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etats-unis - Page 14

  • Faisons-nous assez pour protéger nos enfants?

    Après la tragédie de Newton aux Etats-Unis, revient en mémoire ce que disait si justement Albert Camus: «ce n’est pas la souffrance de l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée».

    Celle-ci rappelle également que la place de l’enfant dans la société est une question fondamentale.

     

    Le Centre comme la Droite ou la Gauche prétendent s’en préoccuper en priorité.

     

    Le Centrisme, humanisme intégral, milite pour que cette place soit la première et fait sienne cette évidence du grande spécialiste de l’enfance, Jean-Pierre Rosenczveig, «c’est à la place fait aux enfants que l’on juge une société et sa culture».

     

    Et le constat n’est pas forcément très brillant…

     

    Dans cette optique l’interrogation de Barack Obama devant les parents éplorés des vingt enfants assassinés à l’école Sandy Hook de Newton (Connecticut) est essentielle: «nous devons nous demander si nous faisons assez pour protéger nos enfants».

     

    Tout aussi essentielle est sa réponse: «si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, la réponse est non».

     

    Mais elle n’est pas simplement négative aux Etats-Unis, elle l’est également dans le monde entier, un monde qui n’est souvent pas fait pour les enfants, un monde qui souvent n’est pas accueillant pour le nouveau-né, un monde qui préfère souvent détourner le regard devant la détresse et la douleur des enfants, un monde qui instrumentalise les enfants, qui en fait trop souvent des objets voire des marchandises.

     

    Pourtant, nous affirmons tous, tous les jours, dans une belle unanimité que les enfants sont les êtres que nous chérissons le plus et que nous sommes prêts à tout pour leur sécurité, même à sacrifier nos vies pour cela.

     

    Les vingt petits enfants de six à sept ans abattus par un jeune homme de vingt ans avec un fusil d’assaut sont là pour démontrer que nous avons encore beaucoup de chemin à faire.

     

    Non pas que nous puissions éviter à coup sûr ce genre de massacre épouvantable et qui jalonne l’histoire de l’humanité comme autant d’épisodes honteux de nos civilisations.

     

    Mais c’est dans la réponse globale, dans les décisions importantes que se trouve une grande partie de la solution.

     

    L’Unicef milite ainsi pour que «l’intérêt supérieur des enfants» soit le «critère primordial de gouvernance».

     

    Cela supposerait une vraie révolution dans la manière d’envisager cette gouvernance car chacun de ses aspects «peut affecter les droits de l’enfant».

     

    L’organisation internationale poursuit en expliquant «que les décisions concernent la fiscalité ou le commerce, la diplomatie ou l’endettement, il n’existe pas de politique, loi, budget, programme ou plan qui soit ‘neutre pour les enfants’. Le premier défi pour les Etats parties consiste donc à évaluer les conséquences sur les enfants de toute la gamme de leurs actions législatives et administratives. Le second consiste à s’assurer que les budgets, politiques et programmes appliquent les principes de la Convention des droits de l’enfant sous tous ses aspects. Au niveau national, les budgets et les programmes, en particulier, devraient classer par ordre de priorité les services qui sont essentiels pour faire respecter le droit des enfants à la survie, au développement, à la protection et à la participation. Ces efforts devraient permettre de mobiliser et coordonner les ressources des secteurs publics et privés tout en surveillant la situation des droits de l’enfant à l’intérieur des pays et des communautés.»

     

    Ainsi, par exemple, personne ne prétend qu’Adam Lanza, dans sa folie et sa volonté de tuer, n’aurait pu trouver les armes pour perpétrer son acte innommable.

     

    Cependant, si les Etats-Unis avaient des lois strictes contre la possession d’armes, au minimum pour ce qui est des fusils d’assaut, son dessein criminel aurait eu beaucoup plus de mal à se concrétiser.

     

    A la lumière de ce que l’on vient de dire, la réponse à la question «faisons-nous assez pour protéger nos enfants», est évidemment non, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes…

     

    Si le martyr de ces vingt petits enfants pouvait servir à ce que les adultes agissent en personnes responsables et non en êtres totalement incapables de faire face aux grands défis de l’humanité, alors ils ne seraient pas morts en vain.

     

    Malheureusement, même si une prise de conscience à l’air de d’émerger aux Etats-Unis, il n’est nullement sûr qu’une législation restrictive voit le jour (Barack Obama vient de se prononcer contre les ventes d’armes d’assaut, une mesure déjà votée… en 1994 sous la présidence de Bill Clinton mais qui n’avait pas été pérennisée par le Congrès à majorité républicaine en 2004 au moment où cette interdiction venait à expiration).

     

    Peut-être même qu’une fois passées l’émotion, la douleur et la rage, les défenseurs des armes à feu et leurs arguments fallacieux reprennent du poil de la bête et s’opposent avec succès à toute règlementation.

     

    Souvent, lorsque les adultes sont des irresponsables, on dit qu’ils agissent comme des enfants.

     

    C’est, à la fois, insultant et, surtout, faux.

     

    Car les enfants ont cet amour et cette empathie vis-à-vis des autres qui feraient que, s’ils avaient le pouvoir, les armes, toutes les armes, seraient supprimées immédiatement.

     

    Alors, nous les adultes, quand allons-nous agir comme des enfants?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Hillary Clinton, 45° président(e) des Etats-Unis?

     

    La campagne de communication a déjà commencé, bien avant la victoire de Barack Obama, le 6 novembre dernier face à Mitt Romney, pour faire de Hillary Clinton la… quarante-cinquième et première présidente des Etats-Unis!

    Non pas de la part de cette dernière, mais de tous ses amis, et dieu sait s’ils sont nombreux aujourd’hui en Amérique et dans le monde.

    Pourtant, Hillary avait affirmé en 2008 qu’elle ne se représenterait plus jamais à une présidentielle.

    Sans renier cette position, l’actuelle secrétaire d’Etat (qui quittera son poste à sa demande en janvier prochain) dit qu’elle s’est remise de cette campagne éprouvante où, favorite des primaires démocrates et de l’élection générale, elle avait été battue par Barack Obama dans un combat où de nombreux coups bas avaient été échangés des deux côtés, le camp Obama, avec des attaques virulentes et peu honorables, n’y étant pas allé de main morte à l’époque contre celle qui est désormais la figure politique la plus populaire du pays.

    Lorsque l’on interroge ses proches (Clinton refuse d’en parler) ou des analystes bien informés – et les médias américains ne s’en privent pas – tous affirment ne pas savoir ce qu’elle va faire mais pensent qu’elle serait sans nul doute la grande favorite pour succéder à Obama et que la passion de la politique l’anime toujours autant.

    Quoi qu’il en soit, nombre de pundits (experts) lui prédisent un triomphe, à la fois, lors de la primaire démocrate puis de la présidentielle où, pour l’instant, aucun candidat ne fait le poids contre elle.

    Et les enquêtes d’opinion semblent leur donner raison de manière éclatante.

    57% des Américains (66% des femmes – dont 35% de celles qui sont enregistrées comme républicaines! - et 49% des hommes), ainsi, supportent déjà sa candidature en 2016 selon un sondage révélé il y a trois jours par la chaine ABC news et le Washington Post.

    Dans son propre parti, ils sont même 80% des démocrates à la supporter.

    Un autre sondage réalisé à New York, donne le pourcentage de 54% avec, surtout, 75% d’opinions favorables sur sa personnalité et son bilan.

    Enfin, un troisième sondage, la donne largement en tête de la première primaire (en fait un caucus) démocrate de l’Iowa, écrasant son poursuivant, le vice-président actuel, Joe Biden (58% contre 17%).

    Son positionnement centriste est un atout pour celle qui a dit «la politique américaine peut être parfois quelque peu déséquilibrée. Nous penchons vers la droite ou vers la gauche mais nous retournons toujours vers le centre car nous sommes des pragmatiques. Nous ne sommes pas des idéologues. La plupart des gens veulent des solutions sensées.»

    De même que sa réussite à la tête de la diplomatie américaine où elle a démontré ses capacités politiques et prouvé qu’elle avait la stature d’une grande dirigeante, le tout après son passage à la Maison blanche (où elle fit vraiment un tandem avec son mari, Bill Clinton, qui avait dit qu’en l’élisant, les Américains élisaient deux Clinton pour le prix d’un!) et au Sénat, en tant qu’élue de l’Etat de New York.

    Pour autant, les choses ne seront peut-être pas aussi simples que certains ne le disent (en fait, elles ne le sont jamais lors d’une élection présidentielle).

    Car, avant d’être aussi populaire, Hillary Clinton avait ses partisans (nombreux) mais également ses détracteurs (nombreux également).

    Rappelons qu’en 2008, si elle était la favorite du scrutin, elle était aussi celle dont une partie significative de l’électorat affirmait qu’elle ne voterait jamais pour elle, un handicap dont s’était servi avec à-propos Obama pour la discréditer.

    De plus, un slogan assez efficace alors disait qu’après deux présidents Bush, on ne pouvait avoir deux présidents Clinton (sous-tendu ces deux familles sont en train de phagocyter la démocratie).

    Ironie de l’histoire, il est tout à fait possible que l’élection de 2016 oppose Hillary Clinton au républicain… Jeb Bush, fils et frère des anciens présidents!

    Reste qu’avec son expérience, sa connaissance, ses capacités ainsi que les relations qu’elle a nouées tant dans son pays que dans le monde entier, elle apparait comme la personne idéale pour occuper le poste suprême.

    Cerise sur le gâteau, les Américains éliraient en même temps la première présidente des Etats-Unis, juste après avoir envoyé à la Maison blanche, le premier Afro-américain.

    Infatigable défenseure des droits des femmes dans le monde, entrer dans l’Histoire en cassant ce «plafond de verre» (une expression qu’elle a maintes fois utilisée en 2008) pour la première fois, voilà qui ne déplairait certainement pas à Hillary Clinton…

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Exceptionnalisme ou quand les conservateurs américains sont d’accord avec Staline!

     

    L’exceptionnalisme des Etats-Unis est devenu un thème à la mode. On l’a retrouvé un petit peu partout dans la bouche des politiques, des commentateurs, des auteurs et des journalistes avant et pendant les élections présidentielles de cette année.

    Il s’agit, le plus souvent, pour ceux qui en parlent, de se plaindre du déclin inexorable de la position unique du pays et de regretter ce fameux «bon vieux temps» où les Américains se voyaient comme les leaders naturels du monde avec une mission à remplir, ce que d’ailleurs ne leur contestaient guère les autres peuples de la planète.

    Même si cette mode intellectuello-politique traverse tout le spectre politique, de la gauche à la droite, elle est évidemment surtout de mise chez les conservateurs, notamment les plus extrémistes, pour accuser Barack Obama d’en être le principal, voire l’unique, responsable.

    Selon eux, ses prises de position montrent clairement qu’il ne croit pas en cette exceptionnalisme et que, non seulement, il se contente de la situation actuelle (qu’ils estiment en déclin) mais qu’il conduit consciemment les Etats-Unis à n’être plus qu’une nation comme les autres.

    Une thèse que rien ne vient confirmer d’autant que l’utilisation du mot «exceptionnalisme» dans le bouche d’un président n’a jamais eu lieu jusqu’à… Obama.

    Mais qu’est-ce bien que cet exceptionnalisme?

    D’abord, une formule inventée en 1929 par un certain… Joseph Staline afin de critiquer la position des communistes américains qui affirmaient que les lois de la lutte des classes mises en avant par Marx ne s’appliquaient pas à leur pays grâce à ses capacités économiques et sociales différentes, ce que contestait évidemment le dictateur sanguinaire.

    Plus sérieusement, le fait que les Etats-Unis soient une nation exceptionnelle vient de beaucoup plus loin, des écrits des Pères fondateurs et de plusieurs auteurs célèbres qui s’en faisaient les chantres, dès l’indépendance du pays, comme, par exemple, St-John Crèvecœur, Thomas Paine, Timothy Dwight ou Noah Webster.

    Comme l’explique l’historienne Elise Marienstras dans son ouvrage «Les mythes fondateurs de la nation américaine», les tenants de l’exceptionnalisme de cette dernière estiment qu’elle «(…) entre dans un vaste plan providentiel. Les bienfaits qu’elle a reçu dès l’installation des colonies et lors des combats qui la menèrent à l’indépendance sont les signes qu’elle est dotée par Dieu d’une mission exceptionnelle».

    De même, Tocqueville parlait également en 1831dans son fameux ouvrage «De la démocratie en Amérique», de la singularité et de l’exemplarité des Etats-Unis.

    Une partie de la définition de l’exceptionnalisme est donnée par le site Wikipédia: «L’exceptionnalisme américain est l’idée que les Etats-Unis sont différents des autres pays et qu’en conséquence ils ont une mission mondiale spécifique qui est d’étendre la liberté et la démocratie».

    Mais il ne s’agit pas que de cela, loin de là. L’exceptionnalisme est aussi l’idée que les Américains est le peuple élu du monde moderne et qu’il est supérieur aux autres de par ce qu’il a accompli, qu’il est un modèle que les autres peuples doivent suivre sans jamais pouvoir néanmoins l’égaler et encore moins le dépasser.

    D’où la raison de la préemption actuelle de cette thèse par les républicains ultraconservateurs et ultranationalistes.

    Certains estiment, en outre, que l’exceptionnalisme découle de l’Américanisme qui serait l’idéologie qui a façonné la nation américaine (l’Amérique est une idée avant d’être un pays comme l’explique le fameux politologue Richard Hostadter, «c’est notre destin en tant que nation de ne pas avoir d’idéologie mais d’en être une») de par ses valeurs, liberté, égalité, individualisme, populisme et laisser-faire.

    L’historien David Reynolds dans son livre «America, empire of liberty» permet de bien comprendre l’importance de cette thèse, au-delà des clivages partisans, en écrivant que «pendant la plus grande partie du XX° siècle les Américains ont chéri l’idée que leur société était exceptionnelle – signifiant par là, fondamentalement différente des autres nations et aussi supérieure à celles-ci».

    Pour autant, cet exceptionnalisme est-il une réalité?

    La première réponse serait une sorte de pied-de-nez aux radicaux de droite. Oui, une nation en grande majorité blanche qui est capable d’élire et de réélire un noir à sa tête est bien exceptionnelle (on semble encore loin de ce cas de figure dans des pays comme la France, la Grande Bretagne ou l’Allemagne)!

    La deuxième est de rappeler comme l’a fait le Washington Post, que le terme n’avait guère été utilisé jusque récemment. Un bloggeur du site de la revue The Atlantic a ainsi relevé qu’entre 1980 et 2000, il n’avait été utilisé que 457 fois dans des publications nationales. Entre 2000 et 2010, ce chiffre est monté à 2.558. Surtout, depuis 2010, on le retrouve plus de quatre mille deux cent fois…

    En fait, ce sont les déclinistes – aussi puissants aux Etats-Unis qu’en France – qui se le sont accaparés. En 2008, il s’est imposé dans l’arène politique lorsque Sarah Palin, la colistière du candidat républicain John McCain sen est emparée afin de démontrer l’absence de patriotisme de Barack Obama.

    La troisième est de dire que, malgré tout, sans être peut-être exceptionnels par nature, les Etats-Unis d’Amérique sont un rêve et un espoir qui les rend exceptionnels pour beaucoup de gens à travers le monde.

    Comme le déclarait Barack Obama en juillet 2012, «ce qui nous rend exceptionnels – ce n’est pas le nombre de gratte-ciels de que nous avons; ce n’est pas notre puissance militaire. Ce qui fait de nous quelque chose de spécial est cette idée que dans ce pays, si vous voulez travailler dur, si vous voulez prendre la responsabilité de votre propre vie, alors vous pouvez y arriver si vous essayez».

    Reste que cette idée est plutôt une croyance qu’une réalité mais c’est une croyance qui est à la base du vrai exceptionnalisme, celui qui permet à ce même Barack Obama d’être président des Etats-Unis.

    Alexandre Vatimbella

  • Le «Fair shake» d’Obama

     

    Dans l’histoire des Etats-Unis, quelques grands discours remarquables, prononcés par des présidents américains qui ont marqué leur époque, ont définis leur mandat et leur époque.

    Les plus connus sont le «New deal» (Nouveau contrat) de Franklin Roosevelt, la «New frontier» (Nouvelle frontière) de John Kennedy ou la «Great society» (Grande société) de Lyndon Johnson.

    Sans oublier la «New freedom» (Nouvelle liberté) de Woodrow Wilson.

    On peut aussi citer le discours d’Abraham Lincoln prononcé sur le champ de bataille particulièrement meurtrier de Gettysburgh, qui n’a pas reçu de nom mais qui rappelait l’importance du gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple dans le seul pays au monde à le pratiquer alors.

    Theodore Roosevelt avait parlé du «Square deal» (Contrat équitable) dans son intervention sur le «New nationalism» (Nouveau nationalisme) lorsqu’il n’était plus président mais un candidat malheureux à la succession de son successeur!

    Le «Rugged individualism» (Individualisme robuste)) de Herbert Hoover, lui, rejoignit vite les oubliettes de l’Histoire pour avoir été inventé juste avant la grande crise de 1929. De même que le «Compasionnate conservatism» (Conservatisme compassionné) de George W Bush qui ne résista pas aux attentats du 11 septembre 2001 puis à l’invasion de l’Irak.

    Quant à la «Third way» (troisième voie) de Bill Clinton, elle ne ressort pas d’un discours particulier mais de plusieurs et d’une pratique politique.

    Y a-t-il une formule pour définir la politique et la présidence de Barack Obama?

    Lors d’un entretien récent donné au magazine Rolling Stone, l’interviewer proposa à Obama la formule «Fair shake» que ce dernier avait déjà utilisé plusieurs fois et que l’on pourrait traduire par l’«opportunité équitable» pour tous de réussir.

    Celui-ci répondit que «cela me plait, (…) cela sonne bien à mes oreilles».

    Mais qu’est-ce que cette opportunité équitable. Elle se décline en «fair shot» (jeu équitable) et «fair share» (part équitable).

    Tout le monde à droit à un «fair shot», jeu équitable qui permet d’avoir la même chance de réussite, et tout le monde doit avoir la part équitable qui lui revient, en matière de droit mais aussi de devoir afin de donner la part équitable qu’il doit à la communauté.

    Barack Obama, lors du fameux discours qu’il prononça à Osawatomie dans le Kansas (là-même où Theodore Roosevelt, en 1910, avait parlé de son New nationalism), le définissait ainsi: «Je suis ici au Kansas pour réaffirmer ma profonde conviction que nous sommes plus grands ensemble que nous le sommes chacun de notre côté. Je crois que ce pays réussi lorsque chacun à la droit à un «fair shot» (jeu équitable), lorsque chacun donne sa «fair share» (part équitable), lorsque tout le monde joue avec les mêmes règles.  Ce ne sont pas des valeurs démocrates ou des valeurs républicaines. Ce ne sont pas les valeurs des 1% ou les valeurs des 99%. Ce sont les valeurs américaines. Et nous devons les réinstaurer».

    Pour Barack Obama, cela ne remet pas en cause l’économie de marché, bien au contraire, «l’économie de marché (free market) est la plus grand force pour le progrès économique dans l’histoire humaine».

    Mais «l’économie de marché ne fonctionne bien que lorsqu’il y a des règles sur le chemin qui assure que la compétition est juste et ouverte et honnête».

    Et, pour préciser sa pensée, de reprendre une des affirmations les plus célèbres de Théodore Roosevelt lors de son discours d’Osawatomie: «notre pays ne signifie rien si il ne signifie pas le triomphe de la vraie démocratie, d’un système économique sous lequel chaque homme verra son opportunité de montrer le meilleur qui est en lui garantie».

    Se mettre dans les pas de Théodore Roosevelt, qui était un président républicain et qui revendiquait son conservatisme mais aussi son progressisme, est une manière pour Barack Obama de démontrer que sa présidence est définie comme centriste, consensuelle et bipartisane, alliant le meilleur du libéralisme économique, du libéralisme politique, du libéralisme sociétal mais aussi de la solidarité que le Centre puise dans l’idée que les vraies opportunités n’existent que si tout le monde part à égalité sur la ligne de départ.

    Alexandre Vatimbella

  • Barack Obama, président centriste pragmatiste et progressiste

     

     

     

    Pour fêter sa victoire devant dix mille de ses partisans réunis dans une salle de Chicago, sa ville d’adoption, Barack Obama est monté sur le podium au son de «Respect», le fameux tube de la chanteuse Aretha Franklin.

     

    Et ce n’est pas un hasard, tant le respect est une valeur humaniste fondamentale du Centrisme du XXI° siècle, celui du Juste équilibre dont le président américain est une des figures les plus emblématiques depuis près de dix ans.

     

    Comme le dit fort justement l’éditorial du Monde daté du jeudi 8 novembre, les Américains «on choisi l’homme du Centre».

     

    D’ailleurs, ses premiers mots ce soir-là, à près de deux heures du matin, ont été clairement centristes et résonnaient avec ceux prononcés en 2004 lors de la Convention démocrate de Boston et qui le firent connaître aux yeux de toute la sphère politique ainsi qu’à ceux de sa campagne de 2008, que ce soit son discours de Springfield (Illinois) où il s’était déclaré candidat à la présidentielle que celui de sa première victoire, le 4 novembre, à Chicago dans lequel il disait «(…) nous n’avons jamais été une collection d’Etats rouges (républicains) et d’Etats bleus (démocrates): nous sommes et seront toujours, les Etats-Unis d’Amérique».

     

    En écho, il a affirmé en ce 7 novembre 2012, que «malgré toutes nos différences, la plupart d’entre nous partageons les mêmes espoirs pour l’avenir de l’Amérique. Nous voulons que nos enfants grandissent dans un pays où ils ont accès aux meilleures écoles. Un pays qui ne soit pas écrasé par le poids de la dette, qui ne soit pas affaibli par les inégalités, qui ne soit pas menacé par le pouvoir destructeur du réchauffement climatique. Nous voulons leur transmettre un pays sûr, respecté et admiré à travers le monde, défendu par les meilleurs soldats qui soient. Vous nous avez élus pour que nous nous occupions de vos emplois, pas des nôtres. Dans les semaines et les mois à venir, je vais travailler avec les dirigeants des deux partis pour faire face aux défis que nous ne pouvons qu’affronter ensemble: réduire nos déficits; réformer notre fiscalité; réparer notre politique d’immigration; réduire notre dépendance venue de l’étranger. Je crois que nous pouvons affronter l’avenir parce que nous ne sommes pas aussi divisés que nos querelles politiques le laissent imaginer. Nous ne sommes pas aussi cyniques que le disent les experts. Nous sommes plus grands que la somme de nos ambitions personnelles, et nous sommes plus qu’une accumulation d’Etats rouges et bleus. Nous sommes et serons toujours les Etats-Unis d’Amérique».

     

    Cette constance est remarquable car sa vision d’une Amérique réconciliée et bipartisane a été constamment attaquée à sa gauche et à sa droite, avec des propos souvent d’une violence inouïe qui aurait fait reculer n’importe quel politicien lambda qui aurait compris que sa réélection passait par un changement de cap opportuniste.

     

    Mais pas Barack Obama qui n’a pas, malgré les difficultés, abandonné ses principes centristes ainsi que pragmatistes et progressistes. La raison est qu’il est mû par une vraie vision politique et non par une seule ambition personnelle (même si celle-ci, évidemment, existe comme pour tout individu cherchant à se faire élire à des postes de pouvoir aussi importants).

     

    A ceux qui, malgré ses propos et ses actes, sont toujours à se demander qui est le «vrai» Obama, notamment ceux qui pensent qu’il n’est qu’un radical de gauche déguisé en centriste consensuel (sans oublier ceux qui estiment le contraire, qu'il est un radical de droite dans les habits d'un modéré de gauche!), qu’ils soient rassurés dans leur quête souvent irrationnelle et quelque peu paranoïaque.

     

    Débarrassé de toute préoccupation électorale ou sondagière, Obama sera ce qu’il est (et ce qu’il a écrit et dit qu’il était) durant les quatre prochaines et dernières années de sa présidence.

     

    Et je parie même qu’il sera encore plus centriste que pendant son premier mandat car, dorénavant, il n’aura plus que comme but de bâtir le futur de l'Amérique tout en démontrant que ses habitants sont avant tout des Américains et non des démocrates, des républicains et des «independents» qui ne pensent qu’à s’affronter pour de petits intérêts égoïstes.

     

    Et il pourra s'appuyer, notamment, sur cette coalition d’électeurs qui l'a reconduit à la Maison blanche, celle qui représente l’avenir et la chance des Etats-Unis pour les décennies à venir.

     

    Composée de jeunes, de groupes ethniques en expansion, de métissés, tous aux valeurs libérales et venant des classes moyennes, c’est elle qui façonnera et construira l’Amérique de demain, celle qui n’a pas peur d’un monde connecté et de la mondialisation, celle qui sait que le pays est le berceau de la démocratie dont la mission est de montrer le chemin mais loin de cet exceptionnalisme rétrograde que les plus conservateurs ont remis en selle, présentant une Amérique, seule détentrice de la vérité et unique lumière du monde, une idéologie qui n’existe plus (et n’a peut-être jamais réellement existée à part dans les films de série B de Hollywood, ceux dans lesquels Ronald Reagan était à l’affiche).

     

    Barack Obama a donc quatre nouvelles années pour démontrer définitivement que le Centrisme est bien la pensée politique du XXI° siècle.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • La victoire historique de Barack Obama

    Il y avait tant de raisons pour que Barack Obama perde le 6 novembre: un taux de chômage à près de 8% qui n’avait jamais permis la réélection d’un sortant; une croissance plus que modérée qui continue à peser sur le bien être et le moral des Américains; un président trop noir et trop cérébral parfois trop brillant; des déçus tant à gauche (pas assez de réformes) qu’à droite (trop de réformes) qui, tous, lui reprochaient son positionnement indubitablement centriste; des républicains souvent franchissant les limites de la décence à son encontre et bénéficiant d’une manne financière quasiment illimitée pour un seul but, faire du président tant honni, un «one term president» (le président d’un seul mandat), comme le clamait sans vergogne leur leader au Sénat, Mitch McConnell, qui n’a d’ailleurs pas hésité à en rajouter une couche hier, comme tout mauvais perdant dévoilant son irrespect du vote démocratique.

    Sans oublier des signes négatifs en pagaille comme…la dernière défaite, juste avant le scrutin, de l’équipe de football américain des Redskins (l’équipe de la capitale, Washington) qui va généralement de pair avec celle d’un président sortant.

    Et pourtant, Barack Obama a gagné.

    Et c’est véritablement une victoire historique, un adjectif qui n’est pas trop fort, tout autant que celle de 2008 mais pour d’autres raisons.

    D’abord et surtout parce qu’il est le seul des dirigeants des grand pays développés à retrouver son siège dans cette crise plus ou moins larvée selon les pays. Ainsi, les Zapatero (Espagne), Berlusconi (Italie), Brown (Royaume Uni) et Sarkozy (France), parmi d’autres, sont passés à la trappe du suffrage populaire, victimes d’une situation économique et sociale difficile.

    Ensuite, parce qu’il a démontré qu’il était réellement le président de cette nouvelle Amérique qui se construit, celle de l’avenir qui est désormais un melting-pot, non plus d’Européens blancs, mais de blancs, de latinos, de noirs et d’asiatiques.

    Enfin parce qu’il a démontré que son élection de 2008 n’était pas un accident ou une simple rédemption d’une nation où l’esclavage des noirs puis leur marginalisation les a cantonnés pendant longtemps en simple spectateur impuissants et déshérités de la réussite du pays dont ils étaient des citoyens de seconde zone quand on voulait bien les considérer comme des citoyens.

    A l’opposé de 2008, il a gagné la présidentielle sur un bilan, certes parfois contesté mais réel (il a été un des plus importants présidents législateurs de l’histoire du pays), et non sur une image, démontant l’inanité des attaques et des menaces haineuses et racistes de ses opposants les plus virulents comme ceux du Tea Party qui le montraient en Hitler, Staline ou le Joker de Batman venues d’arrière-pensées que l’on pensait révolues.

    Oui, pour ces raisons, la victoire de Barack Obama est historique.

    Reste à savoir, maintenant, si ses huit ans de présidence seront, eux aussi, historiques car il y a encore beaucoup de boulot comme il l'a reconnu lui même hier lors de son intervention devant les militants démocrates réunis à Chicago après les résultats faisant de lui un «two term president».

    Rendez-vous en 2016.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La politique-spectacle, un challenge pour le Centre

    Nous sommes dans l’ère de la politique-spectacle (si tant est que la politique ait pu un jour se passer du spectacle…). Ainsi, ce que l’on dit est souvent secondaire par rapport à comment on le dit, où on le dit, de quelle manière on le dit et avec quelle scénario et quelle mise en scène on le dit.

    Dernier exemple en date, le premier débat ayant opposé Barack Obama à Mitt Romney. Tous les commentateurs ont été d’accord pour dire que le fond de l’intervention du président américain a été meilleur que celui du candidat républicain mais que, sur la forme, ce dernier l’avait largement emporté et que donc il était le vainqueur de cette joute…

    Cette manière de faire de la politique à tous les niveaux (sphères politique, médiatique et même celle des «experts») avantage ceux qui ont un don d’acteur, un physique accrocheur et qui prennent des positions souvent clivées afin de faire plus facilement le buzz, de la télévision aux réseaux sociaux en passant par la presse écrite.

    Ces constats en appellent un autre: la difficulté pour un message centriste d’être repris par les médias parce que, loin d’être spectaculaire, il se veut, d’abord, consensuel, modéré, pragmatique, responsable et réaliste.

    Toutes les dernières élections l’ont prouvé… même celles qui ont fait la part belle aux candidats centristes comme en 2007 en France ou en 2008 aux Etats-Unis.

    Pour éviter que leurs propos soient qualifiés d’insipides ou d’inconsistants parce que n’étant pas spectaculaires (au sens de faire le spectacle), beaucoup de centristes les enrobent dans des formules qui souvent les dévoient.

    Ainsi en a-t-il été le cas lors de l’élection de Barack Obama il y a quatre ans.

    Sur un discours essentiellement centriste du candidat démocrate, s’est greffée toute une série d’enrobages pour lui donner de l’appétence électorale.

    A l’inverse, les candidats de droite et de gauche commencent par des déclarations spectaculaires pour poser leur candidature et la faire exister avant de faire les concessions centristes nécessaires à leur élection au fur et à mesure que se rapproche le scrutin afin de ratisser large sans pour autant avoir perdu leur image médiatique façonnée à coups de petites phrases et d’annonces-chocs.

    Le problème est que les médias sont complices de ce double-jeu des extrêmes. Ainsi, ils expliquent doctement que tout candidat de droite ou de gauche, après avoir exprimé des positions très partisanes, recentre logiquement son discours pour ratisser large sans y voir aucunement de la duplicité et du mensonge, comme si cela faisait partie du fonctionnement normal du monde politique.

    Comment, dans ces conditions, un message centriste peut faire le poids, coincé entre des messages qui promettent tout et n’importe quoi tout en étant mélangé à d’autres, venus des mêmes qui contredisent leurs premières déclarations en le copiant sans vergogne.

    Tout cela s’appelle de la démagogie, une démarche que l’on pensait être vouée à la disparition dans les systèmes démocratiques évolués.

    Malheureusement, les peuples veulent toujours croire aux promesses intenables savamment mises en scène et annonçant que l’on rasera gratis dès le lendemain d’une élection.

    Comment expliquer, sinon, que Mitt Romney peut être considéré comme un modéré aujourd’hui par beaucoup de ses compatriotes alors qu’il a fait siennes pendant des mois les positions de la droite extrême du Parti républicain!

    Comment expliquer que ce même Mitt Romney puisse promettre aux Américains de supprimer le déficit abyssal des comptes publics des Etats-Unis en baissant les impôts (en particulier des plus riches) tout en dépensant plus (notamment pour la Défense) et qu’il ait de grandes chances d’être élu le 6 novembre prochain!

    Et le Père Noël n’a rien à voir dans cette histoire car, lui, au moins, il apporte de vrais cadeaux…

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Elections américaines: Barack Obama, seul vrai candidat du Centre

    Dans deux jours se déroulera l’élection présidentielle américaine. Les urnes vont ainsi départager six candidats, dont les principaux sont évidemment le président démocrate sortant Barack Obama, et son challenger républicain, Mitt Romney.

    Les deux hommes multiplient, en cette fin de campagne, les déplacements et les meetings pour ratisser large, le seul moyen de gagner alors que les sondages sont assez serrés même s’ils montrent une tendance favorable au président.

    Chacun a, dans un premier, temps, rassemblé son camp, ce qui a été assez facile pour Barack Obama et un peu plus compliqué pour Mitt Romney. Il leur faut maintenant amener dans les bureaux de vote les électeurs modérés et centristes qui ne se sont pas encore déterminés pour l’un ou l’autre.

    Tous deux se positionnent désormais au centre de l’échiquier politique. Mais qui est réellement du Centre?

    Barack Obama, depuis qu’il est entré en politique, s’est toujours affiché comme un centriste, cela fait partie de sa réflexion politique et philosophique.

    Il est ainsi un progressiste centriste dans la lignée de ses illustres prédécesseurs Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, Lyndon Johnson ou Bill Clinton, venant pour certains des rangs républicains et, pour d’autres de ceux des démocrates.

    Son premier mandat en a été une preuve malgré les critiques provenant de gauche et le présentant comme un conservateur proche des thèses de la Droite et celles émanant de droite et le qualifiant de socialiste marxiste.

    Dès le premier jour de son entrée en fonction, il a tenté de travailler avec tous les élus, républicains et démocrates, et a accepté, afin de trouver des consensus acceptables pour tous, de mettre en place des réformes modérées et équilibrées, tant au niveau de l’assurance-santé, de la régulation financière que du plan de relance de l’économie américaine.

    Cette obsession centriste a sans doute été pour beaucoup dans les attaques virulentes dont il a fait l’objet et de la peur qu’il a suscité dans les rangs républicains s’il réussissait dans son entreprise (d’où l’obstruction permanente de ceux-ci et la volonté d’en faire un «one-term president» avant même son entrée en fonction).

    De ce point de vue, il représente le «véritable centrisme» à l’inverse de Mitt Romney.

    Ce dernier a toujours été un opportuniste qui s’est situé au centre (centre-droit) mais qui n’était pas du Centre. Toute sa carrière politique en est une preuve.

    Ainsi, il met souvent en avant ses qualités bipartisanes en ayant réussi, en tant que gouverneur de Massachussetts, à diriger un Etat où le Congrès était à 87% dominé par les démocrates.

    Mais si l’on reprend son parcours, il n’a pratiquement rien fait à part sa réforme de l’assurance-santé (celle qu’il renie aujourd’hui) parce qu’il a repris les thèses défendues par les démocrates qui ont alors accepté de travailler avec lui sur ce sujet.

    Quant à sa campagne électorale, elle est un condensé éloquent de son changement de cap continuel afin d’obtenir la seule chose qui l’intéresse en réalité, avoir le pouvoir et non le pouvoir de faire.

    Pendant les primaires républicaines, il a été souvent plus à droite que ses adversaires d’extrême-droite qui n’ont d’ailleurs pas hésité à le présenter comme une girouette opportuniste.

    Et, depuis son investiture, il n’a pas cessé de tenter de se recentrer en disant le contraire de ce qu’il disait quelques semaines auparavant.

    Dès lors, plus personne – dont de nombreuses personnalités républicaines - ne sait comment il va gouverner s’il est élu président des Etats-Unis.

    Beaucoup de commentateurs estiment qu’il devra composer avec les thèses jusqu’au-boutistes qu’il a défendues notamment sur l’assurance-santé, sur le rôle du gouvernement, sur les aides sociales, sur les relations internationales et sur les questions de société (comme la contraception et l’avortement).

    On serait tenté d’acquiescer à ce point de vue mais tout cela n’est qu’hypothèses qui peuvent très bien se révéler erronées, notamment si une majorité de républicains est élue à la Chambre des représentants (ce qui sera sans doute le cas) et au Sénat (ce qui ne devrait pas être le cas).

    Nous avons donc, d’un côté, un président sortant qui a démontré sans équivoque son attachement à une vision centriste de la politique et de la société et, de l’autre, un candidat républicain qui se situera, au mieux, au centre par opportunité.

    Le choix est donc clair. Si les Américains veulent avoir un président centriste, ils doivent réélire Barack Obama.

    Alexandre Vatimbella

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  • Elections américaines: lors d’un choix de société, on choisit autant que l’on élimine

    On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.

    Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama, il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit - afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.

    D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy en France).

    Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on élimine.

    Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.

    Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.

    Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans parler, évidemment, des centristes.

    Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour cette élection et pour l’avenir de leur pays.

    On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la présidence de George W Bush.

    La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les républicains aux yeux de l’opinion.

    Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc pas un président par défaut.

    En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.

    S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore fragile et doutant sur ce que sera son avenir.

    Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand président.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Rêve américain: l’opposition entre démocrates et républicains

    L’élection présidentielle de cette année aux Etats-Unis est aussi une opposition entre deux visions du rêve américain (voir à ce sujet, mon article «Le choc des deux rêves américains» dans le dernier numéro de la nouvelle revue Géopolitique*).

    Le premier débat entre Barack Obama et Mitt Romney, en a été une preuve même si les médias se sont plus focalisés sur la forme que sur le fond, ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire ici.

    Comme l’a très bien expliqué Peter Baker du New York Times, un des rares journalistes à avoir vraiment écouté les propos de chacun des candidats, il s’agit bien d’un «choix philosophique fondamental à propos du futur de l’Amérique».

    Le rêve américain, a contrario de ce que pensent beaucoup, est un terme inventé récemment. Il vient d’un livre publié en 1931, en pleine Grande dépression, «The Epic of America» de l’historien James William Truslow dans lequel ce dernier évoque ce rêve américain qui est, selon lui, «ce rêve d’une terre dans laquelle l’existence serait meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec l’opportunité pour chacun d’y parvenir grâce à ses capacités ou ce qu’il a accompli. C’est un rêve difficile à réellement conceptualiser pour les classes supérieures européennes, mais également pour beaucoup d’entre nous qui sommes de plus en plus lassés et méfiants à son encontre. Il ne s’agit pas simplement d’un rêve d’automobiles ou de hauts salaires, mais c’est un rêve d’un ordre social qui permettra à chaque homme et à chaque femme de parvenir à ce qu’ils sont capables d’atteindre naturellement et à être reconnus par les autres pour ce qu’ils sont, indépendamment des circonstances fortuites de leur naissance ou de leur statut».

    Depuis, il a été invoqué à tout va et est devenu depuis le début du XXI° siècle, un enjeu idéologique récurrent entre les deux grands partis.

    Pour les démocrates et les progressistes, le Rêve américain est celui qui permet à chacun de vivre une vie décente, de pouvoir faire vivre sa famille sans l’angoisse du lendemain et d’espérer que ses enfants, grâce à son travail et à l’éducation qu’ils reçoivent, pourront s’élever socialement et avoir un meilleur avenir que celui de leurs parents et que les enfants de leurs enfants aient, à leur tour également la même opportunité. Dans ce cadre, le gouvernement a un rôle actif à jouer pour offrir cette opportunité à tous.

    Pour les républicains et les conservateurs, le Rêve américain est celui qui offre l’opportunité, à celui qui en a les capacités et l’envie, de s’élever socialement sans entrave, sans rien devoir à personne, surtout pas au gouvernement qui ne doit pas intervenir en la matière, et qui a le droit, une fois fortune faite, de jouir de tout ce qu’il a récolté grâce à son travail.

    Ces deux versions du Rêve américain peuvent très bien cohabiter en période d’abondance et de forte croissance comme ce fut le cas, par exemple, de la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’au début dans années 1970. Le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, ardent défenseur du keynésianisme et éditorialiste à succès au New York Times, s’en rappelle avec nostalgie dans son ouvrage, paru en 2007, l’«Amérique que nous voulons» («The Conscience of a Liberal»).

    En revanche, lorsque le pays se trouve dans une situation économique plus délicate, comme aujourd’hui, les deux rêves ne sont plus complémentaires, ils se confrontent. C’est, soit l’un, soit l’autre. Ou, en tout cas, c’est ce que prétendent les démocrates et les républicains.

    L’antagonisme sur le Rêve américain entre les deux grands partis est une des expressions les plus vives de leurs oppositions idéologiques de plus en plus exacerbées.

    Chacun des deux dénoncent dans le rêve de l’autre une perversion du «vrai» rêve qui est, bien évidemment, celui qu’il promeut.

    Le Rêve américain ne serait donc plus cette vision collective qui guiderait la nation mais un enjeu idéologique et politique.

    Barack Obama, dans son dernier discours sur l’état de l’Union, le 24 janvier dernier, a bien résumé la vision démocrate: «Nous pouvons, soit nous contenter d’un pays où un nombre de plus en plus faible de gens s’en sortent bien, pendant qu’une part croissante des Américains s’en sortent tout juste ou bien nous pouvons restaurer une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait sa part, et tout le monde joue selon les mêmes règles».

    Ce à quoi les républicains lui répondent que c’est grâce aux riches que l’économie repartira et que donc permettre à des gens de devenir riches et de garder leur argent pour le dépenser est le meilleur moyen d’aider les autres.

    Ainsi, le gouverneur du New Jersey et étoile montante du Parti républicain, Cris Christie, peut critiquer le fait d’«insister que nous devons taxer et prendre et diaboliser ceux qui ont déjà réussi leur Rêve américain. Cela peut être une bonne stratégie pour Obama en vue de sa réélection mais c’est un message démoralisant pour l’Amérique».

    Plus fondamentalement, les républicains croient en la réussite personnelle et que celle-ci ne doit jamais être entravée par quiconque. Comme le dit Mitt Romney, le candidat républicain à la présidentielle, «nous croyons en l’initiative individuelle, la responsabilité personnelle, l’opportunité, la liberté, un gouvernement limité, la Constitution».

    Pour Newt Gingrich, l’ancien Speaker (président) républicain de la Chambre des représentants sous l’ère Clinton et qui fut un adversaire malheureux de Romney lors des primaires républicaines, le «Rêve américain est d’abord de reconnaître que nous vivons grâce à notre Créateur avec des droits inaliénables» et qu’«aucun président, juge ou bureaucrate ne peut nous ôter nos droits».

    Une fondation conservatrice, «Americans for prosperity» a d’ailleurs créé un rendez-vous annuel «Defending the American Dream Summit» au cours duquel les pointures du Parti républicain interviennent pour promouvoir un «marché libre» et «les principes d’un gouvernement limité».

    Quant au milliardaire Steve Forbes, il estime que «notre gouvernement fédéral a trop grossi et a trop de pouvoirs, la vraie perte a été celle de la liberté des gens à gouverner leurs propres vies et à participer pleinement au Rêve américain».

    Avec la polarisation entre démocrates et républicains, en est-on arrivé à ce fameux débat entre l’égalité des conditions et l’égalité des chances? Certes pas, les deux camps privilégient toujours la méritocratie et une égalité des chances.

    Pour autant, c’est la vision même de la fonction de la communauté américaine qui est en jeu. Pour les démocrates, ceux qui ont doivent aider ceux qui n’ont pas. Pour les républicains, ceux qui ont n’ont aucune obligation en la matière autre que morale et, en ce qui concerne ceux qui n’ont pas, ils les voient plutôt, ainsi que Romney l’a déclaré, comme «ceux qui n’ont pas encore»…

    Du coup, ce n’est pas en leur donnant des aides, ces fameux «entitlements» («droit à») qu’ils s’en sortiront mais en leur donnant la même chance d’y parvenir («equality of opportunity») que les autres, rien de plus.

    Le 6 novembre, une des deux visions l’emportera. Bien entendu, le candidat qui sera élu mettra de l’eau dans son vin, comme d’habitude. Il n’en reste pas moins vrai qu’une direction sera donnée qui devrait modeler la politique américaine pour les prochaines années, voire les prochaines décennies.

    Alexandre Vatimbella

     

    (*) La Nouvelle Revue Géopolitique, Spécial élections américaines 2012, n° 118/119, octobre-décembre 2012, 14 €