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personnalisme

  • Sans respect, pas de démocratie équilibrée

    Parier sur l’humain et sa capacité à vivre sa liberté de manière responsable est une des convictions les plus fortes des centristes.

    De ce point de vue, ils se rattachent à cette longue lignée de philosophes qui de Montaigne (affirmant l’importance de ce que Sénèque appelait «se faire soi-même») en passant par Descartes (affirmant la réalité de l’individu par le «je»), Leibniz (affirmant la différence de chaque individu par le concept de la monade), Locke (affirmant que la liberté est constitutive de l’humain dès sa naissance) ou encore Kant (affirmant l’autonomie de l’humain fin en lui-même) et Stirner (affirmant le primat de l’individualité sur la liberté) jusqu’à Mounier (affirmant, en tant qu’adepte du christianisme qui parle d’un Dieu personnel, que l’individu est une personne dans la société, ce qui lui confère des droits et des devoirs) ont, chacun, apporté leur pierre fondamentale à la construction de la théorie du Centrisme qui permet de faire de l’être humain un individu et une personne à la fois, sachant que seul un individu libre et autonome peut devenir une personne à la dignité reconnue.

     

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  • Enfants: les droits et le respect c’est encore mieux!

    On célèbre en cette année 2014, le vingt-cinquième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies les 20 novembre 1989 et dont la France a été le deuxième pays à la ratifier où elle est en vigueur depuis le 2 septembre 1990.

    Cette convention a été une victoire majeure dans le combat humaniste que porte le Centrisme et une évolution essentielle pour la reconnaissance d’un temps de l’enfance spécifique et pour la protection des enfants dans le monde entier.

    Elle a, de plus, permis de faire progresser de manière décisive la vision de la société sur l’enfance qui n’est plus perçue aujourd’hui comme une condition de «petite personne» face au monde des grandes personnes mais comme composée de personnes à part entière qui ne dépendent pas, pour leurs droits, du bon vouloir des adultes.

    Si les centristes sont très attachés à cette convention et à la protection des enfants en général, c’est parce qu’ils sont des humanistes avant tout.

    Ainsi, les deux courants principaux du Centrisme, le libéralisme et la démocratie-chrétienne mettent en avant la reconnaissance de l’enfant comme une personne.

    En plaçant la liberté et les droits qui en découlent comme son principal étendard, le libéralisme œuvre pour l’émancipation de l’enfant et demande à ce qu’il jouisse des mêmes droits que les adultes autant qu’il est possible de le faire.

    En s’appuyant sur la parole de Jésus et cette fameuse sentence aux apôtres qui s’interposaient entre lui et des enfants, «Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi; car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des Cieux» (Evangile selon Saint-Matthieu), la démocratie-chrétienne s’est toujours montrée attentive à la protection de l’enfance et au statut central de l’enfant dans notre humanité.

    De plus, de par son attachement au personnalisme (individu doté de droits et inséré dans la communauté), elle a fait une place particulière à l’enfant dans son combat politique.

    Mais si les droits reconnus aux enfants dans cette convention sont fondamentaux, une plus grande avancée pourrait se produire si un respect de l’enfant et de l’enfance existait réellement.

    Car, tant dans la condition des enfants que dans la place qu’on leur fait dans la société, non seulement beaucoup de droits reconnus dans la convention demeurent lettre morte ou vœux pieux mais la protection effective des enfants demeurent souvent un exercice de rhétorique qui se traduit peu dans les faits à travers le monde alors que tous les pays de la planète ont ratifié ce texte (à l’exception de la Somalie et… des Etats-Unis).

    C’est souvent le cas en France.

    Un récent rapport de l’Unicef a pointé une avancée terrible de la pauvreté qui touche les enfants de notre pays.

    De même, les violences faites aux enfants sont encore excessivement nombreuses et l’on attend encore la mobilisation de toute la société pour les éradiquer le plus possible.

    Ainsi, on s’aperçoit que la plupart des enfants maltraités ne sont pas signalés aux autorités compétentes, ce qui aboutit à des drames terribles comme celui vécu par la petite Marina, torturée à mort par ses parents pendant des années.

    Quant à reconnaître que l’enfant est une personne et qu’il peut décider ou être acteur de la décision qui le concerne, cela reste bien souvent virtuel quand ce n’est pas totalement exclu pour des motifs contestables.

    Sans parler du monde que nous laisserons à nos enfants où la violence, la pollution et le pillage des ressources naturelles ainsi que la pauvreté en sont les craintes majeures.

    Tout cela témoigne, au mieux, d’un inintérêt pour l’enfant, son présent et son futur, au pire, d’une irresponsabilité et d’un irrespect impardonnables qui impactent l’enfance des personnes en détresse mais aussi toute leur vie d’adulte.

    Pourtant, selon certains, l’enfant serait roi dans nos sociétés occidentales.

    Ce qui fait beaucoup rire (jaune) tous ceux qui s’occupent des enfants, notamment de ceux qui vivent dans le désamour, la maltraitance et dans la pauvreté.

    Comme le rappelle le sociologue François de Singly, «l’enfant a changé d’identité non parce que les adultes s’inclineraient devant l’enfant-roi, mais parce que tout individu jeune ou non est ‘roi’ dans une société individualiste».

    En ce vingt-cinquième anniversaire, c’est donc plus le combat qui reste à mener pour les enfants qu’il faut mettre en avant même si l’on peut se féliciter des avancées faites depuis le début du XX° siècle.

    Toutes celles qui restent à faire ainsi que la pérennité de celles qui ont été faites passent et passeront par ce respect, cette valeur essentielle que les centristes mettent au cœur de leur projet politique et sociétal.

    Citons, pour finir, celui qui a été le principal inspirateur de la Convention des droits de l’enfant, le pédiatre et écrivain polonais Janus Korczak, gazé à Treblinka par les nazis en 1942 avec les enfants juifs dont il s’occupait et qu’il n’avait pas voulu laisser:

    Dans son livre, «Le droite de l’enfant au respect», il écrivait: «Vous dites: C'est fatiguant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez: Parce qu'il faut se mettre à leur niveau, se baisser, s'incliner, se courber, se faire petit. Là, vous avez tort. Ce n'est pas cela qui fatigue le plus. C'est plutôt le fait d'être obligé de s'élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De s'étirer, de s'allonger, de se hisser sur la pointe des pieds. Pour ne pas les blesser».

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

    (Alexandre Vatimbella, directeur du CREC, est aussi le président de l’association Touche Pas Aux Enfants / www.touchespasauxenfants.org)

     

     

  • Les deux synthèses centristes

    Actuellement, deux synthèses sont dominantes au centre de l’échiquier politique français, la «libéro-chrétienne» et la «christo-libérale».

    La première, est très libérale en matière économique et sociale mais très démocrate-chrétienne en matière sociétale (en particulier à propos des mœurs).

    La deuxième est très démocrate-chrétienne en matière économique et sociale mais très libérale en matière sociétale (en particulier à propos des mœurs).

    Bien entendu, on trouve également un courant libéro-libéral et un courant démocrate-chrétien aux positionnements cohérents en rapport aux canons traditionnels de ces deux pensées politiques tant en matière économique et sociale qu’en matière sociétale mais ils sont plutôt minoritaires aujourd’hui.

    Schématiquement, la synthèse «libéro-chrétienne» s’appuie sur la liberté d’entreprendre et des valeurs d’un vivre ensemble dominées par une vision conservatrice de la société et du lien social.

    La synthèse «christo-libérale», quant à elle, s’appuie sur l’économie sociale de marché et les valeurs de l’individualisme libéral où prime l’intérêt de l’individu sur celui du groupe.

    A priori, ces deux synthèses peuvent cohabiter ensemble en trouvant des compromis quant à l’organisation de l’économie (en France, l’Etat a toujours eu un rôle plus important que dans d’autres pays, ce que ne rejettent pas les libéro-chrétiens même s’ils veulent que celui-ci diminue).

    En revanche, il est plus difficile de trouver des ponts en matière sociétale.

    Ainsi en est-il, par exemple, du mariage pour tous où l’on a vu, dans l’espace centriste, des positions totalement antinomiques entre les tenants de la synthèse christo-libérale totalement opposés au mariage entre personnes du même sexe et ceux de la synthèse libéro-chrétienne, au contraire, soutiens inconditionnels de cette mesure.

    En outre, si les deux synthèses appuient des réformes afin de permettre à la France de se moderniser et de retrouver le chemin du progrès, elles buttent également sur des désaccords importants.

    Alors que, par exemple, la synthèse christo-libérale voit dans la mondialisation une opportunité et demande que le pays engage les réformes nécessaires pour y participer pleinement, la synthèse libéro-chrétienne est nettement plus réservée même si les positions des tenants de cette dernière ont des vues assez disparates en la matière.

    De même pour ce qui est de la solidarité de la société envers les plus défavorisés.

    Si personne ne remet en cause la nécessité des les aider, la synthèse christo-libérale estime que c’est avant tout en libérant les énergies entrepreneuriales que l’on permettra à tous d’avoir un travail et donc un revenu suffisant alors que la synthèse libéro-chrétienne est plus sur les thèses du solidarisme et du personnalisme adeptes d’une aide directe de la société à ceux qui en sont exclus.

    Au vu de ce que l’on vient de voir, il est plus facile de comprendre qu’au-delà des ambitions et des inimitiés personnelles, l’union de tous les centristes butte également sur des questions politiques prégnantes, avec parfois des convictions qui semblent bien irréconciliables et ont comme conséquence un certain immobilisme au niveau des projets et des programmes centristes sauf sur de grands principes.

    Heureusement, un de ceux-ci permet de redonner cohésion et cohérence aux différents points de vue centristes, c’est celui du juste équilibre dont on ne dire jamais assez son importance afin de construire une société harmonieuse.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

     

     

  • L’enfant est un être d’amour, pas un objet de désir

    Dans la théorie libérale qui est un des piliers de l’Humanisme et du Centrisme, l’individu se possède et peut donc se vendre (en particulier sa «force de travail»). Cette vision lui permet de s’appartenir et de ne plus être la possession d’autres comme sous la féodalité ou dans des sociétés totalitaires où il doit une obéissance complète et aveugle à l’Etat.

    Elle a permis de justifier les révolutions et autres émancipations qui ont mis en place des régimes démocratiques.

     

    Mais elle pêche par une conception trop utilitariste de l’humain et basée sur une vision avant tout économique.

     

    C’est pourquoi j’ai toujours préféré la notion où l’être humain «est», c’est-à-dire qu’il ne se possède pas mais que le fait qu’il existe fait de lui un être unique et impossible à asservir par d’autres.

     

    L’être précède l’avoir. Il faut être pour avoir.

     

    Nous rejoignons ici plutôt les valeurs chrétiennes, autre pilier de l’Humanisme et du Centrisme, qui ont débouché sur le personnalisme et la reconnaissance qu’un individu est, dans la société, une personne qui dispose de lui-même et, surtout, est lui-même ce qui lui confère des droits et l’inaliénabilité de son existence et de sa différence.

     

    Ce rappel est primordial si l’on veut aborder la question essentielle de la procréation médicalement assistée, de la gestation pour autrui (les «mères porteuses») et de l’adoption des enfants, ce fameux «droit à» l’enfant qui se télescope de plus en plus avec le «droit de» l’enfant.

     

    Pouvoir acheter une voiture, quand on a l’argent pour, celle que l’on veut, quand on veut et pour en faire ce que l’on veut (sauf foncer sur les autres pour les tuer!), c’est une liberté fondamentale.

     

    Pouvoir avoir un enfant est aussi une liberté mais elle se régule évidemment avec le fait que l’enfant n’est pas un objet de désir (ou utilitaire) mais un être humain.

     

    Néanmoins, ne soyons pas, non plus, angéliques. Les enfants sont trop souvent les laissés pour compte dans la société.

     

    Les moyens pour éviter la pédophilie, les mauvais traitements, la prostitution sans même parler des accidents ou des traumatismes psychologiques sont dérisoires pour des êtres que nous prétendons être au-dessus de tout et pour lesquels nous déclarons que nous serions prêts à tout sacrifier, même notre existence.

     

    Pour autant, nous pouvons prétendre que tout cela fait partie de cette vie dangereuse qui nous entoure et que nous tentons, malgré tout, d’éviter le pire.

     

    Ce n’est pas du tout le cas lorsque l’Etat et la société légifèrent sur le «droit à» l’enfant en mettant en avant le désir d’avoir un enfant avant même le bien-être de l’enfant.

     

    Ainsi de l’adoption, de la gestation pour autrui (interdite en France) et de la procréation médicale assistée.

     

    Un enfant adopté est souvent plus heureux dans sa nouvelle famille que dans un orphelinat (ou dans sa famille qui l’a abandonné). De même, un enfant né grâce à la gestation pour autrui ou par les techniques diverses de procréation assistée est souvent aimé encore plus parce qu’il était vraiment désiré.

     

    Cependant, tout est-il possible dans ces domaines?

     

    Bien sûr que non.

     

    Parce que le désir manifesté par des adultes d’avoir un enfant grâce à l’adoption ou à la procréation médicale assistée doit d’abord être un désir de parent et pas un désir de consommateur.

     

    Avoir un enfant en tant que parent c’est avoir une responsabilité dans ce qu’il est, ce qu’il va devenir ainsi que sur son bien-être et sa sécurité, c’est lui donner de l’amour.

     

    En tant que consommateur, il s’agit alors seulement de contenter un désir.

     

    L’amour des enfants et non le désir d’enfant qui doit être évidemment le critère de référence. Aimer les enfants c’est les respecter et vouloir leur bien. Désirer un enfant c’est avant tout vouloir un enfant pour soi.

     

    Bien sûr, et je l’ai déjà écrit ici, il est très difficile de faire la part des choses, de sonder l’âme des individus pour savoir s’ils sont plus dans une démarche de parent ou de consommateur.

     

    Reste que cette règle doit être sous-tendue dans chaque cas d’adoption ou de procréation médicale assistée.

     

    Dès lors, la question de savoir si les couples homosexuels peuvent avoir des enfants et être considérés comme deux parents, doit être passée au crible de l’intérêt de l’enfant et non de l’envie des adultes.

     

    Au moment où l’on brandit à tout va cette notion si controversée de «principe de précaution» que Jacques Chirac a fait inscrire dans la Constitution et dont la gauche se sert à tout va, il est pour le moins étonnant que ceux qui ont le plus de valeur pour une société, les enfants, en soient exclus.

     

    Car rien ne prouve sans doute les effets néfastes de l’homoparentalité. Rien ne prouve le contraire, non plus.

     

    Comme l’explique le docteur Guillaume Fond dans une étude qu’il a réalisé sur le sujet pour l’INSERM, «à ce jour, aucune étude n’a pu démontrer que l’homoparentalité était un facteur de risque. Mais aucune étude n’a pu faire de comparaison avec un ‘groupe de contrôle’ suffisamment important».

     

    N’est-ce pas cette situation d’absence de preuve du côté des «pour» comme du côté des «contre» qui fait qu’en France les OGM sont interdits au nom du principe de précaution?!

     

    Le Centrisme défend la liberté, mais une liberté dans la responsabilité et le respect.

     

    Aujourd’hui, l’homoparentalité se heurte à la responsabilité parentale que nous avons évoquée plus haut et, surtout, au respect de l’enfant.

     

    Se dire opposé à celle-ci n’est donc ni un conservatisme, ni une réaction ou un retour en arrière.

     

    C’est tout le contraire, c’est faire partie de ce mouvement qui, depuis deux cents ans, travaille à l’émancipation des enfants dans la société, qui a permis l’adoption de nombreuses législations à travers le monde pour lui donner une identité juridique et le protéger contre tous les abus dont il était victime de la part de la société (et dont il est toujours victime).

     

    Il a abouti à la Déclaration de Genève sur les droits de l’enfant de 1924 puis à la Déclaration des droits de l’enfant de 1959 ainsi qu’à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 adoptées toute deux par les Nations Unies et signées par la France.

     

    Cette dernière convention dit, explicitement, dans son article 3 aliéna 1: «dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.»

     

    Nous sommes là dans le cœur du débat.

     

    Et en l’absence de réponse claire, l’homoparentalité est un risque potentiel qui doit engendrer automatique une protection de l’enfant à son encontre.

     

    C’est la réponse humaniste et centriste.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Alliance: Le Centre doit-il en pencher à gauche ou à droite?

     

    Au moment où il semble que le Mouvement démocrate de François Bayrou et l’UDI de Jean-Louis Borloo ont deux stratégies complètement différentes, sinon diamétralement opposées, en matière d’alliances électorale et de gouvernement, quelle est, par rapport au paysage politique actuel de la France, la meilleure pour le Centre?

    Au-delà de son union qui reste encore largement à faire et qui ne serait, de toute façon, pas suffisante pour gagner les élections et gouverner, il y en a trois possibles: soit une alliance à droite, soit une alliance à gauche, soit une alliance multidirectionnelle avec la droite et la gauche modérées.

    Certains, dont nombre de centristes, affirment qu’une alliance soi-disant «naturelle» unirait le Centre et la Droite, toute la Droite, en excluant uniquement les partis d’extrême-droite comme le Front national.

    D’autres estiment que l’alliance est plutôt à rechercher du côté de la Gauche, à l’exclusion de la gauche de la gauche (Front de gauche) et de l’extrême-gauche (du NPA à Lutte ouvrière).

    Enfin, la troisième possibilité est l’alliance avec la droite et la gauche modérées, ce qui impliquerait une recomposition politique (scission des ailes modérées du Parti socialiste et de l’UMP) qui n’a pas encore eu lieu.

    Etudions ces trois cas de figure:

    - Alliance Centre-Droite: C’est l’alliance qui s’est développée en priorité pour une majorité des centristes depuis le début des années 1970. Elle n’a rien de «naturelle», ni d’«historique», malgré les affirmations de Jean-Louis Borloo ou d’Hervé Morin, quand on se rappelle l’opposition frontale entre centristes et gaullistes depuis la Libération.

    Elle s’est ensuite réalisée sur une proximité idéologique, notamment, sur l’économie (économie de marché) mais bien plus sur la politique, refus sans concession du communisme et constat de l’impossibilité pour le Parti socialiste français de se réformer pour se positionner comme une formation social-démocrate après la tentative désastreuse de Gaston Deferre à la présidentielle de 1969 puis la signature du Programme commun de gouvernement avec les communistes en 1972.

    Mais même si le centre-droit est présent à l’intérieur même de l’UMP, il existe, entre le Centre et la Droite de nombreuses différences.

    Libéraux mais aussi personnalistes et solidaristes, influencés en cela par les doctrines sociales démocrate-chrétiennes, les centristes ont une vision plus ouverte de la société, une recherche plus grande d’humanité et de partage ainsi qu’une volonté émancipatrice de l’individu dans le progrès.

    Par conviction, le centriste n’est pas un conservateur, il est réformiste. De même, s’il est patriote, il n’est pas nationaliste et voit l’avenir de la France dans une fédération européenne.

    - Alliance Centre-Gauche: C’est une alliance qui a eu lieu maintes et maintes fois dans l’histoire politique de la France. Aujourd’hui encore elle persiste  - à un niveau certes minimum - grâce à la présence des Radicaux de gauche (centre-gauche) aux côtés du Parti socialiste.

    Reste que les centristes ne partagent pas la vision socialiste plutôt holistique de la société où la liberté est bridée face au primat d’un intérêt général aussi peu précis qu’il est, par définition, extensif à tout et n’importe quoi, et où un Etat omniprésent est chargé d’administrer ce tout et n’importe quoi.

    En outre, le choix des socialistes français de se tourner vers les extrêmes à gauche pour constituer des alliances électorales et de gouvernement les a coupés d’une vraie possibilité d’union avec le Centre alors que fortes convergences existent dans de nombreux domaines.

    - Alliance du Centre avec les gauche et droite modérées: Cette alliance serait évidemment la meilleure et certainement la plus «naturelle» par rapport à ce que nous venons de dire des deux précédentes sauf… qu’elle est impossible actuellement.

    En effet, la droite modérée est aujourd’hui majoritairement à l’intérieur de l’UMP (et ne semble pas vouloir s’en détacher malgré la crise dévastatrice qui frappe le parti) même si on la trouve aussi dans l’UDI (d’où, d’ailleurs, la possible marginalisation, à terme, des centristes comme ce fut rapidement le cas à l’intérieur de l’UMP).

    De son côté, la gauche modérée, que ce soit avec les Radicaux de gauche, une partie des Verts ou avec la frange la plus réformiste du Parti socialiste, est bien arrimée à ce dernier et si elle souhaite une alliance avec le Centre, elle n’est pas en mesure d’imposer au PS les compromis nécessaires pour la réaliser.

    De même, au-delà de l’alliance avec le Centre, la droite modérée et la gauche modérée ne semblent pas, sur les bases actuelles du débat politique mais aussi des blocages dus à l’organisation même du politique en France, capables de construire une alliance entre elles.

    Pour faire bouger les lignes en la matière, il faudrait un Centre hégémonique auquel s’agrègeraient la droite et la gauche modérées. Autant dire que nous en sommes encore loin…

    Revenons-en maintenant aux stratégies différentes du Mouvement démocrate et de l’UDI.

    Le Mouvement démocrate se positionne de plus en plus au centre-gauche tandis que l’Union des démocrates indépendants s’est installée franchement au centre-droit.

    Même si l’on peut considérer que ces positionnements sont électoralistes et qu’il s’agit également, et pour l’UDI et pour le MoDem, de trouver, chacun, un espace politique privilégié et protégé, ils sont également le résultat de deux analyses divergentes d’un constat commun: le corps social, notamment la classe moyenne, cœur de cible du Centre, est de plus en plus individualiste et consumériste dans une société postmoderne.

    Ce constat d’une communauté où l’individu réclame que l’on prenne en compte ses choix de vie prioritairement au vivre ensemble tout en lui assurant une sécurité amène des réponses proches de la part des deux partis centristes mais pas identiques, que ce soit en matières économique, sociale et sociétale.

    C’est certainement dans ce dernier domaine que les différences sont les plus nettes. Les positions du MoDem sont ainsi plus libérales et celles de l’UDI plus conservatrices, même si les discours des deux formations et de leurs présidents demeurent encore loin d’une société ouverte, métissée et mondialisée.

    De leurs côtés, l’UMP s’arcboute sur des positions très conservatrices alors que le Parti socialiste agit, en la matière, en parti attrape-tout qui se focalise sur l’ensemble des minorités en leur promettant de défendre leur cause… qui sont parfois opposées.

    Deux réponses qui ne sont pas celles du Centre qui met en avant la liberté dans la responsabilité mais aussi la notion de personne, l’une et l’autre devant ainsi être des garde-fous de choix radicaux.

    Le pari de François Bayrou d’une alliance avec le Parti socialiste prend en compte une vision où les «droits à» et les revendications identitaires de groupes divers, le tout dans un environnement où règne le «principe de précaution», sont en constante progression dans cette société postmoderne qui est en train de se construire.

    Le pari de Jean-Louis Borloo d’une alliance avec l’UMP prend en compte une vision où les revendications individuelles à une plus grande autonomie sont l’autre pendant de cette postmodernité.

    Reste que le plus important est de savoir quelle est l’alliance qui sera le plus bénéfique pour le Centre et pour les Français.

    Au jour d’aujourd’hui, au vu de la faiblesse du Centre, ces deux alliances recèlent autant de dangers pour les partis centristes.

    En réalité, ce qui sera le plus important, sera la capacité de ceux-ci de devenir des partenaires égaux dans une alliance.

    A ce jeu, l’UDI semble avoir pris une longueur d’avance sur le Mouvement démocrate.

    A ce dernier de trouver un moyen pour revenir à la hauteur du parti de Jean-Louis Borloo s’il veut encore peser sur l’avenir du Centre demain.

    L’essentiel se jouera néanmoins sur l’élaboration d’un programme entre les partenaires. C’est à ce moment là que l’on pourra vraiment savoir si le Centre ne joue que les utilités ou s’il réussit à obtenir un réel compromis équitable avec son allié.

    C’est pour cela qu’il est trop tôt pour se prononcer sur le choix que doit faire le Centre tout en ajoutant qu’il est tout aussi évident qu’un choix devra obligatoirement être fait, au plus tard pour les prochaines élections législatives et présidentielles.

    La particularité des élections municipales et régionales n’obligent pas à d’autres alliances que locales même s’il peut y en avoir une au niveau national. Sans parler des européennes où chaque parti peut se compter seul.

    En d’autres termes, l’important pour le Centre est avant tout de se (re)construire afin de se présenter, quand il sera temps, en partenaire crédible de la Droite ou de la Gauche.

    C’est pour cela qu’il semble étonnant que l’UDI se soit déjà prononcée pour une alliance à droite avant même toute négociation programmatique avec l’UMP.

    C’est pour cela qu’il semble étonnant que le Mouvement démocrate penche à gauche alors qu’il n’y ait au aucun signe de réelle ouverture de la part du PS.

    In fine, l’alliance la plus «naturelle» du Centre serait avec une gauche réformiste et une droite progressiste. Mais la V° République et ses institutions ne semblent pas être des facilitateurs pour celle-ci.

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme