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arnold toynbee

  • Bayrou, son projet, ses ambitions et le Centrisme

    Le François Bayrou de 2012 devrait se caractériser, selon ses propos dans les médias, par un recentrage (que l’on espère sincère), de bonnes idées et des valeurs essentielles. Mais tout cela pourrait ne servir à rien car sa stratégie demeure très aléatoire et son hubris - malgré sa repentance après les résultats électoraux calamiteux de son parti – est toujours prégnant et pourrait causer sa perte.

    D’autant que s’il ne parvient pas à s’imposer l’année prochaine, son avenir politique, en tout cas, son futur présidentiel risque d’être définitivement de l’histoire ancienne.

    Le Centre, c’est un humanisme intégral qui fait de la personne (l’individu responsable, doté de droits et de devoirs, dans une société solidaire au lien social solide) l’alpha et l’oméga de toute politique. François Bayrou croit, sans conteste, à ces valeurs centristes essentielles que sont la liberté, la solidarité, la tolérance et le respect.

    - Le Centre est indépendant et doit absolument le demeurer (ou le redevenir…). François Bayrou défend cette indépendance incontournable et non-négociable si les centristes veulent réellement porter leurs valeurs et leur projet afin de les faire triompher.

    - Le Centre doit rassembler autour de lui et non être une simple force d’appoint soit de la Gauche, soit de la Droite. François Bayrou est sur cette ligne, la bonne et la seule capable de mettre en place une vraie politique équilibrée dont la France a besoin dans une Europe unie et afin qu’elle ait toute sa place dans une mondialisation qu’il serait suicidaire de nier et de rejeter.

    - Le Centre doit proposer un projet politique responsable, innovant et visionnaire. François Bayrou n’en est pas très loin.

    Mais si son obsession d’un système éducatif performant et rénové est à mettre à son crédit, sa volonté de réindustrialiser la France à tous prix est beaucoup plus contestable, surtout, bien moins atteignable que l’investissement dans les nouvelles activités (qu’elles soient dans l’agro-alimentaire, l’industrie ou les services), l’innovation et la création. On peut certes récupérer un certain nombre d’activités délocalisées (et il ne faut pas s’en priver) mais, d’une part, toutes les activités ne sont pas intéressantes à récupérer et d’autre part, beaucoup ne le seront jamais. Et puis, comment imaginer que les Français soient prêts à payer des produits beaucoup plus chers pour cause de relocalisation alors même que leur pouvoir d'achat s'est effrité?!

    Quant à son obsession de l’équilibre budgétaire, il a mis de l’eau dans son vin, sachant que s’il défend la «règle d’or» (qu’il aurait voulu plus contraignante) et des coupes budgétaires importantes, il sait aussi que la politique qu’il veut mettre en place nécessite des mesures qui ont un coût. Notamment celle qu’il prône, cette aide nécessaire aux PME pourvoyeuses d’emplois et de richesse nationale.

    - Le Centre n’est pas un positionnement de circonstance. On aimerait dire que François Bayrou le pense mais on n’en est pas sûr. Son éloignement de la galaxie centriste de 2007 à 2010 ne plaide pas en faveur de la sincérité de ses serments de fidélité récents.

    - Le Centre, selon Bayrou, gagnera tout seul en rameutant autour de lui et de l’homme providentiel (a.k. François Bayrou himself) permettant de créer une improbable «union nationale» (2007) ou une tout aussi improbable «majorité centrale» (2011) réunissant de Dominique de Villepin à Ségolène Royal en passant par Jean-Louis Borloo, Hervé Morin ou Emmanuel Valls.

    François Bayrou veut faire croire qu’il croit dur comme fer à ce rassemblement sans queue ni tête mais qui lui permet de montrer qu’arithmétiquement sa stratégie est réalisable... Ce qui est une erreur voire une faute politique en analysant les forces politiques de la France, actuellement. Sauf à espérer secrètement que le pays ne plonge dans une crise majeure, extrêmement grave pour la démocratie et son avenir, rabattant les cartes et imposant des unions, ce qu’aucun responsable politique digne de ce nom ne peut espérer afin de booster son propre destin présidentiel…

    La bonne stratégie, c’est se battre pour ses idées, sa vision, son projet politiques et nouer, si nécessaire (et ça l’est), les alliances pour gouverner en imposant la plupart de ses vues si l’on est le partenaire le plus fort, en imposant des mesures emblématiques si l’on est le partenaire du plus fort.

    Au jour d’aujourd’hui, François Bayrou doit d’abord convaincre qu’il a l’étoffe d’un présidentiable crédible et que son projet politique permet de faire face aux défis actuels en matière économique, sociale, sociétale et internationale. S’il est en tête des intentions de vote ou s’il est dans le duo du second tour de la présidentielle, les rapprochements se feront par rapport à sa crédibilité personnelle et politique et non sur un concept fumeux.

    Enfin, on ne peut s’empêcher en lisant et en écoutant les propos de François Bayrou de lui demander de cesser de jouer au moralisateur en chef qui distribue les bons points de vertu. Le sage sait bien qu’il faut d’abord commencer par soi-même avant d’accabler les autres.

    Qu’il se rappelle que l’hubris a fait disparaître des civilisations comme l’expliquait le grand historien américain Arnold Toynbee et a détruit des destins personnels…

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme