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  • Présidentielle 2017. Est-ce vrai que la Droite ne peut gagner sans le Centre?

    Selon les leaders centristes, Jean-Christophe Lagarde en tête dont c’est un des slogans favoris qu’il ressort systématiquement dans es interviews, la Droite ne pourrait gagner en 2017 sans le Centre, sous-entendu, LR a absolument besoin des voix UDI pour s’imposer.

    Cette affirmation n’est malheureusement étayée par aucune réalité électorale, ni sondagière.

    Ainsi, si le candidat LR serait Alain Juppé, cas de figure le plus probable actuellement, celui-ci n’a besoin ni des voix UDI, ni même des voix MoDem que lui offre Bayrou, au premier tour pour s’imposer devant le candidat de gauche et être le vainqueur au second tour.

    Les sondages qui ont testé le cas de figure où Alain Juppé et François Bayrou seraient tous les deux concurrents au premier tour accordent, comme celui réalisé par IPSOS pour le Cevipof de Sciences Po Paris et Le Monde en janvier dernier, autour de 8% au président du Mouvement démocrate et plus de 30% au maire de Bordeaux.

     

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  • Que veut en réalité François Bayrou?

    A question simple, réponse simple: François Bayrou veut être président de la république.

    Tout, dans ses propos et ses actes, le montre depuis qu’il s’est présenté la première fois en 2002.

    Tout dans ses déclarations actuelles – relayées par celles de ses proches – le confirme.

    Surtout dans son obsession propre à tous ceux qui, obnubilés par cette envie d’occuper le fauteuil de l’Elysée, font le sacrifice de tout le reste, l’UDF dans un premier temps, le Mouvement démocrate dans un deuxième, compris.

    Parce qu’il se considère, au moins depuis 2007, comme le seul homme de la situation face aux extrémistes et aux candidats sans envergure que sont, à ses yeux, les Sarkozy, Hollande, Royal, Borloo et quelques autres pour résoudre la crise profonde qui, selon lui, touche la France, pas seulement économique mais également morale et qui l’atteint dans sa cohésion même, d’où ses appels répétés à une large union de tous les démocrates.

     

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  • Le libéralisme n’est pas monolithique mais son point d’équilibre est au centre

    Le Libéralisme, et c’est tant mieux, semble être devenu en France un héritage national commun à tous les courants politiques excepté les extrêmes.

    Cela n’a pas toujours été le cas et cette appropriation semble parfois un peu artificielle sur certains points quand elle n’est pas bâtie sur une méconnaissance de ce qu’est le libéralisme par ceux qui s’en revendiquent.

    Rappelons que le Libéralisme est né de cette idée théorisée par John Locke que les individus pouvaient se gouverner eux-mêmes si leur puissance à chacun (théorisée, elle, par Hobbes qui en faisait pour la première fois un attribut ontologique de l’individu) était transformée dans des droits qui devaient obéir à la loi.

     

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  • MoDem – Le virage à droite en phase terminale

    Avec son ralliement presque acté à la grande majorité des listes LR-UDI pour les régionales, le Mouvement démocrate de François Bayrou vient de franchir un nouveau pas décisif dans son ralliement au pôle de droite.

    Créé en 2007, comme son peu illustre devancier, le Mouvement des démocrates, fondé en 1972 par Michel Jobert (1921-2002), ancien ministre des affaires étrangères de George Pompidou, le parti voulait se trouver «ailleurs», en dehors des clivages gauche-droite.

    Surtout, comme son prédécesseur, il avait été créé pour soutenir l’ambition d’un homme, ici François Bayrou, là Michel Jobert.

     

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  • Axe central: Centrisme, gaullisme, socialisme libéral ou seulement opportunisme?

    L’axe central qui regroupe des hommes comme Manuel Valls, François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Pierre Raffarin ou encore Alain Juppé, allant de la gauche modérée à la droite modérée pourrait bien devenir l’axe incontournable de la vie politique française dans les années à venir.

    C’est dire s’il attise les appétits et amène de plus en plus d’ambitieux à s’en revendiquer afin de se l’approprier ou d’avoir une part du gâteau.

    De même, chacun y vient avec sa propre définition ou son propre positionnement politique ce qui fait que cet axe central a encore, pour l’instant, des contours flous qui devraient s’éclaircir au fil du temps s’il doit aboutir, évidemment, à une coalition en bonne et due forme de tous ceux ou d’une grande partie de ceux qui s’en revendiquent.

    Ce qui semble acté c’est que cet espace politique encore informel regroupe des libéraux venus de tous les horizons politiques qui prônent des réformes profondes tout en mettant en avant une modération dans la pratique politique, cette fameuse «médiété» chère au philosophe grec Aristote qui voyait en elle la plus grande vertu.

    Mais tous ne viennent pas avec la même vision politique et beaucoup avec comme principale ou seule motivation de se placer au bon endroit au bon moment.

    En outre, pour certains d’entre eux, il s’agit de centrisme. Pour d’autres, de gaullisme. Pour d’autres encore, d’un socialisme libéral.

    Toutes ces pensées politiques différentes sont certainement solubles en une alliance mais ont de nombreuses divergences que seule la lutte contre la radicalité et l’extrémisme ne suffit pas à réduire à néant.

    L’on peut aussi y voir un simple opportunisme, en tout cas, la volonté de préempter cet axe central en devenir pour ses ambitions présentes et futures.

    Ce pourrait être le cas pour trois des figures les plus médiatiques de celui-ci, Manuel Valls, François Bayrou et Alain Juppé.

    Personne ne remet en cause leur proximité avec le centre de la vie politique et leur attachement aux valeurs libérales, même si elles peuvent être à géométrie variable.

    Néanmoins, personne ne peut nier que ces trois personnalités ont des parcours politiques différents et que des questionnements légitimes peuvent se faire sur leur attachement à cette centralité qu’ils revendiquent.

    Manuel Valls, formé en tant que rocardien, reste, par exemple, attaché à une égalité qui n’est pas seulement des chances et issues de la méritocratie mais qui renvoie à toutes les luttes de la Gauche au cours du dernier siècle.

    Alain Juppé, venu du néo-gaullisme est, lui, un homme souvent attaché aux pouvoirs étatiques face à la société civile et où le pouvoir central conservent de très importantes prérogatives face aux pouvoirs locaux.

    François Bayrou est certainement celui qui a le plus de légitimité à se trouver sur cet axe central mais également celui qui suscite le plus grand nombre d’interrogations!

    Démocrate-chrétien et centriste revendiqué à l’UDF, il entame un virage social-démocrate lors de la création du Mouvement démocrate après les présidentielles de 2007 puis un virage gaulliste pour les présidentielles de 2012 avant de revenir vers le centre-gauche puis de se positionner au centre-droit et à revenir aux alliances avec la Droite.

    Actuellement, il est difficile de définir très exactement le lieu politique de Bayrou et ce qu’il prône.

    Et même si c’est le cas également pour Valls et Juppé, les nombreux allers-retours du président du Mouvement démocrate troublent quelque peu son image.

    En outre, que ce soit pour Juppé ou Bayrou, tout comme la social-démocratie, le gaullisme n’est pas central même si c’est ce qu’aurait voulu le faire croire le Général de Gaulle en quête d’un consensus national extrêmement large qu’il n’a pu en fait réaliser que pendant une courte période à la Libération.

    Bien sûr, que ce soit pendant la Deuxième guerre mondiale, à la Libération ou lors de son retour aux affaires en 1958, il est vrai que des gens de gauche et du Centre l’ont rejoint.

    Mais il est tout aussi vrai que le gaullisme a été principalement un mouvement de droite ce que les présidentielle de 1965 ont démontré avec éclat (avec François Mitterrand et Jean Lecanuet) puis les événements de mai 1968, sans parler de ce qui s’est passé ensuite avec les héritiers revendiqués du gaullisme, Georges Pompidou, Jacques Chirac et même Nicolas Sarkozy.

    Par ailleurs, on voit bien que c’est au nom d’un large rassemblement que Valls, Bayrou et Juppé se positionnent sur l’axe central.

    Mais ils confondent alors souvent une sorte d’union nationale ad minima (tous les modérés contre les extrémistes de chaque côté) et cet axe central.

    Ce faisant, ils participent à lui donner ses contours flous actuels.

    Dès lors, il faudra sans doute attendre les projets politiques – qui tardent mais comme toujours –, plus sûrement les programmes électoraux en vue de la prochaine élection présidentielle (et les éventuelles négociations sur ceux-ci en vue de rapprochements) des personnalités qui veulent rassembler autour de l’axe central pour savoir si, au-delà de discours, de postures et de proximités affirmées, il y a possibilité de contrat de gouvernement pour 2017, voire pour 2022.

    Ou s’il n’y avait là qu’opportunisme même si, au-delà de celui éventuel des différents protagonistes, l’axe central a bien une véritable existence politique.

    Mais il se pourrait, comme souvent dans la politique, qu’il n’y ait pas d’hommes ou de femmes capables de l’incarner.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le tripartisme FN-PS-UMP annonce une «tricoalition» Droite-Centre-Gauche

    Le tripartisme qui se met en place lentement depuis 2002 et la présence improbable de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle n’est qu’une étape vers une recomposition plus profonde de l’échiquier politique qui devrait, à terme, se décliner en une «tricoalition» Droite (droite radicale et extrême-droite)-Centre (axe central avec sociaux-libéraux, libéraux sociaux et libéraux réformistes)-Gauche (gauche radicale et extrême-gauche).

    La France, ici, ne ferait que se fondre dans ce mouvement plus large qui touche la plupart des pays démocratiques, à des vitesses de changement variables.

    En Allemagne, sur les flancs de la coalition centriste CDU-SPD, il y a Die Linke, le parti de la gauche radicale et désormais l’afD (Alternative für Deutschland), parti de la droite radicale.

    Au Royaume Uni, la recomposition est moins visible même si face à la coalition conservateurs-libéraux, on trouve désormais l’UKIP, parti de droite radicale voire d’extrême-droite mais, de l’autre côté, le Parti travailliste est toujours scindé en deux avec un courant centre-gauche (souvent plus à droite que les libéraux!) et un autre gauche-gauche.

    Aux Etats-Unis, la droite radicale du Parti républicain fait pendant à la gauche du Parti démocrate alors qu’un espace central existe qui permet à Barack Obama d’avoir été élu à la Maison blanche et fait d’Hillary Clinton la favorite pour la présidentielle 2016, tous deux étant centristes.

    Et les excès des radicaux du Parti républicain, devraient, tôt ou tard, amener les plus modérés de cette formation à se rapprocher des modérés du Parti démocrate.

    En Espagne, on assiste à l’émergence d’une gauche radicale avec le parti Podemos mais aussi d’un Centre avec le parti Ciudadanos face aux conservateurs du Parti populaire et à la gauche traditionnelle du PSOE, tous deux en perte de vitesse.

    Et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres.

    Mais ne nous y trompons pas, l’alternative gauche-droite qui a dominé la vie politique depuis le début de la V° République n’a jamais consisté en un bipartisme.

    Deux exemples.

    Ainsi, en 1978 et en 1986, la victoire de la «droite» face à la «gauche» est celle du RPR et de l’UDF face au PS et au PC.

    En 1981, la victoire de la «gauche» sur la «droite» est celle du PS et du PC sur le RPR et l’UDF.

    Ce que montre la montée actuelle du FN, c’est la possibilité d’un match à trois qui préfigure celui qui opposera les coalitions droite radicale-extrême-droite, gauche modérée-centre-droite modérée, gauche radicale-extrême-gauche.

    Bien entendu, des inconnues subsistent pour savoir comment le régime de la V° République peut s’adapter à cette recomposition du paysage politique.

    Prenons le cas où la coalition centrale occupe le siège de président de la république et possède le plus d’élus à l’Assemblée nationale sans avoir la majorité.

    Elle pourrait alors être en charge des affaires même avec un gouvernement minoritaire face à la coalition de droite et la coalition de gauche même si des alliances ponctuelles entre ces deux extrêmes pourraient avoir lieu sur certaines questions mais sans doute pas sur un contrat de gouvernement qui leur permettrait d’être une alternative.

    Reste que ce pourrait être les institutions qui seraient amenées à changer face à cette nouvelle donne politique avec l’établissement d’une proportionnelle intégrale ou d’une dose forte de celle-ci pour les législatives et une prime à la coalition arrivée en tête afin qu’elle puisse gouverner en disposant d’une majorité à l’Assemblée nationale comme cela se fait dans certains pays déjà.

    Quoi qu’il en soit, l’émergence de cette «tricoalition» en France et dans d’autres pays devrait avoir lieu mais, surtout, elle est hautement souhaitable.

    Elle permettrait enfin de clarifier le débat politique au moment où les pays démocratiques et républicains doivent faire face à des enjeux capitaux pour leur avenir.

    Et, sans doute, «débarrassées» de leurs alibis modérés et responsables, la droite et la gauche radicales ainsi que leurs alliés extrémistes montreraient finalement leurs irresponsabilités et leurs clientélismes qui conduisent, petit à petit, la France dans la pente si dangereuse d’un populisme qui n’a jamais donné rien de bon et qui se fracasse tôt ou tard contre le mur indestructible des réalités.

    Espérons que cette recomposition ne tardera pas trop.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Jean-Christophe Lagarde, danger potentiel pour le Centre et l’UDI?

    Une des mises en garde répétées d’Hervé Morin, de Jean-Christophe Fromantin et de leurs amis respectifs avant, pendant et après l’élection de Jean-Christophe Lagarde au poste de président de l’UDI a été de dénoncer sa dangerosité sur la pérennité de la formation de centre-droit mais aussi sur ce qu’est et doit être le Centre, pointant ses pratiques, selon eux peu orthodoxes, voire de voyou, mais aussi une parole qui souvent dérape.

    Quelques mois après son intronisation, certains éléments du discours et des actes de Lagarde laissent penser qu’ils n’avaient pas tout à fait tort.

    L’impression que donne le président de l’UDI est double.

    D’une part, celle d’une volonté d’imposer l’UDI et sa personne dans le débat politique à tout prix.

    Voilà qui n’est pas négatif si l’on pense que le parti a un très important déficit de crédibilité dans l’opinion publique et que lui-même a un déficit de notoriété encore plus important.

    Sans oublier que le Centre est aujourd’hui incarné, pour la plupart des gens, par François Bayrou, président du Mouvement démocrate, mais par aucune personnalité de l’UDI depuis la retraite politique de Jean-Louis Borloo, comme vient de le rappeler un sondage sur les personnalités qui feraient un «bon président» où Lagarde, certes apparaît mais dans les derniers du classement.

    Dans cette optique, l’opposition frontale face à l’extrême-droite et au FN permet de positionner l’UDI comme la formation la plus pugnace contre leurs thèses et de donner de la visibilité médiatique à son président, le tout dans une légitimité sur le combat contre l’extrême-droite qui ne souffre aucune discussion.

    Et puis, bousculer par une agressivité au bon sens du terme les situations acquises, tant à droite qu’à gauche qu’à l’intérieur même des partis centristes où certains notables locaux ont tout verrouillé au mépris de toute dynamique, est salutaire.

    D’autre part, celle d’un homme qui est dans la surenchère systématique et dans la réaction virulente plutôt que dans l’échange d’arguments.

    Après son élection à la tête de l’UDI, on pensait qu’il adopterait un profil plus consensuel que celui qu’on lui connaissait depuis des années à l’UDF puis au Nouveau centre et enfin à l’UDI et qui a poussé beaucoup de dirigeants de cette dernière à soutenir Hervé Morin pour la présidence de la formation de centre-droit.

    Pas du tout. A plusieurs occasions, Jean-Christophe Lagarde a sur-réagi à une situation ou à une critique, faisant écho à ses humeurs dénoncées par ses opposants ainsi qu’à son surnom de «Sarkozy du 9-3», «compliment» donné, entre autres, par ses «amis» (critiques) UMP du département...

    Ce fut le cas, dès sa prise de fonction de président de l’UDI, lorsqu’il a traité sans aucune preuve de «menteur» le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, lors de la polémique sur les propos tenus par François Fillon à l’encontre de Nicolas Sarkozy, une charge qui n’avait strictement aucun intérêt politique, ni pour lui, ni pour l’UDI, ni pour le Centre – il suffisait qu'il dise qu'il s'agissait d'une histoire entre le PS et l'UMP – mais qui semblait être un acte d’autorité (pour s’imposer) et de reconnaissance (pour exister).

    Cela a été le cas sur la loi Macron qu’il a critiqué sans cesse et sans nuance alors qu’elle contenait, aux dires mêmes de plusieurs membres éminents de son parti, nombre de mesures positives que prônent, en plus, les centristes

    Bien avant même de pouvoir savoir si la loi était amendable, il a déclaré qu’il ne la voterait pas quoiqu’il arrive.

    Une posture d’opposition systématique qui le renvoie à son statut de second couteau qu’il a connu et qu’il a détesté de l’UDF à l’UDI et qui le faisait ruer dans les brancards plus que de nécessité.

    Cela vient, à nouveau, d’être le cas sur le conflit en Syrie à propos de la visite d’un sénateur de son parti à Damas pour rencontrer Bachar Al-Assad.

    Dans le dernier cas, non seulement, il a légitimé le voyage de François Zocchetto (en accord avec les sympathisants de son parti selon un sondage) en expliquant même qu’il faudra un jour reparler avec le dictateur syrien.

    Mais, afin de contrer les critiques qui se sont multipliées sur cette visite à un boucher sanguinaire, il en a rajouté plus que de mesure en en profitant, comme l’ont noté les médias, à être le seul représentant d’un parti républicain à critiquer la conduite de la guerre contre Daesh (ou organisation de l’état islamique) et d’attaquer François Hollande directement pour sa soi-disant incohérence dans sa position dans ce conflit.

    Si ses efforts pour donner une exposition à l’UDI et à son président doivent être salués, sa technique du bulldozer qui tire sur tout ce qui bouge pour faire le buzz ou pour avoir un diplôme de bon opposant ou encore pour être continuellement dans le rapport de force peut avoir, in fine, l’effet inverse de celui recherché.

    Car Jean-Christophe Lagarde n’est pas là pour séduire les électeurs de la droite radicale et extrême et encore moins leurs militants.

    Sa base, ce sont des électeurs qui refusent le plus souvent une vision d’opposition basique, un manichéisme partisan et l’absence de nuances, même s’ils sont de droite modérée et dont il doit s’attacher les votes en montrant son sérieux et sa responsabilité.

    Aujourd’hui, peut-être, nombre d’entre eux sont séduits par un discours vigoureux qui permet au Centre de se faire – parfois – entendre.

    Mais plus il sera martelé, avec les dérapages inéluctables qu’il comporte, plus il sèmera le doute chez les Français et, surtout, les sympathisants centristes.

    Plus il continuera à adopter la stratégie médiatique d’un Sarkozy, plus il brouillera le message du Centre.

    A ce moment là, si Jean-Christophe Lagarde n’a pas changé de style, forme et contenu compris, alors oui, il peut devenir dangereux pour l’UDI et le Centre, ouvrant, par ailleurs, un boulevard à François Bayrou qui n’en demande pas tant mais qui connaît bien l’homme.

    Espérons qu’il saura cultiver ses qualités et corriger ses défauts pour être un digne représentant du Centre.

    Il pourrait prendre exemple sur Yves Jégo, candidat malheureux à la présidence de l’UDI, dont les déclarations sont souvent justes «centristement» parlant ces dernières semaines, lui qui fut un inconditionnel de Sarkozy…

    Et ça tombe plutôt bien puisque Jégo et Lagarde sont alliés au sein de la majorité qui gouverne l’UDI.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’année du Centrisme - Edition France 2014. Le Centre en mouvement

    - Les partis centristes et les élections: succès relatifs

    Après la déculottée de 2012, les centristes ont eu pratiquement deux ans pour se préparer aux prochaines échéances électorales avec, en 2014, les municipales, les européennes et les sénatoriales.

    L’UDI et le Mouvement démocrate qui avaient créé l’Alternative en 2013 afin de se rapprocher, sont allés en ordre plus ou moins dispersé devant les électeurs.

    Ainsi, lors des municipales, le MoDem a fait alliance tantôt avec la PS, tantôt avec l’UMP, tantôt avec l’UDI, tantôt avec l’UMP et l’UDI alors qu’aux européennes, l’UDI et le Mouvement démocrate ont présenté des listes communes face au PS et à l’UMP. Quant aux sénatoriales, les listes ont été souvent UMP-UDI-MoDem.

    Les résultats ont été mitigés.

    Si l’UDI et le Mouvement démocrate ont gagné des villes aux municipales et des sièges aux sénatoriales, les deux partis le doivent le plus souvent à l’alliance avec l’UMP, démontrant ainsi les limites actuelles de leur indépendance au niveau électoral.

    Surtout, lorsque les deux formations centristes se sont présentées unies aux européennes avec une liste exclusivement centriste, elles n’ont réussi pas à passer la barre pourtant bien peu haute des 10%, loin derrière les trois gagnants, le PS, l’UMP et surtout le FN arrivé en tête d’une élection pourtant toujours favorable aux pro-européens et, en particulier, aux centristes.

    Même si on ne peut pas parler de défaite, les centristes ayant gagné des villes et des sièges au Palais du Luxembourg, ces succès sont relatifs et ne peuvent satisfaire les responsables centristes et l’autocongratulation des présidents des groupes UDI au Sénat et à l’Assemblée nationale lors des journées parlementaires de la confédération à propos des résultats électoraux semblait un peu décalée.

    Cela ne donne pas, en tout cas, d’indications précises sur les législatives et les présidentielles de 2017 qui seront évidemment cruciales pour savoir si le Centre est redevenu une force qui compte comme dans les années 1980-1990 pour l’UDF.

     

    - Bayrou se rapproche de Juppé et s’éloigne de l’UDI

    On avait quitté un François Bayrou de centre-gauche, on le retrouve au centre-droit mais pas forcément aux côtés de l’UDI.

    Après avoir essayé sans succès de se rapprocher de François Hollande, il a jeté son dévolu sur Alain Juppé qu’il affirme vouloir soutenir dans sa quête élyséenne de 2017 ou, si ce dernier n’est pas le candidat désigné de l’UMP, se présenter lui-même une quatrième fois.

    Ce qui permet au président du Mouvement démocrate et nouveau maire de Pau de laisser planer un doute sur sa propre candidature, c’est qu’il est toujours haut dans les sondages de popularité par rapport aux autres hommes politiques et qu’il est encore celui à qui les Français pensent en premier quand on doit citer une figure centriste.

    Reste que pour retrouver concrètement sa place de numéro un du Centre, il devra séduire, à la fois, les militants et les électeurs de l’UDI ce qui est loin d’être gagné en cette fin 2014.

    Surtout, il devra retrouver la confiance de tous ces centristes qui se sont détachés de lui au cours des quinze dernières années, ceux qui se trouvent maintenant à l’UMP et ceux qui se trouvent à l’UDI, au premier rang desquels il y a le nouveau président de ce parti, Jean-Christophe Lagarde.

    Il semble qu’il ait renoué les liens avec Hervé Morin mais il faudra voir si ce rapprochement est plus durable que les tactiques mises en place lors de l’élection interne de l’UDI.

     

    - Les présidentielles de l’UDI et le challenge de Lagarde

    Quatre candidats ont tenté de devenir président de l’UDI après le départ de Jean-Louis Borloo de la confédération qu’il avait mise sur pied en 2012 à la sortie des présidentielles et des législatives catastrophiques pour les partis centristes.

    Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly-sur-Seine, le démocrate-chrétien aux valeurs très conservatrices alliées à une vision très libérale de l’économie, Yves Jégo, député-maire de Montereau, transfuge de l’UMP, libéral économiquement et sociétalement mais aussi nouvellement centriste, Hervé Morin, député-maire d’Epaignes et président très libéral du Nouveau centre, Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy et président aux accents démocrates-chrétiens de Force européenne démocrate étaient en lice.

    C’est ce dernier qui, au second tour et face à Hervé Morin, l’a emporté avec près de 54% des suffrages exprimés.

    Cette finale entre les deux frères ennemis de l’UDI (et, avant, du Nouveau centre) aurait pu se transformer en pugilat et le résultat de l’élection aurait pu sonner le glas de la confédération centriste tellement les inimitiés sont fortes entre les deux hommes et les clans qui les soutiennent.

    Cela n’a pas été le cas au grand soulagement de ceux qui se sont investis dans l’UDI pour tenter de refonder un Centre qui compte dans la vie politique.

    Mais si Jean-Christophe Lagarde a passé le premier écueil et si l’UDI est encore existante aujourd’hui, cela ne veut pas dire que tout est réglé loin de là.

    L’année 2015 sera ainsi très importante pour le parti centriste qui, à la fois, sera tiraillé par des forces internes antagonistes et subira les pressions de forces extérieures, notamment de l’UMP mais aussi du Mouvement démocrate pour n’être qu’un simple faire-valoir en vue des élections présidentielles et législatives de 2017.

    De même, le parti de centre-droit devra s’atteler à définir un projet politique et à penser à son programme politique pour 2017.

    C’est peut-être dans ces tâches qu’il pourra trouver une unité puisque les points de vue, même s’ils divergent ici ou là, sont assez homogènes.

    En tout cas, si l’UDI veut passer un cap pour être reconnu comme une force qui compte dans le paysage politique français, il va falloir qu’elle acquiert une identité qui lui manque encore aujourd’hui.

     

    - L’axe central et les centristes

    En cette année 2014, on a peut-être assisté aux prémisses d’une recomposition politique qui pourrait prendre plusieurs années, en tout cas qui ne pourra être réelle et légitimée que lors de prochaines élections nationales comme celles de 2017 ou, plus sûrement, sera une conséquence des résultats qui sortiront des urnes à cette occasion.

    Ainsi, à côté des extrêmes et des radicaux de la Gauche et de la Droite, se dessine, timidement mais sûrement, un axe central allant d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou.

    En termes de courants des formations politiques, cette force en latence va des sociaux-libéraux du PS aux réformateurs de l’UMP en passant par les libéraux-sociaux de l’UDI et du Mouvement démocrate, tous ceux qui défendent une démocratie républicaine libérale et une économie sociale de marché.

    Bien entendu, chaque camp refuse pour l’instant cet axe et chacun tente simplement d’organiser des ralliements.

    Mais, que ce soit dans les propos de Manuel Valls ou d’Alain Juppé, les bases de cette recomposition sont présentes.

    Les centristes, eux, demeurent un peu plus dubitatifs.

    Il faut dire que leur instrumentalisation passée, tant par la Droite que par la Gauche, les incitent à la prudence.

    Seul aujourd’hui François Bayrou semble avoir pris son parti en faveur d’un rapprochement avec Alain Juppé.

    Cet axe, s’il voit le jour, pour être réellement central, voire centriste, devra compter sur un Centre fort et uni pour ne pas être un simple gadget, ce qui n’est pas encore le cas.

     

    - Les présidentielles de 2017 et le candidat centriste

    Si les élections présidentielles ne sont que dans deux ans, elles agitent déjà tous les états-majors politiques.

    L’emballement du temps politique pose évidemment de nombreuses questions sur la possibilité d’une démocratie efficace et apaisée mais c’est un fait qui amène à donner une importance démesurée à la préparation d’une présidentielle dès le résultat de la précédente.

    Dans ce cadre, les centristes se trouvent au milieu d’un jeu qu’ils tentent, tant bien que mal de maîtriser.

    L’enjeu est de savoir s’ils seront capables de présenter un candidat unique et crédible alors que le paysage politique en cette fin 2014 amène plutôt à prédire un effondrement du PS en 2017 avec, en parallèle, une montée excessivement forte et aussi inquiétante du FN et une UMP qui résiste sans pour autant une percée de l’UDI ou du MoDem dans l’opinion.

    Ainsi pour que l’UMP soit assurée d’être au second tour face, sans doute si rien n’évolue d’ici à deux ans, à la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen, il lui faut les voix centristes.

    C’est la raison pour laquelle l’UMP exerce déjà une pression très forte sur l’UDI mais aussi le Mouvement démocrate pour qu’il n’y ait qu’un candidat et évidemment qu’il vienne de la Droite et non du Centre.

    Face à cela, les centristes sont en ordre dispersé.

    Il y a ceux qui veulent une alliance dès à présent avec l’UMP et un soutien à son candidat quel qu’il soit. Ils sont très minoritaires jusqu’à présent. C’est le cas de François Sauvadet, soutien inconditionnel de Nicolas Sarkozy.

    Il y a ceux qui veulent participer à une primaire conjointe de la Droite et du Centre pour désigner le futur candidat sachant que ce sera soit Nicolas Sarkozy, soit Alain Juppé avec aucune chance pour les candidats centristes à l’heure actuelle. C’est le cas d’Hervé Morin qui ne veut surtout pas d’une candidature Lagarde.

    Il y a ceux qui veulent un candidat centriste sur le principe et, si celui-ci rencontre une adhésion populaire, sa présence au premier tour de la présidentielle et, s’il n’est pas qualifié pour le second, un désistement en faveur du candidat de la Droite. C’est le cas de Jean-Christophe Lagarde (qui se verrait bien en candidat du Centre) et d’Yves Jégo.

    Puis il y a celui qui veut défendre un candidat UMP, Alain Juppé, et si celui-ci n’est pas désigné par la primaire de droite, se présenter face à Nicolas Sarkozy et, éventuellement, ne pas appeler à voter pour lui au second tour. Il s’agit de François Bayrou.

     

    - Le Centre uni n’est pas encore une réalité

    En créant l’Alternative en 2013, Jean-Louis Borloo et François Bayrou affirmaient vouloir rapprocher leurs deux formations, l’UDI et le Mouvement démocrate.

    En cette fin 2014, cette «organisation coopérative» comme l’a baptisée François Bayrou n’a été qu’une simple appellation pour le cartel électoral mis en place lors des élections européennes avec le peu de succès que l’on sait.

    Surtout, l’Alternative a permis à François Bayrou de ressusciter politiquement sur le dos de l’UDI ce que les responsables de cette dernière ont peu apprécié, Jean-Christophe Lagarde en tête.

    Même si les responsables des deux partis jurent qu’une de leurs tâches principales est bien une refondation du Centre qui aboutit à une réunification de la famille centriste, on ne voit pas très bien comme cette dernière pourrait aboutir en 2015 et même au-delà.

    Le repositionnement de François Bayrou au centre-droit n’a pas eu comme conséquence la mise en route d’une union plus forte entre les deux formations centristes.

    Les préventions et les incrédulités demeurent de chaque côté.

    Peut-être qu’un projet politique commun, comme pour les différentes composantes de l’UDI, pourrait resserrer des liens encore très distendus.

     

    - Centriste de l’année: Jean-Christophe Lagarde

    Après le retrait – temporaire ou définitif – de la vie politique de Jean-Louis Borloo, il fallait que l’UDI se dote d’un nouveau président. Jean-Christophe Lagarde a donc été celui-là. Et c’est une victoire importante pour le député-maire de Drancy qui était demeuré jusque là un second couteau, ne parvenant pas à franchir le palier supplémentaire pour devenir un leader politique au niveau national.

    Il va falloir évidemment qu’il confirme et qu’il prenne de l’épaisseur mais sa victoire ainsi que ses premiers pas en tant que président ont été réussis.

    Bien entendu, les côtés controversés de l’homme demeurent et il est pratiquement sûr qu’il ne fera pas l’unanimité à l’UDI avant longtemps.

    Mais l’important pour Jean-Christophe Lagarde est d’être enfin en haut de l’affiche afin de démontrer tout son savoir en matière d’organisation (comme la réussite de son implantation en Seine-Saint-Denis) et de positionnement politique de l’UDI qui doit être, selon lui, le parti de l’humanisme et du fédéralisme, le tout teinté de solidarisme.

    La constitution de son équipe dirigeante n’a pas, en revanche, été aussi habile qu’on aurait pu le penser avec une distribution quasi-exclusive des postes à ses proches et peu de présence des autres composantes de l’UDI, notamment des amis d’Hervé Morin.

    Sans doute que Lagarde veut une direction soudée pour une efficacité maximum.

    Dès lors, si échec il y a, il sera entièrement le sien.

    Reste qu’avec la déliquescence du Parti socialiste et la montée du Front national, l’UDI a un rôle important à jouer et une place à prendre.

    Tout est de savoir si Jean-Christophe Lagarde parviendra à relever ce challenge.

    Son volontarisme est une arme mais l’on sait depuis longtemps qu’elle est à double-tranchant tant ceux qui l’ont employée, ont obtenu des résultats mitigés dans leur action, voire des défaites cuisantes.

    Néanmoins, ce volontarisme tranche avec un discours centriste souvent sans relief et sans saveur qui se retranche derrière la modération pour ne pas être ambitieux.

    Que Jean-Christophe Lagarde ait de l’ambition pour le Centre (et pour lui), est une des bonnes nouvelles de 2014.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Le Centrisme en France en 2015. Le Centre à la recherche de crédibilité

    - UDI, envol ou stagnation?

    Créée en 2012, l’UDI a du affronter deux examens de passage en 2014.

    Le premier a été constitué des rendez-vous électoraux où la confédération regroupant plusieurs partis centristes et de droite modérée, a obtenu des résultats satisfaisants mais sans plus.

    Néanmoins, ces derniers ont démontré qu’elle pouvait avoir une existence électorale, ce qui n’était pas gagné d’avance après la forte déconvenue des centristes en 2012.

    Le deuxième a été l’élection d’un nouveau président après le départ de son fondateur, Jean-Louis Borloo.

    Si la campagne a été peu consensuelle et loin d’être amicale, elle n’a pourtant pas dégénéré en un pugilat comme beaucoup pouvaient le craindre.

    Le deuxième tour entre deux frères ennemis, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde, s’est déroulé dans un climat tendu mais le perdant, Morin, n’a pas quitté le navire, ce qui était une des possibilités envisagées par les observateurs.

    Pour autant, le vrai rendez-vous de l’UDI se déroulera à la fois en 2016 et en 2017 avec l’annonce d’une éventuelle candidature pour les présidentielles et la capacité de la formation centriste lors des présidentielles et des législatives d’avoir de bons résultats et de peser avant et après sur la politique du pays.

    En 2015, les élections départementales et régionales seront sans doute pour l’UDI du même acabit que les municipales et les sénatoriales de 2014, c’est-à-dire des résultats encourageants mais pas mirifiques.

    Mais ce qui occupera – ou devrait occuper – la direction et les militants sera la consolidation du parti et la possibilité pour les différents courants et les différentes personnalités de coexister, voire de vivre ensemble sereinement.

    De ce point de vue, le lancement d’une réflexion sur le projet politique et le programme électoral en vue de 2017 pourrait être un élément positif pour rapprocher les personnalités et éviter des clashs.

    Mais rien n’est gagné d’avance et la survenance de dissensions et de dissidences n’est pas à exclure.

    Reste que celui ou ceux qui prendront le risque de mettre en péril l’UDI pourraient en payer le prix fort politiquement parlant.

     

    - Lagarde peut-il réussir?

    Jean-Christophe Lagarde est donc devenu le nouveau président de l’UDI, poste qu’il convoitait et qui était essentiel pour lui faire prendre une nouvelle dimension politique.

    Sa victoire avec près de 54% des voix ne souffre aucune discussion même si elle n’est pas assez massive pour l’installer comme un leader indiscutable et indiscuté.

    Néanmoins, sa campagne et ses premiers pas en tant que leader de la confédération ont été réussis mais ils n’ont pas levé les interrogations sur ses capacités à diriger l’UDI ainsi qu’à devenir une personnalité politique nationale de premier plan.

    D’autant qu’il est loin de faire l’unanimité à l’intérieur du parti et que les articles et autres reportages sur sa gestion de la ville de Drancy et de la fédération UDI de Seine-Saint-Denis ont été loin d’être élogieux, pointant des comportements limites et des pratiques peu démocratiques.

    Bien sûr, les renseignements sur lesquels se sont appuyés les journalistes sont souvent venus du camp d’Hervé Morin et de ses amis mais la personnalité de Lagarde ainsi que sa façon d’agir et de parler alimentent assez facilement les doutes et les suspicions journalistiques.

    Il semble évident qu’un des modèles politiques de Jean-Christophe Lagarde, auquel il fait peu référence, est Nicolas Sarkozy et sa façon d’agir à la hussarde, tant à l’intérieur de l’UDI que dans ses prises de position.

    Ainsi, il n’a pas de mots assez durs pour fustiger la «mollesse» des centristes pour indiquer qu’il n’est pas de cette espèce, préférant le coup de poing politico-médiatique.

    Mais cette façon d’agir est loin d’être la vision centriste de la politique alors qu’elle l’est largement pour celle de la Droite, ce qui peut braquer une partie de l’électorat qui vote pour le Centre.

    Dès lors, Jean-Christophe Lagarde devra démontrer que l’on peut avoir un comportement agressif dans le bon et le mauvais sens du terme tout en étant capable de délivrer un message humaniste qui a du sens, ce qui est son leitmotiv selon ses propos.

    Les dérapages verbaux font partie intégrante de sa stratégie politique et de sa personnalité.

    Reste à savoir s’ils lui ouvriront un avenir radieux ou, au contraire, le mettront en total porte-à-faux avec le courant de pensée politique qu’il veut représenter.

    Mais il faut cependant louer le fond de son discours lorsqu’il reprend les fondamentaux centristes trop souvent oubliés par d’autres, tant à l’UDI qu’au Mouvement démocrate, ainsi que sa farouche détermination à construire un Centre indépendant et une UDI forte.

    En revanche, ses déclarations sans nuance sur moult sujets d’actualité demeurent problématiques pour l’image de son parti.

     

    - Mouvement démocrate, enlisement ou résurrection?

    Que va devenir le Mouvement démocrate?

    La question est assez récurrente depuis 2007 tant le parti fondé par François Bayrou pour remplacer l’UDF ne parvient pas à se développer du fait même qu’il a été créé avant tout pour permettre à l’ambition présidentielle de son président de se réaliser, ce qu’il n’a pu faire jusqu’à présent.

    Reste que l’échec de 2012 où François Bayrou n’est pas parvenu à dépasser les 10% de voix mais surtout les échecs à répétition lors de toutes les autres élections nationales auxquelles il a participé n’ont pas signé son arrêt de mort que beaucoup prédisaient.

    Pour expliquer cela, bien sûr, il y a ces militants totalement dévoués à leur chef, une anomalie dans l’espace centriste mais aussi une certaine résilience de ces centristes qui estiment que le MoDem est aujourd’hui le seul parti qui représente le Centre indépendant et qui ne veulent pas entendre parler d’un ralliement à l’UDI qui, selon eux, est composé de gens qui ont trahi la cause centriste en 2007, lors du second tour de la présidentielle, qui a amené à la création du Nouveau centre et à son soutien sans faille pendant cinq ans à Nicolas Sarkozy que François Bayrou, de son côté, critiquait sans relâche.

    Le retour à droite du Mouvement démocrate pose malgré tout des questions sur son avenir.

    Aujourd’hui, il est plus dans une sorte de doublon avec l’UDI que de concurrence sur des lignes politiques différentes.

    Mais les rancœurs étant tenaces tant à l’UDI qu’au MoDem, on ne voit pas encore une réunification de la famille centriste dans une seule formation.

    Du coup, le Mouvement démocrate ne va pas disparaître, sans doute, avant 2017.

    Après, c’est une autre histoire.

     

    - Quid de l’avenir présidentiel de François Bayrou?

    Trois tentatives, trois échecs dès le premier tour, surtout une descente vertigineuse entre la troisième place de 2007 avec 18,7% des voix et la quatrième de 2012 avec moins de 10% des voix, loin derrière les candidats du PS et de l’UMP mais aussi, nettement plus grave, du Front national.

    Dans ce cadre, on peut légitimement se poser la question de savoir si François Bayrou a encore un avenir présidentiel.

    2015 sera peut-être une année charnière pour apporter des éléments de réponse dans un sens ou dans un autre.

    Aujourd’hui, les choses semblent claires puisque François Bayrou affirme avoir fait allégeance à Alain Juppé s’il est candidat.

    Mais, car il y a un mais, si l’ancien premier ministre de Jacques Chirac et actuel maire de Bordeaux ni va pas, alors il laisse ouverte la porte à sa propre candidature.

    Le président du Mouvement démocrate, qui a ressuscité politiquement avec son élection à la mairie de Pau, estime sans doute qu’il a encore ses chances puisqu’il demeure dans le peloton de tête des baromètres des politiques les plus appréciés des Français.

    S’il se présente en 2017, il compte jouer le rejet, à la fois, de Hollande et de Sarkozy et la peur de Le Pen pour arriver en tête des candidats démocrates au premier tour et comme seul rempart à l’extrême-droite au second.

    Un challenge qui n’est pas impossible mais qui ne semble pas le plus probable.

     

    - L’Alternative, disparition ou dynamique?

    L’Alternative, cette «organisation coopérative» mise en place en 2013 par Bayrou et Borloo pour rapprocher le MoDem et l’UDI a-t-elle encore un avenir? Ou, plutôt, a-t-elle encore un intérêt?

    Sa seule utilité jusqu’à aujourd’hui a été d’être un cartel électoral qui a permis des listes communes entre les deux partis centristes aux européennes.

    Mais le résultat a été très décevant, moins de 10% des voix et une quatrième place derrière le FN, L’UMP et le PS, dans une élection où, pourtant, les thèses centristes rencontrent généralement une plus forte adhésion.

    Dès lors, on peut se demander à quoi sert l’Alternative d’autant que lorsque l’on parle des élections départementales et régionales de 2015, c’est pour indiquer la constitution de listes communes UMP-MoDem- UDI sans aucune mention pour l’organisation coopérative.

    Peut-être que l’Alternative ne sera pas dissoute – on ne sait jamais, elle pourrait servir – mais on ne voit pas pourquoi elle deviendrait autre chose que ce qu’elle est actuellement.

     

    - Centristes de l’UMP, à quoi vont-ils servir?

    Depuis la création de l’UDI, les centristes de l’UMP sont une sorte d’anomalie politique d’autant que, malgré les efforts d’un Jean-Pierre Raffarin ou de quelques autres, on ne les entend peu, qu’ils ont peu d’idées et que leur seule ambition semble être, à la fois, de tenter d’exister dans le parti et de ne pas perdre leurs mandats électifs afin de ne pas disparaître du paysage politique.

    Pour autant, malgré cette totale marginalisation à l’intérieur de l’UMP, ils ne se sont pas ralliés en masse à l’UDI, loin de là.

    A part les troupes de Borloo venues de l’UMP – et encore pas toutes – les prises de guerre ont été limitées à quelques personnes en rupture de banc avec le parti de droite (Méhaignerie, par exemple). Et celles-ci ont eu lieu en 2012.

    Même l’élection à la présidence de l’UMP de Nicolas Sarkozy avec un discours très à droite et un mépris pour les centristes (mais pas pour leurs voix) n’a causé aucun départ de ces derniers vers l’UDI.

    Ce n’est donc pas en 2015 que l’on devrait assister à des retrouvailles des centristes de l’UMP avec ceux de l’UDI et du Mouvement démocrate.

    Mais les centristes de l’UMP ou ceux qui se prétendent centristes seraient bien inspirés, parfois, de marquer leur différence ou leur originalité, ce qu’ils font de moins en moins, se laissant lentement aspirer pour ne devenir que des droitistes modérés, ralliés à l’un ou l’autre des leaders de l’UMP.

     

    - Juppé peut-il séduire les centristes?

    Alain Juppé veut avoir les centristes avec lui pour devenir président de la république. Mais, a-t-il tenu à préciser alors que personne ne le lui demandait, il n’est pas centriste.

    Dont acte.

    C’est vrai que le gaullo-radicalisme modéré de Juppé peut séduire les centristes d’autant que l’homme se veut réformiste à l’inverse de son mentor, Jacques Chirac, qui repoussa, après la cuisante défaite des législatives de 1997, toute idée de modernisation de la société française lors de ses deux mandats pour ne froisser personne.

    Si François Bayrou s’est déjà rallié à Alain Juppé, ce n’est pas encore le cas de l’UDI même si certains à l’intérieur de la confédération comme Hervé Morin seraient prêts à le faire.

    Cependant, les trois autres candidats à la présidence, dont le vainqueur (Fromantin, Jégo, Lagarde) sont loin de vouloir remettre les clés de l’UDI à Alain Juppé.

    Ce dernier devra donc faire des efforts pour les convaincre et 2015 verra sans doute des initiatives dans ce domaine de la part du maire de Bordeaux.

     

    - Valls peut-il créer une nouvelle majorité de centre-gauche?

    Manuel Valls a occupé le terrain politique en 2014 avec, entre autres, sa volonté d’ouvrir la majorité présidentielle au centre.

    Les partis centristes ont répondu avec une fin de non recevoir mais le premier ministre de François Hollande voit sans doute plus loin qu’une entrée de quelques personnalités du Centre dans son gouvernement.

    C’est à une recomposition politique qu’il veut s’atteler.

    Issu du courant rocardien du PS, celui-là même qui, en 1988, avec son fondateur, Michel Rocard, comme premier ministre, fit entrer des centristes dans un gouvernement de gauche, il sait que ce qui rapproche les sociaux-libéraux dont il fait partie et les libéraux sociaux que sont les centristes est plus important que ce qui rapproche les premiers nommés de la gauche radicale et de la vieille gauche arc-boutée sur des visions périmées de la société.

    Cette recomposition, Manuel Valls la voit pour 2017 et la présidentielle, ou, si ce n’est pas encore possible, pour les années d’après.

    Les convictions de Manuel Valls en la matière ne peuvent être niées.

    Depuis des années, il plaide pour une ouverture du PS vers le Centre. Cependant, dans sa vision actuelle, il faut que ce soit les centristes qui se rallient plutôt que d’une nouvelle organisation du paysage politique.

    C’est pourquoi il semble peu probable qu’une nouvelle majorité de centre-gauche voit le jour en 2015 mais il sera intéressant de voir quelles seront les évolutions en la matière et si un dialogue va ou non s’instaurer entre les deux parties.

     

    - Axe central, plus qu’un feu de paille?

    Y a-t-il un axe central en gestation en France qui regrouperait les centristes, les sociaux-libéraux du PS (voire certains sociaux-démocrates) et les réformistes de l’UMP?

    S’il est un peu trop tôt pour l’affirmer, en tout cas, les convergences idéologiques existent bel et bien.

    Les difficultés dans lesquelles se trouve le gouvernement de Manuel Valls et le vraisemblable changement de majorité en 2017 (ou avant), ne facilitent guère une reconstruction du paysage politique dans les deux années qui viennent.

    Cela dit la radicalisation d’une partie de l’UMP et du PS, la montée des extrémismes populistes et poujadistes ouvrent enfin cette discussion sur les valeurs communes à cet espace central où pourrait se constituer cet axe central.

    Quoi qu’il en soit, ce sera par une alliance électorale sur un projet et une légitimité issue du suffrage universel que cet axe pourra exister un jour, sinon il ne sera qu’un objet politicien sans grand avenir.

     

    - Front national, le Centre devant ses responsabilités

    Les centristes luttent depuis toujours contre les clientélismes, tous les clientélismes qu’ils viennent de la Gauche ou de la Droite.

    De ce point de vue, ils sont les mieux placés pour lutter contre ces extrémismes qui s’appuient sur les pires penchants d’une partie de l’électorat et qui gagnent du terrain chaque année en France, qu’ils viennent de la Droite ou de la Gauche.

    Il faudra se rappeler de cette année 2014 où, pour la première fois, un parti d’extrême-droite est arrivé en tête d’une élection nationale en France, en l’occurrence les européennes.

    Les partis centristes doivent donc être le fer de lance d’une lutte contre l’obscurantisme du Front national et de son projet rétrograde pour la France ainsi que pour sa vision totalement opposée à celle humaniste du Centre.

    Jusqu’à présent, tant au Mouvement démocrate qu’à l’UDI, les comportements sont globalement exemplaires face au FN à part quelques exceptions vite réprimées.

    Mais le Centre ne doit pas relâcher la pression et entraîner avec lui tout ce que le pays compte de démocrates.

     

    - Les centristes à la recherche de crédibilité

    Où sont les partis centristes et que veulent-ils?

    Voilà deux questions au cœur même de la problématique politique que rencontre le Centre.

    Dans les sondages, les Français se disent proches du Centre et de ses valeurs humanistes et aiment bien les leaders centristes identifiables comme Bayrou ou Borloo, par exemple.

    Ils ont même placé une centriste, Simone Veil, comme leur personnalité préférée.

    Oui, mais voilà, lors des élections, les partis centristes sont loin derrière ceux de gauche et de droite.

    Il faut dire qu’il est souvent difficile à l’électeur de savoir où se trouvent les centristes.

    Le récent revirement de François Bayrou d’une proximité à gauche vers un ralliement avec la Droite ou le brandissement par l’UDI de son indépendance alors qu’elle se dit dans une alliance «naturelle» avec la Droite, ne sont pas fait pour l’éclairer.

    De même, il a du mal à savoir ce que les partis centristes proposent en matière économique, sociale, sociétale ou internationale pour permettre de recréer les conditions d’un vrai progrès humaniste en France.

    Notre électeur les voit s’opposer frontalement au gouvernement de Manuel Valls alors qu’ils parlent de trouver des consensus et d’avoir une position constructive, ce qui n’est pas non plus très clair.

    La récente déclaration de Jean-Christophe Lagarde affirmant que l’UDI voterait contre toutes les mesures contenues dans la loi Macron alors que des membres de son parti disaient le contraire comme Jean-Christophe Fromantin, est malheureusement caractéristique d’un positionnement flou sachant qu’en matière de mariage homosexuel, c’est Lagarde qui a voté avec le gouvernement et Fromantin qui s’est violemment opposé, étant même un des leaders des manifestations contre cette mesure.

    Si les centristes veulent que les Français votent pour eux en masse en 2017, il va falloir qu’ils leur donnent de bonnes raisons pour le faire.

    Donc qu’ils expliquent qui ils sont et ce qu’ils veulent dès 2015.

    Et que cela ait du sens.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

     

     

  • Jean-Christophe Lagarde – Hervé Morin: Pourquoi je suis centriste

    Nous publions sur le site Le Centrisme les entretiens que le directeur du CREC, Alexandre Vatimbella a eu avec Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin. Ils ont été réalisés à l’occasion du deuxième tour de l’élection pour la présidence de l’UDI où les deux hommes, le premier président de Force européenne démocrate, le deuxième du Nouveau centre, sont les finalistes et où l’un des deux sera, donc, le prochain président de la formation centriste à partir du 15 novembre.

    Les mêmes questions ont été posées aux deux candidats.

    Notre objectif dans cette entreprise n’est ni la polémique, ni une prise de position pour l’un ou l’autre des candidats et encore moins des questions pièges mais de permettre à Jean-Christophe Lagarde et à Hervé Morin de dire ce que sont pour eux le Centre et le Centrisme et pourquoi ils se considèrent comme centristes ainsi que leur projet politique.

    Ceci est en rapport avec la mission que s’est assignée depuis maintenant près de dix ans, en 2005, le CREC.

    Celle-ci est double:

    - Donner un éclairage de ce qu’est le Centre et le Centrisme, d’abord;

    - Discuter du Centre, du Centrisme et des centristes dans ce qu’ils sont et ce qu’ils font actuellement par des analyses et des commentaires.

    Dans ce cadre, il s’agit de donner la parole à deux leaders centristes qui s’affrontent pour la présidence du principal parti centriste et qui développent deux visions personnelles de ce qu’est le Centre et le Centrisme qui pourraient bien être, l’une ou l’autre, voire l’une et l’autre, celles qui domineront les prochaines années et les prochains rendez-vous électoraux dans l’espace centriste.

     

    Retrouvez ces entretiens sur le site Le Centrisme