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  • Elections américaines: lors d’un choix de société, on choisit autant que l’on élimine

    On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.

    Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama, il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit - afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.

    D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy en France).

    Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on élimine.

    Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.

    Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.

    Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans parler, évidemment, des centristes.

    Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour cette élection et pour l’avenir de leur pays.

    On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la présidence de George W Bush.

    La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les républicains aux yeux de l’opinion.

    Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc pas un président par défaut.

    En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.

    S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore fragile et doutant sur ce que sera son avenir.

    Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand président.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Rêve américain: l’opposition entre démocrates et républicains

    L’élection présidentielle de cette année aux Etats-Unis est aussi une opposition entre deux visions du rêve américain (voir à ce sujet, mon article «Le choc des deux rêves américains» dans le dernier numéro de la nouvelle revue Géopolitique*).

    Le premier débat entre Barack Obama et Mitt Romney, en a été une preuve même si les médias se sont plus focalisés sur la forme que sur le fond, ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire ici.

    Comme l’a très bien expliqué Peter Baker du New York Times, un des rares journalistes à avoir vraiment écouté les propos de chacun des candidats, il s’agit bien d’un «choix philosophique fondamental à propos du futur de l’Amérique».

    Le rêve américain, a contrario de ce que pensent beaucoup, est un terme inventé récemment. Il vient d’un livre publié en 1931, en pleine Grande dépression, «The Epic of America» de l’historien James William Truslow dans lequel ce dernier évoque ce rêve américain qui est, selon lui, «ce rêve d’une terre dans laquelle l’existence serait meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec l’opportunité pour chacun d’y parvenir grâce à ses capacités ou ce qu’il a accompli. C’est un rêve difficile à réellement conceptualiser pour les classes supérieures européennes, mais également pour beaucoup d’entre nous qui sommes de plus en plus lassés et méfiants à son encontre. Il ne s’agit pas simplement d’un rêve d’automobiles ou de hauts salaires, mais c’est un rêve d’un ordre social qui permettra à chaque homme et à chaque femme de parvenir à ce qu’ils sont capables d’atteindre naturellement et à être reconnus par les autres pour ce qu’ils sont, indépendamment des circonstances fortuites de leur naissance ou de leur statut».

    Depuis, il a été invoqué à tout va et est devenu depuis le début du XXI° siècle, un enjeu idéologique récurrent entre les deux grands partis.

    Pour les démocrates et les progressistes, le Rêve américain est celui qui permet à chacun de vivre une vie décente, de pouvoir faire vivre sa famille sans l’angoisse du lendemain et d’espérer que ses enfants, grâce à son travail et à l’éducation qu’ils reçoivent, pourront s’élever socialement et avoir un meilleur avenir que celui de leurs parents et que les enfants de leurs enfants aient, à leur tour également la même opportunité. Dans ce cadre, le gouvernement a un rôle actif à jouer pour offrir cette opportunité à tous.

    Pour les républicains et les conservateurs, le Rêve américain est celui qui offre l’opportunité, à celui qui en a les capacités et l’envie, de s’élever socialement sans entrave, sans rien devoir à personne, surtout pas au gouvernement qui ne doit pas intervenir en la matière, et qui a le droit, une fois fortune faite, de jouir de tout ce qu’il a récolté grâce à son travail.

    Ces deux versions du Rêve américain peuvent très bien cohabiter en période d’abondance et de forte croissance comme ce fut le cas, par exemple, de la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’au début dans années 1970. Le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, ardent défenseur du keynésianisme et éditorialiste à succès au New York Times, s’en rappelle avec nostalgie dans son ouvrage, paru en 2007, l’«Amérique que nous voulons» («The Conscience of a Liberal»).

    En revanche, lorsque le pays se trouve dans une situation économique plus délicate, comme aujourd’hui, les deux rêves ne sont plus complémentaires, ils se confrontent. C’est, soit l’un, soit l’autre. Ou, en tout cas, c’est ce que prétendent les démocrates et les républicains.

    L’antagonisme sur le Rêve américain entre les deux grands partis est une des expressions les plus vives de leurs oppositions idéologiques de plus en plus exacerbées.

    Chacun des deux dénoncent dans le rêve de l’autre une perversion du «vrai» rêve qui est, bien évidemment, celui qu’il promeut.

    Le Rêve américain ne serait donc plus cette vision collective qui guiderait la nation mais un enjeu idéologique et politique.

    Barack Obama, dans son dernier discours sur l’état de l’Union, le 24 janvier dernier, a bien résumé la vision démocrate: «Nous pouvons, soit nous contenter d’un pays où un nombre de plus en plus faible de gens s’en sortent bien, pendant qu’une part croissante des Américains s’en sortent tout juste ou bien nous pouvons restaurer une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait sa part, et tout le monde joue selon les mêmes règles».

    Ce à quoi les républicains lui répondent que c’est grâce aux riches que l’économie repartira et que donc permettre à des gens de devenir riches et de garder leur argent pour le dépenser est le meilleur moyen d’aider les autres.

    Ainsi, le gouverneur du New Jersey et étoile montante du Parti républicain, Cris Christie, peut critiquer le fait d’«insister que nous devons taxer et prendre et diaboliser ceux qui ont déjà réussi leur Rêve américain. Cela peut être une bonne stratégie pour Obama en vue de sa réélection mais c’est un message démoralisant pour l’Amérique».

    Plus fondamentalement, les républicains croient en la réussite personnelle et que celle-ci ne doit jamais être entravée par quiconque. Comme le dit Mitt Romney, le candidat républicain à la présidentielle, «nous croyons en l’initiative individuelle, la responsabilité personnelle, l’opportunité, la liberté, un gouvernement limité, la Constitution».

    Pour Newt Gingrich, l’ancien Speaker (président) républicain de la Chambre des représentants sous l’ère Clinton et qui fut un adversaire malheureux de Romney lors des primaires républicaines, le «Rêve américain est d’abord de reconnaître que nous vivons grâce à notre Créateur avec des droits inaliénables» et qu’«aucun président, juge ou bureaucrate ne peut nous ôter nos droits».

    Une fondation conservatrice, «Americans for prosperity» a d’ailleurs créé un rendez-vous annuel «Defending the American Dream Summit» au cours duquel les pointures du Parti républicain interviennent pour promouvoir un «marché libre» et «les principes d’un gouvernement limité».

    Quant au milliardaire Steve Forbes, il estime que «notre gouvernement fédéral a trop grossi et a trop de pouvoirs, la vraie perte a été celle de la liberté des gens à gouverner leurs propres vies et à participer pleinement au Rêve américain».

    Avec la polarisation entre démocrates et républicains, en est-on arrivé à ce fameux débat entre l’égalité des conditions et l’égalité des chances? Certes pas, les deux camps privilégient toujours la méritocratie et une égalité des chances.

    Pour autant, c’est la vision même de la fonction de la communauté américaine qui est en jeu. Pour les démocrates, ceux qui ont doivent aider ceux qui n’ont pas. Pour les républicains, ceux qui ont n’ont aucune obligation en la matière autre que morale et, en ce qui concerne ceux qui n’ont pas, ils les voient plutôt, ainsi que Romney l’a déclaré, comme «ceux qui n’ont pas encore»…

    Du coup, ce n’est pas en leur donnant des aides, ces fameux «entitlements» («droit à») qu’ils s’en sortiront mais en leur donnant la même chance d’y parvenir («equality of opportunity») que les autres, rien de plus.

    Le 6 novembre, une des deux visions l’emportera. Bien entendu, le candidat qui sera élu mettra de l’eau dans son vin, comme d’habitude. Il n’en reste pas moins vrai qu’une direction sera donnée qui devrait modeler la politique américaine pour les prochaines années, voire les prochaines décennies.

    Alexandre Vatimbella

     

    (*) La Nouvelle Revue Géopolitique, Spécial élections américaines 2012, n° 118/119, octobre-décembre 2012, 14 €

  • UDI: les trois scénarios de son avenir

    Alors que va se tenir le congrès fondateur de l’UDI (Union des démocrates et indépendants), ce dimanche 21 octobre à la Mutualité à Paris, quel peut être l’avenir de ce parti réunissant des centristes, des modérés de droite et d’autres membres se revendiquant uniquement de droite.

    Trois scénarios – réussite, satellite et faillite – sont envisageables.

    - Réussite: l’UDI parvient, non seulement, à demeurer unie mais à réunir l’ensemble de la droite modérée (dont le centre-droit) et aux franges de celle-ci (dont une partie du centre-centre), ratissant large ce qui lui permet de remplacer l’UMP comme parti dominant à droite et laissant à cette dernière l’espace politique allant de la droite de la droite à la droite extrême proche des thèses du Front national. Dans ce scénario, un avenir radieux est possible notamment pour la présidentielle de 2017.

    - Satellite: l’UDI ne peut pas dépasser le cadre d’un rassemblement d’une partie des modérés de droite sans parvenir à attirer plus que son noyau dur actuel et demeure une formation secondaire dans la paysage de la droite qui ne peut rien espérer d’autre que d’être un satellite de l’UMP, incapable de s’émanciper du parti dominant.

    - Faillite: l’UDI vole en éclats parce que, ne parvenant pas à attirer suffisamment de monde, ses composantes qui sont autant rivales quelles sont proches idéologiquement, se déchirent sur fond de faiblesse inhérente de cette réunion hétéroclite; in fine chaque parti reprend sa liberté.

    Bien entendu, l’avenir de l’UDI n’est pas totalement entre ses mains. Il dépend du degré de solidité de l’UMP. De même que de la crédibilité que lui accorderont les électeurs ainsi qu’à son «leader naturel», comme se définit Jean-Louis Borloo. Un homme politique dont le parcours et les idées ressemblent souvent à un embrouillamini de professions de foi et d’actes contradictoires, d’assauts flamboyants et de retraites pitoyables.

    L’UDI, heureusement pour elle, a le temps de s’établir dans le paysage politique français avant de se confronter à son premier test, les élections municipales de 2014.

    Cela va lui permettre de se structurer dans le calme et d’empêcher les ambitions et les inimitiés personnelles de miner ses fondements encore fragiles.

    Pour autant, les déclarations à l’emporte-pièce de son président risquent de semer quelques troubles notamment chez les centristes qui l’ont rejointe. La dernière, «On n’a parlé du Centre que lorsque l’ex-UDF est devenue cette espèce de machin qui ne savait plus où il habitait. Le Centre, cela ne veut rien dire. Jean Lecanuet, Simone Veil ou Valéry Giscard d’Estaing ne se sont jamais définis comme appartenant au Centre», n’est certainement pas faite pour les rassurer...

    Alexandre Vatimbella

     

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  • UDI: ratisser large ou réunir les centristes?

    La présence de membres du CNIP (Centre national des indépendants et paysans) dans l’UDI (Union des démocrates et indépendants) pose la question du positionnement politique de cette dernière structure créée par Jean-Louis Borloo et sensée représenter la mouvance du centre-droit.

    Se rappelant sans doute du modèle de l’UDF, le président du Parti radical a voulu une confédération ouverte à tous ceux qui veulent en faire partie, d’où la présence du CNIP dont les positions sont souvent plus proches de l’extrême-droite que du Centre.

    N’oublions pas que l’UDF, dès sa création, a malheureusement abrité dans ses rangs des personnalités bien plus à droite que celles que l’on trouvait à l’époque dans le RPR comme Philippe de Villiers, Christine Boutin ou Roger Chinaud et des hommes qui n’ont pas hésité à s’allier avec le Front national comme, en Lozère, Jacques Blanc ou, en Rhône-Alpes, Charles Million.

    La dernière intervention de François Lebel, maire du VIII° arrondissement de Paris et adhérent du CNIP sur le mariage gay (dont il a le droit d’y être opposé) qui serait une porte ouverte, selon lui, à la polygamie, à l’inceste et à la pédophilie, a des relents nauséabonds dont on trouve des similitudes dans des thèses dont certaines ont abouti à la stigmatisation et la chasse aux homosexuels dans le III° Reich…

    Le fait que l’UDI n’ait que condamné ces propos sans demander au président du CNIP, Gilles Bourdouleix, qui est pourtant signataire du pacte fondateur de l’UDI, de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre de ce militant de son parti (il s’est seulement désolidarisé de François Lebel) est de ce point de vue inquiétant.

    Car, comme l’a déclaré Borloo, le Centre, même celui qui penche à droite, n’a rien à voir avec les positions de l’extrême-droite.

    C’est bien de le dire, c’est mieux d’agir en conséquence.

    Plus largement, cela pose la question fondamentale du positionnement de l’UDI.

    Une clarification semble nécessaire: est-ce un parti attrape-tout sur le modèle UMP (d’autant plus que tout ralliement augmente son poids politique) ou un parti de centre-droit fier de ses valeurs et de ses principes humanistes.

    Il est à espérer que cette clarification se fera dans les semaines à venir et, pourquoi pas, le 21 octobre prochain lors du Congrès fondateur de la formation à la Mutualité dans un V° arrondissement de Paris où aucun maire n’aurait tenu des propos entendus de l’autre côté de la Seine…

    D’autant qu’il est étonnant d’avoir vu les responsables de l’UDI monter au créneau sans relâche pour dénoncer les propos de Jean-François Copé sur le «racisme anti-blanc» (on aurait, évidemment, préféré que le secrétaire général de l’UMP parle de tous les racismes dont celui-ci) alors que ceux-ci méritent un réel débat sur la capacité de la société française actuelle à établir un vrai respect dans le vivre ensemble, partout et de la part de chacun, plutôt que ces réactions d’indignations qui ont pour but un refus de s’engager dans une discussion, certes périlleuse mais pourtant hautement nécessaire, avant qu’un communautarisme pur et dur ne s’installe dans notre pays, séparant artificiellement des individus dont le Centre humaniste a toujours prôné leur valeur en tant que personnes libres et égales.

    Un homosexuel est un membre à part entière de la société française, tout comme n’importe quel autre citoyen, quel que soit sa couleur et ses origines. Les insultes et les violences, qu’elles soient racistes, homophobes ou autres ne sont pas acceptables, d’où qu’elles viennent.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Nobel de la paix mérité de l’Union européenne

    Les humains ont vraiment la mémoire courte et peu de recul sur leur condition. Ce n’est guère nouveau mais les «sarcasmes» et autres «incrédulités» face à l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne viennent nous le rappeler tristement.

    Car si ces contempteurs de l’Union européenne s’étonnent qu’elle ait reçu ce prix (on parle ici de paix pas de développement économique ou social), qu’ils regardent un peu dans le rétroviseur de l’Histoire les tragédies malheureusement pas si lointaines.

    Pendant les quarante-cinq premières années du XX° siècle, les guerres initiées par les peuples de l’UE ont fait, au bas mot, soixante-dix millions de morts.

    Les innombrables cimetières militaires et monuments aux morts sont autant de lieux de mémoire face aux tentations de l’oubli, ce dernier étant le meilleur ami des prochaines boucheries.

    Et je ne parle même pas de ces conflits infinis qui ont ensanglanté l’Europe au cours des millénaires.

    Depuis que celle-ci a décidé de s’unir, plus aucune guerre n’a opposé les grands pays du continent.

    Mieux, l’intégration rapide des pays de l’Est après la chute du rideau de fer a empêché des guerres sanglantes que redoutaient tous les spécialistes.

    Comme aucun conflit n’a alors éclaté, cela n’a pas fait les gros titres de la presse et donc les peuples ne sont guère inquiétés mais la réalité, elle, était bien là.

    Bien sûr, il y a eu le couac de l’ex-Yougoslavie, tout en sachant que cette dernière n’était pas dans l’Union européenne.

    En tout cas, quelles que soient les critiques de gens qui ne savent même plus dans quel monde ils vivent (à moins qu’une «bonne guerre» les tente!), les centristes peuvent être fiers de ce prix Nobel de la paix, eux qui ont été les pionniers, à l’image d’Aristide Briand ou de Robert Schuman, d’une intégration européenne et qui, sans relâche, promeuvent son approfondissement et un fédéralisme qui, seul, permettra à la paix sur le continent et ailleurs, d’être plus solide.

    Evidemment, ce prix Nobel doit également nous interpeler, nous les Européens, pour que nous prenions conscience que nous avons un outil à notre disposition pour faire rayonner cette paix mais aussi pour prendre les décisions urgentes afin que cette union européenne continue à aller de l’avant et devienne enfin ce véritable phare humaniste qui était l’ambition de ses fondateurs.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Débat Obama-Romney ou la difficulté d’être Centriste

    Le premier débat de la présidentielle américaine a, parait-il, été remporté par Mitt Romney, le candidat d’un parti républicain très à droite.

    Pour ceux qui aiment le fond et qui n’ont pas peur de regarder cet exercice de style peu appétant (et nous recommandons à tous ceux qui ont écrit à chaud dessus de le regarder à nouveau), ils constateront que la performance de Mitt Romney est bien moins brillante et que la prestation de Barack Obama bien meilleure que ce qu’ils ont écrit ou dit.

    Pourquoi? Parce que le fond est bien plus profond dans les propos d’Obama et la forme est bien plus brillante dans ceux de Romney.

    Or, c’est bien le fond qui compte, in fine, en politique même si la forme est souvent louée et particulièrement mise en avant par les médias, notamment audiovisuels (d’autant plus, dans ce cas précis, qu’il leur faut «vendre» à tout prix la présidentielle comme n’importe quel divertissement à suspens afin de faire un maximum de taux d’audience et donc, en l’occurrence, de saluer plus que de mesure la bonne prestation du challenger qui était distancé dans les sondages permettant de relancer le plus possible l’incertitude du résultat).

    Plus profondément, nous avons assisté à une des difficultés que nous avons souvent pointées: la position centriste est toujours beaucoup plus ardue à expliquer et à défendre dans ce genre d’exercice où les opinions tranchées sont plus «percutantes» et où on se trouve attaqué par la Droite et la Gauche.

    Si l’on regarde les réactions à la prestation d’Obama, tout y est.

    Il a été trop professoral, disent les «pundits» (experts médiatiques) parce qu’il a essayé d’aller au fond des problèmes.

    Il a eu l’air de s’embêter, disent les commentateurs, parce qu’il a essayé de ne pas sacrifier le fond pour la forme.

    Il n’a pas assez fait de «rentre dedans» vis-à-vis de Romney disent les conseillers en communication (et les démocrates de gauche), parce qu’il n’a pas joué au radical, lui qui a toujours privilégié la discussion, la persuasion et le consensus.

    Il n’a pas simplifié ses positions en petites phrases qui sont souvent aussi brillantes que creuses, disent-ils tous, parce qu’il a toujours cru que les Américains comprennent quand on leur parle sérieusement et en adultes responsables.

    Sans oublier deux autres caractéristiques, l’une particulière à ce débat, l’autre à tous les exercices du même style.

    D’abord, Mitt Romney a recentré ses positions et s’est une nouvelle fois contredit par rapport à ses discours de droite radicaux, ce qui a été malheureusement «oublié» par la plupart des analystes (on verra si c’est le cas des plus à droite des républicains!).

    Du coup, Barack Obama avait devant lui, d’un certain côté, un débatteur qui disait le contraire de ce qu’affirme le candidat, un exercice de style toujours difficile car si on se focalise sur cette supercherie, on devient vite celui qui agresse, ce qui est toujours mauvais en terme d’image.

    Ensuite, Mitt Romney, en tant que challenger n’avait pas à défendre un bilan ce qui est toujours plus facile car, sur quatre ans de gouvernance, on peut attaquer bien des points qui font controverse ou qui semblent être des faiblesses de son adversaire qui, lui, a été constamment au charbon.

    Nous verrons si Barack Obama change de tactique pour les prochains débats et ce qu’il dira de celui qui vient de se dérouler lors de ses prochaines réunions électorales.

    Quoiqu’il en soit, il faut bien comprendre qui est le vrai Barack Obama, celui qui se raconte dans ses livres, celui qui explique ce qu’il veut faire dans ses discours depuis dix ans, celui qui agit depuis quatre ans à la tête des Etats-Unis.

    On peut le critiquer pour ce qu’il est ou pour ce qu’il fait mais pas pour ses convictions.

    Il est profondément centriste et n’a jamais varié de ce positionnement qui est, pour lui, fondamental, afin de gouverner et réaliser son objectif, permettre à son pays de demeurer puissant et fort au cours du XXI° siècle grâce à un gouvernement bipartisan, c’est-à-dire dont les majorités sont fluctuantes au gré des questions abordées en non polarisées uniquement par l’appartenance à un parti ou à un autre au mépris des intérêts nationaux.

    Pour terminer, on ne peut que se féliciter du recentrage de Mitt Romney… s’il est réel.

    On évaluera son degré de sincérité dans les prochains jours et les prochaines semaines lorsqu’il va devoir s’en expliquer devant la base républicaine fortement teintée par les positions de droite extrême du Tea party, elle qui ne l’aime pas et se méfie de lui.

    Peut-être que nous aurons là une nouvelle preuve de la difficulté d’être centriste!

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Indépendance du Centre: les erreurs de Bayrou et de Borloo

    Si François Bayrou a confondu indépendance et isolement, Jean-Louis Borloo, lui, confond alliance et fusion-soumission.

    Reprenons: le Centre est évidemment un lieu politique indépendant de la Droite et de la Gauche.

    Si tel n’était pas une évidence, le Centre s’appellerait… ou Droite, ou Gauche! CQFD.

    Pour autant, le Centre n’est pas majoritaire en France, c’est le moins que l’on puisse dire.

    Donc, s’il veut accéder au pouvoir, il doit faire des alliances, soit avec la Droite, soit avec la Gauche.

    Ces alliances indispensables doivent se faire dans l’indépendance, ce qui signifie qu’elles ne peuvent jamais être a priori d’un projet ou d’un programme commun en vue d’élections ou de gouvernement sinon elles nieraient cette propre indépendance.

    C’est là que se situent les erreurs de Bayrou et Borloo.

    Pour Bayrou, indépendance signifie que les alliances ne sont pas indispensables, qu’elles ne sont pas prioritaires et, parfois même, pas secondaires.

    D’où aucune négociation sérieuse autour d’un programme électoral ou d’un accord de gouvernement, attitude qui a produit un isolement qui, lui-même, a conduit le Mouvement démocrate à la catastrophe.

    Pour Borloo, l’indépendance ne peut se réaliser que dans l’alliance avec la Droite avant même toute discussion autour des valeurs et des mesures éventuellement communes.

    D’où un lien fusionnel et une soumission dès le départ avec son ou ses partenaires, en l’occurrence, une allégeance à un parti plus grand et plus gros – l’UMP - qui a conduit les centristes, soit à le rejoindre (tel fut le cas de Borloo pendant dix ans), soit à s’allier sans discussion avec lui comme ce fut le cas du Nouveau centre et aujourd’hui de l’UDI (du même Borloo).

    L’isolement et la fusion-soumission sont deux stratégies d’échec du Centrisme.

    La preuve: les élections de 2012!

    Il y a deux différences entre isolement et fusion-soumission et une ressemblance.

    Dans l’isolement, on compte pour pain et beurre pour les autres alors que dans la fusion-soumission on ne vaut pas grand-chose pour soi-même.

    Dans l’isolement, on vit dans un désert et on meurt d’inanition, dans la soumission, on est englouti à terme dans un océan de Droite et on meurt de noyade…

    Quant à la ressemblance, c’est la marginalisation du Centre.

    La seule solution: l’indépendance indiscutable dans un contrat d’alliance, au moment où il s’avère nécessaire, sans renoncements et qui fixe des objectifs clairement définis.

    Chiche?

    Alexandre Vatimbella

     

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