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  • Pour gagner, le Centre doit être indépendant et ouvert à des alliances

     

     

     

    Sociologiquement parlant, les démocraties occidentales sont désormais centristes dans l’âme. Un phénomène du, entre autres, à l’élévation du niveau de vie général et au développement d’une importante classe moyenne. Les solutions extrêmes sont souvent rejetées par l’énorme majorité de la population. Ainsi, une majorité des électeurs se situent dans le spectre large de la modération, de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le Centre.

     

    Politiquement parlant, en revanche, on en est encore loin. Les joutes politiciennes sont toujours aussi exacerbées, les discours enflammés même si, ensuite, le gouvernement des pays se fait le plus souvent au centre de l’échiquier politique parce que c’est le seul lieu responsable pour agir.

     

    Dès lors, les partis du Centre qui ont vocation à occuper une position incontournable dans le gouvernement de ces pays avancés, doivent poursuivre deux buts. Loin d’être antimoniques, ils sont, au contraire, absolument complémentaires: affirmer la spécificité irréductible de la pensée centriste et nouer des alliances électorales et de gouvernement afin de participer au pouvoir lorsqu’ils ne sont pas majoritaires.

     

    C’est le cas particulier de la France.

     

    Si l’on voulait faire un clin d’œil à l’actualité du moment, les partis centristes français doivent agir, à la fois, comme François Bayrou et Hervé Morin, les deux anciens compères devenus ennemis irréductibles (ce qui ne veut pas dire grand-chose en politique où les séparations fracassantes ne sont que les préludes aux retrouvailles en grandes pompes)!

     

    Le splendide isolement centriste ou, à l’opposé, le ralliement systématique et sans conditions sont, tous deux, extrêmement dangereux pour les idées du Centre.

     

    Les cinq dernières années sont là pour le démontrer amplement. François Bayrou, dans son splendide isolement n’a pas fait progresser d’un iota la cause centriste. Et son probable échec lors du premier tour de la présidentielle sonnera sans doute le glas de ses ambitions et peut-être de sa carrière politique.

     

    Mais Hervé Morin et ses compères qui se sont ralliés sans condition après le premier tour de 2007 n’ont pas fait mieux pour le Centre. En témoigne la tentative désespérée et désespérante de ce dernier pour se présenter à la présidentielle. Mais la non-existence du Nouveau centre face à l’UMP pendant cinq ans ont abouti à ce que les Français, non seulement, ne comprenaient pas pourquoi son leader voulait se présenter contre Nicolas Sarkozy. Plus grave, ils ne le connaissaient même pas pour une grande partie d’entre eux et encore moins ses opinions politiques…

     

    Il faut dire que le Centre dispersé de 2007 - une partie, dont une majorité de militants, avec Bayrou et le futur Mouvement démocrate, une partie, dont la quasi-totalité des députés de feue l’UDF, ayant fait sécession pour s’allier avec l’UMP en créant le Nouveau centre, une partie, dont de nombreux centristes historiques, ayant intégré l’UMP depuis 2002 et une partie se trouvant au centre-gauche aux Radicaux de gauche ou même dans le PS (cette dernière préférant passer directement au ralliement avec Sarkozy sans passer par la case «Centre») - ne pouvait pas peser grand-chose pour imposer la prise en compte de ses vues et de ses valeurs. Les quelques miettes récoltées et fêtées comme des victoires éclatantes par les centristes de la majorité présidentielle ne peuvent cacher cette réalité.

     

    Ce qui est grave pour le Centre, c’est que cette configuration risque de perdurer. Déjà, pour la présidentielle, le Centre est désuni. Il y a peu de chances au jour d’aujourd’hui, pour qu’il soit réunifié pour les législatives (comment Bayrou, Morin et Borloo peuvent-ils s’entendre?).

     

    Ce n’est donc qu’après cet épisode électoral qui risque d’être une bérézina pour le Centre que les centristes se mettront peut-être autour d’une table pour discuter. Et l’on espère qu’ils le feront sérieusement et sans mettre en avant leurs égos surdimensionnés face à leurs réalités électorales.

     

    Demain, le Centrisme ne pourra devenir en France une pensée dominante que si les politiques qui prétendent s’en référer prennent ces fameuses responsabilités dont ils parlent à tout bout de champ… pour les autres!

     

    Cela passe par défendre leurs valeurs, non dans un splendide isolement, tout en trouvant des passerelles avec des partis proches de leurs idées afin de nouer des alliances, non des ralliements.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • De la patience d’être centriste

    Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.

    Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.

    Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.

    A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.

    Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.

    A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.

    Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.

    Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…

    Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.

    Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.

    Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.

    Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.

    Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.

    C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.

    Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.

    Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.

    C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.

    Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

    Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.

    Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.

    Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.

    Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…

    Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.

    Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.

    Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.

    Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…

    Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.

    Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.

    Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.

    Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • L’année du Centrisme en France. 2011: L’échec de la refondation du Centre

     

     


     

    Comme chaque année, nous faisons ici le bilan de l’année qui vient de s’écouler pour le Centre et le Centrisme en France.

     

    2011 aura été marquée, d’abord et avant tout, par l’échec de la réunion des centristes et de la refondation d’un parti centriste fort. Mais elle a aussi vu François Bayrou reprendre espoir de bien figurer à la prochaine élection présidentielle.

     

    En outre, elle a vu des tentatives, plus ou moins subtiles, de récupération du Centre par des politiciens venus de la Droite comme Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin. Plus fondamental, s’est posée la question de l’avenir du Centre en France comme force politique capable de gouverner ou de nouer des alliances équilibrées avec la Droite ou la Gauche.

     

    - Echec de la refondation du Centre

     

    S’il est difficile de savoir qui y a cru réellement, en tout cas, la refondation du Centre autour d’un parti unique ou d’une confédération de partis sur le modèle de l’UDF de 1978 a été un échec total.

     

    A la fin 2010, on comptait deux formations centristes principales, le Mouvement démocrate et le Nouveau centre, et deux micro-formations, l’Alliance centriste (qui, paradoxalement, a plus d’élus que le Mouvement démocrate!) et Cap 21. A la fin 2011, le paysage est exactement le même, figé par l’incapacité des centristes à se rassembler et même à se parler autrement que par des invectives ou des reproches. Dès lors, pas étonnant qu’ils aient du mal à parler aux Français.

     

    Tout a commencé au début de l’année quand Hervé Morin, le président du Nouveau centre, et Jean Arthuis, le président de l’Alliance centriste, décident, dans la foulée d’intentions explicitées dans les derniers mois de 2010, de créer une Confédération des Centres. Une initiative importante pour les deux hommes qui semble pouvoir faire bouger les lignes ou, au moins, faire réagir les autres composantes du Centre et ceux qui veulent s’y associer comme le Parti radical.

     

    Hervé Morin a besoin, absolument, de trouver un partenaire pour prendre la tête d’un rassemblement des centristes avant que ne le fasse Jean-Louis Borloo qui dit alors réfléchir pour en être, lui-même, le chef. Quant à Jean Arthuis, la création en 2009 de l’Alliance centriste pour en faire la pierre angulaire d’une refondation du Centre a été, jusque-là un échec dû en grande partie à son inaction velléitaire. Il doit démontrer qu’il agit à ceux qui l’ont rejoint mais aussi aux autres leaders centristes.

     

    Dans une déclaration commune à l’Assemblée nationale, ils se font forts de créer une formation où se retrouveront toutes les familles centristes.

     

    Bien sûr, dès le départ, les deux hommes ne sont pas d’accord sur qui doit ou non faire partie de cette confédération. Hervé Morin estime que François Bayrou n’y a pas sa place, et Jean Arthuis ne voit pas d’un bon œil la présence dans le tour de table de la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel.

     

    Cependant, ils partagent l’espoir de créer une dynamique qui balaiera les préventions, les oppositions et les inimitiés.

     

    En réalité, ils vont en créer de nouvelles!

     

    Car, dès la déclaration commune publiée, le troisième larron cité plus haut entre immédiatement dans la ronde, sentant qu’il ne faut pas que le train de la refondation le laisse sur le quai.

     

    D’autant que Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, est un homme humilié par Nicolas Sarkozy, lui qui se voyait premier ministre avant d’être sèchement recalé. Il rêve évidemment de prendre sa revanche en détachant sa formation politique de l’UMP et en organisant sa candidature à la présidentielle de 2012.

     

    Il est populaire dans l’opinion publique et se prend à rêver de l’Elysée. Il lui faut seulement un lieu politique pour assoir sa crédibilité de candidat à la présidentielle et lui fournir quelques troupes. Son choix se porte sur le Centre.

     

    Car, si le Parti radical est au centre de l’échiquier politique, il n’est pourtant pas, historiquement, un parti du Centre même s’il a compté de véritables et grands centristes dans ses rangs au cours de sa longue existence, comme, par exemple, Aristide Briand, pour n’en citer qu’un.

     

    Le problème, c’est que Jean-Louis Borloo est fermement arrimé à la majorité présidentielle et qu’il ne compte pas en sortir (ou qu’il ne le peut, ses élus ne le souhaitant pas, majoritairement), ce qui est contraire à la vision d’un Centre indépendant.

     

    Cependant, il se révèle vite qu’Hervé Morin partage lui aussi ce positionnement politique et parle de rassembler, non plus le Centre, mais le centre-droit. Du coup, les deux hommes, qui se détestent, vont se rapprocher ainsi que leurs deux formations, éloignant la possibilité pour le Mouvement démocrate de s’associer à une telle confédération.

     

    De son côté, Jean Arthuis, qui ne veut pas perdre la main, publie maladroitement sur son blog un appel à rejoindre cette future confédération bien ancrée désormais au centre-droit alors que la majorité des militants de l’Alliance centriste n’en veulent pas. Il devra faire machine arrière et détruira ainsi la capacité de son parti à jouer un quelconque rôle de premier plan dans une refondation centriste.

     

    Hervé Morin se retrouve alors seul face à Jean-Louis Borloo et estimera, en plus, que Jean Arthuis l’a trahi. D’autant que le président du Nouveau centre doit également affronter une fronde interne, nourrie de ressentiments de longue date (comme avec Jean-Christophe Lagarde, le président exécutif), et nombre de ses élus, de François Sauvadet à Valérie Létard en passant par Maurice Leroy, prennent position pour un leadership de Jean-Louis Borloo.

     

    Ces dissensions entre le Nouveau centre et le Parti radical (et à l’intérieur du Nouveau centre) n’empêchent pas, au début de l’été, la création de l’Arés (Alliance républicaine écologique et sociale) qui regroupe, outre les deux formations citées plus haut, le micro-parti de Jean-Marie Bockel, la Gauche Moderne, et un club inconnu jusque là, dirigé par Hervé de Charrette, transfuge de l’UMP.

     

    Les responsables de cette Arés se réunissent et élaborent des positions communes et se distribuent des postes. Néanmoins, il n’y a pas grand monde pour croire à une véritable union.

     

    La suite va malheureusement démontrer que le rapprochement n’est qu’un trompe l’œil. Car, dès la rentrée de septembre, il se confirme qu’Hervé Morin et Jean-Louis Borloo ne se mettront pas d’accord. Le dernier nommé, qui espérait que tout le Centre se réunisse derrière son panache et le soutienne pour la présidentielle sent passer le vent du boulet.

     

    D’autant que beaucoup d’analystes politiques mais aussi d’amis du Président du Parti radical n’ont jamais cru dans sa candidature. Ils connaissent l’homme et savent qu’il n’est pas prêt à s’engager dans une campagne comme celle de la présidentielle. Certains soupçonnent même l’UMP d’avoir mis en place toute une campagne pour décrédibiliser et détruire Jean-Louis Borloo à l’instant même où il annoncera sa candidature.

     

    Un Jean-Louis Borloo qui décidera en catimini, sans même avertir ses plus proches amis politiques, de renoncer à se présenter et qui viendra l’annoncer sur le plateau du journal télévisé de TF1.

     

    Quant à l’Arés, celle-ci existe encore actuellement et ses dirigeants affirment qu’ils préparent les élections législatives. Va-t-elle résister à la campagne présidentielle, surtout si Hervé Morin se présente et que Jean-Louis Borloo, comme il a commencé à le faire, le critique à chaque fois qu’il ouvre la bouche? Il est trop tôt pour le dire.

     

    Mais on peut penser que les députés radicaux et du Nouveau centre ont intérêt à s’entendre pour négocier les investitures aux législatives, surtout si c’est un président de gauche qui est élu, afin de sauver ce qu’il y aura à sauver.

     

    De son côté, François Bayrou a été le grand absent de cette refondation du Centre, non pas en paroles (il a fait moult déclarations à ce sujet pour, soi-disant, la souhaiter de tout cœur) mais en acte. Car le président du Mouvement démocrate n’avait aucun intérêt à ce que celle-ci se fasse avec ou sans lui.

     

    Sa position tout au long de 2011, avant la fin de l’automne où il s’est déclaré candidat pour 2012 et où les sondages ont commencé à frémir, était d’une extrême faiblesse.

     

    Car si le Mouvement démocrate a certainement plus de militants que le Nouveau centre, il n’a aucune existence digne de ce nom en matière d’élus. Il ne peut donc peser sur aucun débat parlementaire et ne dirige aucune grande ville (si ce n’est comme allié de maires PS ou UMP), aucun département et aucune région.

     

    Du coup, son discours se perd souvent dans le vide malgré une bienveillance des médias. Une refondation du Centre, sur un pied d’égalité de tous les partis centristes, aurait alors  été mortelle, si ce n’est pour le Mouvement démocrate, tout au moins pour François Bayrou. Une situation qui pourrait diamétralement et rapidement changer s’il est haut dans les sondages et s’il fait un bon score à la présidentielle (et même plus s’il est au second tour). Il pourra alors se poser en rassembleur, ce qui n’est pas encore le cas en cette fin d’année 2011.

     

    Reste qu’il a quand même récupéré un Jean Arthuis en complète perdition, ayant plombé son parti et ayant perdu sa position au Sénat où, de président de la commission des Finances, il est redevenu simple sénateur de la Mayenne.

     

    Dans le camp centriste, c’est actuellement le seul ralliement significatif à François Bayrou, ce qui n’est pas grand-chose. Evidemment, les choses pourraient évoluer dans les premières semaines et les trois premiers mois de 2012.

     

    De leur côté, les «centristes de l’UMP» dont les principaux leaders ont été en 2011 Pierre Méhaignerie et Marc-Philippe Daubresse, ont regardé avec intérêt cette refondation mais sans aller plus loin que de le dire et d’affirmer qu’une grande formation du Centre pourrait voir le jour après les élections de 2012 quand une recomposition politique sera à l’ordre du jour. On a vu, par exemple, Pierre Méhaignerie participer avec plaisir (et/ou avec discipline…) à toutes les réunions du Centre au cours de l’année 2011 sans pour autant faire un pas en dehors de l’UMP.

     

    - Les trois mousquetaires du Centre en 2011

     

    Les trois personnalités qui ont occupé le centre de l’échiquier politique en 2011 ont été François Bayrou, Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

     

    Les Espoirs de François Bayrou pour la présidentielle de 2012

     

    François Bayrou n’a qu’une obsession (même s’il dit le contraire désormais), l’élection présidentielle. Il faut dire qu’elle reste aussi la seule élection où il peut cacher la faiblesse de son parti et de ses troupes. Mais c’est aussi celle où il s’est investi le plus et qui lui a été la plus favorable avec un score de 18,55% en 2007. Il rêve donc d’être, au moins, le troisième homme de la présidentielle de 2012 et, pourquoi pas, le deuxième et même le premier.

     

    Dire qu’il a tout sacrifié à son destin présidentiel même son parti est une simple constatation. S’il remporte un jour la présidentielle, tout cela sera légitimé. Si ce n’est pas le cas, il sera sans doute comptable de la faiblesse du Centre en ce début de deuxième millénaire.

     

    Cela dit, il a du apprendre de son échec de 2007, ce qui n’est jamais facile pour lui qui est campé dans ses certitudes, et s’apercevoir que son hubris d’alors lui a joué de bien mauvais tours.

     

    A l’issu du premier tour de la présidentielle, se croyant, désormais, un des leaders incontournables de la politique française, il avait renié son positionnement au centre pour se dire «ailleurs» mais sans être jamais capable de le définir exactement.

     

    En 2011, il a fait le chemin inverse, sachant qu’il lui fallait (comme nous l’avons vu plus haut pour Jean-Louis Borloo) un lieu politique bien identifié pour crédibiliser sa candidature à la présidentielle de 2012.

     

    Il a donc déclaré sans relâche qu’il était du Centre, ce qui ne l’a pas empêché de faire quelques déclarations politiques plus proches d’un nationalisme étatique gaullien que d’un libéralisme social giscardien.

     

    De même, en 2007, il s’était installé dans un splendide isolement totalement infructueux, confondant compromission et compromis, parlant d’indépendance pour fustiger l’idée d’alliances électorales pourtant nécessaires quand on n’est pas majoritaire et refusant de prendre parti pour un des deux candidats du second tour de la présidentielle. En 2012, il l’a annoncé, s’il n’est pas au second tour, il appellera à voter pour un des deux qualifiés.

     

    Un changement complet qui n’est pourtant pas sans poser de questions. Car, s’il veut demeurer le plus longtemps possible un candidat crédible pour le second tour et surtout ne pas susciter d’ores et déjà un «vote utile», il ne peut, à l’opposé d’un Hervé Morin qui dit qu’il appellerait à voter Sarkozy, déclarer dès maintenant à qui il apportera son soutien.

     

    De même, ne sachant pas encore qui, de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, sera celui qu’il a le plus de chance de battre pour se retrouver au second tour, il hésite sur son positionnement politique.

     

    François Bayrou se devra de clarifier celui-ci au début de 2012 pour donner des indications à des électeurs qui souhaiteront certainement plus qu’un flou artistique dans lequel il les entretient actuellement pour mettre un bulletin de vote à son nom dans l’urne.

     

    L’avenir politique en pointillé d’Hervé Morin

     

    2011 a été une année complexe pour Hervé Morin. Débarqué du gouvernement par Nicolas Sarkozy, sa candidature à l’élection présidentielle a été combattue jusque dans son propre parti par ses (in)fidèles lieutenants, faisant ressortir toute l’animosité qui existe depuis longtemps entre ces anciens UDF que seule la décision de Bayrou de ne pas rejoindre Sarkozy en 2007 a réuni sous la même bannière du Nouveau centre.

     

    D’autant qu’Hervé Morin plafonne dans les sondages à 1% des intentions de vote (et il n’a jamais dépassé les 2%).

     

    Pour autant, la candidature d’Hervé Morin est quasiment une question de survie politique pour lui et, peut-être, pour le Nouveau centre en tant que formation réellement indépendante.

     

    Son avenir politique personnel passe par exister coûte que coûte sur la scène politico-médiatique afin d’acquérir une visibilité et une légitimité suffisantes pour être, sinon incontournable, tout au moins inviter à la table des négociations. Et il est également convaincu que l’avenir du Nouveau centre comme parti politique indépendant passe par une candidature à l’élection présidentielle, la seule qui compte dans le cadre des institutions de la V° République.

     

    En outre, si l’on écoute ce qu’Hervé Morin dit depuis qu’il est candidat, force est de reconnaître qu’il déploie un discours centriste sans équivoque, en tout cas bien plus que celui de François Bayrou, actuellement.

     

    Ou, pour le dire différemment, il fait vivre une des voix centristes, celle qui est plus libérale, européenne et ouverte sur le monde.

     

    Les pantalonnades de Jean-Louis Borloo

     

    Si nous parlons ici de Jean-Louis Borloo, c’est parce qu’il a occupé une grande place dans les affaires du Centre en 2011 alors même que l’homme dit ne pas être centriste (tout en ayant déclaré qu’il voulait réunir le Centre…).

     

    Bien entendu, son discours de droite modérée n’est pas sans similitudes avec les thèses centristes. Pour autant, il serait excessif de le présenter comme un centriste.

     

    Son idée était d’être assez populaire et moderne pour séduire les partis du Centre afin de se rendre incontournable pour être leur représentant pour la présidentielle.

     

    Mais son manque de légitimité pour cette dernière revendication est vite apparue criante même s’il a su convaincre une partie du Nouveau centre de le suivre.

     

    En tout cas, il n’a pu rendre la candidature d’Hervé Morin illégitime. Fort de ce constat et de sa peur de se lancer dans une campagne présidentielle, il a préféré renoncer.

     

    Ses explications quant à son retrait ne sont pas crédibles ou, alors, ce sont celles qu’il a donné comme raison de sa possible candidature qui ne l’étaient pas…

     

    Même son absence de décollage dans les sondages ne vaut pas car, comme on l’a vu pour François Hollande puis pour François Bayrou, la progression dans les intentions de vote débutent souvent au moment d’une déclaration officielle de candidature.

     

    Actuellement, Jean-Louis Borloo tente d’exister politiquement, surtout dans la négation et la critique des candidats centristes, que ce soit François Bayrou et Hervé Morin. Une fin d’année 2011 assez pathétique pour un homme politique qui vaut mieux que cela et dont espère un sursaut en 2012.

     

    - L’avenir du Centre en France comme force politique majeure

     

    Les péripéties centristes de cette année 2011 posent la question cruciale de l’avenir du Centre comme force politique majeure en France.

     

    Déjà malmenés par le scrutin majoritaire à deux tours, les centristes n’en finissent pas d’être quasiment incapables de se situer dans leurs alliances et dans leurs stratégies politiques.

     

    Pourtant, le Centrisme est une pensée politique forte qui permet un rassemblement autour de ses idées et de ses propositions ainsi que d’un projet présidentiel.

     

    En refusant de se réunir en 2011, ils ont remis à plus tard leur capacité à peser sur la politique française. Ce «plus tard» pourrait néanmoins être de courte durée si François Bayrou réussit à monter dans les sondages début 2012 et fait un score notable lors de la présidentielle soit en étant incontournable pour faire le prochain président, soit en étant lui-même un des deux finalistes du second tour.

     

    Si ce n’est pas le cas, le Centrisme risque de se déchirer après une présidentielle qui ravivera les plaies et les désaccords, éparpillant les centristes un peu partout, c’est-à-dire nulle part.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Quand les centristes reparlent d’Union nationale

     

     

     

    Bis repetita. Une fois de plus, les leaders centristes, notamment François Bayrou et Hervé Morin, parlent à mots plus ou moins couverts, voire tout à fait clairement, d’union nationale à mettre en place pour faire face aux problèmes de la France.

     

    On se rappelle que ce fut déjà un des thèmes prioritaires du président du Mouvement démocrate en 2007 (quand il présidait encore l’UDF…). Il semble que cela doive devenir un thème récurrent des partis centristes.

     

    Il faut dire que le consensus est dans les gènes des centristes. Ils sont pour une démocratie apaisée et capable de s’unir sur les grandes questions politiques, économiques, sociales et sociétales.

     

    Mais, plus prosaïquement et dans la cadre de la politique politicienne, c’est aussi leur intérêt actuel. Car le Centre ne semble pas en 2012, tout comme en 2007, pouvoir remporter l’élection présidentielle, ni avoir une majorité de sièges lors des élections législatives. Dès lors, l’union nationale est un moyen de peser politiquement plus que l’on ne vaut électoralement et de se retrouver aux affaires.

     

    Pour autant, comme à chaque fois, cette thématique recèle en elle-même l’affaiblissement d’un message réellement centriste et fait croire que le Centre n’est qu’un point à équidistance de la Droite et de la Gauche, donc que sa vocation est de gouverner avec une moitié des idées de la Droite et une moitié des idées de la Gauche, donc de n’être qu’un avatar d’une union nationale.

     

    Or ceci n’est pas vrai. Le Centrisme est une vraie politique alternative à celles de la Droite et de la Gauche. Et consensus n’est pas union nationale.

     

    D’autant que l’union nationale est un concept un peu flou pour ceux qui la demande. Par exemple, est-on dans la configuration d’une union nationale de tous les partis politiques? Et quand François Bayrou et Hervé Morin parlent de cette union quels sont les partis qu’ils veulent voir dedans? Tous, du Front national à Lutte ouvrière?!

     

    Le problème pour les centristes qui appellent à un gouvernement d’union nationale, c’est, comme nous l’avons dit, qu’ils ne sont pas en mesure de gagner l’élection. Dès lors, cet appel ressemble plutôt à un constat d’échec avant même d’aller devant les électeurs, un appel du pied aux autres formations politiques pour gouverner avec les vainqueurs, quels qu’ils soient.

     

    Une démarche qui risque de ne pas être comprise par les Français, notamment ceux qui préfèrent le vote utile et rejettent l’opportunisme. A quoi bon voter, se disent-ils, pour des candidats qui se dilueront dans une union nationale dont ils ne seront pas les dirigeants? Autant voter pour ceux qui la dirigeront vraiment…

     

    Enfin, l’unanimisme qui est derrière l’idée d’union nationale, quand elle est invoquée à tout bout de champ, n’est pas une vision démocratique. Dans une démocratie républicaine, il y a des visions et des opinions différentes qui se confrontent et s’affrontent pacifiquement dans des arènes publiques et sont adoubées ou rejetées lors des élections des représentants du peuple. Vouloir, à chaque élection gommer les différences sous couvert d’union nationale n’est pas un service à rendre au débat démocratique.

     

    Pour autant, est-on, au jour d’aujourd’hui, dans la configuration d’un appel à l’union nationale? Oui et non.

     

    Oui, si l’on estime que la situation va empirer dans les semaines et les mois à venir et que, la seule manière de prendre des décisions difficiles politiquement, c’est-à-dire hautement impopulaires, pour sauver le pays, est d’ya associer tous les partis politiques.

     

    Non si l’on analyse la situation actuelle, difficile mais pas catastrophique où des décisions doivent être prises rapidement mais sans pour autant brider le débat politique ou, pire, laisser aux seuls extrêmes le rôle d’opposition. Car, demain, si l’UMP, le PS et les partis centristes forment une union nationale, gageons que l’extrême-droite et l’extrême-gauche en tireront rapidement profit.

     

    Ce qui n’empêche pas, dans ce dernier cas de figure, que certaines mesures importantes soient votées par la Droite, la Gauche et le Centre. Cela s’appelle la responsabilité politique, non l’union nationale.

     

    L’union nationale est utile et se justifie dans la cadre d’une crise d’une extrême gravité comme une guerre ou une dépression économique profonde. Nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement. Sinon, elle n’est qu’une manière de brider le débat démocratique.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • La «majorité centrale» a des accents plus gaulliens que centristes


    Il est toujours intéressant d’écouter ceux qui ne sont pas du même bord que vous. En l’occurrence, Daniel Garrigue, l’ancien porte-parole de Dominique de Villepin et toujours député UMP, qui vient d’appeler à voter pour François Bayrou. Selon lui, le positionnement «central» du leader du Mouvement démocrate montre qu’il n’est pas centriste.

    Voilà qui est intéressant au-delà d’une dialectique quelque peu tirée par les cheveux si l’on se fie uniquement aux définitions du dictionnaire.

    Cela dit, entre ces définitions et les subtilités d’un positionnement politique, il y a, souvent, un abime…

    Et, effectivement, le thème de la «majorité centrale» de François Bayrou nous renvoie, comme il l’a déjà été indiqué ici, plus à une sorte d’union nationale ou, à une idée gaullienne qu’à un positionnement centriste.

    Car si le Général de Gaulle n’était pas centriste (il avait été démocrate-chrétien avant la Deuxième guerre mondiale mais ne l’était plus depuis longtemps quand il accéda au pouvoir en 1958, et il n’aimait guère les centristes), il se voulait, en revanche, un rassembleur en étant au-dessus des partis, c’est-à-dire dans une sorte de centralité attrape-tout.

    Rappelons pour la énième fois, que le Centre n’est pas central, qu’il n’est pas juste milieu. De même, le Centrisme qui ne ressort surtout pas d’un positionnement idéologique à équidistance entre la Gauche et la Droite, n’est pas centralité, ni un mélange plus ou moins subtil d’idées venues de droite et de gauche. En cela, la majorité centrale n’est pas centriste.

    Il faut se rappeler, également, que le Général de Gaulle voulait rassembler tout ce qu’il y avait entre les extrêmes. Selon lui, entre les Gaullistes et les Communistes, il n’y avait rien (à son époque, l’extrême-droite n’était qu’une bande groupusculaire).

    La volonté de rassembler tout ce qui se trouve du centre-gauche au centre-droit de Bayrou n’est donc pas très éloigné de la stratégie gaullienne si l’on songe que cela regroupe une grande partie du Parti socialiste et une grande partie de l’UMP.

    Les clins d’œil à Dominique de Villepin, à Manuel Valls et à quelques autres procèdent de celle-ci.

    François Bayrou, qui se voit en un Mitterrand gaullien (Mitterrand pour le parcours politique, de Gaulle pour la rencontre avec le peuple français), a décidé de se positionner de cette manière pour deux raisons.

    La première est qu’il croit en son destin présidentiel (même si seulement 18% des Français sont d’accord avec lui selon un récent sondage). Et celui-ci, selon la mythologie entretenue, est la rencontre d’une personne avec un peuple (sauf qu’aucun candidat sans un parti fort et structuré n’a pu remporter la présidentielle, pas même Valéry Giscard d’Estaing qui avait ses Républicains indépendants). Du coup, il faut se présenter comme un rassembleur.

    La deuxième est… qu’il ne peut pas faire autrement! Au jour d’aujourd’hui, son parti, le Mouvement démocrate, compte pour pas grand-chose électoralement parlant, et il ne peut s’appuyer sur lui pour en faire une machine à gagner la présidentielle.

    De même, il ne peut pas utiliser la stratégie de rassembler son camp au premier tour et les Français au second afin de se qualifier pour le second tour, au vu des résultats électoraux du MoDem et .à l’inverse de Nicolas Sarkozy, de François Hollande et même de Marine Le Pen.

    Dès lors, il doit se reposer uniquement sur un mouvement d’opinion en sa faveur qu’il doit construire et faire en sorte qu’il soit le plus large possible.

    Comme ce qu’il avait fait en 2007 où il avait choisi le thème de l’union nationale pour les mêmes raisons (même si, à l’époque, il avait une machine, l’UDF, malgré tout plus consistante).

    Union nationale et majorité centrale, même combat!

    Reste à savoir s’il sera capable de faire prendre la mayonnaise. A six mois de la présidentielle, ce n’est pas encore le cas.

    Pour les centristes, se posent donc la question de savoir si François Bayrou est leur candidat ou non. La réponse définitive sera apportée par ses propos et son positionnement lors de la campagne.

    Il se peut qu’il ne le soit pas mais qu’il demeure, malgré tout, celui qui sera le plus proche du projet politique du Centre. Cela lui permettra, sans doute, d’être celui des centristes…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La reconstruction du Centre reste à faire


    En 2007, l’UDF implosait en plein vol après que François Bayrou ait confondu indépendance et isolement. En 2009, des militants centristes suivaient Jean Arthuis pour refonder un Centre écartelé entre des égos et des intérêts personnels divergents beaucoup plus que par des visions politiques opposées. Mais l’action n’a pas suivie. Au début d’année, Jean Arthuis et Hervé Morin, le président du Nouveau centre, annonçaient la création de la Confédération des centres qui, en réalité, n’a jamais existé! En ce juin 2011, la création de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale (Ares) par le même Hervé Morin avec Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, marquait un nouvel échec dans la tentative de reconstruire un Centre fort. Et, début juillet 2011, l’Alliance centriste, créée par ses initiateurs pour favoriser une refondation du Centre autour d’un projet politique et d’une union des différentes mouvances centristes, refusaient d’entrer dans l’Ares, pourtant créée par Hervé Morin, allié éphémère de Jean Arthuis, tout en recevant en grande pompe… François Bayrou, l’ennemi juré du leader du Nouveau centre!

    Belles cacophonies. Et nous n’en sommes peut-être qu’au début…

    Les responsables de cet échec sont toujours les mêmes: Hervé Morin et ses amis du Nouveau centre, d’un côté; François Bayrou et ses amis du Mouvement démocrate de l’autre. Seule nouveauté, la présence de Jean-Louis Borloo qui, après avoir été humilié par Nicolas Sarkozy, a réussi un joli coup en faisant une OPA à des fins personnelles sur le Centre, comme l’avait fait en son temps un Edouard Balladur, reléguant Hervé Morin au rôle de faire-valoir.

    Résultat, la reconstruction du Centre reste à faire.

    Cette situation pourrait être désespérante. Et elle l’est d’un certain point de vue! Que pourrait-il bien se passer pour qu’enfin les centristes décident de se rapprocher et d’unir leurs individualités au lieu de les utiliser pour s’affronter? En réalité, les différences sont tenues le plus souvent et il n’est pas facile, dans bien des conversations politiques, de savoir qui est membre du Nouveau centre ou du Mouvement démocrate, voire même de la mouvance centriste de l’UMP…

    C’est en faisant ce constat qu’Alliance centriste s’était créée il y a deux ans autour de Jean Arthuis et de quelques autres afin de démontrer l’absurdité d’un Centre éclaté. Malheureusement, celle-ci, trop inaudible, n’a pas réussi à rapprocher les frères ennemis, ni à les mettre devant leurs responsabilités.

    Ce qui est assez paradoxal, ce sont les nouveaux rapprochements en train de se faire. Lors de l’inauguration récente de son siège remis à neuf, le Mouvement démocrate de François Bayrou a invité quelques personnalités centristes dont Jean Arthuis (Alliance centriste) et Pierre Méhaignerie (UMP). Lors de son congrès, hier, l’Alliance centriste a invité François Bayrou (Mouvement démocrate) et le même Pierre Méhaignerie.

    Rappelons que François Bayrou a été, jusqu’à présent, un farouche opposant à Nicolas Sarkozy alors que Pierre Méhaignerie en a été, dans le même laps de temps, un supporter loyal… Est-ce leur opposition à Jean-Louis Borloo et Hervé Morin qui les réunit? Ou une même vision du Centrisme? Pourquoi se rapprocher maintenant alors que le Parti radical et le Nouveau centre ont scellé une alliance? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre pour l’instant.

    Tout ce que l’on peut dire, c’est que la nouvelle configuration du paysage centriste qui semble émerger de ces différents et récents mouvements de plaques placeraient, d’un côté, le Nouveau centre et ses alliés de droite dans l’Ares et de l’autre, un front Mouvement démocrate – centristes de la majorité – Alliance centriste.

    On peut être incrédule sur ce nouveau front de partage mais il ne s’agit que d’un constat. Evidemment, il peut évoluer à tout instant. Rien ne dit que l’Ares est partie pour durer pour les vingt à trente prochaines années comme le claironne, un peu trop sûr de lui, Jean-Louis Borloo. Rien ne laisse à penser que François Bayrou et Pierre Méhaignerie vont se rapprocher plus que pour célébrer une vieille amitié et quelques faits d’arme du passé.

    Reste que cette ligne de front indique clairement que le Centre a choisi une voie qui ne ressemble guère à celle de l’union…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Pourquoi le Centre ne sera jamais monolithique et fusionné


    Ces jours derniers, une évidence semble se dessiner pour les temps qui viennent, au moins jusqu’à la présidentielle, le Centre ne se refondera pas dans une formation unique, que cela soit une confédération ou un parti. François Bayrou a clairement indiqué une nouvelle fois qu’il ne rejoindrait pas Jean-Louis Borloo et Hervé Morin – qui d’ailleurs ne veulent pas réellement de lui - dans une structure unique et Jean Arthuis pourrait ne rejoindre aucun des deux camps.

    Mais, au-delà de cette désunion conjoncturelle, il existe de nombreuses raisons pour qu’il y ait une diversité centriste irréductible.

    D’abord, aucun grand courant de pensée politique n’est et n’a jamais été rassemblé dans un parti unique. Il y a pluralité à droite depuis toujours. De même à gauche. Pourquoi donc le Centre éviterait ce morcellement.

    Même au temps de l’UDF triomphante (qui, par ailleurs, comptait dans ses rangs beaucoup de gens de droite), il y avait d’autres partis qui se réclamaient du Centre. La seule différence c’est qu’il y existait alors un parti hégémonique – et non monolithique -  comme il y a le Parti socialiste à gauche et l’UMP à droite de nos jours. Aujourd’hui, la galaxie centriste ne possède plus aucun soleil autour duquel graviteraient, en sus, quelques planètes mais est constituée de plusieurs petits astéroïdes qui s’affrontent dans une logique autodestructrice.

    Ensuite, comme pour la Droite et la Gauche, le Centre réuni des courants de pensée qui se ressemblent, qui peuvent s’assembler mais qui possèdent des différences ontologiques. Le Centre issu de la démocratie chrétienne n’est pas le même que celui issu du radicalisme ou celui issu du libéralisme. Les ponts existent, les programmes communs sont possibles mais un démocrate-chrétien ne sera jamais un radical tout comme un socialiste ne sera jamais un communiste ou un conservateur étatique ne sera jamais un libéral mondialiste.

    En outre, le système électoral actuel, majoritaire à deux tours, joue en défaveur du Centre pour la raison très simple que ce dernier possède un noyau d’électeurs mais a besoin d’un apport qui vient, à la fois, de la droite et de la gauche pour l’emporter au deuxième tour (les fameux «modérés» des deux bords) alors que la Droite et la Gauche ont besoin des voix de leur camp plus d’un apport centriste.

    Or, on voit bien la quasi-impossibilité pour un candidat centriste, dans un tel schéma, de récupérer ces voix en même temps puisqu’au moins un candidat de droite ou de gauche sera inévitablement son adversaire au deuxième tour. D’où l’obligation pour le Centre de nouer des alliances de désistement exclusives soit avec la Gauche, soit avec la Droite.

    Seul le système proportionnel peut permettre l’existence d’un Centre indépendant et uni, fort de nombreux élus, qui n’irait chercher ses voix ni d’un côté, ni de l’autre et donc qui n’obligerait pas les centristes à devoir s’allier en position de faiblesse à un parti de droite ou à un parti de gauche pour en être, ensuite, l’otage et l’obligé, perdant ainsi largement leur personnalité politique.

    Pour que le Centre soit une réelle force politique qui compte, il faut donc créer un parti (ou une confédération) «référence» puissant mai sans doute pas un parti (ou une confédération) qui réunirait tous les centristes, sans exception. Car, non seulement, cela serait impossible mais inutile puisque cette structure agirait comme pôle d’attraction lors des rendez-vous électoraux de toute la galaxie centriste.

    En attendant son émergence, cela ne dédouane pas les partis centristes de nouer des alliances électorales entre eux autour d’un programme commun et, évidemment, des accords électoraux et de désistements.

    Pour l’instant, on est encore loin de cette entente ad minima. Et ce n’est pas acceptable pour tous ceux qui croient aux valeurs et à la vision politique du Centrisme. Car tous les partis centristes, du Nouveau centre au Mouvement démocrate en passant par l’Alliance centriste et le Parti radical, ont assez de points de convergence pour parvenir à s’entendre sans renoncer à leurs différences.

    La désunion porte donc avant tout autour de questions de susceptibilités, de rancœur, et de petites ambitions personnelles. Venues d’un courant qui se propose de réunir les Français autour de l’idée de consensus, cela est d’une risible irresponsabilité. Risible à en pleurer.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La difficulté du positionnement du Mouvement démocrate


    Petit rappel historique. La création du Mouvement démocrate en 2007 en remplacement de l’UDF (et à la «mise en sommeil» de celle-ci) répondait à la volonté de François Bayrou de construire un parti autour de son ambition élyséenne.

    Cette création était fondée sur l’analyse que, d’une part, la seule élection qui compte en France est l’élection présidentielle et que, d’autre part, la seule façon pour lui et son parti de parvenir au pouvoir était de la gagner pour ensuite créer une dynamique qui leur permettrait de gagner les législatives ou, tout au moins, de former une coalition gouvernementale viable en recomposant le paysage politique en agrégeant des modérés de droite et de gauche autour d’un noyau issu du MoDem.

    Elle était ensuite portée par un pari, la déliquescence du Parti socialiste, battu encore une fois à l’élection présidentielle, tiraillé par les luttes intestines entre une aile social-démocrate et une aile gauchiste. L’implosion rapide du PS devait permettre à François Bayrou de se présenter en recours d’une social-démocratie rénovée et d’en prendre la tête tout en marginalisant les gauchistes.

    Ce scénario a semblé avoir une certaine crédibilité juste après la présidentielle où François Bayrou avait obtenu un score élevé (18,7%) et était arrivé en troisième position grâce, sans doute, à la polarisation suscitée par la candidature de Nicolas Sarkozy, à la faiblesse de Ségolène Royal et à un buzz médiatique orchestrée par les journalistes mais aussi grâce à un courage politique indéniable de l’intéressé, malheureusement mis au service d’une ambition personnelle avant de l’être au service d’une conviction politique.

    Quid aujourd’hui de cette stratégie ainsi que du positionnement du Mouvement démocrate alors que se profile la présidentielle de 2012 et que le paysage politique et médiatique n’est plus exactement le même? François Bayrou-  tous ses anciens alliés et amis politiques qui ont travaillé avec lui disent la même chose - est un homme de centre-droit et même de droite sur de nombreux points. C’est aussi un homme dont le but n’a pas varié depuis la fin des années 1990. Il demeure profondément pénétré, de son destin présidentiel, voire obsédé par celui-ci, depuis que François Mitterrand lui a glissé à l’oreille qu’il le verrait bien au poste suprême (comme il l’a fait pour des dizaines d’autres personnes). Et son modèle politique est ce même François Mitterrand, dont le parcours fut celui d’un homme de droite élu comme président de gauche!

    Rappelons que ce dernier avait réussi une OPA sur un Parti socialiste en 1971, lors de sa création au congrès d’Epinay, parti qu’il a ensuite rebâti sur les ruines de la SFIO pour en faire une machine à gagner les élections.

    Le Mouvement démocrate, on l’a vu, procède de la même démarche intellectuelle. François Bayrou estimait que le Parti socialiste, miné par les dissensions internes et l’archaïsme, allait en 2007, comme la SFIO en son temps, s’effondrer, et qu’il pourrait alors en être le sauveur pour reconstruire sur les ruines du PS un parti de centre-gauche. D’où l’appellation «démocrate» pour établir un lien avec le Parti démocrate américain situé comme l’on sait sur au centre-gauche de l’échiquier politique aux Etats-Unis.

    Rappelons encore, qu’à cette époque, c’est-à-dire pendant et après les élections présidentielles, François Bayrou disait à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas centriste et qu’il ne s’était jamais considéré comme un centriste, que «le mot centriste n’a jamais fait partie de mon vocabulaire». Il ajoutait, devant des militants de son parti, qu’il avait consulté de nombreux dictionnaires pour trouver un synonyme au mot Centre, sans résultat probant. Car il lui fallait, comme pour François Mitterrand, renier son passé d’homme de centre-droit, ayant fait allégeance à Jacques Chirac et Edouard Balladur, entre autres, afin d’être reconnu par la gauche comme un allié crédible, un compagnon de route et même plus comme une composante essentielle de la refondation du Parti socialiste après la déconfiture de Ségolène Royal.

    Cette phase a échoué. Non seulement le Parti socialiste n’a pas éclaté (à part le départ anecdotique de Mélenchon…) mais il s’est renforcé et, de l’autre côté, le Mouvement démocrate n’a connu que des déboires électoraux, voire des débandades. Du coup, une OPA sur les socialistes n’est plus à l’ordre du jour.

    François Bayrou, ébranlé et même au fond du trou électoralement parlant, estime encore plus désormais que seul son destin présidentiel compte. Comme le positionnement au marge de la gauche n’est plus porteur, il lui faut se «recentrer». D’où le rapprochement avec le Centre et une moindre agressivité envers Nicolas Sarkozy contre lequel il s’était autoproclamé, après 2007, «premier opposant», devenant aux yeux de l’opinion publique l’homme du toujours non, une sorte de monsieur Non-Non!

    Dès lors, François Bayrou tente de réapparaître comme le seul leader légitime du Centre en essayant de marginaliser tous les autres figures centristes comme Hervé Morin et Jean-Louis Borloo en les accusant de rouler uniquement pour la Droite ce qui, par ailleurs, n’est peut-être pas totalement faux.

    Néanmoins, cette nouvelle démarche de la réalisation d’un destin national à tout prix, va à contre-sens d’une partie du positionnement des militants de son mouvement. Pas de ceux qui viennent de l’UDF et qui ont suivi leur chef quel que soit son positionnement politique (les autres ont quitté le navire après la présidentielle ou quelques temps plus tard) mais les nouveaux, ceux qui ont vu dans le Mouvement démocrate, lors de leur adhésion en 2007 et depuis, un mouvement de gauche.

    Ainsi, dire où se situe politiquement le Mouvement démocrate est une entreprise assez ardue. Ses militants forment un patchwork idéologique où il est difficile de discerner un positionnement politique unique et cohérent. Il n’est pas à gauche, il n’est à droite, il n’est pas au centre, il est, en quelque sorte ailleurs, ce qui veut souvent dire nulle part!

    Cette situation politique indéfinie peut être un avantage pour le Mouvement démocrate. Il pourrait se poser en parti attrape-tout, image connue de la science politique, et qui est fort utile pour ratisser large et gagner une élection. Cependant, son incapacité à être une alternative crédible ne lui a pas permis jusqu’à présent d’acquérir ce statut. Au contraire, il est plutôt apparu comme un opposant systématique à Nicolas Sarkozy et à l’UMP sans rien de proposer de concret pour les remplacer.

    Les mauvaises langues diront que cela leur fait penser à un autre Mouvement (des) démocrate(s), fondé dans les années 1970 par Michel Jobert, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou, dont la revendication était d’être «ailleurs» et qui, de fait, fut toujours nulle part. Son parti demeura un groupuscule sans avenir et Michel Jobert, par haine viscérale envers Valéry Giscard d’Estaing, se rallia à Mitterrand en 1981, après n’avoir pu se présenter lui-même à la présidentielle faute des signatures nécessaires. Il obtint, en récompense, un poste de ministre d’Etat, ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement de Pierre Mauroy.

    De là à dire, en forçant beaucoup le trait, que François Bayrou est plutôt une sorte de frère jumeau de Michel Jobert qu’un clone de François Mitterrand, il n’y a qu’un pas que franchiront ces mauvaises langues. Reste à François Bayrou de leur donner tort…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Les partis centristes ont besoin d’une confédération

    Rassembler les Centristes ou, plutôt, rassembler les différentes formations politiques se réclamant du Centre dans une confédération voilà la tâche la plus urgente depuis que le Nouveau Centre et le Mouvement démocrate l’ont fait imploser et que d’autres, tels des radicaux dans leur ensemble regardent depuis trop longtemps le train du pouvoir passer tentant de s’accrocher aux derniers wagons des strapontins. Réunir les différentes composantes du Centre n’est pas plus illégitime que d’avoir réuni les Droites (UMP) ou la Gauche dans des fronts populaires, des programmes communs, des fronts de gauche ou des majorités plurielles. Mais rassembler les Centristes comme le souhaite Jean Arthuis aujourd’hui ne doit pas être de faire revivre la vieille UDF mais d’en créer une nouvelle dans laquelle les différentes composantes du Centre trouveront naturellement leurs places, des Radicaux de gauche au Nouveau Centre, du Parti radical au Mouvement démocrate en passant par la Gauche moderne et quelques autres.

    Ici, nous avons souvent parlé de la pensée centriste, une pensée originale, un Centrisme du juste équilibre pour ne pas être suspects de vouloir une union de bric et broc chargée seulement de grappiller des sièges à des élections. Nous avons aussi dit que le Centrisme était pluriel avec des sensibilités et des nuances. C’est cette pluralité qu’il convient aujourd’hui de réunir et non pas d’unir afin de couvrir le large spectre du Centre et le positionner enfin sur le principe du juste équilibre. Car un Centrisme ne signifie pas un seul parti du Centre. L’unité des valeurs et de principe d’action ne signifie pas qu’il faille un parti unique mais qu’il faille néanmoins que tous se réunissent dans une structure afin d’être mieux à même de faire entendre leur message, de peser plus sur la vie politique et d’accéder au pouvoir comme Centre et non comme supplétif à la Droite ou à la Gauche.

    Ce n’est que de cette façon que l’on pourra mettre en œuvre le Centrisme qui, comme nous le rappelle quotidiennement Barack Obama et sa politique centriste, est une pensée moderne, progressiste et d’avenir qui prône le consensus et l’équilibre juste dans tous les domaines pendant que la Droite et la Gauche ressassent sans fin leurs vieux dogmes issus pour la plupart du XVIII° siècle avec leurs volontés de séparer plutôt que de réunir par des politiques extrêmes et d’exclusion de l’autre.

    Dès lors, toute tentative de sortir le Centre du ghetto dans lequel quelques uns l’ont enfermé pour leurs ambitions personnelles mégalomaniaques ou pour récupérer quelques miettes dans les allées venteuses d’un pouvoir auquel ils n’ont aucune prise réelle mais aussi où d’autres louvoient sans cesse, désespérant les électeurs, les militants et les sympathisants doit être accueillie favorablement. C’est ainsi qu’il faut voir celle de Jean Arthuis en espérant qu’elle n’est pas seulement une tentative, une de plus, pour une personnalité ou pour un petit groupe, de s’approprier le Centre pour des visées qui n’ont que peu à voir avec des convictions politiques. Parce que si c’est le cas, le Centre sera encore le perdant et les Centristes la risée de tous. Et ils ne l’auront pas volé…

    Alexandre Vatimbella

  • Le Centre est pluriel et son morcellement, une de ses forces principales

    Alors que François Bayrou en créant le Mouvement démocrate a décidé de se rapprocher du Parti socialiste dans une stratégie mitterrandienne et que ses anciens amis de l’UDF ont créé le Nouveau Centre et se sont rapprochés de l’UMP avec qui ils sont au gouvernement, le Centre orphelin a néanmoins de nombreux prétendants. Du Parti radical de Jean-Louis Borloo au Nouveau Centre d’Hervé Morin en passant par les Radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet, la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel et même le Mouvement démocrate de François Bayrou (qui tente d’occuper tout l’espace entre le Centre et la Gauche), nombreux sont ceux qui voudraient occuper la place dont certains estiment qu’elle n’existe pas tout en la qualifiant de stratégique électoralement parlant ! Comprenne qui pourra…
    Même l’UMP se verrait bien annexer le Centre, ce qu’il n’a pas réussi à faire avec l’arrivée des anciens UDF dans le RPR de Chirac en 2002, ni même en 2007 avec l’élection de Nicolas Sarkozy. Sans oublier le Parti socialiste, ce qui lui permettrait d’écraser enfin la mouche du coche Bayrou qui l’empêche de se concentrer sur son rôle de premier opposant à Nicolas Sarkozy que le Président du Mouvement démocrate n’a pas hésité une seule seconde à squatter.
    Cette liste en dit long sur le morcellement du Centre en France alors que l’UDF avait paru à sa création en 1978 puis dans les années 2000 être le réceptacle naturel et légitime de la mouvance centriste. Mais ce morcellement n’est pas forcément une faiblesse comme le croient les adversaires du Centre et de nombreux analystes politiques. Au contraire.
    D’une part, il est la preuve que le Centre est vivant, qu’il attire et qu’il existe. D’autant que le Centre n’a jamais été et ne sera jamais monolithique. C’est même contraire à sa philosophie politique faite de pragmatisme et de consensus. Il «suffit» de partager les valeurs du Centrisme (Respect, Solidarité, Tolérance, Liberté) et son principe de gouvernance équilibrée pour faire partie de la grande famille centriste.
    D’autre part, ce morcellement se révèle un atout et une force. Car, de ce fait, le Centre est incontournable pour gouverner. Qu’il soit Centre, Centre-droit ou Centre-gauche, il est d’ailleurs associé au pouvoir depuis les débuts de la III° République jusqu’à aujourd’hui sans interruption (en excluant évidemment la période de Vichy). Et tous les pouvoirs de droite et de gauche ont été obligés d’écouter les modérés avec qui ils gouvernaient.
    Bien sûr, le plus souvent le Centre n’est pas majoritaire dans les gouvernements où il est associé ce qui l’empêche de mettre en place une vraie politique du Centre, se contentant d’infléchir une politique au centre. C’est pourquoi, le but du Centre demeure de devenir majoritaire ou, à tout le moins, la principale force politique dans un cas de figure où d’autres formations se rallieraient à son programme.
    Reste que l’influence du Centre a permis plus souvent que le contraire d’éviter que des idéologies extrémistes manquant de raison et de sagesse n’entraînent le pays vers des rivages qu’il aurait pu regretter. Et ça, la France mais aussi la totalité des démocraties dans le monde le doivent au Centre.

    Alexandre Vatimbella