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etats-unis - Page 17

  • 2010-2011: L’état du Centre dans le monde


    L’année 2010 a été une année mitigée pour les courants centristes dans le monde. Victoires, défaites, difficultés et espoirs ont traversé les différentes formations centristes. 2011 s’annonce sur le modèle de sa devancière avec des restructurations en cours et des difficultés pour les centristes au pouvoir.

    En France, le Centre demeure morcelé et les centristes alliés à la Droite dans la majorité présidentielle ont perdu de leur influence depuis la formation d’un gouvernement dont ils sont largement exclus.

    L’année 2011 sera une année cruciale pour le Centre qui va devoir préparer un projet politique, préparer sa refondation et démontrer sa capacité à proposer une alternative en vue des présidentielles et des législatives de 2012. Et si tous les centristes s’accordent sur l’importance de cet agenda, bien peu sont capables d’en prédire une issue positive pourtant indispensable pour son avenir à court et moyen terme.

    En Grande Bretagne, les centristes ont fait une percée aux élections législatives de mai 2010, ce qui leur a permis de revenir au pouvoir et de former un gouvernement de coalition avec les conservateurs, raflant au passage le poste de vice-premier ministre pour leur leader, Nick Clegg. Mais les mesures impopulaires du gouvernement et la crise économique ainsi que les voltes-faces par rapport aux promesses de campagne ont coûté cher puisque les Libéraux démocrates ont des sondages d’intentions de vote et de popularité catastrophiques.

    L’année 2011 s’annonce difficile pour les centristes britanniques car le redressement de l’économie prendra encore du temps alors que les mesures impopulaires vont produire encore des difficultés dans la vie quotidienne.

    Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama, a perdu les élections de mi-mandat qui ont permis aux républicains de remporter une forte majorité à la Chambre des représentants. De même, les centristes, à la fois dans le Parti démocrate et dans le Parti républicain, ont été laminés le plus souvent et leur poids tend à diminuer. Paradoxalement, les électeurs qui ont élu des représentants de plus en plus polarisés, à droite comme à gauche, veulent un consensus, des politiques bipartisanes et une vision centriste du gouvernement du pays. De même, un nouveau mouvement, «No labels», réunissant démocrates et républicains modérés, a vu le jour et pourrait jouer un rôle politique au cours de l’année 2011 et plus certainement 2012.

    L’année 2011 sera compliquée pour Barack Obama et son centrisme mais les victoires législatives au Congrès remportées à l’arraché au mois de décembre, avec le vote d’importantes mesures, permettent de penser que le président américain n’a pas dit son dernier mot et que ceux qui l’ont enterré se sont quelque peu avancés. D’autant qu’il demeure la personnalité la plus admirée des Américains et l’homme politique le plus populaire. Les sondages en vue de la présidentielle de 2012 le donne, pour l’instant, gagnant quelque soit son adversaire.

    En Allemagne, du fait de la radicalisation des Libéraux, c’est au sein de la CDU que vit le centrisme actuellement. Ce qui, en soi, n’est guère étonnant puisqu’il s’agit, à la base, d’un parti démocrate-chrétien. Pour autant, celui-ci est traversé de courants dont certains se situent à la droite de la Droite.

    Le centrisme de la chancelière Angela Merkel a été ainsi dénoncé au cours de l’année 2010 par une partie de la CDU. Et après avoir résisté à cette offensive, elle a tout de même cédé, suite à des revers électoraux d’importance notamment dans les élections régionales, et a musclé son discours face à l’immigration clandestine et, surtout, en déclarant que le modèle d’intégration des immigrés – clandestins ou non – avait été un échec total.

    En 2011, la bonne tenue de l’économie, dopée par les exportations et un redécollage de la consommation des ménages allemands, devrait permettre à Angela Merkel de retrouver de la sérénité à moins que la crise de l’euro qui empoisonne le débat politique en Allemagne, ne vienne créer des interférences dans un paysage politico-économique assez favorable à la chancelière.

    Au Japon, l’expérience centriste est tout sauf un long fleuve tranquille. Après un pouvoir sans partage de la Droite depuis l’instauration de la démocratie suite à la défaite de 1945, la victoire du Parti démocrate du Japon (PDJ, centriste) de Yukio Hatoyama en 2009 avait été un grand moment d’espoir pour revitaliser une organisation politique du pays sclérosée et touchée par de nombreux scandales.

    Mais l’année 2010 a été un désenchantement pour les centristes japonais qui sont tombés, eux aussi, dans la division et le manque de confiance de la population envers ses élites politiques. Du coup, Yukio Hatoyama, le Premier ministre, mais aussi Ichiro Ozawa, le président du PDJ, ont démissionné, notamment pour n’avoir pas tenu leurs promesses électorales, en particulier pour la récupération auprès des Américains de l’île d’Okinawa occupée depuis la fin de la guerre.

    En 2011, Le nouveau Premier ministre centriste, Naoto Kan, va devoir gouverner dans une situation difficile avec la montée en puissance de la Chine et la crise nord-coréenne.

    En Italie, le Centre se cherche toujours face à Berlusconi. Une tentative de renverser le gouvernement à la fin 2010 a échoué par la défection de quelques députés de la droite anti-Berlusconi et de la gauche. En 2011, la situation politique du pays devrait être tendue mais personne ne peut prédire si la fin politique tant de fois annoncée de Silvio Berlusconi sera une réalité. Si c’est le cas, les formations centristes devraient avoir un rôle à jouer dans une nouvelle majorité.

    En Inde, le Parti du Congrès (centre gauche) a gagné les élections et il devrait continuer à gouverner en 2011 malgré différents scandales de corruption, notamment celui sur la vente à des amis du ministre des télécommunications des nouvelles licences de téléphonie mobile. A l’intérieur du parti, les tendances centristes sont, pour l’instant, les plus influentes même si l’incapacité du pays à réduire drastiquement le nombre des plus pauvres relance à périodes répétées un débat sur un retour en force de l’interventionnisme étatique qui n’a jamais réellement cessé. Mais le Premier ministre, Manmohan Singh, fort de la belle croissance du pays, continuera à libéraliser l’économie et la société en 2011 pour en faire de l’Inde une puissance qui compte face à son voisin qui l’inquiète beaucoup, la Chine.

    Au Brésil, le Centre a été battu aux élections présidentielles par le Parti des travailleurs au pouvoir (gauche). Le président Luiz Inacio Lula da Silva ne pouvant être réélu, c’est sa candidate, Dilma Rousseff qui est devenue la première femme présidente du pays devant le candidat centriste, Josè Serra. Avec la popularité de Lula (qui pourrait se représenter à la prochaine présidentielle) et la croissance économique, le parti au pouvoir qui oscille entre gauche et centre-gauche ne devrait pas être menacé au cours de l’année 2011.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • 2010: Barack Obama, centriste dans ses bottes


    Barack Obama, en à peine deux ans de pouvoir (qui seront fêtés le 20 janvier prochain), a déjà été divinisé autant de fois qu’il a été enterré dans la fosse commune des idoles déchues… La dernière période de ces retournements autant incongrus que stupides des médias et de l’opinion publique aux Etats-Unis et dans le mondes s’est déroulée entre le 2 novembre et le 25 décembre.

    Le lendemain de la défaire du Parti démocrate aux élections de mi-mandat, le cercueil est prêt. Pour certains, c’est même dans un vulgaire sac qu’il faudrait balancer Obama dans les poubelles de l’histoire. Et ceux-ci ne sont pas seulement à l’extrême-droite mais se trouvent également du côté de la gauche radicale.

    La cérémonie lugubre de l’enterrement va s’ouvrir lorsque les victoires s’accumulent pour le président des Etats-Unis au Congrès pendant la période de Noël avec le vote de plusieurs mesures législatives tout aussi emblématiques qu’importantes.

    Dans le même temps, les économistes américaines parlent d’une possible croissance beaucoup plus forte en 2011 grâce aux plans de relance et de soutien à l’économie mis en place par la Maison blanche ainsi que du compromis trouvé entre le président et les élus républicains sur les baisses d’impôts et les allocations chômages pour les demandeur d’emploi de longue durée en fin de droit.

    Barack Obama est mort, vive Barack Obama!

    Médias et opinions publiques louent à nouveau les capacités de rebond de ce président décidément imprévisible. En réalité, ce n’est pas son imprévisibilité qui est la cause du ridicule des commentateurs mais leur incapacité à prendre la mesure d’un homme (et certainement pas d’un surhomme…) qui ne fait que faire ce qu’il a dit qu’il ferait et qui s’y tient globalement.

    Car Barack Obama, avant d’être un homme de réformes, est un homme de méthode. Et la méthode Obama est bien connue, il faut proposer puis discuter et prendre une décision dans le consensus, c’est-à-dire avec les compromis nécessaires pour contenter le plus de personnes possibles (et non tout le monde comme le disent certains, ceci étant toujours impossible).

    A la décharge de ces commentateurs frappés de cécité, il faut dire que les républicains – qui avaient bien pris la mesure d’une méthode qui risquait de les renvoyer dans les limbes oppositionnelles pour huit ans au moins – ont décidé de jouer le pire et l’affrontement dur sans aucune concession, une posture qui n’a évidemment pas permis de mettre en œuvre cette méthode. Car, pour parler et faire des compromis, il faut être au moins deux.

    Toujours à la décharge de nos commentateurs, le Parti démocrate a également joué un rôle dans le refus du compromis, s’estimant légitime avec ses majorités au Sénat et à la Chambre des Représentants de faire ce qu’il avait envie de faire sans besoin de se rallier des élus républicains.

    Enfin, les mouvements d’extrême-droites et populistes ont lancé, grâce à des généreux donateurs et propagandistes (comme Rupert Murdoch, propriétaire, entre autres, de la chaîne radicale de droite, Fox News), des attaques violentes et puantes contre le président des Etats-Unis, pires que celles que Clinton avaient eues à subir lors de sa présidence, pires même que celles qui avaient été menées comme Franklin Roosevelt ou Harry Truman.

    Cependant, de son côté, Barack Obama est demeuré centriste dans ses bottes.

    Même s’il a été agacé par les insultes outrancières dont il était l’objet ainsi que de la désinformation qui frappait chacune de ses initiatives, il a continué et il continue à promouvoir la discussion, le consensus et le compromis pour faire avancer les réformes dont les Etats-Unis ont besoin face aux énormes défis qui se présentent aux pays en ce début de XXI° siècle.

    Car, l’entière posture de Barack Obama est centriste. Bien entendu, certaines de ses positions sont plus à gauche, mais d’autres sont plus à droite, ce qui permet d’ailleurs à la Droite et à la Gauche leurs attaques.

    Dans les deux années qui lui restent pour terminer son premier mandat, Barack Obama va devoir gérer une situation qui ne devrait pas le gêner par rapport à ses convictions politiques. Evidemment, tout dépendra de ceux qui voudront discuter et gouverner avec lui. Néanmoins, au jour d’aujourd’hui, rien n’est venu contredire cette constatation simple: Barack Obama est profondément centriste. Comme il l’a toujours écrit. Comme il l’a toujours dit.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Y a-t-il un «nouvel Obama»?


    La «raclée» prise lors des élections de mi-mandat par son parti, le Parti démocrate, a-t-il fait naître un nouvel Obama? Est-ce celui dépeint par certains commentateurs, un homme qui se serait recentré, qui serait moins arrogant et plus concerné par la politique politicienne mais aussi par le quotidien de ses compatriotes – notamment le grave problème du chômage - plutôt que par les grands projets pour modeler une Amérique du XXI° siècle.

    Il est certain que Barack Obama a changé de stratégie. Ce qui semble normal lorsque l’on perd une élection et avec autant de marge que celle-ci. Il ne peut plus avancer avec une majorité dans les deux chambres du Congrès (le Parti démocrate n’étant plus que majoritaire au Sénat et nettement minoritaire, désormais, à la Chambre des représentants). Donc, ses projets, notamment en matière d’emplois verts et de lutte contre le réchauffement climatique, ne pourront pas être adoptés au cours des deux prochaines années et certaines de ses réformes pourraient être écornées, comme celle de l’assurance maladie.

    De même, Barack Obama doit se faire plus accommodant dans le discours mais aussi dans les actes vis-à-vis des républicains car ils ont gagné les élections et en démocratie il est évidemment que l’on doit respecter la volonté des urnes.

    De plus, et on l’a bien vu ces derniers jours, le président des Etats-Unis a adopté un ton plus ferme et plus conquérant (plus populiste?) car il doit maintenant se battre contre une majorité républicaine à la Chambre des représentants qui ne compte lui faire aucun cadeau, certains nouveaux élus représentants et sénateurs de droite ayant même affirmé que le but premier de leur parti était de faire en sorte qu’il ne soit pas réélu en 2012. Mais il devra aussi batailler contre la gauche du Parti démocrate qui estime qu’il vaut mieux une confrontation avec les républicains de la droite dure afin de ressouder la base électorale du parti et montrer aux Américains que le Parti républicain est bien la formation du «no» et est incapable de gouverner.

    Il y a donc un nouvel Obama dont on pourra voir encore mieux les contours au début de 2011 lorsqu’il aura remanié assez profondément son équipe à la Maison blanche et lors de son discours sur l’état de l’union courant janvier.

    Cependant, il serait faux de dire que Barack Obama s’est recentré et qu’il est obligé de tendre la main aux républicains. Car, depuis sa campagne électorale de 2007-2008, Barack Obama s’est situé au centre de l’échiquier politique et il n’en a pas bougé malgré les allégations de la Droite et les récriminations de la Gauche. Depuis son élection, il n’a pas cessé de tendre la main à des républicains qui l’ont systématiquement  refusée en jouant l’obstruction maximum au Congrès et ont lancé des campagnes malveillantes et mensongères sur la personne du président américain et sur sa politique.

    Pour analyser correctement cette stratégie, Il faut bien comprendre le désarroi et l’angoisse qui ont submerger le Parti républicain au sortir de l’élection présidentielle de 2008 ainsi que ses réflexes haineux qui datent, eux, des attaques contre Bill Clinton dans les années 1990 (repris ensuite avec succès par Karl Rove, conseiller de George W Bush) même si des hommes comme Franklin Roosevelt, dans les années 1930, et Harry Truman, dans les années 1950 avaient été, eux aussi, victimes de campagnes calomnieuses. La défaire cuisante de 2008 après une fin de mandat délétère de George W Bush indiquait que le Parti républicain allait sans doute demeurer dans l’opposition pour une longue traversée du désert tant la donne semblait avoir changé dans le pays.

    Dès lors, la seule politique républicaine a été celle de la terre brûlée. Et elle a marché. Si elle a si bien fonctionné c’est sans doute parce que Barack Obama a cru, lui aussi, que la voie était dégagée pour un bon bout de temps de la menace républicaine mais aussi parce que la situation économique ne s’est pas améliorée au cours des deux premières années de son mandat, ce qui était prévisible et qu’il avait d’ailleurs annoncé aux Américains après la «Grande Récession» de 2008-2009. Et ces derniers, au lieu de donner crédit à Obama pour avoir évité une catastrophe pire que la Grande dépression des années 1930 avec ses mesures de soutien à l’économie du pays, n’ont vu que le taux de chômage monter.

    Le terrain était alors mûr pour que les attaques les plus virulentes et les plus basses (sur la nationalité d’Obama, sur sa religion, sur ses soi-disant problèmes psychiatriques, sur son incompétence et ainsi de suite, le tout en le comparant à Hitler et Staline!) qui ont eu un impact certain sur une partie de l’électorat et pas seulement la plus à droite. Et comme la gauche du Parti démocrate n’a pas été en reste en faisant procès d’intention sur procès d’intention à son encontre, Barack Obama s’est retrouvé sous les feux de critiques croisées d’une importance qu’il n’avait sans doute pas imaginée alors que quelques mois auparavant certains n’hésitaient pas à en faire un dieu vivant…

    Tout ceci démontre, une fois de plus, la difficulté qu’il y a d’être un centriste. On mécontente les extrêmes et ceux-ci, dans une alliance objective, tentent de détruire ce qui est, pour elles, une menace majeure en cas de succès pour leurs politiques clientélistes. Sans doute que Barack Obama l’a compris, malheureusement un peu trop tard pour réagir avant ces élections. Son nouveau ton semble le confirmer.

    Il est évidemment difficile de dire ce que seront les deux années qui viennent et s’il pourra gérer une situation difficile au plan politique mais aussi économique et sociale avec des ennemis un peu partout. Néanmoins, les capacités du président américain peuvent lui permettre de remonter la pente.

    Surtout qu’un dernier sondage indique que les Américains sont en faveur des dernières mesures qu’il a prises (en particulier sur les baisses d’impôts et le rallongement des indemnités chômages) et qu’ils le considèrent comme un homme aux grandes qualités humaines même si, pour l’instant, ils doutent qu’il ait celle d’un chef d’Etat. Mais ceci n’est pas une surprise le lendemain d’une défaite électorale cuisante.

    Reste que les intentions de vote pour 2012 sont un motif d’optimisme pour lui. Ainsi, il l’emporterait 47%-42% contre Mitt Romney, le favori actuel des primaires républicaines et écraserait Sarah Palin, 55%-33%. A noter que cette dernière est, au mois de novembre, la personnalité politique la moins aimée des Américains. Tout n’est donc peut-être pas perdu de l’honneur US!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Ce que la défaite de Barack Obama peut nous apprendre sur la pratique centriste de gouvernement


    La défaite est dure même si elle aurait pu être pire Voilà l’enseignement premier que les démocrates vont pouvoir tirer de leur revers aux élections de mi-mandat qui a vu la Chambre des représentants basculée dans le camp des républicains et la majorité démocrate au Sénat largement écornée. Une défaite annoncée tant les électeurs américains, déboussolés, en veulent à tout le monde, des banquiers de Wall Street à leurs élus en passant par les compagnies pétrolières, les Chinois, les musulmans américains, les professionnels de l’immobilier et bien d’autres encore sur fond de problèmes économiques non-résolus et d’un chômage très élevé.

    Mais si la victoire des républicains et de la frange la plus à droite du parti de l’éléphant (le Tea Party qui, quoiqu’on essaie de le faire croire est bien largement dominé par des militants ou des sympathisants républicains) était prévue depuis des semaines, il ne faut pas oublier que, deux ans plus tôt, ces mêmes républicains étaient chassés du pouvoir par une vague bleue (la couleur démocrate) qui voyait un Barack Obama succéder triomphalement – ou presque – à un George W Bush honni par une majorité d’Américains.

    Cependant, ce retournement n’est pas aussi improbable que ce que veulent nous faire croire des médias toujours en quête de sensationnalisme afin de doper leur taux d’écoute. D’abord parce que ces mêmes médias qui avaient encensés le premier président «noir» des Etats-Unis sont aussi ceux qui n’ont pas cessé de vouloir se rattraper de cette forfanterie peu déontologique en lui cherchant constamment la petite bête. Ensuite, parce que la versatilité de l’électorat dans une démocratie médiatique est de plus en plus une donnée de nos systèmes politiques occidentaux. Les milliers de sondages qui nous abreuvent chaque année permettent de remettre en cause toutes les légitimités politiques sorties des urnes, de susciter des campagnes de dénigrement ou de glorification sans relation avec la réalité, de monter en épingle des initiatives aussi peu reluisantes que, par exemple, les manifestations où Obama était traité à la fois de Hitler, de Staline et de socialiste européen…

    Car si Barack Obama est (aussi) un phénomène médiatique – rappelons-nous la diabolisation d’Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle de 2008 par la presse au profit de son rival dans les primaires démocrates – le mouvement du Tea Party procède de la même volonté de créer l’événement et non de le relater. Un bon thème d’examen pour journalistes en herbe serait «qu’est-ce que serait devenus Barack Obama et le Tea Party sans la couverture outrancière des médias à leur sujet?».

    Bien sûr, les faits sont là – la défaite démocrate et la fragilisation d’Obama - et il convient de les analyser, surtout lorsque l’on est centriste car la politique menée par le président américain a bien été une politique centriste. Passons sur ces «experts» français qui expliquent que Barack Obama va devoir «recentrer» sa politique (difficile de recentrer une politique centriste…) et sur les déclarations des républicains les plus à droite qui disent la même chose, ceux-là même qui ont refusé toute concertation avec le président et qui ont torpillé toutes ses tentatives de consensus.

    Ce qui doit interpeller aujourd’hui les centristes du monde entier, c’est la fragilité d’un pouvoir réellement centriste (même si, concédons-le, parfois Barack Obama a du céder aux demandes de la gauche du parti démocrate mais il a du aussi le faire à celles des républicains). Tous les commentateurs sérieux s’accordent pour dire que l’Administration Obama a bien suivi une politique centriste au grand dam d’ailleurs des «liberals» démocrates qui souhaitaient des mesures beaucoup plus fortes et clientélistes.

    De ce fait, comme on pouvait le prévoir, Barack Obama n’a pas eu qu’un seul ennemi mais deux. Un ennemi à droite, les républicains et quelques démocrates conservateurs, un ennemi à gauche, la frange le plus libérale du parti démocrate. Ces deux ennemis n’ont eu de cesse de critiquer toutes les actions et les mesures prise depuis deux ans. Un déluge de récriminations qui a fragilisé le président américain.

    Beaucoup se sont demandés pourquoi Barack Obama s’est si mal vendu auprès du peuple américain au vu des réformes et des décisions qu’il a prises et qui sont très importantes. Ainsi, il a évité que les Etats-Unis tombent dans une récession dramatique avec son plan de relance de près de 800 milliards de dollars. Il a mis en place une réforme de l’assurance santé et de la finance. Il a permis aux étudiants d’avoir plus de bourses pour étudier et a baissé les impôts de 95% des Américains, etc. Prenons d’ailleurs cette dernière mesure. Voilà un démenti pour tous ceux qui ne parlent que d’augmentation des impôts. Oui, mais voilà, seuls 8% des Américains savent que leurs impôts ont baissé…

    Alors, Barack Obama mauvais communiquant? Pour certains c’est le cas et cela leur paraît une découverte extraordinaire vu sa campagne de 2008 où on l’avait baptisé grand communiquant devant l’éternel. Pour expliquer cette déficience, certains politologues expliquent qu’il n’aime pas les foules, qu’il est capable de se vendre lui-même mais pas son action et qu’il a une trop haute estime de lui-même pour s’abaisser à se justifier. Tout cela est en partie vrai. Néanmoins, il faut rajouter que Barack Obama, comme beaucoup de politiques sincères, a cru que ses actions seraient, en elles-mêmes, ses justifications. D’où son amertume perceptible à la fin de la campagne, lorsqu’il s’est aperçu que les électeurs semblaient plus sensibles au travestissement grossier de celles-ci qui n’avaient plus rien à voir avec un débat politique sérieux et responsable.

    Mais une des causes principales, si ce n’est la cause principale, de l’échec de Barack Obama dans ces élections de mi-mandat, c’est l’incompréhension de l’électorat d’une politique centriste et d’un discours centriste qui l’accompagne. Bien sûr, nous savons que la Droite et la Gauche, une fois aux commandes, se doivent de gouverner pragmatiquement au centre. Pour autant, afin de contenter leurs clientélismes respectifs, elles gardent leurs phraséologies extrémistes et leurs discours clivants. Du coup, un discours consensuel et responsable qui explique une action politique équilibrée et pragmatique peut être un handicap. Et, aux Etats-Unis, il l’a été ces deux dernières années face à un déchaînement de critiques violentes venu des deux bords extrêmes de l’échiquier politique.

    Comment le Centre peut se sortir d’une situation déjà vécue dans d’autres temps et dans d’autres pays (la défaite de Valéry Giscard d’Estaing en 1981 est bien due en partie à la conjonction de deux discours véhéments, l’un venu du RPR de Jacques Chirac et l’autre du Parti socialiste de François Mitterrand). D’autant que la pédagogie qu’a voulu instaurer Barack Obama ainsi que sa volonté de toujours permettre un rapprochement des points de vue a été utilisées par ses adversaires pour le caricaturer à l’extrême.

    Une des réponses est de se rappeler – qu’on l’approuve ou non - que l’action politique ne vaut pas grand-chose aux yeux des électeurs si elle n’est pas expliquée, réexpliquée et mise en scène, non pas pour tromper les citoyens mais bien pour leur permettre de comprendre réellement les tenants et les aboutissants de celle-ci afin que leurs opinions et leurs votes soient le moins parasitées par de la propagande violente et la mauvaise foi.

    De même, le consensus et la concertation sont évidemment essentiels pour les centristes sans pour autant qu’ils deviennent une obsession paralysante face à des forces qui pratiquent la stratégie de la terre brûlée. Il ne faut jamais renoncer à dialoguer et à trouver des terrains d’entente mais il faut avancer et (dé)montrer sa volonté politique.

    Reste que nous pouvons également réfléchir sur le sens du désaveu que reçoivent souvent les vrais réformistes qui sont généralement des centristes. La politique consiste à agir pour le bien de sa communauté et non pas pour se faire réélire en adoptant les postures clientélistes irresponsables. Et même si la défaite est amère, tout vrai centriste réformateur et responsable doit se rappeler que son action politique est risquée mais que, quel que soit ce risque, elle en vaut la chandelle et, souvent, une place dans l’Histoire...

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le problème (de) Barack Obama et sa politique centriste

    Il y a un problème Obama et Obama a un problème. Le problème Obama est de savoir pourquoi a-t-il été élu. Le problème d’Obama est de savoir si une politique centriste peut avoir des chances de réussir aux Etats-Unis ou ailleurs dans le monde.

    Le problème Obama d’abord. Elu en 2008 avec 53% des voix, beaucoup ont cru aux Etats-Unis et dans le monde qu’il avait été bien élu par un peuple devenu, tout à coup, à la pointe de la société métissée et post-partisane, adepte d’une transformation en profondeur de la société américaine.

    Rien n’était plus faux. On se rend compte aujourd’hui qu’Obama a été élu après avoir mis sur pied et mené une formidable campagne électorale où chacun de ceux qui ont voté pour lui ont compris qu’il allait changer la société comme il le souhaitait, lui, l’électeur. Il a aussi été élu en éliminant Hillary Clinton, sa principale concurrente, sachant qu’ensuite, même un âne (l’emblème du Parti démocrate) aurait triomphé du candidat républicain.

    Par une conjonction des situations qui ne se reproduira peut-être pas avant longtemps, il a réussi à gagner les primaires démocrates (en étant battu au nombre de voix) grâce à la mobilisation de la jeunesse qui a voulu croire en cette société métissée triomphante puis par une sorte de volonté de rédemption du peuple américain issue d’un rejet massif voire total des républicains discrédité par les huit années de présidence catastrophique de George W Bush dont la plupart des Américains avait honte en 2008. Sans oublier une crise économique sans précédent qui venait détruire, in fine, le peu de crédibilité restante de l’équipe au pouvoir.

    Pour autant, Barack Obama a été «mal» élu. 53% des voix dans la situation des Etats-Unis d’il y a deux ans est le bas de la fourchette de ce que pouvait espérer n’importe quel candidat démocrate. Il aurait pu (dû) facilement atteindre les 58%-60% ainsi que tous les politologues l’ont démontré. Déjà, donc, un certain nombre d’électeurs qui voulaient le changement d’équipe n’ont pas voulu d’un président noir. Quant à beaucoup de ceux qui ont voté pour lui, ils souhaitaient leur changement et pas le sien.

    On comprend dès lors que les incompréhensions et les résistances se sont faites jour rapidement, quelques semaines seulement après la prise de fonction de Barack Obama, et qu’elles ont atteintes des sommets rarement vus dans la société américaine pourtant habituée aux dérapages excessifs, avec des discours de haine, racistes, populistes, extrémistes. Et le président n’a jamais réussi à reprendre la main, peu aidé en cela par des médias devenus rapidement sceptiques pour ne pas être accusés d’Obamania, ce que, pourtant, ils avaient pratiqué durant toute la campagne.

    Privé des relais médiatiques nécessaires, incapables de créer une dynamique politique, Barack Obama s’est lentement enfoncé dans les sables mouvants de l’opinion publique versatile. Et ce, d’autant plus facilement que, dans un contexte économique très difficile d’absence de croissance économique forte et de montée du chômage, sont remontées à la surface toutes les méfiances suscitées par sa victoire. Le tout avec une campagne de dénigrement total de la part des républicains qui, inquiets de voir Obama éventuellement réussir sa politique centriste et son rassemblement «post-partisan», ont décidé que leur salut ne pouvait passer qu’en jouant la politique du pire, la démagogie et l’extrémisme. Mais la gauche du Parti démocrate a fait pratiquement de même, déçue de ne pas voir en Barack Obama le chantre libéral qui allait pourfendre tous les néo-conservateurs.

    Et c’est là qu’intervient le problème d’Obama. Pouvait-il réussir une politique centriste et gouverner consensuellement? Beaucoup de gens reprochent actuellement au président de n’avoir pas de récit fédérateur qui puisse définir un Obamisme. En réalité, ce discours existe mais, d’une part, il n’est pas assez martelé par Obama et, d’autre part, il n’est guère audible aujourd’hui car idéologiquement non marqué ce qui fait que de nombreux électeurs ne se reconnaissent pas dans celui-ci, car trop compliqué à comprendre dans un monde où le binaire est plus en vogue que la complexité.

    Car, Barack Obama tient bien un discours centriste et rassembleur qui va à l’opposé de ceux de la Droite et de la Gauche qui se gargarisent de rhétorique «ultra», s’appuyant sur des clientélismes et des angoisses réelles dans la société, tout en n’accomplissant rien ou pas grand-chose une fois au pouvoir.

    Obama doit-il donc devenir un politicien sans foi ni loi dont la seule ligne d’horizon est de gagner une élection quel qu’en soit le coût pour ses valeurs? Sans aller jusque là, ses amis politiques (il lui en reste!) lui demande de définir où il veut aller et de le dire et le redire. Pourtant, il l’a déjà fait à maintes reprises. Et, plus important, il a fait ce qu’il a dit qu’il allait faire. Il suffit de relire ses discours et ses professions de foi. Il n’a pris personne par surprise. Une qualité rare de nos jours dans l’univers politique.

    Est-ce donc la politique centriste qui est la cause des ennuis d’Obama? Oui et non. Oui parce qu’une politique centriste en prenant des mesures pour trouver le juste équilibre qui permet de contenter le plus de personnes possibles dans une vision pragmatique, consensuelle mais totalement anti-démagogique se heurte évidemment aux intérêts particuliers de chaque côté de l’échiquier et est beaucoup plus difficile à expliquer. Non parce qu’Obama a aussi fait une erreur d’appréciation: les citoyens ne sont pas capables, pour la plupart, de comprendre une vision d’une politique uniquement par les réformes et les décisions prises. Il doit y avoir un discours global qui l’accompagne. De ce point de vue, le président n’a pas assez investi de temps pour rappeler cette vision qu’il avait pourtant développé pendant sa campagne, une Amérique modernisée, apaisée, réunie, regardant vers l’avenir, construisant son futur en faisant de la place à tout le monde et revitalisant le rêve américain. Une Amérique libérale-sociale, une Amérique centriste qui ne nierait néanmoins pas les spécificités du pays où l’aventure personnelle qui permet de réussir sa vie en prenant son destin en main demeure un sentiment puissant même si la réalité est moins exaltante que cela pour la grande majorité des Américains qui n’ont guère de chance actuellement d’escalader l’échelle sociale.

    Critiqué par la Droite et par la Gauche, quelle est donc la vraie base électorale de Barack Obama? Lorsque l’on voit les critiques venues de la Droite et de la Gauche extrême, quand on analyse le programme et les réalisations du président américain, il est évident que sa base est centriste. Une base qui représente la majorité du corps électoral du pays mais qui, travaillé par les ultras des deux bords, ne croit pas qu’Obama mène une politique du Centre.

    Des ultras qui, si l’on met leurs affirmations ensemble, ont dressé un portrait du président totalement surréaliste. Il serait ainsi un nouveau George W Bush (gauche) socialiste (droite), voire un Dick Cheney (gauche) communiste (droite), un va-t-en-guerre (gauche) pacifiste (droite), un être hybride mi-Hitler, mi-Staline (droite) néolibéral (gauche) musulman (droite) membre de la CIA (gauche), un conservateur (gauche) bradant les valeurs chrétiennes de l’Amérique (droite), creusant un déficit public abyssal (droite) mais pas assez dépensier pour mettre en place une relance de l’économie (gauche).

    On pourrait continuer longtemps et s’en gausser si cette image totalement brouillée n’empêchait qu’émerge, dans l’opinion publique américaine mais aussi mondiale, un portait plus proche de ce qu’est Barack Obama. La responsabilité de cet entrelacement de clichés risibles mais destructeurs en revient d’abord à l’extrême-droite soutenue par le Parti républicain et, à un degré moindre, à la gauche soutenue par les activistes libéraux. Mais elle est aussi du fait de Barack Obama qui n’a pas su mettre en place des pare-feux efficaces, pensant que son action prouverait ses intentions et son positionnement, croyant surtout que son habileté communicationnelle ne ferait qu’une bouchée de tous ces ragots.

    Barack Obama restera dans l’histoire des Etats-Unis quoi qu’il arrive. Pas seulement parce qu’il est le premier noir élu à la présidence mais surtout parce qu’il aura accompli un énorme travail (réforme de la santé, réforme de la sphère financière, plan de relance qui a évité une catastrophe aux Etats-Unis et au monde, etc.). Cependant, le présent n’a que faire de l’histoire qui se construit et les élections de mi-mandat de novembre prochain qui vont renouveler entièrement la Chambre des représentants et un tiers du Sénat risquent d’être catastrophiques pour Barack Obama et les démocrates.

    Reste que, comme le rappelle la presse américaine, Ronald Reagan et Bill Clinton ont connu des défaites lors de leurs premières élections de mi-mandat ce qui ne les a pas empêché d’être réélus deux ans plus tard et de terminer leur huit ans de présidence avec des cotes de popularité très élevées. Barack Obama pourra donc rebondir. Le peut-il? Le veut-il?

    Quand il a été élu en 2008, il a affirmé qu’il préférait être le président d’un seul mandat en accomplissant de vraies réformes qu’un président réélu sans rien faire. L’histoire serait sans doute tragique pour le premier président noir non réélu et pour l’image des Etats-Unis. Mais elle serait triomphante pour un président qui aurait accompli d’importantes et nécessaires réformes au prix de sa popularité et de sa réélection.

    Barack Obama n’a certainement pas l’âme d’un martyr et tous ceux qui l’ont approché connaissent son goût du pouvoir et sa volonté de mener une action politique sur le long terme pour lettre les Etats-Unis sur les bons rails du XXI° siècle. Néanmoins, certainement pas à n’importe quel prix ce qui fait de lui un politique atypique. Un vrai centriste pragmatique, consensuel, réformiste et responsable en quelque sorte…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • De la mollesse supposée de Barack Obama


    Que ce soit pour sanctionner les pratiques des banques avec leurs produits financiers dérivés obscurs ou celles de BP dans ses forages à l’emporte-pièce, que ce soit pour lutter contre le chômage ou s’opposer aux velléités hégémonistes de la Chine, Barack Obama serait trop mou selon une critique qui monte de tous les bords politiques, des républicains, bien sûr, mais aussi des démocrates. Une critique reprise par une partie de la presse américaine et internationale qui n’en finit plus de vouloir s’émanciper de son adoration première et excessive pour l’homme lors de sa campagne présidentielle par un scepticisme parfois aussi excessif.

    Voilà un débat qui n’est pas aussi anodin et polémique qu’il n’en a l’air au premier abord. Car, ce que l’on reproche au président américain c’est sa façon de s’attaquer et de résoudre les problèmes, sa vision politique et sa manière de gouverner. Cette manière centriste qu’il a mise en œuvre depuis sa prise de fonction il y a bientôt un an et demi et qu’il défend depuis de nombreuses années.

    Une manière de gouverner qui avait été déjà vertement critiquée lors des débats sur la réforme du système de santé au moment où celle-ci semblait en perdition. Jusqu’à ce que celle-ci soit finalement votée et que Barack Obama soit célébré comme un grand stratège et un homme pugnace!

    Rappelons que la méthode du président américain est celle de la discussion avec tout le monde, sans exclusive avec une recherche constante d’un consensus avant la prise de décision politique finale. Depuis qu’il est entré en politique, il a toujours défendu et appliqué cette méthode. Elle fait partie intégrante de sa manière de gouverner. Tout comme celle d’affirmer qu’une fois une décision prise, il en assume la responsabilité.

    Nous sommes ici au cœur même de la méthode centriste de gouvernement, que l’on soit aux Etats-Unis, en France ou ailleurs. Sans effets de manche médiatiques, sans emphases stériles, sans faux-semblant partisans pour galvaniser les troupes, la manière centriste est souvent peu spectaculaire, préférant les résultats et le consensus à la théâtralité. Elle est donc plus facilement attaquable car elle ne remue pas les foules et elle ne propose pas de vaines gesticulations pour faire croire que l’on s’active alors que, souvent, ceux qui les pratiquent ne bougent pas le petit doigt...

    Cette méthode centriste est sans aucun doute la plus responsable et la moins partisane, privilégiant l’efficacité. Mais elle impose, en contrepartie, une constante explication de texte pour faire pendant aux critiques qui la qualifie de molle et sans saveur pour démontrer la justesse de la démarche. Sans doute Barack Obama a pensé que le travail et les résultats suffiraient à assurer son succès auprès de l’opinion. Sans doute a-t-il été un peu grisé par la formidable vague d’enthousiasme qu’il a soulevé aux Etats-Unis et dans le monde entier. Une sorte d’hubris. Il a oublié qu’en politique il faut constamment vendre ce que l’on fait au risque que d’autres accaparent le discours pour dénigrer.

    Mais le président des Etats-Unis n’est pas le seul centriste dans cet état d’esprit qui privilégie les résultats concrets. Dès lors, le Centre doit ne jamais oublier que ceux-ci ne sont pas suffisants pour faire taire les démagogues et leurs critiques. Il faut expliquer et réexpliquer la démarche sans relâche, dire où l’on va et communiquer quand on y arrive. On peut regretter que l’immédiateté médiatique empêche de plus en plus que la politique du moyen et long terme puisse se développer dans la tranquillité. Mais, c’est la réalité. Et les centristes, ardent défenseurs d’une politique qui s’appuie sur la réalité ferait bien de toujours s’en rappeler.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • De Barack Obama à Nick Clegg en passant par Yukio Hatoyama, le Centre ne meure jamais

    La Droite et la Gauche publie à périodes répétées le faire-part du décès du Centre. Et puis, systématiquement, les faits démentent leur phantasme et leurs espoirs de se débarrasser de leur principal concurrent. Il faut dire que la Droite et la Gauche n’aiment pas beaucoup les faits qui démentent aussi souvent que leurs prédictions, toutes leurs promesses électorales démagogiques…

    Ne vient-on pas de célébrer la mort du Centre en France (une nouvelle fois!) que le voici pimpant en Grande Bretagne avec les libéraux-démocrates de Nick Clegg qui pourraient, peut-être, jouer plus que les troubles fêtes dans cette prochaine élection législative où les Conservateurs de David Cameron se voyaient déjà au pouvoir…

    D’ailleurs, c’est bien étrange de constater que ce sont les fameux systèmes bipartis qui enfantent, en ce moment, du Centrisme. En réalité pas si étrange mais plutôt un beau démenti à ceux qui, à l’UMP et au Parti socialiste se voyaient incarner ce bipartisme en France sans force centriste. Non seulement le bipartisme n’est pas une fatalité en France mais, en plus, dans tous les pays dont le système électoral le favorise, il n’a jamais réussi à faire disparaître les forces centristes.

    Aux Etats-Unis, c’est un centriste détesté, à la fois, par la Gauche et la Droite qui est président et qui réforme le pays. Au Japon, c’est un centriste au sein d’une nouvelle formation qui a, enfin, permis de remplacer le vieux parti conservateur au pouvoir depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, au grand dam de la Gauche incapable d’être une alternative crédible pendant plus de soixante ans.

    On peut y ajouter le score de François Bayrou aux élections présidentielles de 2007 car, même s’il avait déjà entamé son virage vers la gauche, il demeurait, aux yeux des électeurs un candidat du Centre et il avait avec lui la légitimité centriste de l’UDF.

    Du coup, on se rappelle que le Centre a toujours existé et que les électeurs ont toujours été à la recherche de cette force d’équilibre et de consensus qui propose une société libre, apaisée et juste. Ce fut le cas en 1789 où la force modérée avait le plus grand nombre de députés. Et ce fut le cas tout au long de l’histoire politique française mais aussi dans bien des pays démocratiques. Sans oublier que lorsque la Droite ou la Gauche gagnent une élection, c’est souvent en ayant d’abord rassuré les citoyens qu’il n’y aura pas de révolution, ce qui, en passant, contredit leurs programmes clientélistes extrémistes… Et quand, par hasard, ce n’est pas le cas, comme en 1981 avec François Mitterrand, ce sont les faits qui obligent la Gauche (mais aussi la Droite quand elle fait de même) à revenir vers le centre de l’échiquier politique. Ah, ces maudits faits qui empêchent la démagogie et l’idéologie bornée de droite et de gauche de tromper longtemps les citoyens. Oui, mais voilà pourquoi le Centre ne peut jamais mourir. Heureusement!

    Alexandre Vatimbella

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  • Le réformiste, le «nouveau» Barack Obama?


    Pour bien comprendre le soi-disant revirement politique de Barack Obama depuis quelques semaines, depuis la perte d’un siège de sénateur par le Parti démocrate, il faut prendre ce recul nécessaire que bien peu de commentateurs prennent de nos jours, malheureusement. Nous avons toujours démontré ici que le président des Etats-Unis était un centriste réformiste. Non seulement parce qu’il l’a toujours dit mais aussi parce que tous ses actes en font foi. Rien de nouveau là-dessus, il l’est encore. Oui, mais voilà, de nombreux commentateurs semblent le découvrir après en avoir fait un «liberal», un homme bien ancré à gauche, ce qu’il n’a jamais été/

    Ceux qui prétendent que Barack Obama est un homme de gauche estiment que la campagne présidentielle de 2008 avec son mot d’ordre «Change» (le changement) et les mesures prises début 2009, une fois qu’il accédé au pouvoir, ont démontré qu’il était plutôt un «socialiste» qui voulait transformer en profondeur la société.

    Le problème est qu’ils ont confondu – sciemment ou non - le conjoncturel et le structurel et qu’ils ont mélangé, souvent malhonnêtement, la nécessité de reconstruire les Etats-Unis et la manière de gouverner un pays reconstruit.

    Ainsi, lorsque qu’Obama arrive au pouvoir, il se retrouve devant une grave crise conjoncturelle, non plus essentiellement politique suite à la présidence polarisée de Bush , mais essentiellement économique (avec une décroissance) et sociale (avec un fort taux de chômage). Sa priorité n’est donc plus de réconcilier les Américains entre eux et avec leur pays mais de prendre des mesures d’urgences pour remettre les Etats-Unis sur la voie de la croissance et de l’emploi.

    Ces mesures d’urgences, conjoncturelles, n’ont rien à voir avec sa volonté de réformer structurellement le pays et de (re)mettre en place un système consensuel basé sur une volonté de gouverner de manière bipartisane. Cependant, les mesures d’urgences doivent primer parce qu’avant de gouverner par l’équilibre, il faut d’abord (re)trouver les conditions de l’équilibre.

    Barack Obama n’est pas responsable de la crise qu’il a trouvé à son arrivée au pouvoir, ni il a inventé les problèmes à résoudre qui ont nécessité des actions fortes avec son plan de relance économique et son plan d’assurance santé. Il n’est pas non plus responsable de la guerre en Afghanistan (provenant de l’attaque du 11 septembre) ni de celle en Irak (provenant d’une volonté de George W Bush). Pour autant, il ne pouvait, ni ne voulait, occulter ces réalités et il les a attaquées de front. S’y attaquant, il s’est retrouvé caricaturé en un volontariste désirant tout chambouler, ce qui n’a jamais été sa vision du gouvernement.

    Ainsi, Barack Obama est un centriste réformiste qui a trouvé une situation qui lui imposait d’abord de réparer le système («to fix the system») avant de pouvoir le gérer de manière consensuelle («a bipartisanship government). Mélanger les deux est lui faire un procès d’intention comme c’est le cas actuellement du Parti républicain. Car ce dernier s’est emparé du trouble de la population américaine devant la crise et les mesures fortes nécessaires pour la combattre, sentant immédiatement quel était le danger pour lui si Barack Obama réussissait son pari à rapprocher les Américains et à mettre en place des majorités fluctuantes selon les projets et les réformes (ce que l’on appelle aux Etats-Unis «postpartisanship»). Le mieux était donc de mettre immédiatement en place une confrontation dure qui démontrait qu’il y avait deux camps irréconciliables.

    On comprend cette stratégie pour un parti politique qui a peur pour son existence. On comprend moins bien l’intérêt pour le bien être d’un pays que l’on affirme aimer et défendre… Le pire est que cette stratégie a eu un impact fort, à la fois aux Etats-Unis mais aussi dans le monde entier. Les erreurs de communication et stratégiques de la Maison Blanche ont amplifié cet impact dont le résultat, en terme d’efficacité politique pour le bien du pays pourrait bien être catastrophique.

    Alexandre Vatimbella

  • Barack Obama et les malentendus de son élection

    Ce qui s’est passé récemment aux Etats-Unis mériterait un livre à lui tout seul tellement les commentaires ont été nombreux et foisonnants quant aux difficultés rencontrées par le Président. Chaque expert est ainsi venu délivrer sa vérité sur les raisons du trou d’air qu’est en train de vivre Barack Obama un an après son élection historique à défaut d’être triomphale. Deux événements son emblématiques de ces tracas. La baisse notable de sa popularité sous fond de scepticisme grandissant sur la pertinence de sa politique (et non de sa capacité à gouverner). Surtout, la défaite étonnante de la candidate démocrate au siège de sénateur du Massachusetts – un des Etats les plus à gauche, si ce n’est le plus à gauche des Etats-Unis - détenu pendant quarante-six ans par Ted Kennedy avant sa mort en août 2009. D’autant que Scott Brown, le républicain populiste qui a raflé le siège de Ted Kennedy a utilisé les mêmes arguments électoraliste que ceux de la campagne présidentielle d’Obama: le changement et l’opposition à Washington et à ses coutumes honnies de l’Américain moyen (mais dans une vision souvent proche de l’extrême-droite faut-il préciser).

    Devant cette profusion de raisons déversées avec délectation par des médias toujours prompts à retrouver une virginité en brûlant avec autant d’empressement qu’ils ont mis à aduler, essayons d’en tirer les principales sachant que ce n’est qu’avec le temps que l’on saura si elles l’étaient vraiment!

    La première pourrait être que les Etats-Unis de 2010 ne sont pas ce que nous croyons, ni, plus grave, ce que croyait Obama, une nation prête aux réformes et située au centre-gauche. Selon les sondages, les Américains seraient plutôt au centre-droit, voire à droite et surtout conservateurs. Ainsi, 40% d’entre eux se déclarent conservateurs, 40% se déclarent indépendants et seuls 20% se déclarent libéraux. Dès lors, les 53% de voix obtenues par Barack Obama n’étaient pas celles d’un peuple attendant des bouleversements mais plutôt d’électeurs mécontents de George W Bush et de sa gestion catastrophique du pays qui voulaient, majoritairement, que l’on continue sur la même voie avec une nouvelle équipe plus jeune et plus capable, en réformant certes ce qui ne marchait pas mais avec mesure.

    Pour autant, une première objection peut-être faite à cette analyse. Comment prétendre que les Américains voulaient que rien ne bouge alors que le pays était en train d’entrer lors de la campagne de 2008 dans la plus grande crise économique et financière de son histoire après celle de 1929? Devant l’imminence d’une catastrophe, le public semblait bien vouloir que l’on agisse vigoureusement et non que l’on ne change strictement rien ou presque. A cette objection forte et réelle, on peut répondre que le pays souhaitait que l’on agisse mais pas dans les domaines où Obama a agi ou, en tout cas, pas dans tous. Par exemple, les électeurs savaient qu’il était nécessaire de mettre en place un plan de relance (encore que beaucoup d’entre eux estiment qu’il était trop favorables aux banques responsables de la situation et aux entreprises incapables de s’en sortir seuls du fait de leurs erreurs et non à la population victime du chômage) mais peut-être pas un plan d’assurance santé. D’autant que celui-ci va coûter fort cher selon la vision qu’en ont les électeurs (dont une des préoccupations actuelles est l’ampleur des dépenses publiques).

    Néanmoins, ce plan d’assurance santé est justement conçu pour faire des économies! Dès lors, une deuxième raison est avancée. Le président a été incapable de communiquer correctement sur ses objectifs qui n’ont pas été compris par la population. Accusation étonnante pour ceux qui ont baptisé Obama de grand communicateur au vu de sa formidable campagne électorale. En revanche, pour ceux qui connaissent bien l’homme, cela ne semble pas aussi extravagant. Car Barack Obama est un intellectuel solitaire qui réfléchit plutôt qu’un bretteur d’estrade. Il fait appel à la raison plutôt qu’aux émotions dans sa vision du monde et dans sa façon de gouverner alors qu’il a soulevé une extraordinaire vague d’émotion en étant le messager du changement, de celui dont chacun de ses électeurs avaient une vision personnelle ne correspondant pas à celui de chacun des autres.

    Nous sommes là dans la troisième raison de ses difficultés. Le changement, Barack Obama l’a laissé à l’appréciation de chacun et, comme il le dit, il est un écran sur lequel chacun imprime ce qu’il souhaite voir de lui et de ce qu’il propose. Dès lors, chacun a bâti sa propre idée du changement et n’a pu qu’être déçu par le fait que celle d’Obama ne correspondait pas à la sienne. Ceci est une réalité que l’on retrouve dans les sondages et les déclarations où l’on remarque souvent cette déception chez les gens de gauche qu’Obama n’est pas assez à gauche, ce que pensent également les électeurs de droite (qu’il n’est pas assez à droite) et les électeurs du centre (qu’il n’est pas assez au centre)…

    Cette majorité hétéroclite qui a permis au nouveau président d’être élu est une autre explication. Quoiqu’il fasse, une partie de son électorat se retourne contre lui. Le plan sur l’assurance santé le caractérise particulièrement bien. La gauche a reproché la timidité du plan, la droite son extrémisme et le centre son inutilité.

    Mais dans ces explications, il ne faudrait pas sous-estimer les difficultés rencontrées par Obama notamment la suffisance des élus démocrates qui ont cru être au pouvoir pour les trente prochaines années, l’irresponsabilité des élus républicains qui ont fait de l’obstruction systématique, décidés à bloquer le système le plus possible pour tenter de retrouver une unité en refusant tous les appels du président aux mesures bipartisanes. Sans oublier, les difficultés venues des acteurs économiques ou de la situation économique elle-même qui ne lui a pas permis d’avoir les succès escomptés dans un temps politique qui devient de plus en plus court, les électeurs, gavés d’information quotidiennement, exigeant des résultats concrets immédiats.

    Une question essentielle se pose alors. Est-ce le centrisme d’Obama qui est la cause de ce malentendu? C’est une question récurrente en ce moment aux Etats-Unis. Elle ne s’exprime pas de cette manière mais plutôt dans le fait que le candidat Obama aurait promis beaucoup de choses que le président Obama n’aurait pas transcrites en actes et en réalités. Bien entendu, cette critique s’applique à tous les candidats devenus présidents et le problème des promesses politiques non-tenues est une rengaine chantée partout dans le monde et qui est souvent exacte.

    Néanmoins, dans le cas présent, les analystes de gauche mettent l’accent sur le changement qui ne serait pas au rendez-vous alors que les analystes de droite pointent du doigt la soi-disant absence du consensus politique et d’une politique «bipartisane» réunissant démocrates et républicains (c’est-à-dire, pour eux, de n’avoir pas gouverné comme un républicain …). Une campagne électorale, c’est entendu, grossit toujours les traits du programme que l’on présente et il est assez facile de trouver des promesses non-tenues au jour d’aujourd’hui ou qui ne seront sans doute jamais tenues. Mais, en l’occurrence, ce qu’on attaque chez Barack Obama c’est de n’avoir pas adopté une ligne politique dure qu’elle soit de droite ou de gauche. On attaque sa volonté de faire une politique centriste et de s’y être tenu en grande partie d’où ses déboires actuels où tout le monde à l’impression d’être grugé. Pourtant, si l’on reprend les dires et les promesses de Barack Obama, ce procès ne peut lui être tenu.

    Cependant, si la réponse à la question posée ci-dessus est non, il faut immédiatement affirmer que le Centrisme nécessite, sans doute, plus que les idéologies clivantes de droite et de gauche, des explications pour que les citoyens ne soient pas désorientés et que, ici, Barack Obama n’a pas assez joué le rôle de pédagogue (même s’il l’a fait) et que les déluges d’insultes et de mensonges qui se sont déversées sur sa personne et son action, indigne d’un vrai débat politique, n’ont pas arrangé les choses, bien au contraire. De même, une certaine suffisance de son Administration et, parfois, du président lui-même les ont, parfois, coupé des citoyens.

    Pourquoi le Centrisme en tant que pensée et pratique n’est pas non plus responsable? Tout simplement parce que l’action de Barack Obama a réellement tenté de réconcilier un pays divisé en faisant une politique équilibrée et en recherchant le consensus par le pragmatisme et sans nier les réalités. Si l’on analyse sa politique et ses prises de position, notamment celles qui, sans relâche, ont demandé une large discussion et un large consensus pour bâtir les réformes, on ne peut pas rendre responsable la politique ni la pratique politique de Barack Obama de ces malentendus.

    De tout cela, il ressort que la tâche qui s’annonce pour Barack Obama risque d’être titanesque. Elle démontre, d’abord, qu’une politique centriste est attaquée par tous les extrêmes ce qui rend sa mise en œuvre extrêmement difficile. Ensuite, que cette politique nécessite une pédagogie forte et continue. Enfin, que celui qui l’incarne doit s’attendre à des attaques aussi virulentes venues de droite et de gauche et doit absolument se préparer à les affronter et à y répondre en n’abandonnant pas le terrain à ses adversaires qui sont d’autant plus nombreux qu’il viennent des deux côtés à la fois. Car, il faut répondre à tout et à son contraire avant que tout et n’importe quoi brouille le message et qu’il soit impossible de remonter le courant. Prenons l’exemple de cette réforme de l’assurance santé. Pour simplifier, on peut dire qu’aujourd’hui elle est vue par le peuple américain comme une réforme de demi-mesures mais néanmoins extrémiste, largement insuffisante pour couvrir les plus pauvres mais néanmoins d’inspiration socialiste, faisant la part belle aux assurances santé mais mettant ces dernières dans des difficultés économiques forte, laissant aux gens le droit de choisir leur assurance mais étant liberticide! Et l’on pourrait faire la même analyse sur la réforme du secteur financier (même si Barack Obama vient de durcir ses propositions devant l’indécence des banques américaines) ou son plan pour créer l’industrie verte du XXI° siècle.

    L’année qui vient sera donc d’une extrême importance pour Barack Obama mais aussi pour cette expérience centriste. Quoiqu’il en soit, celle qui vient de se dérouler est riche en enseignements pour tout homme politique centriste, tout parti politique centriste, qui feraient bien de les prendre en compte pour le futur.

    Alexandre Vatimbella

  • Un an d'Obama à la Maison Blanche: L’Obamisme, une pensée et une pratique centristes

    Véritable phénomène politique et médiatique mondial, Barack Obama est devenu le 44° président des Etats-Unis d’Amérique et le premier afro-américain être élu au poste suprême au soir du 4 novembre 2008 – même s’il est, en réalité métis - et il a pris officiellement ses fonctions le 20 janvier 2009.

    Obama a été élu sur le changement, sur l’espoir d’une meilleure société et sur la volonté de ressusciter un rêve américain qu’il proposait, dans le même temps, de revitaliser et de réactualiser pour l’adapter aux réalités de ce début de XXI° siècle. Et le peuple américain, avide de retrouver un élan et un dynamisme alors qu’une grave crise économique et financière s’est grevée sur une crise identitaire, a choisi le rêve incarné par Barack Obama plutôt que la compétence incarnée par Hillary Rodham Clinton, sa concurrente malheureuse des primaires démocrates, véritable lieu où se jouait l’élection du nouveau président tellement le Parti républicain était alors hors jeu, discrédité aux yeux de l’écrasante majorité de l’opinion publique par le deuxième mandat de George W Bush et sa gestion impopulaire de plusieurs dossiers dont celui de la gestion catastrophique des secours aux victimes de l’ouragan Katrina qui s’abattit sur la Nouvelle-Orléans.

    Barack Obama, que beaucoup d’Américains ont découvert au cours de cette longue et fastidieuse campagne présidentielle qui a duré plus d’un an ce qui ne s’était jamais vu jusqu’alors n’était pourtant pas un total inconnu de la politique. Sénateur de l’Illinois au Congrès des Etats-Unis depuis 2005, il avait été adoubé par les médias lors de la convention du Parti démocrate en 2004 à Boston qui avait intronisé John Kerry comme candidat du parti contre George W Bush. Son discours sur la volonté de dépasser les clivages politiques entre les démocrates et les républicains afin de créer une dynamique bipartisane, voire «post-partisane» - notion assez imprécise mais qui signifie en gros de dépasser les anciens clivages politiques pour créer une nouvelle donne politique où des majorités d’intérêts peuvent se substituer à l’opposition traditionnelle entre deux partis grâce à la vision consensuelle du président - pour reconstruire l’Amérique lui avait attiré des éloges et surtout une énorme attention médiatique.

    Si Barack Obama n’était pas alors une des personnalités démocrates les plus connues - il allait néanmoins devenir la plus populaire très rapidement -, il avait déjà une vision politique très précise. Celle-ci, qu’il qualifiait lui-même de «mainstream of American thinking» (pensée américaine dominante), s’inspirait largement du consensus qui a animé le parcours politique d’Abraham Lincoln mais aussi du progressisme initié à l’orée du XX° siècle par Théodore Roosevelt - premier président à vouloir, entre autres, mettre en place un système d’assurance santé au début du XX° siècle mais aussi celui qui se battit le premier contre les agissements d’un capitalisme financier sans vergogne représenté par les cartels et les monopoles en tous genres -, tous deux présidents républicains faut-il le rappeler, ainsi que du keynésianisme de Franklin Roosevelt et de la «Third way» (troisième voie) de Bill Clinton, deux présidents démocrates. Sans oublier les messages de Martin Luther King d’une Amérique réconciliée sur le plan racial et social et de la pensée de Reinhold Neibuhr, un de ses philosophes américains préférés, dont le message est composé à la fois de réalité et d’espoir, l’individu ayant, selon lui, la capacité de se changer et de changer le monde mais pas de changer de monde et devant donc agir en reconnaissant ces deux paramètres et non à se décourager et à renoncer à l’action.

    Avec ces références, Barack Obama ne peut déroger à gouverner «au centre» ce que le plupart des présidents américains ont fait durant leur mandat mais que George W Bush, plus encore que Richard Nixon ou Ronald Reagan, a refusé en tentant d’imposer une idéologie ultralibérale en matière économique («les riches d’abord» ce qui doit permettre théoriquement, ensuite, d’enrichir les autres), néoconservatrice en matière internationale (l’Amérique a la mission d’imposer sa propre vision de la liberté au monde) et conservatrice chrétienne en matière sociétale (vision d’une société régit par les thèses chrétiennes fondamentalistes allant de la création du monde en sept jours à l’interdiction des recherches sur les cellules souches en biologie en passant par le refus de l’avortement et des thèses darwiniste de l’évolution).

    Mais le nouveau pensionnaire de la Maison Blanche est plus qu’un président modéré gouvernant au centre, c’est un homme du Centre, c’est-à-dire que sa vision politique ressort d’une volonté de mettre en place une société équilibrée pour libérer les énergies par la capacité de chacun à se réaliser lui-même à partir d’une égalité des chances et d’une méritocratie tout en respectant les différences.

    Ainsi, en 2004, interviewé par un journaliste lors de sa campagne pour l’élection sénatoriale sur le fait qu’il était selon beaucoup un libéral de gauche et non un centriste, Barack Obama répondit clairement: «je ne crois pas que vous allez me voir me rapprocher du Centre pour des raisons tactiques car je n’ai jamais eu l’impression de quitter ce qui constitue la pensée dominante dans le peuple américain.»

    De nombreux observateurs avisés des Etats-Unis ou du parcours de Barack Obama concluent au centrisme de Barack Obama comme l’historien français Pierre Mélandri, spécialiste des Etats-Unis qui a déclaré au Monde qu’Obama «est par essence un centriste» et qui a parlé dans le Journal du Dimanche de son «goût pour le centrisme».

    Car, comme l’analyse le journaliste David Olive dans l’ouvrage «An American story / The speeches of Barack Obama», «pour assurer sa nomination en tant que candidat démocrate à la présidentielle, Obama ne s’est pas positionné au centre à la poursuite des électeurs modérés et indépendants pour étoffer le mouvement populaire qu’il avait créé et qui allait de la gauche au centre. Il ne l’a pas fait car si Obama est un progressiste en matière de justice sociale, il est déjà un centriste et absolument pas un anti-guerre, un anticapitaliste ou un anti-establishment.»

    Et le même David Olive rappelle fort opportunément une déclaration du nouveau président qui devrait faire réfléchir tous ceux qui parlent de «trahison» concernant la pratique politique de Barack Obama qui a «commencé sa campagne pour la Maison Blanche avec cet avertissement répété, ‘je vais décevoir certains’. Et lorsque la gauche annonça sa déception une fois qu’Obama fut candidat officiel, Obama réfuta cette ’notion que je vais me rapprocher du Centre’ ajoutant que ‘les gens qui disent ça ne m’ont apparemment pas écouté’. Et c’est grandement vrai. Obama était déjà un modéré.»

    Sur le site américain Politico qui, comme son nom l’indique, est spécialisé en politique, Julian Zelizer, professeur de l’université de Princeton a affirmé récemment sans l’ombre d’un doute que le «Président Obama n’a jamais quitté le Centre. Si vous regarder sa plateforme électorale et sa première année de gouvernance, il est très clair qu’il fait partie de l’ère clintonienne du Parti démocrate. Certains de ses supporters ont toujours soif de plus et ses opposants ont voulu le faire passer pour un socialiste. Mais c’était leur agenda, pas le sien. Je pense que plus les moments de la campagne électorale s’effaceront, plus les Américains auront une meilleure appréciation de qui il est.»

    Alexandre Vatimbella