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  • L’irrespect mortifère de la licence et de l’égalitarisme

    Dans les sociétés démocratiques actuelles, il y a une offensive en règle contre l’individualisme qui serait la cause de tous les maux, du délitement du lien social et de la dégradation du vivre ensemble.

    Ce serait, évidemment, une liberté trop grande et trop largement octroyée qui serait à l’origine de tous ces dysfonctionnements et il suffirait de rajouter un peu d’ordre, c’est-à-dire de revenir en arrière afin de réinsérer cet individu, électron libre, de gré ou de force dans une communauté avec des règles plus contraignantes.

    Cette analyse, développée par certains de la Droite à la Gauche en passant par le Centre, fait des rapprochements fallacieux et évite, avec des recettes simplistes, d’avoir un vrai débat sur la nature de nos démocraties républicaines.

    Car les deux responsables ont pour nom la licence et l’égalitarisme.

    La première est un abus de liberté sans responsabilité que l’individu s’octroie au nom de lui-même quel que soit les conséquences sur le lien social.

    Le deuxième est une revendication d’une égalité totale quels que soient le mérite et le domaine concerné, quel que soit le danger pour le vivre ensemble.

    La licence et l’égalitarisme ne sont pas des perversions de la démocratie républicaine nouvellement découvertes.

    Rappelons que ce n’était pas l’individualisme et la liberté qui en découlait que craignaient le plus les penseurs libéraux du XIX° siècle comme l’Américain James Madison ou le Français Alexis de Tocqueville mais l’égalité dans sa version égalitariste comme destructrice de la démocratie républicaine.

    Au nom de l’égalité, les individus demandent toujours plus de droits, voire des passe-droits, de plus en plus excessifs qui mettent à mal le lien social et détruisent la liberté mais augmentent la licence.

    C’est réellement cette autonomisation irresponsable de l’individu dont les aspects sont une demande d’assistanat dans une configuration égoïste et égocentrique au nom d’une licence et d’un égalitarisme dont le premier bénéficiaire doit être soi-même que se trouve le délitement des liens, des solidarités et des tolérances qui aboutit à un irrespect mortifère et non dans l’individualisme qui requiert, ne l’oublions jamais, une responsabilité permanente indissociable de sa pratique.

    Bâtir une société humaniste juste et équilibrée, but du Centrisme, c’est permettre à chacun de pouvoir s’épanouir dans une communauté qui le respecte autant qu’il respect les autres afin d’être capable de donner le meilleur de lui-même, à la fois, pour lui-même et pour la collectivité.

    A l’inverse des penseurs du XIX° siècle que j’ai cité et qui se montraient très pessimistes sur le devenir de la démocratie républicaine, le pire n’est peut-être pas à venir si l’on remet du sens dans le destin collectif de l’humanité et si l’on donne véritablement la capacité à toute personne de réussir sa vie.

    A défaut, les velléités égoïstes et égocentriques s’imposeront dans un assistanat égalitariste irresponsable et irrespectueux au risque de faire imploser cette démocratie républicaine qui demeure le système le plus à même de réunir les femmes et les hommes tout en leur donnant les meilleures opportunités pour construire leur existence à leur convenance et au profit du collectif.

    Mais il faut également se souvenir, toujours, que la démocratie républicaine est un régime fragile parce qu’il fait confiance à l’humain et que tous ceux qui en sont les défenseurs doivent constamment avoir à l’esprit que la liberté et le bien-être que nous avons acquis et que nous pouvons acquérir ont un prix dont il faut s’acquitter au risque de les perdre définitivement.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Les centristes et leur destin

    Les centristes sauront-ils prendre leur destin en main ou se montreront-ils incapables de jouer collectivement et d’être présents lors des prochaines présidentielles de 2017?

    La réponse à cette question conditionnera leur capacité à gouverner et/ou à peser sur le débat politique quoi qu’il arrive.

    Elle sera aussi importante sur le rapport de force qui s’instaurera dans les prochaines années avec les tentations de radicalisation de la Droite, la menace de l’extrême-droite et, plus généralement, les dérives populistes et démagogiques qui impactent tous les bords politiques.

    Le premier challenge qui attend les centristes est celui de l’union, de l’écriture d’un projet politique, de la réflexion sur un programme électoral, c’est-à-dire celui de la cohésion de l’espace centriste.

    Le deuxième challenge sera celui des alliances politiques et de l’attitude face à l’élection la plus importante de la vie démocratique de la V° République, la présidentielle où ils auront le choix entre présenter un candidat indépendant, participer à la primaire de l’opposition avec l’UMP ou de faire ni l’un, ni l’autre.

    Or donc, le premier challenge concerne la capacité d’union des centristes.

    Sans parler des centristes qui sont à l’UMP et d’autres qui se trouvent dans la majorité actuelle, la refondation du Centre dans une réunion des différents courants centristes indépendants ne va pas de soi.

    Outre la séparation entre le Mouvement démocrate et l’UDI que la création de l’Alternative n’a absolument pas réduite, les diverses chapelles à l’intérieur de la confédération qu’est l’UDI vont avoir beaucoup de mal à cohabiter ensemble dans les mois qui viennent.

    La victoire de Jean-Christophe Lagarde sur Hervé Morin pour la présidence de la formation de centre-droit n’a pas permis, comme on le supposait et on le craignait, de renforcer l’unité.

    Il suffit de voir l’organigramme de la nouvelle direction concoctée par Lagarde où les partisans de Morin sont marginalisés pour les rares qui auront une fonction de direction ou d’entendre ce dernier lancer des piques sans arrêt à l’encontre de son concurrent victorieux et de toutes ses initiatives, prenant un malin plaisir à dire le contraire de ce qu’il vient de déclarer pour s’apercevoir que la tâche de rassembler l’UDI pour qu’elle se tourne vers ce qui est sa fonction et son objectif, la conquête du pouvoir et la mise en place d’une politique centriste ne va vraiment pas de soi.

    Sans oublier que François Bayrou, qui a intérêt en une UDI faible et divisée, ne manquera pas d’attiser les rivalités entre ces deux anciens lieutenants.

    Et pour que cette conquête puisse avoir lieu, il faut évidemment un projet politique et un programme électoral qui permettra enfin aux Français de distinguer vraiment le Centre de la Droite et de la Gauche.

    Mais ceux-ci ne pourront être élaborés que dans une union où tous tireront dans le même sens et non dans des directions opposées.

    Comment écrire des textes si importants quand des chicaneries empêchent la réflexion de fond?

    Le challenge de la cohésion de l’espace centriste est donc loin d’être gagné à l’heure actuelle.

    Néanmoins, l’espérance de gagner les élections et de gouverner qui ressort des sondages et de l’état d’esprit des Français peut imposer une entente des centristes.

    Car il serait totalement irresponsable de leur part de manquer l’opportunité qui se présente pour des querelles auxquelles les électeurs ne comprennent pas grand-chose sauf que les centristes, décidément, ne sont pas capables, une nouvelle fois, d’être crédibles à leurs yeux.

    Le deuxième challenge sera de savoir comment aborder la présidentielle.

    Les centristes doivent-ils avoir un candidat indépendant (voire deux s’il y en a un du MoDem et un de l’UDI) qui se présente quoiqu’il arrive ou doivent-ils faire une croix sur 2017, soit en se présentant à la primaire de la Droite avec 100% de chance d’être battus ou en renonçant à participer à ce rendez-vous électoral directement de quelque façon que ce soit?

    En préambule, on doit dire qu’il est difficile de prédire qu’un centriste puisse être vainqueur de la prochaine présidentielle.

    Même si rien n’est forcément donné, même si un Bayrou et, pourquoi pas, un Lagarde pourraient créer la surprise, il est plus sérieux d’envisager un score conséquent qui permettent de placer le centre et ses idées en position de force dans une alliance pour le second tour.

    L’évidence pour un courant de pensée majeur et indépendant est d’avoir un candidat à la reine des élections qui est la présidentielle dans notre système politique actuel.

    Renoncer à s’y présenter, c’est admettre que l’on est incapable de la gagner mais aussi incapable de bien y figurer et d’en retirer un avantage politique.

    Si l’on regarde bien les résultats des dernières présidentielles, il semble clair que les centristes ont existé plus ou moins bien (autour de 7% en 2002, 18,5% en 2007 et 9% en 2012).

    Pour autant, ils ont été incapables de bien négocier leur force électorale pour gouverner ou même influencer le pouvoir issu de ces élections.

    Il faut évidemment que cela change.

    Cependant, ce n’est pas en refusant d’être présent au premier tour de la présidentielle de 2017 que les centristes pourront peser réellement et non à la marge sur la gouvernance de la France.

    En décidant de participer à la primaire de la Droite – où les quelques milliers de militants ne feront pas le poids face aux dizaines de milliers de l’UMP, sans parler des sympathisants et ce même en cas d’un mouvement populaire en faveur des partis centristes –  et en se désistant pour un des candidats présent au second tour de celle-ci et en se ralliant au vainqueur, les centristes auront quelques miettes et quelques promesses mais elles seront loin de valoir celles qu’ils pourraient obtenir dans des négociations entre les deux tours d’une présidentielle où c’est la victoire finale qui est en jeu, installant une pression sur celui qui veut rallier derrière son nom.

    Une réalité même si le vainqueur de la primaire s’appelle Alain Juppé.

    Reste une troisième alternative qui serait de ne pas participer directement à la présidentielle en se préparant avant tout pour les législatives qui suivront et en tentant d’influencer le choix des candidats de Droite (Juppé) et de Gauche (Valls) puis en s’engageant pour l’un d’entre eux (plus Juppé que Valls mais que se passerait-il si c’était Sarkozy-Valls?).

    Les centristes se retrouveraient dans une configuration qu’ils ont connue en 1995 avec leur soutien raté à Edouard Balladur.

    Mais, en misant sur le bon cheval, ils pourraient, en amont, négocier un vrai contrat de gouvernement avec une vraie alliance électorale.

    Cette dernière solution n’est évidemment pas la meilleure alors que l’élection présidentielle est un passage obligé pour les grands courants politiques d’exister et de peser.

    Mais, à défaut d’être présent directement, ne vaut-il pas mieux ne pas y aller que de se ridiculiser dans une primaire à droite comme Jean-Michel Baylet se ridiculisa en 2011 dans la primaire à gauche, où le président des Radicaux de gauche obtint laborieusement 0,64% des voix…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Mais que font encore des centristes à l’UMP?

    La lente mais sûre dérive à droite de l’UMP qu’un sondage Louis Harris Interactive pour le magazine Marianne vient de confirmer pose évidemment la question de la présence de centristes à l’intérieur du parti présidé à nouveau par Nicolas Sarkozy, d’autant plus que l’on connaît le peu de respect de ce dernier pour le Centre à part pour les voix qu’il peut rapporter...

    Si, après le choc de 2002 avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, l’UMP avait été créée pour rassembler les familles centristes et droitistes dans un grand parti de centre-droit et de droite modérée pour s’opposer à l’extrémisme populiste et démagogique du Front national et le contrer dans les urnes, on ne perçoit plus dorénavant que cette union soit une évidence du fait de la radicalisation de plus en plus importante d’une majorité de l’électorat de droite.

    En regardant les résultats du sondage précité, on voit bien que, souvent, ce sont les sympathisants de l’UMP qui se sentent plus proches des thèses du FN que les sympathisants de ce dernier vis-à-vis de celles de l’UMP.

    On peut même en conclure que, non seulement, la fameuse «dédiabolisation» mis en œuvre par Marine Le Pen a réussi auprès de l’électorat de l’UMP, tout en ratissant tous les mécontents du «peuple de gauche», mais que la stratégie de Nicolas Sarkozy, se placer sur le terrain de l’extrême-droite pour siphonner ses idées et ses voix, n’a en fait permis, au bout du compte, que de rendre encore plus acceptable le Front national pour le «peuple de droite».

    Dès lors, devant l’échec de la Gauche et de la Droite à contrer la montée des extrêmes ces dernières années – on le voit également avec le Front de gauche même s’il ne réussit pas électoralement parlant de la même manière que le Front national – il ne reste donc plus que le Centre pour mener le combat.

    Dans cette optique, il serait bien que les quelques vrais centristes de l’UMP – et non les centristes défroqués qui ont peu à peu épousés la plupart des thèses droitistes, parfois les plus dures –, tirant le bilan assez médiocre de leur présence aux côtés de la Droite pendant douze ans, ouvrent des discussions avec l’UDI pour rejoindre la confédération ou créer une coalition avec eux.

    De même, un rapprochement UDI-Mouvement démocrate serait un signal fort pour la constitution d’un axe central où les partis centristes seraient le noyau dur, le pôle d’attraction auxquels les modérés de la Droite et de la Gauche pourraient s’allier en vue d’une nouvelle majorité tournant le dos aux thèses dangereuses que véhiculent le Front national et le Front de gauche.

    On ne semble malheureusement pas en prendre le chemin avec l’alliance François Bayrou-Alain Juppé qui passe au-dessus de l’UDI mais aussi avec la discrétion, voire l’inaudibilité, des centristes de l’UMP, incapables de peser à l’intérieur ou de s’émanciper.

    Aujourd’hui, les centristes de l’UMP ne sont plus qu’un maigre alibi, une caution dérisoire afin de faire croire que Droite et Centre c’est la même chose.

    Il est temps de faire un sort à cette idée reçue avant que des centristes ne se retrouvent dans des alliances déshonorantes faute d’avoir eu le courage au bon moment d’être fidèles aux valeurs qu’ils prétendent défendre et qu’ils participent à la création d’un Centre capable d’attirer la Droite et non le contraire pour détourner cette dernière de son tropisme actuel radical si dangereux pour la démocratie républicaine.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • UDI: Les premiers pas prometteurs de Lagarde

    Jean-Christophe Lagarde a entamé sa deuxième semaine de président de l’UDI et les grands médias, jusqu’à présent distants avec celui qui n’était encore que le député-maire de Drancy, lui ont ouvert leurs portes et leurs émissions pour le découvrir et le faire découvrir au pays.

    Le nouveau leader du parti centriste la formation centriste a ainsi eu l’occasion de préciser son projet pour l’UDI et sa vision du Centre dans le paysage politique français.

    Avec un discours assez volontariste, il a expliqué qu’il voulait un parti indépendant et capable d’être un partenaire d’égal à égal avec l’UMP, surtout qui pourrait présenter son candidat à l’élection présidentielle.

    Quant au Centre, il veut en faire une force de renouveau devant les échecs de la Droite et de la Gauche ainsi que devant la menace des extrêmes et notamment du Front national, affirmant que le moment des centristes est venu, des centristes qui n’ont été ces dernières années que des supplétifs peu respectés de la Droite.

    Partout, il martèle son projet humaniste et fédéraliste tout en jouant l’apaisement à l’intérieur de l’UDI.

    Et le message semble assez bien reçu même s’il demeure encore du scepticisme sur la capacité de Jean-Christophe Lagarde à atteindre les objectifs, très hauts placés, qu’il s’est fixé.

    Car, aujourd’hui, l’UDI est toujours, à la fois, en structuration et en convalescence.

    Ainsi, un départ d’Hervé Morin voire une opposition déterminée et sans concession de sa part vis-à-vis du nouveau président aurait des répercussions sur les marges de manœuvre de ce dernier.

    Mais, plus que tout, sa déclaration maintes fois répétées qu’il peut y avoir, dans deux ans, un candidat centriste à la présidentielle capable d’être présent au second tour, oblige Jean-Christophe Lagarde a prendre beaucoup de risques pour parvenir à ce but que beaucoup jugent plus qu’impossible.

    Le dynamisme et l’agressivité – dans le bon sens du terme – qu’il présente lors de ses sorties médiatiques en tant que président de l’UDI avec un discours clair et bien appris ainsi que par une posture apaisée de celui qui a gagné et qui peut être magnanime et rassembleur sont un bon départ et de bonne augure pour la suite.

    Reste que la tâche va être rude.

    Et si les difficultés deviennent insurmontables et les objectifs irréalisables, Jean-Christophe Lagarde pourrait alors perdre sa crédibilité naissante.

    D’autant qu’il est un faux calme et que certaines de ses sorties médiatiques, depuis son entrée en politique, dérapent parfois et soudainement dans une agressivité – dans le mauvais sens du terme – qui pourrait à terme anéantir tout ses efforts afin d’apparaître comme un leader responsable, maîtrisant son discours.

    Un exemple parmi d’autres?

    Lors de son passage au grand jury de RTL, on lui a posé une question à propos de ses dures attaques à l’encontre de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée qu’il a traité sans ménagement de menteur à propos de l’affaire qui l’oppose à François Fillon.

    Le problème est que – au-delà de savoir qui a menti de Jouyet ou Fillon – l’on se demande encore quel était son intérêt de s’attaquer avec hargne au secrétaire général de l’Elysée dans une affaire qui ne concerne, in fine, que l’UMP, peut-être le PS mais en aucun cas l’UDI.

    Un tel comportement déjà observé par le passé, s’il se répétait trop fréquemment, pourrait devenir pain béni pour ses adversaires politiques.

    Et sa réponse devant les journalistes de l’émission ont montré qu’il a vraiment mieux à faire que de la polémique pour la polémique qui n’ajoute rien à son image publique, bien au contraire.

    Dans les mois qui viennent, il faudra qu’il ne se disperse pas tant les rendez-vous risquent d’être chauds pour faire exister une UDI aux côtés du PS, de l’UMP et du FN mais aussi pour réunir tous les courants de son parti autour d’un projet politique tout en affirmant sans faille l’indépendance de celui-ci face aux pressions qui viendront sans cesse de l’UMP, sans oublier le problème d’une alliance ou non avec François Bayrou dans le cadre d’une hypothétique réunion du Centre.

    Pour pouvoir affronter tous ces défis, il fallait au moins ces débuts prometteurs.

    C’est fait.

    Reste à ne pas les gâcher, surtout, à transformer l’essai.

    Et que son volontarisme affiché soit autre chose qu’une posture rhétorique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’axe central ne doit pas devenir un gadget politicien

    Les amabilités entre Manuel Valls et François Bayrou lors d’une visite du premier nommé au second à Pau ainsi que les déclarations à la télévision d’Alain Juppé affirmant qu’il n’était pas centriste ont donné un nouvel éclairage sur les intentions des uns et des autres à propos de cet axe central qui semble se dessiner entre les sociaux-libéraux de gauche, les centristes et les réformistes de droite.

    On a la désagréable impression que celui-ci est en train d’être instrumentalisé, utilisé comme gadget politicien et ficelle électoraliste par certains qui ont besoin des voix centristes pour exister et se bâtir un avenir politique.

    Comme par Manuel Valls avec ses appels du pied à François Bayrou mais dont on se demande quel programme propose-t-il pour une véritable alliance au centre.

    Ou comme Alain Juppé avec ses appels du pied à ce même Bayrou ainsi qu’aux centristes de l’UDI mais qui déclare dans le même temps qu’il n’est pas centriste et qu’il ne veut pas une politique de l’eau tiède, une des critiques les plus virulentes que la Droite et la Gauche adressent si souvent aux centristes pour leur dénier une quelconque originalité et courage politiques.

    Ou encore comme François Bayrou qui, en jouant à celui qui écoute Valls et Juppé, se reconstruit doucement une image personnelle de potentiel présidentiable mais dont on attend toujours le début d’un début de projet qui permettrait de dire pourquoi il est d’accord avec Juppé et intéressé par Valls.

    De ce point de vue, la prudence et la circonspection des leaders de l’UDI, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde en tête, semblent plus appropriées pour l’instant face à une réelle convergence de vues mais sans aucune discussion sur une quelconque plateforme commune.

    Or cet axe central pour se concrétiser doit absolument passer par les idées avant de passer par les hommes et les femmes qui le porteront.

    Non pas que son incarnation dans des personnalités politiques de premier plan soit pas ou peu importante, bien au contraire.

    Mais l’opportunisme qui caractérise si souvent les positionnements au centre (et non du Centre) rend absolument nécessaire que cette possible coalition des humanistes progressistes et réformistes pragmatistes se fassent dans la clarté des projets et des programmes politiques ainsi que par l’onction du suffrage universel, in fine.

    Si ce n’est pas le cas, s’il s’agit pour Manuel Valls se sauver sa peau, pour Alain Juppé de siphonner les voix centristes pour occuper l’Elysée et pour François Bayrou de pouvoir à nouveau se présenter en 2017, alors cet axe central aura un impact désastreux sur le Centre et les centristes mais aussi sur la vie politique tout court.

    S’il n’est que ce gadget et cette ficelle, il profitera aux extrêmes, dont en particulier le Front national, qui pourront railler à foison ce rassemblement de notables plus préoccupés de leur avenir personnel que de celui de la France.

    Ce serait un coup dur pour les valeurs portées par les centristes qui, une nouvelle fois, se trouveraient assimilées à de la démagogie et à de l’opportunisme alors qu’elles sont si importantes pour redresser le pays et construire son futur.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Jean-Christophe Lagarde – Hervé Morin: Pourquoi je suis centriste

    Nous publions sur le site Le Centrisme les entretiens que le directeur du CREC, Alexandre Vatimbella a eu avec Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin. Ils ont été réalisés à l’occasion du deuxième tour de l’élection pour la présidence de l’UDI où les deux hommes, le premier président de Force européenne démocrate, le deuxième du Nouveau centre, sont les finalistes et où l’un des deux sera, donc, le prochain président de la formation centriste à partir du 15 novembre.

    Les mêmes questions ont été posées aux deux candidats.

    Notre objectif dans cette entreprise n’est ni la polémique, ni une prise de position pour l’un ou l’autre des candidats et encore moins des questions pièges mais de permettre à Jean-Christophe Lagarde et à Hervé Morin de dire ce que sont pour eux le Centre et le Centrisme et pourquoi ils se considèrent comme centristes ainsi que leur projet politique.

    Ceci est en rapport avec la mission que s’est assignée depuis maintenant près de dix ans, en 2005, le CREC.

    Celle-ci est double:

    - Donner un éclairage de ce qu’est le Centre et le Centrisme, d’abord;

    - Discuter du Centre, du Centrisme et des centristes dans ce qu’ils sont et ce qu’ils font actuellement par des analyses et des commentaires.

    Dans ce cadre, il s’agit de donner la parole à deux leaders centristes qui s’affrontent pour la présidence du principal parti centriste et qui développent deux visions personnelles de ce qu’est le Centre et le Centrisme qui pourraient bien être, l’une ou l’autre, voire l’une et l’autre, celles qui domineront les prochaines années et les prochains rendez-vous électoraux dans l’espace centriste.

     

    Retrouvez ces entretiens sur le site Le Centrisme

     

     

  • C’est la Droite qui penche vers le Centre, non le contraire

    Le Centre n’est qu’un appendice de la Droite, c’est convenu chez les droitistes et leurs politologues mais aussi pour la Gauche.

    De même, pour les mêmes, désormais le Centre penche naturellement à droite (il y a même des centristes pour le dire).

    Sans prétendre que la Droite ne serait qu’un appendice du Centre (ce ne serait pas convenable…), discutons la deuxième affirmation.

    Parce qu’il se pourrait bien que la Droite penche dorénavant au centre…

    Débat crucial, et pour les partis de droite et centristes, tous en quête de leurs identités respectives pour ce XXI° siècle.

    Voyons ce qui a fait principalement l’ADN de la Droite depuis la Révolution française jusqu’à nos jours: un conservatisme parfois éclairé, un étatisme revendiqué, un nationalisme parfois exclusif, un bonapartisme où la stature du chef induit un suivisme souvent aveugle, un attachement à des valeurs familiales venues de l’idéal bourgeois du XIX° siècle, une défense de la république avant celle de la démocratie.

    Qu’est-ce qui a fait la particularité du Centre en retour?

    Un libéralisme politique et économique, une décentralisation des territoires et une ouverture au monde (mondialisme et européanisme), un refus et une méfiance du chef tout puissant, un parlementarisme garant d’une démocratie républicaine, un personnalisme teinté de solidarisme et de tolérance, une reconnaissance de la différence, un réformisme et un progressisme (notamment sociétal).

    Or, que constate-t-on ces dernières années: qu’une majorité des droitistes s’est convertie au libéralisme économique, à la nécessité de réformer la société, à la décentralisation, au projet européen et à une certaine acceptation de la mondialisation ainsi que de la différence.

    En revanche, les centristes sont demeurés fidèles à leurs convictions et à leur tradition politique sans déplacer leur curseur vers la Droite.

    La conclusion est assez limpide, c’est la Droite grâce à son aile «moderne» qui s’est rapprochée du Centre et non le contraire.

    Dès lors, c’est bien la Droite qui penche vers le Centre et non le Centre qui penche vers la Droite.

    Mais cette victoire des idées a-t-elle bénéficié politiquement et électoralement au Centre?

    La réponse ici est clairement non (sauf en 1974 où Valéry Giscard d’Estaing est élu sur des positionnements proches des centristes et qu’il gouverne avec eux sur un pied d’égalité).

    L’évolution de la Droite vers les thèses et les idées centristes a permis à celle-ci de se rénover et d’être en phase avec son époque et les Français.

    Du coup, elle a pu séduire les électeurs en remportant trois des quatre dernières présidentielles alors que le Centre n’a jamais passé le premier tour de ces élections.

    Le problème est que les centristes se sont montrés incapables de profiter de cette gouvernance au centre (et avec des idées du Centre) de la Droite (mais aussi de la Gauche, ce qui est encore plus vrai avec Manuel Valls).

    Ce mystère qui n’en est pas un vient d’un individualisme centriste et d’une structuration insuffisante de l’espace centriste après l’échec de l’UDF dès 1995 à devenir, aux côtés du PS et du RPR puis de l’UMP, le troisième grand parti de gouvernement alors qu’elle avait réussi à inverser cette faiblesse structurelle du début de la V° République.

    Elle vient aussi d’une absence de personnalités crédibles pour devenir, non seulement, président de la république mais aussi grands personnages de l’Etat ainsi que de leur impuissance à se vendre et à vendre leurs idées (mieux vendues par les autres que par eux…).

    En fin de compte, les centristes revendiqués sont globalement des centristes alors que les droitistes revendiqués sont le plus souvent des hommes de centre-droit.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Centre courtisé par Valls et Juppé: jeu de dupes ou recomposition politique?

    C’est peu dire que les centristes sont actuellement courtisés à droite et à gauche alors que, paradoxe, c’est un des moments de leur histoire où ils sont les plus faibles en termes de force politique.

    Dès lors, il faut se demander si dans les déclarations venues tant de la droite que de la gauche il n’y a pas une volonté de les instrumentaliser ou s’ils sont vraiment considérés comme de possibles partenaires égaux afin de bâtir une majorité nouvelle pour 2017.

    Quand Alain Juppé estime que la Droite ne peut gagner sans le Centre la prochaine présidentielle, cela signifie, selon lui, que l’UMP doit absolument s’allier avec l’UDI et le Mouvement démocrate pour remporter l’élection.

    Mais cela ne signifie par forcément qu’il souhaite en faire des associés à égalité.

    De même lorsque de Manuel Valls déclare qu’il veut ouvrir sa majorité au centre, cela signifie, selon lui, que le PS a besoin de l’UDI et du Mouvement démocrate pour effectuer sa mue afin de pouvoir poursuivre la politique entreprise depuis le début de l’année et d’avoir une chance de rester au pouvoir en 2017.

    Mais cela ne signifie pas forcément qu’il veut mettre en place les réformes proposées par les centristes.

    Il est certain que le tropisme centriste d’Alain Juppé et Manuel Valls est réel.

    Mais il n’est pas certain qu’ils veuillent d’un projet et d’un programme centristes, ni même qu’ils soient prêts à s’inspirer d’un tel projet et d’un tel programme.

    En revanche, travailler avec les centristes auraient pour eux de nombreux avantages.

    D’abord, cela leur permettrait d’apparaître aux Français comme des hommes d’ouverture face aux caciques de leurs partis arcboutés sur leurs idéologies clientélistes.

    Ensuite, cela leur permettrait de se libérer du carcan de leurs partis respectifs qui ne leur assure pas, loin de là, d’être les candidats de la Droite (Juppé) et de la Gauche (Valls) pour 2017 (voire 2022 pour Valls).

    De plus, cela leur permettrait de récupérer un électorat, même réduit ces derniers temps, qui ferait la différence au premier ainsi qu’au second tour de la présidentielle ainsi que de renvoyer les extrêmes dans les cordes.

    Enfin, cela leur permettrait de réformer la France de manière plus profonde, comme ils prétendent vouloir le faire, les centristes ayant exprimé leurs vœux depuis longtemps de mettre en route des réformes de grande ampleur alors que ni l’UMP avant 2012, ni le PS depuis 2012 n’en ont été capables jusqu’à présent.

    Mais qu’auraient à gagner les centristes en s’alliant soit à Juppé (le plus probable des scénarios), soit à Valls?

    Aujourd’hui, on parle beaucoup des centristes parce qu’ils sont courtisés de toute part.

    Il suffirait qu’ils concluent une alliance dès à présent pour qu’ils retournent dans une sorte d’anonymat peu propice à leur renouveau.

    Avant donc de se lancer éventuellement d’un côté ou de l’autre, leur tâche est de reconstruire un Centre crédible et sûr de lui qui sera capable de négocier une alliance gagnante-gagnante dans deux ans.

    Et là, cette alliance pourrait être un tournant pour un Centre en reconquête, ses valeurs, ses principes et son projet politique (qu’il n’a pas encore).

    A plus long terme, les partis centristes pourraient devenir ce cœur du nouvel axe central dont l’émergence semble de plus en plus possible par les déclarations de Juppé et de Valls.

    Néanmoins, les centristes ne doivent pas oublier qu’ils ont souvent été instrumentalisés par le passé et que, ni Alain Juppé, ni Manuel Valls ne sont des centristes.

    Qu’ont-ils gagné en 2012 en soutenant Sarkozy (Nouveau centre) ou Hollande (Mouvement démocrate)? Rien.

    Et que la meilleure façon de faire gagner le Centre et ses idées, c’est d’avoir un candidat centriste en capacité de remporter la prochaine présidentielle.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • Un pôle centriste moteur d’un axe central

    Les centristes doivent-ils privilégier l’émergence d’un pôle centriste ou participer à l’élaboration d’un axe central qui semble se dessiner et qui pourrait aller du social-libéralisme de Manuel Valls à la droite réformiste d’Alain Juppé en passant par le libéralisme-social du Centre?

    En réalité, ils doivent d’abord bâtir un pôle centriste moteur d’un possible axe central qui pourrait être dans les années à venir l’alternative la plus novatrice de la politique française de ces trente-cinq dernières années et une réponse efficace à la montée des extrêmes et des populismes démagogiques, tant à droite qu’à gauche.

    N’étant pas hégémonique, loin de là, les partis centristes doivent donc d’abord créer un pôle centriste fort et crédible avant de pouvoir prétendre à être l’animateur (ou un des animateurs principaux) de l’axe central en train de voir le jour, pour l’instant plus au niveau d’une convergence d’idées que d’une volonté de rapprochements politiques.

    Pour autant, aujourd’hui, une redistribution des cartes se met en place.

    Alors qu’auparavant les centristes avaient le choix entre une alliance avec la Droite ou avec la Gauche, une troisième possibilité est en train d’émerger, une alliance avec la Droite et la Gauche ou, tout au moins, une partie de la Gauche, celle qui est social-libérale, et une partie de la Droite, celle qui est libérale réformiste, toutes deux modernes et ouvertes.

    Il ne s’agit pas d’une union nationale chère à François Bayrou car il n’est pas question de faire une coalition de tous les partis démocratiques. La gauche du PS et la droite de l’UMP ne sont pas solubles dans cet axe central et doivent demeurer pour les centristes une opposition démocratique à leur projet politique.

    Il n’est pas non plus question que cet axe central soit une alliance de circonstance afin de régler uniquement et pendant un laps de temps déterminé les graves problèmes qui se posent au pays.

    Car les courants politiques qui le constituent doivent travailler ensemble sur le long terme sans pour autant se dissoudre dans une grande formation, chacun ayant son histoire et ses différences.

    Libéraux, sociaux, réformistes, pragmatiques – ces quatre qualificatifs se mettant dans un ordre différent selon chaque courant –, ils partagent une vision de la France et de son avenir très proche.

    En refusant les réflexes de repli sur soi, la soi-disant irréversibilité du déclin du pays et de la disparition à terme de l’Union européenne, ils veulent créer les conditions d’un renouveau et d’une nouvelle société où le mérite et la solidarité dans une égalité des chances remettront à l’honneur l’ambition de la réussite et du partage.

    Bien entendu, pour les centristes, il s’agit d’une opportunité afin de diffuser beaucoup plus largement leurs idées et leurs valeurs, surtout un moyen de les appliquer concrètement.

    Si cet axe central n’est pas une vue de l’esprit, il n’existe pas dans les faits actuellement.

    De même que le pôle centriste qui le rendra possible.

    Dès lors, les centristes doivent se mettre au travail pour le bâtir sur les dépouilles d’une Alternative («organisation coopérative» entre le Mouvement démocrate et l’UDI) qui n’est rien d’autre qu’un cartel électoral sans intérêt.

    C’est sans doute là que l’on verra si les centristes sont capables, non seulement, d’être responsables mais d’acquérir cette culture de la gagne qui semble les avoir désertés depuis si longtemps, surtout cette force à vouloir réformer le pays et non plus seulement regarder les autres échouer à le faire.

    Si les partis centristes ne sont pas capables de construire d’abord un pôle centriste, ils ne pourront prétendre être le cœur dirigeant de l’axe central et seront, comme à leur mauvaise habitude de ce XXI° siècle, des suivistes et des subordonnés.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le centriste, on l’aime bien… mais pas au pouvoir!

    Le Centre possède de fortes potentialités et de grands atouts nous disent les sondeurs et autres commentateurs de la vie politique.

    Les Français aiment bien les hommes et femmes politiques positionnées au centre style Juppé (depuis qu’il n’est plus premier ministre) ou Valls (avant qu’il ne soit premier ministre…) et ils ont même une grande sympathie pour des centristes comme François Bayrou et Jean-Louis Borloo, sans parler de Simone Veil, qui se trouvent souvent dans les premières places des baromètres des personnalités politiques.

    Ce qui permet à un chercheur en sciences politiques comme Pascal Perrineau du Cevipof (Centre d’étude de la vie politique de Sciences Po) de reprendre dans Le Figaro, la constatation que j’avais déjà pointée dans le même quotidien de la possible constitution d’un vaste champ au centre de l’échiquier politique: «en termes d’opinion, un espace centriste important se développe, du social-libéralisme de Manuel Valls au libéralisme social de François Bayrou, en passant par le libéralisme de François Fillon et le réformisme d’Alain Juppé».

    Et de prédire que «l’homme qui saura s’adresser dans les mois et les années qui viennent aux femmes et aux hommes qui, en dépit de leurs divisions politiques, se retrouvent peu ou prou dans cet espace central, acquerra la position hégémonique qui peut permettre de gagner l’élection présidentielle et surtout de gouverner et réformer dans de bonnes conditions».

    Très bien.

    Mais où cela se traduit-il en termes politiques et électoraux pour les partis centristes ailleurs que dans une sympathie éprouvée pour quelques personnalités?

    Nulle part.

    On l’aime bien le centriste mais apparemment pas au pouvoir!

    Dans les sondages lors des présidentielles, ni Borloo, ni Bayrou n’ont jamais obtenu une majorité quant à leur statut d’homme d’Etat ou quant à l’envie des Français de les voir occuper le fauteuil de l’Elysée.

    De même en termes de résultats aux élections, à part quelques «anomalies» positives ou négatives, les partis centristes réunis oscillent entre 9% et 11% des voix au niveau national avec quelques bastions régionaux et citadins qui leur permettent d’obtenir des élus, la plupart, néanmoins, après un accord de désistement, aujourd’hui avec la Droite, hier, au début de la V° République, avec la gauche.

    Ce paradoxe a-t-il une explication?

    Il est bien sûr difficile de sonder les pensées profondes des électeurs.

    Pour autant, il semble que l’on soit ici dans le cadre d’une image floue, d’un manque de crédibilité, d’une insuffisance de capacité à convaincre et d’une carence dans un leadership politique.

    Reprenons.

    Les Français ne savent pas très bien où se trouvent les centristes.

    Deux exemples.

    Après avoir fustigé la Droite et l’UMP, appelé à voter François Hollande en 2012 et refusé d’appeler à voter pour un des finalistes en 2007, François Bayrou, recalé pour faire partie de la majorité actuelle, a rejoint le camp de la Droite et s’est allié à Alain Juppé, homme politique le plus proche de Jacques Chirac que le leader du MoDem a fustigé pendant des années, refusant même de voter la confiance à son gouvernement dirigé alors par Dominique de Villepin.

    En se créant, l’UDI – qui a le mot «indépendance» dans son appellation et à la bouche de tous ses leaders – a immédiatement fait allégeance à la Droite et à l’UMP en déclarant cette dernière comme sa partenaire «naturelle» tout en expliquant en totale contradiction avec cette affirmation qu’elle serait intransigeante vis-à-vis de son indépendance et de son projet politique, refusant tout rapprochement qui pourrait être considéré comme une compromission politicienne mais en se montrant un allié sans faille avec l’UMP lors des élections au nom de cette alliance naturelle (et des désistements réciproques qui vont avec).

    Il faut avouer que c’est bien difficile pour un électeur qui n’est pas politologue de savoir exactement quel est le positionnement politique des centristes d’autant qu’il cherche en vain leur projet de société.

    Ou, plus grave, il lui est facile de trouver que ceux-ci naviguent un peu à droite, un peu à gauche comme les opportunistes et ne sont pas très souvent au centre et quand ils le sont c’est surtout pour négocier quelques accords pour des sièges de députés ou de sénateurs et des strapontins gouvernementaux.

    Comment dès lors apporter sa confiance et son vote à un parti qui, avant même de proposer un projet politique, indique qui sera son allié naturel?

    Comment de même apporter sa confiance et son vote à un homme dont on ne sait toujours pas avec qui il gouvernerait une fois au pouvoir?

    D’où une image quelque peu écornée qui ne donne en tout cas pas envie de glisser son bulletin de vote dans l’urne en faveur des centristes et d’estimer qu’au-delà du côté sympathique de leurs personnalités, celles-ci n’ont guère démontré leurs capacités à gouverner en ayant le leadership.

    Pour inverser cette vision peu valorisante du centriste sympathique, qui peut avoir de bonnes idées mais qui n’a pas la stature pour diriger le pays, il faut évidemment que les partis centristes soient capables de se rendre crédibles aux yeux des électeurs.

    Et cela passe d’abord par un «coming out» politique!

    Il est ainsi primordial que les centristes expliquent qui ils sont, où ils sont et ce qu’ils veulent faire, le plus clairement possible sans se cacher derrière les apparences et les postures, sans crainte d’assumer leur positionnement en rapport avec leurs convictions.

    Bien entendu, l’entretien d’un flou artistique où le Centre est associé à la modération et au consensus mou leur apporte quelques avantages, notamment celui de ne pas se dévoiler et de pouvoir se raccrocher à tous les wagons qui passent ou de menacer de le faire s’ils n’obtiennent pas les postes qu’ils souhaitent sans d’ailleurs aller jusqu’au bout de ces menaces, ce qui décrédibilise un peu plus les centristes aux yeux des Français.

    In fine, il s’agit d’un handicap plutôt rédhibitoire qui se traduit par des échecs répétés lors des rendez-vous électoraux.

    Parce que s’il est bien une idée que l’on associe avec les centristes actuellement, c’est celle de malléabilité ou, pire, d’une absence de leurs convictions qui leur permet, certes, de grappiller quelques restes mais jamais d’être ceux qui dirigent effectivement le pays.

    Une fois que les Français auront compris où se trouvent réellement les partis centristes – qui devrait être le Centre! –, à n’en pas douter, ceux-ci engrangeront une dynamique qui pourrait les mener loin si l’on en croit les sondages, notamment ceux sur les souhaits des électeurs en matière de réformes.

    Reste à savoir si les centristes auront assez de courage et seront assez responsables pour faire un vrai coming out dans une complète clarté et s’émanciper enfin de ce flou si sécurisant qu’ils cultivent depuis tant d’années…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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