Spencer qui en est à l’origine au XIX° siècle et non le libéralisme qui a posé, dès le départ avec Locke puis Smith, une base morale à sa vision de la société et de l’individu. Devenir riche n’est pas immoral mais s’enrichir sur le dos des autres en défiant la moralité, oui.

    Et si cela a été possible, c’est parce que l’on peut voir l’économie uniquement comme un outil qui permet cet enrichissement sans frein et sur le dos des autres. Car l’économie peut évidemment fonctionner sans règles morales en tant qu’outil. Si on la déconnecte du politique, alors, la seule justification de l’enrichissement sans frein demeure pour ceux qui sont, si ce n’est les plus intelligents, les plus malins et les moins regardants sur la morale.

    C’est dans ce sens que le primat du politique en mettant en place un cadre avec des règles de fonctionnement de la société possède cette légitimité et cette primauté sur l’économie et son avatar, le système financier. C’est ce que dit le libéralisme social. C’est ce que dit le Centrisme.

    Alexandre Vatimbella

  • Barack Obama et les malentendus de son élection

    Ce qui s’est passé récemment aux Etats-Unis mériterait un livre à lui tout seul tellement les commentaires ont été nombreux et foisonnants quant aux difficultés rencontrées par le Président. Chaque expert est ainsi venu délivrer sa vérité sur les raisons du trou d’air qu’est en train de vivre Barack Obama un an après son élection historique à défaut d’être triomphale. Deux événements son emblématiques de ces tracas. La baisse notable de sa popularité sous fond de scepticisme grandissant sur la pertinence de sa politique (et non de sa capacité à gouverner). Surtout, la défaite étonnante de la candidate démocrate au siège de sénateur du Massachusetts – un des Etats les plus à gauche, si ce n’est le plus à gauche des Etats-Unis - détenu pendant quarante-six ans par Ted Kennedy avant sa mort en août 2009. D’autant que Scott Brown, le républicain populiste qui a raflé le siège de Ted Kennedy a utilisé les mêmes arguments électoraliste que ceux de la campagne présidentielle d’Obama: le changement et l’opposition à Washington et à ses coutumes honnies de l’Américain moyen (mais dans une vision souvent proche de l’extrême-droite faut-il préciser).

    Devant cette profusion de raisons déversées avec délectation par des médias toujours prompts à retrouver une virginité en brûlant avec autant d’empressement qu’ils ont mis à aduler, essayons d’en tirer les principales sachant que ce n’est qu’avec le temps que l’on saura si elles l’étaient vraiment!

    La première pourrait être que les Etats-Unis de 2010 ne sont pas ce que nous croyons, ni, plus grave, ce que croyait Obama, une nation prête aux réformes et située au centre-gauche. Selon les sondages, les Américains seraient plutôt au centre-droit, voire à droite et surtout conservateurs. Ainsi, 40% d’entre eux se déclarent conservateurs, 40% se déclarent indépendants et seuls 20% se déclarent libéraux. Dès lors, les 53% de voix obtenues par Barack Obama n’étaient pas celles d’un peuple attendant des bouleversements mais plutôt d’électeurs mécontents de George W Bush et de sa gestion catastrophique du pays qui voulaient, majoritairement, que l’on continue sur la même voie avec une nouvelle équipe plus jeune et plus capable, en réformant certes ce qui ne marchait pas mais avec mesure.

    Pour autant, une première objection peut-être faite à cette analyse. Comment prétendre que les Américains voulaient que rien ne bouge alors que le pays était en train d’entrer lors de la campagne de 2008 dans la plus grande crise économique et financière de son histoire après celle de 1929? Devant l’imminence d’une catastrophe, le public semblait bien vouloir que l’on agisse vigoureusement et non que l’on ne change strictement rien ou presque. A cette objection forte et réelle, on peut répondre que le pays souhaitait que l’on agisse mais pas dans les domaines où Obama a agi ou, en tout cas, pas dans tous. Par exemple, les électeurs savaient qu’il était nécessaire de mettre en place un plan de relance (encore que beaucoup d’entre eux estiment qu’il était trop favorables aux banques responsables de la situation et aux entreprises incapables de s’en sortir seuls du fait de leurs erreurs et non à la population victime du chômage) mais peut-être pas un plan d’assurance santé. D’autant que celui-ci va coûter fort cher selon la vision qu’en ont les électeurs (dont une des préoccupations actuelles est l’ampleur des dépenses publiques).

    Néanmoins, ce plan d’assurance santé est justement conçu pour faire des économies! Dès lors, une deuxième raison est avancée. Le président a été incapable de communiquer correctement sur ses objectifs qui n’ont pas été compris par la population. Accusation étonnante pour ceux qui ont baptisé Obama de grand communicateur au vu de sa formidable campagne électorale. En revanche, pour ceux qui connaissent bien l’homme, cela ne semble pas aussi extravagant. Car Barack Obama est un intellectuel solitaire qui réfléchit plutôt qu’un bretteur d’estrade. Il fait appel à la raison plutôt qu’aux émotions dans sa vision du monde et dans sa façon de gouverner alors qu’il a soulevé une extraordinaire vague d’émotion en étant le messager du changement, de celui dont chacun de ses électeurs avaient une vision personnelle ne correspondant pas à celui de chacun des autres.

    Nous sommes là dans la troisième raison de ses difficultés. Le changement, Barack Obama l’a laissé à l’appréciation de chacun et, comme il le dit, il est un écran sur lequel chacun imprime ce qu’il souhaite voir de lui et de ce qu’il propose. Dès lors, chacun a bâti sa propre idée du changement et n’a pu qu’être déçu par le fait que celle d’Obama ne correspondait pas à la sienne. Ceci est une réalité que l’on retrouve dans les sondages et les déclarations où l’on remarque souvent cette déception chez les gens de gauche qu’Obama n’est pas assez à gauche, ce que pensent également les électeurs de droite (qu’il n’est pas assez à droite) et les électeurs du centre (qu’il n’est pas assez au centre)…

    Cette majorité hétéroclite qui a permis au nouveau président d’être élu est une autre explication. Quoiqu’il fasse, une partie de son électorat se retourne contre lui. Le plan sur l’assurance santé le caractérise particulièrement bien. La gauche a reproché la timidité du plan, la droite son extrémisme et le centre son inutilité.

    Mais dans ces explications, il ne faudrait pas sous-estimer les difficultés rencontrées par Obama notamment la suffisance des élus démocrates qui ont cru être au pouvoir pour les trente prochaines années, l’irresponsabilité des élus républicains qui ont fait de l’obstruction systématique, décidés à bloquer le système le plus possible pour tenter de retrouver une unité en refusant tous les appels du président aux mesures bipartisanes. Sans oublier, les difficultés venues des acteurs économiques ou de la situation économique elle-même qui ne lui a pas permis d’avoir les succès escomptés dans un temps politique qui devient de plus en plus court, les électeurs, gavés d’information quotidiennement, exigeant des résultats concrets immédiats.

    Une question essentielle se pose alors. Est-ce le centrisme d’Obama qui est la cause de ce malentendu? C’est une question récurrente en ce moment aux Etats-Unis. Elle ne s’exprime pas de cette manière mais plutôt dans le fait que le candidat Obama aurait promis beaucoup de choses que le président Obama n’aurait pas transcrites en actes et en réalités. Bien entendu, cette critique s’applique à tous les candidats devenus présidents et le problème des promesses politiques non-tenues est une rengaine chantée partout dans le monde et qui est souvent exacte.

    Néanmoins, dans le cas présent, les analystes de gauche mettent l’accent sur le changement qui ne serait pas au rendez-vous alors que les analystes de droite pointent du doigt la soi-disant absence du consensus politique et d’une politique «bipartisane» réunissant démocrates et républicains (c’est-à-dire, pour eux, de n’avoir pas gouverné comme un républicain …). Une campagne électorale, c’est entendu, grossit toujours les traits du programme que l’on présente et il est assez facile de trouver des promesses non-tenues au jour d’aujourd’hui ou qui ne seront sans doute jamais tenues. Mais, en l’occurrence, ce qu’on attaque chez Barack Obama c’est de n’avoir pas adopté une ligne politique dure qu’elle soit de droite ou de gauche. On attaque sa volonté de faire une politique centriste et de s’y être tenu en grande partie d’où ses déboires actuels où tout le monde à l’impression d’être grugé. Pourtant, si l’on reprend les dires et les promesses de Barack Obama, ce procès ne peut lui être tenu.

    Cependant, si la réponse à la question posée ci-dessus est non, il faut immédiatement affirmer que le Centrisme nécessite, sans doute, plus que les idéologies clivantes de droite et de gauche, des explications pour que les citoyens ne soient pas désorientés et que, ici, Barack Obama n’a pas assez joué le rôle de pédagogue (même s’il l’a fait) et que les déluges d’insultes et de mensonges qui se sont déversées sur sa personne et son action, indigne d’un vrai débat politique, n’ont pas arrangé les choses, bien au contraire. De même, une certaine suffisance de son Administration et, parfois, du président lui-même les ont, parfois, coupé des citoyens.

    Pourquoi le Centrisme en tant que pensée et pratique n’est pas non plus responsable? Tout simplement parce que l’action de Barack Obama a réellement tenté de réconcilier un pays divisé en faisant une politique équilibrée et en recherchant le consensus par le pragmatisme et sans nier les réalités. Si l’on analyse sa politique et ses prises de position, notamment celles qui, sans relâche, ont demandé une large discussion et un large consensus pour bâtir les réformes, on ne peut pas rendre responsable la politique ni la pratique politique de Barack Obama de ces malentendus.

    De tout cela, il ressort que la tâche qui s’annonce pour Barack Obama risque d’être titanesque. Elle démontre, d’abord, qu’une politique centriste est attaquée par tous les extrêmes ce qui rend sa mise en œuvre extrêmement difficile. Ensuite, que cette politique nécessite une pédagogie forte et continue. Enfin, que celui qui l’incarne doit s’attendre à des attaques aussi virulentes venues de droite et de gauche et doit absolument se préparer à les affronter et à y répondre en n’abandonnant pas le terrain à ses adversaires qui sont d’autant plus nombreux qu’il viennent des deux côtés à la fois. Car, il faut répondre à tout et à son contraire avant que tout et n’importe quoi brouille le message et qu’il soit impossible de remonter le courant. Prenons l’exemple de cette réforme de l’assurance santé. Pour simplifier, on peut dire qu’aujourd’hui elle est vue par le peuple américain comme une réforme de demi-mesures mais néanmoins extrémiste, largement insuffisante pour couvrir les plus pauvres mais néanmoins d’inspiration socialiste, faisant la part belle aux assurances santé mais mettant ces dernières dans des difficultés économiques forte, laissant aux gens le droit de choisir leur assurance mais étant liberticide! Et l’on pourrait faire la même analyse sur la réforme du secteur financier (même si Barack Obama vient de durcir ses propositions devant l’indécence des banques américaines) ou son plan pour créer l’industrie verte du XXI° siècle.

    L’année qui vient sera donc d’une extrême importance pour Barack Obama mais aussi pour cette expérience centriste. Quoiqu’il en soit, celle qui vient de se dérouler est riche en enseignements pour tout homme politique centriste, tout parti politique centriste, qui feraient bien de les prendre en compte pour le futur.

    Alexandre Vatimbella

  • Un an d'Obama à la Maison Blanche: L’Obamisme, une pensée et une pratique centristes

    Véritable phénomène politique et médiatique mondial, Barack Obama est devenu le 44° président des Etats-Unis d’Amérique et le premier afro-américain être élu au poste suprême au soir du 4 novembre 2008 – même s’il est, en réalité métis - et il a pris officiellement ses fonctions le 20 janvier 2009.

    Obama a été élu sur le changement, sur l’espoir d’une meilleure société et sur la volonté de ressusciter un rêve américain qu’il proposait, dans le même temps, de revitaliser et de réactualiser pour l’adapter aux réalités de ce début de XXI° siècle. Et le peuple américain, avide de retrouver un élan et un dynamisme alors qu’une grave crise économique et financière s’est grevée sur une crise identitaire, a choisi le rêve incarné par Barack Obama plutôt que la compétence incarnée par Hillary Rodham Clinton, sa concurrente malheureuse des primaires démocrates, véritable lieu où se jouait l’élection du nouveau président tellement le Parti républicain était alors hors jeu, discrédité aux yeux de l’écrasante majorité de l’opinion publique par le deuxième mandat de George W Bush et sa gestion impopulaire de plusieurs dossiers dont celui de la gestion catastrophique des secours aux victimes de l’ouragan Katrina qui s’abattit sur la Nouvelle-Orléans.

    Barack Obama, que beaucoup d’Américains ont découvert au cours de cette longue et fastidieuse campagne présidentielle qui a duré plus d’un an ce qui ne s’était jamais vu jusqu’alors n’était pourtant pas un total inconnu de la politique. Sénateur de l’Illinois au Congrès des Etats-Unis depuis 2005, il avait été adoubé par les médias lors de la convention du Parti démocrate en 2004 à Boston qui avait intronisé John Kerry comme candidat du parti contre George W Bush. Son discours sur la volonté de dépasser les clivages politiques entre les démocrates et les républicains afin de créer une dynamique bipartisane, voire «post-partisane» - notion assez imprécise mais qui signifie en gros de dépasser les anciens clivages politiques pour créer une nouvelle donne politique où des majorités d’intérêts peuvent se substituer à l’opposition traditionnelle entre deux partis grâce à la vision consensuelle du président - pour reconstruire l’Amérique lui avait attiré des éloges et surtout une énorme attention médiatique.

    Si Barack Obama n’était pas alors une des personnalités démocrates les plus connues - il allait néanmoins devenir la plus populaire très rapidement -, il avait déjà une vision politique très précise. Celle-ci, qu’il qualifiait lui-même de «mainstream of American thinking» (pensée américaine dominante), s’inspirait largement du consensus qui a animé le parcours politique d’Abraham Lincoln mais aussi du progressisme initié à l’orée du XX° siècle par Théodore Roosevelt - premier président à vouloir, entre autres, mettre en place un système d’assurance santé au début du XX° siècle mais aussi celui qui se battit le premier contre les agissements d’un capitalisme financier sans vergogne représenté par les cartels et les monopoles en tous genres -, tous deux présidents républicains faut-il le rappeler, ainsi que du keynésianisme de Franklin Roosevelt et de la «Third way» (troisième voie) de Bill Clinton, deux présidents démocrates. Sans oublier les messages de Martin Luther King d’une Amérique réconciliée sur le plan racial et social et de la pensée de Reinhold Neibuhr, un de ses philosophes américains préférés, dont le message est composé à la fois de réalité et d’espoir, l’individu ayant, selon lui, la capacité de se changer et de changer le monde mais pas de changer de monde et devant donc agir en reconnaissant ces deux paramètres et non à se décourager et à renoncer à l’action.

    Avec ces références, Barack Obama ne peut déroger à gouverner «au centre» ce que le plupart des présidents américains ont fait durant leur mandat mais que George W Bush, plus encore que Richard Nixon ou Ronald Reagan, a refusé en tentant d’imposer une idéologie ultralibérale en matière économique («les riches d’abord» ce qui doit permettre théoriquement, ensuite, d’enrichir les autres), néoconservatrice en matière internationale (l’Amérique a la mission d’imposer sa propre vision de la liberté au monde) et conservatrice chrétienne en matière sociétale (vision d’une société régit par les thèses chrétiennes fondamentalistes allant de la création du monde en sept jours à l’interdiction des recherches sur les cellules souches en biologie en passant par le refus de l’avortement et des thèses darwiniste de l’évolution).

    Mais le nouveau pensionnaire de la Maison Blanche est plus qu’un président modéré gouvernant au centre, c’est un homme du Centre, c’est-à-dire que sa vision politique ressort d’une volonté de mettre en place une société équilibrée pour libérer les énergies par la capacité de chacun à se réaliser lui-même à partir d’une égalité des chances et d’une méritocratie tout en respectant les différences.

    Ainsi, en 2004, interviewé par un journaliste lors de sa campagne pour l’élection sénatoriale sur le fait qu’il était selon beaucoup un libéral de gauche et non un centriste, Barack Obama répondit clairement: «je ne crois pas que vous allez me voir me rapprocher du Centre pour des raisons tactiques car je n’ai jamais eu l’impression de quitter ce qui constitue la pensée dominante dans le peuple américain.»

    De nombreux observateurs avisés des Etats-Unis ou du parcours de Barack Obama concluent au centrisme de Barack Obama comme l’historien français Pierre Mélandri, spécialiste des Etats-Unis qui a déclaré au Monde qu’Obama «est par essence un centriste» et qui a parlé dans le Journal du Dimanche de son «goût pour le centrisme».

    Car, comme l’analyse le journaliste David Olive dans l’ouvrage «An American story / The speeches of Barack Obama», «pour assurer sa nomination en tant que candidat démocrate à la présidentielle, Obama ne s’est pas positionné au centre à la poursuite des électeurs modérés et indépendants pour étoffer le mouvement populaire qu’il avait créé et qui allait de la gauche au centre. Il ne l’a pas fait car si Obama est un progressiste en matière de justice sociale, il est déjà un centriste et absolument pas un anti-guerre, un anticapitaliste ou un anti-establishment.»

    Et le même David Olive rappelle fort opportunément une déclaration du nouveau président qui devrait faire réfléchir tous ceux qui parlent de «trahison» concernant la pratique politique de Barack Obama qui a «commencé sa campagne pour la Maison Blanche avec cet avertissement répété, ‘je vais décevoir certains’. Et lorsque la gauche annonça sa déception une fois qu’Obama fut candidat officiel, Obama réfuta cette ’notion que je vais me rapprocher du Centre’ ajoutant que ‘les gens qui disent ça ne m’ont apparemment pas écouté’. Et c’est grandement vrai. Obama était déjà un modéré.»

    Sur le site américain Politico qui, comme son nom l’indique, est spécialisé en politique, Julian Zelizer, professeur de l’université de Princeton a affirmé récemment sans l’ombre d’un doute que le «Président Obama n’a jamais quitté le Centre. Si vous regarder sa plateforme électorale et sa première année de gouvernance, il est très clair qu’il fait partie de l’ère clintonienne du Parti démocrate. Certains de ses supporters ont toujours soif de plus et ses opposants ont voulu le faire passer pour un socialiste. Mais c’était leur agenda, pas le sien. Je pense que plus les moments de la campagne électorale s’effaceront, plus les Américains auront une meilleure appréciation de qui il est.»

    Alexandre Vatimbella

  • Les six commandements du centriste

    Pour bâtir la meilleure société possible, le Centriste doit mettre en avant six principes politiques de gouvernement.

    - Premier commandement : Le centriste doit fonctionner dans le réel mais ne pas prendre prétexte de sa prégnance pour ne rien changer dans la société.

    Le principe de réalité est un des principes auxquels le Centriste est le plus attaché car il ne se berce pas d’illusion et ne construit pas des paradis sur terre qui ne sont souvent que des enfers totalitaires. Mais cela ne veut pas dire que le monde étant ce qu’il est, la société et les comportements ne peuvent pas être changés et la condition humaine améliorée. La réalité sera toujours plus forte que les chimères humaines qui l’ignorent mais elle sera la meilleure amie de celui qui, s’appuyant sur elle, veut améliorer le monde dans lequel il vit.

    - Deuxième commandement : Le centriste doit être pragmatique pour aller de l’avant et réunir la communauté autour d’un projet fédérateur et réalisable.

    Pendant du principe de réalité, le pragmatisme est une qualité essentielle d’une action politique qui sait que l’important est d’avancer par rapport à l’état de la société et des rapports de force à un moment donné et non de pratiquer un tout ou rien stérile mis en avant par celui qui demeure enfermé dans un schéma de confrontation et qui perd ainsi la capacité d’améliorer la condition humaine par une incapacité de faire la distinction entre compromis, moteur de la démocratie, et compromission.

    - Troisième commandement : Le centriste doit construire une société humaniste par le juste équilibre.

    Le Centrisme étant un humanisme dans cette injonction de mettre l’humain au centre de son projet, celui qui s’en réclame est un ouvrier qui bâtit une société où l’humanisme se traduit par la préoccupation que tous reçoivent les mêmes chances et où chacun peut être ce qu’il est dans sa différence avec l’autre et réaliser effectivement ses potentialités sans autres entraves de permettre à l’autre d’en faire de même le tout dans un respect mutuel.

    - Quatrième commandement : Le centriste doit promouvoir la personne sans oublier l’individu

    Issu d’une communauté, chacun de nous est un individu unique et différent de l’autre, c’est ce qui fonde notre liberté. Mais cet individu ne peut réellement vivre sa liberté que si la communauté lui reconnait le statut de personne en le respectant, en étant solidaire de lui et en le tolérant. L’équilibre entre l’individu et la personne permet de donner le plus de liberté possible dans une sécurité indispensable pour la vivre effectivement, c’est-à-dire en en faisant une personne membre d’une communauté. Cette relation individu-personne est au cœur de l’action du centriste qui doit toujours veiller à ce qu’elle soit réelle, vivante et équilibrée pour éviter que l’individu devienne individualiste et que la personne devienne assistée.

    - Cinquième commandement : Le centriste doit rechercher le progrès mais pas à n’importe quel prix humain et éthique.

    Le centriste est un progressiste dans le sens où il croit que l’on peut améliorer la condition humaine par l’action politique et que la société peut mettre en œuvre ce progrès. Mais il sait aussi qu’au nom du progrès toutes les valeurs peuvent être bafouées. Dès lors, le vrai progrès est celui qui permet de rendre l’individu plus libre et la personne plus en sécurité dans cette relation équilibrée. Dès que cet équilibre est rompu alors le progrès peut devenir liberticide, irrespectueux, intolérant et diviseur.

    - Sixième commandement : Le centriste doit rassembler dans la différence.

    Nous nous ressemblons tous mais nous sommes tous différents. C’est pourquoi nous avons tous des intérêts communs mais aussi que chacun de nous est unique. La société humaniste que veut bâtir le centriste est donc faite d’un rassemblement de toutes ces différences que nous sommes mais qui ont un intérêt commun à agir pour construire un meilleur présent et un meilleur avenir communs. Ce rassemblement des différences autour d’un projet politique est ce que nous appelons le lien social.

    Si le rassemblement tend à nier les différences ou si les différences tendent à empêcher le rassemblement alors l’harmonie est détruite et se forment des sociétés déséquilibrées où soit la machine étatique régente l’existence des citoyens, soit la loi du plus fort est la règle. Dans tous les cas la violence et l’insécurité écrasent les êtres humains et les empêchent d’être individus et personnes.

    Alexandre Vatimbella

  • Pour le Centrisme, il faut changer la société sans changer de société

    Il y a un principe de réalité dans le Centrisme. Il faut s’attaquer à changer le réel de manière pragmatique mais néanmoins volontariste pour le réformer et l’améliorer et non prétendre de manière utopique le changer pour bâtir un soi-disant nouveau monde qui ne pourra que ressembler à l’ancien et parfois en pire. Tâche ardue s’il en est car comme le dit si bien le philosophe Clément Rosset, «il est beaucoup plus difficile – et surtout beaucoup plus courageux – d’améliorer le monde que de le jeter tout entier aux cabinets».

    Le vrai changement, la vraie réforme n’ont donc rien à voir avec un quelconque grand soir. Ils sont durs à mettre en œuvre, ils prennent du temps à produire des effets et ils doivent être équilibrés pour être, comme on le dit maintenant par une formule lapidaire, gagnant-gagnant, pour avoir un sens, c’est-à-dire profiter à tous en donnant à chacun le plus de ce qu’il peut attendre de la société pour bâtir sa vie d’individu libre et responsable dans sa dimension de personne insérée dans une communauté.

    De ce point de vue, il n’est pas inutile de se demander qu’est-ce qui doit demeurer et qu’est-ce qui doit être changé. Et nous devons nous le demander dans une perspective politique c’est-à-dire dans une optique où l’efficacité est le critère premier. Mais, attention, efficacité veut dire que le changement et la pérennité ne peuvent être valides que s’ils profitent à toute la société. Cela ne veut pas dire qu’ils bénéficient directement à tout le monde mais que la structure sociétale qui les incluent, elle, soit la plus efficace possible pour remplir sa mission, rechercher le bien être de toute la population.

    Ainsi, le libéralisme social doit être le cadre des relations entre les personnes. Ce libéralisme social n’est pas le système le plus juste ou le plus moral, il est le système le plus efficace pour assurer le bien être maximum et donc pour mettre en place la meilleure justice possible et être le terreau qui permette aux comportements sociaux moraux de pouvoir s’épanouir.

    Plus prosaïquement, on n’a pas trouvé – et il sera dur de le faire – de cadre qui permette le plus de liberté et le plus de social possible tout en demeurant dans la réalité de l’existence que le libéralisme social. Sans liberté, l’individu demeure un sujet et est incapable de devenir un moteur du progrès notamment en libérant les énergies qui créent des richesses et qui s’appelle la liberté d’entreprendre que ce soit dans le domaine économique, social ou sociétal. Personne n’a inventé jusqu’à maintenant un moteur aussi fort que celui-ci. Bien sûr, la liberté a un prix qui est même très élevé. Elle crée de l’inégalité sociale à parti des différences ontologiques de chaque personne. C’est à ce niveau, et à ce niveau seulement, que la communauté intervient, notamment par son outil, l’Etat, pour introduire de la justice sociale et empêcher les dérives individualistes ou délictueuses. Cette justice sociale, au demeurant, n’est pas morale dans notre vision d’efficacité. Elle est là parce que la mission de la société est d’assurer le meilleur bien être possible de la population tout en garantissant la meilleure sécurité possible de tout un chacun. La redistribution d’une partie des richesses acquises grâce à la liberté procède de cette mission.

    Evidemment, la Droite et la Gauche affirment qu’elles assurent la liberté et qu’elles font de la redistribution sociale. Mais il leur manque l’élément principal et primordial du Centrisme pour rechercher l’équité, le juste équilibre. C’est ici que le Centre fait jouer sa différence et, même, son rôle de point de fixation de toute la vie politique. Et la Droite et la Gauche sont obligées, à leurs corps défendant, de ce rapprocher toujours de ce point sans pour autant s’y rallier vraiment ce qui a pour conséquence des politiques bancales et peu efficaces.

    Dès lors, ce qu’il faut changer, ce n’est pas le jeu lui-même, ce libéralisme social qui sert de référence à notre société aujourd’hui, mais les règles du jeu. Ce sont, par exemple, toutes les entraves à sa réelle existence que ce soit les prébendes données aux puissants que les entraves à l’action et la créativité individuelle. Ce sont tous ces règlements qui ne servent qu’à brider les capacités individuelles ou à empêcher les initiatives collectives qui, in fine, profitent à tous. Ce sont tous ces prélèvements qui nourrissent une hypertrophie de l’Etat et tous ces trous dans les caisses de ce même Etat creusés par les nombreux cadeaux donnés sans aucun fondement à certains groupes de pression. Ce sont tous ces freins à l’égalité des chances mais aussi tous ceux à l’expression des différences. Ce sont toutes ces scléroses de la société mais aussi toute cette fausse «modernité» qui fait oublier les vraies valeurs. C’est cet individualisme égoïste et cette volonté de protection à tous prix égocentrique. C’est l’uniformité réductrice mais aussi le communautarisme régressif. Et l’on pourrait continuer.

    Le but du changement centriste est de bâtir au jour le jour grâce à ses valeurs (liberté, respect, solidarité, tolérance) et à son principe d’action (le juste équilibre) une société meilleure qui profite à tous ses membres. Celle-ci ne sera jamais le paradis sur terre. Car il n’existe pas. Et tous ceux qui ont cru pouvoir le bâtir ne sont parvenus qu’à faire vivre l’enfer à leurs populations…

    Alexandre Vatimbella

  • La légitimité politique du Centre

    Pourquoi la Droite et la Gauche reviennent toujours au centre? Pourquoi tous les gouvernements de droite et de gauche ont tendance à gouverner au centre. Ce n’est pas par hasard, ni par perte du sens de l’orientation. Au contraire. Car la légitimité politique se trouve bien au centre et c’est une évidence que l’attirance centrale soit trop forte pour que les extrêmes puissent s’en affranchir longtemps. Mais ce n’est pas une attirance de renoncement, bien au contraire, c’est la force aimantée de la responsabilité et de la légitimité auxquels sont obligés de revenir tous les idéologues un tant soit peu lucides. Pour gouverner un pays, il ne peut y avoir, sur la durée, qu’une politique qui soit légitime et responsable, une politique équilibrée.

    Dès lors, pourquoi mettre au pouvoir des gens qui proposent des politiques irresponsables et qui divisent la communauté alors qu’il y a des gens qui portent les idées du Centrisme, celle d’une pensée politique responsable et légitime ?

    Evidemment, il y a le syndrome «demain on rase gratis» ou «Père Noël». Les propositions clientélistes et populistes sur l’établissement demain du paradis sur terre sans effort et pour tout le monde sans exception exaltent les populations mais aussi flattent leurs comportements les plus matériels. Avoir beaucoup plus sans se fatiguer plus que ça, voilà qui attire toujours de nombreux électeurs! Mais, ne nous y trompons pas, cette situation existe aussi parce que le Centre est incapable de «vendre» correctement ses idées et que de nombreux opportunistes phagocytent son message.

    L’incapacité du Centre à vendre son message est ancienne. Les centristes ont toujours du répondre aux attaques venues de la Gauche et de la Droite les accusant d’être des mous qui ne prenaient pas partie et dont les idées n’étaient qu’un mélange fade d’idées de gauche et de droite. Et, au lieu, de clamer haut et fort l’originalité de leurs idées et de leur démarche, les centristes ont répondu par des arguments sur leur vision «modérée» (que leurs détracteurs ont tôt fait d’appeler de la mollesse et de l’insipidité), par un profil bas et, surtout, par un complexe d’infériorité qui s’est traduit sans cesse par des rapprochements soit avec la Gauche, soit avec la Droite pour se donner, soi-disant, un peu plus de personnalité. Le centriste honteux ne peut porter un message dynamique, moderne, responsable et légitime, le message du Centrisme. Et ne pouvant le porter, il ne peut convaincre que le message est le bon et qu’il est le meilleur messager pour le mettre en œuvre.

    Mais il ne faut pas oublier tous les opportunistes qui encombrent les salles d’attente des agences pour l’emploi politique et qui pensent que d’être au centre leur donnent plus de chance de parvenir au pouvoir puisqu’ils peuvent plus facilement se déclarer de gauche ou de droite au moment opportun. Les gouvernements de la V° République pullulent de cette race de politiques dont certains, il faut le dire, ont très bien réussi sur le dos du Centre…

    Porter la légitimité politique, c’est-à-dire la seule façon de faire de la politique dans une démocratie représentative, est une mission qui impose un comportement responsable et une fierté que les centristes seraient bien inspirés d’adopter face à leurs détracteurs. Vouloir construire la meilleure société possible où tous y trouvent leur compte en respectant chacun dans une vision humaniste, ce n’est pas honteux. C’est plutôt le contraire qui l’est!

    Alexandre Vatimbella

  • Quel leader pour le centre ?

     

    Y a-t-il un leader naturel et charismatique du Centre? La réponse est non. Et parmi les chefs de partis se réclamant du centre, François Bayrou, Hervé Morin et Jean Arthuis, lequel pourrait prétendre remplir ce rôle? Aucun. François Bayrou aurait pu être l’élu, lui qui a réussi à obtenir un score de 18,57% aux dernières élections présidentielles en tant que candidat de l’UDF. Mais il l’a dit lui-même, il n’est pas centriste et son désormais positionnement à gauche avec le Mouvement démocrate le disqualifie pour être un rassembleur de la famille centriste. Son dauphin d’alors à l’UDF, Hervé Morin tente de se placer pour occuper le siège mais la dépendance quasi-totale vis-à-vis de l’UMP de son parti, le Nouveau Centre, et son propre positionnement au centre-droit (il est plus un libéral qu’un centriste) n’en fait pas actuellement un postulant sérieux. Quant à Jean Arthuis, il répète partout qu’il n’est pas candidat au poste de leader de quoi que ce soit mais il se veut uniquement un réunificateur de la famille centriste. Le parti qu’il a créé, l’Alliance centriste, a d’ailleurs comme slogan le fait de «rassembler les centristes» mais pas de mener une politique centriste. Et puis, n’oublions pas que ses prises de positions en matière économique et financière sont plus proches des thèses d’Alternative libérale, le groupuscule néolibéral, que du MRP et de son centrisme social. De plus, aucun des trois que l’on vient de citer n’a un charisme propre à enflammer les foules…

    Peut-il y avoir un leader caché ou, en tout cas, un qui monte et qui va s’imposer dans les années qui viennent? Si l’on passe en revue les noms des possibles candidats, on s’aperçoit qu’ils sont très peu nombreux au jour d’aujourd’hui. Tout juste pourrait-on citer Jean-Christophe Lagarde, le député du Nouveau Centre de Seine-Saint-Denis et président exécutif du Nouveau Centre ou Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical. Mais pour qu’ils remplissent le rôle encore faudrait-il qu’ils fassent preuve d’une indépendance politique et qu’ils bâtissent un discours centriste clair ce qui n’est pas encore le cas.

    Devant cette absence de figure charismatique, le Centre se trouve peu à même de se réunifier. Evidemment, tout va très vite en politique et il se peut très bien qu’une ou plusieurs personnalités se révèlent d’ici à l’élection présidentielle, Jean-Christophe Lagarde ou Jean-Louis Borloo pouvant en être (et même Hervé Morin), afin de porter une candidature unique du Centre qui soit autre chose qu’un simple témoignage ou qu’une simple volonté d’occuper un espace politique pour récupérer des voix. Si ce n’est pas le cas, les présidentielles de 2012 pourrait bien être une bérézina centriste.

    Peut-on, par ailleurs, dresser une sorte de portrait-robot d’un leader qui serait capable, à la fois, de réunir la famille centriste et de porter une réelle espérance politique auprès de la population. Au-delà des caractéristiques communes à tout chef charismatique, qu’il soit de Gauche, de Droite ou du Centre, celui-ci devra être capable de réaliser un délicat compromis entre les différences tendances centristes afin de bien positionner le parti ou la confédération de parti dont il serait le dirigeant au centre de l’échiquier politique. Reste que la tâche la plus importante sera de présenter un programme afin de réconcilier la France avec elle-même mais aussi avec l’Europe et la mondialisation.

    Réconcilier la France avec elle-même c’est la mettre en face de la réalité pour qu’elle avance et non la laisser dans ses chimères pour qu’elle recule. Et pas seulement sur le plan économique ou diplomatique. Une société qui se réfugie dans l’idéalisation d’un passé n’est plus capable de se prendre en charge et de porter un projet d’avenir aux plans économique, social et sociétal. Réconcilier la France avec elle-même, c’est refonder la démocratie autour des vraies valeurs que sont la liberté, la solidarité et la tolérance dans des institutions rénovées parce que représentatives de l’ensemble de la population. C’est également refonder l’économie autour d’une économie entrepreneuriale de la connaissance dont la finalité innovatrice est de créer les nouveaux produits, seule façon de s’insérer positivement dans une mondialisation et de la cogérer au lieu de la subir. Cette refondation doit s’accompagner d’une véritable pédagogie et d’une indispensable légitimation par l’ensemble de la population. Sinon, elle sera encore vécue comme une agression quel que soit sont bien-fondé.

    Cette tâche est immense. Elle va bien au-delà des échéances électorales. Cette réconciliation ne se fera pas en cent jours, ni en 110 propositions… Mais elle se fera avec – et non pas sans ou, pire, contre – toutes les Françaises et tous les Français qui veulent – comme dans d’autres pays démocratiques – participer à leur présent et à l’avenir qui se construit pour leurs enfants. C’est la première chose que doit comprendre le prochain leader légitime du Centre. Il devra être porteur d’un vrai projet pour le pays. Et il devra avoir le courage de gouverner en expliquant la réalité de la situation de la France mais aussi les formidables potentialités qu’elle possède et qui ne demandent qu’à s’exprimer.

    Un tel programme doit s’inspirer de ce juste équilibre indispensable pour construire cette société du respect, de la solidarité et de la tolérance que tous les grands leaders centristes ont porté et que le Centrisme de ce nouveau millénaire doit incarner absolument tel qu’un Barack Obama, par exemple, essaye de le faire aux Etats-Unis. Un tel leader existe-t-il aujourd’hui en France?

    Alexandre Vatimbella

     

  • Entre «plus» et «mieux», le Centrisme choisit toujours le «mieux»

    «Mieux» devient à la mode en politique et à tendance à remplacer «plus». Ce n’est pas pour déplaire aux centristes qui ont toujours été des adeptes inconditionnels du «mieux» face au «plus». Car le «mieux» ressort d’une expertise politique cohérente et responsable alors que le «plus» n’est souvent issu que d’une arrière-pensée électoraliste où l’on prend des mesures populistes afin de contenter superficiellement et conjoncturellement des groupes dont on veut s’attacher les faveurs au préjudice de la communauté.

    Beaucoup d’hommes et de femmes politiques font souvent croire qu’en donnant «plus» on fait «mieux». Or, non seulement c’est une solution de facilité mais c’est un principe totalement erroné. Non pas que «plus» ne soit pas parfois justifié mais «mieux» est toujours plus pertinent. Car si «plus» ne signifie pas toujours «mieux», «mieux» signifie toujours «plus», c’est-à-dire une avancée positive de la situation que l’on veut améliorer. Dès lors, avant de donner «plus», il faut s’atteler à faire «mieux».

    Bien évidemment, il ne faut pas faire une mauvaise interprétation de l’opposition entre «mieux» et «plus». Le «mieux» inclut toujours le «plus», c’est-à-dire une valeur ajoutée alors que le «plus» n’inclut pas forcément le «mieux» c’est-à-dire une amélioration qualitative et, in fine, une quelconque amélioration.

    Une des meilleures analogies pour expliquer la différence fondamentale entre ces deux concepts vient de notre alimentation. Manger plus n’améliore pas toujours la santé alors que manger mieux, oui.

    Mais on aussi en prendre d’autres. Gagner plus d’argent n’a pas beaucoup d’intérêt si, en même temps, les impôts et l’inflation augmentent et grignotent de pouvoir d’achat. Ce dernier peut donc s’améliorer en gagnant mieux, c’est-à-dire si l’augmentation des revenus se déroule dans une situation économique et fiscale est stabilisée. Ainsi, on peut se permettre de faire une augmentation de salaire moindre tout en faisant une augmentation du niveau de vie plus importante.

    De même pour les dépenses publiques. Dépenser mieux, c’est dépenser le juste prix pour le meilleure résultat possible et non dépenser le plus qui aboutit souvent à une gabegie.

    En matière de maladie, ce n’est pas plus de soins qui est la principale recherche d’un système de santé efficace mais de donner de meilleurs soins qui permettent de vaincre au mieux l’affection. Certains diront que pour avoir de meilleurs soins, il faut plus de soins. C’est totalement faux. Si les soins uniquement utiles étaient d’une qualité optimum, on n’aurait pas besoins d’en donner plus qu’il n’en faut. Or, c’est parce que la qualité fait parfois défaut que l’on est obligé de donner plus de soins afin de palier à la déficience qualitative.

    Autre exemple, ce n’est pas en construisant le plus de kilomètres d’autoroutes que l’on rend la communication entre les différentes régions du pays meilleure mais en organisant au mieux le réseau routier ce qui ne passe pas forcément par un allongement du réseau autoroutier.

    Dans la gestion de l’appareil étatique, ce n’est pas de recruter le plus de fonctionnaires possible mais de mieux les recruter, de mieux les former, de mieux définir leur mission et de mieux leur assurer la possibilité de faire leur travail au mieux qui permet de l’optimiser en matière de ressources humaines.

    Du coup en faisant mieux, on donne plus à la population en termes de qualité de vie et d’efficacité tout en évitant de jeter l’argent par les fenêtres.

    Le Centrisme a toujours préféré le «mieux» au «plus» parce qu’il sait que l’organisation et la gestion de la société doit se faire d’abord sur des critères qualitatifs et non quantitatifs. Ainsi, une politique doit d’abord définir ce qui est mieux avant de donner plus. Or, souvent, on donne plus en essayant en ensuite de faire en sorte que ce soit mieux. Une erreur qui aboutit à un gaspillage et à un mécontentement de ceux qui en pensant avoir plus espéraient être mieux ce qui n’est pas le cas.

    Le principe même du juste équilibre, pierre angulaire du Centrisme est de faire «mieux» pour tous face aux extrémismes de droite et de gauche qui prônent le «plus» pour leurs clientèles électorales.

    Le théorème «plus n’amène pas forcément un mieux alors que mieux est forcément un plus» dont nous avons parlé plus haut doit donc guider l’action de ceux qui se réclament du Centrisme. Bien évidemment, le «mieux» nécessite la mise en place d’expertises ainsi que de règles de bonne gouvernance. Car il ne doit surtout pas devenir un cache-misère où on prônerait une qualité hypothétique pour éviter de faire la juste dépense.

    Alexandre Vatimbella