Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La France Réconciliée - Page 64

  • Confédération centriste: le courage politique de Jean Arthuis

     


    La future confédération centriste dont la création vient d’être annoncée et qui sera opérationnelle dans quelques jours, confédération qui regroupe l’Alliance centriste et le Nouveau centre mais est ouverte, dès à présent, à toutes les autres formations centristes indépendantes, est un motif évident de satisfaction et une victoire personnelle incontestable pour Jean Arthuis.

    Le président de l’Alliance centriste, formation qu’il a créée en 2009, justement pour parvenir à rassembler les centristes, n’a pas ménagé sa peine pour rapprocher les points de vue des uns et des autres et pour parler avec les uns et les autres depuis un an et demi, ne revendiquant rien d’autre que de rebâtir la maison commune du Centre afin que ce dernier pèse à nouveau dans le paysage politique français et soit capable d’offrir une alternative humaniste aux électeurs.

    Même si cette confédération ne réunit au départ que deux partis, elle est la base à partir de laquelle toute future refondation globale se réalisera. Que celle-ci se fasse dans cette structure ou une autre, peu importe, l’essentiel était de lancer maintenant, à un peu plus d’un an de la présidentielle, le mouvement attendu par l’immense majorité des militants, des sympathisants et des électeurs du Centre comme l’a confirmé un récent sondage.

    Bien sûr, le défi de la refondation ne sera pas une promenade de santé et le chemin va encore être long pour aboutir aux retrouvailles définitives. Mais tous ceux qui les souhaitent vraiment et honnêtement ne peuvent que se féliciter de cette avancée et saluer comme il convient cette première étape réussie.

    Si Jean Arthuis n’avait pas décidé avec un grand courage de créer cette confédération avec Hervé Morin tout en continuant de dialoguer avec François Bayrou et Jean-Louis Borloo - en ayant tenu à tous les mêmes propos d’union sans exclusive et d’indépendance -, les leaders centristes en seraient encore à promettre d’œuvrer pour la refondation du Centre sans que cela ne soit suivi d’aucun effet tellement ils demeurent paralysés par la peur de perdre leur siège, leur fonction, leur pré-carré ou d’apparaître comme celui qui se rallie à l’autre.

    Les réactions hostiles de ceux qui ont tout à perdre dans la refondation du Centre est une première indication de l’importance de cet acte fondateur. Leurs railleries sont à la hauteur de leur angoisse de voir une force politique forte et unie du Centre émerger à nouveau. D’autres font leur mauvaise tête, mécontent de ne pas être à l’origine de cette initiative parce qu’ils n’ont pas su se décider au bon moment. Mais, bonne nouvelle pour ces derniers, cette confédération ne fait et ne fera pas d’ostracisme à tous les vrais centristes qui y ont naturellement leur place.

    Le pire serait qu’ils ne parviennent pas à dépasser leur amertume qui ne vient que de leur attentisme coupable et qu’ils torpillent cette confédération de dépit. Ils porteraient alors une grave responsabilité aux yeux de tous les militants centristes. Heureusement, les centristes, les vrais, sont des gens responsables. Comme Jean Arthuis.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • La difficulté du positionnement du Mouvement démocrate


    Petit rappel historique. La création du Mouvement démocrate en 2007 en remplacement de l’UDF (et à la «mise en sommeil» de celle-ci) répondait à la volonté de François Bayrou de construire un parti autour de son ambition élyséenne.

    Cette création était fondée sur l’analyse que, d’une part, la seule élection qui compte en France est l’élection présidentielle et que, d’autre part, la seule façon pour lui et son parti de parvenir au pouvoir était de la gagner pour ensuite créer une dynamique qui leur permettrait de gagner les législatives ou, tout au moins, de former une coalition gouvernementale viable en recomposant le paysage politique en agrégeant des modérés de droite et de gauche autour d’un noyau issu du MoDem.

    Elle était ensuite portée par un pari, la déliquescence du Parti socialiste, battu encore une fois à l’élection présidentielle, tiraillé par les luttes intestines entre une aile social-démocrate et une aile gauchiste. L’implosion rapide du PS devait permettre à François Bayrou de se présenter en recours d’une social-démocratie rénovée et d’en prendre la tête tout en marginalisant les gauchistes.

    Ce scénario a semblé avoir une certaine crédibilité juste après la présidentielle où François Bayrou avait obtenu un score élevé (18,7%) et était arrivé en troisième position grâce, sans doute, à la polarisation suscitée par la candidature de Nicolas Sarkozy, à la faiblesse de Ségolène Royal et à un buzz médiatique orchestrée par les journalistes mais aussi grâce à un courage politique indéniable de l’intéressé, malheureusement mis au service d’une ambition personnelle avant de l’être au service d’une conviction politique.

    Quid aujourd’hui de cette stratégie ainsi que du positionnement du Mouvement démocrate alors que se profile la présidentielle de 2012 et que le paysage politique et médiatique n’est plus exactement le même? François Bayrou-  tous ses anciens alliés et amis politiques qui ont travaillé avec lui disent la même chose - est un homme de centre-droit et même de droite sur de nombreux points. C’est aussi un homme dont le but n’a pas varié depuis la fin des années 1990. Il demeure profondément pénétré, de son destin présidentiel, voire obsédé par celui-ci, depuis que François Mitterrand lui a glissé à l’oreille qu’il le verrait bien au poste suprême (comme il l’a fait pour des dizaines d’autres personnes). Et son modèle politique est ce même François Mitterrand, dont le parcours fut celui d’un homme de droite élu comme président de gauche!

    Rappelons que ce dernier avait réussi une OPA sur un Parti socialiste en 1971, lors de sa création au congrès d’Epinay, parti qu’il a ensuite rebâti sur les ruines de la SFIO pour en faire une machine à gagner les élections.

    Le Mouvement démocrate, on l’a vu, procède de la même démarche intellectuelle. François Bayrou estimait que le Parti socialiste, miné par les dissensions internes et l’archaïsme, allait en 2007, comme la SFIO en son temps, s’effondrer, et qu’il pourrait alors en être le sauveur pour reconstruire sur les ruines du PS un parti de centre-gauche. D’où l’appellation «démocrate» pour établir un lien avec le Parti démocrate américain situé comme l’on sait sur au centre-gauche de l’échiquier politique aux Etats-Unis.

    Rappelons encore, qu’à cette époque, c’est-à-dire pendant et après les élections présidentielles, François Bayrou disait à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas centriste et qu’il ne s’était jamais considéré comme un centriste, que «le mot centriste n’a jamais fait partie de mon vocabulaire». Il ajoutait, devant des militants de son parti, qu’il avait consulté de nombreux dictionnaires pour trouver un synonyme au mot Centre, sans résultat probant. Car il lui fallait, comme pour François Mitterrand, renier son passé d’homme de centre-droit, ayant fait allégeance à Jacques Chirac et Edouard Balladur, entre autres, afin d’être reconnu par la gauche comme un allié crédible, un compagnon de route et même plus comme une composante essentielle de la refondation du Parti socialiste après la déconfiture de Ségolène Royal.

    Cette phase a échoué. Non seulement le Parti socialiste n’a pas éclaté (à part le départ anecdotique de Mélenchon…) mais il s’est renforcé et, de l’autre côté, le Mouvement démocrate n’a connu que des déboires électoraux, voire des débandades. Du coup, une OPA sur les socialistes n’est plus à l’ordre du jour.

    François Bayrou, ébranlé et même au fond du trou électoralement parlant, estime encore plus désormais que seul son destin présidentiel compte. Comme le positionnement au marge de la gauche n’est plus porteur, il lui faut se «recentrer». D’où le rapprochement avec le Centre et une moindre agressivité envers Nicolas Sarkozy contre lequel il s’était autoproclamé, après 2007, «premier opposant», devenant aux yeux de l’opinion publique l’homme du toujours non, une sorte de monsieur Non-Non!

    Dès lors, François Bayrou tente de réapparaître comme le seul leader légitime du Centre en essayant de marginaliser tous les autres figures centristes comme Hervé Morin et Jean-Louis Borloo en les accusant de rouler uniquement pour la Droite ce qui, par ailleurs, n’est peut-être pas totalement faux.

    Néanmoins, cette nouvelle démarche de la réalisation d’un destin national à tout prix, va à contre-sens d’une partie du positionnement des militants de son mouvement. Pas de ceux qui viennent de l’UDF et qui ont suivi leur chef quel que soit son positionnement politique (les autres ont quitté le navire après la présidentielle ou quelques temps plus tard) mais les nouveaux, ceux qui ont vu dans le Mouvement démocrate, lors de leur adhésion en 2007 et depuis, un mouvement de gauche.

    Ainsi, dire où se situe politiquement le Mouvement démocrate est une entreprise assez ardue. Ses militants forment un patchwork idéologique où il est difficile de discerner un positionnement politique unique et cohérent. Il n’est pas à gauche, il n’est à droite, il n’est pas au centre, il est, en quelque sorte ailleurs, ce qui veut souvent dire nulle part!

    Cette situation politique indéfinie peut être un avantage pour le Mouvement démocrate. Il pourrait se poser en parti attrape-tout, image connue de la science politique, et qui est fort utile pour ratisser large et gagner une élection. Cependant, son incapacité à être une alternative crédible ne lui a pas permis jusqu’à présent d’acquérir ce statut. Au contraire, il est plutôt apparu comme un opposant systématique à Nicolas Sarkozy et à l’UMP sans rien de proposer de concret pour les remplacer.

    Les mauvaises langues diront que cela leur fait penser à un autre Mouvement (des) démocrate(s), fondé dans les années 1970 par Michel Jobert, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou, dont la revendication était d’être «ailleurs» et qui, de fait, fut toujours nulle part. Son parti demeura un groupuscule sans avenir et Michel Jobert, par haine viscérale envers Valéry Giscard d’Estaing, se rallia à Mitterrand en 1981, après n’avoir pu se présenter lui-même à la présidentielle faute des signatures nécessaires. Il obtint, en récompense, un poste de ministre d’Etat, ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement de Pierre Mauroy.

    De là à dire, en forçant beaucoup le trait, que François Bayrou est plutôt une sorte de frère jumeau de Michel Jobert qu’un clone de François Mitterrand, il n’y a qu’un pas que franchiront ces mauvaises langues. Reste à François Bayrou de leur donner tort…

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Lançons un «appel à l’unité du Centre dans sa diversité», maintenant!


    Les militants la veulent. Les sympathisants la veulent. Les électeurs la veulent. Et, selon un dernier sondage, les Français également la veulent, cette refondation du Centre autour d’une confédération de type UDF. Et dans la foulée une candidature centriste unique pour l’élection présidentielle 2012.

    Du côté des états-majors des partis centristes, tous jurent leur volonté, sinon leur envie, de parvenir à une union de tous les centristes. Mais quid de la dynamique de refondation du Centre?

    On sent plutôt une stratégie où tout le monde se prononce en faveur d’une refondation pour ne jamais y parvenir… Ce n’est guère nouveau en politique. «Plus refondateur que moi, tu meurs», disent à l’unisson les ténors centristes de Jean-Louis Borloo à François Bayrou en passant Hervé Morin. Mais les Français les soupçonnent d’avoir des arrière-pensées où le chacun pour soi et la destruction de l’autre l’emporte sur la construction d’une maison commune centriste.

    Un exemple? Quand Jean-Louis Borloo met sur pied un «comité de liaison permanent», soi-disant pour préparer la mise en place d’une confédération indépendante des centres, il ne rompt pas les liens de son parti, le Parti radical, avec l’UMP et s’autoproclame le chef d’une refondation. Hervé Morin lui répond alors qu’il na rien à faire dans ce comité et François Bayrou estime que Borloo roule pour Nicolas Sarkozy, ce que n’est pas loin de partager Hervé Morin, Morin et Bayrou qui ne se parlent plus depuis longtemps…

    Encore une fois, le seul qui semble sincère dans ce concert de déclarations lénifiantes est Jean Arthuis. Mais le président de l’Alliance centriste ne peut refonder à lui tout seul le Centre. Il peut en être l’aiguillon et le liant mais il faut que les diverses pièces du puzzle acceptent de se s’imbriquer les unes dans les autres.

    Or on ne voit pas qui pourra contraindre Jean-Louis Borloo, Hervé Morin et François Bayrou ne serait-ce que de s’assoir à une même table pour parler. Chacun des trois qui, pour l’instant, émergent médiatiquement, joue son jeu personnel qui a peu à voir avec une véritable volonté de s’unir ensemble et de voir leurs partis se réunir dans une confédération.

    Pourtant, les sondages sont mauvais pour chacun de ces trois-là. Leurs intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle de 2012 ne dépasse pas les 9%, le meilleur d’entre eux demeurant, pour l’instant, François Bayrou devant Jean-Louis Borloo et Hervé Morin. Et, bien sûr, cela ne peut les qualifier pour le second tour. Plus grave, Marine Le Pen du Front national les devance nettement pour la troisième position, derrière les candidats du Parti socialiste et de l’UMP. Une nouvelle gifle se prépare pour le Centre si rien ne bouge.

    Si les leaders et les partis centristes ne prennent pas conscience qu’ils ont une chance pour refonder une force politique qui comptera dans les années à venir, alors tout échec dans cette entreprise aura de graves conséquences pour eux et, surtout, la capacité du Centre à peser dans le débat politique.

    Cette prise de conscience, et non le jeu des petites phrases et des grandes envolées lyriques trop souvent hypocrites, peut créer cette dynamique de refondation qui est beaucoup trop molle actuellement dans les faits à défaut de l’être dans les paroles.

    Dès lors, toutes les initiatives sont les bienvenues comme celles que pourraient initier des militants de chacun des partis pour demander la création d’une confédération, dans un «appel à l’unité du Centre dans sa diversité», par exemple. Ou celles de personnalités du Centre inattaquables quant à leur positionnement centriste. On pense bien sûr à Jean Arthuis dont le parti, l’Alliance centriste, a été essentiellement créé pour réunir tous les centristes. Mais, dans chaque formation du Centre, il y a des hommes et des femmes qui souhaitent sincèrement cette refondation. Qu’ils prennent la parole et qu’ils prennent des initiatives dès maintenant car 2012, c’est déjà demain.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • A quand un président de la république centriste?


    2012? 2017? 2022? 2027? Y aura-t-il un jour, à court ou à moyen terme, un président de la république centriste? Car, c’est un fait, les centristes n’ont jamais aimé le pouvoir personnel, n’ont jamais été des fans d’une personnalisation extrême du pouvoir exécutif, n’ont jamais aimé l’idée d’un homme providentiel. Pour eux, la nation est bien mieux représentée dans sa diversité à l’Assemblée nationale, assemblée que, d’ailleurs, ils souhaiteraient encore mieux être représentative du peuple par l’élection de ses membres avec une dose de proportionnelle ainsi que dans une augmentation des pouvoirs des députés et des sénateurs.

    Mais les centristes ne sont pas, non plus, de doux rêveurs. Ils savent également que toute la vie politique française tourne désormais autour de l’élection présidentielle et que, détenir l’Elysée, c’est avoir concrètement la possibilité de mettre en place un projet et programme politiques. D’où cette conversion forcée mais réelle à, non seulement, participer à la course présidentielle mais à la gagner.

    Pour autant, y a-t-il une chance qu’un vrai centriste soit élu? Depuis les débuts de la V° République aucun d’entre eux n’y a réussi. Bien sûr, il y a eu Valéry Giscard d’Estaing qui a gouverné avec une majorité de centre-centre droit mais lui-même ne venait pas de la famille du Centre mais d’une droite modérée (et encore, beaucoup des membres de son parti, les Républicains indépendants, étaient très à droite). En revanche, ni Jean Lecanuet, ni Alain Poher, ni Raymond Barre, ni François Bayrou n’ont réussi à gagner une élection malgré leur bonne tenue pendant la campagne et par le nombre de voix obtenues. Et le seul d’entre eux à s’être retrouvé au second tour fut Alain Poher, laminé par Georges Pompidou.

    En l’état actuel du Centre, il est presque certain qu’il n’y aura pas de président centriste en 2012. Ce qui n’empêche pas qu’il faille construire dès à présent une candidature crédible afin de rendre la victoire possible en 2017 (tout en préparant les élections législatives de 2012 afin d’avoir une force qui compte à l’Assemblée nationale).

    Quelles sont les conditions nécessaires afin d’espérer voir un homme ou une femme du Centre à la tête de l’Etat? Elles ne sont guères originales mais elles sont incontournables.

    La première est un Centre uni soi dans un même parti, soit dans une confédération, soit dans une alliance électorale solide. Une union qui permettre de choisir un candidat unique. La deuxième, est que ce candidat fasse l’unanimité parmi les centristes et possède une stature nationale. La troisième, est la mise au point d’un programme porteur autour de quelques grands thèmes.

    La tâche sera difficile mais le Centre a tous les moyens d’y parvenir. En a-t-il l’envie?...

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Mais qui donc usurpe le terme «centre»?


    Selon François Bayrou, lors de sa présentation des vœux à la presse, «le terme de centre est très souvent usurpé». Au-delà de savoir si le leader du Mouvement démocrate est légitime pour décerner des certificats de centrisme, qui donc l’utilise frauduleusement? Hervé Morin, Jean-Louis Borloo, Pierre Méhaignerie, Dominique de Villepin, Jean Arthuis ou François Bayrou lui-même?!

    Déjà, il faut citer encore François Bayrou qui ajoute que «sont au centre ceux qui résistent à la soumission». Pour le leader du Mouvement démocrate, être centriste serait donc une posture. Or, il semble évident que la posture est bien moins importante que les valeurs et une vision politique et de faire de la politique. Un centriste peut être allié à d’autres même dans un parti où plusieurs tendances coexistent. Il ne peut être discrédité uniquement pour cela.

    Mais l’on comprend la tactique de François Bayrou, il s’agit de disqualifier des personnes comme Hervé Morin et Jean-Louis Borloo qui, eux, se sont alliés avec le diable, c’est-à-dire, dans son esprit, Nicolas Sarkozy (même si sa critique du chef de l’Etat est actuellement moins virulente). Et cela pour apparaître le seul centriste légitime pour la prochaine élection présidentielle de 2012.

    C’est de bonne guerre et n’entrons pas plus avant dans cette polémique (ni au fait que François Bayrou aurait du dire «du Centre» et non «au centre») pour en revenir au fond. Qui aujourd’hui est un usurpateur?

    Au fait, qu’est-ce qu’un usurpateur? François Bayrou aime bien que le sens des mots soit respecté. Dont acte. Selon le Larousse, il s’agit d’un individu «qui usurpe, prive quelqu’un, par des moyens illégitimes, d’un droit, d’un pouvoir, d’un bien, etc.». Pour être complet, voici la définition d’usurper: «s’approprier indûment par violence ou par ruse, un droit, un bien qui appartient à autrui, le pouvoir, etc.».

    Il faut donc qu’il y ait un ou plusieurs usurpateurs et un ou plusieurs usurpés. On comprend, dans les propos de François Bayrou qu’il fait partie des usurpés. Comme il ne cite personne d’autre dans ce cas, on peut estimer qu’il s’estime le seul usurpé (avec les membres de son parti).

    Passons aux usurpateurs qui utilisent la ruse et/ou la violence. Si ceux qui sont «au centre» sont ceux qui ne sont pas soumis au pouvoir actuel, nous en déduirons qu’ils ont pour nom Jean-Louis Borloo (et les membres du Parti radical), Hervé Morin (et les membres du Nouveau centre) ainsi que tous les centristes de l’UMP. On n’est moins sûr que François Bayrou inclus Dominique de Villepin puisque celui-ci n’a pas fait acte de soumission à Nicolas Sarkozy (mais il l’avait fait à Jacques Chirac tout comme… François Bayrou). On est sûr qu’il ne met pas dans cette catégorie Jean Arthuis, le président de l’Alliance centriste.

    Cependant, comment prétendre que les valeurs et la vision politique et de faire de la politique de Jean-Louis Borloo, d’Hervé Morin et consorts ne soient pas du Centre. D’autant que si c’était le cas, cela signifierait que le directeur de campagne de François Bayrou pour l’élection présidentielle de 2002 (Jean-Louis Borloo) et que le vice-président exécutif de l’UDF et président du groupe UDF à l’Assemblée nationale jusqu’en 2007(Hervé Morin), UDF alors dirigée par François Bayrou, ne sont pas des centristes… A moins d’estimer alors que François Bayrou, lui-même, n’est pas centriste, c’est-à-dire qu’il s’inclut lui-même dans les usurpateurs. Cela semble difficile à croire.

    Toute cette démonstration pour en conclure que cette volonté d’exclure du leader du Mouvement démocrate prouve malheureusement, malgré ses déclarations, qu’il ne souhaite pas une refondation du Centre qui inclurait tous les centristes. Tout aussi malheureusement, cela ne semble pas être le cas également d’Hervé Morin qui ne veut pas de François Bayrou et de ses amis dans sa confédération des centres. Je ne sais pas qui est réellement un usurpateur et s’il y a en vraiment. Ce que je sais, en revanche, c’est que certains de ceux qui se disent du Centre jouent manifestement contre leur camp. Il est bien temps qu’ils s’en aperçoivent avant que ce ne soient les électeurs qui le leur signifient.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Les conditions d’un vrai rassemblement du Centre


    S’il est essentiel pour le Centre de rassembler ses ouailles dispersées pour peser politiquement et électoralement, il est tout aussi essentiel de le faire dans la clarté et sur une base politique en évitant que cela ne soit qu’une vulgaire opération de communication ou ressentie comme telle. Si l’indépendance de toutes les composantes qui pourraient se réunir est un préalable, le contenu et le but politiques sont tout aussi importants pour édifier une structure organisationnelle solide mais aussi pour être crédible face aux électeurs.

    Une indépendance obligatoire

    Le rassemblement des centristes ne peut se faire qu’entre centristes indépendants, qu’ils soient encartés dans un parti ou non. Clairement, il faut que tous ceux qui participent à cette refondation du centre soient indépendants de tout autre mouvement politique qui n’est pas du Centre. Concrètement, les centristes de l’UMP et les centristes appartenant à un parti affilié à une formation de Droite ou de Gauche ne peuvent prétendre participer à ce rassemblement. Bien évidemment, avant que celui ne devienne une réalité concrète, la négociation peut exister. Tout aussi évident doit être ensuite l’indépendance de ce rassemblement vis-à-vis de la Droite et de la Gauche avant d’éventuelles négociations en vue de former une coalition de gouvernement.

    Un vrai contenu politique

    Se rassembler pour être plus fort, c’est bien entendu intéressant électoralement parlant puis pour négocier une alliance de gouvernement avec d’autres au sortir des élections. Mais cette cuisine postélectorale n’a de sens que si l’on a un programme électoral s’appuyant sur un projet politique et une vision pour la France.

    Les centristes partagent beaucoup de points communs dans ce domaine et il ne devrait guère être difficile de mettre en place une plateforme électorale même si certains points de vue devront être rapprochés et que les négociations à ce sujet seront âpres. Néanmoins, on peut raisonnablement penser que si une réelle volonté politique existe, les partis centristes trouveront un accord. Encore faut-il s’y mettre rapidement, avant même de savoir qu’elle forme prendra ce rassemblement.

    Un but clair et concret

    Le but de ce rassemblement est de proposer une alternance politique centriste de gouvernement indépendante de la Droite et de la Gauche. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’alliance possible ni avec la Droite, ni avec la Gauche si le Centre, comme cela est plus que probable, ne sort pas majoritaire des élections présidentielles et législatives de 2012. Néanmoins, le rassemblement devra porter son offre politique originale dans une indépendance totale, c’est-à-dire sans rouler pour qui que ce soit a priori.

    Une structure organisationnelle qui réunisse tout le monde

    Elle peut être de trois ordres: un nouveau parti, une confédération et une alliance.

    Il semble que la mise en place d’un nouveau parti sera difficile. Cette option sera déjà compliquée entre les différentes composantes centristes de la majorité présidentielle et l’on voit mal le Nouveau centre se torpiller et, encore moins, le Parti radical, «plus vieux parti de France», d’en faire tout autant. Et, ensuite, il faudra faire venir les autres composantes du Centre. Et l’on ne voit absolument pas aujourd’hui le Mouvement démocrate ou les Radicaux de gauche se fondre dans une nouvelle formation avec le Nouveau centre et le Parti radical.

    La confédération, qui a la préférence de beaucoup de centristes, aura également du mal à se mettre en place avec tous les partis représentants le Centre. Si elle semble possible entre les différentes centristes de la majorité présidentielle, elle n’est guère envisageable avec celles-ci et le Mouvement démocrate ainsi que les Radicaux de gauche. On pourrait alors voir une confédération réunissant de nombreux partis centristes, du Parti radical à l’Alliance centristes en passant par le Nouveau centre, la Gauche moderne et Cap 21 mais sans les formations présidées par François Bayrou et Jean-Michel Baylet.

    C’est pourquoi, il semble que la seule solution raisonnable et du domaine du possible soit une alliance électorale pour 2012 qui pourrait ensuite déboucher sur une confédération si cette alliance donne des résultats et est assez solide politiquement. Une alliance cimentée autour d’un projet politique et d’une candidature commune à la présidentielle ainsi qu’à des investitures communes dans le plus de circonscriptions possibles pour les législatives qui suivront dans la foulée.

    Tout cela ne se fera pas en un jour. Cela tombe bien, les centristes ont tout 2011 pour y parvenir. A condition de s’y mettre tout de suite.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • 2010-2011: L’état du Centre dans le monde


    L’année 2010 a été une année mitigée pour les courants centristes dans le monde. Victoires, défaites, difficultés et espoirs ont traversé les différentes formations centristes. 2011 s’annonce sur le modèle de sa devancière avec des restructurations en cours et des difficultés pour les centristes au pouvoir.

    En France, le Centre demeure morcelé et les centristes alliés à la Droite dans la majorité présidentielle ont perdu de leur influence depuis la formation d’un gouvernement dont ils sont largement exclus.

    L’année 2011 sera une année cruciale pour le Centre qui va devoir préparer un projet politique, préparer sa refondation et démontrer sa capacité à proposer une alternative en vue des présidentielles et des législatives de 2012. Et si tous les centristes s’accordent sur l’importance de cet agenda, bien peu sont capables d’en prédire une issue positive pourtant indispensable pour son avenir à court et moyen terme.

    En Grande Bretagne, les centristes ont fait une percée aux élections législatives de mai 2010, ce qui leur a permis de revenir au pouvoir et de former un gouvernement de coalition avec les conservateurs, raflant au passage le poste de vice-premier ministre pour leur leader, Nick Clegg. Mais les mesures impopulaires du gouvernement et la crise économique ainsi que les voltes-faces par rapport aux promesses de campagne ont coûté cher puisque les Libéraux démocrates ont des sondages d’intentions de vote et de popularité catastrophiques.

    L’année 2011 s’annonce difficile pour les centristes britanniques car le redressement de l’économie prendra encore du temps alors que les mesures impopulaires vont produire encore des difficultés dans la vie quotidienne.

    Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama, a perdu les élections de mi-mandat qui ont permis aux républicains de remporter une forte majorité à la Chambre des représentants. De même, les centristes, à la fois dans le Parti démocrate et dans le Parti républicain, ont été laminés le plus souvent et leur poids tend à diminuer. Paradoxalement, les électeurs qui ont élu des représentants de plus en plus polarisés, à droite comme à gauche, veulent un consensus, des politiques bipartisanes et une vision centriste du gouvernement du pays. De même, un nouveau mouvement, «No labels», réunissant démocrates et républicains modérés, a vu le jour et pourrait jouer un rôle politique au cours de l’année 2011 et plus certainement 2012.

    L’année 2011 sera compliquée pour Barack Obama et son centrisme mais les victoires législatives au Congrès remportées à l’arraché au mois de décembre, avec le vote d’importantes mesures, permettent de penser que le président américain n’a pas dit son dernier mot et que ceux qui l’ont enterré se sont quelque peu avancés. D’autant qu’il demeure la personnalité la plus admirée des Américains et l’homme politique le plus populaire. Les sondages en vue de la présidentielle de 2012 le donne, pour l’instant, gagnant quelque soit son adversaire.

    En Allemagne, du fait de la radicalisation des Libéraux, c’est au sein de la CDU que vit le centrisme actuellement. Ce qui, en soi, n’est guère étonnant puisqu’il s’agit, à la base, d’un parti démocrate-chrétien. Pour autant, celui-ci est traversé de courants dont certains se situent à la droite de la Droite.

    Le centrisme de la chancelière Angela Merkel a été ainsi dénoncé au cours de l’année 2010 par une partie de la CDU. Et après avoir résisté à cette offensive, elle a tout de même cédé, suite à des revers électoraux d’importance notamment dans les élections régionales, et a musclé son discours face à l’immigration clandestine et, surtout, en déclarant que le modèle d’intégration des immigrés – clandestins ou non – avait été un échec total.

    En 2011, la bonne tenue de l’économie, dopée par les exportations et un redécollage de la consommation des ménages allemands, devrait permettre à Angela Merkel de retrouver de la sérénité à moins que la crise de l’euro qui empoisonne le débat politique en Allemagne, ne vienne créer des interférences dans un paysage politico-économique assez favorable à la chancelière.

    Au Japon, l’expérience centriste est tout sauf un long fleuve tranquille. Après un pouvoir sans partage de la Droite depuis l’instauration de la démocratie suite à la défaite de 1945, la victoire du Parti démocrate du Japon (PDJ, centriste) de Yukio Hatoyama en 2009 avait été un grand moment d’espoir pour revitaliser une organisation politique du pays sclérosée et touchée par de nombreux scandales.

    Mais l’année 2010 a été un désenchantement pour les centristes japonais qui sont tombés, eux aussi, dans la division et le manque de confiance de la population envers ses élites politiques. Du coup, Yukio Hatoyama, le Premier ministre, mais aussi Ichiro Ozawa, le président du PDJ, ont démissionné, notamment pour n’avoir pas tenu leurs promesses électorales, en particulier pour la récupération auprès des Américains de l’île d’Okinawa occupée depuis la fin de la guerre.

    En 2011, Le nouveau Premier ministre centriste, Naoto Kan, va devoir gouverner dans une situation difficile avec la montée en puissance de la Chine et la crise nord-coréenne.

    En Italie, le Centre se cherche toujours face à Berlusconi. Une tentative de renverser le gouvernement à la fin 2010 a échoué par la défection de quelques députés de la droite anti-Berlusconi et de la gauche. En 2011, la situation politique du pays devrait être tendue mais personne ne peut prédire si la fin politique tant de fois annoncée de Silvio Berlusconi sera une réalité. Si c’est le cas, les formations centristes devraient avoir un rôle à jouer dans une nouvelle majorité.

    En Inde, le Parti du Congrès (centre gauche) a gagné les élections et il devrait continuer à gouverner en 2011 malgré différents scandales de corruption, notamment celui sur la vente à des amis du ministre des télécommunications des nouvelles licences de téléphonie mobile. A l’intérieur du parti, les tendances centristes sont, pour l’instant, les plus influentes même si l’incapacité du pays à réduire drastiquement le nombre des plus pauvres relance à périodes répétées un débat sur un retour en force de l’interventionnisme étatique qui n’a jamais réellement cessé. Mais le Premier ministre, Manmohan Singh, fort de la belle croissance du pays, continuera à libéraliser l’économie et la société en 2011 pour en faire de l’Inde une puissance qui compte face à son voisin qui l’inquiète beaucoup, la Chine.

    Au Brésil, le Centre a été battu aux élections présidentielles par le Parti des travailleurs au pouvoir (gauche). Le président Luiz Inacio Lula da Silva ne pouvant être réélu, c’est sa candidate, Dilma Rousseff qui est devenue la première femme présidente du pays devant le candidat centriste, Josè Serra. Avec la popularité de Lula (qui pourrait se représenter à la prochaine présidentielle) et la croissance économique, le parti au pouvoir qui oscille entre gauche et centre-gauche ne devrait pas être menacé au cours de l’année 2011.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • 2010: Barack Obama, centriste dans ses bottes


    Barack Obama, en à peine deux ans de pouvoir (qui seront fêtés le 20 janvier prochain), a déjà été divinisé autant de fois qu’il a été enterré dans la fosse commune des idoles déchues… La dernière période de ces retournements autant incongrus que stupides des médias et de l’opinion publique aux Etats-Unis et dans le mondes s’est déroulée entre le 2 novembre et le 25 décembre.

    Le lendemain de la défaire du Parti démocrate aux élections de mi-mandat, le cercueil est prêt. Pour certains, c’est même dans un vulgaire sac qu’il faudrait balancer Obama dans les poubelles de l’histoire. Et ceux-ci ne sont pas seulement à l’extrême-droite mais se trouvent également du côté de la gauche radicale.

    La cérémonie lugubre de l’enterrement va s’ouvrir lorsque les victoires s’accumulent pour le président des Etats-Unis au Congrès pendant la période de Noël avec le vote de plusieurs mesures législatives tout aussi emblématiques qu’importantes.

    Dans le même temps, les économistes américaines parlent d’une possible croissance beaucoup plus forte en 2011 grâce aux plans de relance et de soutien à l’économie mis en place par la Maison blanche ainsi que du compromis trouvé entre le président et les élus républicains sur les baisses d’impôts et les allocations chômages pour les demandeur d’emploi de longue durée en fin de droit.

    Barack Obama est mort, vive Barack Obama!

    Médias et opinions publiques louent à nouveau les capacités de rebond de ce président décidément imprévisible. En réalité, ce n’est pas son imprévisibilité qui est la cause du ridicule des commentateurs mais leur incapacité à prendre la mesure d’un homme (et certainement pas d’un surhomme…) qui ne fait que faire ce qu’il a dit qu’il ferait et qui s’y tient globalement.

    Car Barack Obama, avant d’être un homme de réformes, est un homme de méthode. Et la méthode Obama est bien connue, il faut proposer puis discuter et prendre une décision dans le consensus, c’est-à-dire avec les compromis nécessaires pour contenter le plus de personnes possibles (et non tout le monde comme le disent certains, ceci étant toujours impossible).

    A la décharge de ces commentateurs frappés de cécité, il faut dire que les républicains – qui avaient bien pris la mesure d’une méthode qui risquait de les renvoyer dans les limbes oppositionnelles pour huit ans au moins – ont décidé de jouer le pire et l’affrontement dur sans aucune concession, une posture qui n’a évidemment pas permis de mettre en œuvre cette méthode. Car, pour parler et faire des compromis, il faut être au moins deux.

    Toujours à la décharge de nos commentateurs, le Parti démocrate a également joué un rôle dans le refus du compromis, s’estimant légitime avec ses majorités au Sénat et à la Chambre des Représentants de faire ce qu’il avait envie de faire sans besoin de se rallier des élus républicains.

    Enfin, les mouvements d’extrême-droites et populistes ont lancé, grâce à des généreux donateurs et propagandistes (comme Rupert Murdoch, propriétaire, entre autres, de la chaîne radicale de droite, Fox News), des attaques violentes et puantes contre le président des Etats-Unis, pires que celles que Clinton avaient eues à subir lors de sa présidence, pires même que celles qui avaient été menées comme Franklin Roosevelt ou Harry Truman.

    Cependant, de son côté, Barack Obama est demeuré centriste dans ses bottes.

    Même s’il a été agacé par les insultes outrancières dont il était l’objet ainsi que de la désinformation qui frappait chacune de ses initiatives, il a continué et il continue à promouvoir la discussion, le consensus et le compromis pour faire avancer les réformes dont les Etats-Unis ont besoin face aux énormes défis qui se présentent aux pays en ce début de XXI° siècle.

    Car, l’entière posture de Barack Obama est centriste. Bien entendu, certaines de ses positions sont plus à gauche, mais d’autres sont plus à droite, ce qui permet d’ailleurs à la Droite et à la Gauche leurs attaques.

    Dans les deux années qui lui restent pour terminer son premier mandat, Barack Obama va devoir gérer une situation qui ne devrait pas le gêner par rapport à ses convictions politiques. Evidemment, tout dépendra de ceux qui voudront discuter et gouverner avec lui. Néanmoins, au jour d’aujourd’hui, rien n’est venu contredire cette constatation simple: Barack Obama est profondément centriste. Comme il l’a toujours écrit. Comme il l’a toujours dit.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • 2011, l’année de tous les défis pour le Centre


    En 2011, la crédibilité du Centre sera en jeu. Ainsi que sa capacité à peser sur l’élection présidentielle de 2012 (et à en récolter les fruits lors des élections législatives).

    Mais 2011 est aussi une année d’espoir pour les militants et les électeurs centristes. Ceux-ci attendent enfin une refondation qui permettrait à leurs idées d’avoir beaucoup plus de poids et aux partis à qui ils accordent leur confiance de peser sur la vie politique française.

    La situation actuelle du Centre est un clair-obscur qui recèle des potentialités mais également d’énormes risques.

    L’année qui s’achève a vu les centristes sur le devant de la scène politique mais leurs petites querelles et leurs divisions ont encore été plus importantes que leurs projets communs. Les leaders des différentes formations ont pu formater des discours dans lesquels ils prenaient acte de la nécessité d’une refondation du Centre tout en la remettant au lendemain.

    Justement, le lendemain, c’est 2011…

    On va être fixé très vite sur les réelles volontés en la matière puisqu’un rapprochement entre le Nouveau centre et le Parti radical pourrait être acté dans le courant du mois de février. Ce rapprochement pourrait prendre la forme d’une confédération, de la création d’un nouveau parti ou d’une simple déclaration de bonnes intentions. Cette dernière option est pour l’instant la plus vraisemblable.

    Cependant il ne s’agira, au mieux, que de la première pierre de la réunion des centristes de la majorité présidentielle. Il faudra, ensuite, que les autres centristes de cette majorité s’agrègent (ceux de l’UMP et la Gauche moderne), d’une façon ou d’une autre, à cette initiative afin de lui donner le poids nécessaire.

    Ensuite, ce sera au tour de la réunion de tous centristes qui devra être menée. On peut estimer qu’il sera possible d’aboutir avec l’Alliance centriste de Jean Arthuis si l’initiative des centristes de la majorité présidentielle a une réelle visée d’indépendance. De même avec Cap 21 de Corinne Lepage. En revanche, la possibilité de voir le Mouvement démocrate participer à cette refondation centriste est beaucoup plus aléatoire.

    François Bayrou, qui s’est recentré (au moins dans le discours) affirme bien qu’il est pour une telle refondation tout en ajoutant qu’elle se fera autour de lui et dans le Mouvement démocrate. C’est une façon de fermer la porte à tous ceux qui n’y sont pas favorables, c’est-à-dire tous les autres partis centristes sans exception!

    En revanche, l’organisation de primaires pour désigner un candidat unique du Centre pour les présidentielles pourrait permettre de contourner les antagonismes, notamment celui, très exacerbé, entre le Nouveau centre et le Mouvement démocrate. Bien sûr, à l’inverse d’Hervé Morin, François Bayrou a rejeté ce mode de désignation pour l’instant. Néanmoins, il pourrait être forcé à y participer s’il existe une forte pression de la base centriste et des sondages.

    Restera alors à convaincre les Radicaux de gauche qu’il y a là une chance historique de permettre à toutes les composantes du Centre de peser sur la politique française.

    Il est, c’est vrai, plus facile d’écrire un tel scénario que de le réaliser. Reste que l’absence de résultat sur cette question fondamentale pour l’avenir du Centre dans les prochaines années serait catastrophique pour le Centrisme et sa crédibilité vis-à-vis des citoyens. Et pendant ce temps, la politique de la France se ferait sans aucune capacité du Centre à réellement peser sur elle au moment où tant de défis capitaux pour l’avenir du pays sont à relever.

    Il est bien évident que la refondation centriste devra s’appuyer pour être pérenne sur une vision commune, sur un projet commun, sur une plateforme électorale commune. Bizarrement (ou non!), les diverses positions sont moins conflictuelles dans ce domaine que les querelles de personnes… Les réflexions programmatiques ont commencé dans tous les partis mais elles prendront une importance au cours de 2011 à l’approche de la présidentielle. La volonté de toutes les composantes centristes de donner un tour plus social à la politique gouvernementale et à lutter contre les déficits des finances publiques ainsi que pour réformer en profondeur la fiscalité sont des bonnes bases de travail.

    L’année qui vient ne se limitera cependant pas à la seule préparation de 2012 au niveau électoral. Les élections cantonales et sénatoriales montreront déjà si le Centre peut s’unir et/ou peser sur le futur du Sénat. Assez présents au Palais du Luxembourg, les centristes pourraient devenir le groupe pivot encore plus qu’actuellement puisque la Droite devrait perdre des sièges et la Gauche en gagner. Une position qui pourrait leur permettre d’influencer davantage sur les orientations politiques de la haute assemblée.

    Il y a un autre défi que devra relever le Centre… celui de ne pas se faire phagocyter par la Droite et la Gauche. Avec la proximité des présidentielles, les appels du pied ne vont pas tarder ainsi que les tentatives de débauchage. Ne soyons pas naïfs, certains réussiront car les opportunistes existent dans chaque camp et donc chez les centristes aussi (même si les mauvaises langues diront, «surtout» !). La faculté de résistance du Centre à ces sirènes intéressées montrera également la capacité des centristes à se considérer comme une vraie force politique autonome.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • L’humanisme du Centre, c’est aussi garantir la dignité humaine par la solidarité


    Le philosophe chinois Mèng Zì (380-289 av. J-C) affirmait que toute personne digne de ce nom qui passerait près d’un puits où était tombé un enfant, secourrait immédiatement celui-ci. Ceci démontrait, selon lui, notre capacité morale à aimer les autres. Depuis, les scientifiques ont mis en lumière notre faculté naturelle à aimer et notre aptitude empathique. Mais à quoi servirait-il de sauver cet enfant (solidarité primaire) si, après, ce dernier devait mourir de faim car trop pauvre pour se nourrir (solidarité secondaire). Gageons que la personne digne de ce nom en question lui donnerait à manger et, confrontée à une détresse réelle et proche, ferait en sorte que cet enfant puisse manger tous les jours à sa faim. Voilà un exemple de solidarité que personne ne peut rejeter à moins d’être absolument cynique.

    Dès lors, se pose la question suivante: les enfants doivent-ils vivre dans des conditions décentes? Je ne pense pas que quelqu’un d’intelligence normale et possédant un minimum d’honnêteté et de compassion puisse répondre par la négative. Pour que ces enfants puissent vivre dans des conditions décentes, il faut que leurs parents le puissent également (sauf à retirer les enfants pauvres à leurs parents, ce qui, pour quelqu’un d’intelligence normale et possédant un minimum d’honnêteté et de compassion n’est pas acceptable moralement et affectivement).

    Pour que ces parents puissent vivre décemment, il faut qu’ils puissent avoir un cadre de vie décent, donc un revenu décent. De telle sorte qu’une société humaine ne peut se désintéresser collectivement du sort de ces enfants, c’est-à-dire qu’elle doit s’assigner comme un de ses buts que ceux-ci vivent tous dans des conditions décentes et puissent bénéficier des mêmes chances dans la vie. Dès lors, nous aboutissons au principe de solidarité active (faire quelque chose pour les autres) qui se différencie d’une solidarité passive (ne rien faire qui puisse nuire aux autres).

    Pour autant, chacun de nous ne peut pas résoudre, à lui tout seul, le problème de la pauvreté touchant les enfants et leurs parents. D’une part, parce que, si nous pouvons conceptualiser la pauvreté dans le monde, celle-ci ne nous touche pas directement. Heureusement d’ailleurs car nous ne pourrions pas vivre en supportant un tel fardeau. Nous pouvons en revanche, appréhender concrètement la pauvreté des personnes qui vivent autour de nous et donc aider directement l’enfant que nous voyons tous les jours et le sauver si celui-ci est en danger. Mais tout le monde n’a pas les moyens matériels de nous occuper de lui sur le long terme.

    Dès lors, la solution à la solidarité secondaire et à la solidarité active sur une large échelle ne peut être que collective et communautaire.

    Cette solidarité secondaire et active est une mission de toute société développée qui se refuse à vivre uniquement sur les rapports de force et la loi du plus fort. C’est également une des bases du projet humaniste du Centre. Pour celui-ci la solidarité doit permettre de ne laisser personne sur le bord de la route.

    La société est la structure naturelle qui doit organiser cette solidarité active sur une large échelle. Soit elle gère la solidarité venant de tous ses membres et, si c’est nécessaire, fait acte de redistribution. Cette option est évidemment plus adaptée à une société simple. Soit la société se substitue, à leur demande, à ses membres en prélevant des sommes chez ceux qui sont les plus riches pour les redistribuer aux plus pauvres par le biais de l’impôt. Cette option est évidemment plus adaptée à une société complexe.

    Pourtant, au-delà de notre empathie pour les autres qui est une des marques de notre humanité, nous devons résoudre la question du pourquoi de cette solidarité des plus riches vers les plus pauvres. La première interrogation à laquelle nous devons répondre est: est-ce immoral de devenir riche? Sur le fond non. Bien sûr, une deuxième interrogation se fait jour: peut-on s’enrichir n’importe comment? Ici, la réponse est non. Cependant, si une personne respecte les lois, rien n’est immoral dans son enrichissement. Si, donc, quelqu’un possède la capacité de devenir riche, au nom de quelle obligation devrait-il redistribuer plus que quelqu’un qui est moins riche? (sont exclus ici les plus pauvres à qui va cette redistribution). Car si le plus riche doit donner plus, la raison en est souvent… qu’il gagne plus! Or, gagner plus n’oblige pas, a priori, à un effort plus grand de solidarité.

    Toute cette démonstration serait exacte si les individus étaient, dès leur naissance, autonomes et ne devaient pas être pris en charge par la société pour vivre et se développer. De même, cela serait encore exact, si chacun de nous avait, à la naissance, une chance égale de réussir notre vie ce qui n’est pas le cas comme l’a démontré fort justement l’Américain John Rawls. En outre, il faudrait également que cet enrichissement ne soit pas du à des interactions avec les autres, c’est-à-dire que celui-ci se passe, si ce n’est en dehors de la société, en tout cas sans lien avec l’organisation sociale. Car, si l’enrichissement de l’individu se réalise grâce à la société, alors celle-ci est naturellement en droit de demander à celui qui profite plus de la société qu’un autre un devoir de redistribuer des sommes plus élevées.

    Ce que les tenants d’une autonomie totale de l’individu, et donc du droit à devenir riche et à profiter de cette richesse entièrement sans aucune obligation sociale de redistribution, tentent de réfuter, c’est ce lien incassable de celui-ci avec la communauté humaine. Cependant, ce que les tenants d’une insertion totale de l’individu dans la société, et donc de son obligation à contribuer le plus possible à une redistribution de ses gains, tentent de réfuter c’est la condition indépassable de l’individu faite d’une liberté dans la différence qui lui donne le droit de mener sa vie à sa façon et donc de devenir honnêtement riche s’il le veut et s’il le peut.

    Nous avons donc une personne qui ne peut prétendre s’extraire de la communauté humaine à qui il doit son existence et son développement mais qui ne peut être réduite à un simple pion de cette communauté ayant, ontologiquement, une condition libre et une revendication indiscutable à la différence.

    Dès lors, c’est dans une logique de juste équilibre que l’on peut résoudre ce paradoxe de la société et de l’individu qui est une des pierres d’achoppement du libéralisme et l’organisation d’une société postmoderne. Et cette logique a pour base l’être humain qui est le sujet indépassable de toute société humaine, son alpha et son oméga. Assurer la sécurité de ses membres est sa première mission. Mais celle-ci n’est pas limitée à empêcher les criminels d’agir. Elle doit aussi leur garantir une vie décente en leur fournissant un travail qui leur apporte le revenu nécessaire à une existence libre et digne. Et, quand ce n’est pas le cas, de pouvoir aider ceux qui ne parviennent pas à ce revenu, soit parce qu’ils sont les accidentés de la vie, soit parce qu’ils ont des handicaps. Une aide qui n’a pas vocation à faire de ces personnes des assistés ad vitam aeternam mais qui leur permettre de retrouver leur autonomie perdue par les aléas de l’existence.

    Bien entendu, cette sécurité ne doit pas annihiler toute volonté, toute envie de se surpasser. Ici, le juste équilibre permet de résoudre la problématique en assurant à ceux qui veulent faire plus que nécessaire et être les moteurs principaux du développement de la société de pouvoir agir et de récolter les fruits de leur labeur tout en les insérant dans un lien social où leurs succès ne peuvent être acquis contre la société mais acquis avec la société et pour lui-même et la société.

    Mais tout cela doit se faire dans la réalité et de manière pragmatique. Car si les grands principes sont posés ils doivent constamment s’adapter au concret avec la mise en pratique constante du juste équilibre. Les périodes de crise doivent permettre de mettre le curseur un peu plus sur la solidarité et les périodes de croissance forte sur celui d’une plus grande libéralisation de l’initiative individuelle et de la jouissance personnelle des fruits qu’elle peut apporter.

    Cependant, sans ceux qui entreprennent, il ne peut y avoir de redistribution pour ceux qui en ont besoin à un moment de leur existence. C’est un principe des vases communicants qui n’a pas trouvé de meilleures organisation jusqu’à aujourd’hui. Les pauvres ne peuvent être aidés que par la richesse produite par d’autres. Et celle-ci ne peut l’être que par des personnes prêtes à entreprendre. On peut s’en réjouir ou le regretter, selon sa vision de l’organisation de la société, mais on ne peut le nier. Alors, autant s’en servir pour faire le maximum de bien.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme