Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

politique - Page 33

  • Mais que font encore des centristes à l’UMP?

    La lente mais sûre dérive à droite de l’UMP qu’un sondage Louis Harris Interactive pour le magazine Marianne vient de confirmer pose évidemment la question de la présence de centristes à l’intérieur du parti présidé à nouveau par Nicolas Sarkozy, d’autant plus que l’on connaît le peu de respect de ce dernier pour le Centre à part pour les voix qu’il peut rapporter...

    Si, après le choc de 2002 avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, l’UMP avait été créée pour rassembler les familles centristes et droitistes dans un grand parti de centre-droit et de droite modérée pour s’opposer à l’extrémisme populiste et démagogique du Front national et le contrer dans les urnes, on ne perçoit plus dorénavant que cette union soit une évidence du fait de la radicalisation de plus en plus importante d’une majorité de l’électorat de droite.

    En regardant les résultats du sondage précité, on voit bien que, souvent, ce sont les sympathisants de l’UMP qui se sentent plus proches des thèses du FN que les sympathisants de ce dernier vis-à-vis de celles de l’UMP.

    On peut même en conclure que, non seulement, la fameuse «dédiabolisation» mis en œuvre par Marine Le Pen a réussi auprès de l’électorat de l’UMP, tout en ratissant tous les mécontents du «peuple de gauche», mais que la stratégie de Nicolas Sarkozy, se placer sur le terrain de l’extrême-droite pour siphonner ses idées et ses voix, n’a en fait permis, au bout du compte, que de rendre encore plus acceptable le Front national pour le «peuple de droite».

    Dès lors, devant l’échec de la Gauche et de la Droite à contrer la montée des extrêmes ces dernières années – on le voit également avec le Front de gauche même s’il ne réussit pas électoralement parlant de la même manière que le Front national – il ne reste donc plus que le Centre pour mener le combat.

    Dans cette optique, il serait bien que les quelques vrais centristes de l’UMP – et non les centristes défroqués qui ont peu à peu épousés la plupart des thèses droitistes, parfois les plus dures –, tirant le bilan assez médiocre de leur présence aux côtés de la Droite pendant douze ans, ouvrent des discussions avec l’UDI pour rejoindre la confédération ou créer une coalition avec eux.

    De même, un rapprochement UDI-Mouvement démocrate serait un signal fort pour la constitution d’un axe central où les partis centristes seraient le noyau dur, le pôle d’attraction auxquels les modérés de la Droite et de la Gauche pourraient s’allier en vue d’une nouvelle majorité tournant le dos aux thèses dangereuses que véhiculent le Front national et le Front de gauche.

    On ne semble malheureusement pas en prendre le chemin avec l’alliance François Bayrou-Alain Juppé qui passe au-dessus de l’UDI mais aussi avec la discrétion, voire l’inaudibilité, des centristes de l’UMP, incapables de peser à l’intérieur ou de s’émanciper.

    Aujourd’hui, les centristes de l’UMP ne sont plus qu’un maigre alibi, une caution dérisoire afin de faire croire que Droite et Centre c’est la même chose.

    Il est temps de faire un sort à cette idée reçue avant que des centristes ne se retrouvent dans des alliances déshonorantes faute d’avoir eu le courage au bon moment d’être fidèles aux valeurs qu’ils prétendent défendre et qu’ils participent à la création d’un Centre capable d’attirer la Droite et non le contraire pour détourner cette dernière de son tropisme actuel radical si dangereux pour la démocratie républicaine.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • UDI: Que veut Hervé Morin et que peut-il faire?

    C’était prévisible, le battu aux élections de la présidence de l’UDI ne digère pas sa défaite qu’il affirme être une «victoire morale».

    Deux semaines après les résultats, le député de l’Eure et président du Nouveau centre continue à douter de la sincérité du scrutin affirmant même, sans en donner les preuves, qu’il est arrivé en tête dans tous les départements sauf en Seine-Saint-Denis qui est celui de Jean-Christophe Lagarde, le vainqueur et désormais président de l’UDI où il estime que des pratiques douteuses se sont déroulées avant et pendant des élections menées par son concurrent.

    Et d’appuyer ses dires en citant les enquêtes de la presse sur les comportements suspects de Lagarde, en oubliant de préciser que certaines ont pu avoir lieu grâce aux confidences de ses amis aux journalistes.

    Le portrait que consacre le quotidien Libération au nouveau président de l’UDI en est une preuve parmi d’autres.

    Toujours est-il qu’Hervé Morin déclare dans tous les médias qu’il est toujours dans l’UDI et qu’il a tourné la page.

    En revanche, quelle va être sa stratégie et son positionnement à l’intérieur de la confédération centriste et pour quel but?

    La première indication est qu’il sera un opposant déterminé à Jean-Christophe Lagarde – ce qui était hautement prévisible – en se parant d’une moralité politique que son adversaire ne possèderait pas et dont il a fait son porte-étendard avant même les résultats du second tour.

    La deuxième est venue de ses déclarations à Sud radio sur sa volonté de créer une «majorité d’idées larges» avec François Bayrou et Alain Juppé pour contrer Nicolas Sarkozy en 2017 mais aussi pour marginaliser Jean-Christophe Lagarde qui milite depuis longtemps pour une candidature indépendante de l’UDI au premier tour de la présidentielle.

    Quel est donc son but?

    Il est sans doute trop tôt, même pour Hervé Morin, pour savoir où le mènera exactement cette stratégie et ce positionnement mais ce qui est sûr c’est qu’il en va de sa survie politique.

    Dénier ainsi à Jean-Christophe Lagarde la légitimité au moins morale d’être le président incontesté de l’UDI est une manière de le fragiliser en instillant un doute afin de miner son assise et de l’empêcher de prendre une dimension politique nationale à son détriment.

    C’est, bien sûr, en conséquence, parier sur l’échec de la présidence Lagarde et de se mettre en réserve du parti, prêt à être le recours au cas où.

    En ayant obtenu près de 47% des suffrages, Hervé Morin n’a pas été écrasé, loin de là, et peut s’appuyer sur ce résultat pour être l’opposant légitime numéro un de l’intérieur à Jean-Christophe Lagarde.

    Pour autant, il prend un risque pour lui et, surtout, pour l’UDI.

    Le risque pour lui est d’apparaître comme le mauvais perdant qui ne conteste que la place prise par son adversaire sans donner un contenu politique suffisant à cette opposition.

    Ainsi, s’il continue ses accusations sur des actes douteux de Lagarde, il faudra bien qu’il apporte à un moment ou à un autre les preuves à ses dires afin de ne pas se décrédibiliser.

    Néanmoins, ses déclarations sur une alliance avec Bayrou et Juppé mais aussi ses propos durant la campagne pour la présidence du parti sur sa vision d’un libéralisme totalement assumé sont là pour donner du fond à son opposition.

    Le risque qu’il fait courir à l’UDI est, bien entendu, de fragiliser cette confédération en l’empêchant de devenir une force politique majeure.

    Si cela se produisait, Hervé Morin pourrait évidemment en pâtir par effet boomerang.

    Mais il faut se rappeler qu’il n’a pas intégré l’UDI de gaîté de cœur et qu’il lui reste la présidence du Nouveau centre pour peser et exister politiquement.

    Et il pourrait se servir de ce dernier pour se rapprocher de Bayrou et Juppé si l’occasion se présente.

    Sans aller jusque là, au moins pour l’instant, il lui faut apparaître unitaire – ne pas remettre en cause l’existence de l’UDI – et un homme libre – ne pas disparaître des écrans radars médiatiques – pour avoir un avenir politique à court terme.

    Le clash entre les deux personnalités pourraient avoir lieu en 2016 ou même plus tôt sur une candidature UDI à la présidentielle qu’Hervé Morin pourrait dénoncer comme de l’aventurisme irresponsable de la part de Jean-Christophe Lagarde si celui-ci se présentait comme il en a envie.

    Ironie de l’histoire, c’est justement en reprochant cet aventurisme irresponsable de Morin en 2012 lors de sa candidature à la présidentielle que Lagarde avait provoqué un clash et était parti créer sa Force européenne démocrate qui est ensuite devenue une des composantes fondatrices de l’UDI…

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • UDI: Les premiers pas prometteurs de Lagarde

    Jean-Christophe Lagarde a entamé sa deuxième semaine de président de l’UDI et les grands médias, jusqu’à présent distants avec celui qui n’était encore que le député-maire de Drancy, lui ont ouvert leurs portes et leurs émissions pour le découvrir et le faire découvrir au pays.

    Le nouveau leader du parti centriste la formation centriste a ainsi eu l’occasion de préciser son projet pour l’UDI et sa vision du Centre dans le paysage politique français.

    Avec un discours assez volontariste, il a expliqué qu’il voulait un parti indépendant et capable d’être un partenaire d’égal à égal avec l’UMP, surtout qui pourrait présenter son candidat à l’élection présidentielle.

    Quant au Centre, il veut en faire une force de renouveau devant les échecs de la Droite et de la Gauche ainsi que devant la menace des extrêmes et notamment du Front national, affirmant que le moment des centristes est venu, des centristes qui n’ont été ces dernières années que des supplétifs peu respectés de la Droite.

    Partout, il martèle son projet humaniste et fédéraliste tout en jouant l’apaisement à l’intérieur de l’UDI.

    Et le message semble assez bien reçu même s’il demeure encore du scepticisme sur la capacité de Jean-Christophe Lagarde à atteindre les objectifs, très hauts placés, qu’il s’est fixé.

    Car, aujourd’hui, l’UDI est toujours, à la fois, en structuration et en convalescence.

    Ainsi, un départ d’Hervé Morin voire une opposition déterminée et sans concession de sa part vis-à-vis du nouveau président aurait des répercussions sur les marges de manœuvre de ce dernier.

    Mais, plus que tout, sa déclaration maintes fois répétées qu’il peut y avoir, dans deux ans, un candidat centriste à la présidentielle capable d’être présent au second tour, oblige Jean-Christophe Lagarde a prendre beaucoup de risques pour parvenir à ce but que beaucoup jugent plus qu’impossible.

    Le dynamisme et l’agressivité – dans le bon sens du terme – qu’il présente lors de ses sorties médiatiques en tant que président de l’UDI avec un discours clair et bien appris ainsi que par une posture apaisée de celui qui a gagné et qui peut être magnanime et rassembleur sont un bon départ et de bonne augure pour la suite.

    Reste que la tâche va être rude.

    Et si les difficultés deviennent insurmontables et les objectifs irréalisables, Jean-Christophe Lagarde pourrait alors perdre sa crédibilité naissante.

    D’autant qu’il est un faux calme et que certaines de ses sorties médiatiques, depuis son entrée en politique, dérapent parfois et soudainement dans une agressivité – dans le mauvais sens du terme – qui pourrait à terme anéantir tout ses efforts afin d’apparaître comme un leader responsable, maîtrisant son discours.

    Un exemple parmi d’autres?

    Lors de son passage au grand jury de RTL, on lui a posé une question à propos de ses dures attaques à l’encontre de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée qu’il a traité sans ménagement de menteur à propos de l’affaire qui l’oppose à François Fillon.

    Le problème est que – au-delà de savoir qui a menti de Jouyet ou Fillon – l’on se demande encore quel était son intérêt de s’attaquer avec hargne au secrétaire général de l’Elysée dans une affaire qui ne concerne, in fine, que l’UMP, peut-être le PS mais en aucun cas l’UDI.

    Un tel comportement déjà observé par le passé, s’il se répétait trop fréquemment, pourrait devenir pain béni pour ses adversaires politiques.

    Et sa réponse devant les journalistes de l’émission ont montré qu’il a vraiment mieux à faire que de la polémique pour la polémique qui n’ajoute rien à son image publique, bien au contraire.

    Dans les mois qui viennent, il faudra qu’il ne se disperse pas tant les rendez-vous risquent d’être chauds pour faire exister une UDI aux côtés du PS, de l’UMP et du FN mais aussi pour réunir tous les courants de son parti autour d’un projet politique tout en affirmant sans faille l’indépendance de celui-ci face aux pressions qui viendront sans cesse de l’UMP, sans oublier le problème d’une alliance ou non avec François Bayrou dans le cadre d’une hypothétique réunion du Centre.

    Pour pouvoir affronter tous ces défis, il fallait au moins ces débuts prometteurs.

    C’est fait.

    Reste à ne pas les gâcher, surtout, à transformer l’essai.

    Et que son volontarisme affiché soit autre chose qu’une posture rhétorique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Enfants: les droits et le respect c’est encore mieux!

    On célèbre en cette année 2014, le vingt-cinquième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies les 20 novembre 1989 et dont la France a été le deuxième pays à la ratifier où elle est en vigueur depuis le 2 septembre 1990.

    Cette convention a été une victoire majeure dans le combat humaniste que porte le Centrisme et une évolution essentielle pour la reconnaissance d’un temps de l’enfance spécifique et pour la protection des enfants dans le monde entier.

    Elle a, de plus, permis de faire progresser de manière décisive la vision de la société sur l’enfance qui n’est plus perçue aujourd’hui comme une condition de «petite personne» face au monde des grandes personnes mais comme composée de personnes à part entière qui ne dépendent pas, pour leurs droits, du bon vouloir des adultes.

    Si les centristes sont très attachés à cette convention et à la protection des enfants en général, c’est parce qu’ils sont des humanistes avant tout.

    Ainsi, les deux courants principaux du Centrisme, le libéralisme et la démocratie-chrétienne mettent en avant la reconnaissance de l’enfant comme une personne.

    En plaçant la liberté et les droits qui en découlent comme son principal étendard, le libéralisme œuvre pour l’émancipation de l’enfant et demande à ce qu’il jouisse des mêmes droits que les adultes autant qu’il est possible de le faire.

    En s’appuyant sur la parole de Jésus et cette fameuse sentence aux apôtres qui s’interposaient entre lui et des enfants, «Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi; car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des Cieux» (Evangile selon Saint-Matthieu), la démocratie-chrétienne s’est toujours montrée attentive à la protection de l’enfance et au statut central de l’enfant dans notre humanité.

    De plus, de par son attachement au personnalisme (individu doté de droits et inséré dans la communauté), elle a fait une place particulière à l’enfant dans son combat politique.

    Mais si les droits reconnus aux enfants dans cette convention sont fondamentaux, une plus grande avancée pourrait se produire si un respect de l’enfant et de l’enfance existait réellement.

    Car, tant dans la condition des enfants que dans la place qu’on leur fait dans la société, non seulement beaucoup de droits reconnus dans la convention demeurent lettre morte ou vœux pieux mais la protection effective des enfants demeurent souvent un exercice de rhétorique qui se traduit peu dans les faits à travers le monde alors que tous les pays de la planète ont ratifié ce texte (à l’exception de la Somalie et… des Etats-Unis).

    C’est souvent le cas en France.

    Un récent rapport de l’Unicef a pointé une avancée terrible de la pauvreté qui touche les enfants de notre pays.

    De même, les violences faites aux enfants sont encore excessivement nombreuses et l’on attend encore la mobilisation de toute la société pour les éradiquer le plus possible.

    Ainsi, on s’aperçoit que la plupart des enfants maltraités ne sont pas signalés aux autorités compétentes, ce qui aboutit à des drames terribles comme celui vécu par la petite Marina, torturée à mort par ses parents pendant des années.

    Quant à reconnaître que l’enfant est une personne et qu’il peut décider ou être acteur de la décision qui le concerne, cela reste bien souvent virtuel quand ce n’est pas totalement exclu pour des motifs contestables.

    Sans parler du monde que nous laisserons à nos enfants où la violence, la pollution et le pillage des ressources naturelles ainsi que la pauvreté en sont les craintes majeures.

    Tout cela témoigne, au mieux, d’un inintérêt pour l’enfant, son présent et son futur, au pire, d’une irresponsabilité et d’un irrespect impardonnables qui impactent l’enfance des personnes en détresse mais aussi toute leur vie d’adulte.

    Pourtant, selon certains, l’enfant serait roi dans nos sociétés occidentales.

    Ce qui fait beaucoup rire (jaune) tous ceux qui s’occupent des enfants, notamment de ceux qui vivent dans le désamour, la maltraitance et dans la pauvreté.

    Comme le rappelle le sociologue François de Singly, «l’enfant a changé d’identité non parce que les adultes s’inclineraient devant l’enfant-roi, mais parce que tout individu jeune ou non est ‘roi’ dans une société individualiste».

    En ce vingt-cinquième anniversaire, c’est donc plus le combat qui reste à mener pour les enfants qu’il faut mettre en avant même si l’on peut se féliciter des avancées faites depuis le début du XX° siècle.

    Toutes celles qui restent à faire ainsi que la pérennité de celles qui ont été faites passent et passeront par ce respect, cette valeur essentielle que les centristes mettent au cœur de leur projet politique et sociétal.

    Citons, pour finir, celui qui a été le principal inspirateur de la Convention des droits de l’enfant, le pédiatre et écrivain polonais Janus Korczak, gazé à Treblinka par les nazis en 1942 avec les enfants juifs dont il s’occupait et qu’il n’avait pas voulu laisser:

    Dans son livre, «Le droite de l’enfant au respect», il écrivait: «Vous dites: C'est fatiguant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez: Parce qu'il faut se mettre à leur niveau, se baisser, s'incliner, se courber, se faire petit. Là, vous avez tort. Ce n'est pas cela qui fatigue le plus. C'est plutôt le fait d'être obligé de s'élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De s'étirer, de s'allonger, de se hisser sur la pointe des pieds. Pour ne pas les blesser».

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

    (Alexandre Vatimbella, directeur du CREC, est aussi le président de l’association Touche Pas Aux Enfants / www.touchespasauxenfants.org)

     

     

  • Refondation du Centre. Où en est-on en cette fin 2014?

    On avait prédit que 2014 serait une année test pour cette fameuse refondation du Centre qui est loin d’être terminée encore aujourd’hui.

    Après la création en deux temps de l’UDI en 2012, celle de l’Alternative en 2013, 2014 était une année d’élections (municipales, européennes, sénatoriales) qui allait voir les partis centristes se confronter aux électeurs pour la première fois après leurs terribles résultats de l’année 2012 et leur permettre de jauger leur solidité et leur potentiel dans la perspective de 2017.

    On n’avait évidemment pas prévu que cette année 2014 serait aussi celle du passage de témoin entre Jean-Louis Borloo et son successeur, après que le président fondateur de l’UDI ait décidé de jeter l’éponge suite à un grave problème de santé mais aussi par une grande lassitude de ne pouvoir structurer la confédération de centre-droit en un parti unifié dédié à son projet politique et à ses ambitions personnelles.

    Quel bilan tirer à propos du Centre alors que viennent de se terminer les élections à la présidence de l’UDI qui ont vu la victoire de Jean-Christophe Lagarde sur Hervé Morin et que l’avenir de la formation n’est pas encore totalement assurée même si Morin a accepté le résultat tout en pointant des irrégularités et en se déclarant le vainqueur moral?

    - Refondation de l’espace centriste

    En ce qui concerne l’espace centriste, le constat est mitigé.

    L’UDI, qui a passé le cap des deux ans d’existence, a assez bien tenu le choc des élections externes et surtout internes mais demeure encore un parti en structuration avec des forces qui ne sont loin d’être soudées et des leaders qui sont plus en mode confrontation qu’en celui de collaboration.

    Tout le travail du nouveau président, Jean-Christophe Lagarde, sera d’insuffler une dynamique permettant, dans les mois qui viennent, de surmonter ce manque de cohésion autour de l’écriture d’un projet et d’une identité politiques afin de transcender les ambitions personnelles en une aventure collective.

    Néanmoins, la tâche s’annonce rude et le succès n’est pas assuré, loin de là.

    Le Mouvement démocrate, lui, a continué à devenir une petite formation totalement dédiée à son chef, François Bayrou.

    Il a pu se refaire une petite santé lors des municipales (avec l’élection de Bayrou à la mairie de Pau) et a limité les dégâts lors des européennes grâce à sa nouvelle alliance avec l’UDI et l’UMP, tournant ainsi le dos au fameux «ni, ni» de son président qui avait eu comme conséquence sa quasi-disparition de l’Assemblée nationale en 2012 (un siège de député).

    Si, à l’inverse de l’UDI, le leader du Mouvement démocrate est connu et se trouve parmi les personnalités les plus appréciées des Français, cela ne se traduit pas pour le parti par des succès électoraux et une place dans les grandes formations politiques.

    Ce serait d’ailleurs plutôt le contraire avec un paradoxe qui s’explique peut-être par l’extrême identification du MoDem à son seul chef, n’en faisant qu’un outil à ses ambitions et non un parti traditionnel aux yeux des électeurs.

    En outre, une partie de la gauche du MoDem a claqué la porte après le rapprochement de François Bayrou avec l’UMP et avec Alain Juppé et s’en est allée créer un nouveau parti, le Front démocrate, qui peine à exister.

    Quant à l’Alternative, cette «organisation coopérative» entre l’UDI et le MoDem, créée par François Bayrou et Jean-Louis Borloo, elle n’a été, jusqu’à présent – et définitivement? – qu’un cartel électoral qui, s’il a été très peu utilisé lors des municipales, a été l’étiquette sous laquelle se sont présentées les deux formations centristes aux européennes au grand profit du Mouvement démocrate et au grand dam de l’UDI.

    Mais aucune avancée n’a été faite sur un quelconque projet commun (ni même sur un projet de chacun d’entre eux), les partis centristes se contentant de montrer une opposition peu constructive face à François Hollande et au gouvernement de Manuel Valls, pariant sur la victoire assez évidente de la Droite en 2017 et, donc, dans le cadre d’une alliance «naturelle» avec celle-ci, à leur retour au pouvoir.

    - Puissance politique et électorale du Centre

    En matière politique et électorale, le Centre a enregistré des avancées timides.

    Le Centre demeure une force politique de second plan et ne parvient pas à se hisser au niveau du PS et de l’UMP, ce que le FN est parvenu à faire de son côté.

    Si l’UDI et le Mouvement démocrate clament qu’en nombre d’élus les partis centristes sont la troisième force du pays, les sondages en font la quatrième force derrière l’UMP, le PS et le FN, et plus proche des scores des écologistes et du Front de gauche que des trois premiers.

    Les élections municipales et sénatoriales, si elles ont vu effectivement des gains, ceux-ci n’ont pas été conséquents et, dans la plupart des cas, obtenus au sein d’une coalition avec l’UMP et non pas sur le simple nom de l’UDI ou du MoDem.

    Surtout, les élections européennes, les seules où le Centre est allé au combat uniquement sous sa propre bannière, ont été un échec cuisant avec moins de 10% (9,93%) des voix alors que, dans le même temps, le Front national devenait le premier parti de France avec près de 25% (24,85%) des voix sur un programme totalement anti-européen.

    Pourtant, l’espace centriste demeure malgré tout un lieu convoité par la Gauche et la Droite en prévision des élections présidentielles et législatives de 2017 qui ne se gagneront pas sans les électeurs centristes pour l’un ou l’autre camp.

    Ainsi, tant à gauche avec Manuel Valls qu’à droite avec Alain Juppé, les centristes sont très courtisés et un axe central est en train d’émerger sans que l’on sache, pour l’instant, s’il sera une solide alternative à la Gauche et à la Droite ainsi qu’à l’extrême-droite dans les années qui viennent.

    La bonne nouvelle pour la refondation du Centre est donc que les partis centristes n’ont pas disparu et ont été capables de gains lors des élections municipales et sénatoriales.

    Mais on est loin encore d’une robustesse qui permet de regarder l’avenir avec sérénité.

    C’est même plutôt le contraire avec un risque non-négligeable d’implosion de l’espace centriste qui ne signifierait pas la mort du Centre mais son incapacité à être une force politique crédible pour les Français.

    Pour autant, les potentialités existent.

    Reste aux centristes de ne pas les gâcher.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Le Centre et le courage

    L’UDI, le parti du courage? C’est en tout cas la mission que s’est donné Jean-Christophe Lagarde, son nouveau président.

    Et il est vrai que le courage est une des principales vertus en politique, qu’elle est essentielle de la part des représentants élus dans une démocratie représentative.

    C’est pour qu’ils aient le courage de dire ce qui est, le courage de dire ce qu’il faut faire et le courage d’agir que l’on vote pour eux.

    Sans oublier que le courage est également de mettre en œuvre la bonne mesure quelle que soit sa provenance, quel que soit son porte-voix.

    De ces points de vue, il est une qualité éminemment centriste.

    Centriste parce que le Centrisme est un réformisme qui s’appuie sur la responsabilité.

    De ce fait, il estime que le courage politique est un ingrédient indispensable pour que les réformes nécessaires puissent être mises en œuvre et donnent des résultats mais aussi pour que les citoyens puissent savoir où on les emmène et dans quel état se trouve le pays.

    Beaucoup trop d’hommes et de femmes politiques ont peur de ce courage qu’ils assimilent à une sorte de suicide politique.

    Du coup, ils préfèrent se taire ou promettre des lendemains qui chantent, sachant qu’ils refilent la patate chaude à leurs successeurs, aux prochaines générations!

    Et puis, c’est plus facile d’être (ré)élu sans aborder les questions qui peuvent fâcher...

    Alors que si l’on dit ce qui est et ce qu’il faut faire sans tenter de caresser les électeurs dans le sens du poil, il est évident que l’on prend un risque.

    Mais celui-ci, inhérent à la vie, fait partie de la responsabilité d’un élu du peuple ou de celui qui sollicite le devoir d’en devenir un.

    C’est aussi son honneur.

    D’autant plus que la facture de la lâcheté politique est bien supérieure à terme pour le monde politique et, bien sûr et surtout, pour la société toute entière.

    Ne pas dire, ne pas décider et ne pas faire représentent un coût énorme qui se rattrape difficilement.

    Et l’empilement de tous les renoncements rend la réforme de plus en plus difficile mais aussi de plus en plus indigeste car, au bout du compte, on demandera au citoyen bien plus de sacrifices qu’on aurait dû lui demander si la bonne décision avait été prise au bon moment, si le courage de la prendre avait été au rendez-vous.

    Pour autant, le courage du politique n’est rien sans le courage des citoyens.

    Car, en démocratie républicaine, il n’est de grande politique sans grand peuple.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Centristes, au boulot maintenant!

    Il fallait les voir, les entendre et les lires les éditorialistes dans une sorte de compétition dérisoire à qui serait le plus méchant (et parfois bête) à propos l’UDI juste avant les résultats de l’élection à la présidence du parti.

    Deux exemples.

    Sur France Inter, un certain Thomas Legrand expliquait qu’ «aujourd’hui, les minuscules notables prétentieux du centre-droit n’inventent pas la politique de demain mais caricaturent celle d’aujourd’hui. Les centristes de l’UDI ne peuvent pas mieux prouver leur désormais inutilité; C’est si vrai que les socialistes (en l’assumant de plus en plus d’ailleurs) font une politique centriste… sans les centristes... D’où l’indifférence générale pour ce scrutin. Une indifférence salutaire qui me ferait presque regretter d’avoir traité ce sujet ce matin…».

    Sur RMC, un certain Hervé Gategno n’était pas en reste: «l'UDI est un tout petit parti dont les dirigeants rivalisent de petitesse; un parti qui ne se trouve pas encore assez petit pour ne pas se diviser en chapelles; et un parti qui a été incapable d'organiser une élection claire et incontestable avec moins de 30.000 adhérents. Résultat: les centristes se comptent, mais ils ne compteront pas».

    Et comme si cela ne suffisait pas, d’ajouter «les images de la comète Tchouri (s'il y en a) nous seraient plus utiles pour comprendre les enjeux de la politique française que l'élection à l'UDI – on a un espoir de trouver des traces de vie, alors que ce centrisme-là est un astre mort».

    Certes, les éditorialistes donnent leurs opinions et ont le droit de préférer un tel à un autre mais comme ils sont avant tout des journalistes, il serait salutaire qu’ils aient, parfois, un peu plus de déontologie avant de vouloir placer un bon (méchant) mot ou une bonne (méchante) formule, ce qui est toujours plus facile qu’une analyse sur le fond.

    Néanmoins, si ce flot de hargne et de condescendance est exagéré, il faut bien reconnaître que la situation de l’UDI et du Centre en général a de quoi susciter quelques sarcasmes et beaucoup d’interrogations que nombre de journalistes ont repris en des termes plus sérieux.

    Du coup, il y a un boulot énorme dans l’espace centriste d’ici à 2017 et à l’éventualité d’une candidature autonome du Centre à la présidentielle.

    La première bonne nouvelle a été qu’Hervé Morin, suite à l’élection de Jean-Christophe Lagarde à la présidence de l’UDI, ne claque pas la porte et affirme vouloir demeurer dans le parti.

    Si c’est le cas, alors les centristes de l’UDI, dans l’unité, mais aussi ceux du Mouvement démocrate, bien absents ces derniers temps – à part évidemment leur chef omnipotent –, ont du boulot sur la planche.

    Car l’élection à la présidence de l’UDI passée, il n’y a plus aucune raison pour que les partis centristes ne se mettent pas au travail – chacun de leur côté mais aussi en commun – sur leur projet pour la France et leur programme électoral ainsi que sur la clarification de certains positionnements et leur ambition politique pour convaincre les Français de leur accorder leur confiance.

    De même, ils doivent réfléchir à la manière de peser beaucoup plus qu’ils ne le font actuellement sur le débat politique et comment faire pour reconstituer une force centriste digne de ce nom.

    Ces différentes tâches vont être ardues et compliquées mais elles sont indispensables si le Centre souhaite avoir un avenir et que celui-ci ne soit pas simplement de faire de la figuration pendant que les autres courants politiques mèneront la danse.

    Et c’est cette crédibilité auprès du pays qui permettra à un candidat centriste, qu’il s’appelle Lagarde, Bayrou ou d’un autre nom, d’avoir une chance de remporter la mise en 2017, tout au moins de faire par son résultat électoral et ses propositions pour le pays, un Centre qui compte dans le paysage politique par ses idées, ses valeurs et le sérieux de ses leaders.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • L’UDI a-t-elle un avenir?

    Alors que l’on ne connaîtra les résultats de l’élection à la présidence du parti centriste qu’à la fin de la semaine et que la grande majorité des militants a déjà voté, il semble quelque peu hasardeux et précoce de se demander si l’UDI peut avoir un avenir.

    Mais cette question est aussi une sorte d’état des lieux nécessaire avant la proclamation du vainqueur afin de mieux appréhender ce qui va suivre et, peut-être, donner quelques matières à réflexion aux dirigeants de cette confédération qui ne regroupe pas seulement diverses formations mais également des leaders aux personnalités peu solubles dans une direction unifiée.

    Même si tous ces derniers, de Jean-Christophe Lagarde en passant par Yves Jégo, Laurent Hénart, jusqu’à Hervé Morin ou Jean-Christophe Fromantin ne disent rien de l’après-élection qui soit matière à penser qu’ils vont faire imploser le parti, il n’en reste pas moins vrai que les petites phrases, les dénonciations à la presse de tel ou tel comportement, les affirmations que le scrutin ne sera sans doute pas honnête, montrent que l’avenir de l’UDI est bien en jeu.

    C’est d’ailleurs pourquoi se poser la question de la pérennité de l’UDI dans le temps est légitime dès à présent.

    Pour autant, on ne peut pas affirmer aujourd’hui que sa désagrégation sera inévitable quoiqu’il arrive.

    Non pas que l’on estime que Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin puissent travailler ensemble, cela est exclu à pratiquement 100%.

    En revanche, que le vaincu pourrait s’effacer, au moins temporairement, au profit du vainqueur, est un cas de figure plus réaliste puisque Jean-Christophe Lagarde l’a lui-même évoqué s’il ne devenait pas le nouveau président de l’UDI.

    Cela ne signifierait pas que ce vaincu n’ait plus de destin politique mais qu’il estimerait que la reconstruction du Centre est importante, notamment, pour lui et son propre avenir.

    Imaginons que le perdant de l’élection décide de détruire l’UDI, il détruirait en même temps le socle de ce qui pourrait être son assise politique dans les années à venir.

    De même, il prendrait le risque de s’aliéner pendant longtemps, voire pour toujours, tous ceux qui seraient impactés par sa décision dont ses amis, même ceux qui décideraient de le suivre dans un premier temps.

    Du coup, il ne s’agit même pas, pour lui, d’être grand seigneur ou de servir l’intérêt général du Centre et des centristes mais d’abord et trivialement de privilégier son propre intérêt.

    Cette option est rationnelle… tout ce que ne sont pas les relations personnelles faites d’affects qui détruisent toute construction logique de ce type surtout lorsqu’il y a du pouvoir dans la balance.

    D’autant que les deux candidats à la présidence ont l’impression de jouer une grande partie de leur avenir politique sur cette élection.

    Hervé Morin pense que le verrouillage de l’UDI sera total en cas de victoire de Jean-Christophe Lagarde. Ce dernier estime qu’il sera complètement marginalisé en cas de victoire d’Hervé Morin.

    Que cela soit vrai ou faux, que cela survienne ou non, est secondaire pour les deux hommes puisqu’ils sont persuadés d’une sorte de complot ourdi par l’un vis-à-vis de l’autre.

    C’est donc une réponse collective forte qui sauvera le soldat UDI, basée sur l’intérêt de chaque dirigeant et de chaque militant et non sur un attachement au parti.

    Personne à l’UDI n’a en effet un intérêt à ce qu’elle disparaisse demain.

    Ni les deux candidats, ni leurs amis respectifs, ni leurs soutiens, ni les députés, ni les sénateurs, ni les militants.

    Dès lors, si, en dehors du vaincu – ou avec lui –, tous font blocs pour éviter l’implosion, l’UDI aura un avenir, certes incertain pendant quelques temps, mais un avenir tout de même.

    Et la reconstruction et la refondation de l’espace centriste pourront continuer au profit de tous.

    A chacun des membres de l’UDI maintenant de prendre ses responsabilités pour que la réponse à la question soit: oui.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • L’axe central ne doit pas devenir un gadget politicien

    Les amabilités entre Manuel Valls et François Bayrou lors d’une visite du premier nommé au second à Pau ainsi que les déclarations à la télévision d’Alain Juppé affirmant qu’il n’était pas centriste ont donné un nouvel éclairage sur les intentions des uns et des autres à propos de cet axe central qui semble se dessiner entre les sociaux-libéraux de gauche, les centristes et les réformistes de droite.

    On a la désagréable impression que celui-ci est en train d’être instrumentalisé, utilisé comme gadget politicien et ficelle électoraliste par certains qui ont besoin des voix centristes pour exister et se bâtir un avenir politique.

    Comme par Manuel Valls avec ses appels du pied à François Bayrou mais dont on se demande quel programme propose-t-il pour une véritable alliance au centre.

    Ou comme Alain Juppé avec ses appels du pied à ce même Bayrou ainsi qu’aux centristes de l’UDI mais qui déclare dans le même temps qu’il n’est pas centriste et qu’il ne veut pas une politique de l’eau tiède, une des critiques les plus virulentes que la Droite et la Gauche adressent si souvent aux centristes pour leur dénier une quelconque originalité et courage politiques.

    Ou encore comme François Bayrou qui, en jouant à celui qui écoute Valls et Juppé, se reconstruit doucement une image personnelle de potentiel présidentiable mais dont on attend toujours le début d’un début de projet qui permettrait de dire pourquoi il est d’accord avec Juppé et intéressé par Valls.

    De ce point de vue, la prudence et la circonspection des leaders de l’UDI, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde en tête, semblent plus appropriées pour l’instant face à une réelle convergence de vues mais sans aucune discussion sur une quelconque plateforme commune.

    Or cet axe central pour se concrétiser doit absolument passer par les idées avant de passer par les hommes et les femmes qui le porteront.

    Non pas que son incarnation dans des personnalités politiques de premier plan soit pas ou peu importante, bien au contraire.

    Mais l’opportunisme qui caractérise si souvent les positionnements au centre (et non du Centre) rend absolument nécessaire que cette possible coalition des humanistes progressistes et réformistes pragmatistes se fassent dans la clarté des projets et des programmes politiques ainsi que par l’onction du suffrage universel, in fine.

    Si ce n’est pas le cas, s’il s’agit pour Manuel Valls se sauver sa peau, pour Alain Juppé de siphonner les voix centristes pour occuper l’Elysée et pour François Bayrou de pouvoir à nouveau se présenter en 2017, alors cet axe central aura un impact désastreux sur le Centre et les centristes mais aussi sur la vie politique tout court.

    S’il n’est que ce gadget et cette ficelle, il profitera aux extrêmes, dont en particulier le Front national, qui pourront railler à foison ce rassemblement de notables plus préoccupés de leur avenir personnel que de celui de la France.

    Ce serait un coup dur pour les valeurs portées par les centristes qui, une nouvelle fois, se trouveraient assimilées à de la démagogie et à de l’opportunisme alors qu’elles sont si importantes pour redresser le pays et construire son futur.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Etats-Unis: le Centre affaiblit après les élections de midterm

    Quasiment six ans jour pour jour après que Barack Obama ait été élu le 44° président des Etats-Unis sur un programme essentiellement centriste, le Congrès des Etats-Unis vient de basculer totalement à droite après les élections de mi-mandat et sur un thème quasi-monomaniaque, faire mordre la poussière au locataire de la Maison Blanche.

    Ainsi, la majorité de droite a été confirmée à la Chambre des représentants et le Sénat a basculé du même côté.

    Les républicains sont donc majoritaires dans les deux assemblées et se retrouveront à gouverner avec ce président centriste dont ils avaient fait la principale, sinon l’unique, cible durant toute la campagne électorale, déversant avec leurs alliés, des milliards de dollars pour y parvenir, notamment dans des publicités politiques au goût de plus en plus douteux, faisant de ces élections les plus chères jamais vues à mi-mandat.

    En outre, les républicains ont conforté leur positions dans plusieurs Etats, notamment dans ceux où leur politique a pourtant viré au désastre (Wisconsin ou Kansas) et ont gagné des Etats jusque là démocrates (Massachussetts, Illinois) où ils installent les leurs au poste de gouverneur.

    Pour certains médias américains, il s’agit d’une vague rouge (couleur des républicains, celle des démocrates étant la bleue), voire d’un raz-de-marée, ce qui semble, malgré tout, un peu excessif même si les démocrates doivent être choqués d’avoir été si lourdement sanctionnés alors que le pays va nettement mieux qu’en 2008 lorsque le président républicain, George W Bush quitta le pouvoir.

    Personne ne sait encore comment les républicains vont profiter de leur victoire alors que la prochaine présidentielle se déroule dans deux ans et qu’il leur faut absolument démontrer qu’ils sont capables de gouverner et de prendre des décisions importantes, eux qui n’ont depuis six ans eu qu’une seule tactique contre Obama, l’obstruction et la volonté de détruire tout ce que ce dernier avait construit.

    D’autant que le pays n’aime toujours pas les républicains (ils sont moins populaires que les démocrates et le président qu’ils viennent de battre!) et leurs positions extrémistes dans bien des domaines inquiètent les Américains qui souhaiteraient plus de modération et de consensus à Washington.

    Et, justement, à propos de cette modération et de ce consensus, ce qui est plus préoccupant pour le Centre, au-delà de cette défaite, c’est qu’il continue à disparaître petit à petit du Congrès alors qu’il représente une importante force électorale potentielle comme le montre tous les sondages mais aussi l’élection et la réélection dans un fauteuil, voici deux ans à peine, de Barack Obama.

    N’oublions pas que ce dernier se définit comme centriste ainsi que la favorite pour la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, tous deux au Parti démocrate alors que l’on ne trouve que des centristes résiduels au Parti républicain.

    Comment donc se fait-il que la droite, parfois radicale voire extrême, parvienne à de si bons résultats d’autant que dans les rangs des républicains il y a quasiment plus de centristes alors qu’ils étaient une force majeure il y a encore vingt ans?

    Passons rapidement sur la sempiternelle explication que le pays a viré à droite – ce qui n’explique évidemment pas les victoires d’Obama et peut-être celle de Clinton --, car il ne faut pas oublier que lors des élections de 2012 qui vit la victoire d’Obama, les démocrates devancèrent les républicains de plus d’un million de voix pour l’élection à la Chambre des représentants et se retrouvèrent malgré tout largement minoritaires!

    Tout cela du fait du découpage incroyable des circonscriptions où chaque parti – mais surtout le Parti républicain – a bâti des fiefs inexpugnables rendant souvent illusoire la démocratie puisqu’avec une minorité dans les urnes on peut désormais contrôler le Congrès avec une large majorité.

    De plus, Barack Obama souffre de ce syndrome qui expose dorénavant le chef d’un pays au désamour d’une population souvent sur des sentiments diffus et non sur une réalité concrète.

    Ainsi, on chercherait en vain les cataclysmes promis par les républicains si Barack Obama – rendu responsable de l’épidémie Ebola et de la création de l’Etat islamique! – n’était pas battu à ces élections (les républicains ont plus cité le nom du président dans leurs publicités, dans leurs interventions dans les médias, dans leurs discours et dans les débats face à leurs opposants que les démocrates…) mais le rejet du pouvoir central a joué à fond des deux côtés de l’échiquier politique.

    Car si les républicains l’ont si facilement emporté, c’est également parce que nombre d’électeurs démocrates ne sont pas déplacés dans les bureaux de vote, reprochant à Obama son centrisme.

    Mais si les électeurs ont voté pour un parti qu’ils détestent encore plus que le président, c’est qu’ils ont été déçus par ce dernier.

    Quand on dit cela, il faut se remémorer ce qu’on disait de Barack Obama en 2008.

    Il était présenté par les médias américains et mondiaux comme une superstar et un superman qui allait régler tous les problèmes des Etats-Unis et du monde.

    Son intelligence, son charisme, ses qualités relationnelles étaient loués partout.

    Dès cette première élection, il était évident qu’il ne pouvait que décevoir, même s’il avait réussi tout ce qu’il avait entrepris, tellement on lui demandait plus.

    Et, bien sûr, il n’a pas toujours été à la hauteur, non de cette attente, mais de ce qu’il avait lui-même déclaré.

    Surtout, il est apparu comme un homme loin du peuple (pas forcément de ses préoccupations) et qui avait du mal à lui parler, ce qui l’a enfermé dans une sorte de tour d’ivoire où les républicains l’ont ensuite retenu prisonnier.

    De même, sur plusieurs dossiers importants, sa réflexion, pourtant légitime, est apparue comme une faiblesse dans un monde où le paraître fait souvent la personne.

    On se rappelle ainsi de sa volte-face face à Bachar El Assad en Syrie mais aussi son incapacité à se décider à mettre en place une réforme de l’immigration.

    A chaque fois, les arguments sont tout à fait recevables mais ils apparaissent comme des renoncements couplés avec une certaine faiblesse.

    Plus généralement, Il y a également ce problème auxquels sont confrontés tous les centristes qui parviennent au pouvoir dans tous les pays du monde: gouverner au centre tout en devant constamment essuyer les critiques et les attaques de la Gauche et de la Droite et ce tout en continuant à chercher des terrains d’entente avec la Droite et la Gauche, puisque cela fait partie de leur Adn.

    Car Droite et Gauche ne sont pas prêtes aux compromis et profitent d’une main tendue pour décrire le pouvoir centriste comme mou et indécis ainsi que pour affirmer que sa politique vient de l’autre camp afin de mobiliser son électorat-clientèle.

    Les républicains avaient décidé en 2008, dès le lendemain de l’élection historique de Barack Obama à la présidence de lui faire vivre un enfer, à la fois parce qu’il voulait réformer un pays qui en avait tant besoin et parce qu’il voulait gouverner de manière bipartisane, voire post-partisane, ce qui représentait un danger électoral majeur pour un parti républicain déjà bien ancré dans une droite radicale.

    In fine, ils ont réussi après six ans d’attaques incessantes, de blocages au Congrès, d’insultes sur le président (qui, rappelons-le, a été présenté comme un nouvel Hitler ou un nouveau Staline par les extrémistes du Tea Party…).

    Doit-on en être satisfait pour la démocratie américaine et pour la démocratie tout court?...

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme