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françois bayrou - Page 15

  • Le Centrisme en 2012. Année à élections, année centriste?

     

     

     

     

    Vingt-six pays connaîtront, cette année, des élections nationales qui toucheront 53% de la population mondiale, représentant la moitié du PIB mondial. Des présidentielles à Paris et à Washington en passant par des législatives et d’autres présidentielles dans de nombreux pays, notamment en Afrique et en Europe, 2012 sera-t-elle une année centriste?

     

    Poser la question semble déjà une certaine provocation. En France, le meilleur candidat centriste est pour l’instant à moins de 15% des intentions de vote au premier tour. Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama est en grande difficulté et sa réélection n’est en rien assurée. De même, le Centre a, certes, des potentialités dans beaucoup d’autres pays mais pourrait n’en réaliser aucune ou peu.

     

    Pourtant, la crise et les difficultés qui l’accompagnent, touchant toutes les populations de la planète, demandent des solutions sans doute nouvelles et innovantes mais surtout responsables et difficiles, donc nécessitant un consensus. De quoi donner un certain avantage aux représentants du Centre.

     

    C’est dans ce cadre et avec des scénarios différents que les centristes pourraient faire la différence. Voyons ce qu’il en est dans deux des élections principales de l’année.

     

    En France, François Bayrou, après une traversée du désert tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy et au vu du peu d’enthousiasme soulevé dans la population quant à sa volonté d’être à nouveau présent à la présidentielle, aurait du se cantonner à la dure réalité d’un petit candidat qui ferait une campagne courageuse mais qui aurait du mal à dépasser les 10% des intentions de vote.

     

    Mais, divine surprise pour le leader du Mouvement démocrate qui semblait même s’être fait une raison et vivre sur le souvenir de ses «18,55%» en 2007, les sondages ont frémi début décembre sous l’impulsion, à la fois et comme lors de la précédente campagne, de son entrée en lice officielle, du manque de charisme de ses adversaires et en particulier des candidats des deux grands partis et de médias très complaisants.

     

    Ce dernier phénomène que nous avions déjà analysé il y a cinq ans s’explique, à la fois, par la volonté de ceux-ci de donner du piment à une élection qu’ils ne veulent pas voir se résumer à un combat à deux et parce que les médias de gauche espèrent qu’il parasitera la Droite avant d’appeler à voter pour François Hollande au second tour et inversement pour la Droite avec, in fine, une prise de position en faveur de Nicolas Sarkozy…

     

    Un quatrième élément, la crise économique et le désarroi d’une partie des Français qui en résulte, ouvre le jeu à des candidats «recours» comme François Bayrou ou Marine Le Pen (et à un degré moindre, Jean-Luc Mélenchon).

     

    Cependant, les chances de François Bayrou, en ce début d’année 2012 demeurent encore largement hypothétiques. Il est toujours en quatrième position dans les sondages, loin derrière les deux qui font la course en tête. De même, il va devoir confronter son projet qui n’est pas encore publié à la critique des autres et surtout défendre des positions qui font déjà débat chez les centristes eux-mêmes, dans lesquelles certains y voient plus de populisme que de libéralisme, plus du nationalisme que de l’européanisme traditionnel de la famille du Centre et, surtout, de la démocratie-chrétienne dont est issu le président du Mouvement démocrate.

     

    C’est le cas d’Hervé Morin qui, s’il continue à être candidat dans les prochaines semaines, pourrait être, malgré ses 1% dans les sondages, une épine dans le pied de François Bayrou en défendant, comme il fait actuellement, des positions souvent plus centristes que celles du leader du Mouvement démocrate.

     

    Sans oublier que des tensions sont récemment apparues dans l’équipe de campagne de ce dernier, composée de personnalités venues de bords et de cultures politiques totalement différents. On l’a vu cette semaine en ce qui concerne la TVA sociale où Jean Arthuis a durement critiqué l’hostilité de François Bayrou à cette mesure.

     

    Et puis se posera l’éternelle question de l’«électabilité», pour utiliser un terme franglais, de François Bayrou (la propension que les électeurs ont de penser qu’il a des chances réelles de devenir président). Car les sondages montrent encore que les Français ne le voient pas à l’Elysée et les questions, s’il devient président, de savoir avec qui il va gouverner et comment il se débrouillera avec un parti sans élus et faiblement structuré, seront de plus en plus prégnantes s’il continue à monter dans les sondages et au fur et à mesure que l’élection approchera.

     

    Aux Etats-Unis, Barack Obama qui ne suscite plus l’engouement de 2007-2008, pourrait toutefois tirer son épingle du jeu face à un candidat républicain qui, même s’il est modéré au fond de lui-même comme Mitt Romney (le favori actuel dans les primaires), demeurera, quoiqu’il arrive, l’otage des extrémistes de la droite conservatrice à qui il devra donner des gages afin qu’ils votent pour lui.

     

    D’autant, qu’en ce début d’année, la situation économique semble s’améliorer sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un mouvement de fond ou seulement d’une embellie passagère. Le chômage est ainsi tombé à son plus bas depuis quatre ans, à 8,5% de la population active, et les entreprises américaines ont créé 200.000 emplois en décembre.

     

    Néanmoins, la situation du président sortant demeure fragile. D’une part, parce que les difficultés économiques vont encore toucher, quoiqu’il arrive, la population. D’autre part, parce que toute rechute dans ce domaine boostera le candidat républicain qui lui sera opposé en novembre prochain.

     

    En outre, le filet de sécurité de Barack Obama est très effiloché avec des sondages qui sont, certes, meilleurs qu’il y a quelques semaines mais qui demeurent beaucoup moins favorables, en termes d’opinions positives et d’approbations de son action, que ceux de la plupart des présidents qui l’ont précédé et qui se présentaient à leur propre succession, surtout, les sondages de ceux qui ont été réélus...

     

    Bien sûr, il est faux d’affirmer que le seul atout majeur d’Obama est la faiblesse (même si celle-ci est véritable) du panel de candidats républicains qui veulent se présenter face à lui. Pour autant, cela, évidemment, le servira grandement. Reste qu’il peut aussi présenter un bilan dont il n’a pas à rougir.

     

    Enfin, son centrisme qui a été la cible d’attaques très dures voire haineuses au cours des trois dernières années de la part la Gauche et la Droite sera, sans doute, un précieux avantage au moment où les Américains rejettent de plus en plus les outrances des extrémistes (le Mouvement du Tea Party est en forte chute dans les sondages) et où le vote des «independents» - ces électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun des deux grands partis et qui se définissent le plus souvent comme des modérés -, sera la clé de l’élection.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • L’année du Centrisme en France. 2011: L’échec de la refondation du Centre

     

     


     

    Comme chaque année, nous faisons ici le bilan de l’année qui vient de s’écouler pour le Centre et le Centrisme en France.

     

    2011 aura été marquée, d’abord et avant tout, par l’échec de la réunion des centristes et de la refondation d’un parti centriste fort. Mais elle a aussi vu François Bayrou reprendre espoir de bien figurer à la prochaine élection présidentielle.

     

    En outre, elle a vu des tentatives, plus ou moins subtiles, de récupération du Centre par des politiciens venus de la Droite comme Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin. Plus fondamental, s’est posée la question de l’avenir du Centre en France comme force politique capable de gouverner ou de nouer des alliances équilibrées avec la Droite ou la Gauche.

     

    - Echec de la refondation du Centre

     

    S’il est difficile de savoir qui y a cru réellement, en tout cas, la refondation du Centre autour d’un parti unique ou d’une confédération de partis sur le modèle de l’UDF de 1978 a été un échec total.

     

    A la fin 2010, on comptait deux formations centristes principales, le Mouvement démocrate et le Nouveau centre, et deux micro-formations, l’Alliance centriste (qui, paradoxalement, a plus d’élus que le Mouvement démocrate!) et Cap 21. A la fin 2011, le paysage est exactement le même, figé par l’incapacité des centristes à se rassembler et même à se parler autrement que par des invectives ou des reproches. Dès lors, pas étonnant qu’ils aient du mal à parler aux Français.

     

    Tout a commencé au début de l’année quand Hervé Morin, le président du Nouveau centre, et Jean Arthuis, le président de l’Alliance centriste, décident, dans la foulée d’intentions explicitées dans les derniers mois de 2010, de créer une Confédération des Centres. Une initiative importante pour les deux hommes qui semble pouvoir faire bouger les lignes ou, au moins, faire réagir les autres composantes du Centre et ceux qui veulent s’y associer comme le Parti radical.

     

    Hervé Morin a besoin, absolument, de trouver un partenaire pour prendre la tête d’un rassemblement des centristes avant que ne le fasse Jean-Louis Borloo qui dit alors réfléchir pour en être, lui-même, le chef. Quant à Jean Arthuis, la création en 2009 de l’Alliance centriste pour en faire la pierre angulaire d’une refondation du Centre a été, jusque-là un échec dû en grande partie à son inaction velléitaire. Il doit démontrer qu’il agit à ceux qui l’ont rejoint mais aussi aux autres leaders centristes.

     

    Dans une déclaration commune à l’Assemblée nationale, ils se font forts de créer une formation où se retrouveront toutes les familles centristes.

     

    Bien sûr, dès le départ, les deux hommes ne sont pas d’accord sur qui doit ou non faire partie de cette confédération. Hervé Morin estime que François Bayrou n’y a pas sa place, et Jean Arthuis ne voit pas d’un bon œil la présence dans le tour de table de la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel.

     

    Cependant, ils partagent l’espoir de créer une dynamique qui balaiera les préventions, les oppositions et les inimitiés.

     

    En réalité, ils vont en créer de nouvelles!

     

    Car, dès la déclaration commune publiée, le troisième larron cité plus haut entre immédiatement dans la ronde, sentant qu’il ne faut pas que le train de la refondation le laisse sur le quai.

     

    D’autant que Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, est un homme humilié par Nicolas Sarkozy, lui qui se voyait premier ministre avant d’être sèchement recalé. Il rêve évidemment de prendre sa revanche en détachant sa formation politique de l’UMP et en organisant sa candidature à la présidentielle de 2012.

     

    Il est populaire dans l’opinion publique et se prend à rêver de l’Elysée. Il lui faut seulement un lieu politique pour assoir sa crédibilité de candidat à la présidentielle et lui fournir quelques troupes. Son choix se porte sur le Centre.

     

    Car, si le Parti radical est au centre de l’échiquier politique, il n’est pourtant pas, historiquement, un parti du Centre même s’il a compté de véritables et grands centristes dans ses rangs au cours de sa longue existence, comme, par exemple, Aristide Briand, pour n’en citer qu’un.

     

    Le problème, c’est que Jean-Louis Borloo est fermement arrimé à la majorité présidentielle et qu’il ne compte pas en sortir (ou qu’il ne le peut, ses élus ne le souhaitant pas, majoritairement), ce qui est contraire à la vision d’un Centre indépendant.

     

    Cependant, il se révèle vite qu’Hervé Morin partage lui aussi ce positionnement politique et parle de rassembler, non plus le Centre, mais le centre-droit. Du coup, les deux hommes, qui se détestent, vont se rapprocher ainsi que leurs deux formations, éloignant la possibilité pour le Mouvement démocrate de s’associer à une telle confédération.

     

    De son côté, Jean Arthuis, qui ne veut pas perdre la main, publie maladroitement sur son blog un appel à rejoindre cette future confédération bien ancrée désormais au centre-droit alors que la majorité des militants de l’Alliance centriste n’en veulent pas. Il devra faire machine arrière et détruira ainsi la capacité de son parti à jouer un quelconque rôle de premier plan dans une refondation centriste.

     

    Hervé Morin se retrouve alors seul face à Jean-Louis Borloo et estimera, en plus, que Jean Arthuis l’a trahi. D’autant que le président du Nouveau centre doit également affronter une fronde interne, nourrie de ressentiments de longue date (comme avec Jean-Christophe Lagarde, le président exécutif), et nombre de ses élus, de François Sauvadet à Valérie Létard en passant par Maurice Leroy, prennent position pour un leadership de Jean-Louis Borloo.

     

    Ces dissensions entre le Nouveau centre et le Parti radical (et à l’intérieur du Nouveau centre) n’empêchent pas, au début de l’été, la création de l’Arés (Alliance républicaine écologique et sociale) qui regroupe, outre les deux formations citées plus haut, le micro-parti de Jean-Marie Bockel, la Gauche Moderne, et un club inconnu jusque là, dirigé par Hervé de Charrette, transfuge de l’UMP.

     

    Les responsables de cette Arés se réunissent et élaborent des positions communes et se distribuent des postes. Néanmoins, il n’y a pas grand monde pour croire à une véritable union.

     

    La suite va malheureusement démontrer que le rapprochement n’est qu’un trompe l’œil. Car, dès la rentrée de septembre, il se confirme qu’Hervé Morin et Jean-Louis Borloo ne se mettront pas d’accord. Le dernier nommé, qui espérait que tout le Centre se réunisse derrière son panache et le soutienne pour la présidentielle sent passer le vent du boulet.

     

    D’autant que beaucoup d’analystes politiques mais aussi d’amis du Président du Parti radical n’ont jamais cru dans sa candidature. Ils connaissent l’homme et savent qu’il n’est pas prêt à s’engager dans une campagne comme celle de la présidentielle. Certains soupçonnent même l’UMP d’avoir mis en place toute une campagne pour décrédibiliser et détruire Jean-Louis Borloo à l’instant même où il annoncera sa candidature.

     

    Un Jean-Louis Borloo qui décidera en catimini, sans même avertir ses plus proches amis politiques, de renoncer à se présenter et qui viendra l’annoncer sur le plateau du journal télévisé de TF1.

     

    Quant à l’Arés, celle-ci existe encore actuellement et ses dirigeants affirment qu’ils préparent les élections législatives. Va-t-elle résister à la campagne présidentielle, surtout si Hervé Morin se présente et que Jean-Louis Borloo, comme il a commencé à le faire, le critique à chaque fois qu’il ouvre la bouche? Il est trop tôt pour le dire.

     

    Mais on peut penser que les députés radicaux et du Nouveau centre ont intérêt à s’entendre pour négocier les investitures aux législatives, surtout si c’est un président de gauche qui est élu, afin de sauver ce qu’il y aura à sauver.

     

    De son côté, François Bayrou a été le grand absent de cette refondation du Centre, non pas en paroles (il a fait moult déclarations à ce sujet pour, soi-disant, la souhaiter de tout cœur) mais en acte. Car le président du Mouvement démocrate n’avait aucun intérêt à ce que celle-ci se fasse avec ou sans lui.

     

    Sa position tout au long de 2011, avant la fin de l’automne où il s’est déclaré candidat pour 2012 et où les sondages ont commencé à frémir, était d’une extrême faiblesse.

     

    Car si le Mouvement démocrate a certainement plus de militants que le Nouveau centre, il n’a aucune existence digne de ce nom en matière d’élus. Il ne peut donc peser sur aucun débat parlementaire et ne dirige aucune grande ville (si ce n’est comme allié de maires PS ou UMP), aucun département et aucune région.

     

    Du coup, son discours se perd souvent dans le vide malgré une bienveillance des médias. Une refondation du Centre, sur un pied d’égalité de tous les partis centristes, aurait alors  été mortelle, si ce n’est pour le Mouvement démocrate, tout au moins pour François Bayrou. Une situation qui pourrait diamétralement et rapidement changer s’il est haut dans les sondages et s’il fait un bon score à la présidentielle (et même plus s’il est au second tour). Il pourra alors se poser en rassembleur, ce qui n’est pas encore le cas en cette fin d’année 2011.

     

    Reste qu’il a quand même récupéré un Jean Arthuis en complète perdition, ayant plombé son parti et ayant perdu sa position au Sénat où, de président de la commission des Finances, il est redevenu simple sénateur de la Mayenne.

     

    Dans le camp centriste, c’est actuellement le seul ralliement significatif à François Bayrou, ce qui n’est pas grand-chose. Evidemment, les choses pourraient évoluer dans les premières semaines et les trois premiers mois de 2012.

     

    De leur côté, les «centristes de l’UMP» dont les principaux leaders ont été en 2011 Pierre Méhaignerie et Marc-Philippe Daubresse, ont regardé avec intérêt cette refondation mais sans aller plus loin que de le dire et d’affirmer qu’une grande formation du Centre pourrait voir le jour après les élections de 2012 quand une recomposition politique sera à l’ordre du jour. On a vu, par exemple, Pierre Méhaignerie participer avec plaisir (et/ou avec discipline…) à toutes les réunions du Centre au cours de l’année 2011 sans pour autant faire un pas en dehors de l’UMP.

     

    - Les trois mousquetaires du Centre en 2011

     

    Les trois personnalités qui ont occupé le centre de l’échiquier politique en 2011 ont été François Bayrou, Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

     

    Les Espoirs de François Bayrou pour la présidentielle de 2012

     

    François Bayrou n’a qu’une obsession (même s’il dit le contraire désormais), l’élection présidentielle. Il faut dire qu’elle reste aussi la seule élection où il peut cacher la faiblesse de son parti et de ses troupes. Mais c’est aussi celle où il s’est investi le plus et qui lui a été la plus favorable avec un score de 18,55% en 2007. Il rêve donc d’être, au moins, le troisième homme de la présidentielle de 2012 et, pourquoi pas, le deuxième et même le premier.

     

    Dire qu’il a tout sacrifié à son destin présidentiel même son parti est une simple constatation. S’il remporte un jour la présidentielle, tout cela sera légitimé. Si ce n’est pas le cas, il sera sans doute comptable de la faiblesse du Centre en ce début de deuxième millénaire.

     

    Cela dit, il a du apprendre de son échec de 2007, ce qui n’est jamais facile pour lui qui est campé dans ses certitudes, et s’apercevoir que son hubris d’alors lui a joué de bien mauvais tours.

     

    A l’issu du premier tour de la présidentielle, se croyant, désormais, un des leaders incontournables de la politique française, il avait renié son positionnement au centre pour se dire «ailleurs» mais sans être jamais capable de le définir exactement.

     

    En 2011, il a fait le chemin inverse, sachant qu’il lui fallait (comme nous l’avons vu plus haut pour Jean-Louis Borloo) un lieu politique bien identifié pour crédibiliser sa candidature à la présidentielle de 2012.

     

    Il a donc déclaré sans relâche qu’il était du Centre, ce qui ne l’a pas empêché de faire quelques déclarations politiques plus proches d’un nationalisme étatique gaullien que d’un libéralisme social giscardien.

     

    De même, en 2007, il s’était installé dans un splendide isolement totalement infructueux, confondant compromission et compromis, parlant d’indépendance pour fustiger l’idée d’alliances électorales pourtant nécessaires quand on n’est pas majoritaire et refusant de prendre parti pour un des deux candidats du second tour de la présidentielle. En 2012, il l’a annoncé, s’il n’est pas au second tour, il appellera à voter pour un des deux qualifiés.

     

    Un changement complet qui n’est pourtant pas sans poser de questions. Car, s’il veut demeurer le plus longtemps possible un candidat crédible pour le second tour et surtout ne pas susciter d’ores et déjà un «vote utile», il ne peut, à l’opposé d’un Hervé Morin qui dit qu’il appellerait à voter Sarkozy, déclarer dès maintenant à qui il apportera son soutien.

     

    De même, ne sachant pas encore qui, de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, sera celui qu’il a le plus de chance de battre pour se retrouver au second tour, il hésite sur son positionnement politique.

     

    François Bayrou se devra de clarifier celui-ci au début de 2012 pour donner des indications à des électeurs qui souhaiteront certainement plus qu’un flou artistique dans lequel il les entretient actuellement pour mettre un bulletin de vote à son nom dans l’urne.

     

    L’avenir politique en pointillé d’Hervé Morin

     

    2011 a été une année complexe pour Hervé Morin. Débarqué du gouvernement par Nicolas Sarkozy, sa candidature à l’élection présidentielle a été combattue jusque dans son propre parti par ses (in)fidèles lieutenants, faisant ressortir toute l’animosité qui existe depuis longtemps entre ces anciens UDF que seule la décision de Bayrou de ne pas rejoindre Sarkozy en 2007 a réuni sous la même bannière du Nouveau centre.

     

    D’autant qu’Hervé Morin plafonne dans les sondages à 1% des intentions de vote (et il n’a jamais dépassé les 2%).

     

    Pour autant, la candidature d’Hervé Morin est quasiment une question de survie politique pour lui et, peut-être, pour le Nouveau centre en tant que formation réellement indépendante.

     

    Son avenir politique personnel passe par exister coûte que coûte sur la scène politico-médiatique afin d’acquérir une visibilité et une légitimité suffisantes pour être, sinon incontournable, tout au moins inviter à la table des négociations. Et il est également convaincu que l’avenir du Nouveau centre comme parti politique indépendant passe par une candidature à l’élection présidentielle, la seule qui compte dans le cadre des institutions de la V° République.

     

    En outre, si l’on écoute ce qu’Hervé Morin dit depuis qu’il est candidat, force est de reconnaître qu’il déploie un discours centriste sans équivoque, en tout cas bien plus que celui de François Bayrou, actuellement.

     

    Ou, pour le dire différemment, il fait vivre une des voix centristes, celle qui est plus libérale, européenne et ouverte sur le monde.

     

    Les pantalonnades de Jean-Louis Borloo

     

    Si nous parlons ici de Jean-Louis Borloo, c’est parce qu’il a occupé une grande place dans les affaires du Centre en 2011 alors même que l’homme dit ne pas être centriste (tout en ayant déclaré qu’il voulait réunir le Centre…).

     

    Bien entendu, son discours de droite modérée n’est pas sans similitudes avec les thèses centristes. Pour autant, il serait excessif de le présenter comme un centriste.

     

    Son idée était d’être assez populaire et moderne pour séduire les partis du Centre afin de se rendre incontournable pour être leur représentant pour la présidentielle.

     

    Mais son manque de légitimité pour cette dernière revendication est vite apparue criante même s’il a su convaincre une partie du Nouveau centre de le suivre.

     

    En tout cas, il n’a pu rendre la candidature d’Hervé Morin illégitime. Fort de ce constat et de sa peur de se lancer dans une campagne présidentielle, il a préféré renoncer.

     

    Ses explications quant à son retrait ne sont pas crédibles ou, alors, ce sont celles qu’il a donné comme raison de sa possible candidature qui ne l’étaient pas…

     

    Même son absence de décollage dans les sondages ne vaut pas car, comme on l’a vu pour François Hollande puis pour François Bayrou, la progression dans les intentions de vote débutent souvent au moment d’une déclaration officielle de candidature.

     

    Actuellement, Jean-Louis Borloo tente d’exister politiquement, surtout dans la négation et la critique des candidats centristes, que ce soit François Bayrou et Hervé Morin. Une fin d’année 2011 assez pathétique pour un homme politique qui vaut mieux que cela et dont espère un sursaut en 2012.

     

    - L’avenir du Centre en France comme force politique majeure

     

    Les péripéties centristes de cette année 2011 posent la question cruciale de l’avenir du Centre comme force politique majeure en France.

     

    Déjà malmenés par le scrutin majoritaire à deux tours, les centristes n’en finissent pas d’être quasiment incapables de se situer dans leurs alliances et dans leurs stratégies politiques.

     

    Pourtant, le Centrisme est une pensée politique forte qui permet un rassemblement autour de ses idées et de ses propositions ainsi que d’un projet présidentiel.

     

    En refusant de se réunir en 2011, ils ont remis à plus tard leur capacité à peser sur la politique française. Ce «plus tard» pourrait néanmoins être de courte durée si François Bayrou réussit à monter dans les sondages début 2012 et fait un score notable lors de la présidentielle soit en étant incontournable pour faire le prochain président, soit en étant lui-même un des deux finalistes du second tour.

     

    Si ce n’est pas le cas, le Centrisme risque de se déchirer après une présidentielle qui ravivera les plaies et les désaccords, éparpillant les centristes un peu partout, c’est-à-dire nulle part.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • Le Centre et la dangereuse émergence de la «préférence nationale» dans le discours des politiques

     

     


     

    Le débat politique s’est, dangereusement, orienté, ces dernières semaines, sur des thèmes qui, soyons clairs, sont proches de ceux du Front national. Et ce n’est pas une quelconque provocation de le dire mais seulement une simple constatation.

     

    D’ailleurs, les Français ne sont pas dupes et le confirment dans les sondages comme  dans celui qui montre que le candidat à la présidentielle qui est le plus capable de mettre en place l’«Acheter français» est, de loin, Marine Le Pen (avec 20% des personnes interrogées) devant Nicolas Sarkozy (14%), François Bayrou (13%) et François Hollande (12%).

     

    Et ceci n’est guère étonnant puisque, depuis les années 1980 qui ont vu son éclosion électorale, le parti créé par Jean-Marie Le Pen n’a jamais cessé de parler de «préférence nationale» dans tous les domaines du sociétal au social en passant par l’économique (une des raisons pour lesquelles les ouvriers, premières «victimes» de la mondialisation émergente ont commencé dès cette époque à voter nombreux pour l’extrême-droite suite à l’effondrement du Parti communiste).

     

    Et la crise économique dans laquelle nous nous trouvons depuis 2008 est évidemment un terrain privilégié pour cette «préférence nationale» tous azimuts.

     

    Bien sûr, ce qui distingue des partis comme l’UMP, le Parti socialiste et le Mouvement démocrate du Front national, c’est que ce dernier (comme l’extrême-gauche) veut réglementer par des mesures xénophobes et autarciques le produire et l’acheter français ainsi que l’embauche prioritaire de nationaux et la fin totale de l’immigration de même que la sortie de l’Union européenne et de l’euro. Le tout, dans une démarche suicidaire de «démondialisation».

     

    Pour les premiers, en revanche, il s’agit d’incitations qui peuvent prendre la forme, comme pour le «produire français», d’aides à l’industrie et, plus particulièrement aux PME. Cependant, les responsables de ces partis savent bien qu’il n’est pas possible, en l’état de nos engagement internationaux, d’obliger, ni même de subventionner l’achat de produits français. Nous sommes dans la zone euro, l’Union européenne et dans une mondialisation régit par les règles de l’Organisation mondiale du commerce, entre autres, sans oublier tous les traités commerciaux bilatéraux que le France a signés.

     

    Ce n’est pas possible mais ce n’est pas souhaitable, non plus. Notre développement économique ne peut se faire que dans cette ouverture mondiale qui lui a tellement profité pendant des décennies (même si nous devons absolument faire en sorte que les règles du jeu de la concurrence soient réellement appliquées par tous, sans exception). Dire le contraire, c’est jouer sur les peurs des Français de manière irresponsable et jouer contre la France et son avenir.

     

    Pour les partis démocratiques, il a toujours été de bon ton de dire que le Front national posait les bonnes questions mais y apportait les mauvaises réponses. Avant de tourner éventuellement casaque, qu’ils se rappellent que, la plupart du temps, les électeurs préfèrent l’original aux copies. Mais, plus que tout, qu’ils n’oublient pas que l’honneur du politique ce n’est pas la démagogie mais le courage.

     

    Le Centre par ses représentants se doit être une vigie de l’humanisme mais aussi de la modération telle qu’elle était conçue par Aristote, c’est-à-dire un refus d’établir le vivre ensemble  sur des discours extrémistes, qu’ils viennent de la droite ou de la gauche.

     

    Car, au-delà d’une rhétorique électorale (et dans ce cadre «acheter français ou «produire français» peuvent être vus comme des slogans «softs»), l’histoire nous apprend que l’ouverture de la boite de Pandore dans ce domaine n’a jamais produit de bonnes choses.

     

    En favorisant le «recentrage» de thèses extrémistes en leur donnant une respectabilité dans le débat politique, on permet à ceux qui en sont les principaux propagandistes de bénéficier également de respectabilité. Cette nouvelle brèche dans le rempart anti-extrémisme encourage également ces partis de la haine et du bouc émissaire à développer des thèses bien plus extrémistes et de jouer de plus en plus sur les peurs et les angoisses de la population.

     

    Certains diront que le discours qui vient d’être tenu ici est beaucoup trop alarmiste. Comme on espère qu’ils ont raison.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Quand les centristes reparlent d’Union nationale

     

     

     

    Bis repetita. Une fois de plus, les leaders centristes, notamment François Bayrou et Hervé Morin, parlent à mots plus ou moins couverts, voire tout à fait clairement, d’union nationale à mettre en place pour faire face aux problèmes de la France.

     

    On se rappelle que ce fut déjà un des thèmes prioritaires du président du Mouvement démocrate en 2007 (quand il présidait encore l’UDF…). Il semble que cela doive devenir un thème récurrent des partis centristes.

     

    Il faut dire que le consensus est dans les gènes des centristes. Ils sont pour une démocratie apaisée et capable de s’unir sur les grandes questions politiques, économiques, sociales et sociétales.

     

    Mais, plus prosaïquement et dans la cadre de la politique politicienne, c’est aussi leur intérêt actuel. Car le Centre ne semble pas en 2012, tout comme en 2007, pouvoir remporter l’élection présidentielle, ni avoir une majorité de sièges lors des élections législatives. Dès lors, l’union nationale est un moyen de peser politiquement plus que l’on ne vaut électoralement et de se retrouver aux affaires.

     

    Pour autant, comme à chaque fois, cette thématique recèle en elle-même l’affaiblissement d’un message réellement centriste et fait croire que le Centre n’est qu’un point à équidistance de la Droite et de la Gauche, donc que sa vocation est de gouverner avec une moitié des idées de la Droite et une moitié des idées de la Gauche, donc de n’être qu’un avatar d’une union nationale.

     

    Or ceci n’est pas vrai. Le Centrisme est une vraie politique alternative à celles de la Droite et de la Gauche. Et consensus n’est pas union nationale.

     

    D’autant que l’union nationale est un concept un peu flou pour ceux qui la demande. Par exemple, est-on dans la configuration d’une union nationale de tous les partis politiques? Et quand François Bayrou et Hervé Morin parlent de cette union quels sont les partis qu’ils veulent voir dedans? Tous, du Front national à Lutte ouvrière?!

     

    Le problème pour les centristes qui appellent à un gouvernement d’union nationale, c’est, comme nous l’avons dit, qu’ils ne sont pas en mesure de gagner l’élection. Dès lors, cet appel ressemble plutôt à un constat d’échec avant même d’aller devant les électeurs, un appel du pied aux autres formations politiques pour gouverner avec les vainqueurs, quels qu’ils soient.

     

    Une démarche qui risque de ne pas être comprise par les Français, notamment ceux qui préfèrent le vote utile et rejettent l’opportunisme. A quoi bon voter, se disent-ils, pour des candidats qui se dilueront dans une union nationale dont ils ne seront pas les dirigeants? Autant voter pour ceux qui la dirigeront vraiment…

     

    Enfin, l’unanimisme qui est derrière l’idée d’union nationale, quand elle est invoquée à tout bout de champ, n’est pas une vision démocratique. Dans une démocratie républicaine, il y a des visions et des opinions différentes qui se confrontent et s’affrontent pacifiquement dans des arènes publiques et sont adoubées ou rejetées lors des élections des représentants du peuple. Vouloir, à chaque élection gommer les différences sous couvert d’union nationale n’est pas un service à rendre au débat démocratique.

     

    Pour autant, est-on, au jour d’aujourd’hui, dans la configuration d’un appel à l’union nationale? Oui et non.

     

    Oui, si l’on estime que la situation va empirer dans les semaines et les mois à venir et que, la seule manière de prendre des décisions difficiles politiquement, c’est-à-dire hautement impopulaires, pour sauver le pays, est d’ya associer tous les partis politiques.

     

    Non si l’on analyse la situation actuelle, difficile mais pas catastrophique où des décisions doivent être prises rapidement mais sans pour autant brider le débat politique ou, pire, laisser aux seuls extrêmes le rôle d’opposition. Car, demain, si l’UMP, le PS et les partis centristes forment une union nationale, gageons que l’extrême-droite et l’extrême-gauche en tireront rapidement profit.

     

    Ce qui n’empêche pas, dans ce dernier cas de figure, que certaines mesures importantes soient votées par la Droite, la Gauche et le Centre. Cela s’appelle la responsabilité politique, non l’union nationale.

     

    L’union nationale est utile et se justifie dans la cadre d’une crise d’une extrême gravité comme une guerre ou une dépression économique profonde. Nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement. Sinon, elle n’est qu’une manière de brider le débat démocratique.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Alliance centriste: le fiasco de Jean Arthuis


    Il était parti du Mouvement démocrate en 2009 sur fond de désaccord avec la ligne politique de François Bayrou. Ce dernier n’a pas changé d’un iota celle-ci et le voici de retour, deux ans après...

    Jean Arthuis, c’est de lui qu’il s’agit, va en effet adosser son petit parti, l’Alliance centriste, au Mouvement démocrate de François Bayrou (avant de le fédérer) et obtenir une gratification, lui qui vient de perdre la présidence de la commission des Finances au Sénat qui lui permettait d’exister politiquement au-delà de son mandat en Mayenne.

    Pour justifier son retour au bercail, Jean Arthuis indique, dans une interview au quotidien Le Monde, qu’il faut rassembler le Centre et qu’après avoir lorgné du côté du Nouveau centre, il s’est tourné du côté du Mouvement démocrate parce qu’il était «équidistant» (sic) des deux partis. Une justification bien pauvre, qui passe sous silence la pauvreté de la réflexion du président de l’Alliance centriste et le fait qu’il s’est toujours considéré dans la majorité présidentielle alors que François Bayrou, lui, s’est toujours considéré en dehors. Dès lors, il serait intéressant de demander à Jean Arthuis où il se positionne aujourd’hui (car demain est une autre histoire…).

    Mais est-ce vraiment intéressant de le savoir?

    Que Jean Arthuis s’en sorte pas trop mal, grand bien lui fasse, lui qui ne représente plus rien politiquement. Mais c’est bien dommage pour l’Alliance centriste dont la création a été un échec total, due en grande partie à son unique responsabilité.

    Malheureusement, il a emmené dans cette aventure des hommes et femmes sincères et motivés, qui croyaient vraiment en une refondation du Centre et dans des valeurs centristes qui ni le Mouvement démocrate, ni le Nouveau centre ne représentent totalement.

    Ils ont même cru au courage politique de Jean Arthuis, espérant qu’il saurait transcender sa pusillanimité face à la cause dont il se voulait le héraut. Et au CREC (qui édite le site www.lecentrisme.com), nous avons voulu également y croire. C’était sans conteste trop attendre de lui.

    Bien sûr, ce piteux ralliement n’aura guère d’incidence dans le monde politique tellement l’Alliance centriste comptait pour pas grand-chose et encore moins depuis les récentes élections sénatoriales. C’est en quelque sorte un non-événement dont le seul qui pourra en tirer, peut-être, un bénéficie politique est François Bayrou.

    Retour sur ce fiasco.

    Quand il a créé l’Alliance centriste en juin 2009, le sénateur de la Mayenne voulait tout bousculer… tout en évitant de prendre des risques. Ce grand pourfendeur du principe de précaution se l’est pourtant appliqué à lui-même!

    Pendant les six mois qui ont suivi la création de ce parti, celui-ci est devenu une sorte de mort-vivant: pas une déclaration de Jean Arthuis, pas une initiative politique de la nouvelle formation qui a sombré dans un anonymat qu’elle n’a jamais pu dépasser sauf à de rares et courtes occasions.

    Tentant malgré tout d’exister politiquement personnellement, en 2010, Jean Arthuis se déclarait prêt à se présenter à la présidentielle de 2012 mais sans attirer aucune attention de la part des médias dont beaucoup ne connaissaient même pas l’existence de l’Alliance centriste... D’ailleurs, il n’apparut jamais dans aucun sondage.

    Il créa ensuite le fantomatique Institut du Centre (qu’Alliance centriste subventionne) à la tête duquel il plaça Jean-Louis Bourlanges qui se voyait ainsi offrir une tribune inespérée pour ses propres ambitions, tribune qu’il ne manqua d’ailleurs pas d’utiliser (en annonçant même qu’il pensait se présenter, lui aussi, à la présidentielle!). Un Jean-Louis Bourlanges qui multiplie depuis 2007 les attaques fielleuses à l’égard de François Bayrou… le nouvel allié de Jean Arthuis!

    Sans grande stratégie claire, allant voir de chaque côté de l’échiquier centriste avec des discours incohérents et paradoxaux, cette absence de sens politique de Jean Arthuis devait aboutir au début de l’année 2011 à la création de la Confédération des Centres entre Hervé Morin et lui-même.

    Puis, quelques semaines plus tard, au lâchage en rase campagne du président du Nouveau centre (qui ne lui pardonne pas) et au refus de rallier l’Arés (Alliance républicaine écologique et sociale) de ce même Morin et Jean-Louis Borloo non sans avoir annoncé quelques jours auparavant, dans un éditorial sur son blog, son adhésion sans réserve à cette nouvelle alliance. Plus incohérent, tu meures!

    Entre temps, il avait publié un livre sur les finances publiques, son obsession, qui fit un bide.

    Et, pour couronner le tout, voilà que les médias qui ne connaissaient même pas l’existence de l’Alliance centriste, s’emparaient de cette dénomination pour qualifier l’alliance entre Hervé Morin et Jean-Louis Borloo sans même que Jean Arthuis ne réagisse dans un premier temps, semblant totalement se désintéresser d’un parti qu’il avait pourtant créé avec d’autres, ces autres dont il ne semblait guère se préoccuper.

    Dès lors, de plus en plus incohérent, il se coupait d’Hervé Morin pour chanter à nouveau les louanges de François Bayrou – qu’il avait voulu dégommer de la présidence du MoDem en 2008… Un Bayrou qu’il invitait en grande pompe (en fait, c’est le seul leader du Centre indépendant qui daigna se déplacer) lors de son Congrès d’Angers en juillet dernier avant de faire le déplacement lors de l’université d’été du Mouvement démocrate.

    Laissant son parti en déshérence, il jouait alors une carte personnelle, essayant de sauver vainement sa présidence de commission au Sénat, sans résultat, avant de décider, in fine, de rallier François Bayrou.

    Que conclure de cela? Que Jean Arthuis n’ait pas la stature d’un leader politique. Mais cela était évident depuis longtemps pour nombre de centristes qui l’ont côtoyé dont un grand nombre de militants de l’Alliance centriste. Cela l’est, dorénavant, pour les Français… en tout cas, ceux qui le connaissent!

    Quant au Centre, heureusement, il en a vu d’autres et beaucoup plus dangereuses pour son existence que cet épiphénomène qui ne ravira que ses adversaires. Après cette péripétie, néanmoins, le Centre reste à refonder. Et, au CREC, nous continuerons à nous battre pour cela.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La «majorité centrale» a des accents plus gaulliens que centristes


    Il est toujours intéressant d’écouter ceux qui ne sont pas du même bord que vous. En l’occurrence, Daniel Garrigue, l’ancien porte-parole de Dominique de Villepin et toujours député UMP, qui vient d’appeler à voter pour François Bayrou. Selon lui, le positionnement «central» du leader du Mouvement démocrate montre qu’il n’est pas centriste.

    Voilà qui est intéressant au-delà d’une dialectique quelque peu tirée par les cheveux si l’on se fie uniquement aux définitions du dictionnaire.

    Cela dit, entre ces définitions et les subtilités d’un positionnement politique, il y a, souvent, un abime…

    Et, effectivement, le thème de la «majorité centrale» de François Bayrou nous renvoie, comme il l’a déjà été indiqué ici, plus à une sorte d’union nationale ou, à une idée gaullienne qu’à un positionnement centriste.

    Car si le Général de Gaulle n’était pas centriste (il avait été démocrate-chrétien avant la Deuxième guerre mondiale mais ne l’était plus depuis longtemps quand il accéda au pouvoir en 1958, et il n’aimait guère les centristes), il se voulait, en revanche, un rassembleur en étant au-dessus des partis, c’est-à-dire dans une sorte de centralité attrape-tout.

    Rappelons pour la énième fois, que le Centre n’est pas central, qu’il n’est pas juste milieu. De même, le Centrisme qui ne ressort surtout pas d’un positionnement idéologique à équidistance entre la Gauche et la Droite, n’est pas centralité, ni un mélange plus ou moins subtil d’idées venues de droite et de gauche. En cela, la majorité centrale n’est pas centriste.

    Il faut se rappeler, également, que le Général de Gaulle voulait rassembler tout ce qu’il y avait entre les extrêmes. Selon lui, entre les Gaullistes et les Communistes, il n’y avait rien (à son époque, l’extrême-droite n’était qu’une bande groupusculaire).

    La volonté de rassembler tout ce qui se trouve du centre-gauche au centre-droit de Bayrou n’est donc pas très éloigné de la stratégie gaullienne si l’on songe que cela regroupe une grande partie du Parti socialiste et une grande partie de l’UMP.

    Les clins d’œil à Dominique de Villepin, à Manuel Valls et à quelques autres procèdent de celle-ci.

    François Bayrou, qui se voit en un Mitterrand gaullien (Mitterrand pour le parcours politique, de Gaulle pour la rencontre avec le peuple français), a décidé de se positionner de cette manière pour deux raisons.

    La première est qu’il croit en son destin présidentiel (même si seulement 18% des Français sont d’accord avec lui selon un récent sondage). Et celui-ci, selon la mythologie entretenue, est la rencontre d’une personne avec un peuple (sauf qu’aucun candidat sans un parti fort et structuré n’a pu remporter la présidentielle, pas même Valéry Giscard d’Estaing qui avait ses Républicains indépendants). Du coup, il faut se présenter comme un rassembleur.

    La deuxième est… qu’il ne peut pas faire autrement! Au jour d’aujourd’hui, son parti, le Mouvement démocrate, compte pour pas grand-chose électoralement parlant, et il ne peut s’appuyer sur lui pour en faire une machine à gagner la présidentielle.

    De même, il ne peut pas utiliser la stratégie de rassembler son camp au premier tour et les Français au second afin de se qualifier pour le second tour, au vu des résultats électoraux du MoDem et .à l’inverse de Nicolas Sarkozy, de François Hollande et même de Marine Le Pen.

    Dès lors, il doit se reposer uniquement sur un mouvement d’opinion en sa faveur qu’il doit construire et faire en sorte qu’il soit le plus large possible.

    Comme ce qu’il avait fait en 2007 où il avait choisi le thème de l’union nationale pour les mêmes raisons (même si, à l’époque, il avait une machine, l’UDF, malgré tout plus consistante).

    Union nationale et majorité centrale, même combat!

    Reste à savoir s’il sera capable de faire prendre la mayonnaise. A six mois de la présidentielle, ce n’est pas encore le cas.

    Pour les centristes, se posent donc la question de savoir si François Bayrou est leur candidat ou non. La réponse définitive sera apportée par ses propos et son positionnement lors de la campagne.

    Il se peut qu’il ne le soit pas mais qu’il demeure, malgré tout, celui qui sera le plus proche du projet politique du Centre. Cela lui permettra, sans doute, d’être celui des centristes…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Mais pour qui François Bayrou appellera-t-il à voter au second tour de la présidentielle?


    Si l’on estime, au jour d’aujourd’hui, que François Bayrou n’a que peu de chances d’accéder au second tour de la présidentielle (mais cela peut évidemment changer d’ici à avril 2012), on peut se demander pour qui il appellera à voter lors de ce duel. Pour François Hollande? Pour Nicolas Sarkozy? On exclut évidemment ici la présence de Marine Le Pen, car si ce cas de figure existe, il appellera à voter pour son adversaire, quel qu’il soit.

    Cette question n’est pas anodine car, d’une part, François Bayrou a dit lui-même que cette fois-ci, à l’inverse de 2007 où il n’avait donné aucune consigne de vote à son électorat, il appellerait à voter pour un des deux candidats encore en lice.

    De même, d’autre part, Hervé Morin n’arrête pas d’affirmer, pour mieux le rejeter hors du Centre, que son choix est déjà fait et que celui-ci est François Hollande (celui de Morin est déjà Sarkozy, mais là, c’est lui-même qui le dit!).

    Nous avons déjà expliqué ici qu’au vu des sondages et de la situation politique (mais tous peut également changer dans les six mois à venir), François Bayrou concourt pour être l’adversaire au second tour de François Hollande tant il semble évident que le candidat du Parti socialiste semble être assuré, à l’heure actuelle, d’être un des deux élus du premier tour.

    Dès lors, il doit se positionner face à Nicolas Sarkozy en essayant de capter son électorat positionné au centre-droit et dans des mouvances de droite modérée.

    D’où une difficulté, s’il n’est pas présent au second tour, à appeler à voter pour François Hollande.

    Cependant, ses critiques pendant cinq ans sans discontinuer (sauf ces derniers mois, ce qui peut être une indication) de Nicolas Sarkozy rendent également difficile l’appel au vote du président sortant.

    Pourtant, comme il a dit qu’il en choisirait un, il faudra bien qu’il se décide…

    Si le schéma d’une place à prendre pour affronter Hollande au second tour se confirme, François Bayrou aura du mal, pour demeurer crédible, d’appeler à voter pour le candidat socialiste.

    Et il aura tout à gagner (des places intéressantes au gouvernement et un accord pour les législatives) en se rapprochant de Nicolas Sarkozy.

    D’autant que François Hollande ne pourra pas forcément lui proposer autant que le président sortant puisqu’il devra compter sur les Verts et le Front de gauche, à qui il devra faire d’importantes concessions (sauf s’il les lamine mais même dans ce cas là, il aura besoin de leur voix malgré tout)

    Dès lors, en cette mi-octobre 2011, Hervé Morin a sans doute tort d’affirmer que François Bayrou appellera certainement à voter pour François Hollande.

    Et puis, in fine, tout dépendra du score du président du Mouvement démocrate. S’il dépasse les 15%, sa parole comptera. S’il est plus proche des 5%, celle-ci portera peu. Car entre faiseur de roi et rallié parmi tant d’autres, il y a un océan d’influence…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centre peut-il gouverner avec la Gauche?


    François Hollande, le désormais candidat élu du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2012, a déclaré vouloir opérer le rassemblement le plus large possible, allant du Centre à l’extrême-gauche afin de gagner et de gouverner.

    Celui qui est présenté (et qui se présente entre les lignes) comme un homme modéré de gauche a-t-il une chance de parvenir à obtenir le soutien des centristes?

    Ici, il y a plusieurs points à éclaircir.

    D’abord, dans l’esprit de François Hollande, aujourd’hui, il faut convaincre les électeurs centristes de voter pour lui et non, pour l’instant, d’avoir le soutien des partis politiques centristes. Bien entendu, tous les ralliements seront les bienvenus mais ils ne sont pas encore souhaités. Il s’agit donc d’un appel du pied au peuple centriste à ce stade de la campagne.

    Ensuite, le Centre et la Gauche peuvent-ils gouverner ensemble dans l’absolu? Rien ne va à l’encontre de cette alliance. En France, pendant très longtemps, le Centre et la Gauche ont noué des alliances électorales et de gouvernement. Dans de nombreux pays, à travers le monde, le Centre gouverne avec la Gauche. L’alliance électorale entre Droite et Centre qui est la norme en France date d’un peu moins de quarante ans et ne constitue pas une donnée intangible. Sans oublier que des ralliements de centristes ont eu lieu lorsque la Gauche a occupé le pouvoir, notamment lors du début du deuxième septennat de François Mitterrand, lors du passage de Michel Rocard à Matignon dans un gouvernement qui était largement au centre-gauche.

    Mais le plus important est de savoir si une alliance entre le Centre et la Gauche est possible au vu des programmes, des projets et des positionnements de chacun.

    Depuis que le Parti socialiste, à l’instigation de François Mitterrand, a décidé de privilégier l’alliance avec le Parti communiste, le Centre a été rejeté vers des alliances avec la Droite (même si des ralliements à droite avaient eu lieu du temps de George Pompidou avant la signature du Programme commun de la Gauche).

    Cependant, le Centre partage avec la Gauche certaines valeurs même si chacun les interprète quelque peu différemment. Que ce soit dans la solidarité ou dans la tolérance, elle est souvent plus proche de la Gauche que de la Droite, même si le Centre refuse l’assistanat et est circonspect devant certains aspects de «libéralisme culturel», ce qui n’est pas le cas d’une partie du Parti socialiste.

    Par ailleurs, le principe de réalité qui a désormais largement cours au Parti socialiste  -depuis la rigueur de 1983, lorsque François Mitterrand comprit, une bonne fois pour toute, que l’on ne gouverne pas avec des chimères et à l’encontre du réel-, a déplacé le positionnement de celui-ci vers la social-démocratie qui est désormais majoritaire dans ses rangs.

    Un libéralisme social (Centre) a donc des points communs avec une social-démocratie (Gauche). Mais cela suffit-il à faire alliance?

    En matière économique, la vision majoritairement keynesienne de la Gauche semble assez éloignée du libéralisme du Centre où les forces d’un marché régulé sont les moteurs essentiels de l’économie. Pour autant, le Centre croit dans le vrai libéralisme qui est régulé et contrôlé (ce qu’ont toujours désiré ses inventeurs) et non dans un capitalisme sauvage où tous les coups – souvent tordus comme le montre les dérapages des «marchés financiers» - sont permis par les plus puissants.

    Pour autant, il se méfie de la présence de l’Etat dans l’économie au-delà de son rôle de régulateur (garantir la transparence et la concurrence) et de contrôle (empêcher les comportements délictueux).

    Reste que dans le contexte actuel de crise plus ou moins larvée avec une menace de récession, l’intervention de la puissance publique est acceptée par le Centre comme une nécessité conjoncturelle et au nom du pragmatisme. On le voit bien avec François Bayrou, par exemple, qui prône le retour d’une politique industrielle.

    Quant à la fiscalité, le Centre la veut incitative et égalitariste quand la Gauche la souhaite encore trop souvent pénalisatrice et redistributive. Faire payer ceux qui ont plus que les autres n’est pas anormal sauf si l’on pense que le fait de s’enrichir est moralement mal et que le montant de l’imposition est injustifiée et bride l’initiative individuelle qui est encore l’élément principale de la création de richesses.

    En ce qui concerne la mondialisation, un accord n’est pas à exclure sur son humanisation et sur une certaine régulation de la globalisation économique mais non sur une chimérique et dangereuse démondialisation qui semble avoir le vent en poupe à l’intérieur du Parti socialiste.

    En matière sociale, le Centre a une règle d’or. On ne peut redistribuer et répartir que ce que l’on a produit. La richesse ne poussant pas sur les arbres et encore moins dans les coffres de l’Etat – comme semble le croire encore trop souvent la Gauche -, c’est bien l’activité économique qui la crée et qui permet, ensuite de la répartir équitablement et de la redistribuer dans un effort de solidarité.

    Néanmoins, le Centre partage avec la Gauche ce devoir de solidarité qui est de ne laisser personne sur le bord du chemin et de permettre à chacun de pouvoir vivre dignement et d’avoir la chance de pouvoir réussir son existence.

    Pour autant, le Centre n’est pas pour l’assistanat. Bien évidemment, il ne souhaite pas, à l’opposé de la Droite – tout au moins dans le discours de cette dernière -, laisser les plus démunis se débrouiller tous seuls sans pour autant créer un ghetto où ceux qui ne veulent pas s’en sortir (et non pas ceux qui ne peuvent pas s’en sortir) trouverait, ad vitam aeternam, un espace protégé.

    En matière sociétale, le «libéralisme culturel» (mariage homosexuel et adoption d’enfants par des couples homosexuels; vente libre du cannabis; utilisation des cellules souches d’embryon; procréation assistée d’enfants-médicaments; «genre» contre «sexe»; communautarisme culturel et ethnique; etc.) largement défendu par la Gauche, n’est partagé, qu’en partie, par le Centre, même si celui-ci prône un devoir de tolérance. Cela dit, à l’inverse, les centristes sont allergiques à ce «retour de l’autorité» défendu par la frange la plus à droite de l’UMP.

    Face à l’évolution des mœurs et aux demandes de plus en plus nombreuses venant de la l’ensemble de la collectivité ou de groupes spécifiques pour ouvrir ou fermer la société sur telle ou telle question, la base de la réflexion centriste, c’est la liberté dans la responsabilité. Liberté qui ne nuit pas à celle des autres et responsabilité qui est, à la fois, de ce que l’on fait mais aussi de faire, dans le sens où l’on donne à l’individu des responsabilités.

    Des passerelles existent donc mais elles ne peuvent se concrétiser en alliance de gouvernement qu’à partir d’un projet clair et d’un consensus sur des questions-clés, notamment en matière économique avec, en particulier, la question la plus importante du moment, sur la manière de relancer la machine France et de faire baisser de manière drastique le chômage.

    La campagne pour la présidentielle ouvrira peut-être des fenêtres d’opportunité afin de lancer un vrai débat entre le Centre et la Gauche. Reste que l’on voit mal, au-delà de ralliements individuels, des centristes cohabiter dans un gouvernement avec des membres du Front de gauche ou du Parti communiste et la frange la plus intolérante des écologistes.

    Mais l’on ne comprend pas, non plus, comment les centristes peuvent coexister dans un gouvernement de droite où se trouvent quelques éléments plus proches d’un nationalisme de droite extrême que du Centre.

    Quant à l’équilibre d’une alliance entre la Gauche et le Centre – tout comme une alliance entre le Centre et la Droite -, tout dépendra du rapport de force institué par la présidentielle et les législatives de 2012. De ce point de vue, les partis centristes doivent faire en sorte de s’entendre afin d’éviter que leurs électeurs succombent aux sirènes de la Droite et de la Gauche. Mais, ça, c’est une autre histoire…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Et maintenant?


    A sept mois de l’élection présidentielle mais aussi, il ne faut pas l’oublier, des élections législatives, quel est l’avenir du Centre pour ses deux rendez-vous politiques capitaux pour le pays?

    Au lieu de s’éclaircir, il s’est assombri… dans une certaine clarté!

    La clarté, c’est, bien entendu, une situation plus simple avec un candidat au centre qui semble au-dessus des autres et qui bénéficie d’une certaine légitimité. On veut parler, évidemment, de François Bayrou, depuis le retrait piteux de Jean-Louis Borloo.

    Mais cette clarté est toute relative puisqu’il y a toujours pléthore de micro-candidats qui veulent occuper l’espace central. Au premier rang de ceux-ci, il y a l’ancien lieutenant de Bayrou, Hervé Morin, qui a repris du poil de la bête depuis le renoncement de son associé et néanmoins adversaire, Borloo.

    Reste que lorsqu’il apparaissait dans les sondages, il ne dépassait guère les 2%. C’est en cela qu’il est encore un micro-candidat. Mais aussi parce qu’il n’a pas le soutien de tout son parti (notamment de tous ceux, nombreux, qui lui avaient préféré le président du Parti radical comme candidat).

    Derrière lui, Villepin pointe encore le bout de son nez (et, d’ailleurs, dans les sondages, il a toujours été plus haut que Morin). Bien entendu, nous le redisons, c’est une supercherie d’un homme de droite et nationaliste de vouloir se positionner au centre. Mais, franchement, est-ce beaucoup plus scandaleux que la tentative de phagocyter l’espace centriste à son profit par Jean-Louis Borloo, avec ses troupes qui avaient supporté sans sourciller Nicolas Sarkozy pendant quatre ans à l’intérieur du parti présidentiel?!

    On voit encore poindre Christine Boutin qui, si elle n’est pas centriste est, sans doute, moins éloignée de celui-ci que Villepin. Son engagement à la droite de la démocrate-chrétienne est une constante et elle porte avec elle certaines valeurs du Centre.

    Et puis il y a Corinne Lepage qui a vu dans le retrait de Borloo une belle opportunité de porter le flambeau d’une vision modérée de l’écologie. Est-elle pour autant une centriste? Ayant navigué du côté de la gauche modérée du temps de son engagement au Mouvement démocrate, on serait tenté den douter. Mais alors, on douterait également du recentrage de François Bayrou!

    Peut-être que d’autres candidats se déclareront dans les semaines à venir.

    La question est, qu’est-ce que cela va apporter au Centre?

    La réponse est simple, rien.

    Non pas que les personnes citées plus haut et les potentiels candidats qui pourraient encore sortir du bois n’ont aucun intérêt ou n’ont rien à dire. Cependant, ils continuent à encombrer l’espace centriste, à le morceler et à le rendre incompréhensible pour les électeurs.

    Pour l’instant, François Bayrou est celui qui a le plus de chance de faire un score honorable. Ce sera peut-être le cas d’un autre prétendant centriste (Hervé Morin?). Mais, il n’y a pas d’espace suffisant pour trois, quatre ou plus candidats se réclamant du Centre.

    D’autant qu’aucun d’eux, Bayrou compris, n’a une chance, actuellement, de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Il s’agit donc de se présenter pour faire exister les idées centristes, pour porter les valeurs du Centrisme et pour négocier au mieux un contrat de gouvernement avec la Droite ou la Gauche et de préparer les élections législatives.

    Néanmoins, le morcellement centriste assombri totalement cette ambition de pouvoir peser sur l’élection présidentielle et de permettre au Centre de négocier en position de force une alliance et un soutien contre une présence solide et substantielle dans le gouvernement qui sera mis en place après les présidentielles et les législatives.

    Si le Centre a une carte à jouer en 2012, c’est en se présentant uni aux deux élections. Sans écarter totalement la possibilité que son candidat puisse se retrouver en troisième position à l’issu du premier tour de la présidentielle, voire, en deuxième position, l’important est de montrer que le courant centriste a un projet pour la France et des équipes pour le mettre en œuvre. Cela permettra de peser politiquement sur le futur du pays.

    Pour que cela se réalise, il faudrait un peu de responsabilité de la part des leaders centristes. Et c’est bien pour cela, aussi, que l’avenir du Centre est bien sombre…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Centre: le temps de la clarification ou de l’embrouillamini?!


    Il ne sera donc pas candidat, ce qui n’est guère étonnant pour beaucoup, tant il est un personnage inconstant et manquant de courage politique, selon leur opinion. Jean-Louis Borloo a donc jeté l’éponge, il ne se présentera pas en 2012 alors que toutes les conditions pour sa candidature étaient réunies.

    Toutes sauf une… celle de gagner à coup sûr! Et c’est la lamentable raison qu’a avancée le président du Parti radical pour faire marche arrière. Car, il l’a dit, il s’était préparé, il avait son projet et ses équipes (merci pour elles, il ne les a même pas prévenues avant sa déclaration…).

    Du coup, on croit comprendre que les convictions centristes de Jean-Louis Borloo n’étaient que de l’apparence afin de capter un électorat qui aurait pu le propulser à la tête de l’Etat.

    Voilà qui est quelque peu troublant pour quelqu’un qui se gargarise de ses convictions politiques. Si l’on en a de vraies, peu importe que l’on gagne ou que l’on perde, on va les défendre lors de rendez-vous électoraux.

    Mais Jean-Louis Borloo avait tout de même un problème, il n’était pas réellement centriste! Ce n’est pas nous qui le disons, c’est lui-même et sa muse, Rama Yade, qui sont venus le dire et le redire sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio et lors d’interviews dans la presse, il étaie de la droite modérée et républicaine (ce qui n’a pas empêchée Rama Yade de rejoindre le groupe Nouveau centre au Conseil régional d’Ile-de-France, juste avant que son chef ne jette l’éponge!).

    Pour certains, tout est donc revenu dans l’ordre des choses. Exit l’opportuniste radical qui voulait, à l’instar d’un Villepin, préempter le Centre à des fins d’ambitions personnelles.

    Et François Bayrou peut venir parader en affirmant qu’il savait que Jean-Louis Borloo n’avait pas les … pour se présenter et qu’il n’était qu’un homme de droite habillé en centriste. Cela permet de faire oublier qu’il avait, un temps, déserter le Centre. Mais, au moins, lui, il en venait et son discours est un discours centriste.

    Car ce renoncement va profiter, avant tout, au président du Mouvement démocrate. Le voilà donc quasiment intronisé par Borloo comme le seul et unique candidat centriste crédible.

    Crédible car Hervé Morin a immédiatement réagit en disant qu’il était toujours candidat. Mais le président du Nouveau centre doit maintenant démontrer qu’il peut porter les couleurs du centre-droit alors qu’il a disparu des sondages depuis plusieurs semaines et que son score ne dépassait pas, alors, le 2%.

    D’autant que Morin ne compte pas que des amis dans son propre parti. Nombreux ont été ceux qui ont mené une farouche bataille contre lui et en faveur de Borloo. Sauvadet, Létard, Leroy et bien d’autres, sans oublier le plus virulent, Jean-Christophe Lagarde, le président exécutif du Nouveau centre, qui n’a pas mâché ses mots contre la candidature de son patron, réglant au passage quelques comptes internes.

    Au Parti radical, ceux qui avaient pris position pour une candidature Borloo se retrouvent un peu bêtes et, surtout, marginalisés. Même la girouette Dominique Paillé a dit qu’il ne voulait pas en être une en revenant dans le giron de l’UMP, c’est dire!

    Quid, également, de l’Ares (Alliance républicaine écologique et sociale) qui regroupe le Nouveau centre et le Parti radical (ainsi que la Gauche moderne)? Va-t-elle se mobilier pour Hervé Morin? Va-t-elle se déliter?

    Ce qui est assez étonnant, c’est qu’après les élections sénatoriales, Jean-Louis Borloo avait souhaité que les sénateurs Nouveau centre, radicaux et Gauche moderne forment un groupe. Cela ne s’est pas déroulé ainsi puisque le groupe Union centriste réunit (mais pour combien de temps?) ceux-là en plus du Mouvement démocrate et de l’Alliance centriste.

    La candidature de la sénatrice du Nord, Nouveau centre et fervente supportrice de Jean-Louis Borloo, à la présidence de la haute assemblée, semblait montrer que la dynamique était encore du côté du président du Parti radical.

    Bien sûr, elle n’a obtenu que 29 voix (alors que le groupe compte 31 membres) mais cela veut dire que des sénateurs de tous les courants centristes avaient voté pour elle.

    Cette étonnante unité des différents courants centristes au Sénat concrétisé par un groupe commun et une candidature unique au plateau (la présidence de la haute assemblée) préfigure-t-elle une dynamique en ce sens au-delà des bancs du Palais du Luxembourg ou n’est-elle que de la poudre aux yeux avec des arrière-pensées politiciennes?

    Au vu des déclarations et des postures, on serait, malheureusement, plus enclins à retenir la deuxième option.

    Il va falloir voir dans les jours et les semaines qui viennent comment, ce que l’on peut vraiment appeler, malheureusement, la «nébuleuse centriste» va se sortir de toutes ses contradictions, qui vont, à l’intérieur de celle-ci rebondir en émergeant comme possibles leaders.

    Reste qu’il faut souhaiter que les électeurs centristes ne soient pas découragés devant tant d’inconséquences, de faux-semblants et de petites batailles. On la déjà dit. On le redit. Et on espère en des jours meilleurs pour le Centrisme. On la dit. On le redit…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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