Qu’il le reconnaisse ou non, le nouveau gouvernement de Manuel Valls est de tendance social-libérale avec son objectif politique déclaré d’une société équilibrée et non l’établissement du socialisme en France.
En cela, il se rapproche nettement du libéralisme social que portent le Centre et le Centrisme pour construire une société du juste équilibre.
Reste évidemment à ce que cette «révolution» qui s’ébauche aille jusqu’au bout de sa logique et, surtout, s’ancre profondément dans le parti dominant de la Gauche, le Parti socialiste, sachant déjà qu’une majorité d’électeurs de celui-ci le demande peu ou prou et que cela ne soit pas seulement une parenthèse comme beaucoup de responsables socialistes l’espèrent encore.
Mais si cette mue libérale est nécessaire au PS – et au pays –, cela nécessite aussi que le principal parti de droite, l’UMP, fasse la sienne et jette aux orties tous ses conservatismes et ses tendances réactionnaires (au même titre que ceux que les rénovateurs actuels du PS tentent d’éliminer de leur côté).
N’oublions pas que le libéralisme est avant tout une vision politique de la société et que celle-ci est la base de toute démocratie républicaine représentative et participative.
A ce titre, tous les partis politiques qui se disent démocratiques et républicains devraient se déclarer libéraux, ce qui ne tombe pas sous le sens quand on regarde leurs prises de position et leurs programmes.
Ensuite, il y a ce fameux libéralisme économique qui est combattu par une partie de la droite (notamment au sein de l’UMP) et une partie de la gauche (notamment au sein du PS) mais aussi par certains centristes (notamment au sein du Mouvement démocrate).
Pour le vouer aux gémonies, les adversaires du libéralisme économique ont assimilé ce dernier à l’ultralibéralisme et au néolibéralisme qui se sont développés à la fin des années 1970 avec une Margaret Thatcher et un Ronald Reagan qui, en gouvernant respectivement le Royaume Uni et les Etats-Unis, reprirent les thèses les plus extrêmes de certains économistes dont, bien sûr, Friedrich Hayek ou Milton Friedman en porte-étendards, pour porter cette fameuse révolution «néolibérale» dont le but ultime était aussi utopique que le dépérissement de l’Etat dans un monde communiste, c’est-à-dire une société sans puissance publique et totalement autorégulée par les lois du marché.
De même, pour provoquer la peur et l’angoisse, ces mêmes adversaires l’ont assimilé aux pires dysfonctionnements de la globalisation (mondialisation économique).
Mais le libéralisme économique n’est pas et ne sera jamais l’ultralibéralisme mondialisé. Etablir un tel rapprochement revient à présenter la Gauche que par les thèses d’extrême-gauche et la Droite que par celles de l’extrême-droite.
D’autant que le libéralisme économique (tout comme politique) est lui-même divers, allant de doctrines très «laisser-faire» avec Jean-Baptiste Say, en passant par celles prônant l’organisation indispensable d’une vraie concurrence avec Adam Smith ou celles demandant une nécessaire régulation avec John Manyard Keynes (qui n’a jamais fait partie des étatistes même s’il a été instrumentalisé par eux), jusqu’à celles souhaitant une dose importante de social avec John Stuart Mill.
Le propos n’est pas ici de faire un cours de libéralisme politique et/ou économique mais de dire que nos démocraties républicaines existent de par le libéralisme.
Sans libéralisme, pas de liberté politique et pas de richesse économique sachant que la liberté d’entreprendre, consubstantielle au libéralisme économique, n’est peut-être pas parfaite mais qu’elle est le meilleur système conçu jusqu’à présent pour créer de la richesse donc du bien-être et du travail ainsi qu’in fine de la redistribution.
Et c’est à partir d’un libéralisme politique et d’un libéralisme économique équilibrés que l’on peut créer une société du juste équilibre que défend le Centrisme.
Pour en revenir à cette droite aux conservatismes archaïques qui reprend nombre de thèmes de l’extrême-droite de peur d’être trop moderne, elle est tout aussi ankylosée que l’est la Gauche aux conservatismes archaïques qui reprenaient jusqu’à présent nombre de thèmes de l’extrême-gauche.
La Droite doit donc se débarrasser de ses anciens oripeaux qui bloquent sa mue et l’empêchent – malgré un discours plus libéral que celui de la Gauche mais peu suivi d’actes lors de ses passages au pouvoir – de se battre réellement pour l’établissement d’une société de progrès en étant du côté de la réforme et de l’innovation, de la liberté et de la solidarité, sans oublier la tolérance dont elle a semblé assez éloignée ces dernières années.
Non pas pour devenir la Gauche, ni même le Centre mais une Droite moderne utile au pays.
Tout simplement pour que Droite, Gauche et Centre soutiennent ce fameux consensus incontournable à la démocratie républicaine afin que le lien social se ressource mais dans la prise en compte de la réalité d’aujourd’hui et non dans le fantasme d’un passé qui n’a jamais vraiment existé.
Et cela afin de permettre, in fine, l’indispensable modernisation et rénovation de la France.
Car c’est avec une Droite, une Gauche et un Centre qui auront enfin compris les défis du XXI° siècle que l’on construira un pays qui veut gagner.
Sinon, nous continuerons à perdre du terrain que ce soit en Europe et dans le monde.
Alexandre Vatimbella
Voir le site Le Centrisme