Le Centrisme dans le monde en 2016. Nouvelle présidence centriste aux Etats-Unis?
Nombre d’événements qui se dérouleront dans le monde en 2016 concerneront les centristes directement (comme des élections présidentielles ou législatives) ou par ce qu’ils représentent dans leur combat (comme l’éventuel référendum organisé en Grande Bretagne pour ou contre l’union européenne).
► Election présidentielle aux Etats-Unis (8 novembre)
L’événement le plus important (programmé) pour les centristes sera l’élection présidentielle américaine.
Pour quatre raisons:
- les Etats-Unis sont la première puissance du monde;
- C’est la plus vieille démocratie républicaine sur terre;
- Une centriste, Hillary Clinton, en est la favorite;
- Elle terminera l’ère d’un autre centriste emblématique, Barack Obama.
On pourrait rajouter une cinquième raison, la possibilité de voir un populiste démagogue dangereux être à la Maison blanche (Donald Trump) ou un représentant de l’extrême-droite, champion de l’organisation extrémiste Tea Party (Ted Cruz), qui, évidemment, remettraient en cause, comme ils l’ont annoncé, toutes les mesures prises par Barack Obama mais, également, menaceraient l’esprit même de la démocratie américaine basée sur le compromis et le consensus, déjà mis à mal depuis quelques années.
Toujours est-il que les premières primaires tant démocrates que républicaines vont bientôt avoir lieu.
Cela va permettre de jauger les forces en présence et d’éliminer quelques candidats, surtout du côté républicain où leur nombre continue à baisser après le retrait de l’ancien gouverneur de l’Etat de New York, George Pataki, un conservateur modéré.
En outre, l’heure de vérité va sonner pour Hillary Clinton qui devra assumer son rôle de favorite tout en essayant de donner une image plus positive à beaucoup d’Américains qui, s’ils reconnaissent en elle la candidate la plus qualifiée pour s’assoir dans le bureau ovale, ne l’apprécient guère comme personne.
►Brexit (septembre?)
La Grande Bretagne va-t-elle décider de sortir de l’Union européenne?
Paradoxalement, les européens convaincus, dont les centristes font évidemment partie, souhaitent qu’elle y demeure et qu’elle en sorte, en même temps!
Car une Union européenne sans le Royaume Uni serait une défaite cuisante de l’idée d’une Europe unie.
Mais, dans le même temps, ce serait une victoire régénérante car les Britanniques ont tellement ralenti la marche vers une vraie Union européenne que leur sortie pourrait augurer d’une reprise de l’intégration et d’une revitalisation de l’idée fédéraliste, chère aux centristes.
Le référendum que David Cameron doit organiser si ses demandes (abusives) qu’il a faites à l’UE ne sont pas prises en compte, pourrait avoir lieu en septembre 2016.
Pour l’instant, les partisans de chaque camp sont plus ou moins à égalité.
Le populisme ambiant tire vers une sortie de l’UE alors que les milieux d’affaires et l’ensemble du monde économique espèrent le maintien dans l’Europe.
Rappelons que les centristes britanniques, les Libéraux-démocrates, sont des partisans militants du maintien du pays dans l’Union européenne.
► Des élections intéressantes pour les centristes
Comme tous les ans, de multiples élections auront lieu dans le monde.
Celles que les centristes suivront avec le plus d’attention, soit parce qu’ils ont des chances de bien y figurer, soit parce que des mouvements centristes pourraient s’y révéler, se dérouleront au Portugal (présidentielle) après des législatives de fin 2015 qui ont vu la victoire électorale du centre-droit mais sans majorité absolue puis sa défaite pour occuper le pouvoir après qu’une coalition gouvernementale gauche-extrême-gauche se soit formée, en Autriche (présidentielle), en Bulgarie (présidentielle), en Russie (législatives), en Irlande (législatives) où généralement ce sont le centre-droit et le centre-gauche qui dominent la scène politique, en Tunisie (municipales) où il est important que le processus démocratique continue à se développer dans le seul pays où le «printemps arabe» a été un succès (mouvement qui est parti d’ailleurs de Tunisie), en Roumanie (législatives), en Australie (législatives), au République démocratique du Congo (législatives et présidentielle) et au Pérou (législatives et présidentielle).
► La place du Centre dans nombre de pays
En 2015, plusieurs pays ont (re)découvert qu’ils avaient un Centre, soit qu’il ait été en hibernation, comme en Espagne ou au Canada, soit qu’il se soit révélé à l’occasion d’une refonte du paysage politique, comme en Grèce ou en Argentine.
Si, dans certains pays, la dynamique électorale a permis aux partis centristes de parvenir au pouvoir seuls ou dans une coalition, dans d’autres, cela n’a pas été le cas.
Sans oublier les échecs comme en Grande Bretagne ou en Pologne qui ont écarté les centristes d’un pouvoir qu’ils exerçaient seuls ou en coalition.
C’est bien évidemment dans les pays où ils sont une force émergente sans être au pouvoir et dans ceux où ils ont subi un revers que se pose la question de la place des partis centristes.
En Espagne, par exemple, Cuidadanos, avait averti, bien avant les législatives, qu’il ne participerait pas à une coalition gouvernementale à moins d’en être le parti dominant, ce qui n’est pas possible puisqu’il est arrivé en quatrième position.
Mais son leader, Alberto Rivera, a également déclaré qu’il laisserait le parti de droite, le Parti populaire, former un gouvernement minoritaire.
Il est selon lui légitime à le faire puisqu’il est arrivé en tête des législatives de décembre.
Toujours est-il que rien n’est réglé en Espagne où la formation d’un nouveau gouvernement est bloquée (aucun parti n’ayant eu la majorité absolue), tout étant donc encore négociable.
Mais il ne faudrait pas qu’en Espagne ou ailleurs, les centristes s’allient n’importe comment avec n’importe qui.
L’exemple britannique le démontre avec un Parti libéral-démocrate qui, en s’alliant avec les Conservateurs de David Cameron après les législatives de 2010, a renié toutes ses promesses électorales, pire son âme européenne.
Pour cela, il a été lourdement sanctionné aux élections législatives de 2015 alors que certains voyaient en lui une force émergente qui pourrait s’imposer comme parti leader ou tout au moins égal aux Conservateurs et aux Travaillistes.
►Le lutte contre le terrorisme et l’islamisme
Le renforcement de la lutte contre le terrorisme et l’islamisme sera une des principales préoccupations dans le monde, notamment dans les démocraties républicaines.
Les partis centristes prendront évidemment leur part dans cette lutte.
Ils devront faire en sorte que la démocratie soit préservée mais qu’elle puisse également se défendre efficacement sans tomber dans un laxisme venu de l’extrême-gauche et de la gauche de la Gauche mais sans se rallier aux mesures les plus dures de l’extrême-droite et de la droite radicale.
Alexandre Vatimbella
Voir le site Le Centrisme