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  • Mariage homosexuel: quand l’enfant n’est qu’un alibi

     

    En France et aux Etats-Unis dans le débat sur le mariage homosexuel, l’enfant n’est en fait, pour les deux camps qui s’opposent, qu’un simple alibi dans la bataille qui fait actuellement rage sur sa légalisation ou non.

    On est loin, ici, d’une vision humaniste du Centre, celle qui privilégie le respect et la dignité de la personne mais aussi cherche la réforme juste.

     

    Pour les lobbys homosexuels et la Gauche, l’objectif principal est d’obtenir les mêmes droits pour les gays que ceux des hétérosexuels. Pour cela, il est impératif que l’enfant soit au cœur du débat, non pas en tant que tel mais parce qu’il est une pièce essentielle dans la reconnaissance de droits identiques même si l’enfantement par deux personnes du même sexe est impossible.

     

    Dans cette optique, ce n’est pas le bien être de l’enfant, ni même le désir d’enfant pour un couple homosexuel qui sont les arguments essentiels mais le fait d’avoir les mêmes droits, qu’il y ait reconnaissance d’un même statut dans une démarche égalitariste extrême sous prétexte qu’une orientation sexuelle ne peut être discriminatoire.

     

    Ce juridisme extrême voire extrémiste, est dans la logique identique des batailles menées par des représentants de groupes spécifiques pour gommer les différences, même naturelles, au nom de l’égalité. On retrouve l’argumentation largement utilisée par les tenants de la «théorie du genre» qui affirment qu’il n’y a pas de femme ou d’homme à la naissance mais des êtres humains qui, quels que soient leurs caractéristiques physiques et physiologiques, doivent pouvoir choisir entre être une femme ou un homme ou encore quelqu’un d’autre s’ils le souhaitent, dépassant le constat de la nature pour ne s’occuper que de celui de la culture dont la dominante serait à l’origine de cette séparation aliénante entre deux genres, masculin et féminin.

     

    Pour les lobbys anti-homosexuels et la Droite, même stratégie de l’enfant alibi mais dans le sens inverse où l’enfant est alors l’argument maître afin de refuser le mariage entre deux hommes ou deux femmes. Ce n’est pas tant son bien être ou la loi de la nature (un enfant ne peut naître que d’une femme et d’un homme) qu’ils défendent mais ce qui les mobilise est l’attaque frontale qui serait faite, selon eux, à la civilisation occidentale et qui la dévoierait si l’institution du mariage était ouverte à deux personnes du même sexe.

     

    Pour donner un tour émotionnel à leur combat, ils ont placé l’intérêt de l’enfant au milieu de leur argumentation. Mais si tel était réellement leur préoccupation principale, alors, ils proposeraient que l’on réforme le droit du mariage en découplant celui-ci de la possibilité automatique de demander l’adoption (et non pas de l’obtenir systématiquement comme ils le prétendent, ce qui n’a jamais été le cas).

     

    Oui, le mariage et la possibilité d’adoption sont aujourd’hui couplés. Non, ce n’est pas une obligation qu’ils le demeurent et la loi peut être modifiée en ce sens.

     

    Dès lors, nous aurions un mariage pour tous qui n’aboutirait pas à une possibilité d’enfants pour n’importe qui.

     

    On ferait ainsi coup double, on reconnaîtrait les droits au mariage des gays et le droit des enfants à demeurer des personnes et à ne pas devenir de simples objets de pression ou de désir.

     

    On ferait une avancée dans les droits des gays tout en en faisant une autre dans celle des enfants en rappelant que le fameux principe de précaution que l’on trouve dans la Constitution (et qui dans nombre de situations semble hors de propos) s’applique en priorité à eux.

     

    Ce qui est fondamental, ici, est qu’un couple n’est pas une famille, c’est seulement l’union de deux personnes qui n’implique jamais qu’il y ait, ensuite, la présence d’enfants.

     

    Si l’on veut vraiment parler de l’union de deux personnes du même sexe, alors mettons en place le mariage sans l’adoption.

     

    Oui, la loi est amendable car toutes les lois sont amendables. Oui le mariage homosexuel qui permet à deux personnes du même sexe de célébrer leur amour et de donner une protection juridique aux deux conjoints n’a pas comme automaticité (autre que dans la configuration juridique actuelle qui peut être changée) qu’il y ait l’éventuelle présence d’enfants dans ce couple.

     

    Car les couples mariés sans enfant ne sont pas ce que l’on appelle une famille et les couples non-mariés (de plus en plus nombreux) avec des enfants ont bien fondé, eux, une famille.

     

    Si seul le mariage faisait la famille dans notre XXI° siècle, cela se saurait.

     

    Donc, il est possible de découpler mariage et enfant, couple et famille.

     

    Et ce découplage est essentiel pour protéger les enfants aujourd’hui.

     

    Enfin, arrêtons un peu de parler du droit des adultes d’avoir des enfants et penchons-nous sérieusement sur leurs devoirs de faire le moins de mal et de dommages possibles aux enfants.

     

    In fine, la montée du droit à l’enfant pour des couples gays, infertiles ou dans d’autres situations particulières (avec l’adoption mais aussi toutes les techniques comme la procréation médicale assistée ou les mères porteuses) faire revivre une situation que l’on croyait disparue à jamais, la toute puissance des adultes à décider de la vie et du statut de l’enfant selon leur bon plaisir…

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • En démocratie, rien ni personne n’est au-dessus de la loi et… de la critique

     

    Le Centre et le Centrisme sont les défenseurs inconditionnels de la démocratie républicaine libérale et sociale.

    En conséquence de quoi, les centristes sont respectueux des institutions de la démocratie et des personnes. Cependant, pour eux, ni les premières, ni les secondes ne sont au-dessus des lois et de la critique.

    Ni l’exécutif, ni la législatif, ni le judiciaire, ni le «quatrième pouvoir» qu’est la presse (et plus généralement tout outil pour exprimer son opinion), ni les individus quels qu’ils soient ne peuvent se prétendre en dehors de la loi et refuser d’être critiqués.

    Sans loi pas de sécurité, sans critique pas de liberté.

    La sécurité et la liberté sont deux fondements de la démocratie.

    Ceci est important pour comprendre dans quel cadre se déroule la vie démocratique d’un pays comme la France et quelles sont les règles pour que celle-ci soit, à la fois, préservée et approfondie.

    La première règle principale en la matière est que les institutions et les personnes doivent être respectées en tant qu’institutions et personnes.

    Cela signifie, concrètement, que, par exemple, les tribunaux ou les médias doivent être respectés comme entités indispensables pour que la démocratie fonctionne. Sans juge et sans journaliste, pas de démocratie.

    De même, les personnes ont droit au respect parce que, sinon, on se retrouve dans la loi de la jungle, donc en dehors des règles démocratiques.

    Ayant dit cela, la deuxième règle principale c’est qu’aucune institution, aucune personne n’est au-dessus de la loi ou d’une opinion critique.

    Si nous ne pouvons réprimander ceux qui occupent certaines fonctions ou signifier notre opposition à tel ou tel agissement d’une institution ou d’une personne, alors nous ne sommes pas en démocratie.

    De même, si, dans le cadre de la loi, aucune institution n’a de compte à rendre sur son fonctionnement au peuple alors nous ne sommes pas, non plus, dans un régime démocratique.

    Analysons ces deux règles que nous venons d’énoncer à la lumière de la mise en examen par un juge d’instruction d’un ancien président de la république.

    La justice ne peut être critiquée comme institution dans cette affaire. En revanche, elle peut l’être, à la fois, dans son organisation et dans sa manière de fonctionner, notamment sur le fait de savoir si elle a respecté ou non le cadre légal.

    La décision du juge est ainsi tout à fait critiquable pour celui qui le souhaite. Il peut même l’attaquer… en justice.

    A l’opposé, aucun responsable politique présent ou passé ne peut échapper aux lois de la république et à la critique de son action. C’est la fonction et uniquement la fonction de président de la république qui doit être respectée, non la personne qui l’occupe ou l’a occupée ainsi que ses agissements.

    Néanmoins, elle a droit, comme tout autre citoyen, au respect dû à son statut de sujet central d’une démocratie, le statut de personne qui est innocente tant qu’elle n’a pas été condamnée.

    Dès lors, un juge d’instruction qui met en examen un ancien président de la république n’est pas légitime à s’attaquer à l’institution «président de la république» mais l’est tout à fait de le faire à une personne qui a occupé ce poste.

    En revanche, cette personne et ceux qui le soutiennent sont tout à fait libres de critiquer, non pas l’institution «justice» mais la personne qui l’exerce par rapport à ses actes. Si tel n’était pas le cas, nous ne serions pas en démocratie.

    Ce faisant, cette personne qui a occupé le poste de président de la république peut être tout à fait critiqué pour son action passée et présente au nom du même principe démocratique.

    Il ne faudrait pas en conclure au vu de ce que je viens de dire que la démocratie ne peut et ne doit pas accepter les critiques sur son organisation.

    Bien évidemment, dans le débat démocratique l’on peut critiquer une institution en estimant qu’elle n’est pas légitime ou que ses pouvoirs sont trop importants ou pas assez.

    Cependant, cette conversation est d’une autre nature, d’un autre niveau et ne doit pas être à géométrie variable, c’est-à-dire concerner tel événement particulier et seulement celui-ci.

    D’autant que ceux qui ont critiqué de manière virulente le juge, d’un côté, ou l’ancien président de la république, de l’autre, ne sont des adversaires déclarés de la démocratie républicaine, de ses règles et de des institutions.

    Ou alors, il faut qu’ils nous le disent…

    Alexandre Vatimbella

     

    PS: Bien évidemment ces remarques ne s’appliquent pas aux nouvelles imbécilités de Nadine Morano comparant la mise en examen de Nicolas Sarkozy à l’erreur judiciaire commise lors de l’affaire d’Outreau où des adultes furent faussement accusés de comportements pédophiles et condamnés à de lourdes peines de prison après une instruction bâclée par un juge. La démocratie demande que ceux ayant exercé des responsabilités politiques aient, sinon de l’intelligence, au moins de la retenue…

     

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  • Le grand écart politique impossible de Jean-Louis Borloo

     

    Par une tactique qu’il pensait subtile, Jean-Louis Borloo a refusé d’aligner a priori la position de l’UDI sur celle de l’UMP en votant automatiquement la motion de censure déposée par cette dernière ce mercredi 20 mars à l’Assemblée nationale et en tentant de faire porter le chapeau de cet alignement pourtant probable au refus du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de répondre aux demandes qu’il lui avait faites, notamment en matière de politique du logement et de services à la personne ainsi que d’arrêt des augmentations d’impôts.

    Du haut de la tribune du Palais Bourbon, le président de l’UDI a, dans un discours assez déstructuré et pris d’une certaine excitation, tenté de donner une consistance à ce qu’il appelé, par un oxymore dont les politiques ont le secret, une «opposition constructive et résolue»…

     

    Brandissant un sondage dans lequel, selon lui, les Français approuvaient toutes ses demandes, il a, in fine, déclaré que son groupe voterait la censure.

     

    Au-delà de cette prestation parfois touffue, il était évident, dès le départ, que l’UDI voterait la motion de censure et que les demandes de Jean-Louis Borloo seraient ignorées par Jean-Marc Ayrault ce qui permettrait de justifier cette décision.

     

    Personne ne pouvait être dupe.

     

    Dès lors, on peut se demander si Jean-Louis Borloo et ses acolytes de l’UDI ont bien une stratégie compréhensible et constructive pour exister entre le PS et l’UMP, stratégie qui consiste à être l’allié naturel de l’UMP sans pour autant s’aligner sur ses positions tout en donnant des gages de fidélité...

     

    C’est bien un grand écart auquel doit se livrer l’UDI et son leader afin d’affirmer sa spécificité face à l’UMP tout en demeurant son partenaire politique et électoral.

     

    En écoutant Jean-Louis Borloo à l’Assemblée nationale, on a bien compris l’alliance UDI-UMP, on a moins relevé l’originalité de la position de l’UDI face à celle de l’UMP.

     

    Cela n’est guère étonnant car nous sommes dans une situation paradoxale créée par Jean-Louis Borloo et dans laquelle il est en train de se pièger lui-même.

     

    En déclarant lors de la fondation de l’UDI que la seule alliance possible et envisagée était avec l’UMP, il s’est autolimité dans sa recherche d’une différence qui ferait que des électeurs de centre-gauche ou de centre-droit préfèrent voter UDI plutôt que PS ou UMP.

     

    Pouvait-il faire autrement alors qu’il a été un fidèle collaborateur de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy, membre de l’UMP pendant des années?

     

    C’est pourquoi sa volonté d’être le représentant du Centre posait un problème et continue de le poser.

     

    C’est sans doute également la raison pour laquelle François Bayrou bénéficie toujours d’un espace politique que Jean-Louis Borloo n’est pas capable de lui disputer et d’investir de par son choix de positionnement politique très proche, en réalité, de celui de l’UMP.

     

    Est-ce que cette stratégie peut ouvrir un espace politique assez grand et assez pérenne pour faire de l’UDI un parti politique de premier ordre pour les années à venir? Il est bien sûr trop tôt pour en tirer une conclusion définitive qui sera apportée lors des prochains scrutins nationaux, que ce soit les municipales ou les européennes.

     

    Reste que les électeurs centristes ont de quoi s’interroger sur la pertinence de celle-ci.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Barack Obama est-il toujours centriste?

     

    Alors qu’il vient tout juste de commencer son second mandat après avoir été réélu sans équivoque, de nouveau, les accusations fusent à l’encontre de Barack Obama, notamment depuis que les coupes budgétaires automatiques sont entrées en vigueur après l’échec des négociations entre la Maison blanche et la Chambre des représentants, début mars.

     

    Venus de la droite comme de la gauche, celles-ci prétendent que le président des Etats-Unis n’est pas (ou plus) un centriste mais qu’il a, soit opéré un tournant à gauche (selon les conservateurs), soit mis de l’eau dans son vin démocrate pour séduire les républicains (selon les liberals).

     

    Qu’en est-il?

     

    Il est vrai que Barack Obama campe sur des positions bien plus fermes aujourd’hui face aux républicains. Mais la faute à qui et pourquoi? Ce sont ces mêmes républicains qui ont tout fait pour radicaliser les deux camps depuis 2009. Et lorsque Barack Obama a fait des gestes vers leurs positions, à chaque fois, ils en ont profité pour lui en demander plus, c’est-à-dire de pencher nettement sur sa droite.

     

    On ne peut donc pas le blâmer, après avoir été réélu par ces concitoyens et voyant ses thèses largement approuvées, d’adopter un positionnement de départ plus au centre-gauche afin de n’avoir pas à céder trop de terrain, in fine, lors des négociations avec des républicains toujours majoritaires à la Chambre des représentants et qui ont, une nouvelle fois, décidé de faire de l’obstruction car celle-ci est le dernier ciment qui leur reste entre eux, eux qui sont de plus en plus divisés entre les réalistes (qui ne veulent plus s’enfermer dans de l’idéologie stérile qui continuera à leur faire perdre la majorité des voix aux élections, ce qui a été le cas en novembre 2012, même à la Chambre des représentants où ils n’ont gardé leur majorité que grâce aux découpages honteux des circonscriptions réalisées par les organes législatifs de chaque Etat) et les idéologues (qui ne parlent que de «pureté» et de ligne politique sans concession contrairement au jeu politique traditionnel américain du consensus issu de la Constitution même des Etats-Unis qui a mis en place un système de balance des pouvoirs).

     

    Mais, il est vrai aussi que Barack Obama a continué à affirmer qu’il était ouvert à un vrai compromis avec les républicains, notamment sur la réduction des déficits par un équilibre entre coupes budgétaires dans tous les domaines et augmentation des impôts des plus riches afin de ne pas compromettre la reprise économique que connait actuellement le pays.

     

    De ce fait, il a été immédiatement accusé par la gauche du Parti démocrate de vouloir, une nouvelle fois, abandonner les programmes sociaux et favoriser les entreprises au détriment des plus pauvres.

     

    En réalité, le changement le plus notable dans la politique de Barack Obama n’est pas le fond mais la forme.

     

    Pendant quatre ans, même quand il avait une majorité démocrate à la Chambre des représentants jusqu’en 2010, il a tendu la main aux républicains, même s’il ne l’a pas fait de la manière traditionnelle pratiquée à Washington en faisant semblant d’être ami avec ses opposants, ce que ces derniers ainsi que les médias lui ont reproché.

     

    Il faut dire qu’Obama croit en la politique et estime qu’elle ne sort pas grandie si elle ne devient qu’un spectacle.

     

    Dans un monde de communication, c’est un handicap, lui que l’on présente pourtant (et à tort) comme un communiquant hors pair en faisant référence à ses deux campagnes présidentielles et à son utilisation d’internet et des réseaux sociaux.

     

    Car il est avant tout un homme de conviction avant d’être un bateleur de foire.

     

    Toujours est-il qu’il a constaté amèrement que ses ouvertures ont été, à chaque fois, l’occasion pour ses opposants de droite mais aussi de gauche, de tenter de l’affaiblir et de le déconsidérer auprès des électeurs.

     

    Rappelons ainsi qu’en 2209, il avait voulu laisser au Congrès (Chambre des représentants et Sénat) le soin de structurer la loi sur l’assurance-santé à partir des grandes lignes qu’il avait défendues pendant la campagne présidentielle afin de trouver le plus large consensus possible.

     

    Résultat, les républicains avaient fait de l’opposition systématique, avaient joué la montre et avaient monté des opérations de communication mensongères et indignes (comme par exemple, sur les «panels de la mort») qui ont abouti, entre autres, à l’émergence du Tea Party et à ses outrances.

     

    De leur côté, les démocrates de gauche n’avaient pas cessé de dénoncer en Barack Obama un démocrate conservateur, certain allant même jusqu’à dire qu’il était plus à droite que nombre de républicains!

     

    Dès lors, à l’entame de son second mandat – qui est pour lui tout aussi important que son premier, voire plus, car il légitime son action et n’en fait plus une curiosité historique, «le premier noir à la Maison blanche» -, il refuse de se faire coincer entre ces deux oppositions, surtout de permettre aux républicains de bloquer son action réformatrice qu’il veut mener dans de nombreux domaines (élections, contrôle des armes à feu, programmes sociaux, immigration, etc.).

     

    Evidemment, il n’est pas sûr qu’il puisse réussir à sortir de cette nasse. Nombre de médias et de commentateurs sont sceptiques sur ses chances de réussite. Pour autant, il ne faudrait pas l’enterrer trop vite car on oublie trop souvent ses nombreux succès et à l’heure du bilan, honnête, on verra sans doute qu’il a beaucoup plus agi que certains ne le prétendent actuellement.

     

    Reste que sa politique demeure aujourd’hui dans ses fondements ce qu’elle était au moment où il devint le 44° président des Etats-Unis, centriste. Et cela ne plaît vraiment pas à tout le monde. Comme d’habitude…

     

    Alexandre Vatimbella

     

    © 2013 LesNouveauxMondes.org

     

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    Barack Obama est-il toujours centriste?

     

    Alors qu’il vient tout juste de commencer son second mandat après avoir été réélu sans équivoque, de nouveau, les accusations fusent à l’encontre de Barack Obama, notamment depuis que les coupes budgétaires automatiques sont entrées en vigueur après l’échec des négociations entre la Maison blanche et la Chambre des représentants, début mars.

     

    Venus de la droite comme de la gauche, celles-ci prétendent que le président des Etats-Unis n’est pas (ou plus) un centriste mais qu’il a, soit opéré un tournant à gauche (selon les conservateurs), soit mis de l’eau dans son vin démocrate pour séduire les républicains (selon les liberals).

     

    Qu’en est-il?

     

    Il est vrai que Barack Obama campe sur des positions bien plus fermes aujourd’hui face aux républicains. Mais la faute à qui et pourquoi? Ce sont ces mêmes républicains qui ont tout fait pour radicaliser les deux camps depuis 2009. Et lorsque Barack Obama a fait des gestes vers leurs positions, à chaque fois, ils en ont profité pour lui en demander plus, c’est-à-dire de pencher nettement sur sa droite.

     

    On ne peut donc pas le blâmer, après avoir été réélu par ces concitoyens et voyant ses thèses largement approuvées, d’adopter un positionnement de départ plus au centre-gauche afin de n’avoir pas à céder trop de terrain, in fine, lors des négociations avec des républicains toujours majoritaires à la Chambre des représentants et qui ont, une nouvelle fois, décidé de faire de l’obstruction car celle-ci est le dernier ciment qui leur reste entre eux, eux qui sont de plus en plus divisés entre les réalistes (qui ne veulent plus s’enfermer dans de l’idéologie stérile qui continuera à leur faire perdre la majorité des voix aux élections, ce qui a été le cas en novembre 2012, même à la Chambre des représentants où ils n’ont gardé leur majorité que grâce aux découpages honteux des circonscriptions réalisées par les organes législatifs de chaque Etat) et les idéologues (qui ne parlent que de «pureté» et de ligne politique sans concession contrairement au jeu politique traditionnel américain du consensus issu de la Constitution même des Etats-Unis qui a mis en place un système de balance des pouvoirs).

     

    Mais, il est vrai aussi que Barack Obama a continué à affirmer qu’il était ouvert à un vrai compromis avec les républicains, notamment sur la réduction des déficits par un équilibre entre coupes budgétaires dans tous les domaines et augmentation des impôts des plus riches afin de ne pas compromettre la reprise économique que connait actuellement le pays.

     

    De ce fait, il a été immédiatement accusé par la gauche du Parti démocrate de vouloir, une nouvelle fois, abandonner les programmes sociaux et favoriser les entreprises au détriment des plus pauvres.

     

    En réalité, le changement le plus notable dans la politique de Barack Obama n’est pas le fond mais la forme.

     

    Pendant quatre ans, même quand il avait une majorité démocrate à la Chambre des représentants jusqu’en 2010, il a tendu la main aux républicains, même s’il ne l’a pas fait de la manière traditionnelle pratiquée à Washington en faisant semblant d’être ami avec ses opposants, ce que ces derniers ainsi que les médias lui ont reproché.

     

    Il faut dire qu’Obama croit en la politique et estime qu’elle ne sort pas grandie si elle ne devient qu’un spectacle.

     

    Dans un monde de communication, c’est un handicap, lui que l’on présente pourtant (et à tort) comme un communiquant hors pair en faisant référence à ses deux campagnes présidentielles et à son utilisation d’internet et des réseaux sociaux.

     

    Car il est avant tout un homme de conviction avant d’être un bateleur de foire.

     

    Toujours est-il qu’il a constaté amèrement que ses ouvertures ont été, à chaque fois, l’occasion pour ses opposants de droite mais aussi de gauche, de tenter de l’affaiblir et de le déconsidérer auprès des électeurs.

     

    Rappelons ainsi qu’en 2209, il avait voulu laisser au Congrès (Chambre des représentants et Sénat) le soin de structurer la loi sur l’assurance-santé à partir des grandes lignes qu’il avait défendues pendant la campagne présidentielle afin de trouver le plus large consensus possible.

     

    Résultat, les républicains avaient fait de l’opposition systématique, avaient joué la montre et avaient monté des opérations de communication mensongères et indignes (comme par exemple, sur les «panels de la mort») qui ont abouti, entre autres, à l’émergence du Tea Party et à ses outrances.

     

    De leur côté, les démocrates de gauche n’avaient pas cessé de dénoncer en Barack Obama un démocrate conservateur, certain allant même jusqu’à dire qu’il était plus à droite que nombre de républicains!

     

    Dès lors, à l’entame de son second mandat – qui est pour lui tout aussi important que son premier, voire plus, car il légitime son action et n’en fait plus une curiosité historique, «le premier noir à la Maison blanche» -, il refuse de se faire coincer entre ces deux oppositions, surtout de permettre aux républicains de bloquer son action réformatrice qu’il veut mener dans de nombreux domaines (élections, contrôle des armes à feu, programmes sociaux, immigration, etc.).

     

    Evidemment, il n’est pas sûr qu’il puisse réussir à sortir de cette nasse. Nombre de médias et de commentateurs sont sceptiques sur ses chances de réussite. Pour autant, il ne faudrait pas l’enterrer trop vite car on oublie trop souvent ses nombreux succès et à l’heure du bilan, honnête, on verra sans doute qu’il a beaucoup plus agi que certains ne le prétendent actuellement.

     

    Reste que sa politique demeure aujourd’hui dans ses fondements ce qu’elle était au moment où il devint le 44° président des Etats-Unis, centriste. Et cela ne plaît vraiment pas à tout le monde. Comme d’habitude…

     

    Alexandre Vatimbella

     


     

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  • L’humanisme du Centre, seule réponse à la montée des populismes démagogiques

    Partout dans le monde et plus particulièrement en Europe, on assiste à ce que l’on appelle communément «une montée des populismes» dont le score important du parti du comique Beppe Grillo aux dernières élections italiennes en est la dernière manifestation.

     

    Même si le phénomène n’est pas récent - nombre des partis ou mouvements populistes démagogues existent depuis longtemps à l’instar du Front national en France -, force est de reconnaître qu’il prend de l’ampleur sur fond de crise économique, de mal-être identitaire et d’un manque de repères et de valeurs alors que s’estompe de plus en plus l’espoir en un avenir meilleur.

     

    Si certains faits sont irréfutables comme le manque de croissance et la montée du chômage, d’autres, en revanche, sont montés en épingle par les leaders populistes et repris largement par les médias.

     

    Ainsi, il est évidemment beaucoup plus sûr de se promener à Paris le soir qu’au Moyen Age mais même que pendant une grande partie du XX° siècle. Relisons les journaux de l’époque ou les œuvres littéraires, pour se rendre compte, par exemple, qu’une fois passé la «barrière» de la Porte d’Italie, on basculait dans un no man’s land particulièrement effrayant à la fin du XIX° siècle.

     

    De même, nous n’avons jamais été aussi riches dans les pays avancés avec une espérance de vie qui s’allonge sans cesse.

     

    Il ne s’agit pas ici, néanmoins, de discuter chiffres mais de parler de cette résurgence inquiétante de mouvements qui n’ont rien à voir avec la démocratie républicaine et qui n’en ont rien à faire des réalités, fonctionnant largement sur le fantasme négatif.

     

    Le problème avec le populisme démagogique est que les opportunistes qui le représentent font croire au peuple qu’ils lui donnent la parole alors qu’ils ne font qu’exacerber les passions et les angoisses parfois irrationnelles de groupes plus ou moins nombreux, qu’ils désignent des boucs émissaires afin de s’emparer du pouvoir ou, tout au moins, pour le déstabiliser à leur profit.

     

    En outre, ils ne proposent pratiquement rien de réellement constructif, sachant que si leurs programmes étaient mis en œuvre, ces derniers conduiraient à la ruine les pays qui les adopteraient.

     

    Le populisme n’aboutit pas à une démocratie plus approfondie mais à une confiscation de celle-ci au profit d’intérêts souvent nébuleux.

     

    Face à cela, on trouve la Gauche et la Droite qui défendent des clientélismes qui sont souvent l’antichambre du populisme. Une fois déçus leurs électeurs ont tendance à verser dans un dépit revanchard et deviennent sensibles aux sirènes des opportunistes démagogues.

     

    Et on trouve, bien évidemment, le Centre avec son projet de démocratie républicaine humaniste où tout le monde à sa place, où tous les talents peuvent éclore, où la liberté indispensable ne peut se passer de la solidarité et où la tolérance va de pair avec le respect de l’autre.

     

    Cette vision humaniste place l’être humain au centre de tout et non à la marge comme n’étant qu’un simple pion, un outil productif, un anonyme sans intérêt dans le grand mouvement du monde.

     

    Elle est la réponse à cette demande de reconnaissance et de sécurisation des individus.

     

    Elle permet de retrouver du sens à la construction d’une maison commune sans haine et sans angoisse qui respecte la différence de chacun, qui s’en nourrit même au lieu de la craindre et de la rejeter.

     

    A l’inverse, les populistes proposent une société d’exclusion, une société de bouc émissaires (l’étranger, le riche, le jeune, etc.) et de contrôle à tous les niveaux.

     

    La démocratie est un combat de tous les jours à l’inverse de ce que croient les peuples qui ont maintenant l’habitude de la vivre.

     

    Et ce combat est évidemment collectif même s’il met la personne et sa réussite individuelle comme principal objectif.

     

    Un combat qui est loin d’être terminé car la démocratie doit être encore approfondie, améliorée, réformée et devra l’être continuellement pour être, à la fois, fidèle à ses principes et ses valeurs, mais aussi en phase avec son époque et les aspirations des individus qui la font vivre.

     

    Le Centrisme n’est pas, de ce point, la meilleure réponse aux populismes et aux extrémismes de tous bords, il est la seule.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Crise: essayons le pragmatisme du Centre

    «C’est du bon sens de choisir une méthode et de l’expérimenter. Si elle échoue, admettons-le franchement et essayons-en une autre. Mais, plus que tout, essayons quelque chose». L’homme qui parlait de cette manière n’était pas ce que l’on peut appeler un homme politique indécis qui aurait manqué de leadership. Cet homme c’était Franklin Delano Roosevelt, le trente-deuxième président des Etats-Unis qui confronté à la prise crise économique et à au pire conflit mondial, gagna la Seconde guerre mondiale et remis l’économie de son pays sur les bons rails après la Grande dépression des années 1930.

    Car, quand on se trouve devant des situations complexes et dangereuses, l’important est de ne pas demeurer les bras croisés, il faut agir.

     

    De même, il est tout aussi essentiel de ne pas adopter des positions trop dogmatistes et idéologiques mais être ouverts à tout ce qui peut marcher.

     

    Plus que tout, c’est en effet le résultat qui compte, des solutions qui vont permettre de sortir des difficultés.

     

    Les centristes, attentifs au réel et rétifs à l’idéologie bornée, ont toujours été des pragmatistes. Grâce à leur vision d’une société équilibrée, ils ne rechignent pas à s’adapter aux situations pour en prendre la mesure et appliquer les mesures nécessaires d’où qu’elles viennent pourvu qu’elles n’entrent pas en contradiction avec leurs valeurs.

     

    Aujourd’hui, dans la plupart des pays touchés par la crise économique et financière déclenchée en 2007, on tente de trouver une formule miracle (qui, bien entendu, n’existe pas) qui permettrait d’appliquer la rigueur sans l’austérité, qui allierait réduction des déficits publics et relance économique, qui aboutirait à assainir les finances des Etats tout en retrouvant une croissance qui, en plus, serait soutenable.

     

    On voit bien que, par bien des aspects, cette aspiration est une sorte de quadrature du cercle! Cela permet à certains de prôner avant tout un soutien à la croissance sans se préoccuper plus que cela des déficits qui seraient comblés mécaniquement par les nouvelles recettes fiscales d’un redémarrage économique pendant que d’autres crient au loup et veulent avant tout combler ces abyssaux déficits avant toute idée de relance qui, selon eux, les creuserait un peu plus.

     

    Par leur ADN largement constitué de gênes de la responsabilité, les centristes sont souvent associés à cette deuxième catégorie. Cela fait longtemps qu’ils font des déclarations sur l’urgence de ne plus dépenser l’argent que l’on n’a pas.

     

    Une partie d’entre eux ont même bâtie leur image sur cette volonté de rigueur sans faille qui conduirait, pour leurs détracteurs, à l’austérité.

     

    Mais on trouve aussi chez les centristes ces gêne du pragmatisme ce qui fait qu’ils sont bien conscients que l’on ne peut pas uniquement assécher la machine économique au risque de la précipiter dans une spirale infernale où les baisses de dépenses engendreraient une récession de longue durée qui, elle –même, aboutirait à des recettes fiscales moindres et ainsi de suite.

     

    Aux Etats-Unis, Barack Obama propose donc de jouer sur les deux tableaux: des réductions de déficit partout où l’on peut rogner sur la dépense, une augmentation de la fiscalité (il faut dire très basse en Amérique) et un soutien à l’activité économique uniquement quand celle-ci en a besoin ou pour initier une activité prometteuse.

     

    Une solution où devrait se mettre en place un certain équilibre mais où les mesures ne seraient pas figées, Obama étant ouvert à toute proposition qui irait dans le bon sens, d’où qu’elle vienne.

     

    Cette méthode centriste et pragmatiste est évidemment critiquée à gauche où l’on y voit une trop grande modération et à droite où l’on y voit un trop grand laxisme.

     

    Pourtant, aucun critique n’est capable de présenter autre chose qui donne des résultats.

     

    En Europe, où l’essentiel était de réduire l’endettement des membres de l’Union européenne, on voit que cette politique d’austérité ne marche pas ou peu, surtout qu’elle n’est pas soutenable politiquement ainsi que socialement (et, par beaucoup d’aspects, économiquement). Du coup, l’Allemagne arcboutée sur son dogme de finances publiques à l’équilibre, est désormais bien seule devant les situations de plus en plus graves de ses partenaires.

     

    Dès lors, deux évidences doivent guider toute politique.

     

    La première est qu’il faut engager une réduction des dépenses publiques dès maintenant (pour rassurer les investisseurs) mais les étaler sur le long terme (pour laisser des marges de manœuvre indispensables). Il n’est plus possible que l’Etat soit aussi dépensier dans l’avenir mais il faut y parvenir sans faire imploser le système.

     

    La deuxième est qu’il faut dégager des moyens pour faire de la relance même si cela va au détriment, dans un premier temps, de l’emploi ou d’avantages sociaux.

     

    Ces deux évidences ne sont pas conjoncturelles. Elles sont structurelles. Ce qui signifie qu’elles doivent toujours guider l’action gouvernementale, que l’on soit en période de croissance ou non. C’est pour l’avoir oublié que l’on se trouve dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement.

     

    Mais, à part ces deux évidences, au jour d’aujourd’hui, personne ne détient la vérité pour donner la bonne impulsion afin de faire repartir la croissance sur le long terme tout en étant capable de contenir les dépenses et gérer correctement tous les problèmes que posent le développement économique de la planète, tant au niveau social qu’environnemental ou sociétal.

     

    C’est pourquoi l’on doit être prêt à cette ouverture d’esprit où l’on doit essayer et ressayer, même au risque de se tromper, pour trouver ce qui marche.

     

    Pour cela, il faut des hommes et des femmes ouverts d’esprit et prêts à la réforme et au changement. Des hommes et des femmes qui préfèrent l’action sans se préoccuper des idéologies.

     

    Il est assez amusant mais aussi déprimant de voir hier la Gauche critiquer ce que faisait la Droite et aujourd’hui le faire sous les critiques de la Droite… L’électoralisme à tout crin est irresponsable et un lourd handicap pour le pays.

     

    In fine, ce qui est important, c’est ce qui fait avancer l’humanité. Et, en l’espèce, comme le disait Saint-Thomas d’Acquin, «ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire». Un vrai conseil de centriste…

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le Centre italien balayé par les populismes

    Avec 10% des voix, le Centre est le grand perdant des élections italiennes alors que le «Mouvement 5 étoiles» du comique populiste Beppe Grillo en est le grand vainqueur, sans oublier… le populiste en chef, Silvio Berlusconi, auteur d’un retour improbable avec des promesses intenables.

     

    Bien sûr, c’est le Parti démocrate (centre-gauche) et ses alliés qui ont remporté la majorité à la Chambre des députés mais pas au Sénat, ce qui bloque tout puisqu’en Italie un gouvernement doit absolument obtenir la confiance dans les deux assemblées pour diriger le pays.

     

    Ces résultats inquiétants doivent être néanmoins appréciés, d’une part, sur un temps plus long et, d’autre part, par rapport à la situation économique et sociale des pays occidentaux.

     

    Ainsi, il ne faut pas oublier que le populisme en Italie n’est pas récent. La «Ligue du Nord pour l’indépendance de la Padanie» (territoire situé autour du Pô) créée par Umberto Bossi, alliée au parti de Berlusconi, date de 1989. Son but avoué est, à terme, de séparer le Nord de l’Italie, riche et industriel, du Sud, le fameux «Mezzogiorno», considéré par les supporters de la Ligue comme pauvre et sous-développé. Et, à l’instar des diatribes du comique Beppe Grillo, elle fustige depuis toujours les politiciens de Rome présentés comme des «voleurs».

     

    De son côté, Silvio Berlusconi est entré en politique en 1993 avec son parti Forza Italia et il a pratiqué, dès le début, un populisme tous azimuts où il a promis n’importe quoi et son contraire pour se faire élire et réélire, sans oublier ses propos bienveillants sur Mussolini et le fascisme.

     

    De ce point de vue, le populisme du «Mouvement 5 étoiles» de Grillo semble bien moins dangereux même s’il tape, comme les deux autres, sur la classe politique en promettant un grand nettoyage (un de ses slogans était de renvoyé les sortants «a casa», à la maison). Mais il avance aussi des propositions sérieuses et réalistes.

     

    Reste qu’il fait partie d’un mouvement beaucoup plus large que l’on voit, soit émerger, soit se renforcer dans la plupart des pays occidentaux depuis le déclenchement de la crise économique et financière de 2007.

     

    Rien de très différent, en effet, entre son mouvement et ceux qui, par exemple, ont enflammé récemment les Etats-Unis (Tea Party à droite et Occupy Wall Street à gauche), l’Espagne (les Indignatos anticapitalistes de la Puerta del Sol à Madrid), la Grande Bretagne (le UK Independence Party ou UKIP antieuropéen et anti-immigrés), la Grèce (Chrissi Avghi ou Aube dorée à l’extrême-droite et le parti de la gauche radicale avec son leader Alexis Tsipras) ou la France (Front national et Front de gauche). Et la liste est loin d’être limitative…

     

    Si certains de ces mouvements sont à gauche, voire à l’extrême-gauche, d’autres à droite ou à son extrême, tous se disent antisystème, anti-establishment, antilibéral et flattent le «peuple» qui devrait (re)prendre le pouvoir.

     

    Si on se place dans ce contexte, la comparaison faite en France entre Beppe Grillo et l’épopée tragico-comique de Coluche lors de la présidentielle de 1981 n’a aucune pertinence.

     

    Evidemment, dans ce panorama, ce qui fait la particularité italienne est que les élus de Beppe Grillo représentent désormais (que ce soit à la Chambre des députés ou au Sénat italiens) 25,5% des voix et la première force politique du pays (puisque tant la droite que la gauche qui le devancent étaient représentées par des coalitions). C’est là une nouveauté, due évidemment à la crise économique redoutable que connaît l’Italie mais aussi à un monde politique transalpin qui n’a pas été capable de faire les réformes nécessaires afin de sortir d’un archaïsme ainsi que de combines et de prébendes qu’il paye cash et sur lesquels déjà Berlusconi avait surfé pour parvenir au pouvoir.

     

    Cela dit, on ne peut pas parler de discrédit de la politique ici comme ailleurs car les populations occidentales sont souvent en attente de vrais débats politiques avec des vrais projets et de vraies décisions.

     

    Face à cette situation, Mario Monti n’a pas su être l’homme du rassemblement. Pour sa défense, sa tâche, pour absolument nécessaire qu’elle était, était également extrêmement difficile, voire impossible. Néanmoins, une approche plus «conviviale» lui aurait sans doute permis de trouver plus de soutien et être moins attaqué comme un technocrate froid et sans aucune compassion pour ceux qui souffrent à cause de cette crise. Reste qu’il s’agit plutôt d’un problème de tempérament d’un homme que d’une «caste technocratique» en l’espèce même si, plus généralement, le discours politique de mettre toutes les difficultés sur le dos des «technocrates» européens insensibles recèle un énorme danger à terme pour l’Union européenne mais aussi pour chacun des pays qui la compose.

     

    De son côté, La France n’est évidemment pas à l’abri de l’émergence d’un tel mouvement, son histoire politique le prouve amplement. Il suffit de rappeler un des mouvements populistes les plus récents, le poujadisme dans les années cinquante avec l’émergence alors d’un Jean-Marie Le Pen qui est demeuré un des représentants «antisystème» de la politique française jusqu’à ce jour.

     

    Et n’oublions pas que, lors de la présidentielle de l’année dernière, le «vote protestataire» (Front national + Front de Gauche) a représenté 29% avec les deux candidatures populistes de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon alors que Beppe Grillo et ses «grillinis» n’ont eu «que» 25,5% des suffrages…

     

    En revanche, la Constitution de la V° République et la loi électorale qui en découle ne permet pas une situation «à l’italienne» avec le blocage qui résulte des élections de dimanche et lundi derniers.

     

    Il y aura toujours des mouvements populistes dans les démocraties mais il est évident que leur puissance vient avant tout d’une situation difficile vécue par les pays avancés et beaucoup moins par le manque de vertu du monde politique. En période de croissance forte, le personnel politique n’est pas plus vertueux qu’en période de crise mais cela est moins ressenti comme un scandale par les populations. La confiance reviendra, en partie, avec une embellie économique.

     

    Cela dit, ces mouvements populistes sont un danger réel pour la démocratie de par leurs raccourcis mensongers mais ravageurs qui ont pour but de discréditer un système, selon eux, inadapté.

     

    L’efficacité de ces raccourcis auprès de la population écorne l’image de la démocratie représentative et peut conduire à un rejet de ses règles considérées comme un jeu de dupes dont sont victimes les simples citoyens, souvent présentés comme des victimes bernées et non comme des acteurs responsables.

     

    Pour autant, cette menace est constitutive de l’existence même de la démocratie.

     

    Ces mouvements peuvent néanmoins être également à l’origine d’une prise de conscience de cette même démocratie qui doit en permanence se régénérer et lutter contre une tendance oligarchique.

     

    Cependant, le monde politique n’est pas cet univers totalement cynique avec des élites coupées des réalités que l’on présente dans certains médias. Souvent, les hommes et les femmes politiques vivent le discrédit qui les touche comme une sorte d’injustice parce qu’ils tentent réellement de faire bouger les choses.

     

    Mais, paradoxalement, dans un monde de communication, ils sont incapables, non pas de faire de communiquer mais de bien communiquer avec leurs électeurs, c’est-à-dire d’établir un dialogue constructif, fait d’échanges qui permettent, à la fois, une pédagogie et une confrontation des idées et des attentes.

     

    Reste que la démocratie de ce XXI° siècle demande aussi un autre rapport entre les dirigeants et les dirigés du fait de l’autonomisation grandissante des individus née de l’approfondissement démocratique. Il faut donc trouver un nouveau modèle basé sur une participation plus grande d’individus acceptant leurs responsabilités, qui même s’il est déjà largement conceptualisé par nombre de penseurs politiques, a du mal à se concrétiser dans les faits. La confiance envers le politique ne reviendra que grâce ce renouveau qui prendra en compte ce que nous sommes devenus depuis plus de deux cents ans qu’existent les régimes démocratiques.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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