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centrisme - Page 44

  • Ne pas confondre le Centre avec le centre de la vie politique

    Pour les médias américains, le centre politique se trouve évidemment quelque part à équidistance des deux principales formations du pays, le Parti républicain et le Parti démocrate, quel que soit le positionnement de l’un ou de l’autre.

    Fort de ce principe, nombre de journalistes et commentateurs outre-Atlantique, au nom de l’équilibre qui doit régir leur traitement de la vie politique sont tombés dans le piège tendu par les extrêmes.

    Ce fut le cas dans les années 1960 où la diabolisation de la guerre du Vietnam par une partie de la gauche extrême a fini par définir l’étalon de la réflexion à son sujet et imposer un débat qui déplaçait le curseur de la modération vers les positions radicales de la gauche.

    C’est à nouveau le cas aujourd’hui mais, cette fois-ci, avec la droite extrême et ses vues - devenues largement majoritaires au sein du Parti républicain - sur les questions économiques, financières et fiscales (sans parler des questions sociétales) qui ont fini par déplacer ce curseur nettement à droite.

    Or ce principe est totalement erroné.

    En l’adoptant, on en arrive à identifier le «centre politique» avec le «centre de la vie politique à un moment donné», ce qui n’est pas du tout la même chose.

    Ici, les journalistes et les commentateurs confondent objectivité et vue équilibrée.

    Ainsi, en pratiquant cette vue, ils ont entériné le tour de passe-passe des extrémistes du Parti républicain.

    Celui-ci a consisté, d’abord à droitiser les positions républicaines, donc à déplacer vers la droite le centre de la vie politique actuelle et ainsi à faire croire que le centre politique également se trouvait désormais plus à droite.

    En demandant ensuite sans relâche au président Obama de faire un pas vers leurs nouvelles positions pour être soi-disant au centre et bipartisan alors qu’il l’était depuis le début de son mandat, ces extrémistes ont réussi en entraîner de nombreux médias avec eux dans cette supercherie.

    Le but était, au bout du compte, que les médias considèrent que le président s’était déporté sur sa gauche alors que son positionnement n’avait pas bougé d’un iota…

    C’est ce qui s’est passé même si, récemment, nombre de journalistes ont réactualisé leurs positions en parlant de la dérive droitière des républicains.

    Les élections de novembre prochain remettront peut-être les choses à leur place.

    Cet exemple d’intoxication idéologique permet, en tout cas, de réaffirmer que le Centre n’est pas une sorte de modération molle à équidistance des positions de la Gauche et de la Droite mais qu’il véhicule bien une pensée originale qui ne se laisse pas définir par le débat conjoncturel entre cette Droite et cette Gauche.

    Ce qui vaut pour les Etats-Unis, vaut également pour la France.

    Car, tout autant que les médias américains, les français estiment largement que le Centre est également un synonyme du centre de la vie politique.

    Une première remarque sur cette confusion malheureuse serait de dire que c’est toujours le Centre qui définit la Droite et la Gauche.

    Donc, si un positionnement politique est plus proche d’un autre, ce serait la Droite ou la Gauche qui seraient plus proche du Centre que l’inverse…

    Mais, au-delà de cette évidence (sans centre pas d’extrême, il ne peut exister une gauche et une droite dans la vie que par rapport à un axe central), le Centre n’est évidemment pas réductible à un bout de Gauche et un bout de Droite.

    Gouverner par le juste équilibre dans le but d’établir une société humaniste basée sur les valeurs de la liberté, de la tolérance, de la solidarité et le respect afin de garantir à tous les membres égaux d’une communauté - et sans aucun clientélisme de classe, de revenu, d’origine ou de tout autre acabit - de pouvoir s’épanouir et se réaliser à tous les niveaux ainsi que, surtout, s’émanciper pour profiter de leurs qualités et de leurs capacités dans la responsabilité, c’est-à-dire d’être à la fois responsables de leurs actes mais également d’être responsables de leurs existences qui leur appartiennent en les gérant comme bon leur semble dans le respect de l’autre, est le projet centriste.

    Plus fondamentalement, le concept de centre ne s’applique pas au milieu de la vie politique, ni ne se définit en référence à une droite et une gauche mais relève d’une démarche de philosophie politique mettant en avant la notion de juste équilibre pour bâtir une société la plus humaniste et harmonieuse possible qui n’a rien à voir avec un milieu géométrique ou géographique.

    Le Centrisme est ainsi une pensée qui veut qu’équilibre régisse le fonctionnement de la société afin de permettre à tous les intérêts individuels d’être maximisés sans en avantager certains par rapport à d’autres et que ceux-ci se réunissent, in fine, en un intérêt collectif partagé par tous caractérisé par le vivre bien ensemble.

    Le Centre est ainsi au centre de la société mais pas au centre de la vie politique et ne se détermine pas par la Gauche ou la Droite mais par rapport à un équilibre sociétal.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • François Bayrou tente de reprendre la main face à l’UDI de Jean-Louis Borloo

    «J'ai toujours été un militant de l'unité du Centre qui est la condition indispensable pour que le Centre existe dans la vie politique française. Alors, je dis à Jean-Louis Borloo: si c'est vraiment l'unité qui est le but à atteindre, faisons-la ensemble.»

    Voilà ce que François Bayrou a déclaré sur Europe 1, ce dimanche, reprenant d’autres de ses propos allant dans le même sens ces derniers jours.

    Pourquoi une telle déclaration de la part de celui qui estimait il y a encore peu être le seul vrai leader centriste légitime, que le Centre était au centre et non pas au centre-droit où se positionne Jean-Louis Borloo et qui n’a pas pardonné à la plupart des élus de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) ce qu’il estime avoir été une trahison envers lui, eux qui le quittèrent entre 2002 et 2010.

    La réponse est duale: François Bayrou ne peut ignorer cette réunion centriste et ce, d’autant, qu’elle menace à terme l’existence même de son parti, le Mouvement démocrate, mais pour continuer à exister politiquement il doit, soit réduire l’importance de l’UDI, soit la phagocyter.

    Non seulement Jean-Louis Borloo a réussi à préempter l’espace centriste mais, en plus, de nombreux membres du MoDem quittent le navire bayrouiste pour s’encarter à l’UDI.

    Afin d’éviter l’hémorragie qui se profile, Bayrou a envoyé une lettre à ses militants pour leur dire qu’il était pour la réunion du Centre et qu’il fallait que tous les sensibilités de ce dernier travaillent ensemble.

    Il a même expliqué que dans cette réunion «ceux qui sont plus à droite défendront leur position à l'intérieur d'un ensemble, ceux qui veulent un Centre indépendant le feront aussi...la ligne politique, nous la définirons ensemble» ce qui est un reniement de ses positions passées sur la définition de ce qu’est le Centre et de son indépendance.

    Il a également ajouté que la double-appartenance politique pourrait être autorisée au MoDem.

    Bien sûr, quand François Bayrou dit à Jean-Louis Borloo, «faisons ensemble l’unité du Centre», cela veut aussi dire «chiche» et peut permettre ensuite au leader du Mouvement démocrate de démontrer que celui du Parti radical n’est pas un vrai rassembleur…

    Sans oublier que, au jour d’aujourd’hui, l’intégration du MoDem dans l’UDI poserait un problème de cohérence politique.

    Jean-Louis Borloo a rappelé sans cesse que son nouveau parti serait «indépendant» mais il a aussi rappelé avec la même insistance que les seules alliances électorales et gouvernementales de l’UDI seraient avec l’UMP ce qui est en contradiction totale de la vision de François Bayrou qui souhaite laisser ouvertes toutes les possibilités d’alliances avec la Droite et la Gauche.

    Accueillir le Mouvement démocrate dans l’Union des démocrates et indépendants serait peut-être, alors, introduire le ver dans le fruit pour Borloo et ses amis, ce qui est peut-être le but de Bayrou.

    Refuser cet accueil, à l’opposé, pourrait relativiser le nouveau parti en le cataloguant comme un simple appendice de la Droite, ce qui est peut-être, aussi, le but de Bayrou!

    Et puis, si cette intégration se faisait, comment éviter, à court et moyen terme, des clashs entre les visions antagonistes et entre des hommes qui ont encore bien des différends à régler?

    Autre question d’importance, quelle place peut revendiquer aujourd’hui François Bayrou dans un Centre réunifié après sa défaite aux présidentielles et la déroute de ses troupes aux législatives? La première? La deuxième? Une place parmi les chefs sans plus de précision?

    Connaissant l’homme, il est peu probable qu’il souhaite devenir un militant comme les autres.

    D’ailleurs, il a déjà signifié qu’il n’y avait que deux leaders au centre, Jean-Louis Borloo et lui-même.

    Mais on voit mal Borloo s’effacer devant Bayrou, ni même partager la première place avec lui.

    N’oublions tout de même pas que la proposition de François Bayrou peut consister en une simple alliance entre l’UDI et le Mouvement démocrate (notamment lors des élections).

    Du coup, il pourrait tenter de remplumer son parti en terme d’élus par ce biais et lui permettre de peser beaucoup plus qu’actuellement, ce qui se ferait grâce à Jean-Louis Borloo…

    Est-ce donc une partie de poker-menteur qui est en train de se mettre en place ou sont-ce les prémisses d’une vraie union du Centre?

    L’histoire des centristes sous la V° République montre qu’il n’y a pas de pronostics fiables en la matière!

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Centre indépendant: pourquoi François Bayrou a échoué

    Au moment où Jean-Louis Borloo est proche de réunir une grande partie de la famille centriste, l’échec de François Bayrou de se bâtir un espace politique spécifique pour ses visées élyséennes est-il celui, également, de la construction d’un Centre réellement indépendant?

    Historiquement parlant, cette tentative n’est pas la première et ne sera pas la dernière.

    A côté des tenants d’un Centre qui trouve «naturellement» sa place à gauche ou, plus sûrement, à droite, il y a toujours eu des partisans d’un Centre qui ne doit rien à personne et, surtout, qui n’a besoin de personne pour lui dire où il est.

    Mais, comme il est malheureusement facile de le constater, toutes les entreprises pour le faire vivre dans l’espace politique de la V° République ont échoué.

    Au bout du compte, les centristes ont du se rallier, un peu à gauche et beaucoup à droite.

    François Bayrou n’est donc que le dernier en date d’une longue liste de ceux qui prétendent, avec raison, que la voix du Centre est unique et insoluble dans celles de la Droite et de la Gauche mais qui n’ont pas pu imposer cette vision dans le paysage politique français.

    Alors que se pose l’existence même du Mouvement démocrate (qui semble se déchirer entre plusieurs chapelles) qui devait être le bras armé de Bayrou pour sa conquête du pouvoir, les raisons de son échec sont particulières à sa tentative, n’induisent pas une répétition sans fin de l’impossibilité de l’entreprise et n’interdisent pas un succès dans le futur.

    Pourquoi?

    D’abord, parce que le président du MoDem a confondu indépendance et solitude. François Bayrou a joué sur le parcours de l’homme solitaire (avec comme références le Général de Gaulle et François Mitterrand) pour deux raisons.

    La première a été de tuer la concurrence au centre - d’où un leadership peu démocratique à l’intérieur de l’UDF puis du Mouvement démocrate (tous ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre sont partis ou ont été marginalisés) -, ne désirant aucune réunion du Centre autrement que par la forme d’un ralliement inconditionnel à sa personne.

    La deuxième, au niveau national a été de démontrer que le Centre n’avait besoin d’aucune alliance pour exister et gagner, ce qui évidemment était un contresens politique.

    Résultat, un parti qui est largement une coquille vide, sans personnalités de premier plan autre que Bayrou et qui s’est pris des raclées à toutes les élections après la présidentielle de 2007. En outre, une indépendance vis-à-vis de la Gauche et de la Droite qui a été dévoyée en un «seul contre tous» qui ne peut évidemment réussir quand on ne peut s’appuyer, au mieux, que sur un socle électoral de 15% à 20%.

    Ensuite, il a refusé de structurer son parti.

    La raison essentielle est qu’il a fait une fixation sur l’élection présidentielle et son destin qui devait le conduire à l’Elysée.

    Selon lui, toutes les élections intermédiaires sont liées à la présidentielle. Dans cette optique, il suffit de gagner celle-ci pour changer en profondeur le paysage politique français et bâtir une majorité autour du chef de l’Etat nouvellement élu.

    Or, cette affirmation n’est confirmée par aucun précédent. Même Valéry Giscard d’Estaing, lorsqu’il gagne la présidentielle en 1974 possède un parti structuré avec nombre d’élus (sans parler des ralliements multiples à sa candidature).

    L’autre raison a déjà été pointée, c’est qu’il ne voulait surtout pas promouvoir, à l’intérieur de son parti, des hommes et des femmes qui auraient pu lui faire de l’ombre.

    De même, il a navigué trop souvent à vue.

    François Bayrou se dit aujourd’hui centriste et le seul légitime à en être le leader naturel (même si tout récemment il a estimé que Jean-Louis Borloo pouvait l’être également) sauf qu’en 2007 il disait ne pas se reconnaître dans ce terme!

    De même, il a changé son fusil d’épaule plusieurs fois et sans raison apparente sur sa proximité idéologique avec la Droite ou la Gauche.

    Enfin, il a été incapable de donner une véritable pensée structurée à son entreprise et les bases de son action sont demeurées floues.

    Sans parler de savoir avec qui il pouvait gouverner en cas de victoire.

    Tout cela met-il François Bayrou hors-jeu définitivement?

    En politique, il convient de rester prudent. D’autant qu’il est évident qu’actuellement le président du Mouvement démocrate est, de toutes les personnalités centristes, celle qui se positionne au plus près du centre du Centre pendant que ses anciens amis revendiquent désormais l’étiquette centre-droit et une alliance uniquement avec l’UMP.

    Reste son appel à voter pour François Hollande.

    Même si celui-ci ne peut se comprendre sans avoir à l’esprit cette volonté de démontrer que le Centre n’est ni à Droite, ni à Gauche et cette obligation qu’il avait de définitivement le prouver en basculant au moins une fois vers la Gauche après avoir été pendant si longtemps proche de la Droite, il n’en demeure pas moins que cet appel a laissé des traces qui vont être difficiles à effacer rapidement.

    D’autant que l’avenir à court terme de François Bayrou passe par un échec de la Gauche!

    Il ne peut être l’homme providentiel ou plus simplement redevenir crédible que si le gouvernement actuel failli et que la Droite projette encore l’image négative de sa défaite dans l’opinion publique.

    C’est d’ailleurs son positionnement comme il l’a expliqué lors d’une interview au Journal du Dimanche le 8 septembre dernier où, loin de prendre le recul dont il parlait après les législatives et sa défaite personnelle, il reparle, sans la nommer, de cette union nationale qu’il confond trop souvent avec le gouvernement du juste équilibre et du consensus qui est la marque du Centre et dont il se verrait bien être le leader.

    L’ambition politique dont il est, à l’instar de beaucoup de ses confrères rempli, est un de ses atouts. N’a-t-on pas donné le pouvoir à des gens qui ne se cachaient pas de le vouloir à tout prix comme Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac et Sarkozy?...

    Quant au Centre, les différentes manœuvres autour de sa réunification démontrent - à l’opposé de ce que beaucoup affirment péremptoirement - qu’il n’est pas introuvable ou définitivement marginalisé.

    Pour autant, il continue à subir les contrecoups de tous ceux qui tentent de le récupérer pour leurs ambitions personnelles, que ce soit François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Jean-Pierre Raffarin ou d‘autres.

    L’ambition politique n’est pas en soi négative, elle ne le devient quand elle n’est qu’un opportunisme. Un maux que connait trop bien le Centre.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Ni la Droite, ni la Gauche n’aiment le Centre

    Les centristes voudraient bien se faire aimer de la Droite et de la Gauche. Ils ont bien torts.

    Si la Droite et la Gauche leur font parfois les yeux doux, ce n’est pas par amour mais uniquement pas intérêt. Ni la Droite, ni la Gauche n’aiment le Centre.

    Ce qui n’est pas vrai du Centre qui n’a pas d’animosité préconçue vis-à-vis de la Droite et de la Gauche, ceci découlant de sa vision humaniste et de sa volonté de consensualisme.

    Pour ne pas oublier le peu d’égards de la Droite et de la Gauche envers le Centre, que l’on se rappelle seulement des propos désobligeants du Général de Gaulle ou des railleries de François Mitterrand sur les centristes.

    Que l’on n’oublie pas, non plus, les attaques dures et insultantes de Jacques Chirac contre l’UDF, le parti de l’étranger.

    Mais l’on pourrait faire des listes sans fin sur le sujet en France et ailleurs

    Quand les centristes gouvernent dans le monde, partout ils sont accusés par la Droite d’être trop à gauche et par la Gauche d’être trop à droite! C’est le cas de Barack Obama actuellement et ce fut celui de Bill Clinton en son temps aux Etats-Unis.

    Sans parler de ce paradoxe frisant le ridicule et, plus grave, l’irrespect: pour la Droite et la Gauche, le Centre n’existe pas (ce n’est, selon elles, qu’une Droite ou une Gauche molle et insipide, voire les deux à la fois)… sauf quand on en a besoin pour les élections!

    Ceux-là mêmes qui attaquaient les centristes pour leur inconsistance, leur font alors la danse de la séduction.

    Mais cela ne dure que le temps d’une élection.

    La Droite et la Gauche ont alors besoin du Centre et, plus sûrement, des électeurs centristes qu’on tente de récupérer avant qu’ils ne mettent leurs bulletins dans l’urne pour ensuite les ignorer et marginaliser les partis qui les représentent.

    Savoir que la Droite et la Gauche ne l’aiment pas est essentiel pour le Centre.

    Non pas pour se plaindre ou se décourager, loin de là, mais, au contraire, pour revendiquer haut et fort toute sa place dans le spectre politique.

    D’une part, cela doit lui permettre d’affirmer son existence indépendante ainsi que ses valeurs et ses principes sans que ses représentants ne se sentent sans cesse dans l’obligation de plaire à leurs homologues de droite ou de gauche.

    D’autre part, cela doit permettre aux partis centristes de négocier de claires alliances électorales et de gouvernement, que ce soit avec des partis de droite ou de gauche, sans être dans une position d’obligés.

    Car, si les «bons» centristes pour la Gauche et la Droite sont ceux qui se rallient et acceptent les strapontins, le Centrisme est d’une autre dimension et nécessite du courage politique.

    Au moment où, après avoir détruit méthodiquement l’espace du Centre dans des querelles mesquines et des ambitions personnelles dérisoires, les leaders centristes s’engagent encore une fois dans un processus de réunion, il serait bon qu’ils fassent preuve d’une mémoire lucide pour ne pas retomber dans leurs erreurs passées en la matière.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Drôle de refondation du Centre

    Or donc certains leaders centristes ont annoncé péremptoirement une refondation du Centre dans les semaines à venir.

    Mais quelle drôle de refondation quand elle se fait sans une de ses principales composantes et sous l’égide d’un leader qui déclarait il y a encore peu qu’il n’était pas un centriste mais un républicain social et écologiste de droite (et remarquons que le groupe qu’il préside à l’Assemblée national, l’UDI, ne fait aucune mention du Centre dans son intitulé).

    Bien sûr, les promoteurs de ce qui devrait être une nouvelle confédération calquée sur feue l’UDF (réunion de plusieurs partis qui gardent leurs identités avec la possibilité d’adhésions individuelles), ont précisé qu’il s’agissait de la refondation du centre-droit.

    Dont acte, même s’il y a peu, ces leaders affirmaient vouloir réunir tous les centristes…

    Mais, en conséquence de quoi, cela ne les autorise donc plus à parler au nom du Centre dans sa globalité comme ils le faisaient jusqu’à présent.

    Et cela laisse une composante essentielle du Centre au dehors de cette confédération et dont la légitimité est au moins aussi grande que celles qui sont au-dedans.

    De même, ils font à nouveau le pari de remettre leur destin entre les mains d’un homme qui n’est pas du Centre, se mettant à la merci d’une OPA politique, comme hier avec Valéry Giscard d’Estaing ou Edouard Balladur.

    Comme si les centristes ne pouvaient être réunis que par une personne extérieure à leur famille.

    Voilà qui est dommageable pour Centrisme et qui montre encore l’immaturité des leaders du Centre ainsi que les dégâts de leurs petites querelles personnelles.

    Reste à savoir si cela sera une fois de plus ou une fois de trop.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Obama, un bilan centriste?

    A deux mois de l’élection présidentielle américaine, il est temps de faire un bilan du mandat de Barack Obama.

    Celui-ci a été évidemment réalisé en profondeur par les médias américains.

    Concernant la situation et l’atmosphère lors de son mandat, il en ressort tout d’abord – chez ceux qui cherchent à avoir une approche la plus objective possible – que le président sortant a été confronté à la pire crise économique depuis la Grande dépression (que l’on appelle désormais le Grande récession)

    Mais il a aussi dû faire face à une opposition sans répit, dure, frontale et totale des républicains ainsi qu’à une guérilla de sa gauche démocrate, les premiers le trouvant trop à gauche et les seconds trop à droite, comme d’habitude quand on se retrouve au centre de l’échiquier politique….

    Mais, ajoutent-ils, Barack Obama n’a pas été le communicateur charismatique que l’on attendait de lui au vu de sa formidable campagne de 2007 face à Hillary Clinton puis à John McCain.

    Il s’est montré étonnamment incapable de vendre ses réussites quand ses adversaires n’avaient, eux, aucun mal à pointer du doigt ses échecs et, même, à transformer certaines de ses réussites en fiascos!

    Sans oublier, l’évidente différence qui est petit à petit apparue entre le mythe du rédempteur providentiel et la réalité d’un homme aussi talentueux fut-il mais humain qui a engendré une grande déception parmi de nombreux électeurs, surtout les jeunes.

    Ceux-là voulaient voir dans le premier président afro-américain de l’histoire des Etats-Unis, une sorte de héros comme en produit Hollywood et qui allait transformer le pays et le sauver d’une classe politique inefficace et corrompue.

    Il s’agit là de la première grande incompréhension entre Obama et les Américains.

    Depuis le début de son engagement politique, Barack Obama a toujours rejeté la radicalité et prôné sans relâche la recherche des solutions les plus efficaces mais aussi les plus consensuelles, croyant à la capacité des individus à s’unir sur les questions essentielles.

    Il a toujours préféré la discussion à la décision unilatérale.

    Il suffit de se pencher sur ses accomplissements politiques, ses discours et ses livres pour en être convaincu.

    Et après un exercice du pouvoir de quatre ans, il est le même dans ses valeurs et ses principes.

    Bien sûr, lors de la campagne de 2007, il avait proposé explicitement le changement («Change we believe in») et a affiché un volontarisme communicateur («Yes we can»).

    Pour autant, si l’on relit ses dires de l’époque, on ne trouve aucune volonté de bousculer l’ordre établi, aucun rêve d’une révolution partisane, aucune idée d’installer le paradis sur terre, juste l’envie de bâtir une société apaisée et dynamique.

    Quant à son action, il fut considéré lors des deux premières années de son mandat comme le président qui a passé le plus de lois qu’aucun autre, plus que Franklin Roosevelt du temps de son New Deal ou Lyndon Johnson du temps de sa Great Society.

    Mais l’échec de son parti aux élections de mi-term en novembre 2010 avec la perte de la majorité à la Chambre des représentants au profit des républicains a bloqué tout le système et peu de nouvelles mesures ont été prises depuis.

    Reste que la loi sur l’assurance-santé pour tous, le stimulus chargé d’éviter l’effondrement de l’économie, le sauvetage du secteur automobile, la loi sur la régulation financière sont, parmi d’autres, d’incontestables succès d’Obama.

    En outre, ceux-ci ont été considérés comme trop interventionnistes par les réactionnaires de droite et trop timides par les étatistes de gauche (un brevet de Centrisme, donc!).

    Sans oublier l’élimination d’Oussama Ben Laden, le retrait réussi d’Irak (pour les Américains) et un monde qui ne déteste plus l’Amérique comme au temps de George W Bush.

    L’ensemble de ces réalisations évoque une volonté de mettre en place une société plus juste, plus solidaire, plus tolérante et plus performante sans toucher aux fondements du libéralisme politique et d’une économie de marché.

    Ce qui fait sans conteste de Barack Obama un humaniste.

    Quant à son bilan politique, il est incontestablement centriste même s’il a un goût d’inachevé.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Une rentrée vérité pour les centristes

    Au début de l’été, nous avions laissé les partis centristes groggys après les échecs des élections présidentielles et législatives.

    Démoralisés et se battant pour leur survie, ils ont paru, malheureusement, incapable de prendre la mesure exacte de leur déconfiture pourtant annoncée depuis longtemps par tout observateur un tant soit peu réaliste.

    Au lieu de faire le constat de leurs faiblesses et d’en tirer les leçons, ils se sont repliés dans une posture frileuse ainsi que dans des règlements de compte souvent minables.

    Bien sûr, il y a eu déclarations et agitations sur la refondation d’un espace centriste autour d’un parti unique ou d’une confédération.

    Celles-ci qui n’ont abouti, pour l’instant, qu’à une OPA du Parti radical et de Jean-Louis Borloo - avec la création du groupe UDI (Union des démocrates et indépendants) à l’Assemblée nationale -, ce dernier ayant été assez opportuniste et intelligent pour prendre de vitesse ses concurrents et s’autoproclamer chef des centristes tout en expliquant qu’il n’en était pas un!

    Reste que l’on ne sait pas grand-chose de ses plans sauf qu’il aimerait bien fonder un parti à sa dévotion pour le mettre sur orbite pour la présidentielle de 2017 alors qu’il n’a pas eu le courage de le faire en 2012.

    Mais il n’est pas du tout sûr de parvenir à ses fins.

    Face à lui, il y a, entre autres, le président du Nouveau centre, Hervé Morin qui, lui, avait ce courage mais qui s’est pris une veste n’arrivant même pas à réunir 500 signatures pour aller jusqu’au bout de sa candidature.

    Ce dernier hait autant Borloo que ce dernier le déteste.

    Obligé d’adhérer à l’UDI pour ne pas se retrouver tout seul, Morin veut maintenant la contourner en mettant sur pied un nébuleux «partenariat» avec l’UMP…

    De même, alors que Borloo prône une «opposition constructive», le président du Nouveau centre parle d’«opposition frontale».

    Hervé Morin, redevenu aussi vite sarkoziste qu’il avait été un adversaire déterminé de l’ancien président de la république en le traitant de tous les noms après sa sortie du gouvernement, navigue en eau trouble, ce qui pourrait lui en coûter plus qu’il ne le pense.

    Mais a-t-il d’autres choix s’il veut encore exister politiquement?

    D’autant que son ancien second, Jean-Christophe Lagarde (qu’il hait autant que Jean-Louis Borloo…), a pris date en créant avant les vacances la FED (Fédération européenne démocrate) avec plusieurs élus du Nouveau centre et que l’avenir semble lui appartenir nettement plus qu’à Morin.

    Car si la FED s’est fixée comme premier but de se mettre au service de Jean-Louis Borloo dans son entreprise de mettre la mains sur le Centre, Jean-Christophe Lagarde a une ambition qui cadre mal avec cet altruisme déclaré…

    Il ne serait guère étonnant que le député de Seine-Saint-Denis soit un concurrent sérieux de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy dans les années à venir même s’il est devenu, également, le porte-parole de l’UDI.

    Face à Borloo, il y a aussi François Bayrou dont le Mouvement démocrate peine à encaisser la gifle des présidentielles et des législatives, le laissant actuellement atone.

    Bayrou a décidé de prendre du recul et certains de ses amis souhaitent que celui-ci se prolonge indéfiniment alors que d’autres sont déjà prêts à se rapprocher, soit de la majorité de gauche, soit d’un encore hypothétique rassemblement centriste (même si aucun membre du MoDem ne fait partie de l’UDI).

    Ce qui pose évidemment la question de l’avenir du parti.

    Pourra-t-il se relever de ce nouvel échec ou va-t-il imploser?

    La réponse viendra dans les mois qui viennent.

    On le voit, cette rentrée politique va être cruciale pour la mouvance centriste.

    Sera-t-elle capable de prendre la mesure des défis?

    Le passé récent n’incite guère à l’optimisme.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La réunion des centres n’est pas pour demain

    Jean-Louis Borloo a bien expliqué qu’il cherchait à réunir le centre-droit dans une confédération ou un parti. Du coup, s’il existe un centre-droit, c’est qu’il existe, par définition, un centre-gauche.Et s’il existe une droite et une gauche centristes, c’est par rapport à quelque chose qui se trouve entre les deux, le centre-centre, l’extrême-centre ou, tout simplement, le Centre.

    Bien entendu, comme je l’ai affirmé de nombreuses fois, il n’est pas facile d’être positionné sur ce Centrisme du juste équilibre qui définit l’espace politique du Centre car l’on peut pencher parfois trop à gauche ou trop à droite, l’important étant, néanmoins, de toujours rétablir l’équilibre in fine. De même, être du Centre n’est pas de tout repos puisque c’est avoir des adversaires politiques des deux côtés de l’échiquier politique, d’autant que s’y ajoutent le centre-gauche, souvent allié de la gauche et le centre-droit de la droite (ces centres sont parfois dans un même parti avec la Gauche ou la Droite) avant même toute discussion sur un projet ou un programme. Pour autant, il y a donc trois façons d’être centriste ou au centre de l’échiquier politique si ce n’est du Centre.

    Pour rendre plus compréhensible mon propos, choisissons de le personnaliser avec les trois B: Jean-Michel Baylet des radicaux de gauche (centre-gauche), François Bayrou du Mouvement démocrate (centre-centre) et Jean-Louis Borloo du Parti radical (centre-droit). Ce n’est d’ailleurs fait injure à aucun de ces trois-là puisque chacun d’eux revendique l’étiquette que je viens de leur attribuer. Le seul questionnement pertinent est l’exact positionnement de François Bayrou qui a varié ces dernières années mais force est de reconnaître qu’il n’est ni du côté de Baylet, ni de celui de Borloo. C’est d’ailleurs cela qui fait, entre autres, que la réunion des centres n’est pas pour demain. Il semble, en l’état, impossible que le Mouvement démocrate de François Bayrou rejoigne l’UDI (Union des démocrates et indépendants), le groupe parlementaire créé et dirigé par Jean-Louis Borloo et qui réunit tous les partis qui s’affirment du centre-droit par la voix de leurs leaders (un seul pourrait être plus central, Force européenne démocrate, le nouveau parti de Jean-Christophe Lagarde, mais ce dernier est le porte-parole de l’UDI, positionnée explicitement au centre-droit).

    La preuve, le nouveau refus de Jean Lassalle (un des deux députés du MoDem, l’autre étant rattaché au groupe des Radicaux de gauche) d’en faire malgré tous les efforts déployés par ses membres pour cette «prise de guerre» hautement symbolique. Autre évidence que la réunion des centres n’est pas à l’ordre du jour, l’absence des Radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet à toute discussion sur un Centre uni. Même si Baylet a évoqué cette possibilité plusieurs fois au cours des dernières années (la marginalisation de son parti par les socialistes en étant une des raisons), la présence des Radicaux de gauche dans la majorité présidentielle et dans le gouvernement dirigé par les socialistes montre que l’éventualité d’un rapprochement est actuellement illusoire.

    Dès lors, les centristes vont continuer à marcher sur trois pattes. Et ce, même si le Mouvement démocrate décidait de rejoindre la majorité de gauche car il ne se réunirait pas avec les Radicaux de gauche. Peut-être que ces pattes seront de tailles différentes et que le centre-droit réuni deviendra une force politique importante alors que le Mouvement démocrate aura du mal à résister à l’implosion. Mais nous n’en sommes pas encore là.

    Evidemment, la dispersion centriste est une grande faiblesse en matière de force politique. Les dernières élections présidentielles et législatives en ont été la preuve. Et elle produit un effet réducteur de l’importance politique du Centre, ce qui permet à la Gauche et à la Droite de grignoter l’espace centriste et aux médias d’annoncer la disparition programmée des partis centristes ou leur transformation en groupuscules. En revanche, en étant présents à gauche et à droite, les centristes ont la possibilité d’influer sur les politiques des deux blocs principaux, ce qui est plus souvent le cas qu’on ne le pense. Non pas parce qu’ils inspirent de la crainte mais parce qu’ils permettent de modérer les initiatives trop idéologiques des deux extrêmes, en particulier de celle qui occupe le pouvoir au grand soulagement d’une majorité de la population.

    Pour autant, rien ne remplacera un Centre uni avec un projet centriste ambitieux faisant la part belle aux valeurs du Centrisme. Mais cette configuration n’est pas pour demain. Surtout, la question n’est pas «quand cela sera-t-il possible?» mais plutôt «est-ce possible?», tout court…

    Alexandre Vatimbella

    Voir le site Le Centrisme

  • Romney, du centre à la droite dure

    En annonçant son «ticket» avec Paul Ryan, Mitt Romney a finalement choisi son camp. Par sa décision de prendre le représentant du Wisconsin comme son colistier pour la présidentielle de novembre prochain, il a envoyé un signe fort à la droite dure du Parti républicain pour lui signifier son ralliement. Car Paul Ryan, désormais candidat républicain à la vice-présidence, est un militant de longue date de la fin totale de l’interventionnisme de l’Etat, de la réduction des déficits et de la protection des plus riches. Une de ses références idéologiques n’est autre qu’Ayn Rand, une écrivain égérie de la droite extrême qui prônait la fin totale de l’Etat et un laisser-faire où les plus forts et les plus riches seraient les gagnants. Paul Ryan est d’ailleurs un idéologue particulièrement apprécié par les partisans du mouvement Tea Party proche de la droite extrême. Et, selon les dires de la femme de Mitt Romney, Ann, son mari ne pouvait que choisir quelqu’un qui partageait les mêmes valeurs que lui. Dont acte. Mais si Ryan est très à droite, beaucoup plus que Romney il faut en convenir, contredisant malgré tout l’épouse du candidat républicain, ils sont tous deux des politiciens professionnels, peu en connexion avec le peuple. Paul Ryan n’a quasiment jamais travaillé dans le privé comme le rappelle le site Politico et nombre de républicains en sont inquiets comme ils le sont, à la fois, de son extrémisme et du fait qu’il soit un pur produit de Washington alors que le message de Romney est principalement de fustiger tout ce qui vient de la capitale fédérale… Il est, en outre, l’auteur d’un projet sulfureux de réduction des déficits publics tellement draconien et partisan (faisant payé la note aux plus pauvres et à la classe moyenne) que beaucoup de ses collègues républicains ont prix leur distance avec celui-ci même si la Chambre des représentants l’a adopté tout en sachant très bien que le Sénat à majorité démocrate le refuserait catégoriquement… Et s’il fallait encore prouver que Paul Ryan est un conservateur très à droite, signalons simplement que le choix de Romney a été applaudi par la frange la plus réactionnaire du Parti républicain comme la meilleure décision prise à ce jour par leur candidat à la présidentielle. Deux questions se posent maintenant. A quel type de campagne allons-nous assister et quelles sont les chances de victoire de Mitt Romney? A la dernière question, les réponses des analystes oscillent entre «plus aucune» et «une meilleure chance»! Evidemment, ceux qui sont proches des démocrates sont plus nombreux à prédire une défaite cuisante du candidat républicain. Néanmoins, on peut être étonné de ce choix qui va polariser un peu plus la campagne alors que tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut s’attacher les «independents» (électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains et dont une grande partie se situent au centre) pour gagner. Pour être honnête, disons, qu’à l’opposé, certains analystes estiment que la clé principale du vote cette année sera plus de faire venir aux urnes les électeurs qui sont proches de vous que de convaincre les indécis, ce qui légitimerait ce choix clivant. Pour autant, sans la frange centriste de l’électorat, pas de victoire. Donc, après avoir rassuré sa base – et l’on comprend alors le choix de Ryan pour être vice-président – il faut avoir un discours rassembleur, tout ce que n’est pas le représentant du Wisconsin. De plus, avec ses projets de privatisation du programme de santé pour les plus âgés, il va faire peur (un récent sondage indiquait que 79% des Américains étaient contre toute mesure allant dans ce sens). Cependant, avec Paul Ryan, Mitt Romney a donné du contenu programmatique à sa campagne qui en manquait totalement. Se présentant comme le meilleur gestionnaire possible en ces temps difficiles, il n’avait que peu de mesures concrètes à proposer. Du coup, il était très vulnérable à toutes les campagnes démocrates qui s’attaquaient à sa personne. Avec Ryan, il peut espérer déplacer le débat sur les idées, même s’il risque alors un effondrement du type de celui de Goldwater – candidat républicain de la droite extrême aux élections de 1964 – qui permit à Lyndon Johnson d’être un des candidats les mieux élus de l’histoire des présidentielles américaines. Car en décortiquant les idées de Ryan, ce que les démocrates ne vont pas se gêner de faire, celles-ci vont apparaître comme très radicales. Et, entre le très et le trop, il n’y a souvent qu’un pas que franchissent assez souvent les électeurs…

    Alexandre Vatimbella

  • Quand un parti islamiste se proclame «centriste modéré»!

     

     

     

    Les mots veulent-ils dire (encore) quelque chose?

     

    C’est la question que l’on peut se poser au moment où le parti islamiste tunisien au pouvoir, Ennahdha, vient de se déclarer lors de son dernier congrès, «centriste modéré».

     

    Pour tous ceux qui se réclament du Centrisme, il est impossible qu’un parti qui prône l’application d’une seule religion et qui se dit mue uniquement par les principes de celle-ci puisse s’autoproclamer centriste.

     

    Pour autant, et cette question avait déjà été abordée ici, une certaine notion de centre développée dans les pays arabes lors de leurs «printemps» et les changements de régime qui s’en suivirent, n’est pas exactement la définition que l’on en donne dans les démocraties laïque de la planète.

     

    Une floraison de partis centristes a ainsi éclos en Tunisie depuis le départ de Ben Ali.

     

    Certains se sont positionnés comme des partis centristes tels que l’on peut en trouver en Europe, en Amérique, en Asie ou en Afrique.

     

    D’autres, en revanche, ont expliqué que leur centrisme consistait à se trouver à équidistance des partis religieux et des partis laïcs.

     

    C’est sans doute comme cela qu’il faut comprendre le positionnement d’Ennahdha.

     

    Mais si l’on peut admettre ce positionnement et même qu’il puisse être qualifié de centriste d’un certain point de vue, on ne peut, en revanche, accepter que ceux qui s’en réclament jouent sur les mots pour rassurer une partie de la population (ou, plus grave, la tromper) et la communauté internationale.

     

    D’autant que rien dans la doctrine et les pratiques d’Ennahdha n’a été changé depuis cette annonce.

     

    Rappelons que le parti tunisien affirme, à la fois «garantir la liberté d'expression et de création» et «criminaliser l'atteinte au sacré considérant que c'est une atteinte à la liberté d'autrui», ce qui est évidemment totalement antinomique.

     

    En outre, et même s’il y a renoncé, il souhaitait inscrire la chari'â, la loi de l’Islam issue directement du Coran, dans la future Constitution...

     

    Les centristes – mais aussi tous les autres - ne doivent donc pas tomber dans le panneau et plutôt supporter activement les partis centristes en Tunisie, les vrais, qui, eux, continuent inlassablement à mettre en garde leurs compatriotes et le monde entier contre les dangers pour la démocratie que représente Ennahdha.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme