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l'alternative - Page 2

  • L’avenir flou et bancal de l’UDI

    Maintenant que sont passés les deux vrais premiers tests électoraux que l’UDI attendait avec autant d’impatience que de crainte, quel est l’avenir de la confédération de centre-droit, à la fois dans l’Alternative, dans ses relations avec (feue?) l’UMP, dans sa capacité à demeurer unie et à se structurer en vrai parti centralisé, dans son projet politique, dans sa réponse à la montée des extrêmes?

    Beaucoup de questions auxquelles vont devoir répondre les responsables de la formation créée puis quittée par Jean-Louis Borloo et en particulier ceux qui vont se présenter à la présidence du parti dans les mois qui viennent pour le remplacer et prendre la place occupée actuellement par l’«intérimaire» Yves Jégo.

    Si on analyse les résultats des élections municipales et ceux des élections européennes, l’UDI n’a pas de quoi pavoiser.

    Même si elle a réussi à enlever nombre de villes, elle le doit en grande partie à son alliance avec l’UMP dès le premier tour, ce qui ne permet évidemment pas de savoir quel est son poids politique réel lors des municipales.

    Quant à sa présence au Parlement européen, le parti perd quatre députés et le score de l’Alternative (l’«organisation coopérative» avec le Mouvement démocrate) est décevant pour des centristes qui espéraient en secret approcher la barre des 15%, en tout cas, dépasser celle des 12% et qui n’ont pas réussi à atteindre un score à deux chiffres avec seulement 9,90% des suffrages exprimés.

    D’ailleurs, le seul à avoir postulé officiellement à ce jour à la présidence du parti, le député-maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, estime qu’il est surprenant de dire que «c'est formidable d'avoir fait 9% aux élections européennes alors que nous perdons des sièges».

    Ceux qui estiment dans les médias que tout s’est bien passé lors de la campagne européenne avec le Mouvement démocrate sont démentis par les multiples prises de parole et de position critiques de leaders du parti, comme celle du vice-président François Sauvadet qui n’a même pas voté pour l’Alternative au motif que la tête de liste dans sa région était MoDem ou celle de la vice-présidente Rama Yade (et candidate à la président du Parti radical) qui vient de déclarer qu’elle n’était pas «satisfaite de la tournure qu'a prise l'alliance entre l'UDI et le Modem. C'est l'UDI qui a tendu la main au Modem quand celui-ci était au plus mal et le Modem a exercé une sorte de chantage pour la constitution des listes ce qui fait que l'UDI est passée de sept députés européens à trois».

    Le temps de l’explication avec François Bayrou et ses lieutenants, voulue par le secrétaire général Jean-Christophe Lagarde avant même les européennes, est donc venu afin de savoir si l’Alternative a un quelconque avenir.

    L’échec de cette dernière serait évidemment un coup dur pour l’UDI qui a sauvé la carrière politique de François Bayrou et qui n’a rien obtenu de tangible en retour pour l’instant.

    Néanmoins, si cette organisation coopérative devait demeurer dans le flou programmatique et dans son positionnement politique, ni l’UDI, ni le Mouvement démocrate n’en sortiraient gagnants.

    Rappelons qu’il y a un certain nombre de personnes à l’UDI qui ne veulent pas entendre parler d’une alliance avec François Bayrou qu’ils considèrent toujours comme un «traître» (ou un homme qui a voté pour François Hollande) et qu’il va bien falloir régler ce problème soit par l’abandon de l’alliance avec le MoDem, soit avec le départ de cette frange contestataire qui pourrait trouver refuge dans le prochain parti de droite qui devrait succéder à l’UMP dans les mois qui viennent (ou à une UMP «rénovée»).

    Tout ceci pose la question de l’unité de l’UDI.

    Celle-ci, il faut encore une fois le rappeler, n’est qu’une confédération de partis.

    Jean-Louis Borloo a bien essayé d’aller vers un parti centralisé mais il n’a pas réussi dans cette tâche.

    Actuellement, il semble impossible que des hommes et des femmes comme Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, François Sauvadet, Rama Yade, Jean-Christophe Fromantin et quelques autres se retrouvent dans le même parti et abandonnent leurs ambitions et leurs postes dans leurs formations respectives.

    Pour ne prendre qu’un exemple, Hervé Morin continue à peser politiquement et en particulier à l’intérieur de l’UDI, uniquement parce qu’il est le président du Nouveau centre, la formation qui a le plus de députés de la confédération et non parce qu’il a des fonctions à l’intérieur de la confédération.

    En tant que parti de centre-droit revendiqué et dans une alliance «naturelle» avec la droite affirmée, l’UDI a donc des relations spécifiques avec l’UMP.

    Cette dernière, au-delà de ses graves problèmes actuels, a toujours regardé l’UDI comme une excroissance d’elle-même qu’elle se ferait fort de récupérer le moment venu, soit en l’absorbant, soit en la phagocytant avec cette arme imparable qu’aucun membre de l’UDI ou presque ne peut être élu à une élection sans le concours de l’UMP.

    Bien entendu, les leaders de la formation centriste le savent mais veulent garder le plus d’indépendance possible tout en sachant que tous leurs postes électifs ou presque (pas ceux de députés européens…) viennent de leur alliance électorale avec l’UMP.

    De même, la montée du Front national, marquée par sa victoire aux élections européennes, repose la question de l’unité de la Droite et du Centre par ceux qui estiment que les centristes sont «naturellement» dans le camp de la Droite.

    Mais aussi par des centristes qui veulent faire barrage à l’extrême-droite et qui souhaitent être ceux qui éviteront que l’UMP s’allient avec le Front national ou n’épouse ses thèses pour soi-disant mieux le combattre en lui offrant une alternative (rappelons tout de même que la création de l’UMP, parti de la Droite et du Centre, en 2002 était la réponse à la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle mais que douze ans plus tard le Front national a remporté les élections européennes avec 24,85% des voix…).

    Bien évidemment, tout serait plus facile pour l’UDI si elle faisait 25% des voix et avait deux cents députés.

    C’est le rêve des leaders de la confédération mais ce n’est pas du tout la réalité actuelle.

    Dès lors, en tant que formation «petite» ou «moyenne», tout dépend de la façon de voir le verre à moitié vide ou à moitié rempli (c’est-à-dire de savoir ce que représente 30 députés sur 577 à l’Assemblée nationale), elle doit se positionner face au double-défi de la reconquête du pouvoir (alliance à droite ou à gauche) et barrage à l’extrême-droite (alliance fusionnelle avec l’UMP), le tout en se demandant s’il faut continuer le chemin avec le Mouvement démocrate.

    Et les votes à l’Assemblée nationale lors de la discussion du Pacte de responsabilité présenté par Manuel Valls n’ont pas éclairci les positions avec ceux qui ont voté pour, ceux qui ont voté contre et ceux qui se sont abstenus.

    Tout cela serait sans doute plus simple si l’UDI avait un projet politique au lieu d’avoir un gadget avec ce «contre-gouvernement» mis en place par Jean-Louis Borloo (sur le modèle de celui qu’avait mis en place sans succès François Bayrou au Mouvement démocrate il y a quelques années) et qui n’intéresse personne.

    Car l’UDI ne sera une vraie formation avec un avenir que lorsqu’elle aura un positionnement politique clair et un programme cohérent.

    En tout cas, les mois qui viennent seront importants pour l’avenir de l’UDI qui, comme l’UMP, devra se choisir un nouveau président lors d’un processus qui risque d’être aussi sanglant, à défaut d’être aussi spectaculaire, que celui du parti de droite…

    Alexandre Vatimbella 

     

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  • La difficile campagne européenne des centristes

    Les chiffres sont là, les listes de l’Alternative, regroupant l’UDI et le Mouvement démocrate sont aux alentours de 10% des intentions de vote dans les sondages mais ne parviennent pas à créer une dynamique.

    Et la voix des centristes dans le débat européen, malgré leur mobilisation et leur disponibilité médiatique, ne porte guère.

    Bien sûr, en se présentant comme les plus pro-européens au moment où l’euroscepticisme n’a jamais été aussi fort, les partis centristes prennent un risque de n’être pas compris, de n’être pas entendus, pire, d’être rejetés.

    Néanmoins, expliquer ces faibles intentions de vote aussi peu encourageantes par un refus d’Europe de la part des Français est trop court.

    Même si l’Union européenne est de plus en plus vue comme un problème et non une solution, il n’en reste pas moins vrai que tous les sondages donnent encore une majorité en faveur de l’idée et de la construction européennes auxquelles tente de s’associer et de s’identifier complètement l’Alternative.

    Le scrutin n’a pas encore eu lieu et il se peut qu’il y ait une petite progression des listes centristes par rapport aux sondages actuels avant le 25 mai.

    Pour autant, il semble difficile qu’un score de plus de 15% soit atteignable ce qui, malgré les dires des leaders de l’UDI et du MoDem (qui affirment qu’ils seront satisfaits avec un score à deux chiffres, une absence d’ambition suspecte…), sera une déception, voire une défaite.

    Une des raisons tient certainement à ce que les partis centristes ne parviennent pas à être crédibles sur la scène politique nationale.

    Il y a bien eu les municipales avec de bons résultats mais ceux-ci, sans être quand même exceptionnels, ont une signification nationale limitée et, surtout, les centristes faisaient alors alliance dans la très grande majorité des cas avec d’autres, principalement l’UMP.

    L’élection européenne permet, puisqu’elle se déroule à la proportionnelle, de jauger l’importance de chaque parti et ce malgré l’abstention qui y est forte généralement et qui pourrait encore battre des records cette année.

    De même, si elle peut être un défouloir puisqu’«elle ne porte pas à conséquence», comme on dit, au vu des pouvoirs limités du Parlement européen, elle est une photographie pas aussi infidèle que cela du paysage politique à un moment donné.

    Ainsi, cette année, elle risque de consacrer la montée de l’extrême-droite avec un score élevé du FN, une bonne tenue de l’UMP et une forte baisse du PS, tous ces phénomènes étant indépendants de l’élection européenne elle-même.

    Dès lors, un Centre à 10% sera donc, en gros, ce que celui-ci représente actuellement en France. C’est-à-dire pas beaucoup plus qu’en 2012 pour les présidentielles où son résultat avait été considéré comme une lourde défaite et qui a initié, dans la foulée, le regroupement du centre-droit sous la bannière de l’UDI créée par Jean-Louis Borloo puis la mise sur pied de l’Alternative, associant cette même UDI et le Mouvement démocrate.

    Les résultats, s’ils sont proches de ce que disent les sondages, signifieront que les partis centristes n’ont pas réussi leur coup alors qu’ils avaient deux ans pour s’y préparer depuis la présidentielle et la création de l’UDI (d’ailleurs, ils demandaient, lors de leur regroupement, à être jugés sur les résultats de ces européennes).

    Plus fondamentalement, cela signifiera que l’espace centriste est toujours très fragile et que sa refondation prendra plus de temps.

    Mais cela pourrait aussi signifier, comme l’ont montré certaines enquêtes, que les centristes demeurent très divisés sur leur positionnement, tant au niveau de leurs dirigeants que de celui de leurs militants ou de leurs sympathisants.

    L’arrivée de Manuel Valls à Matignon en a été le révélateur.

    En tout cas, si échec il devait y avoir le 25 mai, il est fort probable que des mises au point se feront rapidement.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Refondation du Centre. L’avenir en suspens de l’Alternative en cas de mauvais résultat aux européennes

    On peut penser que si les élections européennes sont un succès pour les listes de l’Alternative (UDI+MoDem), cette dernière deviendra incontournable pour les partis centristes et ce, même si de nombreux points resteront à éclaircir et à régler pour qu’elle avance vers programme commun en vue de la présidentielle et des législatives.

    En revanche, on peut se demander quel pourra être son avenir en cas de mauvais résultat.

    Une question qui n’est pas seulement académique puisque les sondages montrent que seulement 9% des électeurs déclarent qu’ils vont voter pour les listes centristes.

    Si c’est le cas, l’Alternative aura failli dans sa première mission de donner un coup de fouet aux partis centristes lors d’une élection qu’ils considèrent eux-mêmes comme très favorable à leur camp.

    Il se pourrait qu’il y ait un réflexe de survie qui aboutisse à un approfondissement de cette refondation, les partis centristes comprenant que leur espace politique est vraiment sinistré et qu’il faut un effort d’union d’une toute autre ampleur pour retrouver la crédibilité auprès des Français.

    Malheureusement, le cas de figure le plus probable devrait être une remise en question de l’existence de l’Alternative  -- comme certains dirigeants centristes l’ont déjà évoqué – même si celle-ci n’aboutit pas forcément à une séparation des deux partenaires.

    Car depuis la création de cette «organisation coopérative», l’UDI et le Mouvement démocrate ont montré à maintes reprises qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde, loin s’en faut.

    Un échec aux européennes aurait donc comme conséquence de mettre sur la table les oppositions entre les démarches des deux partis, tant au niveau de la stratégie politique que celui du contenu même des projets politiques, sans parler de celui des chocs des ambitions personnelles.

    Déjà, les craquelures se sont manifestées avec des dirigeants en conflit et des avenirs fragilisés tant à l’UDI (départ de Borloo) que du Mouvement démocrate (qui se transforme petit à petit en coquille vide).

    De plus les militants des deux bords ne se font guère confiance et ne lorgnent pas du même côté (UDI plutôt vers le droite, MoDem plutôt vers la gauche).

    Ce qui est d’ailleurs confirmé par les positionnements des sympathisants qui semblent peu compatibles comme l’a montré un dernier sondage où 58% de ceux du Mouvement démocrate estiment que le Centre doit s’inscrire dans une coopération avec le gouvernement de Manuel Valls tandis que 73% de ceux de l’UDI estiment que le Centre doit clairement s’inscrire dans l’opposition.

    On ne peut pas faire plus opposé…

    Reste que les choses pourraient tourner autrement.

    Deux autres possibilités existent ainsi du fait que l’UDI doit se choisir dans les mois qui viennent un successeur à Jean-Louis Borloo.

    A cette occasion les risquent d’implosion de ce qui demeure une confédération où les partis qui la constituent ont gardé tous leurs attributs de légitimité, sont importants du fait de personnalités qui ne s’apprécient guère et n’ont pas l’intention de se faire des cadeaux, ni même de travailler ensemble.

    Du coup, l’Alternative pourrait imploser de même ou être, à l’opposé, un réceptacle pour tous les partis centristes à nouveau indépendants les uns des autres.

    Quoi qu’il arrive, son avenir est en suspens.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Refondation du Centre. L’instant critique de l’après-Borloo

    Il y a quelque chose de particulièrement indécent – pardon, de «politique»  – à voir ceux qui le combattaient durement hier, dresser aujourd’hui des couronnes de lauriers à Jean-Louis Borloo pour mieux l’enterrer en vue de demain.

    Que n’a-t-on entendu dans les coulisses de l’UDI, ses «amis» le railler sur ses addictions voire sur ses incapacités congénitales à se décider et à diriger ainsi qu’à aller au combat.

    Sans parler des noms d’oiseaux et des synonymes de traître qui se baladaient un peu partout sur les lèvres des responsables de feue l’UDF puis du Mouvement démocrate, lui qui avait rejoint Jacques Chirac en 2002 puis Nicolas Sarkozy en 2007 en laissant tomber François Bayrou.

    Mais, comme le pointe les médias avec leur énième enterrement programmé du Centre, son retrait de la vie politique a créé un vide et un instant critique pour l’avenir, non seulement de l’UDI et de l’Alternative, mais pour celui de la refondation actuelle des partis centristes.

    Car, disons-le, même si Jean-Louis Borloo n’était pas un centriste (tout comme Valéry Giscard d’Estaing, par exemple), il avait réussi à réunir l’espace centriste et fait en sorte que les rivaux d’hier soient obligés de cohabiter ensemble.

    Or, lui parti, les vieilles inimitiés et querelles vont pouvoir reprendre, peut-être de plus belle, sachant que les leçons en politique ne sont que très peu apprises…

    Bien sûr, un président par intérim vient d’être nommé, Yves Jégo, en attendant le congrès extraordinaire chargé d’élire le nouveau chef de l’UDI.

    Bien sûr, également, les zones d’ombre du rapprochement UDI-Mouvement démocrate seront oblitérées jusqu’aux résultats des élections européennes.

    Bien sûr, les leaders centristes ont des propos mesurés les uns sur les autres.

    Pour autant, personne ne peut penser une seule seconde qu’Yves Jégo possède ne serait-ce que le début d’une stature et d’un entregent pour être le prochain président de l’UDI.

    Le problème est qu’il n’y a aucune personnalité qui fasse consensus pour prendre les rênes de la confédération de centre-droit.

    Hervé Morin en tant que président du Nouveau centre, principale composante de l’UDI, n’est pas celui-là, lui qui a fait fuir une grande partie de ses anciens amis (les premiers à rejoindre Borloo), qui a fait un flop retentissant aux présidentielles (incapable de réunir 500 signatures pour se présenter et ne dépassant pas 1% des intentions de vote dans les sondages) et qui a été obligé d’adhérer au nouveau parti de Borloo contraint et forcé par ses derniers lieutenants qui menaçaient tous de le quitter en cas de refus de sa part.

    Et nombre d’anciens du Nouveau centre qui ne l’aiment pas – et c’est un euphémisme – seront là pour s’assurer qu’il ne mette pas la main sur l’UDI, comme François Sauvadet, Maurice Leroy ou encore Jean-Christophe Lagarde.

    Ce dernier, qui a créé juste avant de rejoindre l’UDI, un nouveau parti, la FED (Force européenne démocrate) sera sans doute candidat comme son ennemi intime Morin (leur brouille date de l’époque où Morin devait lui céder sa place de président du Nouveau centre, deux ans après son élection, ce qu’il refusa in fine de faire alors qu’il lui avait donné sa parole afin de se faire élire à ce poste avec l’appui de Lagarde).

    Mais Jean-Christophe Lagarde est un éternel espoir de la politique et ses interventions publiques sont souvent décevantes comme celle qu’il a faite pour s’opposer sur tout ce que venait de dire Manuel Valls lors de son discours de politique générale avec des arguments d’une grande faiblesse, apparaissant plus jusqu’au-boutiste que les dirigeants de l’UMP…

    Son manque d’épaisseur sera sans doute un handicap mais les bons résultats dans sa ville de Drancy et ses réélections faciles dans un département de Seine-Saint-Denis penchant toujours fortement à gauche, montrent une réelle capacité politique.

    A côté des deux centristes, on devrait retrouver le radical Laurent Hénart, second de Borloo et nouveau maire de Nancy mais qui est encore peu médiatisé et demeure un second-couteau qui aura du mal à donner le dynamisme dont a besoin l’UDI pour franchir un nouveau cap et se positionner comme la future troisième force politique du pays.

    De même, des personnalités comme François Sauvadet (qui devrait récupérer la présidence du groupe UDI à l’Assemblée nationale, de quoi sans doute le contenter), Rama Yade ou Chantal Jouanno, pourraient être tentées de poser leur candidature sans grandes chances de succès, tant elles manquent de soutien à l’intérieur de la formation de centre-droit.

    Si l’on élargi la recherche, quelques noms apparaissent pour cette élection comme celui de l’ancien journaliste Jean-Marie Cavada (peut-être un peu trop âgé), du maire d’Issy-les-Moulineaux André Santini (trop de casseroles notamment judiciaires), de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Valérie Létard (un peu trop transparente), du maire de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin (un peu trop individualiste et trop critique sur l’Alternative, opposant intransigeant à François Bayrou),du député de la Marne Charles de Courson (trop focalisé sur son dada les dépenses publiques et sans réelle stature nationale), du nouveau maire de Laval et président du groupe UDI au Sénat, François Zocchetto (lui aussi quasiment inconnu au niveau national).

    Certains pourront y rajouter l’ancien socialiste et ministre de Nicolas Sarkozy Jean-Marie Bockel (sans aucune troupe pour le soutenir) ou Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste (mais trop velléitaire), qui font plutôt «has been» que prétendants sérieux.

    Si l’on reprend tous les noms que l’on vient de citer, on s’aperçoit que l’UDI a vraiment un problème de leadership qui pourrait être un handicap énorme pour son avenir.

    D’autant qu’il y a un leader centriste qui possède la stature nationale, la reconnaissance médiatique et l’expérience de chef, c’est bien évidemment François Bayrou!

    Bien sûr, le président du MoDem et nouveau maire de Pau ne se présentera pas à la présidence de l’UDI mais il pourrait être le grand bénéficiaire des moments difficiles qui se préparent dans cette formation.

    Pour autant, il sera aussi confronté au manque total de cohésion et à l’absence de projet et de programme cohérents de l’Alternative, cette organisation coopérative qui regroupe l’UDI et le Mouvement démocrate.

    Si le score de celle-ci est élevé lors des européennes, elle montrera son utilisé mais pas encore sa légitimité qui devra être construire après ces élections.

    On peut penser que la retraite de Jean-Louis Borloo va amener François Bayrou à être très consensuel et à faire nombre de compromis pour s’attirer les bonnes grâces des leaders de l’UDI afin d’asseoir un futur leadership sur l’espace centriste en vue des présidentielles de 2017 pour lesquelles il a assuré qu’il ne serait pas candidat (ce genre de promesse n’engageant que ceux qui la croit) ou pour négocier un «ticket» avec Alain Juppé (son soutien au maire de Bordeaux contre le poste de premier ministre).

    Un scénario fort possible d’autant plus crédible s’il a en face de lui un président de l’UDI faible et inconsistant.

    Reste que François Bayrou est à la tête d’un parti exsangue, tiraillé entre plusieurs tendances, avec peu de militants, peu de moyens financiers et peu d’élus (un peu plus néanmoins depuis les municipales), ce qui ne le place pas en position de force lors de négociations avec l’UDI, c’est le moins que l’on puisse dire.

    Dès lors l’implosion de l’espace centriste est une hypothèse vraisemblable.

    La politique ayant, comme la nature, horreur du vide, cela ne signifie évidemment pas la disparition des centristes et d’un ou plusieurs partis centriste mais la refondation centriste en prendrait un bon coup sur la tête.

    Quoi qu’il en soit, au risque de décevoir tous les fossoyeurs du Centre, et ils sont très nombreux, l’implosion et le morcellement, voire même la disparition fortement hypothétique d’une force politique centriste, ne signerait pas la disparition du Centrisme en tant que pensée politique et du Centre en tant que lieu politique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le retrait de Borloo donne-t-il les clés du Centre à Bayrou

    Il avait été très malade mais il espérait pouvoir retrouver sa santé et son poste de président de l’UDI.

    Jean-Louis Borloo vient d’y renoncer et a annoncé, dans la foulée, son retrait de la vie politique pour un laps de temps indéterminé, lui qui a aujourd’hui 63 ans et se sent trop faible pour assumer quelque fonction.

    Ce retrait est bien évidemment une bombe dans le jardin centriste.

    Voilà un homme qui avait réussi à unifier toutes les familles centristes sans en être réellement un au sein, d’abord de l’UDI, dont il était le président, puis de l’Alternative, cette «organisation coopérative» qu’il avait réalisée avec François Bayrou qui, il y a quelques semaines, a déclaré qu’il ne serait pas candidat à la prochaine présidentielle, ouvrant une voie royale à Jean-Louis Borloo même si beaucoup doutaient de sa capacité à se présenter à cette élection, lui qui y avait renoncé en 2012.

    Dès lors, trois questions essentielles se posent.

    La première est de savoir ce que va devenir l’UDI qui est, rappelons-le, une confédération de partis où les inimitiés sont fortes et les ambitions à peine voilées.

    La deuxième est de savoir ce que va devenir l’Alternative qui était, avant même d’être une alliance entre deux formations, l’UDI et le Mouvement démocrate, un rapprochement entre deux hommes Jean-Louis Borloo et François Bayrou.

    La troisième est dans ce nouveau paysage centriste quelle va être la place de François Bayrou, nouveau maire de Pau et qui s’est autoproclamé à la retraite de ses ambitions présidentielles.

    Bien évidemment, des éléments manquent pour avoir des réponses claires et définitives mais l’on peut essayer de donner quelques éclairages.

    - Le devenir de l’UDI

    Jean-Louis Borloo n’est pas un centriste et ne l’a jamais été, lui qui se définit plutôt comme un républicain social. Pour autant, il avait réussi à réunir les familles du Centre et au centre de l’échiquier politique, une sorte de prouesse pour laquelle il avait été bien aidé, il faut le dire, par le délabrement de l’espace centriste au sortir des élections présidentielles de 2012 sur lequel il avait tenté et réussi une OPA à laquelle, seul, le Mouvement démocrate avait résisté.

    Reste que l’UDI qui n’est toujours pas une vraie formation mais une confédération de partis, s’est révélée capable d’exister dans la durée puisque la constitution du groupe UDI à l’Assemblé nationale va fêter bientôt ses deux ans d’existence et qu’elle a pu réunir au sein d’une même structure des personnalités qui se détestent comme Hervé Morin, d’un côté, et Jean-Louis Borloo et Jean-Christophe Lagarde, de l’autre.

    Et le premier choc électoral, les municipales, lui ont permis, grâce à son alliance avec l’UMP et la déliquescence du PS, d’obtenir de jolis succès dans de nombreuses villes moyennes.

    Bien sûr, les européennes de mai seront beaucoup plus importantes pour l’avenir politique de la confédération car elles permettront de voir ce que pèsent réellement l’UDI et le Mouvement démocrate qui vont à la bataille unis lors d’un scrutin à la proportionnelle.

    Derrière Jean-Louis Borloo, il y a des hommes comme Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Laurent Hénart, Yves Jégo, François Sauvadet ou Jean-Christophe Fromantin.

    Aucun n’a sans doute la légitimité nécessaire pour succéder à Borloo et les ressentiments entre ces hommes sont importants comme nous l’avons dit entre Morin et Lagarde, depuis l’époque où ils étaient ensemble au Nouveau centre.

    Dans un premier temps on devrait donc voir une direction collégiale sous la houlette d’Yves Jégo qui assurait l’intérim jusque là mais des élections vont devoir se faire pour désigner le nouveau président du parti.

    Jean-Louis Borloo, dans une lettre adressée aux militants de son parti, parle d’un congrès avant la fin de l’année mais cela semble un délai un peu long alors même qu’Yves Jégo a été critiqué pour son leadership que certains estiment illégitime à l’UDI.

    Au jour d’aujourd’hui, bien malin celui qui pourrait faire un pronostic sur qui sera élu et si le retrait de Borloo ne risque pas de faire imploser le parti même si les centristes y réfléchiront à deux fois au vu de leur «renaissance» lors des municipales.

    Pour autant, un mauvais résultat aux européennes pourraient avoir des conséquences lourdes pour la cohésion de l’UDI.

    - Le devenir de l’Alternative:

    L’ensemble des centristes à l’intérieur de l’UDI sont des gens qui ont quitté, à des périodes différentes, François Bayrou sauf exceptions comme Jean-Christophe Fromantin ou Rama Yade, par exemple.

    Aucun ne souhaite vraiment que celui-ci redevienne leur chef.

    Et beaucoup doivent s’interroger dès maintenant sur les visées de François Bayrou, lui qui est sorti, contre toute attente, gagnant de cette alliance avec Jean-Louis Borloo.

    On l’a vu, par ailleurs, au soir de son élection à la mairie de Pau, enjoué et requinqué, délivrant un message de politique nationale, lui qui venait de promettre de ne plus s’occuper que de sa ville chérie…

    Bien entendu, l’Alternative ne va pas s’effondrer demain, ce qui serait catastrophique pour l’UDI et le MoDem. Elle sera donc présente aux européennes mais il faudra voir ce qui se passera ensuite.

    En cas de très bon score, François Bayrou aura sans doute une opportunité pour tenter de redevenir le leader naturel du Centre.

    En cas de score décevant ou mauvais, les barons de l’UDI pourraient en profiter pour demander une clarification du positionnement de François Bayrou et aller au clash pour se débarrasser de lui et mettre un terme à l’Alternative.

    - Le devenir de François Bayrou

    François Bayrou peut-il (re)devenir le recours du Centre et s’imposer aux autres centristes? Voilà une question que l’on ne pensait (presque) plus se poser!

    Le retrait de Borloo peut permettre une renaissance de Bayrou qui, tel le phœnix, pourrait reprendre son envol et s’imposer face à ses anciens lieutenants tout en faisant s’éloigner quelques figures de l’UDI comme Jean-Christophe Fromantin, Rama Yade ou encore François Sauvadet qui ne supporteront pas d’être sous sa coupe.

    Il est probable que François Bayrou se pose actuellement la question de son retour et de sa posture de recours.

    Il ne doit sans doute pas mésestimé dans son analyse les difficultés car l’hostilité à sa personne est très forte à l’UDI et il a cassé en deux son parti afin de devenir maire de Pau, ce qui le fragilise beaucoup.

    D’autant que de nombreuses inconnues sont devant lui.

    Il sera intéressant de voir, par exemple, comment va réagir Hervé Morin, lui qui a tout fait pour remettre François Bayrou dans le jeu centriste afin de contrer son ennemi Jean-Louis Borloo.

    Borloo parti, Morin se retrouve avec Bayrou sur les bras, ce qui pourrait se révéler encore plus encombrant pour ses ambitions contrariées!

    Alexandre Vatimbella

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  • Municipales: les bons résultats de l’UDI et du MoDem légitiment-ils l’alliance avec l’UMP

    Les partis centristes ont eux aussi largement profité de la déconfiture du Parti socialiste aux élections municipales avec de nombreux candidats élus ou réélus dès le premier tour ainsi que de grandes chances pour le second tour.

    Que ce soit l’UDI ou le Mouvement démocrate, les résultats sont très positifs.

    Evidemment, pratiquement à chaque fois où la tête de liste est centriste, c’est la constitution d’une liste d’union avec la droite, en particulier l’UMP, qui a permis ces bons scores.

    Même si les personnalités et le travail accompli pour les maires sortants ont joué, il est néanmoins difficile d’affirmer ce qui se serait passé si les candidats centristes étaient partis seuls au combat et avaient eu face à eux, systématiquement, des listes UMP.

    Reste qu’il est indéniable que la stratégie d’union entre le Centre et la Droite a été un succès pour ces élections où les partis centristes partaient dans l’inconnu avec la crainte de se prendre quelques belles gamelles.

    Dès lors, doit-il en être de même dans le futur?

    On sait que l’UDI et le MoDem regroupés sous la bannière de l’Alternative, iront tous deux seuls aux élections européennes.

    Ce sera un bon moyen de répondre à cette question.

    Un bon score lors de ces élections donnera une dynamique à l’Alterrnative et un poids certain dans les négociations futures avec l’UMP.

    Un score décevant et l’on peut penser que l’UMP rappellera à ses «amis» centristes tout ce qu’ils lui doivent dans leurs succès aux municipales.

    Mais, quoi qu’il arrive, si cette alliance qualifiée de «naturelle» par Jean-Louis Borloo a un sens électoralement parlant, il faudra également qu’elle en est politiquement parlant et que les centristes établissent rapidement un projet et un programme commun entre les deux composantes de l’Alternative puis qu’ils les confrontent au projet et au programme de la Droite.

    De même, il leur faudra se poser la question de la compatibilité de certaines factions de cette même Droite.

    Ainsi, la droite dure est-elle centro-compatible ou l’est-elle plus qu’une gauche social-démocrate voire un centre-gauche?

    Ces questions ne sont pas anodines car elle touche à l’essentiel, à l’identité du Centre et à ses valeurs.

    Ne pas confronter les idées et les programmes, les positions et les positionnements reviendrait, in fine, à ne conclure que le pire des accords électoraux, celui où l’on cherche seulement des élus et des prébendes et non un projet pour le pays.

    Voyons ce qu’il en sera, déjà, des visions de chacun des partenaires sur l’Europe, l’Union européenne et le fédéralisme européen.

    Alexandre Vatimbella

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Refondation du Centre. La nécessaire clarification centriste après les municipales et les européennes

    L’Alternative est bancale. Cela, nous le savions dès sa mise en place. C’était même sa marque de fabrique et il ne pouvait en être autrement puisque la refondation du Centre dont elle se veut le facilitateur est en fait, à l’origine, un simple outil de prise du pouvoir par l’un (UDI) ou l’autre (Mouvement démocrate) bord de l’espace centriste.

    Ce qui est le plus gênant dans cette initiative, c’est qu’elle demeure une sorte d’union ad minima et sans lendemain au même titre que celle que deux partis passent uniquement pour une séquence électorale où ils se sentent en danger.

    Mais même cette interprétation de l’accord Bayrou-Borloo semble «optimiste».

    Car, comme le notait France Info récemment, l’Alternative n’existe pas dans 19 des 25 plus grandes villes françaises.

    Ce qui signifie dans ces cas (et beaucoup d’autres) pas d’union entre les deux formations centristes mais, pire, qu’elles sont des adversaires.

    Une hérésie si l’on considère que la charte qu’elles ont signé stipulait, «Nous nous présenterons ensemble à toutes les élections, nationales, régionales et européennes».

    Ensemble, dans le langage bayrou-borlooiste ne semble pas vouloir dire la même chose que dans le dictionnaire de la langue française: «l’un avec l’autre» et non «l’un contre l’autre»…

    La constitution des listes pour les européennes a été également une lutte de tous les instants et l’impression désagréable demeure que cette union, dans ce cas précis, est d’éviter une débâcle et de faire réélire les sortants.

    Dès lors, on est bien dans une situation qui appelle obligatoirement une explication entre les deux «partenaires» une fois que les élections seront passées où l’on espère dans les états-majors des deux partis centristes que les électeurs seront assez indulgents pour ne pas sanctionner cet artifice assez grossier pour ne pas dire cette combine assez irrespectueuse très éloignée des valeurs du Centre.

    Le porte-parole de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde estime fort justement qu’«à la sortie de cette séquence (électorale), il faudra faire le bilan. A ce moment-là, soit le MoDem clarifiera sa règle et on poursuivra l'aventure, soit on arrêtera là».

    Le problème, c’est que l’on ne comprend pas pourquoi l’UDI n’a pas demandé au Mouvement démocrate de la clarifier avant les élections!

    Toujours est-il que l’on est bien circonspect. Voilà deux partis qui ont beaucoup en commun, notamment une vision politique assez proche et qui devrait ainsi pouvoir nouer une alliance dans la clarté et la confiance.

    Au lieu de cela, chacun avance masqué avec la volonté de prendre sans donner et de pouvoir, avant tout, contenter certaines ambitions politiques comme on l’a vu dans le duel Sarnez-Yade à Paris.

    C’est vraiment dommage pour ne pas utiliser un gros mot.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Refondation du Centre. L’Alternative, un outil commun au service de Bayrou?

    Rappelons cette évidence: l’Alternative n’a pas été créée pour sauver le soldat Bayrou mais pour sortir du marasme les partis centristes qui ne parvenaient pas à susciter une quelconque appétence auprès des électeurs.

    Ce rappel est utile, à la fois, pour dire aux membres de l’UDI que l’accueil d’un Bayrou en voie de marginalisation n’était pas de leur part un geste humanitaire mais une démarche éminemment politique (voire politicienne pour certains critiques de la création de cette Alternative) et pour ne pas oublier que l’objectif réel était un deal gagnant-gagnant entre un Borloo englué dans une UDI sans dynamisme et un Bayrou à la recherche d’un nouveau souffle.

    Nous avons dit ici que cette «organisation coopérative» était un «objet politique non-identifié», à la fois, d’alliance et de compétition où chacun pouvait y mettre ce qu’il voulait et s’en servir comme il en avait envie.

    A ce jeu, c’est François Bayrou qui vire en tête mais les membres de l’UDI ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes si le président de Mouvement démocrate a su utiliser cet outil mieux qu’eux pour se redonner, si ce n’est encore un avenir politique, en tout cas une visibilité médiatico-politique évidente.

    Les récriminations des leaders de l’UDI (en l’absence de leur chef) sont de ce point de vue, au mieux, hypocrites, au pire, pitoyables.

    Car ils savaient, dès novembre dernier, qu’ils faisaient entrer le loup dans leur bergerie déjà bancale.

    Que François Bayrou soit plus malin qu’eux, mais n’était-il pas leur chef voilà peu?!

    Qu’il ait réussi à imposer – pour l’instant puisque l’accord n’est pas définitivement scellé –quatre têtes de liste MoDem sur sept et la moitié des candidats éligibles pour les européennes pour le ticket commun avec l’UDI, est incontestablement une victoire pour lui.

    Tout comme est une victoire l’acceptation par l’UDI de sa théorie des alliances à la carte aux municipales qui permet au Mouvement démocrate d’être l’allié ici de l’UMP, là du Parti communiste, ailleurs du Parti socialiste ou de… l’UDI!

    Si cette dernière se sent flouée, elle n’a qu’à battre sa coulpe et réfléchir à son fonctionnement de confédération (ou à son faible leadership) face à un Mouvement démocrate entièrement dévoué à François Bayrou (moins les quelques dissidents qui ont rejoint les rangs socialistes).

    Le risque, in fine, est que l’Alternative se disloque, ce que certains à l’UDI espèrent secrètement dorénavant.

    Néanmoins, si cela survient, ni le Mouvement démocrate, ni l’UDI n’en sortiront gagnants et indemnes.

    Encore moins l’espace politique centriste.

    Pour autant, si les relations entre les deux bords continuent à être du même acabit, le spectacle qu’offriront les deux formations aux Français risque de les couler pour de bon.

     

     

    Alexandre Vatimbella 

     

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  • Bayrou est-il en train de réussir une OPA sur… l’UDI?

    Les médias – qui accusent de leur côté la nature – ont horreur du vide, c’est bien connu.

    Et le vide, aujourd’hui au Centre, c’est cette Alternative rassemblant le Mouvement démocrate et l’UDI, ce «machin» comme l’aurait certainement baptisé une des références de François Bayrou, le général De Gaulle, qui se veut un instrument «coopératif» selon ses initiateurs.

    Une des raisons, mais loin d’être la seule et même la principale, de cette absence politique est que l’un d’entre eux, Jean-Louis Borloo, est en convalescence de longue durée.

    Du coup, les projecteurs (ou les veilleuses, tant les partis centristes sont, eux aussi, convalescents) se sont braqués sur le deuxième larron de la coopération centriste, François Bayrou.

    Les commentateurs avisés ont ainsi cru déceler la volonté de ce dernier de s’accaparer l’espace centriste (ce n’est pas nouveau) en profitant des déboires physiques de son partenaire-adversaire mais aussi de l’incapacité de l’UDI à créer une dynamique autour d’elle.

    Et c’est vrai que le président de ce qui reste du Mouvement démocrate en pleine décrépitude du fait des oppositions entre sa droite et sa gauche, pourrait bien réussir, ce qui semblait un non-sens il y a quelques mois encore, une OPA sur l’UDI et retrouver un avenir politique qui pourrait lui assurer une nouvelle candidature à la présidentielle en 2017.

    Le fait d’avoir réussi à imposer ses fidèles comme têtes de liste aux européennes (en particulier Marielle de Sarnez à Paris) en est une preuve solide.

    De même que les silences de ses «anciens» «nouveaux» «amis», toujours dans une détresse politique depuis leur fiasco de 2012 et leur suivisme de survie de Jean-Louis Borloo à qui ils n’ont jamais vraiment fait confiance.

    Les Arthuis, Lagarde, Morin et consorts sont prêts à se mettre derrière Bayrou comme ils se sont mis derrière Borloo si le président du Mouvement démocrate sait la jouer finement.

    D’autant plus si Borloo ne revient pas vite et si Yves Jégo continue à être chargé de «coordonner» pendant encore plusieurs mois la maison UDI.

    Bien entendu, il y a aura un peu de casse avec les départs de quelques uns des barons du parti comme Fromantin, Sauvadet ou Yade.

    Cependant, Bayrou doit également agir vite et risque dans cette précipitation de rater son coup.

    Ainsi, la décrépitude du Mouvement démocrate pourrait aboutir plus vite que prévu à une implosion comme le montre ce qui se passe actuellement à Marseille.

    Mais même si ce n’est pas le cas, la parti voulu par Bayrou pour être un soutien sans faille de ses ambitions présidentielles ne pèse plus grand-chose politiquement parlant.

    Ce qui reste au président du Mouvement démocrate, c’est sa légitimité présidentielle et ses 18,7% de 2007 qui demeurent une monnaie d’échange solide face à un Borloo incapable de se présenter à des élections nationales et à l’incapacité des autres leaders centristes à réunir sur leur nom plus de quelques points (et encore) dans les sondages.

    Mais l’absence d’une force politique crédible et d’élus sera, tôt ou tard, un handicap majeur pour François Bayrou.

    La bataille des municipales à Pau où il a décidé de se présenter (peut-être regrette-t-il maintenant de l’avoir fait) peut agir comme un accélérateur de son projet d’OPA s’il remporte la mairie à gauche depuis plus de quarante ans mais aussi comme un frein puissant à sa renaissance politique s’il échoue car il s’agirait d’un nouvel échec auprès des électeurs, peut-être celui de trop.

    Quoiqu’il en soit, ceux qui, au Centre, voulaient se débarrasser du «système Bayrou» qui est, selon eux, uniquement une entreprise personnelle où seule une poignée de fidèles d’entre les fidèles est récompensée, en seront peut-être pour leurs frais si l’OPA réussit.

    On n’en est pas encore là mais il est certain que ce retour presqu’en fanfare pose, en l’état, plus de questions pour les centristes qu’il n’en résout sur leurs capacités à séduire les Français, sur leur positionnement politique, sur leur aptitude à bâtir une vraie alternative crédible et sur une certaine déshérence faite d’allers-retours incessants et de plus en plus incompréhensibles pour ceux qui regardent vivre l’espace centriste en ce début de XXI° siècle.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Dur, dur, d’être un centriste!

    Jean-Louis Borloo l’a dit, l’UDI ne votera pas la confiance au gouvernement sur le Pacte de responsabilité présenté par François Hollande que pourtant il a salué comme un tournant libéral du président de la république.

    De son côté, François Bayrou a expliqué que ce pacte allait dans la bonne direction (la sienne) mais qu’il était «trop tard» pour le soutenir alors que son alliance, le 5 novembre dernier (une éternité…) venait justement de ce François Hollande ne voulait pas faire ce qu’il vient de proposer de faire.

    Ceux qui aiment la clarté en politique en seront donc pour leurs frais…

    Bien sûr, pour l’instant, les propositions du président de la république ne sont que des mots et n’engagent, comme on le dit cyniquement, que ceux qui y croient.

    Mais si, demain, les actes suivent?

    Jean-Louis Borloo, donc, ne les soutiendrait pas au nom d’une «opposition constructive».

    Quant à François Bayrou, son «il est trop tard» signifierait-il que même si l’on prend les bonnes mesures, tout est déjà foutu?

    Si l’on comprend bien, il n’y a plus rien à faire et tout est figé ad vitam aeternam!

    On voit bien que les deux positions ne tiennent pas si l’on se considère centriste.

    Car les choses sont plus simples qu’on ne le présente et que l’on complique sciemment afin de justifier un positionnement qui va jusqu’à la contradiction (certains appellent cela la «politique»!!).

    Soit on est d’accord avec une politique spécifique ou des mesures particulières, on les supporte.

    Soit on n’est pas d’accord et on ne les supporte pas.

    Mais il est difficile de comprendre que, quand on est d’accord, on s’oppose!

    Ce n’est pas ce que l’on appelle une démarche responsable, consensuelle et équilibrée, des mots qu’utilisent souvent les leaders des partis centristes.

    D’autant que supporter des mesures ou une politique spécifique ne signifie pas ralliement ou allégeance à un projet politique global.

    Le propos ici n’est pas de dire si les partis centristes doivent s’allier au Parti socialiste ou à l’UMP.

    Dès lors, on aurait voulu voir une ouverture d’esprit un peu plus large sur le discours.

    Cela aurait été une démarche centriste.

    Oui mais, en l’occurrence, les centristes se sont mis eux-mêmes dans cette mélasse.

    D’un côté, il y a un Jean-Louis Borloo qui prétend que l’alliance naturelle du Centre ne peut se faire qu’avec la Droite (à l’exclusion de l’extrême-droite), c’est-à-dire quel que soit les propositions de cette dernière et de celles de la Gauche.

    De l’autre côté, il y a un François Bayrou qui disait, il y a encore peu, que le Centre ne devait pas faire alliance avec quiconque, indépendance rimant, selon lui, avec solitude (aujourd’hui, il défend la position de Jean-Louis Borloo au sein de l’Alternative).

    Du coup, ils se sont lié les mains car la seule bonne position en la matière est de revendiquer une totale indépendance politique tout en nouant, au moment des élections, des alliances avec le ou les partis qui sont le plus proche de vos thèses.

    Et, entre les élections, de supporter toute bonne initiative, notamment celles que l’on propose soi-même ou qui y ressemble étrangement…

    Si les centristes agissaient ainsi, alors ils pourraient non seulement saluer mais aussi soutenir les bonnes mesures qui viennent de droite et de gauche, c’est-à-dire celles qu’ils défendent et que la droite et la gauche leur piquent!

    Au lieu de cela, à force de ne pas savoir réellement où ils sont ou de courir après des accords électoraux pour ne pas couler, ils sont obligés à des circonvolutions parfois pathétiques où plus personne ne s’y retrouve et qui, malheureusement, décrédibilise le Centre et le Centrisme.

    Un dernier sondage pour les municipales montrent que seuls 10% des Français souhaitent la victoire d’une liste UDI ou MoDem.

    Ceci explique peut-être cela.

     

    Dans ces conditions, dur, dur d’être un centriste!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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