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georges pompidou

  • Présidentielle 2017. Bayrou critique les partis et sacralise la fonction présidentielle

    On connu des centristes qui faisaient l’éloge du Parlement et qui étaient très critiques sur la fonction de président de la république sous le V° République.

    Ce n’est pas (plus) le cas de François Bayrou qui continue à peaufiner son image de présidentiable au cas où une fenêtre s’ouvrirait dans les mois qui viennent.

    Ainsi, au micro de France info, à propos des partis politiques, il «considère que parmi les maux du pays aujourd’hui il y a le fonctionnement des partis politiques – qui ne sont plus du tout des organisations qui pensent à l’avenir et qui favorisent le travail en commun – ils sont exactement le contraire, c’est-à-dire un champ clos à l’intérieur duquel on s’affronte. C’est une organisation de division. Cette partitocratie, comme on dit, qui fait que les partis sont ou bien là pour organiser des prébendes ou bien qu’ils organisent la guerre de tous contre tous à l’intérieur. Ceci ne me correspond pas. Alors, j’ai une réflexion, peut être que j’en ferai part aux adhérents du MoDem assez vite. Je pense qu’il faut changer le fonctionnement des partis politiques.»

     

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  • Présidentielle: où sont les Obama et Trump français?

    Nous autres, Français, sommes étonnés, amusés, voire un peu beaucoup condescendants, de voir que des personnalités comme Barack Obama (un «inconnu» noir), Ronald Reagan (un acteur), Ross Perot ou Donald Trump (deux milliardaires excentriques et narcissiques), Ben Carson (un neurochirurgien démagogue et extrémiste religieux) ou même Dwight Eisenhower (un général sans aucune expérience politique) puissent se présenter à la présidence des Etats-Unis et même parfois être élus.

    Pour certains d’entre nous cela jette un certain opprobre sur les Etats-Unis car la politique, selon notre culture en la matière, est trop sérieuse pour être confiée à ce genre de candidats.

    Pour d’autres, à l’opposé, cela montre la vitalité de la démocratie américaine avec, comme justification, cette extraordinaire victoire de Barack Obama en 2008 et sa non moins extraordinaire réélection en 2012 qui montrait, au-delà du choix partisan, que son élection n’avait pas été un événement sans lendemain issue d’une exaltation passagère et repentante du peuple étasunien.

     

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    Lien permanent Catégories : politique 0 commentaire
  • MoDem – Le virage à droite en phase terminale

    Avec son ralliement presque acté à la grande majorité des listes LR-UDI pour les régionales, le Mouvement démocrate de François Bayrou vient de franchir un nouveau pas décisif dans son ralliement au pôle de droite.

    Créé en 2007, comme son peu illustre devancier, le Mouvement des démocrates, fondé en 1972 par Michel Jobert (1921-2002), ancien ministre des affaires étrangères de George Pompidou, le parti voulait se trouver «ailleurs», en dehors des clivages gauche-droite.

    Surtout, comme son prédécesseur, il avait été créé pour soutenir l’ambition d’un homme, ici François Bayrou, là Michel Jobert.

     

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  • Axe central: Centrisme, gaullisme, socialisme libéral ou seulement opportunisme?

    L’axe central qui regroupe des hommes comme Manuel Valls, François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Pierre Raffarin ou encore Alain Juppé, allant de la gauche modérée à la droite modérée pourrait bien devenir l’axe incontournable de la vie politique française dans les années à venir.

    C’est dire s’il attise les appétits et amène de plus en plus d’ambitieux à s’en revendiquer afin de se l’approprier ou d’avoir une part du gâteau.

    De même, chacun y vient avec sa propre définition ou son propre positionnement politique ce qui fait que cet axe central a encore, pour l’instant, des contours flous qui devraient s’éclaircir au fil du temps s’il doit aboutir, évidemment, à une coalition en bonne et due forme de tous ceux ou d’une grande partie de ceux qui s’en revendiquent.

    Ce qui semble acté c’est que cet espace politique encore informel regroupe des libéraux venus de tous les horizons politiques qui prônent des réformes profondes tout en mettant en avant une modération dans la pratique politique, cette fameuse «médiété» chère au philosophe grec Aristote qui voyait en elle la plus grande vertu.

    Mais tous ne viennent pas avec la même vision politique et beaucoup avec comme principale ou seule motivation de se placer au bon endroit au bon moment.

    En outre, pour certains d’entre eux, il s’agit de centrisme. Pour d’autres, de gaullisme. Pour d’autres encore, d’un socialisme libéral.

    Toutes ces pensées politiques différentes sont certainement solubles en une alliance mais ont de nombreuses divergences que seule la lutte contre la radicalité et l’extrémisme ne suffit pas à réduire à néant.

    L’on peut aussi y voir un simple opportunisme, en tout cas, la volonté de préempter cet axe central en devenir pour ses ambitions présentes et futures.

    Ce pourrait être le cas pour trois des figures les plus médiatiques de celui-ci, Manuel Valls, François Bayrou et Alain Juppé.

    Personne ne remet en cause leur proximité avec le centre de la vie politique et leur attachement aux valeurs libérales, même si elles peuvent être à géométrie variable.

    Néanmoins, personne ne peut nier que ces trois personnalités ont des parcours politiques différents et que des questionnements légitimes peuvent se faire sur leur attachement à cette centralité qu’ils revendiquent.

    Manuel Valls, formé en tant que rocardien, reste, par exemple, attaché à une égalité qui n’est pas seulement des chances et issues de la méritocratie mais qui renvoie à toutes les luttes de la Gauche au cours du dernier siècle.

    Alain Juppé, venu du néo-gaullisme est, lui, un homme souvent attaché aux pouvoirs étatiques face à la société civile et où le pouvoir central conservent de très importantes prérogatives face aux pouvoirs locaux.

    François Bayrou est certainement celui qui a le plus de légitimité à se trouver sur cet axe central mais également celui qui suscite le plus grand nombre d’interrogations!

    Démocrate-chrétien et centriste revendiqué à l’UDF, il entame un virage social-démocrate lors de la création du Mouvement démocrate après les présidentielles de 2007 puis un virage gaulliste pour les présidentielles de 2012 avant de revenir vers le centre-gauche puis de se positionner au centre-droit et à revenir aux alliances avec la Droite.

    Actuellement, il est difficile de définir très exactement le lieu politique de Bayrou et ce qu’il prône.

    Et même si c’est le cas également pour Valls et Juppé, les nombreux allers-retours du président du Mouvement démocrate troublent quelque peu son image.

    En outre, que ce soit pour Juppé ou Bayrou, tout comme la social-démocratie, le gaullisme n’est pas central même si c’est ce qu’aurait voulu le faire croire le Général de Gaulle en quête d’un consensus national extrêmement large qu’il n’a pu en fait réaliser que pendant une courte période à la Libération.

    Bien sûr, que ce soit pendant la Deuxième guerre mondiale, à la Libération ou lors de son retour aux affaires en 1958, il est vrai que des gens de gauche et du Centre l’ont rejoint.

    Mais il est tout aussi vrai que le gaullisme a été principalement un mouvement de droite ce que les présidentielle de 1965 ont démontré avec éclat (avec François Mitterrand et Jean Lecanuet) puis les événements de mai 1968, sans parler de ce qui s’est passé ensuite avec les héritiers revendiqués du gaullisme, Georges Pompidou, Jacques Chirac et même Nicolas Sarkozy.

    Par ailleurs, on voit bien que c’est au nom d’un large rassemblement que Valls, Bayrou et Juppé se positionnent sur l’axe central.

    Mais ils confondent alors souvent une sorte d’union nationale ad minima (tous les modérés contre les extrémistes de chaque côté) et cet axe central.

    Ce faisant, ils participent à lui donner ses contours flous actuels.

    Dès lors, il faudra sans doute attendre les projets politiques – qui tardent mais comme toujours –, plus sûrement les programmes électoraux en vue de la prochaine élection présidentielle (et les éventuelles négociations sur ceux-ci en vue de rapprochements) des personnalités qui veulent rassembler autour de l’axe central pour savoir si, au-delà de discours, de postures et de proximités affirmées, il y a possibilité de contrat de gouvernement pour 2017, voire pour 2022.

    Ou s’il n’y avait là qu’opportunisme même si, au-delà de celui éventuel des différents protagonistes, l’axe central a bien une véritable existence politique.

    Mais il se pourrait, comme souvent dans la politique, qu’il n’y ait pas d’hommes ou de femmes capables de l’incarner.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

     

  • François Bayrou peut-il devenir le premier ministre de Nicolas Sarkozy?

     

     

     

    Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment envie que François Bayrou soit son premier ministre? Au fond de lui-même, on peut en douter. Mais, nécessité faisant loi, il a absolument besoin de le prétendre pour s’accaparer les voix du Centre qui se porteront sur le leader du Mouvement démocrate au premier tour pour avoir une chance de l’emporter face à François Hollande.

     

    Et il doit faire la drague au candidat du Mouvement démocrate afin de tenter d’équilibrer son positionnement électoral face à des déclarations extrêmement clivantes et sensées lui apporter les voix du Front national qui ont rebuté nombre d’électeurs centristes.

     

    Ceux-ci, en effet, doutent encore fortement de leur appui le 6 mai prochain au président sortant, comme le montre les récents sondages.

     

    Néanmoins, admettons que Nicolas Sarkozy nomme François Bayrou après la présidentielle si, évidemment, il est réélu.

     

    Comment, après avoir porté des projets différents, les deux hommes pourront gouverner ensemble et sur quel programme?

     

    Commençons par le plus simple, le programme d’un gouvernement Bayrou sous présidence Sarkozy.

     

    Il est évident que les programmes électoraux des deux hommes se ressemblent peu ou prou pour nombre de mesures économiques ou sociales. Plus important, leurs philosophies sont assez proches sur les efforts à mener, la vision de la société et même sur des sujets comme l’autorité ou la responsabilité individuelle.

     

    On peut même penser que sur des sujets qui les opposent actuellement comme, par exemple, la dose de solidarité dont doit faire preuve la société envers les plus démunis, des compromis peuvent être trouvés.

     

    Il n’est donc pas aberrant d’affirmer qu’un centriste pourrait devenir le premier ministre d’un président de droite en s’appuyant sur les points de convergences programmatiques.

     

    Mais voici le plus compliqué, les relations entre les deux hommes ou, plus fondamental, la différence avec laquelle ils envisagent la manière de gouverner qui est parfois aussi importante que les mesures que l’on prend.

     

    Pendant quatre ans (un peu moins cette dernière année) les propos peu amènes et répétés de François Bayrou sur Nicolas Sarkozy ont démontré un vrai clivage dans ce domaine.

     

    Dès lors, comment François Bayrou pourrait accepter d’être le premier ministre d’un président bling-bling, au discours clivant, au comportement agressif et fonctionnant autour d’un clan, comme le prétend le leader du Mouvement démocrate?

     

    D’autant qu’il y la façon dont Sarkozy a envisagé pendant cinq ans la répartition des rôles avec son premier ministre, François Fillion, qu’il a qualifié de «collaborateur», se mettant constamment en avant et limitant son action.

     

    Bayrou pourra-t-il accepter de n’être qu’un premier ministre sans réel pouvoir et que tout se décide à l’Elysée?

     

    Et puis, se surajoute le problème Bayrou-UMP.

     

    Comment, en effet, le leader du Mouvement démocrate pourrait s’accommoder d’être sous la coupe de l’UMP (d’autant que le nombre de députés du Mouvement démocrate dans la prochaine Assemblée nationale sera peu important)?

     

    Comment, surtout, cette même UMP pourrait accepter de voir un centriste, qui plus est très critique sur le parti de droite depuis cinq ans et même depuis sa création, il y a dix ans, être le titulaire d’un poste si convoité?

     

    Ceux qui voient bien le tandem Sarkozy-Bayrou à la tête de l’Etat citent les exemples de couples improbables Georges Pompidou / Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing / Jacques Chirac ou François Mitterrand / Michel Rocard pour affirmer que des hommes en concurrence, voire en opposition, peuvent gouverner ensemble.

     

    C’est oublier que Pompidou et Chaban ainsi que Mitterrand et Rocard appartenaient au même parti. Et c’est oublier que Chirac avait soutenu Giscard dès le premier tour de la présidentielle. Rien de tout cela entre Sarkozy et Bayrou.

     

    Du coup, la nomination de François Bayrou comme Premier ministre par Nicolas Sarkozy apparait comme hautement improbable au jour d’aujourd’hui. Sauf que, en politique, l’impossible d’hier devient souvent le possible de demain!

     

    Et n’oublions pas qu’occuper la fonction de Premier ministre n’est évidemment pas rien dans la carrière d’un homme politique. En France, elle est juste en-dessous de celle de Président de la république.

     

    Etre à Matignon, pour quelqu’un qui veut peser sur le cours de l’Histoire de son pays est bien mieux que de demeurer isolé au siège de son petit parti, rue de l’Université en ruminant sur un score qui s’annonce très décevant le 22 avril!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • Oui, le Centre et le Centrisme existent messieurs les politologues

    Dans les années 1960-1970, Maurice Duverger, professeur de droit constitutionnel et de sciences politiques alors à la mode, a fait de la négation de l’existence d’un Centre indépendant et d’une pensée centriste originale un fonds de commerce. Selon lui, «toute politique implique un choix entre deux types de solutions: les solutions dites intermédiaires se rattachent à l’une ou à l’autre. Cela revient à dire que le centre n’existe pas en politique: il peut y avoir un parti du centre, mais non pas une tendance du centre, une doctrine du centre. On appelle ‘centre’ le lieu géométrique où se rassemblent les modérés des tendances opposées: modérés de droite et modérés de gauche. Tout centre est divisé contre lui-même, qui demeure séparé en deux moitiés: centre gauche et centre droit. Car le centre n’est pas autre chose que le groupement artificiel de la partie droite de la gauche et de la partie gauche de la droite (…). Le rêve du centre est de réaliser la synthèse d’aspirations contradictoires: mais la synthèse n’est qu’un pouvoir de l’esprit. (…) L’histoire des centres illustrerait ce raisonnement abstrait: qu’on suive par exemple l’évolution du Parti radical sous la Troisième République, celle du Parti Socialiste ou du Mouvement des républicains populaires sous la Quatrième. Il n’y a de centres véritables que par superposition des dualismes: le MRP est politiquement à droite, socialement à gauche; les radicaux, économiquement à droite, mystiquement à gauche, etc.».
    Cet argumentaire permet, à périodes répétées, à de nombreux politologues qui le partagent, de lancer une campagne de négationnisme du Centrisme, en particulier lors de chaque élection nationale, quelles soient présidentielles ou parlementaires.
    Cette présidentielle ne fait évidemment pas exception. Au moment même où François Bayrou se retrouve en grande difficulté dans les sondages et que sa stratégie ne permet pas de l’identifier clairement politiquement – est-ce un hasard?-, trois professeurs des universités, suivant l’exemple de Duverger, jouent la carte du relativisme du Centre dans de récentes contributions et interventions. L’un enseigne les sciences politiques, Pierre Bréchon, à l’université de Grenoble, les deux autres, l’histoire, Serge Bernstein à Sciences Po et Jean Garrigues à l’Université d’Orléans(*).
    Ils reposent un débat sémantique sur le Centre et le Centrisme qui n’est guère anodin car il renvoie, aussi, à la place de celui-ci dans la politique passée mais surtout présente et future.
    Ils reprennent également cette idée que les institutions de la V° République ont vocation à faire disparaître le Centre de la vie politique française par une bipolarisation. Jean Garrigues affirme, par exemple, que «avec la V° République et la présidentialisation des institutions, une bipolarisation de la vie politique française est apparue. Dans cette configuration, le centrisme a vocation à disparaitre ou à se retrouver en situation systématique de ralliement au deuxième tour de la présidentielle. Il peut exister uniquement comme une force d’appoint pour l’élection présidentielle.» Or, depuis 1958, soit cinquante-quatre ans après l’adoption de la Constitution marquant la naissance de cet opus 5, cette prédiction a été contredite par les faits que notre «expert» semble dédaigner…
    La «note» de quatre pages du Cevipof (Centre d’étude de la vie politique de Sciences Po Paris) sur l’indécision des électeurs du Centre écrite par Pierre Bréchon veut donner quelques explications pour comprendre le comportement des électeurs qui votent au centre ou qui se disent du Centre.
    Nombre d’entre elles sont intéressantes et plusieurs sont pertinentes. Mais Pierre Bréchon ne voit le Centre que comme un milieu de la Droite et de la Gauche, affirmant que s’il y a un Centre, il ne peut se définir que par une Droite et une Gauche… «Évidemment, écrit-il, la reconnaissance qu'un parti ou un candidat est centriste n'a rien de naturel. Il dépend de l'ensemble de l'offre politique (on ne situe le centre que par rapport à ce qui l'entoure) et se révèle un enjeu, selon que l'appellation est ou non valorisée dans l'opinion publique». Une opinion partagée par Serge Bernstein qui affirme que «définir le centrisme est à la fois facile… et un peu décevant!». Car, selon lui «il s'agit tout d'abord, si l'on veut, d'un lieu géométrique: les centristes se positionnent comme compromis entre deux extrêmes».
    A quoi, on pourrait leur répondre que s’il y a une Gauche, elle ne peut se définir que parce qu’il y a un Centre et idem pour la Droite mais cela ne semble pas leur avoir traversé l’esprit!
    Du coup, pour Pierre Bréchon, «dans le vocabulaire politique classique, les électeurs du centre sont des personnes qui ne se situent ni à droite, ni à gauche mais s’identifient à une position intermédiaire, entre les deux grands camps de l’espace politique». Malgré tout, continue-t-il, «on pourrait dire qu’il y a à la fois des centristes convaincus et des centristes nominaux, plutôt apathiques du point de vue politique». Très bien. Mais le voilà qui retombe ensuite dans le tropisme du «gauche et droite définissant le centre»: «Ces centristes convaincus affichent des positions intermédiaires entre celles des partisans de la gauche et de la droite. En 2007, ils étaient moins favorables à une régulation de l’économie que les personnes orientées à gauche mais plus favorables que les gens de droite. Dans certains domaines, notamment tout ce qui touche au libéralisme culturel (reconnaissance des droits des étrangers, refus du tout sécuritaire), ils étaient assez proches de la gauche mais très distants des électeurs de droite».
    Notons qu’être «assez proches», n’a jamais voulu dire «être identiques» ou faire siennes les idées des autres. Car, si c’est le cas, on pourrait affirmer que l’énorme majorité de ceux qui votent sont en faveur de la démocratie et qu’étant «assez proches» en la matière, cela signifie, donc, qu’ils sont tous d’un même courant politique ou que les idées de Gauche sont, par exemple, les mêmes que celles de Droite, selon cette thèse de la proximité…
    Quant à Serge Bernstein, parlant d’un positionnement centriste, il explique que «dans tous les cas, le contenu est mouvant par nature». Et n’ayant pas relu ses classiques (dont les écrits du CREC!), ni consulté les programmes centristes tout au long de l’histoire, il peut affirmer péremptoirement: «il n'existe aucune doctrine centriste, et le programme des partis définis comme tels dépend et du lieu et de l'époque, auxquels appartiennent des enjeux politiques et des forces en présence bien spécifiques.» Remarquons qu’une telle phrase s’applique à toutes les doctrines politiques et à tous les programmes de tous les partis si on le souhaite!
    De son côté, Jean Garrigues commence par reconnaître qu’il y a «toujours eu historiquement en France un courant centriste ou une sensibilité centriste, démocrate et chrétienne». Mais pour immédiatement affirmer que ce courant «réunit un certain nombre d’hommes venus de la droite libérale ou de la gauche radicale», excluant ainsi tout positionnement centro-centriste... Selon lui, cette «sensibilité composite» qui est «formée de personnes issues de familles différentes», «partagent certaines valeurs communes : l’humanisme, l’attachement à la République, le christianisme social (conception plus sociale que celle de la droite traditionnelle) et un penchant pour l’Europe, bien sûr.» Une vision quelque peu réductrice. Elle a tout de même l’avantage sur les deux autres de n’être pas caricaturale.
    Au moment de définir le Centre, Pierre Bréchon accepte que ceux qui s’en réclament soient automatiquement déclarés ‘centristes’, sans aucune analyse précise de ce qu’ils disent ou font: «dans certaines élections, identifier les candidats centristes n’est pas évident car le centre n’a pas de frontières claires et il est souvent divisé en un nombre important de petits groupes politiques». Et dirait-il la même chose de la Droite et de la Gauche qui comptent aussi de multiples «groupes politiques», petits et grands? Si Hollande est à gauche, où est Mélenchon et inversement. Même chose pour Villepin et Sarkozy… Pas facile donc de fixer des frontières claires à gauche et à droite! Tout comme le Centre, la Gauche et la Droite ne sont pas monolithiques.
    Et Serge Bernstein, pour nier l’existence d’un Centre indépendant appelle à la rescousse… Georges Pompidou! On se rappelle que le deuxième président de la V° République fut élu au second tour face à un candidat… centriste, Alain Poher. Celui-ci ayant déclaré un jour «je suis centriste», Bernstein en profite pour expliquer qu’être centriste est «un comportement visant à gouverner, non en fonction de vues extrêmes mais en arbitrant en faveur de la plus grande partie de la population et en évitant les excès».
    En fait, cela s’appelle simplement «gouverner au centre», pratique bien connue des extrêmes qui, après avoir tout promis lors des campagnes électorales, sont bien obligés de se confronter à la réalité et à agir en fonction de celle-ci et éviter à tous prix de mettre en œuvre leurs promesses électorales, non seulement irréalistes, mais très dangereuses. Serge Bernstein ne dit d’ailleurs pas autre chose: «de fait, on trouve un tel pragmatisme de la part de beaucoup de gouvernements : ce sont en général les ‘modérés’, de droite comme de gauche, qui occupent les fonctions exécutives».
    Enfin, en historien, Serge Bernstein termine sa démonstration par cette idée que le Centre est une arlésienne. Il affirme ainsi que «le centrisme refait son apparition lors des élections présidentielles de 2007 et de 2012 (nda: quid de toutes les autres présidentielles de la V° République où un candidat centriste a toujours été présent, sauf peut-être en 1995, sans parler de toutes les élections parlementaires, municipales, etc.), avec un argumentaire qui rejette à la fois le bilan de la droite et celui de la gauche, tout en reprenant une partie du programme de chacun».
    Nos trois compères ne sont évidemment pas les seuls dans le milieu universitaire à considérer que seule l’opposition droite-gauche structure le paysage et le débat politiques en France (et même ailleurs), le reste des positionnements politiques devant, inévitablement, entrer dans ce schéma réducteur et… faux.
    Historiquement, les gens du Centre, au centre, du milieu, de la modération, de la «médiocrité» (dans son sens premier de modéré et du milieu et non dans celui péjoratif qu’il a acquis), ne se définissent pas par rapport aux extrêmes mais par rapport à une vision de la société qu’ils veulent ouverte et tolérante pour tous, permettant à chacun de se réaliser. De ce point de vue, ils estiment que les extrêmes donnent de mauvaises solutions pour gérer la société, sans pour autant que leur pensée soit structurée à la base par lesdits extrêmes. Mais c’est la même chose avec les extrêmes qui estiment que le Centre propose de mauvaises solutions…
    Dès lors, faire à nouveau du Centrisme une pensée avec une pincée de sel de droite et une pincée de poivre de gauche ou inversement est une escroquerie intellectuelle. Ici, dans Le Centrisme et au CREC, nous expliquons depuis longtemps qu’il existe réellement une pensée centriste, un Centrisme aux valeurs humanistes et au principe du juste équilibre. Bien entendu, tout comme le socialisme ou le corpus des idées définissant la Droite, cela ne veut pas dire que les partis ou les politiques qui s’en réclament les mettent réellement en pratique lorsqu’ils sont au pouvoir. De même, quand la Droite ou la Gauche, minoritaires, entrent dans des coalitions pour gouverner, elles ne peuvent imposer leurs idéologies respectives. Pour autant, elles demeurent Droite et Gauche.
    On aimerait que les spécialistes de la politique, quelles que soient leurs appellations, se rappellent que les critères qu’ils appliquent au Centre pour le nier doivent également s’appliquer à la Droite et à la Gauche si l’on veut avoir un vrai débat sérieux. Et si c’était le cas, parions que la pratique du Parti socialiste ferait de grands écarts par rapport à la «pensée de Gauche». Même chose pour l’UMP et la «pensée de Droite». L’existence d’une pensée centriste est indépendante de ceux qui affirment la mettre en pratique. Et, au même titre que les pensées de la Gauche et de la Droite, elle structure le débat politique dans une démocratie et, ce, depuis que celle-ci existe.

    Alexandre Vatimbella

    (*) «Des électeurs du Centre encore très incertains de leur vote», Pierre Bréchon, note du Cevipof / Interview de Serge Bernstein, site web Toute l’Europe / Interview de Jean Garrigues, site web Atlantico