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  • L’année du Centrisme dans le monde - Edition 2014. Situations contrastées

    - Mauvaise année pour Barack Obama?

    Le Parti démocrate a perdu largement les élections de midterm – celles qui se déroulent à la moitié du mandat du président des Etats-Unis – se retrouvant minoritaire au Congrès, à la fois à la Chambre des représentants – où c’était déjà le cas – mais avec un nombre d’élus le plus bas depuis 1928 et au Sénat où il a perdu la majorité acquise lors de la présidence de George W Bush.

    Cette défaite était prévue ainsi que son ampleur qui est limitée en nombre de sièges perdus même si elle est importante politiquement parlant par la perte de la majorité au Sénat.

    Le parti au pouvoir est, en effet, généralement battu lors de ces élections de mi-mandat qui sont un défouloir pour les électeurs qui, en outre, ne se déplacent guère en masse pour voter.

    Cette fois-ci c’est même pire puisque seuls 36% d’entre eux se sont rendus aux urnes ce qui est une des participations électorales les plus basses de tous les temps.

    De plus, les démocrates qui se présentaient pour être réélus au Sénat avaient été élus dans des Etats plutôt républicains et avait peu de chance d’obtenir un nouveau mandat.

    En outre, les électeurs âgés votent plus à ces élections que les jeunes ce qui favorise les conservateurs.

    Immédiatement après les résultats, les commentateurs ont annoncé que Barack Obama était le grand perdant de la consultation populaire et qu’il était désormais un président qui n’avait plus guère de pouvoir et qui allait passer ces deux dernières années à la Maison Blanche à se morfondre, sans plus aucune possibilité de peser sur les événements.

    Pour caractériser cette situation, les Américains utilisent l’expression «lame duck» (canard boiteux en traduction littérale).

    Il faut dire que jusqu’à ces élections qui se sont déroulées au début du mois de novembre, le président américain avait vécu une année pour le moins difficile.

    Non pas forcément sur les résultats de son action puisque la croissance de l’économie américaine est solide avec la création d’un nombre importants d’emplois et une baisse importante du chômage au plus bas depuis 2009 mais sur l’image que les médias et le grand public ont de Barack Obama.

    Ainsi, il apparaît comme un homme trop cérébral pour une fonction où l’action prime souvent sur la réflexion, loin du peuple et ayant eu de grandes hésitations notamment en politique étrangère où il a longuement pesé le pour et le contre, ce qui a pu apparaître comme de la faiblesse.

    De même, les résultats insolents à Wall Street du secteur de la finance qui est toujours vu par les Américains comme le principal responsable de la Grande récession de 2007-2008, ont été attribué à la politique trop conciliante d’Obama pour les banques et autres institutions financières alors même que le salaire moyen ne progressait guère faisant un contraste saisissant avec l’enrichissement des plus riches ces dernières années.

    Quant à sa réforme de l’assurance maladie elle a connu des couacs même si elle est un succès in fine mais toujours contestée par le Parti républicain et menacée par un certain nombre de recours devant les tribunaux.

    On a donc reproché à Barack Obama son manque de décision sur la crise syrienne ainsi que sur la réponse à donner à la montée en puissance de l’Etat islamique.

    De même, la crise ukrainienne et l’agressivité de Vladimir Poutine a joué en défaveur du président.

    Cependant, la fin de l’année a connu un revirement totalement inattendu puisque Barack Obama, débarrassé définitivement du problème électoral où il devait concilier les demandes de l’aile gauche et de l’aile droite du Parti démocrate afin de permettre la réélection de nombreux représentants et sénateurs, a décidé d’agir.

    Sur le plan intérieur, il a décidé, une fois les élections passées et ayant les mains libres à nouveau d’autant qu’il ne sera pas candidat en 2016, de prendre une décision forte en matière d’immigration en régularisant plusieurs millions de personnes en situation irrégulière pour une durée limitée.

    En outre, il est monté au créneau pour dénoncer les problèmes raciaux du pays après les affaires de Ferguson (Missouri) et Staten Island (New York) où deux noirs ont été tués par la police ce qui a engendré de nombreuses manifestations à travers le pays.

    Sans oublier qu’en cette fin d’année les Américains commencent à voir les effets de la reprise économique et qu’ils le disent maintenant dans les sondages alors que jusqu’à présent ils estimaient que la croissance n’était un bienfait que pour les riches et le secteur financier.

    Sur le plan extérieur, sa stratégie face à Poutine a donné de bons résultats, la Russie étant en récession et en grande difficulté financière après l’embargo mis en place par les Américains et les Européens suite à l’invasion de la Crimée et l’aide apportée aux rebelles pro-russes dans les régions frontalières avec l’Ukraine.

    En Irak, l’armée décomposée par la corruption endémique qui frappe le pays a pu résister aux terroristes de l’organisation de l’état islamique grâce aux frappes aériennes des Etats-Unis et l’envoi de conseillers militaires.

    La normalisation des relations avec Cuba annoncée en décembre est un autre exemple de l’hyperactivité du président qui pourrait ainsi avoir encore deux ans de véritable gouvernance, faisant taire ceux qui l’avaient enterré un peu tôt.

    Ce qui est toujours intéressant avec Barack Obama, c’est qu’il n’a que peu dévié durant tout ce temps où il était en difficulté, de sa politique centriste annoncée dès sa campagne électorale de 2007 et même avant dans ses ouvrages.

    Devant l’obstruction des radicaux de droite du Parti républicain et les attaques des radicaux de gauche et des «liberals» du Parti démocrate, il a maintenu sa ligne tant en matière économique que sociétale et avec une vision de la politique étrangère où l’accord et le compromis valent mieux que la guerre qui, elle, vient en dernier ressort mais ne doit jamais être une option à être éliminée comme le prouve son engagement contre les islamistes en Irak et en Syrie.

    Dès la défaite des élections de midterm il a redit une nouvelle fois qu’il était prêt à gouverner de manière bipartisane et à trouver des consensus et des terrains d’entente avec les républicains qui ont refusé cette main tendue depuis 2009, dès la prise de fonction d’Obama.

    Le regain de dynamisme que connaît le président devra bien entendu être confirmé en 2015. Reste qu’elle est une des grandes surprises de cette fin 2014.

     

    - Les centristes américains en repli

    Que ce soit dans les rangs démocrates que dans les rangs républicains, les centristes sont en repli alors même que les Américains aimeraient bien être gouvernés au centre, tout au moins dans une vision bipartisane, c’est-à-dire où des compromis et des consensus peuvent être trouvés dans les domaines cruciaux pour le pays (finances publiques, défense, fiscalité, entre autres) entre le Parti démocrate et le Parti républicain.

    Mais le découpage électoral qui permet aux deux grands partis (surtout aux républicains) d’avoir des fiefs taillés sur-mesure pour des décennies et la pression des extrêmes dans chacune des deux formations (surtout l’extrême-droite chez les républicains avec le Tea Party mais on voit aussi la gauche démocrate être de plus en plus active) rendent très difficile voire impossible la mise en place de cette politique bipartisane.

    D’autant qu’il n’existe quasiment plus de centristes républicains élus même si les extrémistes du Tea Party sont en repli grâce à une contre-attaque de l’establishment républicain, moins radical mais néanmoins excessivement conservateur et peu enclin aux compromis avec Barack Obama.

    Le pays a déjà connu ces phases de polarisation extrême au cours de son histoire. Reste à savoir si celle-ci va durer encore longtemps ou si un retour du balancier est à prévoir dans les années qui viennent.

    Un récent événement peut contribuer à recadrer le paysage politique vers le centre, c’est la possible candidature de Jeb Bush, fils de George H Bush et frère de George W Bush, deux anciens présidents.

    La présence de l’ex-gouverneur de Floride en 2016 est moins significative de par sa filiation que par le fait qu’il soit proche des républicains modérés et donc du centre-droit et qu’il envisage de concourir en dehors des primaires du Parti républicain mais avec pourtant une chance de gagner, ce qui démontre la situation paradoxale du Centre aux Etats-Unis à l’heure actuelle où un candidat républicain à la présidence pourrait être élu en se positionnant au centre et en court-circuitant le processus de désignation mis en place par son parti, surtout en représentant un courant très minoritaire de celui-ci.

     

    - Des multiples situations des centristes européens

    Où sont passés les centristes en Europe? C’est la question que l’on peut se poser en voyant certains minoritaires dans des coalitions ou dans l’opposition quand ils n’ont toujours pas de réelle existence politique comme en Espagne, par exemple.

    Les élections européennes dans les 27 pays de l’Union européenne n’ont pas été une bonne cuvée pour les centristes, non plus et le groupe centriste au Parlement européen (Alde) a même perdu une place, n’étant plus que le quatrième de l’hémicycle, dépassé par les démocrates-chrétiens conservateurs, les socialistes et les libéraux conservateurs.

    Quant aux élections qui se sont déroulées à travers l’Europe en cette année 2014, elles ont donné des résultats divers.

    En Belgique, les élections législatives de mai 2014 ont porté au pouvoir une coalition dominée par la droite mais où l’on trouve deux partis de centre-droit, le parti flamand Open VLD dirigée par Gwendolyn Rutten (avec comme membre Guy Verhofstadt, le président du groupe Alde au Parlement européen) et le parti wallon Mouvement réformateur de Charles Michel, lui-même nouveau premier ministre du pays.

    A noter que le parti centriste wallon, le CDh, allié avec les socialistes dans le gouvernement précédent, n’a obtenu que 5% des voix, et est désormais dans l’opposition.

    En Roumanie, c’est un nouveau président libéral de centre-droit qui a été élu, Klaus Werner Iohannis. Pour autant, le Parlement demeure dominé par les sociaux-démocrates avec un régime de cohabitation entre les deux pouvoirs, exécutif et législatif.

    En Bulgarie, les élections législatives ont vu la victoire d’une coalition centriste emmenée par le parti de centre-droit du maire de Sofia, Boïko Borissov, le GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie).

    On trouvait également dans cette coalition le Bloc réformateur et l’Alternative pour la renaissance bulgare.

    Ensemble, les trois partis disposent de 118 députés sur 240, soit 49,2% des sièges de l’Assemblée nationale avec le soutien sans participation du Front patriotique et de Bulgarie sans censure.

    En Suède la Parti du Centre fait partie de la nouvelle coalition au pouvoir issue des nouvelles élections législatives dirigée par les sociaux-démocrates.

    En Slovénie, les élections anticipées de juillet 2014 ont consacré la victoire de Miro Cerar, nouveau venu sur la scène politique et dont le parti, le SMC, est classé au centre-gauche.

    Sans majorité absolu, ce dernier forme une coalition avec le parti des retraités et le parti social-démocrate.

     

    - Le Centrisme dans le reste du monde

    > En 2014, le Centrisme séduit toujours en Afrique et dans le monde arabe.

    Encore faut-il s’entendre sur le terme «centrisme» dans les deux sphères géographiques dont nous parlons.

    Il y a en fait trois positionnements au centre.

    Celui du Centrisme traditionnel, celui du milieu et celui d’un milieu entre les laïcs et les religieux.

    Le premier est encore rare mais se trouve en Tunisie où il demeure largement minoritaire, les nouvelles élections ayant consacré un pôle laïc face au parti islamique.

    Le deuxième est plus commun et plusieurs partis à travers le continent africain et le Moyen Orient s’en réclament.

    Quant au troisième, il séduit des groupes conservateurs qui veulent faire le lien entre l’Islam et la démocratie comme c’est le cas au Liban.

    > La descente aux enfers continue pour les centristes japonais

    Avec les élections anticipées réalisées par le premier ministre de droite Shinzo Abe, les centristes du parti démocrate qui furent au pouvoir il y a quelques années continuent à perdre du terrain.

    Le Parti démocrate libéral du premier ministre réélu à son poste le 24 décembre, a obtenu 291 sièges alors que le Parti démocrate (centriste) seulement 73 mais demeure la principale force d’opposition ce qui en dit long sur la victoire de Shinzo Abe alors même que le Japon est en récession mais est angoissé par la montée en puissance de la Chine, surtout du point de vue militaire et où le nationalisme dur prôné par Xi Jinping, le président chinois, est avant tout tourné contre les Japonais accusé de n’avoir jamais expié et vraiment regretté les crimes commis contre la Chine au XX° siècle.

     

    - Centriste de l’année: Hillary Clinton

    La centriste est incontournable de la politique américaine.

    Alors même qu’elle n’occupe plus aucune fonction publique depuis janvier 2013 et qu’elle n’a toujours pas annoncé si elle serait candidate à la présidence en 2016, Hillary Clinton a été une des personnalités politiques mondiales dont on a le plus parlé en 2014.

    Pas un jour sans que les médias américains et d’ailleurs parlent d’elle, de ce qu’elle est, de ce qu’elle pourrait faire à la Maison blanche, de ses chances d’être la première présidente des Etats-Unis, de ses qualités, de ses défauts, etc.

    Plus qu’Obama, elle a vampirisé la politique US cette année.

    Cet exploit est du à ce qu’elle représente, la femme politique la plus puissante des Etats-Unis depuis des années et peut-être la future première présidente du pays si elle se présente à l’élection de 2016.

    Cependant, si beaucoup lui prédisent un destin présidentiel, nombre de ses ennemis – puisqu’elle suscite des sentiments de rejet très puissants chez ceux qui ne l’aime pas – ont déjà entamé des campagnes pour détruire sa vraisemblable candidature.

    Si elle demeure la favorite incontestée pour succéder à Barack Obama, rien n’est fait, loin de là, et son parcours sera tout sauf une promenade de santé.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • L’année du Centrisme dans le monde. 2013, les centristes à la peine

    - Les Etats-Unis cherchent leurs centres

    Les mots centre, centriste, centrisme n’ont jamais été autant utilisés que cette année aux Etats-Unis face à des médias qui ont attaqué durement Barack Obama et face à la paralysie politique qui a touché une nouvelle fois le pays due en grande partie à l’attitude intransigeante de la droite du Parti républicain.

    Pourtant, paradoxalement, on semble trouver de moins en moins de personnalités politiques qui se réclament du Centre.

    Même Barack Obama, devant l’attitude extrémiste de la plupart des républicains (qui ont mis de l’eau dans leur vin, pour certains d’entre eux, en toute fin d’année) a «durci» son discours et parle plus de réduire les inégalités criantes du pays que de consensus et de gouvernement bipartisan.

    Cela dit, à l’inverse de ce que prétendent les médias conservateurs et les stars de droite des talk-shows, il n’a pas modifié profondément ni son positionnement politique, ni sa vision de la politique.

    Pragmatiquement, il a conclu qu’il se trouvait juste face à un mur du refus qu’il a essayé d’abord d’amadouer sans résultats, puis de contourner sans grandes réussites non plus et qu’il a décidé, désormais, d’affronter de face et d’essayer de le détruire, tout au moins de l’affaiblir au maximum.

    Ajoutons que si la grande majorité des centristes se trouvent désormais au sein du Parti démocrate, il semble qu’un renouveau centriste, très timide pour l’instant, se dessine chez les républicains dont beaucoup de membres éminents ont enfin compris que la droitisation du pays les menait dans une impasse et une incapacité pour longtemps de remporter l’élection présidentielles.

    On parle beaucoup de l’un d’entre eux, Chris Christie, le gouverneur républicain d’un Etat, le New Jersey, viscéralement démocrate qui vient d’être réélu triomphalement à son poste et qui serait une sorte de leader de ce renouveau ainsi que la chance la plus grande pour le Parti républicain de remporter la Maison blanche face au candidat démocrate qui devrait être, selon toutes probabilités, une candidate en la personne d’Hillary Clinton.

    Reste que du temps glorieux des centristes républicains de la côte est, dans les années 1950 à 1970, Christie aurait été plutôt catalogué comme un homme bien à droite.

    La cote de popularité de Barack Obama a nettement fléchie en cette année 2013, la première de son second mandat après avoir été réélu sans problème en novembre 2012 face au pâle Mitt Romney.

    Et pourtant l’économie va nettement mieux ainsi que l’emploi avec une baisse sensible du chômage et, surtout, la création de très nombreux emplois.

    Il faut dire que le climat politique n’a pas été très serein et les Américains le font payer à tous les politiques, le président y compris d’autant que celui-ci a connu quelques ratés dans la mise en place de sa réformer phare, celle de l’assurance santé qui est toujours vue négativement par une majorité de la population pour des motifs différents et qu’a éclaté l’affaire des écoutes de la NSA, l’agence de sécurité nationale, suite à la publication de documents secrets par Edward Snowden, la population étant partagée entre la nécessité d’être protégée efficacement contre les terroristes et celle de ne pas être surveillée et contrôlée par l’appareil étatique.

    Néanmoins, force est de constater que les centristes démocrates ont encore de beaux jours devant eux, en témoigne le traditionnel sondage sur les personnalités les plus admirées qui sont encore, cette année, Barack Obama pour les hommes et Hillary Clinton pour les femmes, loin devant leurs poursuivants.

    En outre, une étude très controversée publiée en fin d’année (et sur laquelle nous reviendrons) estime que 51% des Américains sont des centristes selon les critères retenus par l’institut de sondage Gallup. Même si ces résultats semblent mélanger un peu tout et n’importe quoi, ils démontrent, malgré tout, que l’espace central est de plus en plus une recherche et un positionnement, à la fois, des citoyens, des hommes politiques et des analystes, ce qui traduit une envie du corps social de sortir d’un affrontement idéologique malsain où les extrémistes de droite du Tea party sont les principaux meneurs.

    Dernière indication: les deux favoris de la prochaine présidentielle sont actuellement deux centristes, Chris Christie (républicain) et Hillary Clinton (démocrate).

     

    - L’Allemagne sans centristes mais avec une grande coalition

    La situation allemande est sans doute atypique. Voilà un pays qui n’a plus de centre politique réellement défini depuis que les Libéraux se sont transporté à la droite des Chrétiens démocrates (eux-mêmes ayant laissé largement vacant, depuis quelques années, l’espace du centre-droit dont ils sont pourtant issus) et que le SPD a glissé un peu plus à gauche suite à sa défaite électorale de 2009.

    Néanmoins, cela n’a pas empêché la mise en place d’une grande coalition droite-gauche après les dernières législatives du 22 septembre 2013 pourtant gagnées facilement par la chancelière CDU sortante Angela Merkel avec 41,55% des voix mais pas la majorité aboslue et ne pouvant plus compter sur les libéraux laminés.

    Celle-ci a voulu se montrer forte et droite dans ses bottes avec un discours ferme sur la politique économique et sociale à suivre qui fait la part belle aux entreprises et peu aux salariés.

    Néanmoins, ses déclarations de fin de campagne électorale ont été plutôt centristes afin de rassurer les Allemands qui ont été contraints de faire des efforts ces dernières années sans en voir des résultats positifs pour leur vie quotidienne.

    Cette attitude d’Angela Merkel s’est prolongée dans les négociations avec les sociaux-démocrates du SPD et elle a accepté ce que la droite allemande avait toujours refusé de faire, l’établissement d’un salaire minimum, condition sine qua non de la participation du SPD à la grande coalition, lui qui se rappelle douloureusement que cette alliance avec la CDU entre 2005 et 2009, déjà sous la direction de Merkel, ne lui a guère sourit.

     

    - La Grande Bretagne et son centre en péril

    Les Libéraux-démocrates (LibDem) qui occcupent l’espace centriste sont toujours en grand danger d’existence dans les années à venir mais ont obtenu un répit en 2013 faute d’élections nationales. Néanmoins, les européennes qui se dérouleront l’année prochaine risquent d’être périlleuses pour les troupes de Nick Clegg, le vice-premier ministre du pays et allié du conservateur David Cameron au sein de la coalition entre la Droite et le Centre actuellement aux affaires.

    Néanmoins, les bons résultats économiques du pays cette année pourraient peut-être jouer en faveur des LibDem lors des prochaines élections générales qui se dérouleront au plus tard en mai 2015.

     

    - Berlusconi out et le centre-gauche au pouvoir en Italie

    Après les élections législatives de février 2013, le pays s’est retrouvé dans un blocage politique très préoccupant. Car, même si le Parti démocrate (centre-gauche) avait remporté les élections, il ne pouvait gouverner seul et il avait promis de ne pas s’allier avec Berlusconi.

    La seule solution était de se tourner vers les nombreux élus populistes menés par l’ancien comique Beppe Grillo mais celui-ci refusait toute alliance avec un parti traditionnel.

    En fin de compte, c’est une grande coalition qui a été mise en place.

    Néanmoins, la situation s’est détériorée au moment où Silvio Berlusconi a été une nouvelle fois évincé du pouvoir en Italie, perdant son siège de sénateur suite à ses multiples condamnations judiciaires.

    Est-ce la fin du «Cavaliere»? Aucun analyste sérieux ne peut l’affirmer ce qui en dit long sur les problèmes au sein de la classe politique transalpine…

    Toujours est-il que Berlusconi a menacé de bloquer la coalition, ce qu’il n’est pas parvenu à faire in fine, perdant une grande partie de ses alliés.

    C’est donc le centre-gauche qui est actuellement au pouvoir avec aux commandes Enrico Letta du Parti démocrate qui dirige cette grande coalition.

    Un gouvernement qui a, désormais, les mains un peu plus libres que précédemment lorsque Berlusconi lui faisait continuellement du chantage.

    Reste qu’il est difficile de savoir ce qui va se passer dans les mois qui viennent, en Italie tout allant très vite, les gouvernements forts d’hier sont souvent les gouvernements renversés de demain.

     

    - Le Japon à droite toute

    L’échec de l’expérience centriste au Japon a ramené au pouvoir la droite dure d’autant plus que les Japonais sont très inquiets des menaces chinoises et du nationalisme agressif de Pékin à leur encontre.

    Shinzo Abe, le nouveau premier ministre a décidé de remettre le Japon sur les rails, ce qui en soi n’est pas mauvais au vu de la situation du pays, mais son discours est très équivoque notamment sur ses références au passé glorieux du pays.

    Ces dernières font-elles allusion au Japon démocratique des années d’après-guerre qui est devenu la deuxième puissance mondiale avant d’être détrônée récemment par la Chine ou aux années de l’entre-deux guerres où le Japon impérial, frustré de ne pas être reconnu par la communauté internationale et les Etats-Unis déclencha un conflit avec ces derniers?

    Les explications d’Abe ne sont pas très claires alors que ses paroles fortes, elles, font mouche auprès d’une population vieillissante et qui regarde la situation en Asie devenir explosive.

    Les centristes du Parti démocrate japonais (PDJ) sont en partie responsables de cette situation, eux qui ont géré le pays ces dernières années, accompagnant son déclin plutôt qu’en inversant le cours de l’histoire et faisant, au passage, de nombreuses bourdes, à la fois en matière de politique intérieure (après le passage du tsunami) et de politique extérieure (tension avec les Etats-Unis).

    Surtout, les dissensions internes, les scandales et les démissions ont miné le parti positionné plutôt au centre-gauche.

    Après s’être installé au pouvoir en 2009, le PDJ a gouverné pendant trois ans avec trois premiers ministres différents dont, le dernier, Yoshihiko Noda, a subi une défaite cinglante en novembre 2012 puisque son parti n’a remporté que 57 députés contre 294 au Parti libéral-démocrate d’Abe!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Comment le Centre doit réagir à la «radicalisation» de la droite

    C’est un grand classique: un parti de gauche ou de droite qui se retrouve dans l’opposition est toujours plus idéologiquement marqué que lorsqu’il est au pouvoir. Normal, il se doit de réaliser une introspection après ses défaites électorales afin de retrouver ses racines et ses fondamentaux qui lui permettront de réaffirmer sa personnalité propre et de redynamiser sa base militante et ses sympathisants.

    Aux Etats-Unis ce fut le cas des démocrates après 2000 et c’est le cas du Parti républicain actuellement. Certains avancent même qu’aujourd’hui Ronald Reagan et George W Bush, deux anciens présidents pourtant accusés d’avoir été idéologiquement très à droite, n’auraient plus leur place dans la parti républicain tellement celui-ci a évoluer vers sa droite, sous l’influence du mouvement du Tea Party, afin de se présenter comme inflexible sur ses principes!

    En France, ce fut le cas du PS après 2001, c’est le cas de l’UMP depuis 2012.

    Néanmoins, au-delà de ce ressourcement idéologique «naturel» du à l’éloignement du pouvoir et à l’absence d’obligation de devoir gouverner de manière pragmatique et pour tous les Français, on peut se demander si ce que certains appellent la radicalisation de la droite française n’est pas plus profonde cette fois-ci, suivant en cela ce qui se passe dans la plupart des pays démocratiques, du Japon (avec Shinzo Abe) aux Etats-Unis (avec Paul Ryan ou Rand Paul) en passant par le Royaume Uni (avec David Cameron).

    D’autant qu’une forte résurgence nationaliste concurrence ces grands partis conservateurs sur leur flanc droit, avec le Front national en France, l’UKIP en Grande Bretagne ou le Tea Party aux Etats-Unis, suscitant d’ailleurs des débats houleux sur une possible alliance avec ces divers mouvements extrémistes.

    De ce point de vue, le discours de Jean-François Copé qui emprunte aux thématiques et à la rhétorique au Front national est assez emblématique de ce repositionnement de la droite, de même que les sorties médiatiques d’un Guillaume Peltier, ancien militant du Front.

    Non pas que cela soit nouveau à l’UMP si l’on se rappelle que Nicolas Sarkozy, pour affaiblir durablement le FN, avait repris les principaux thèmes du parti de Jean-Marie Le Pen afin de démontrer que la droite classique pouvait s’occuper de toute cette population en déshérence et de ses préoccupations.

    A l’opposé, il ne faut pas oublier qu’il existe une aile de l’UMP qui se bat contre les connivences et les possibles alliances entre droite et extrême-droite, emmené par François Fillon, notamment, mais aussi par Jean-Pierre Raffarin, pourtant allié à l’intérieur du parti à Jean-François Copé…

    Devant cette situation, quel doit être le positionnement des partis centristes?

    On se rappelle que lors de la dernière présidentielle, au moment où Nicolas Sarkozy a joué son va-tout face à François Hollande en droitisant parfois à l’extrême ses propos, ses alliés centristes tels Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde ou François Sauvadet, tous aujourd’hui membres éminent de l’UDI, ne se sont guère émus de ceux-ci, allant même jusqu’à les justifier.

    En revanche, François Bayrou et ses lieutenants du Mouvement démocrate avaient réagi vivement en condamnant ce qu’ils considéraient comme des dérapages préoccupants.

    Depuis, l’UDI a semble-t-il adopté majoritairement (mais pas unanimement, voir à ce sujet certaines déclarations d’Hervé Morin ou des membres du CNIP, parti membre de la confédération) un discours de défiance vis-à-vis de ces fameux dérapages à répétition comme ceux de Jean-François Copé, revenant à un positionnement beaucoup plus centriste.

    De son côté, le Mouvement démocrate puise dans cette radicalisation d’une partie de l’UMP la raison de son opposition actuelle à la droite et de son appel à voter François Hollande contre Nicolas Sarkozy aux dernières présidentielles.

    Cependant, il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse ce qui s’est parfois produit, tant du côté de l’UDI que du Mouvement démocrate.

    On n’enfoncera pas ici une porte maintes fois ouverte sur le fait que le Front national peut poser les bonnes questions mais en y donnant les mauvaises réponses.

    En revanche, adopter par principe une position soi-disant «modérée» ou «équilibrée» sur un certain nombre de problèmes qui touchent au fondement même de la démocratie républicaine , à la liberté, au respect, à la tolérance et au juste équilibre, ce n’est pas avoir un positionnement centriste mais plutôt une position de faiblesse face aux attaques de notre modèle de société en acceptant qu’il soit considéré comme amendable sans fin face à des revendications communautaires ou autres de groupes et de lobbies.

    Nous nous trouvons alors dans un relativisme et un renoncement qui, autrefois, nous ont amené à accepté qu’aux portes de la France, il y ait des régimes dictatoriaux qui ont semé la misère, la désolation et la mort dans le monde entier.

    In fine, le comportement des centristes devant les manifestations de cette radicalisation d’une partie de la droite doit être de la condamner fermement, de la contrer par un discours des valeurs à chaque fois qu’elle se manifeste ainsi que de rappeler sur quels principes se fonde cette condamnation.

    Mais celle-ci doit être faite sans tomber dans la critique systématique de la droite toute entière, ce qui serait totalement stupide, contreproductif et ne correspondrait pas à la réalité d’une droite qui, fondamentalement, n’est pas assimilable l’extrême-droite.

    De même, lorsque la radicalisation de la gauche se manifeste, les centristes doivent tout aussitôt la condamner et la contrer.

    Rappelons avec force que le Centre s’oppose à tout extrémisme. Ainsi, si l’alliance UMP-Front national est inconcevable avec une alliance centriste, c’est également la même chose pour une alliance PS-Front de gauche.

    Alexandre Vatimbella

     

     

    Voir le site Le Centrisme

  • L’Année du Centrisme dans le Monde. 2012, Obama superstar

    Pour ce qui est de la galaxie centriste, 2012 a bien évidemment été dominée par la réélection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis.

    Ailleurs, dans le monde, les centristes n’ont pas toujours été à la fête comme en Grande Bretagne et, surtout, au Japon.

     

    Quant à l’ambiguïté de l’adjectif «centriste» accolé à certains partis, il a continué à nourrir le débat politique dans les pays arabes.

     

    - La réélection d’Obama

     

    L’élection du président de la première puissance mondiale est sans conteste un événement international. Et la victoire de Barack Obama en est un autre à plusieurs titres.

     

    En premier lieu parce qu’il est un des seuls gouvernants des pays démocratiques à avoir retrouvé son poste alors que la crise économique et financière est loin d’être terminée.

     

    Et à l’inverse de ce que beaucoup croient, il n’a pas été réélu dans un mouchoir de poche.

     

    Selon les statistiques officielles, il a obtenu 51% des voix contre seulement 47,3% à Mitt Romney, un écart de presque 4% et de près de cinq millions de voix. De même, il a remporté une majorité d’Etats dont tous ceux, à part le Texas, qui sont les plus peuplés. Sans oublier les 332 grands électeurs face aux 206 de son rival républicain.

     

    En second lieu parce qu’il a fait mentir tous les statistiques et précédents qui voulaient qu’un président américain ne pouvaient être réélus avec une situation économique aussi difficile.

     

    Les commentateurs sont allés chercher tout ce qui pouvait démontrer l’impossibilité pour Barack Obama de retrouver le Bureau ovale. In fine, les électeurs les ont démentis sans appel…

     

    En troisième lieu parce que son élection en 2008 en tant que premier noir (afro-américain) et membre d’une ethnie minoritaire à accéder à la Maison blanche était déjà historique mais que sa réélection, du fait des difficultés des Etats-Unis, des attaques outrancières des républicains notamment du mouvement de la droite extrême du Tea Party qui l’a comparé à Hitler et Staline ainsi que le blocage voulu et assumé des élus républicains au Congrès pour le faire chuter, l’est encore plus.

     

    Ainsi, s’il avait été battu le 6 novembre dernier, on aurait tôt fait d’affirmer que sa victoire de 2008 n’avait été en réalité, non pas un accident de l’histoire, mais qu’un épisode conjoncturel et exceptionnel rendu possible par des circonstances particulières telles la désastreuse fin de la présidence de George W Bush (n’importe quel démocrate devait l’emporter face au candidat républicain selon les analystes politiques) et à la volonté des Américains de retrouver une dignité et une moralité, ce qui avait abouti à l’élection d’un jeune sénateur sans grande expérience et afro-américain.

     

    Sa réélection, a contrario, démontre qu’il ne s’agissait pas d’un événement unique et hors du commun.

     

    La raison en vient, en grande partie, du formidable charisme de Barack Obama (tous les sondages ont montré que les Américains aimaient l’homme même s’ils critiquaient sa politique) allié toutefois avec un changement profond dans la société américaine au niveau des mentalités mais surtout dans l’évolution de la population américaine, toujours plus urbaine et plus métissée avec, en outre, la montée en puissance de groupes ethniques tels les afro-américains ou les asiatiques et, évidemment les latinos qui ont voté à plus de 75% pour Obama.

     

    En quatrième lieu parce qu’il est un centriste et que toute réélection d’un centriste est toujours ardue car il doit défendre un bilan face aux attaques dures venues de sa droite et de sa gauche.

     

    Barack Obama a ainsi défendu pendant quatre ans une approche de la politique par la voie du juste équilibre et du consensus le plus large, se heurtant aux critiques des libéraux (gauche) et des conservateurs.

     

    Pourtant, il a continué sur cette voie qu’il a défendue pendant la campagne électorale.

     

    De ce point de vue, sa victoire est aussi celle du Centre même si, paradoxe, on comptera moins de centristes élus à la Chambre des représentants et au Sénat.

     

    Mais cette anomalie vient des pratiques très contestables de charcutages électoraux réalisés par les congrès de chaque Etat de l’union et qui aboutissent à des circonscriptions qui, aujourd’hui, avantagent largement les républicains.

     

    Car si ces derniers ont remporté largement les élections à la Chambre des représentants en nombre d’élus, ils les ont perdues en vote populaire…

     

    - Les difficiles heures des centristes anglais

     

    Nick Clegg compte quelque peu pour pain et beurre dans le gouvernement du conservateur David Cameron et cette situation s’est encore accrue en 2012. Pourtant, le leader des libéraux-démocrates (centristes), est le vice-premier ministre en titre de Grande Bretagne.

     

    Néanmoins, il a du avaler des couleuvres à répétition depuis qu’il a décidé de faire alliance avec la Droite et non avec la Gauche à l’issu des dernières élections législatives.

     

    Il pensait pouvoir peser sur les décisions et c’est tout le contraire qui s’est produit au grand dam de ses partisans et de ses troupes.

     

    Du coup, son crédit auprès de l’opinion publique a fondu comme neige au soleil et si des élections législatives avaient lieu aujourd’hui, son parti serait laminé comme il l’a été dans les diverses élections qui ont eu lieu dernièrement, notamment les municipales.

     

    Moments difficiles, donc, pour les centristes britanniques dont on ne donne pas cher lors des prochaines législatives, pour l’instant.

     

    - Les centristes européens dans la tourmente de la crise économique

     

    Les centristes n’ont pas été à la fête en Europe même s’ils ont pu faire de la résistance dans plusieurs pays, notamment dans les pays scandinaves ou dans certains des ex-pays de l’Est et que la chancelière Angela Merkel a recentré son discours en vue des prochaines législatives allemandes, se rappelant soudainement qu’un parti démocrate-chrétien a vocation à se retrouver au centre de l’échiquier politique...

     

    Mais c’est en Italie qu’ils ont été en première ligne avec le gouvernement de Mario Monti. Une expérience sous fond de grave crise économique qui a déchaîné les passions mais qui semblait remettre le pays sur les bons rails et qui vient de se terminer, torpillée par le populiste de la droite extrême, l’opportuniste Silvio Berlusconi.

     

    Du coup Monti a démissionné et les prochaines élections législatives de février prochain s’annoncent très mal. Les partis centristes ne sont crédités que de 10% des intentions de vote (16% si Monti prend la tête d’une coalition), la Gauche étant favorite avec le Parti démocrate et ses alliés devant le parti de Berlusconi, Peuple de la liberté.

     

    - La bérézina des centristes japonais

     

    Au Japon, le Parti libéral démocrate de Shinzo Abe (droite conservatrice et nationaliste) est revenu au pouvoir, balayant le parti de centre-gauche qui a gouverné ces trois dernières années après une victoire historique en 2009 et qui n’a obtenu que 57 sièges sur 480 à la chambre des députés!

     

    Il faut dire que la politique du PDJ (Parti démocrate du Japon) a été assez illisible dans de multiples domaines et que la crise économique et financière sur fond de vieillissement accéléré de la population et de montée en flèche du péril chinois, n’a pas joué en faveur du gouvernement de Yoshihiko Noda, le dernier premier ministre centriste.

     

    - Partis centristes en recomposition en Israël

     

    Devant la montée du nationalisme et de la droite dure en Israël, les centristes semblent de plus en plus divisés et, surtout, incapables de pouvoir disputer la victoire promise à Benjamin Netanyahu, l’actuel premier ministre, lors des législatives du 22 janvier prochain.

     

    Ainsi, le principal parti centriste jusqu’à présent, Kadima, créé par Ariel Sharon, disparaitrait quasiment de la prochaine chambre des députés (avec une projection de deux sièges contre 28 actuellement!).

     

    Le nouveau parti centriste, Le Mouvement, créé par Tzipi Livni, l’ancienne ministre des Affaires étrangères, n’aurait que neuf sièges alors que Yesh Atid, un parti créé par l’ancien journaliste Yaïr Lapid, en obtiendrait six.

     

    - Centrisme et centrisme dans les pays arabes

     

    On a beaucoup parlé de Centre et de Centrisme dans les pays arabes au cours de ces deux dernières années. Pourtant, il s’agit souvent d’une vision centriste qui n’a rien à voir avec le Centre et le Centrisme tels que nous les entendons au CREC, ni même dans les démocraties, comme nous avons eu l’occasion de l’écrire.

     

    Car il y a deux centrismes et deux centres dans le paysage politique de la plupart des pays arabes.

     

    Le premier ressemble à celui des démocraties, il est positionné comme modéré, consensuel et prône des politiques de juste équilibre.

     

    Le deuxième est une construction factice, dans une définition réduite d’un centre uniquement à équidistance de deux «extrêmes», en l’occurrence les partis islamistes et les partis laïcs.

     

    Ce deuxième centre a pratiquement mis sous l’éteignoir le premier nommé comme, par exemple, en Tunisie, où le parti islamiste Ennahda, se présente désormais comme centriste, brouillant ainsi le message du Centre, par définition laïc, consensuel et tolérant.

     

    - Les partis centristes africains

     

    Dans leur recherche de la démocratie, les pays africains tâtonnent souvent. Dans ce cadre, de nombreux partis se créent chaque année. Et ils sont de plus en plus nombreux à se réclamer du Centrisme comme, par exemple, l’Union centriste du Sénégal (UCS) créée récemment par Abdoulaye Baldé.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • 2010-2011: L’état du Centre dans le monde


    L’année 2010 a été une année mitigée pour les courants centristes dans le monde. Victoires, défaites, difficultés et espoirs ont traversé les différentes formations centristes. 2011 s’annonce sur le modèle de sa devancière avec des restructurations en cours et des difficultés pour les centristes au pouvoir.

    En France, le Centre demeure morcelé et les centristes alliés à la Droite dans la majorité présidentielle ont perdu de leur influence depuis la formation d’un gouvernement dont ils sont largement exclus.

    L’année 2011 sera une année cruciale pour le Centre qui va devoir préparer un projet politique, préparer sa refondation et démontrer sa capacité à proposer une alternative en vue des présidentielles et des législatives de 2012. Et si tous les centristes s’accordent sur l’importance de cet agenda, bien peu sont capables d’en prédire une issue positive pourtant indispensable pour son avenir à court et moyen terme.

    En Grande Bretagne, les centristes ont fait une percée aux élections législatives de mai 2010, ce qui leur a permis de revenir au pouvoir et de former un gouvernement de coalition avec les conservateurs, raflant au passage le poste de vice-premier ministre pour leur leader, Nick Clegg. Mais les mesures impopulaires du gouvernement et la crise économique ainsi que les voltes-faces par rapport aux promesses de campagne ont coûté cher puisque les Libéraux démocrates ont des sondages d’intentions de vote et de popularité catastrophiques.

    L’année 2011 s’annonce difficile pour les centristes britanniques car le redressement de l’économie prendra encore du temps alors que les mesures impopulaires vont produire encore des difficultés dans la vie quotidienne.

    Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama, a perdu les élections de mi-mandat qui ont permis aux républicains de remporter une forte majorité à la Chambre des représentants. De même, les centristes, à la fois dans le Parti démocrate et dans le Parti républicain, ont été laminés le plus souvent et leur poids tend à diminuer. Paradoxalement, les électeurs qui ont élu des représentants de plus en plus polarisés, à droite comme à gauche, veulent un consensus, des politiques bipartisanes et une vision centriste du gouvernement du pays. De même, un nouveau mouvement, «No labels», réunissant démocrates et républicains modérés, a vu le jour et pourrait jouer un rôle politique au cours de l’année 2011 et plus certainement 2012.

    L’année 2011 sera compliquée pour Barack Obama et son centrisme mais les victoires législatives au Congrès remportées à l’arraché au mois de décembre, avec le vote d’importantes mesures, permettent de penser que le président américain n’a pas dit son dernier mot et que ceux qui l’ont enterré se sont quelque peu avancés. D’autant qu’il demeure la personnalité la plus admirée des Américains et l’homme politique le plus populaire. Les sondages en vue de la présidentielle de 2012 le donne, pour l’instant, gagnant quelque soit son adversaire.

    En Allemagne, du fait de la radicalisation des Libéraux, c’est au sein de la CDU que vit le centrisme actuellement. Ce qui, en soi, n’est guère étonnant puisqu’il s’agit, à la base, d’un parti démocrate-chrétien. Pour autant, celui-ci est traversé de courants dont certains se situent à la droite de la Droite.

    Le centrisme de la chancelière Angela Merkel a été ainsi dénoncé au cours de l’année 2010 par une partie de la CDU. Et après avoir résisté à cette offensive, elle a tout de même cédé, suite à des revers électoraux d’importance notamment dans les élections régionales, et a musclé son discours face à l’immigration clandestine et, surtout, en déclarant que le modèle d’intégration des immigrés – clandestins ou non – avait été un échec total.

    En 2011, la bonne tenue de l’économie, dopée par les exportations et un redécollage de la consommation des ménages allemands, devrait permettre à Angela Merkel de retrouver de la sérénité à moins que la crise de l’euro qui empoisonne le débat politique en Allemagne, ne vienne créer des interférences dans un paysage politico-économique assez favorable à la chancelière.

    Au Japon, l’expérience centriste est tout sauf un long fleuve tranquille. Après un pouvoir sans partage de la Droite depuis l’instauration de la démocratie suite à la défaite de 1945, la victoire du Parti démocrate du Japon (PDJ, centriste) de Yukio Hatoyama en 2009 avait été un grand moment d’espoir pour revitaliser une organisation politique du pays sclérosée et touchée par de nombreux scandales.

    Mais l’année 2010 a été un désenchantement pour les centristes japonais qui sont tombés, eux aussi, dans la division et le manque de confiance de la population envers ses élites politiques. Du coup, Yukio Hatoyama, le Premier ministre, mais aussi Ichiro Ozawa, le président du PDJ, ont démissionné, notamment pour n’avoir pas tenu leurs promesses électorales, en particulier pour la récupération auprès des Américains de l’île d’Okinawa occupée depuis la fin de la guerre.

    En 2011, Le nouveau Premier ministre centriste, Naoto Kan, va devoir gouverner dans une situation difficile avec la montée en puissance de la Chine et la crise nord-coréenne.

    En Italie, le Centre se cherche toujours face à Berlusconi. Une tentative de renverser le gouvernement à la fin 2010 a échoué par la défection de quelques députés de la droite anti-Berlusconi et de la gauche. En 2011, la situation politique du pays devrait être tendue mais personne ne peut prédire si la fin politique tant de fois annoncée de Silvio Berlusconi sera une réalité. Si c’est le cas, les formations centristes devraient avoir un rôle à jouer dans une nouvelle majorité.

    En Inde, le Parti du Congrès (centre gauche) a gagné les élections et il devrait continuer à gouverner en 2011 malgré différents scandales de corruption, notamment celui sur la vente à des amis du ministre des télécommunications des nouvelles licences de téléphonie mobile. A l’intérieur du parti, les tendances centristes sont, pour l’instant, les plus influentes même si l’incapacité du pays à réduire drastiquement le nombre des plus pauvres relance à périodes répétées un débat sur un retour en force de l’interventionnisme étatique qui n’a jamais réellement cessé. Mais le Premier ministre, Manmohan Singh, fort de la belle croissance du pays, continuera à libéraliser l’économie et la société en 2011 pour en faire de l’Inde une puissance qui compte face à son voisin qui l’inquiète beaucoup, la Chine.

    Au Brésil, le Centre a été battu aux élections présidentielles par le Parti des travailleurs au pouvoir (gauche). Le président Luiz Inacio Lula da Silva ne pouvant être réélu, c’est sa candidate, Dilma Rousseff qui est devenue la première femme présidente du pays devant le candidat centriste, Josè Serra. Avec la popularité de Lula (qui pourrait se représenter à la prochaine présidentielle) et la croissance économique, le parti au pouvoir qui oscille entre gauche et centre-gauche ne devrait pas être menacé au cours de l’année 2011.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • De Barack Obama à Nick Clegg en passant par Yukio Hatoyama, le Centre ne meure jamais

    La Droite et la Gauche publie à périodes répétées le faire-part du décès du Centre. Et puis, systématiquement, les faits démentent leur phantasme et leurs espoirs de se débarrasser de leur principal concurrent. Il faut dire que la Droite et la Gauche n’aiment pas beaucoup les faits qui démentent aussi souvent que leurs prédictions, toutes leurs promesses électorales démagogiques…

    Ne vient-on pas de célébrer la mort du Centre en France (une nouvelle fois!) que le voici pimpant en Grande Bretagne avec les libéraux-démocrates de Nick Clegg qui pourraient, peut-être, jouer plus que les troubles fêtes dans cette prochaine élection législative où les Conservateurs de David Cameron se voyaient déjà au pouvoir…

    D’ailleurs, c’est bien étrange de constater que ce sont les fameux systèmes bipartis qui enfantent, en ce moment, du Centrisme. En réalité pas si étrange mais plutôt un beau démenti à ceux qui, à l’UMP et au Parti socialiste se voyaient incarner ce bipartisme en France sans force centriste. Non seulement le bipartisme n’est pas une fatalité en France mais, en plus, dans tous les pays dont le système électoral le favorise, il n’a jamais réussi à faire disparaître les forces centristes.

    Aux Etats-Unis, c’est un centriste détesté, à la fois, par la Gauche et la Droite qui est président et qui réforme le pays. Au Japon, c’est un centriste au sein d’une nouvelle formation qui a, enfin, permis de remplacer le vieux parti conservateur au pouvoir depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, au grand dam de la Gauche incapable d’être une alternative crédible pendant plus de soixante ans.

    On peut y ajouter le score de François Bayrou aux élections présidentielles de 2007 car, même s’il avait déjà entamé son virage vers la gauche, il demeurait, aux yeux des électeurs un candidat du Centre et il avait avec lui la légitimité centriste de l’UDF.

    Du coup, on se rappelle que le Centre a toujours existé et que les électeurs ont toujours été à la recherche de cette force d’équilibre et de consensus qui propose une société libre, apaisée et juste. Ce fut le cas en 1789 où la force modérée avait le plus grand nombre de députés. Et ce fut le cas tout au long de l’histoire politique française mais aussi dans bien des pays démocratiques. Sans oublier que lorsque la Droite ou la Gauche gagnent une élection, c’est souvent en ayant d’abord rassuré les citoyens qu’il n’y aura pas de révolution, ce qui, en passant, contredit leurs programmes clientélistes extrémistes… Et quand, par hasard, ce n’est pas le cas, comme en 1981 avec François Mitterrand, ce sont les faits qui obligent la Gauche (mais aussi la Droite quand elle fait de même) à revenir vers le centre de l’échiquier politique. Ah, ces maudits faits qui empêchent la démagogie et l’idéologie bornée de droite et de gauche de tromper longtemps les citoyens. Oui, mais voilà pourquoi le Centre ne peut jamais mourir. Heureusement!

    Alexandre Vatimbella

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