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décentralisation

  • C’est la Droite qui penche vers le Centre, non le contraire

    Le Centre n’est qu’un appendice de la Droite, c’est convenu chez les droitistes et leurs politologues mais aussi pour la Gauche.

    De même, pour les mêmes, désormais le Centre penche naturellement à droite (il y a même des centristes pour le dire).

    Sans prétendre que la Droite ne serait qu’un appendice du Centre (ce ne serait pas convenable…), discutons la deuxième affirmation.

    Parce qu’il se pourrait bien que la Droite penche dorénavant au centre…

    Débat crucial, et pour les partis de droite et centristes, tous en quête de leurs identités respectives pour ce XXI° siècle.

    Voyons ce qui a fait principalement l’ADN de la Droite depuis la Révolution française jusqu’à nos jours: un conservatisme parfois éclairé, un étatisme revendiqué, un nationalisme parfois exclusif, un bonapartisme où la stature du chef induit un suivisme souvent aveugle, un attachement à des valeurs familiales venues de l’idéal bourgeois du XIX° siècle, une défense de la république avant celle de la démocratie.

    Qu’est-ce qui a fait la particularité du Centre en retour?

    Un libéralisme politique et économique, une décentralisation des territoires et une ouverture au monde (mondialisme et européanisme), un refus et une méfiance du chef tout puissant, un parlementarisme garant d’une démocratie républicaine, un personnalisme teinté de solidarisme et de tolérance, une reconnaissance de la différence, un réformisme et un progressisme (notamment sociétal).

    Or, que constate-t-on ces dernières années: qu’une majorité des droitistes s’est convertie au libéralisme économique, à la nécessité de réformer la société, à la décentralisation, au projet européen et à une certaine acceptation de la mondialisation ainsi que de la différence.

    En revanche, les centristes sont demeurés fidèles à leurs convictions et à leur tradition politique sans déplacer leur curseur vers la Droite.

    La conclusion est assez limpide, c’est la Droite grâce à son aile «moderne» qui s’est rapprochée du Centre et non le contraire.

    Dès lors, c’est bien la Droite qui penche vers le Centre et non le Centre qui penche vers la Droite.

    Mais cette victoire des idées a-t-elle bénéficié politiquement et électoralement au Centre?

    La réponse ici est clairement non (sauf en 1974 où Valéry Giscard d’Estaing est élu sur des positionnements proches des centristes et qu’il gouverne avec eux sur un pied d’égalité).

    L’évolution de la Droite vers les thèses et les idées centristes a permis à celle-ci de se rénover et d’être en phase avec son époque et les Français.

    Du coup, elle a pu séduire les électeurs en remportant trois des quatre dernières présidentielles alors que le Centre n’a jamais passé le premier tour de ces élections.

    Le problème est que les centristes se sont montrés incapables de profiter de cette gouvernance au centre (et avec des idées du Centre) de la Droite (mais aussi de la Gauche, ce qui est encore plus vrai avec Manuel Valls).

    Ce mystère qui n’en est pas un vient d’un individualisme centriste et d’une structuration insuffisante de l’espace centriste après l’échec de l’UDF dès 1995 à devenir, aux côtés du PS et du RPR puis de l’UMP, le troisième grand parti de gouvernement alors qu’elle avait réussi à inverser cette faiblesse structurelle du début de la V° République.

    Elle vient aussi d’une absence de personnalités crédibles pour devenir, non seulement, président de la république mais aussi grands personnages de l’Etat ainsi que de leur impuissance à se vendre et à vendre leurs idées (mieux vendues par les autres que par eux…).

    En fin de compte, les centristes revendiqués sont globalement des centristes alors que les droitistes revendiqués sont le plus souvent des hommes de centre-droit.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Pessimistes et déclinistes les Français demeurent démocrates

    Plusieurs sondages récents donnent un panorama intéressant de l’état d’esprit actuel des Français.

    On pourrait le résumer en disant que ceux-ci sont des pessimistes (66% estiment l’identité de la France menacée) déclinistes (à 73%), concernés (93% sont attachés à la France) et préoccupés (à 52%) par la situation actuelle du pays et par la leur, personnelle, mais qu’ils demeurent combatifs (à 54% contre seulement 15% résignés) et attachés à la démocratie ce qui n’est pas sans importance dans une période troublée où les populismes tentent de récupérer l’angoisse et la colère de la population à leur profit et pour leurs idéologies obscurantistes.

    Ainsi, pour l’enquête CSA (1), dont sont extraits les chiffres ci-dessus, 57% des Français estiment que le «moyen d’action le plus efficace pour faire entendre leur voix ou leurs opinions» est le droit de vote.

    Toujours selon cette enquête, 72% d’’entre eux estiment qu’être Français aujourd’hui c’est être attaché «aux valeurs de la République: Liberté, Egalité, Fraternité».

    Une enquête de l’agence Mediaprism (2) citée par Le Figaro magazine nous apprend, par ailleurs, que 99% des sondés estiment que pour avoir confiance en l’avenir il faut «être libre de penser et d’agir», 97% qu’il faut «vivre en démocratie et avoir le droit de vote» et 92%, «vivre dans un pays laïc».

    Ouf! Les Français croient encore à la démocratie et à ses valeurs.

    De même, ils sont encore 67% à choisir le progrès contre seulement 33%, les traditions, montrant une certaine foi en l’avenir malgré les difficultés de leur quotidien.

    En revanche, ils sont de plus en plus sceptiques sur notre capacité à vivre ensemble. Selon CSA, 57% affirment même que «ce qui divise les Français est plus fort que ce qui les rassemble».

    Bien sûr, ce résultat vient aussi de cette prise de conscience positive en démocratie de la différence qui permet à chacun d’avoir ses idées, ses opinions et sa vision de l’existence sans devoir adopter un comportement normatif et uniforme des sociétés du passé.

    Pour autant, il montre une difficulté à vivre ensemble qui se traduit souvent par cet irrespect au nom de son «droit» à être, non pas différent, mais «extraordinaire», c’est-à-dire, in fine, au-dessus des autres.

    Et s’ils estiment à 79%, à contre-courant d’une opinion médiatique fort présente et pesante que le politique ne peut plus rien, que les gouvernants ont «vraiment les moyens d'agir et d'influer sur le cours des choses» (32%) ou ont, malgré tout «des marges de manœuvre pour agir mais ne peuvent influer qu'à la marge sur le cours des choses» (47%), les Français pensent à 88% que les gouvernants «ne se préoccupent pas des gens comme vous».

    Et ils sont 49% à affirmer que c’est le gouvernement qui a le plus de pouvoir pour faire avancer la France sans pour autant se défausser sur celui-ci puisque 48% disent également que c’est «chacun d’entre nous à son niveau), tout cela loin devant les entreprises (32%), les mouvements citoyens (21%) ou l’Union européenne (19%).

    Et ce qui les préoccupe le plus désormais, ce sont les inégalités. En un an, elles sont devenues la «première menace sur la capacité à bien vivre ensemble en France» comme le dévoile un sondage Ipsos (3) pour le Conseil économique social et environnemental pour illustrer sa dernière conférence sur le vivre ensemble.

    En hausse de 11 points en un an, c’est le premier item cité par les Français détrônant au passage la crise économique et financière, 38% contre 34% (viennent ensuite les extrémismes religieux, l’individualisme, les extrémismes politiques, le repli communautaire et le fossé entre les générations).

    Dans l’enquête CSA, 77% des Français estiment qu’«au cours des dernières années les inégalités sociales en France se sont plutôt aggravées» contre 10% «qu’elles se sont plutôt réduites» et 13% qu’elles n’ont pas changé.

    Néanmoins, s’ils devaient choisir, les Français choisiraient la liberté (à 61%) plutôt que l'égalité (à 39%) selon CSA.

    En ce qui concerne la mondialisation, les Français voient négativement la globalisation économique (58% contre 27%) mais apprécient la mondialisation culturelle (49% contre 35%).

    Une bonne nouvelle malgré la frilosité en matière d’ouverture économique, puisque l’on nous rebattait constamment ces dernières années notre soi-disant fermeture d’esprit vis-à-vis de l’autre étranger, des autres cultures et de la culture métissée de la mondialisation.

    Dans cet afflux de données, les centristes peuvent y trouver la confirmation que leur positionnement politique correspond à l’époque actuelle mais aussi qu’il y a des dangers qui peuvent devenir extrêmement préoccupants dans les années à venir.

    La foi en la démocratie, l’ouverture à la culture mondiale, la volonté d’être combattif face à la situation, savoir que l’on doit compter sur soi-même (responsabilité) et que la liberté est plus importante que l’égalité sans pour autant que cette dernière ne soit oubliée (74% pensent que la société n’est pas assez égalitaire) tout en estimant que les gouvernements ne peuvent plus rien faire est une vision somme toute équilibrée.

    De même, il y a un motif d’espérance dans notre société où monte l’irrespect de l’autre, les Français placent les incivilités en troisième position sur ce qui les indigne le plus aujourd’hui, juste derrière la fraude aux aides sociales et la précarité de l’emploi.

    En revanche, la peur de la globalisation économique, le peu de crédibilité accordée à l’Union européenne, la défiance envers les partis politiques (75%) et les médias (49%), la vision négative de la décentralisation (41% contre 22%) montre des Français angoissés par l’ouverture économique au monde, portant une grande défiance à la politique et à l’information qui est délivrée (deux biens essentiels de la démocratie) et une appétence très limitée pour la manière dont la décision politique est organisée entre l’échelon central et les niveaux locaux.

    Reste une donnée essentielle dont les gouvernants doivent se saisir: 66% des Français estiment qu’il s'agit «d'une crise sans précédent» que nous vivons actuellement et qu’il sera difficile «d’en sortir sans réformer en profondeur le pays».

    Alors, au boulot, tous ensemble!

    Alexandre Vatimbella

    Voir le site Le Centrisme


    (1) Enquête CSA réalisée du 14 au 21 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 2004 personnes âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points

     (2) Enquête Mediaprism réalisée par internet du 2 au 8 octobre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1057 personnes âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points

     

    (3) Enquête ISPOS réalisée les 8 & 9 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1025 personnes âgée de 15 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points