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politique - Page 37

  • Y a-t-il aujourd’hui un candidat centriste pour 2017?

    Bien sûr, nous sommes encore à trois ans de la prochaine élection présidentielle et il peut encore passer beaucoup d’eau sous les ponts.

    Pour autant, en prenant comme référence le fait que les leaders de l’UDI l’aient eux-mêmes constaté récemment, il n’y a pas de présidentiable dans leur parti depuis le retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo.

    Et de noter que l’éclosion d’un quasi-inconnu dans les trois ans qui viennent serait sans doute une première dans la politique française pour un courant de pensée politique majeure.

    Surtout si celui-ci veut avoir une chance de bien figurer, c’est-à-dire de pouvoir monnayer son score du premier tour au second.

    Car il semble aujourd’hui irréaliste de penser qu’un candidat centriste sera présent au second tour sauf circonstances exceptionnelles comme la désagrégation totale de l’UMP ou le naufrage complet du PS qui ferait qu’un centriste soit opposé au représentant du Front national.

    Rien n’indique, en effet, que ce dernier pourrait perdre de son influence dans les trois ans à venir et ne plus se trouver dans les trois grandes forces politiques du moment avec l’UMP et le PS) sauf si François Hollande parvenait à ses fins en redressant le pays et en faisant baisser le chômage dans de grandes proportions…

    Même Barack Obama, aux Etats-Unis, qui a véritablement explosé en 2007, soit un peu plus d’un an et demi avant la présidentielle qu’il remporta brillamment en novembre 2008, avait une certaine notoriété depuis son discours remarqué lors de la convention démocrate de 2004 qui lui avait apporté des soutiens dans son parti.

    Dès lors, en revenant à la France, le seul qui possède aujourd’hui une notoriété de présidentiable au centre est François Bayrou.

    Si l’on veut dresser une liste d’outsiders, on y mettra Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et Rama Yade, la dernière étant sans doute la plus connue des cinq et la moins centriste!

    En cherchant vraiment d’autres noms, on pourra citer Yves Jégo, Jean-Marie Cavada, Jean Arthuis, Charles de Courson, mais on ne voit pas comment ils pourraient dépasser un score de 5% et ne faire autre chose que de la figuration.

    Cette relative pauvreté dans les candidats potentiels se double, d’une part, de la grande difficulté qu’aura François Bayrou s’il rempile pour une quatrième candidature d’avoir tout le Centre derrière lui et, d’autre part, de la volonté de certains centristes de, déjà, regarder vers un candidat centro-compatible de l’UMP, au premier rang desquels on trouve Alain Juppé.

    Quand on parle du groupe des cinq outsiders, on se rend également compte que ses membres ne comptent qu’une expérience ministérielle très limitées.

    Seuls deux, Hervé Morin (défense nationale) et Rama Yade (jeunesse et sports), ont occupé des postes dans un gouvernement.

    Evidemment, l’exemple de François Hollande, jamais ministre mais élu président, vient en contrepoint mais il semble que cela reste encore l’exception qui confirme la règle en France.

    De même, pour pouvoir se faire connaître, un candidat a besoin que son parti soit derrière lui, en tout cas, qu’il en obtienne une certaine légitimité.

    La guerre des chefs sourde actuellement mais au grand jour demain à l’intérieur de l’UDI et entre l’UDI et le Mouvement démocrate ne permet pas de dégager une figure consensuelle actuellement au centre.

    Dès lors, certains centristes ont déjà fait leur choix et vont militer pour une candidature unique Droite-Centre comme le fait déjà François Sauvadet qui voit – tout comme François Bayrou – en Alain Juppé l’homme de la situation (François Fillon ferait aussi l’affaire).

    On n’a pas encore parlé de l’éventualité pour les centristes de se ranger derrière un homme venu de la Gauche.

    Ce qui est évidemment de la politique fiction actuellement.

    Pour autant, le social-libéral Manuel Valls possède sans doute des qualités proches de celles d’Alain Juppé pour être un candidat soutenu par le Centre.

    Cependant, il semble impossible que les centristes – qui se voient partager le pouvoir avec l’UMP en 2017 – s’allie avec une gauche si libérale soit-elle mais assurée d’une défaite.

    Pour répondre à la question d’un candidat centriste pour 2017, il faut constater qu’il n’en existe aucun d’incontestable et encore moins aucun de capable de gagner.

    Reste que, pour contredire en partie l’analyse de départ, il reste malgré tout trois ans, ce qui est peu et beaucoup à la fois pour trouver la perle rare.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’avenir flou et bancal de l’UDI

    Maintenant que sont passés les deux vrais premiers tests électoraux que l’UDI attendait avec autant d’impatience que de crainte, quel est l’avenir de la confédération de centre-droit, à la fois dans l’Alternative, dans ses relations avec (feue?) l’UMP, dans sa capacité à demeurer unie et à se structurer en vrai parti centralisé, dans son projet politique, dans sa réponse à la montée des extrêmes?

    Beaucoup de questions auxquelles vont devoir répondre les responsables de la formation créée puis quittée par Jean-Louis Borloo et en particulier ceux qui vont se présenter à la présidence du parti dans les mois qui viennent pour le remplacer et prendre la place occupée actuellement par l’«intérimaire» Yves Jégo.

    Si on analyse les résultats des élections municipales et ceux des élections européennes, l’UDI n’a pas de quoi pavoiser.

    Même si elle a réussi à enlever nombre de villes, elle le doit en grande partie à son alliance avec l’UMP dès le premier tour, ce qui ne permet évidemment pas de savoir quel est son poids politique réel lors des municipales.

    Quant à sa présence au Parlement européen, le parti perd quatre députés et le score de l’Alternative (l’«organisation coopérative» avec le Mouvement démocrate) est décevant pour des centristes qui espéraient en secret approcher la barre des 15%, en tout cas, dépasser celle des 12% et qui n’ont pas réussi à atteindre un score à deux chiffres avec seulement 9,90% des suffrages exprimés.

    D’ailleurs, le seul à avoir postulé officiellement à ce jour à la présidence du parti, le député-maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, estime qu’il est surprenant de dire que «c'est formidable d'avoir fait 9% aux élections européennes alors que nous perdons des sièges».

    Ceux qui estiment dans les médias que tout s’est bien passé lors de la campagne européenne avec le Mouvement démocrate sont démentis par les multiples prises de parole et de position critiques de leaders du parti, comme celle du vice-président François Sauvadet qui n’a même pas voté pour l’Alternative au motif que la tête de liste dans sa région était MoDem ou celle de la vice-présidente Rama Yade (et candidate à la président du Parti radical) qui vient de déclarer qu’elle n’était pas «satisfaite de la tournure qu'a prise l'alliance entre l'UDI et le Modem. C'est l'UDI qui a tendu la main au Modem quand celui-ci était au plus mal et le Modem a exercé une sorte de chantage pour la constitution des listes ce qui fait que l'UDI est passée de sept députés européens à trois».

    Le temps de l’explication avec François Bayrou et ses lieutenants, voulue par le secrétaire général Jean-Christophe Lagarde avant même les européennes, est donc venu afin de savoir si l’Alternative a un quelconque avenir.

    L’échec de cette dernière serait évidemment un coup dur pour l’UDI qui a sauvé la carrière politique de François Bayrou et qui n’a rien obtenu de tangible en retour pour l’instant.

    Néanmoins, si cette organisation coopérative devait demeurer dans le flou programmatique et dans son positionnement politique, ni l’UDI, ni le Mouvement démocrate n’en sortiraient gagnants.

    Rappelons qu’il y a un certain nombre de personnes à l’UDI qui ne veulent pas entendre parler d’une alliance avec François Bayrou qu’ils considèrent toujours comme un «traître» (ou un homme qui a voté pour François Hollande) et qu’il va bien falloir régler ce problème soit par l’abandon de l’alliance avec le MoDem, soit avec le départ de cette frange contestataire qui pourrait trouver refuge dans le prochain parti de droite qui devrait succéder à l’UMP dans les mois qui viennent (ou à une UMP «rénovée»).

    Tout ceci pose la question de l’unité de l’UDI.

    Celle-ci, il faut encore une fois le rappeler, n’est qu’une confédération de partis.

    Jean-Louis Borloo a bien essayé d’aller vers un parti centralisé mais il n’a pas réussi dans cette tâche.

    Actuellement, il semble impossible que des hommes et des femmes comme Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, François Sauvadet, Rama Yade, Jean-Christophe Fromantin et quelques autres se retrouvent dans le même parti et abandonnent leurs ambitions et leurs postes dans leurs formations respectives.

    Pour ne prendre qu’un exemple, Hervé Morin continue à peser politiquement et en particulier à l’intérieur de l’UDI, uniquement parce qu’il est le président du Nouveau centre, la formation qui a le plus de députés de la confédération et non parce qu’il a des fonctions à l’intérieur de la confédération.

    En tant que parti de centre-droit revendiqué et dans une alliance «naturelle» avec la droite affirmée, l’UDI a donc des relations spécifiques avec l’UMP.

    Cette dernière, au-delà de ses graves problèmes actuels, a toujours regardé l’UDI comme une excroissance d’elle-même qu’elle se ferait fort de récupérer le moment venu, soit en l’absorbant, soit en la phagocytant avec cette arme imparable qu’aucun membre de l’UDI ou presque ne peut être élu à une élection sans le concours de l’UMP.

    Bien entendu, les leaders de la formation centriste le savent mais veulent garder le plus d’indépendance possible tout en sachant que tous leurs postes électifs ou presque (pas ceux de députés européens…) viennent de leur alliance électorale avec l’UMP.

    De même, la montée du Front national, marquée par sa victoire aux élections européennes, repose la question de l’unité de la Droite et du Centre par ceux qui estiment que les centristes sont «naturellement» dans le camp de la Droite.

    Mais aussi par des centristes qui veulent faire barrage à l’extrême-droite et qui souhaitent être ceux qui éviteront que l’UMP s’allient avec le Front national ou n’épouse ses thèses pour soi-disant mieux le combattre en lui offrant une alternative (rappelons tout de même que la création de l’UMP, parti de la Droite et du Centre, en 2002 était la réponse à la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle mais que douze ans plus tard le Front national a remporté les élections européennes avec 24,85% des voix…).

    Bien évidemment, tout serait plus facile pour l’UDI si elle faisait 25% des voix et avait deux cents députés.

    C’est le rêve des leaders de la confédération mais ce n’est pas du tout la réalité actuelle.

    Dès lors, en tant que formation «petite» ou «moyenne», tout dépend de la façon de voir le verre à moitié vide ou à moitié rempli (c’est-à-dire de savoir ce que représente 30 députés sur 577 à l’Assemblée nationale), elle doit se positionner face au double-défi de la reconquête du pouvoir (alliance à droite ou à gauche) et barrage à l’extrême-droite (alliance fusionnelle avec l’UMP), le tout en se demandant s’il faut continuer le chemin avec le Mouvement démocrate.

    Et les votes à l’Assemblée nationale lors de la discussion du Pacte de responsabilité présenté par Manuel Valls n’ont pas éclairci les positions avec ceux qui ont voté pour, ceux qui ont voté contre et ceux qui se sont abstenus.

    Tout cela serait sans doute plus simple si l’UDI avait un projet politique au lieu d’avoir un gadget avec ce «contre-gouvernement» mis en place par Jean-Louis Borloo (sur le modèle de celui qu’avait mis en place sans succès François Bayrou au Mouvement démocrate il y a quelques années) et qui n’intéresse personne.

    Car l’UDI ne sera une vraie formation avec un avenir que lorsqu’elle aura un positionnement politique clair et un programme cohérent.

    En tout cas, les mois qui viennent seront importants pour l’avenir de l’UDI qui, comme l’UMP, devra se choisir un nouveau président lors d’un processus qui risque d’être aussi sanglant, à défaut d’être aussi spectaculaire, que celui du parti de droite…

    Alexandre Vatimbella 

     

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  • Nous devons tous avoir honte de la victoire du Front national

    Dans un précédent éditorial, j’avais posé la question de savoir s’il y avait 70% de Français pour la victoire du Front national et la réponse est désormais connues: c’est oui!

    Comme le dit Manuel Valls, le résultat des élections européennes est un «séisme», un «choc» qui permet à Marine Le Pen de déclarer que «le Front national remercie les Français»…

    25%, un quart des électeurs qui se sont déplacés ont voté pour l’extrême-droite.

    Et mai 2014 montre qu’avril 2002 n’était pas qu’un accident de l’histoire.

    Oui la France est gangrenée par un parti de haine.

    Et oui encore il ne s’agit pas seulement de ces un peu plus 10% du corps électoral (puisque la participation est un peu plus de 40%) qui ont voté pour le Front national mais de tous ceux qui ont refusé d’aller voter et de faire barrage à sa victoire annoncée.

    Pour la première fois en France, un parti d’extrême-droite remporte une élection démocratique.

    On pourra tourner cette phrase comme on veut, on pourra tordre la réalité dans tous les sens, il reste un fait indubitable: le Front national a gagné.

    D’ailleurs, il ne se prive pas de le dire et de le montrer, réclamant déjà la dissolution de l’Assemblée nationale.

    Bien sûr, ce n’est «que» l’élection européenne – ce qui en dit long, entre nous soit dit, du délabrement du rêve européen – disent déjà certains.

    Bien sûr, cela ne remet pas en cause – encore – la démocratie.

    Bien sûr, comme le font d’autres en retournant les résultats (ficelle un peu grosse), 75% de ceux qui se sont déplacés n’ont pas voté pour le Front national.

    Mais je le redis encore une fois avec force et consternation: tous les sondages ou presque annonçaient une victoire du Front national à l’inverse de 2002 où personne ou presque n’avait vu venir la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle.

    Dès lors, tous ceux qui ont refusé de voter – sans doute estiment-ils que l’on est bien mieux dans des régimes où l’on ne possède pas le droite de vote – ont sciemment participé à la victoire de l’extrême-droite à cette élection.

    La honte concerne bien près de 70% des électeurs qui, pour ceux qui se sont abstenus, devront se débrouiller avec leur conscience.

    La honte concerne aussi cette classe politique qui n’a pas su prendre ses responsabilités depuis des années et qui a permis au discours populiste, démagogique et d’exclusion de l’extrême-droite d’avoir pignon sur rue quand elle ne l’a pas instrumentalisé à son profit.

    Ainsi la droite et la gauche se sont maintes fois servies du Front national pour tenter de se décrédibiliser et de se faire perdre l’une l’autre.

    La honte concerne également les médias qui, taux d’audience oblige mais aussi par irresponsabilité assumée, ont largement participé à la dédiabolisation du Front national.

    La honte concerne enfin tous les Français, dont vous et moi, qui n’avons pas su nous mobiliser efficacement pour éviter un tel résultat.

    Oui, honte aux Français.

    Quant à moi, centriste, défenseur des valeurs démocratiques et respectueuses du Centrisme, qui croit toujours et encore plus à cette société du juste équilibre prônée par le Centre, je ne peux un seul instant passer par pertes et profits une telle élection, ni me sentir innocent de cette nouvelle réalité.

    Comme toute personne qui a la droit de vote et qui possède un pouvoir, même si beaucoup le dénie ces derniers temps.

    Désormais, les Français ne pourront plus de demander avec étonnement comment des peuples ont pu par le passé voter pour des partis extrémistes en les installant légalement au pouvoir, pouvoir que ces derniers se sont ensuite empressés de confisquer à leur profit.

    Ils ne pourront plus se vanter d’être les représentants d’un pays qui porte cet universalisme démocratique au même titre que celui défendu par les Américains.

    Et s’ils pensent que tout ce qui vient d’être dit est excessif, dicté sous le coup de la colère, qu’ils se rappellent la dernière et récente «blague» de Jean-Marie Le Pen qui estimait que pour régler le problème de la surpopulation de la planète, il suffisait de s’en remettre à «monseigneur Ebola» (Ebola est un virus qui cause des fièvres hémorragiques très souvent mortelles et qui frappe quasi-exclusivement les populations d’Afrique…).

    Oui, la transgression de la démocratie a bel et bien eu lieu.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’Europe des centristes, c’est l’Europe des personnes

    Le Centrisme en tant que pensée influencée par le personnalisme est pour une Europe fédérale qui réunisse, non pas, des peuples ou des communautés, mais des individus et, in fine, des personnes, des Européens à part entière, dotés de droits et de devoirs européens.

    Cela ne signifie pas que ces personnes doivent abandonner leurs spécificités librement choisies dans les sociétés dans lesquelles elles vivent mais simplement que le but ultime de la construction européenne pour le Centre, c’est bien le citoyen européen, personne libre, égale, solidaire, tolérante, respectueuse et dont on respecte l’individualité (les fameuses «différences»).

    Et c’est seulement cette Europe là qui a des chances d’émerger dans l’avenir et non celle, poussiéreuse, que la plupart des partis dans les vingt-sept pays de l’Union européenne essaient de nous vendre ou de nous en dégoûter, cette Europe, à la fois, bureaucratique et faite de peuples qui, au fur et à mesure que le temps passent, sont de moins en moins enclin à s’unir parce qu’ils ne perçoivent pas ou plus l’importance de cette identité européenne qui, malgré les divisions du vieux continent, à une réalité forte et qui fait que nous avons tous le même avenir commun, que nous soyons unis ou non, d’ailleurs.

    Car, avec cette montée de l’individualisme (qui n’est pas une tare, ce qui n’est pas le cas de celle de l’autonomisation irresponsable de l’individu) dans toutes les sociétés démocratiques, c’est bien à une Europe régénérée, qui parle à chacun, que chacun peut s’approprier et dans lequel il peut retrouver son rêve qu’il faut tendre désormais.

    Il faudrait enfin que les dirigeants comprennent que la grille de lecture sur l’Europe a changé. Que comme tout, le rêve européen a évolué et qu’il faut le réformer pour qu’il devienne le rêve de chaque européen.

    C’est d’ailleurs la seule manière de faire en sorte que chacun d’entre nous se sente réellement concerné par l’Europe.

    En faisant partie d’un peuple distinct des vingt-six autres, le tout chapeauté par une bureaucratie où ne règne ni la transparence, ni le souffle démocratique, il est quasiment impossible pour un citoyen de l’Union européenne de s’identifier à cette construction branlante et si loin d’avoir une âme quelconque, au grand dam des plus pro-européens d’entre nous.

    Bien entendu, tout ne peut pas se régler demain mais le tournant doit être pris au plus vite si l’on veut qu’il y ait encore une chance que l’Union européenne ne devienne pas un cartel de pays qui ne défendra qu’a minima un ensemble européen que quand tous les pays qui le composent seront entièrement d’accord et pour des questions dont le citoyen européen demeurera exclu.

    Certains souhaitent cette évolution qui remettrait en cause la raison même pour laquelle on a fait l’Europe après une guerre mondiale au 50 millions de morts dont les Européens sont entièrement responsables, tout comme ils l’étaient de la précédente qui fit près de 15 millions de morts.

    Evidemment, cette Europe est à construire.

    Dès lors, le 25 mai, la question n’est pas de voter pour la vieille Union européenne mais bien pour celle de demain.

    Voilà qui n’est guère facile puisque l’on continue à nous vendre la vieille.

    Toujours est-il qu’il ne faut pas tourner le dos à tous ceux qui veulent faire avancer la construction européenne.

    Et au premier rang desquels se trouvent les centristes.

    Bien sûr, si l’on lit avec attention les 65 propositions de l’Alternative pour l’Europe (UDI+Mouvement démocrate), on est un peu déçu d’y voir un mélange assez étrange de bonnes intentions, de souhaits incantatoires et de mesures concrètes, une sorte de condensé de le vieille Union européenne dans un programme électoral où le salut passe essentiellement par les Etats-membres ou les fonctionnaires de Bruxelles…

    Celui-ci, en outre, balance constamment entre utopie et réalité, renforcement fédéral et union étatique, laisser-faire et keynésianisme dont on ne comprend pas comment tout cela peut s’articuler harmonieusement.

    En outre, si dans le chapitre consacré à «l’’Europe du contrat social et fiscal» on retrouve les thèmes chers aux centristes, il n’en est pas exactement de même dans le chapitre sur «l’Europe de la croissance et de l’emploi» où est clairement énoncé un volontarisme étatique et une approche keynésienne, le tout dans un patriotisme non seulement européen mais français qui n’est peut-être pas le plus sûr moyen de libérer les énergies entrepreneuriales.

    Il n’est guère surprenant, dès lors, de constater qu’il n’y a pas de vision commune entre les différentes mouvances centristes européennes réunies dans l’Alde (Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe), sachant qu’en plus, une partie de l’Alternative y est adhérente (le Mouvement démocrate) et l’autre (UDI), non…

    Pour autant, le programme de l’Alternative reste européen pour l’essentiel et tous ceux qui veulent s’atteler à la création d’une Europe des personnes peuvent s’y reconnaître en partie et mettre un bulletin de vote pour ses listes dans l’urne le 25 mai.

    Alexandre Vatimbella

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  • Y a-t-il 70% des Français pour une victoire du FN aux européennes?!

    Faisons nos comptes.

    Dans un récent sondage, les listes du Front national arrivent en tête des intentions de vote pour les élections européennes du 25 mai avec 25%.

    A l’heure actuelle, l’estimation de la participation tourne autour de 40%.

    Dès lors, ce sont 10% des électeurs qui s’apprêtent à voter effectivement pour l’extrême-droite.

    Mais, à ceux-ci, il faut ajouter les 60% d’abstentionnistes qui vont laisser, pour la première fois, cette même extrême-droite remporter une élection nationale.

    Ce qui fait 10% + 60% = 70%...

    Et si le FN n’obtient que 22% ou 23% des voix mais qu’il arrive en tête, le pourcentage total de ceux qui auront permis cette victoire ne sera guère moins important.

    J’entends déjà ici les procès en rapprochements abusifs, en amalgames et en volonté de faire le buzz.

    Voilà bien des critiques que j’accepterais s’il n’y avait une réalité comptable et que celle-ci dit que les 60% des abstentionnistes savent aujourd’hui qu’en n’allant pas mettre un bulletin dans l’urne le 25 mai, ils favorisent la victoire du Front national.

    Bien sûr, ils se défendront d’être des sympathisants d’extrême-droite et ils prendront la posture des offensés en expliquant que je n’ai rien compris, qu’une élection européenne cela n’a aucune importance, qu’il faut donner un coup de semonce aux partis traditionnels, qu’on ne peut pas voter pour des socialistes qui font le contraire du pourquoi les gens ont voté pour eux, que les querelles à l’UMP fatiguent, que les centristes sont des rigolos qui se chamaillent constamment entre eux, que les écologistes ne savent plus où ils sont, que…

    Oui, tous ceux qui n’iront pas dans un bureau de vote le 25 mai trouveront toutes les justifications nécessaires pour se dédouaner de la victoire du Front national qui se profile.

    Mais il restera le résultat brut et sans détour, un résultat qui sera annoncé sur les télévisions et les radios et imprimés dans les journaux et les magazines, qui créera des millions de pages sur internet et qui sera gravé dans le marbre de la république, un résultat qui fera le tour du monde.

    Alors, non, ceux qui n’iront pas voter et qui permettront au Front national d’arriver en tête avec tout ce que cela implique en terme d’image de la France, de dynamique de toutes les intolérances et les haines véhiculées dans le pays, de «dédiabolisation» définitive d’un parti qui toujours détesté la démocratie républicaine libérale et sociale, ne pourront pas se cacher derrière des explications qui ne valent, et encore, que lorsque le système et les valeurs démocratiques ne sont pas en jeu.

    Le 25 mai le Front national ne peut gagner une élection que si une majorité de Français le décide, soit par sympathie pour les thèses d’extrême-droite, soit par dédain de la démocratie qu’ils n’iront pas défendre dans les urnes.

     

    Ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La difficile campagne européenne des centristes

    Les chiffres sont là, les listes de l’Alternative, regroupant l’UDI et le Mouvement démocrate sont aux alentours de 10% des intentions de vote dans les sondages mais ne parviennent pas à créer une dynamique.

    Et la voix des centristes dans le débat européen, malgré leur mobilisation et leur disponibilité médiatique, ne porte guère.

    Bien sûr, en se présentant comme les plus pro-européens au moment où l’euroscepticisme n’a jamais été aussi fort, les partis centristes prennent un risque de n’être pas compris, de n’être pas entendus, pire, d’être rejetés.

    Néanmoins, expliquer ces faibles intentions de vote aussi peu encourageantes par un refus d’Europe de la part des Français est trop court.

    Même si l’Union européenne est de plus en plus vue comme un problème et non une solution, il n’en reste pas moins vrai que tous les sondages donnent encore une majorité en faveur de l’idée et de la construction européennes auxquelles tente de s’associer et de s’identifier complètement l’Alternative.

    Le scrutin n’a pas encore eu lieu et il se peut qu’il y ait une petite progression des listes centristes par rapport aux sondages actuels avant le 25 mai.

    Pour autant, il semble difficile qu’un score de plus de 15% soit atteignable ce qui, malgré les dires des leaders de l’UDI et du MoDem (qui affirment qu’ils seront satisfaits avec un score à deux chiffres, une absence d’ambition suspecte…), sera une déception, voire une défaite.

    Une des raisons tient certainement à ce que les partis centristes ne parviennent pas à être crédibles sur la scène politique nationale.

    Il y a bien eu les municipales avec de bons résultats mais ceux-ci, sans être quand même exceptionnels, ont une signification nationale limitée et, surtout, les centristes faisaient alors alliance dans la très grande majorité des cas avec d’autres, principalement l’UMP.

    L’élection européenne permet, puisqu’elle se déroule à la proportionnelle, de jauger l’importance de chaque parti et ce malgré l’abstention qui y est forte généralement et qui pourrait encore battre des records cette année.

    De même, si elle peut être un défouloir puisqu’«elle ne porte pas à conséquence», comme on dit, au vu des pouvoirs limités du Parlement européen, elle est une photographie pas aussi infidèle que cela du paysage politique à un moment donné.

    Ainsi, cette année, elle risque de consacrer la montée de l’extrême-droite avec un score élevé du FN, une bonne tenue de l’UMP et une forte baisse du PS, tous ces phénomènes étant indépendants de l’élection européenne elle-même.

    Dès lors, un Centre à 10% sera donc, en gros, ce que celui-ci représente actuellement en France. C’est-à-dire pas beaucoup plus qu’en 2012 pour les présidentielles où son résultat avait été considéré comme une lourde défaite et qui a initié, dans la foulée, le regroupement du centre-droit sous la bannière de l’UDI créée par Jean-Louis Borloo puis la mise sur pied de l’Alternative, associant cette même UDI et le Mouvement démocrate.

    Les résultats, s’ils sont proches de ce que disent les sondages, signifieront que les partis centristes n’ont pas réussi leur coup alors qu’ils avaient deux ans pour s’y préparer depuis la présidentielle et la création de l’UDI (d’ailleurs, ils demandaient, lors de leur regroupement, à être jugés sur les résultats de ces européennes).

    Plus fondamentalement, cela signifiera que l’espace centriste est toujours très fragile et que sa refondation prendra plus de temps.

    Mais cela pourrait aussi signifier, comme l’ont montré certaines enquêtes, que les centristes demeurent très divisés sur leur positionnement, tant au niveau de leurs dirigeants que de celui de leurs militants ou de leurs sympathisants.

    L’arrivée de Manuel Valls à Matignon en a été le révélateur.

    En tout cas, si échec il devait y avoir le 25 mai, il est fort probable que des mises au point se feront rapidement.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Qui sont les centristes et où doivent-ils être?

    La nomination de Manuel Valls à Matignon aura au moins eu comme conséquence bénéfique pour les centristes et tous ceux qui, à leur côté, occupent l’espace central, de préciser qui ils sont et où ils sont, de se connaître un peu mieux, somme toute, un exercice qu’ils n’apprécient guère et qu’ils pratiquent peu souvent au grand dam de leurs sympathisants qui sont souvent désorientés par leurs prises de position et leurs déclarations…

    Car, pour beaucoup d’entre eux, être au centre, voire du Centre, permet de ne jamais expliciter clairement leur positionnement politique.

    Les expressions «opposition constructive» ou «opposition responsable», que viennent d’utiliser les leaders de l’UDI, en sont, parmi d’autres, des exemples.

    D’autres, en revanche, ont profité du débat actuel sur ce positionnement centriste assez récurrent dans les médias mais qui a pris une ampleur certaine face au gouvernement social-libéral de Valls pour (ré)affirmer leurs convictions politiques.

    - Qui sont donc les centristes et leurs affiliés de l’espace central?

    Une première catégorie affirme qu’ils se trouvent d’un côté de l’échiquier politique et leur seul allié ne peut être que ceux qui sont à leur droite ou à leur gauche.

    Se définissant comme de centre-droit ou de centre-gauche, ils sont en réalité, le plus souvent, des modérés de droite ou de gauche ayant choisi un camp contre un autre et, ce faisant, ils n’occupent pas réellement l’espace central mais un bout de l’espace de la Droite ou de la Gauche.

    Une deuxième catégorie affirme qu’ils sont les modérateurs des dérives de la Droite et de la Gauche.

    Ceux-ci s’autolimitent ainsi dans une définition qui leur permet de naviguer à vue.

    Si l’on suit les (multiples) propos d’Yves Jégo, le président par intérim de l’UDI, ils ne peuvent pas voter contre le pacte de responsabilité de Valls – qui est la feuille de route du nouveau gouvernement – tout en ne pouvant pas ne pas rester dans l’opposition et dans une alliance naturelle avec l’UMP.

    En somme, ils sont, à la fois, des soutiens et des opposants du gouvernement, un nouveau positionnement politique qu’il leur faudra expliquer à leurs électeurs.

    Voilà en tout cas qui fait la joie de tous les critiques et tous les ricaneurs qui prétendent depuis toujours que les centristes sont des girouettes qui changent constamment d’avis.

    A leur décharge, les centristes ne sont pas les initiateurs (malheureusement) du calendrier politique mais ils le subissent du fait de leur poids et de l’influence, cet épisode en étant une preuve flagrante.

    Quant François Hollande décide de nommer Manuel Valls premier ministre et que celui-ci met en place un plan qui reprend, à défaut du contenu exact, la philosophie de leur propre projet d’économie des dépenses publiques, ils se trouvent dans une position en porte-à-faux puisqu’ils ont déjà fait allégeance à l’UMP, leur partenaire «naturel».

    Néanmoins, comme je l’ai dit souvent ici, le fait pour l’UDI  -- et maintenant l’Alternative – de s’être enfermées toutes seules dans le concept de l’«alliance naturelle» avec la Droite (en l’occurrence l’UMP), fait aujourd’hui qu’elles ne peuvent que se retrouver dans une posture paradoxale face à une politique de l’autre bord qui leur convient.

    Car si l’on veut répondre à la question, les centristes doivent d’abord être du Centre et défendre leurs valeurs, leurs principes et leur programme en toute indépendance.

    Cela leur permettrait, alors, d’agir en accord avec eux-mêmes et, sans aucune allégeance à la Droite ou la Gauche, de supporter telle ou telle politique, telle ou telle mesure, tel ou tel texte de loi.

    Ce n’est qu’au moment des élections qu’ils doivent déterminer avec qui ils font alliance (ceux dont ils sont les plus proches) et être capables, dans cette indépendance qui figure dans le nom même de l’UDI, de se positionner sans avoir à subir l’enfermement dans lequel ils se sont mis tous seuls…

    - Et où doivent donc ils être?

    Ce que je viens de décrire est en réalité la troisième catégorie de centristes qui est, à l’heure actuelle, la moins fournie (notamment depuis le virage à droite de François Bayrou) mais la plus proche de ce qu’est le Centrisme.

    Les centristes doivent être du Centre et les modérés qui se trouvent à leurs côtés, au centre.

    Cela signifie très clairement qu’ils ne doivent pas être à gauche ou à droite.

    S’ils étaient d’un côté ou de l’autre, ils ne seraient plus du Centre.

    Cette évidence ne l’est malheureusement pas aussi… évidente pour beaucoup de centristes et de modérés.

    Car, selon nombre d’entre eux, leur positionnement est au centre-droit ou dans une alliance avec la Droite (et au centre-gauche dans une alliance avec la Gauche pour une frange plus restreinte).

    C’est en tout cas là où veut se situer l’UDI depuis sa fondation.

    En revanche, le Mouvement démocrate défendait jusqu’il y a peu un positionnement central jusqu’au retournement aussi subite que l’a été le prosélytisme de son président, François Bayrou contre François Hollande.

    Mais, en signant la charte de l’Alternative, ce dernier a mis son parti dans les pas de celui de l’UDI (à défaut d’y emmener la majorité de ses militants et de ses sympathisants comme le montre les sondages et les dissensions à l’intérieur du MoDem).

    Il faudra bien que les centristes comprennent bien un jour une simple équation: quand on est de gauche, on est à gauche de l’échiquier politique; quand on est de droite, on en est à sa droite; quand on est du Centre, on est en son centre.

    Si ce n’est pas ce que pensent les centristes, c’est alors qu’il n’y a pas de Centre ou qu’ils ne sont pas du Centre.

    Tout simplement.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Manuel Valls ou la (fausse?) tentation des centristes

    Avant même de penser à une recomposition politique qui n’est pas à exclure à terme, les centristes peuvent-ils faire un bout de chemin avec Manuel Valls?

    Leurs prises de position et leurs votes lors du discours de politique générale du nouveau premier ministre puis lors de sa récente présentation du pacte de responsabilité à l’Assemblée nationale semblent assez alambiqués, de la position ouverte du député Meyer Habib qui a déclaré qu’il voterait toutes les bonnes mesures présentées par le gouvernement à celle sans concession de François Sauvadet qui s’est mis dans une opposition résolue en passant par celle hésitante d’Yves Jégo qui est dans un attentisme irrésolu.

    On comprend que les repères politiques des centristes soient quelque peu chamboulés et qu’ils s’interrogent.

    Voilà un gouvernement qui semble vouloir faire, plus ou moins, ce qu’ils défendent depuis des années avec le discours qui va avec.

    Ce qui a séduit les sympathisants du Mouvement démocrate tout en laissant circonspects ceux de l’UDI.

    Il est évident qu’il existe des ponts entre le discours social-libéral de Manuel Valls et le discours libéral-social des centristes.

    Néanmoins, jusqu’à la prochaine présidentielle on ne voit pas comment un renversement d’alliance pourrait avoir lieu sauf si…

    Sauf si la situation politique, économique et sociale évolue dangereusement, non pas pour le Parti socialiste, mais pour tout le pays et que les crispations des extrêmes et des radicaux imposent des rapprochements de tous ceux qui défendent la démocratie libérale et une économie sociale de marché.

    Concrètement, la montée inexorable du Front national, l’alliance entre le Front de gauche et la gauche du PS, sur fond d’une économie ayant encore besoin d’être assainie sous peine de graves difficultés pour la France, alors les bases d’un large rassemblement central existeront avec les partis centristes en pivot, voire en pointe.

    D’autant plus si Manuel Valls obtient des résultats encourageants.

    Les prochains mois seront, à ce titre, importants pour tester grandeur nature l’exact positionnement du nouveau premier ministre sur des principes, ô combien chéris par les centristes, de consensus, de pragmatisme, de responsabilité, d’équilibre ainsi que sur sa capacité à libérer les énergies, notamment celle d’entreprendre, du carcan construit depuis des décennies par une vision pro-étatiste et centralisatrice partagée par le PS et l’UMP.

    Et, dans un an, il sera temps de faire le bilan de l’expérience Valls, non pas que ce temps sera nécessaire pour redresser la France mais il permettra de savoir si ses recettes fonctionnent.

    Si Manuel Valls réussit son coup, pas de doute que tous les idéologues et radicaux de tous bords auront du mouron à se faire. François Hollande aussi, d’ailleurs…

    Alexandre Vatimbella

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  • Refondation du Centre. L’avenir en suspens de l’Alternative en cas de mauvais résultat aux européennes

    On peut penser que si les élections européennes sont un succès pour les listes de l’Alternative (UDI+MoDem), cette dernière deviendra incontournable pour les partis centristes et ce, même si de nombreux points resteront à éclaircir et à régler pour qu’elle avance vers programme commun en vue de la présidentielle et des législatives.

    En revanche, on peut se demander quel pourra être son avenir en cas de mauvais résultat.

    Une question qui n’est pas seulement académique puisque les sondages montrent que seulement 9% des électeurs déclarent qu’ils vont voter pour les listes centristes.

    Si c’est le cas, l’Alternative aura failli dans sa première mission de donner un coup de fouet aux partis centristes lors d’une élection qu’ils considèrent eux-mêmes comme très favorable à leur camp.

    Il se pourrait qu’il y ait un réflexe de survie qui aboutisse à un approfondissement de cette refondation, les partis centristes comprenant que leur espace politique est vraiment sinistré et qu’il faut un effort d’union d’une toute autre ampleur pour retrouver la crédibilité auprès des Français.

    Malheureusement, le cas de figure le plus probable devrait être une remise en question de l’existence de l’Alternative  -- comme certains dirigeants centristes l’ont déjà évoqué – même si celle-ci n’aboutit pas forcément à une séparation des deux partenaires.

    Car depuis la création de cette «organisation coopérative», l’UDI et le Mouvement démocrate ont montré à maintes reprises qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde, loin s’en faut.

    Un échec aux européennes aurait donc comme conséquence de mettre sur la table les oppositions entre les démarches des deux partis, tant au niveau de la stratégie politique que celui du contenu même des projets politiques, sans parler de celui des chocs des ambitions personnelles.

    Déjà, les craquelures se sont manifestées avec des dirigeants en conflit et des avenirs fragilisés tant à l’UDI (départ de Borloo) que du Mouvement démocrate (qui se transforme petit à petit en coquille vide).

    De plus les militants des deux bords ne se font guère confiance et ne lorgnent pas du même côté (UDI plutôt vers le droite, MoDem plutôt vers la gauche).

    Ce qui est d’ailleurs confirmé par les positionnements des sympathisants qui semblent peu compatibles comme l’a montré un dernier sondage où 58% de ceux du Mouvement démocrate estiment que le Centre doit s’inscrire dans une coopération avec le gouvernement de Manuel Valls tandis que 73% de ceux de l’UDI estiment que le Centre doit clairement s’inscrire dans l’opposition.

    On ne peut pas faire plus opposé…

    Reste que les choses pourraient tourner autrement.

    Deux autres possibilités existent ainsi du fait que l’UDI doit se choisir dans les mois qui viennent un successeur à Jean-Louis Borloo.

    A cette occasion les risquent d’implosion de ce qui demeure une confédération où les partis qui la constituent ont gardé tous leurs attributs de légitimité, sont importants du fait de personnalités qui ne s’apprécient guère et n’ont pas l’intention de se faire des cadeaux, ni même de travailler ensemble.

    Du coup, l’Alternative pourrait imploser de même ou être, à l’opposé, un réceptacle pour tous les partis centristes à nouveau indépendants les uns des autres.

    Quoi qu’il arrive, son avenir est en suspens.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Quand l’espoir européen est devenu le problème français

    Or donc l’Europe ne fait plus rêver.

    Elle est même un repoussoir pour de plus en plus de gens.

    Selon un dernier sondage, 65% des Français pourraient bouder les urnes le 25 mai prochain et un des partis par les plus antieuropéens du vieux continent, le Front national, est en tête avec 24% des voix, soit un électeur sur quatre…

    Voilà qui interpelle – et c’est un euphémisme – un centriste qui a toujours lutté pour l’union des peuples européens dans une grande fédération démocratique parce qu’il sait que c’est le seul avenir de l’Europe et le seul avenir de la France.

    Comment est-on passé de l’espoir d’une Europe unie au rejet de l’Union européenne?

    Tous les poncifs (et réalités) ont été dites ces dernières décennies: une Europe bouc émissaire fustigée constamment par des politiciens nationaux afin de masquer tous leurs manquements et leurs fausses promesses; une Europe bureaucratique où il est difficile sinon impossible d’y adhérer affectivement et d’y trouver un quelconque idéal transcendant; une Europe où l’idée démocratique est difficile à apprécier au niveau de l’Union européenne tant les règles sont opaques et alambiquées; une Europe incapable d’éviter les crises économiques et sociales; une Europe incapable de montrer sa cohésion et son unité tant à l’intérieur de l’espace commun, entre ses membres de plus en plus tentés de jouer leur propre partition, que dans ses rapports avec le monde extérieur; une Europe incapable de relever le défi de la mondialisation autrement qu’en ouvrant ses frontières pendant que les autres fermaient les leurs, incapable de demander la réciprocité et de se défendre intelligemment; la remontée à la surface des nationalismes et des replis sur soi, sans parler des nauséabondes idéologies de l’intolérance et de l’exclusion, si caractéristique du XX° siècle que l’effroyable tragédie de deux guerres mondiales était parvenue à modérer de 1945 à 1990 aboutissant à ce rêve européen qui se délite de plus en plus.

    Et l’on pourrait continuer cet inventaire cruel.

    Pas étonnant de l’on soit passé d’une espérance européenne où l’on allait bâtir un avenir radieux, de paix et de prospérité, de fraternité et de partage, pour soi et sa descendance à une Europe perçue comme une hydre tentaculaire, dévorant ses enfants sans pourtant être capable de proposer un rêve, pire, même pas une démarche commune vers un meilleur futur.

    Mais tout cela n’est pas venu tout seul.

    Tout cela n’est pas venu de l’idée européenne mais de la manière dont on a voulu construire l’Europe.

    Celle-ci était bien une aventure où l’objectif était d’unir les hommes et les femmes du Vieux continent dans la paix et la fraternité en bâtissant une maison commune.

    Mais la méthode n’a pas été la bonne.

    En tout cas, la première phase où ce sont les intérêts économiques qui étaient à la base de la fondation de l’Europe unie aurait du être rapidement dépassée pour s’orienter vers une deuxième phase, la plus essentielle, la construction d’une Europe politique, sociale et sociétale.

    Mais la frilosité coupable des politiques et la procrastination décevante des pionniers de l’Europe – qui ne voulaient pas heurter les nationalismes seulement endormis – n’ont pas permis de faire ce saut indispensable qui aurait à jamais scellé l’union des peuples européens et non celle des Etats-nation qui gardaient assez de souveraineté pour bloquer la construction européenne et plus assez pour avoir réellement les moyens d’en assumer les conséquences.

    Ne pas avoir donné l’Europe à ses citoyens a été l’erreur monumentale.

    Puisque l’Europe se faisait sans eux, pourquoi s’investir?

    Puisque l’Europe n’avait pas besoin d’eux pourquoi auraient-ils eu besoin d’elle?

    Puisque la compréhension de l’Europe était réservée aux technocrates pourquoi s’intéresser à elle?

    D’autant que les forces antieuropéennes n’ont jamais flanché, elles, dans leurs critiques caricaturales, leurs attaques mensongères et leurs volontés de destruction de l’édifice européen.

    Leurs agissements et leurs dires ont été crédibles auprès de populations qui ne comprenaient rien aux mécanismes et aux buts de l’Europe et dont les partisans étaient incapables d’expliquer clairement son fonctionnement.

    L’idée d’une Europe unie est-elle donc morte?

    Pas forcément mais la construction d’un nouvel idéal européen ne sera pas aisée d’autant que le fonctionnement de l’Union européenne est dorénavant peu en phase avec la modernité démocratique où les citoyens se méfient de plus en plus des bureaucraties hégémoniques et opaques.

    Pour autant, une réalité incontournable, elle n’a pas changé: l’Europe demeure indispensable.

    Tous les jours qui passent démontrent que sans l’Europe les vieilles nations du continent ne s’en sortiront pas chacune de leur côté malgré ce que prônent certains irresponsables et les déclarations intempestives de certains politiques.

    Pire, elles deviendront, à terme, des pays secondaires et s’appauvriront.

    Elles seront même incapables de pouvoir maîtriser leur présent et leur avenir. Un sacré retour en arrière.

    Pour que l’Europe-problème redevienne l’Europe-espoir, la tâche est ardue mais elle n’est pas désespérée.

    Elle nécessite courage et responsabilité de la part des politiques.

    Elle nécessite ouverture et dynamisme de la part de la société civile.

    Le Centre et le Centrisme ont, dans ce cadre, un rôle fondamental à jouer car les centristes sont – à quelques exceptions près – des partisans inconditionnels de la construction européenne.

    C’est pourquoi il faut qu’ils se saisissent non pas de l’idéal européen qui demeure un phare mais de la nouvelle construction de l’Europe en dépassant les vieilles idées et les vieilles recettes qui ne peuvent plus s’appliquer dans un monde qui a profondément changé depuis le 23 juillet 1952,, date de la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), et même depuis le 25 mars 1957, date de la signature du Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE).

     

    Et à tous ceux, le plus souvent des souverainistes, qui ricanent devant ce nouveau challenge demandons-leur ce qu’aurait fait Vladimir Poutine en Ukraine (et en Syrie) aujourd’hui, en Géorgie hier et en Moldavie peut-être demain s’il avait eu, face à lui, une Union européenne fédérale.

    Alexandre Vatimbella

     

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