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charles de courson

  • Refondation du Centre. L’instant critique de l’après-Borloo

    Il y a quelque chose de particulièrement indécent – pardon, de «politique»  – à voir ceux qui le combattaient durement hier, dresser aujourd’hui des couronnes de lauriers à Jean-Louis Borloo pour mieux l’enterrer en vue de demain.

    Que n’a-t-on entendu dans les coulisses de l’UDI, ses «amis» le railler sur ses addictions voire sur ses incapacités congénitales à se décider et à diriger ainsi qu’à aller au combat.

    Sans parler des noms d’oiseaux et des synonymes de traître qui se baladaient un peu partout sur les lèvres des responsables de feue l’UDF puis du Mouvement démocrate, lui qui avait rejoint Jacques Chirac en 2002 puis Nicolas Sarkozy en 2007 en laissant tomber François Bayrou.

    Mais, comme le pointe les médias avec leur énième enterrement programmé du Centre, son retrait de la vie politique a créé un vide et un instant critique pour l’avenir, non seulement de l’UDI et de l’Alternative, mais pour celui de la refondation actuelle des partis centristes.

    Car, disons-le, même si Jean-Louis Borloo n’était pas un centriste (tout comme Valéry Giscard d’Estaing, par exemple), il avait réussi à réunir l’espace centriste et fait en sorte que les rivaux d’hier soient obligés de cohabiter ensemble.

    Or, lui parti, les vieilles inimitiés et querelles vont pouvoir reprendre, peut-être de plus belle, sachant que les leçons en politique ne sont que très peu apprises…

    Bien sûr, un président par intérim vient d’être nommé, Yves Jégo, en attendant le congrès extraordinaire chargé d’élire le nouveau chef de l’UDI.

    Bien sûr, également, les zones d’ombre du rapprochement UDI-Mouvement démocrate seront oblitérées jusqu’aux résultats des élections européennes.

    Bien sûr, les leaders centristes ont des propos mesurés les uns sur les autres.

    Pour autant, personne ne peut penser une seule seconde qu’Yves Jégo possède ne serait-ce que le début d’une stature et d’un entregent pour être le prochain président de l’UDI.

    Le problème est qu’il n’y a aucune personnalité qui fasse consensus pour prendre les rênes de la confédération de centre-droit.

    Hervé Morin en tant que président du Nouveau centre, principale composante de l’UDI, n’est pas celui-là, lui qui a fait fuir une grande partie de ses anciens amis (les premiers à rejoindre Borloo), qui a fait un flop retentissant aux présidentielles (incapable de réunir 500 signatures pour se présenter et ne dépassant pas 1% des intentions de vote dans les sondages) et qui a été obligé d’adhérer au nouveau parti de Borloo contraint et forcé par ses derniers lieutenants qui menaçaient tous de le quitter en cas de refus de sa part.

    Et nombre d’anciens du Nouveau centre qui ne l’aiment pas – et c’est un euphémisme – seront là pour s’assurer qu’il ne mette pas la main sur l’UDI, comme François Sauvadet, Maurice Leroy ou encore Jean-Christophe Lagarde.

    Ce dernier, qui a créé juste avant de rejoindre l’UDI, un nouveau parti, la FED (Force européenne démocrate) sera sans doute candidat comme son ennemi intime Morin (leur brouille date de l’époque où Morin devait lui céder sa place de président du Nouveau centre, deux ans après son élection, ce qu’il refusa in fine de faire alors qu’il lui avait donné sa parole afin de se faire élire à ce poste avec l’appui de Lagarde).

    Mais Jean-Christophe Lagarde est un éternel espoir de la politique et ses interventions publiques sont souvent décevantes comme celle qu’il a faite pour s’opposer sur tout ce que venait de dire Manuel Valls lors de son discours de politique générale avec des arguments d’une grande faiblesse, apparaissant plus jusqu’au-boutiste que les dirigeants de l’UMP…

    Son manque d’épaisseur sera sans doute un handicap mais les bons résultats dans sa ville de Drancy et ses réélections faciles dans un département de Seine-Saint-Denis penchant toujours fortement à gauche, montrent une réelle capacité politique.

    A côté des deux centristes, on devrait retrouver le radical Laurent Hénart, second de Borloo et nouveau maire de Nancy mais qui est encore peu médiatisé et demeure un second-couteau qui aura du mal à donner le dynamisme dont a besoin l’UDI pour franchir un nouveau cap et se positionner comme la future troisième force politique du pays.

    De même, des personnalités comme François Sauvadet (qui devrait récupérer la présidence du groupe UDI à l’Assemblée nationale, de quoi sans doute le contenter), Rama Yade ou Chantal Jouanno, pourraient être tentées de poser leur candidature sans grandes chances de succès, tant elles manquent de soutien à l’intérieur de la formation de centre-droit.

    Si l’on élargi la recherche, quelques noms apparaissent pour cette élection comme celui de l’ancien journaliste Jean-Marie Cavada (peut-être un peu trop âgé), du maire d’Issy-les-Moulineaux André Santini (trop de casseroles notamment judiciaires), de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Valérie Létard (un peu trop transparente), du maire de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin (un peu trop individualiste et trop critique sur l’Alternative, opposant intransigeant à François Bayrou),du député de la Marne Charles de Courson (trop focalisé sur son dada les dépenses publiques et sans réelle stature nationale), du nouveau maire de Laval et président du groupe UDI au Sénat, François Zocchetto (lui aussi quasiment inconnu au niveau national).

    Certains pourront y rajouter l’ancien socialiste et ministre de Nicolas Sarkozy Jean-Marie Bockel (sans aucune troupe pour le soutenir) ou Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste (mais trop velléitaire), qui font plutôt «has been» que prétendants sérieux.

    Si l’on reprend tous les noms que l’on vient de citer, on s’aperçoit que l’UDI a vraiment un problème de leadership qui pourrait être un handicap énorme pour son avenir.

    D’autant qu’il y a un leader centriste qui possède la stature nationale, la reconnaissance médiatique et l’expérience de chef, c’est bien évidemment François Bayrou!

    Bien sûr, le président du MoDem et nouveau maire de Pau ne se présentera pas à la présidence de l’UDI mais il pourrait être le grand bénéficiaire des moments difficiles qui se préparent dans cette formation.

    Pour autant, il sera aussi confronté au manque total de cohésion et à l’absence de projet et de programme cohérents de l’Alternative, cette organisation coopérative qui regroupe l’UDI et le Mouvement démocrate.

    Si le score de celle-ci est élevé lors des européennes, elle montrera son utilisé mais pas encore sa légitimité qui devra être construire après ces élections.

    On peut penser que la retraite de Jean-Louis Borloo va amener François Bayrou à être très consensuel et à faire nombre de compromis pour s’attirer les bonnes grâces des leaders de l’UDI afin d’asseoir un futur leadership sur l’espace centriste en vue des présidentielles de 2017 pour lesquelles il a assuré qu’il ne serait pas candidat (ce genre de promesse n’engageant que ceux qui la croit) ou pour négocier un «ticket» avec Alain Juppé (son soutien au maire de Bordeaux contre le poste de premier ministre).

    Un scénario fort possible d’autant plus crédible s’il a en face de lui un président de l’UDI faible et inconsistant.

    Reste que François Bayrou est à la tête d’un parti exsangue, tiraillé entre plusieurs tendances, avec peu de militants, peu de moyens financiers et peu d’élus (un peu plus néanmoins depuis les municipales), ce qui ne le place pas en position de force lors de négociations avec l’UDI, c’est le moins que l’on puisse dire.

    Dès lors l’implosion de l’espace centriste est une hypothèse vraisemblable.

    La politique ayant, comme la nature, horreur du vide, cela ne signifie évidemment pas la disparition des centristes et d’un ou plusieurs partis centriste mais la refondation centriste en prendrait un bon coup sur la tête.

    Quoi qu’il en soit, au risque de décevoir tous les fossoyeurs du Centre, et ils sont très nombreux, l’implosion et le morcellement, voire même la disparition fortement hypothétique d’une force politique centriste, ne signerait pas la disparition du Centrisme en tant que pensée politique et du Centre en tant que lieu politique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • La TVA sociale «centriste» nécessite des engagements forts de la part des entreprises

     

     


     

    La TVA sociale, mesure ardemment défendue par de nombreux centristes qui l’ont promue ces dernières années, est-elle une mesure efficace et indispensable en ces temps de crise et de mondialisation qui recompose le paysage économique et industriel de la planète ou n’est-elle qu’une fausse bonne idée, un gadget politique de plus?

     

    Rappelons que le principe de la TVA sociale est de faire payer par le consommateur une partie de la protection sociale en délestant d’autant l’entreprise et le salarié de cette charge. Cela permet, dans une modélisation idéale, de donner de la compétitivité aux entreprises françaises et de demander aux produits étrangers à bas prix (et à bas coûts) qui rentrent sur le marché national de participer à cette protection sociale, ce qu’ils ne font pas jusqu’à aujourd’hui, profitant de cette franchise de coût pour concurrencer de manière déloyale les produits français.

     

    Cette conception, sur le papier, d’une contribution des exportations au modèle social français est assez pertinente dans le sens où elle introduit un élément régulateur dans une distorsion de la concurrence qui ne profite actuellement qu’aux produits étrangers et pénalisent les produits français.

     

    Mais, pour que cette TVA sociale soit pertinente dans la réalité, il faut qu’au niveau de la société française, elle soit une mesure «gagnant-gagnant».

     

    Car, toujours dans une modélisation idéale, pour que la baisse des coûts de production sur le territoire français induit par la TVA sociale bénéficie à tous et pas seulement aux entreprises, ces dernières doivent répercuter, d’une façon ou d’une autre, cette baisse afin d’éviter que le pouvoir d’achat de tous ne soit pas rogné.

     

    Cela signifie, concrètement, que le prix de vente des produits «made in France» ne doivent pas augmenter à cause de la hausse de la TVA dans sa part «sociale».

     

    Le consommateur ne doit être lésé que s’il préfère acheter des produits étrangers à bas coûts (et à moins bas prix…) mais pas s’il opte pour des produits fabriqués sur le territoire français.

     

    Or ceci demande qu’il n’y ait pas de volonté de la part des entreprises française d’augmenter leurs profits en «refaisant leurs marges» grâce à cette hausse de la TVA, en vendant toujours au même prix hors TVA et donc plus cher pour le consommateur.

     

    Cette situation est celle que craignent de nombreux économistes ou politiques comme, par exemple, le député Nouveau centre, Charles de Courson, spécialiste des finances publiques. Dès lors, la TVA sociale serait donc injuste pour les plus démunis mais également source d’inflation.

     

    Sans faire de procès d’intention aux entreprises, il est inquiétant de noter les dernières déclarations de celles-ci via l’Afep (Association française des entreprises privées regroupant les plus grosses entreprises françaises) et le Medef.

     

    Ainsi, que ce soit pour Laurence Parisot (Medef) ou Maurice Levy (Afep), l’idée est de permettre aux entreprises de dégager des marges plus importantes grâce à cette fiscalisation de la protection sociale. Afin d’éviter d’être taxées d’antisociales, les deux organisations proposent de relever les salaires, ce qui démontre que cette hausse de la TVA et la baisse de la taxation des entreprises entraînera, dans leur vision, une hausse des prix.

     

    Dès lors, la TVA sociale ainsi conçue et organisée devient pour les politiques un boulet électoral, ce qu’avait très bien senti Nicolas Sarkozy en 2007. Les électeurs ne voient dans une augmentation de la TVA, qu’une augmentation mécanique des prix.

     

    Pire, ils savent que les promesses des politiques affirmant que les prix demeureront raisonnables et toute autre déclaration lénifiante dans le même sens n’engagent que ceux qui les croient puisqu’aucune obligation légale ne les accompagne.

     

    Quand, déjà, à la base, pour le consommateur-électeur il est évident qu’il y a un risque de dérapage, il ne va pas se jeter dans la gueule du loup aussi facilement, ce que les résultats des législatives de 2007 avaient démontré (Jean-Louis Borloo, pressenti pour être le ministre de l’économie et des finances du gouvernement du nouveau président élu, avait défendu l’instauration d’une TVA sociale, ce qui avait fait perdre, selon l’UMP, une cinquantaine de députés à la majorité présidentielle).

     

    Du coup, en l’absence de contrôle des prix par les pouvoirs publics auquel il est hors de question de revenir, seule une obligation consentie par un accord dûment signé (et non pas de simples déclarations d’intentions) peut faire de la bonne idée qui est derrière l’instauration de la TVA sociale, une mesure efficace et supportée par les électeurs.

     

    Et elle doit pouvoir être abrogée si les entreprises ne tiennent pas leur parole.

     

    Sinon, la TVA sociale risque d’être le Waterloo de ceux qui en sont les promoteurs.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme