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abraham lincoln

  • Le Brexit ou la guerre de sécession européenne

    Comme les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne est d’abord une idée.

    Et même si Abraham Lincoln s’est battu pour garder son pays uni et contre l’esclavage, il s’est d’abord battu, comme il l’a dit avec tant de profondeur dans son fameux discours sur le champ de bataille ensanglanté de Gettysburg, pour que vivent l’idée de démocratie républicaine, celle d’un peuple libre, et celle d’«un gouvernement du peuple pour le peuple par le peuple», selon sa fameuse formule.

    Car la construction américaine était alors unique dans le monde, ainsi que l’est aujourd’hui la construction européenne.

    Tout comme le pose le Brexit pour l’idée européenne, la Guerre de sécession posait la question de la pertinence de l’idée américaine.

     

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  • Présidentielle USA 2016. Trump n’est que la résultante des outrances et dérives des républicains

    Lorsque Marco Rubio affirme qu’avec Trump le parti républicain n’est plus celui de Lincoln et de Reagan, il a tort.

    Cela fait longtemps que les républicains n’ont plus rien à voir avec Abraham Lincoln, une des deux grandes figures centristes du parti avec Theodore Roosevelt.

    C’est tellement vrai que Barack Obama a pu s’approprier les deux hommes et se revendiquer de leur filiation sans que les républicains n’esquissent la moindre protestation ou controverse à ce propos.

    Ils auraient alors certainement été accusés d’être de gauche par une grande partie de leur électorat!

     

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  • Présidentielle USA 2016. Les «independents» ne font pas un candidat mais font l’élection

    Il y a un mythe tenace chez certains analystes et «pundits» (intellectuels faiseurs d’opinion) américains selon lequel un candidat en-dehors des partis, situé au centre de l’échiquier politique ou, en tout cas, «bipartisan», serait capable de rassembler en sa faveur la plupart des électeurs «independents» (ceux qui se définissent comme sans affiliation politique précise) ainsi que les démocrates et les républicains modérés, ce qui lui permettrait de gagner l’élection présidentielle pour le bien d’un pays dont la politique est de plus en plus polarisée.

    Ce mythe prend sa source dans deux idées reçues.

     

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  • Il y a 150 ans, Lincoln honore la démocratie

    Voilà un anniversaire qui est passé presque inaperçu, même aux Etats-Unis, celui du fameux discours d’Abraham Lincoln à Gettysburg, le 19 novembre 1863, en mémoire aux soldats morts lors de cette bataille particulièrement sanglante qui se déroula entre les 1er et 3 juillet de la même année et fut un tournant dans la Guerre de Sécession, décidant largement de la victoire du Nord contre le Sud confédéré, même si le conflit fratricide dura encore deux longues années.

    Ce discours n’a pas à voir directement avec l’émancipation des Afro-Américains et avec l’abolition de l’esclavage mais parle de la démocratie, ce gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple et d’une nation d’hommes libres qui comprenait déjà dans l’esprit de Lincoln tous les habitants des Etats-Unis (puisque le discours d’émancipation des esclaves est antérieur, datant de septembre de la même année).

    Ce discours est d’autant plus essentiel qu’en ce milieu de XIX° siècle, les Etats-Unis sont le seul pays au monde à avoir un vrai système démocratique (à quelques iotas près évidemment).

    Et, Abraham Lincoln qui fut connu pour être un tribun hors pair, dédie la victoire des troupes de l’Union à la sauvegarde et à l’approfondissement de cette démocratie en quelques mots d’une extraordinaire puissance que voici.

    «Il y a huit décennies et sept ans, nos pères donnèrent naissance sur ce continent à une nouvelle nation conçue dans la liberté et vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux.

    «Nous sommes maintenant engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui vérifiera si cette nation, ou toute autre nation ainsi conçue et vouée au même idéal, peut résister au temps. Nous sommes réunis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous vînmes consacrer une part de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui moururent pour que vive notre pays. Il est à la fois juste et digne de le faire.

    «Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dédier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se battirent ici le consacrèrent bien au-delà de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser. Le monde ne sera guère attentif à nos paroles, il ne s'en souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes firent. C'est à nous les vivants de nous vouer à l'œuvre inachevée que d'autres ont si noblement entreprise. C'est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils offrirent le suprême sacrifice; c'est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain; à nous de vouloir qu'avec l'aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté; à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre.»

    Il n’est pas inutile de se rappeler lors d’anniversaires mémoriels de cette sorte que la démocratie libérale représentative défendue par le Centre et le Centrisme n’est pas une donnée intangible dans un monde où ses adversaires n’ont jamais désarmé et ne désarmeront jamais.

    S’il s’agit du meilleur système (ou du moins mauvais…), il n’est pas «naturel» comme nous l’ont dit et redit tous les penseurs libéraux du XVIII° siècle à nos jours, nous enjoignant de nous battre pour le conserver.

    Au moment où certains à la mémoire courte dans les démocraties penchent vers des extrêmes qui ont toujours abhorré cette démocratie libérale, ressourçons-nous dans tous les combats qui nous permettent aujourd’hui d’être des citoyens libres et égaux afin de faire en sorte que nos enfants et leurs enfants seront également de cette communauté de privilégiés que l’on espère voir un jour être composée de tous les habitants de cette planète.

    Et il n'est pas anodin de penser que le discours de Gettysburg fut prononcé par un président américain considéré comme un centriste.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Obama II commence au centre

    Barack Obama a été investi pour son second mandat de président des Etats-Unis le 20 janvier à la Maison blanche en prêtant serment devant le président de la Cour suprême, John Roberts.

    Et lundi, Il a répété son serment devant une foule plus nombreuse et enthousiaste que prévue, rassemblée devant le Capitole, le siège du Congrès des Etats-Unis à Washington (cette double cérémonie est due au fait que le 20 janvier tombait un dimanche, jour de repos, et que la Constitution obligeait à ce que le nouveau président mais aussi son vice-président prêtent serment à cette date).

     

    Le voilà donc au début de quatre années nouvelles pour gouverner les Etats-Unis. Que peut-on en attendre au niveau de la ligne politique? Sera-t-elle toujours centriste ou plus marquée à gauche par un raidissement face à l’opposition systématique des républicains qui, malgré quelques infléchissements ce dernier mois, devrait demeurer très dure?

     

    Son discours d’inauguration où il a repris à plusieurs reprises la fameuse formule par laquelle commence la Constitution américaine, «We, the people» (Nous, le peuple) donne quelques réponses à ce sujet.

     

    D’une durée assez courte, il a été marqué par un appel pressant et constant à l’unité de tous les citoyens afin de bâtir les Etats-Unis de demain sur les principes de toujours (la liberté, l’égalité des chances et le droit de réussir son rêve américain).

     

    Surtout, il a dit avec solennité qu’en Amérique, toute personne était égale à une autre: «Nous, le peuple, déclarons aujourd’hui que la plus évidente des vérités – que nous avons été créés égaux – est l’étoile qui encore nous guide».

     

    Bien entendu, on sait bien que tout cela est plus de l’ordre du symbolique que de la réalité. Mais c’est cela aussi qui cimente une communauté, ces idéaux communs qui entretiennent l’espoir d’un avenir meilleur.

     

    Néanmoins, rappelons que le rêve américain version démocrate insiste plus sur le destin commun de tous les citoyens tandis que sa version républicaine se focalise d’abord sur le droit de réussir sa vie par la seule force de sa volonté, avec ou sans et même parfois en marge de la communauté pour certains libertariens.

     

    Cette Amérique de demain, selon Barack Obama, sera celle qui permettra à tous de construire leur existence dans la sécurité (avec, notamment, une assurance maladie et une retraite garanties) sans qu’ils soient traités injustement d’assistés.

     

    Il s’agira, entre autres, d’offrir à tous une bonne éducation, de lutter contre le réchauffement climatique, d’innover, de vivre en paix en tournant le dos aux conflits armés autant que possible et d’être toujours cette terre d’accueil pour tous ceux qui, dans le monde, rêve de liberté et de réalisation de soi-même, sans oublier un meilleur contrôle des armes à feu pour permettre aux enfants de vivre dans un environnement sûr.

     

    Barack Obama a expliqué que seule une nation rassemblée pourrait relever les défis qui se présentent au pays, un pays qui est une démocratie «du peuple, pour le peuple, par le peuple», reprenant ainsi le discours historique d’Abraham Lincoln à Gettysburg lors de la Guerre de sécession.

     

    Il a aussi déclaré que c’était le moment pour sa génération de se battre afin que les Etats-Unis demeurent le phare de la liberté pour tous sans exception (parlant des avancées des droits des minorités qu’elles soient ethniques ou sexuelles).

     

    Ce qui est important dans ce discours, c’est que Barack Obama estime qu’il a énormément de travail à faire pour tenir les promesses qu’il a faites il y a quatre ans lors de sa première élection.

     

    Comme il l’a dit dans un mail adressé à ses supporters, «il est temps maintenant de finir ce que nous avons commencé»

     

    Dès lors, c’est un président beaucoup plus ferme sur ses positions et ses principes que l’on devrait découvrir mais animé de la même volonté de construire de manière équilibrée et consensuelle un pays de liberté (notamment d’entreprendre) d’opportunités pour tous, tolérant pour toutes les communautés et solidaires pour ceux qui en ont besoin à un moment ou à un autre de leur existence.

     

    Un pays où chacun peut exercer ses droits et être récompensé des efforts qu’il fait.

     

    Un pays où la priorité est de développer et de faire progresser la classe moyenne.

     

    Tout cela s’appelle simplement une vision centriste et fait écho à ce désormais fameux «fair shake» (opportunité équitable) qui, selon Obama, est une bonne définition de sa politique.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le «Fair shake» d’Obama

     

    Dans l’histoire des Etats-Unis, quelques grands discours remarquables, prononcés par des présidents américains qui ont marqué leur époque, ont définis leur mandat et leur époque.

    Les plus connus sont le «New deal» (Nouveau contrat) de Franklin Roosevelt, la «New frontier» (Nouvelle frontière) de John Kennedy ou la «Great society» (Grande société) de Lyndon Johnson.

    Sans oublier la «New freedom» (Nouvelle liberté) de Woodrow Wilson.

    On peut aussi citer le discours d’Abraham Lincoln prononcé sur le champ de bataille particulièrement meurtrier de Gettysburgh, qui n’a pas reçu de nom mais qui rappelait l’importance du gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple dans le seul pays au monde à le pratiquer alors.

    Theodore Roosevelt avait parlé du «Square deal» (Contrat équitable) dans son intervention sur le «New nationalism» (Nouveau nationalisme) lorsqu’il n’était plus président mais un candidat malheureux à la succession de son successeur!

    Le «Rugged individualism» (Individualisme robuste)) de Herbert Hoover, lui, rejoignit vite les oubliettes de l’Histoire pour avoir été inventé juste avant la grande crise de 1929. De même que le «Compasionnate conservatism» (Conservatisme compassionné) de George W Bush qui ne résista pas aux attentats du 11 septembre 2001 puis à l’invasion de l’Irak.

    Quant à la «Third way» (troisième voie) de Bill Clinton, elle ne ressort pas d’un discours particulier mais de plusieurs et d’une pratique politique.

    Y a-t-il une formule pour définir la politique et la présidence de Barack Obama?

    Lors d’un entretien récent donné au magazine Rolling Stone, l’interviewer proposa à Obama la formule «Fair shake» que ce dernier avait déjà utilisé plusieurs fois et que l’on pourrait traduire par l’«opportunité équitable» pour tous de réussir.

    Celui-ci répondit que «cela me plait, (…) cela sonne bien à mes oreilles».

    Mais qu’est-ce que cette opportunité équitable. Elle se décline en «fair shot» (jeu équitable) et «fair share» (part équitable).

    Tout le monde à droit à un «fair shot», jeu équitable qui permet d’avoir la même chance de réussite, et tout le monde doit avoir la part équitable qui lui revient, en matière de droit mais aussi de devoir afin de donner la part équitable qu’il doit à la communauté.

    Barack Obama, lors du fameux discours qu’il prononça à Osawatomie dans le Kansas (là-même où Theodore Roosevelt, en 1910, avait parlé de son New nationalism), le définissait ainsi: «Je suis ici au Kansas pour réaffirmer ma profonde conviction que nous sommes plus grands ensemble que nous le sommes chacun de notre côté. Je crois que ce pays réussi lorsque chacun à la droit à un «fair shot» (jeu équitable), lorsque chacun donne sa «fair share» (part équitable), lorsque tout le monde joue avec les mêmes règles.  Ce ne sont pas des valeurs démocrates ou des valeurs républicaines. Ce ne sont pas les valeurs des 1% ou les valeurs des 99%. Ce sont les valeurs américaines. Et nous devons les réinstaurer».

    Pour Barack Obama, cela ne remet pas en cause l’économie de marché, bien au contraire, «l’économie de marché (free market) est la plus grand force pour le progrès économique dans l’histoire humaine».

    Mais «l’économie de marché ne fonctionne bien que lorsqu’il y a des règles sur le chemin qui assure que la compétition est juste et ouverte et honnête».

    Et, pour préciser sa pensée, de reprendre une des affirmations les plus célèbres de Théodore Roosevelt lors de son discours d’Osawatomie: «notre pays ne signifie rien si il ne signifie pas le triomphe de la vraie démocratie, d’un système économique sous lequel chaque homme verra son opportunité de montrer le meilleur qui est en lui garantie».

    Se mettre dans les pas de Théodore Roosevelt, qui était un président républicain et qui revendiquait son conservatisme mais aussi son progressisme, est une manière pour Barack Obama de démontrer que sa présidence est définie comme centriste, consensuelle et bipartisane, alliant le meilleur du libéralisme économique, du libéralisme politique, du libéralisme sociétal mais aussi de la solidarité que le Centre puise dans l’idée que les vraies opportunités n’existent que si tout le monde part à égalité sur la ligne de départ.

    Alexandre Vatimbella

  • Elections américaines: Barack Obama, seul vrai candidat du Centre

    Dans deux jours se déroulera l’élection présidentielle américaine. Les urnes vont ainsi départager six candidats, dont les principaux sont évidemment le président démocrate sortant Barack Obama, et son challenger républicain, Mitt Romney.

    Les deux hommes multiplient, en cette fin de campagne, les déplacements et les meetings pour ratisser large, le seul moyen de gagner alors que les sondages sont assez serrés même s’ils montrent une tendance favorable au président.

    Chacun a, dans un premier, temps, rassemblé son camp, ce qui a été assez facile pour Barack Obama et un peu plus compliqué pour Mitt Romney. Il leur faut maintenant amener dans les bureaux de vote les électeurs modérés et centristes qui ne se sont pas encore déterminés pour l’un ou l’autre.

    Tous deux se positionnent désormais au centre de l’échiquier politique. Mais qui est réellement du Centre?

    Barack Obama, depuis qu’il est entré en politique, s’est toujours affiché comme un centriste, cela fait partie de sa réflexion politique et philosophique.

    Il est ainsi un progressiste centriste dans la lignée de ses illustres prédécesseurs Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, Lyndon Johnson ou Bill Clinton, venant pour certains des rangs républicains et, pour d’autres de ceux des démocrates.

    Son premier mandat en a été une preuve malgré les critiques provenant de gauche et le présentant comme un conservateur proche des thèses de la Droite et celles émanant de droite et le qualifiant de socialiste marxiste.

    Dès le premier jour de son entrée en fonction, il a tenté de travailler avec tous les élus, républicains et démocrates, et a accepté, afin de trouver des consensus acceptables pour tous, de mettre en place des réformes modérées et équilibrées, tant au niveau de l’assurance-santé, de la régulation financière que du plan de relance de l’économie américaine.

    Cette obsession centriste a sans doute été pour beaucoup dans les attaques virulentes dont il a fait l’objet et de la peur qu’il a suscité dans les rangs républicains s’il réussissait dans son entreprise (d’où l’obstruction permanente de ceux-ci et la volonté d’en faire un «one-term president» avant même son entrée en fonction).

    De ce point de vue, il représente le «véritable centrisme» à l’inverse de Mitt Romney.

    Ce dernier a toujours été un opportuniste qui s’est situé au centre (centre-droit) mais qui n’était pas du Centre. Toute sa carrière politique en est une preuve.

    Ainsi, il met souvent en avant ses qualités bipartisanes en ayant réussi, en tant que gouverneur de Massachussetts, à diriger un Etat où le Congrès était à 87% dominé par les démocrates.

    Mais si l’on reprend son parcours, il n’a pratiquement rien fait à part sa réforme de l’assurance-santé (celle qu’il renie aujourd’hui) parce qu’il a repris les thèses défendues par les démocrates qui ont alors accepté de travailler avec lui sur ce sujet.

    Quant à sa campagne électorale, elle est un condensé éloquent de son changement de cap continuel afin d’obtenir la seule chose qui l’intéresse en réalité, avoir le pouvoir et non le pouvoir de faire.

    Pendant les primaires républicaines, il a été souvent plus à droite que ses adversaires d’extrême-droite qui n’ont d’ailleurs pas hésité à le présenter comme une girouette opportuniste.

    Et, depuis son investiture, il n’a pas cessé de tenter de se recentrer en disant le contraire de ce qu’il disait quelques semaines auparavant.

    Dès lors, plus personne – dont de nombreuses personnalités républicaines - ne sait comment il va gouverner s’il est élu président des Etats-Unis.

    Beaucoup de commentateurs estiment qu’il devra composer avec les thèses jusqu’au-boutistes qu’il a défendues notamment sur l’assurance-santé, sur le rôle du gouvernement, sur les aides sociales, sur les relations internationales et sur les questions de société (comme la contraception et l’avortement).

    On serait tenté d’acquiescer à ce point de vue mais tout cela n’est qu’hypothèses qui peuvent très bien se révéler erronées, notamment si une majorité de républicains est élue à la Chambre des représentants (ce qui sera sans doute le cas) et au Sénat (ce qui ne devrait pas être le cas).

    Nous avons donc, d’un côté, un président sortant qui a démontré sans équivoque son attachement à une vision centriste de la politique et de la société et, de l’autre, un candidat républicain qui se situera, au mieux, au centre par opportunité.

    Le choix est donc clair. Si les Américains veulent avoir un président centriste, ils doivent réélire Barack Obama.

    Alexandre Vatimbella

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  • Trois ans de présidence Obama: entre espoirs et réalités, un bilan centriste discuté

     


     

    Cela fait trois ans que Barack Obama est devenu le premier Afro-américain à être élu Président des Etats-Unis. Trois ans depuis qu’il a été porté en triomphe au poste de l’homme le plus puissant de la planète par des médias ayant perdu tout sens critique et un peuple extatique qui semblait vouloir expier, tout à la fois, une présidence de George W Bush au bilan calamiteux et un passé parfois honteux (l’esclavage puis la ségrégation raciale). Le pays semblait dire qu’il allait, à nouveau, porter haut et fort les couleurs de la liberté et du progrès, lui qui, depuis sa fondation est toujours demeuré une démocratie malgré les vicissitudes de l’Histoire, lui, la plus vielle démocratie du monde.

     

    Au-delà du symbole fort dans des temps troublés (la crise financière battait son plein alors que le pays était engagé dans deux guerres et voyait poindre la Chine dans son rétroviseur), il y avait aussi un homme qui clamait qu’il était bipartisan, voire «post-partisan», qu’il voulait le consensus et revitaliser le rêve américain pour que tous puissent avoir les opportunités de réussir tout en protégeant les plus faibles.

     

    Il y avait également une méthode - l’écoute, le dialogue et le débat avant la décision finale – ainsi qu’une intelligence unanimement reconnue.

     

    Elu dans sa quarantaine, le président a désormais cinquante ans et, au cours de ces trois ans, il a du affronter plus de tempêtes, au sens propre et au sens figuré pendant la durée de son premier mandat qui se terminera en novembre 2012 que la plupart des autres présidents américains (et nous parlons aussi ici des attaques personnelles particulièrement haineuses dont il a été constamment la cible).

     

    Tout ceci aboutira, soit à une réélection, soit à une défaite, l’année prochaine aux élections présidentielles. La première est toujours l’option la plus probable actuellement mais pas pour autant assurée au vu des problèmes que rencontre sa présidence, notamment en matière de faible croissance et de fort taux de chômage.

     

    Au niveau intérieur, aucun président n’a eu autant d’activités législatives même s’il est encore difficile de savoir ce qui demeurera de cette œuvre où l’établissement d’une assurance santé pour la quasi-totalité de la population côtoie la régulation du monde de la finance. Sans oublier les plans de soutien et de relance de l’économie qui ont évité au pays un marasme total sans pour autant faire redémarrer la machine productive autant qu’il l’aurait fallu.

     

    Au niveau extérieur, Barack Obama a beaucoup plus agi que l’on pouvait le penser. A la fin de l’année, l’armée américaine aura quitté l’Irak, le retrait d’Afghanistan est programmé, Ben Laden a été retrouvé et exécuté, Kadhafi a été chassé du pouvoir ainsi que Moubarak et Ben Ali et le crédit des Etats-Unis dans le monde a été en grande partie restauré (même s’il est nettement inférieur aujourd’hui qu’au début de son mandat). Et il a obtenu le Prix Nobel de la paix (sans doute un peu prématurément…).

     

    Mais il est une évidence sur laquelle Obama a du réfléchir en musclant son discours récemment et en choisissant d’être le président de la classe moyenne et des Américains qui ont du mal à boucler leurs fins de mois, ce qui fait l’énorme majorité de la population (majorité qui est, notamment, pour l’augmentation des impôts pour les plus riches).

     

    Cette évidence est qu’un discours consensuel et centriste en période de crise est attaqué sans relâche par les populistes aux propositions démagogiques et irresponsables qui trouvent une oreille bienveillante auprès d’une population angoissée et prête à donner ses voix à ces bateleurs d’estrade (alors même que les sondages plébiscitent une approche bipartisane…).

     

    Certains applaudissent à cette prise de conscience de Barack Obama, eux qui le voyaient se faire marcher dessus sans réagir. D’autres sont déçus de le voir utiliser les mêmes armes que ses adversaires. Mais tous font une fausse analyse. Sur le fond, le président des Etats-Unis n’a pas changé sa manière de gouverner et sa politique, au grand dam de ceux qui voudraient qu’il devienne un nouveau Franklin Roosevelt, oubliant un peu vite de FDR, personnage clivant et le revendiquant, a été incapable de réellement juguler la crise économique avant que celle-ci ne le soit, douze ans plus tard, avec l’entrée des Etats-Unis dans la Deuxième guerre mondiale.

     

    Dans la comparaison, il serait plus un mélange de Theodore Roosevelt et d’Abraham Lincoln, deux républicains…

     

    Reste que, sans doute, Barack Obama n’a pas réussi à amadouer Washington, lui qui venait (comme c’est souvent le cas des nouveaux élus) changer la capitale et ses mœurs politiques particulières. Cette incapacité à s’imposer face aux blocages et aux résistances de l’establishment lui coûte plus cher en termes d’images que de réelle paralysie dans son action même si, c’est vrai, depuis la victoire des républicains aux élections de mid-term en novembre 2010, ces derniers bloquent ses initiatives, notamment en faveur de l’emploi, préférant voir sombrer le pays que d’aider Obama de peur que cela lui permette d’être réélu! Car leur seule politique, c’est de faire du premier président afro-américain, un «one term président», le président d’un seul mandat.

     

    Les trois premières années de Barack Obama ont ainsi montré qu’un homme, aussi talentueux soit-il, ne peut réformer un pays où une partie des élites et de la population ont décidé de détruire plutôt que de construire, s’arcboutant sur des fantasmes et une idéologie extrémistes.

     

    Actuellement, au-delà de la personne d’Obama, les Etats-Unis ont besoin d’une classe politique prête à prendre des risques et à s’unir pour trouver des solutions aux grandes questions du moment (lutte contre le chômage, revitalisation de pans entiers de l’économie, limitation du pouvoir de nuisance des marchés financiers dues à certaines pratiques quasi ou réellement criminelles, refondation du système éducatif, solidarité des plus riches avec les plus pauvres, reconstruction de l’ascenseur social).

     

    Malheureusement, les clivages idéologiques instaurés sous la présidence de Ronald Reagan puis entretenus et augmentés par des républicains cyniques et assoiffés de pouvoir comme Newt Gingrich, Karl Rove, Dick Cheney et quelques autres rendent cette tâche quasi-impossible quel que soit le président en place, démocrate ou républicain.

     

    Les élections de 2012 montreront si les Etats-Unis sont condamnés à une lente perte de leur statut à cause de politiciens à courte vue ou si l’esprit américain peut encore soulever des montagnes.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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