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démocratie - Page 10

  • Elections américaines: lors d’un choix de société, on choisit autant que l’on élimine

    On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.

    Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama, il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit - afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.

    D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy en France).

    Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on élimine.

    Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.

    Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.

    Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans parler, évidemment, des centristes.

    Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour cette élection et pour l’avenir de leur pays.

    On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la présidence de George W Bush.

    La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les républicains aux yeux de l’opinion.

    Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc pas un président par défaut.

    En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.

    S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore fragile et doutant sur ce que sera son avenir.

    Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand président.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La liberté et l’égalité respectueuses fondement de la démocratie républicaine du XXI° siècle

    La progression et la longévité des régimes démocratiques (ainsi que leur influence sur tous les régimes du monde) ont engendré une autonomisation progressive des individus due à l’approfondissement des comportements démocratiques - liberté (souvent plus sociétale que politique qui peut aboutir à une revendication de toujours plus de droits et, a contrario, à une participation politique et électorale en recul) et surtout égalité - issu de la pratique et du développement des droits individuels (droits de, droits à), c’est-à-dire des droits donnés à chaque personne pour son unique intérêt par un Etat devenu le recours en première et dernière intention de chaque individu pour faire respecter ses droits, pour demander une protection la plus étendue possible, pour se défausser de sa responsabilité, pour demander un bien-être toujours plus grand, pour se garantir de l’intrusion des autres dans sa sphère personnelle - qu’il souhaite étendre de plus en plus – et éviter qu’il soit spolié dans la sphère communautaire (pour que ces autres ne soient pas favorisés par rapport à lui et qu’il obtienne au moins autant que ce que ces autres ont obtenu).

    Ici, la demande de liberté devient une demande à être considéré comme unique et la demande d’égalité est, en réalité, une demande d’«égalité prioritaire» (moi d’abord parce que je suis au moins égal aux autres), donc d’une demande réelle d’inégalité, d’être considéré comme privilégié c’est-à-dire une demande à être servi en priorité, à être respecté sans acceptation de réciprocité que celle choisie, une démarche que certains rapprochent de celle d’un consommateur et non d’un citoyen.

    Car cette autonomisation grandissante fragilise également l’individu qui a souvent l’impression d’être abandonné et laissé seul pour prendre des décisions existentielles qu’il estime difficiles à endosser.

    C’est pourquoi elle induit cette demande de surprotection et de «surégalité» face aux risques en tout genre, à l’insécurité et à la précarité mais sans remettre en cause les aspects qui lui semblent positifs de cette autonomisation, c’est-à-dire ceux qui servent ses intérêts.

    Dans le même temps, la nouvelle ère de mondialisation (dont fait partie la globalisation économique) a diffusé partout les valeurs démocratiques (ainsi que les cultures, notamment les cultures démocratiques) renforçant cette autonomisation et les revendications égoïstes et égocentriques des individus (même dans les pays non-démocratiques), justifiées, entre autres, par un détournement du droit à la différence.

    Mais cet approfondissement et cette diffusion de la culture démocratique a été partielle parce qu’elle n’a pas pris en compte deux éléments indispensables à l’existence d’une vraie démocratie, le respect de l’autre ainsi que la responsabilité de l’individu (d’où, d’ailleurs, la montée de certaines idéologies extrémistes jouant sur le désarroi de la population devant une société de plus en plus déshumanisée).

    Or, sans ces deux éléments précités, la liberté acquise, l’égalité établie et la progression de l’autonomisation ne peuvent aboutir qu’à un individu égoïste, assisté, irresponsable et irrespectueux.

    Et cet individu, enfant de la liberté et de l’égalité, devient dès lors une menace pour celles-ci car ses comportements boulimiques de tout vouloir comme un dû sans rien devoir en retour (toute obligation de ce type étant vue comme une contrainte inacceptable) peuvent les engloutir, les détruire et les tuer.

    Dès lors, le salut et l’approfondissement de la démocratie passe par cet individu métissé culturellement et mondialisé médiatiquement, respectueux et responsable.

    La démocratie républicaine mondiale du XXI° siècle, nouvelle étape des révolutions démocratiques du XVIII° siècle et de la démocratisation des sociétés au XIX° et au XX° siècles, se bâtira sur la liberté et l’égalité respectueuses ou n’existera pas.

    Pire, les expériences démocratiques ne pourront pas survivre si les peuples libres ne prennent pas conscience que l’autonomisation individuelle n’est soutenable pour une communauté que si elle s’accompagne de la considération de l’autre, que si la liberté individuelle et l’égalité sont médiatisées par le respect de soi-même et de l’autre.

    Sinon, les régimes démocratiques imploseront tôt ou tard.

    C’est tout le challenge proposé par le Centrisme du Juste équilibre. C’est tout le défi, énorme, des centristes qui appellent de leurs vœux cette démocratie républicaine mondiale…

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • L’année du Centrisme dans le monde. 2011, année difficile pour Obama pendant que le printemps arabe faisait éclore de nombreux partis centristes… pas toujours centristes!

     

     


     

    Un courant centriste existe dans tous les pays du monde. Il n’est évidemment pas uniforme. Le corpus des valeurs et des références peut varier d’un pays à l’autre. Mais ce qui fait l’unité de ce courant, où qu’il soit implanté, c’est sa vision humaniste de la société, le consensus qu’il recherche et la liberté dans l’égalité qu’il entend promouvoir.

     

    Il serait donc inexact de vouloir relativiser le Centrisme mondial uniquement par rapport aux différences culturelles qui existent dans chaque pays ou dans des groupes de pays, comme c’est aujourd’hui la mode dans les sciences sociales,

     

    Bizarrement, les tenants et les défenseurs de cette thèse relativiste du culturalisme, sont les mêmes qui prétendent exécrer le colonialisme qui l’utilisa pour démontrer sa légitimité.

     

    Affirmant que les fameuses «différences culturelles» sont toujours légitimes (alors que ce sont souvent des créations superficielles de dictatures ou de régimes autoritaires qui les mettent en avant pour refuser la liberté à leur peuple comme en Chine), ils expliquent que la démocratie républicaine prônée par le Centre et le Centrisme «occidental» n’est pas exportable en dehors de sa sphère géographique, sauf à imposer un soi-disant néocolonialisme de la pensée au monde…

     

    Pourtant, à chaque fois que la révolte et la révolution ont germé cette année, c’est bien cette «démocratie occidentale» qui était demandée par des peuples qui sont privés de liberté depuis si longtemps.

     

    C’est ce qui s’est passé, par exemple, pour le Printemps arabe.

     

    Il est vrai, toutefois, qu’une des difficultés à parler du Centre et du Centrisme dans les pays arabes vient de ce qu’il y a deux centrismes. Ou, plutôt, qu’il y a une utilisation fallacieuse du mot «centrisme» par un courant qui ne l’est pas.

     

    Le premier courant centriste est laïc et il ressemble à celui qui a cours dans le reste du monde. L’autre est porté par certains partis islamiques dits «modérés» qui prône un entre-deux entre un régime laïc et un régime religieux afin de ne pas trop effaroucher une partie de la population et de l’opinion mondiale. Autrement dit, il ne s’agit en rien de Centrisme.

     

    Beaucoup ont été dupés par ce discours qui justifiait, selon eux, cette, soi-disant, fameuse «modération»  de partis comme les Frères musulmans!

     

    aux Etats-Unis

     

    Le Centrisme a connu une année agitée aux Etats-Unis. Vilipendé par les courants extrémistes, en particulier celui d’extrême-droite et populiste du Tea Party, qui hait par-dessus tout les «modérés» dans le Parti républicain (mais aussi par le courant le plus «libéral» du Parti démocrate qui les dénonce dans son propre camp et qui a abouti au mouvement Occupy Wall Street), il a eu pourtant les honneurs tout au long de l’année.

     

    D’abord, parce que la radicalisation des républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, a fait voler en éclats ce qui restait d’un certain consensus à l’américaine où l’on arrive toujours, au dernier moment à se mettre d’accord sur une ligne médiane où chacun a fait les concessions nécessaires pour parvenir à un compromis.

     

    Or, en 2011, les élus les plus à droite ont constamment refusé de lâcher du lest sauf sous la pression de leur électorat ou des sondages, et encore. D’où une volonté de trouver une solution centriste à la crise politique.

     

    Ensuite, parce qu’un débat, initié là aussi par les républicains les plus à droite (et qui n’est que la continuation d’autres attaques du même genre les années précédentes), s’est instauré sur le centrisme de Barack Obama (qui est pourtant de plus en plus évident, ce qui d’ailleurs lui est reproché par certains qui estiment qu’il recherche trop le consensus).

     

    Par des manœuvres pourtant très grossières, c’est-à-dire en défendant des thèses extrémistes et ensuite en accusant le président des Etats-Unis de ne pas faire le grand pas qu’ils lui demandaient dans leur direction (c’est-à-dire très à droite), les républicains proches de l’extrême-droite ont réussi à faire vivre ce débat repris par certains commentateurs peu inspiré sur ce coup comme deux des éditorialistes-vedettes du New York Times, Thomas Friedman (démocrate) et David Brooks (républicain) qui se présentent comme modérés.

     

    Enfin, parce que le blocage de Washington a remis au goût du jour le «troisième homme» (assez récurrent dans les élections américaines) pour la prochaine présidentielle, en novembre 2008, qui serait le candidat centriste idéal capable de réunir les Américains et de refonder un lien social mis à mal par les extrémistes de tous bords.

     

    Une organisation baptisée «no labels» («pas d’étiquettes») a ainsi vu le jour, regroupant des démocrates et des républicains modérés qui souhaitent promouvoir une candidature indépendante des deux grands partis. Une autre initiative, veut faire désigner un candidat modéré par un vote sur internet, candidat qui ensuite se lancerait dans la bataille présidentielle.

     

    De même, les partis centristes (on oublie qu’il existe plusieurs partis centristes aux Etats-Unis, comme le Centrist Party, le Modern Whig Party ou l’American Centrist Party, même s’ils sont peu puissants et que nombre de centristes préfèrent militer dans les deux grands partis, démocrate et républicain), sont montés au créneau pour réclamer une candidature centriste.

     

    En Grande Bretagne

     

    Les Libéraux démocrates («Lib Dem»)de Nick Clegg, vice-premier ministre du gouvernement de David Cameron, ont vécu une année très mouvementée et très difficile. Avec la crise économique et la rigueur, ils ont poursuivi leur descente aux enfers dans les sondages qui avait déjà débuté en 2010. Car leur électorat, plutôt de centre-gauche, ne leur pardonne pas les mesures d’austérité prises et leur allégeance aux conservateurs.

     

    Incapables de reprendre la main, noyés entre les travaillistes et les conservateurs, les Libéraux démocrates n’ont pu imposer une image d’un parti fort et capable, à terme, d’être une alternative crédible aux deux mastodontes qui se partagent le pouvoir depuis des décennies.

     

    Même le débat sur l’Union européenne lancé par le refus de David Cameron de faire partie d’une union plus resserrée n’a pas permis aux Libéraux démocrates, qui sont très pro-européens, de faire entendre leur différence. En tout cas, pour l’instant.

     

    Si une élection avait lieu aujourd’hui, les enquêtes d’opinion promettent une débâcle aux amis de Nick Clegg qui attendent des jours meilleurs.

     

    Dans les pays arabes

     

    Le Printemps arabe a fait fleurir de très nombreux partis centristes, que ce soit en Tunisie, en Egypte ou au Maroc. De même, au Liban, s’est instauré un débat sur le centrisme revendiqué d’un certain nombre de leaders politiques.

     

    Nous avons vu, plus haut, que le terme de «centrisme» a été détourné par les partis islamistes pour se donner une certaine respectabilité de la modération en expliquant que leur «centrisme» se trouvait à équidistance de la laïcité et de la religion…

     

    Mais, dans le même temps, de très nombreux partis laïcs et répondant aux critères du Centrisme ont été mis sur pied. Ils sont, à la fois, trop nombreux (pas moins de trente-trois en Tunisie!) et pas assez puissants pour prétendre au jour d’aujourd’hui, gagner seuls une élection.

     

    Des regroupements ont déjà eu lieu dans des «alliances centristes» comme au Maroc) et il faudra voir, dans les mois et les années qui viennent comment ils vont se positionner et s’ils auront la capacité à s’imposer comme des partis puissants dans un environnement délicat où l’on ne sait pas encore si la libéralisation des régimes issus de ce Printemps arabe débouchera sur une vraie démocratie ou si cette fenêtre de liberté sera récupérée par les réactionnaires laïcs ou religieux.

     

    Dans le reste du monde

     

    En 2011, plusieurs autres faits saillants ont marqué la galaxie centriste.

     

    - Dans les pays africains, la création de partis centristes a continué sans pour autant que ceux-ci parviennent à occuper le pouvoir sauf dans des coalitions où ils sont généralement minoritaires. Mais il semble que de plus en plus de personnes sur le continent noir pensent que le salut démocratique passe par des partis situés au centre de l’échiquier politique.

     

    - En Suisse, les élections législatives ont vu une poussé centriste en même temps qu’une poussée des socialistes.

     

    - En Belgique, les centristes wallons de CdH se sont réorganisés et participent au gouvernement d’union nationale du socialiste wallon, Elio di Rupo.

     

    - En Irlande, le parti de centre-droit au pouvoir, Fianna Fail, a été remplacé par le parti de… centre-droit dans l’opposition, le Fine Gail allié au Travaillistes. Et pour couronner le tout, le Fine Gail est plus à droite que le Fianna Fail et a pourtant noué une alliance avec la gauche! Cette recomposition politique est due en grande partie à la faillite du pays qui l’a plongé dans une forte récession.

     

    - En Espagne, un embryon de parti centriste a remporté cinq sièges aux élections législatives dans un pays où le Centre était jusque là totalement phagocyté par les deux grands partis de gauche et de droite (même s’il existe depuis longtemps un parti centriste catalan).

     

    - En Pologne, le premier ministre centriste Donald Tusk a remporté les législatives et s’est succédé à lui-même.

     

    - En Bulgarie, le candidat du Centre. Rosen Plevneliev, a remporté l'élection présidentielle avec 52,5% des suffrages.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • Printemps arabe, hiver de la démocratie?

     


    Les victoires des islamistes aux élections en Tunisie puis au Maroc puis en Egypte et sûrement, bientôt, en Libye sont-elles une victoire de la démocratie?

    Je vois déjà l’indignation montée à cette simple interrogation.

    Pourtant, la question est légitime. Elle mérite d’être posée par tous ceux qui pensent, comme les centristes, que la démocratie républicaine est un système qui permet à chacun d’être à même de professer ses propres pensées sans être persécuté et de vivre comme il l’entend sans en être empêché tant qu’il ne cause pas de préjudices aux autres et avec les références culturelles qu’il a choisies.

    Est-ce bien ce que proposent dans leurs programmes et par leurs déclarations (la réinstauration de la charia, la loi islamique, par exemple) tout au long de ces dernières décennies, les vainqueurs? Est-ce bien l’idée de ces islamistes, même dit «modérés», un adjectif que l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun réfute dans une tribune récente dans Le Monde, estimant que le mélange religion-politique n’est pas la solution pour les pays arabes?

    Non. Et pour une raison bien simple qui n’est guère une révélation d’aujourd’hui. Lisons, à ce propos ce que disait Tocqueville de l’Islam et de la démocratie.

    «Mahomet a fait descendre du ciel, et a placé dans le Coran, non seulement des doctrines religieuses mais des maximes politiques, des lois civiles et criminelles, des théories scientifiques. (…) Cela seul, entre mille autres raisons, suffit pour montrer que (cette religion) ne saurait dominer longtemps dans les temps de lumières et de démocratie (…).»

    Ce texte datant que milieu du XIX° siècle occidentalisé n’a, malheureusement, pas pris une ride dans ce XXI° siècle mondialisé. Si c’est Dieu (Allah) qui gouverne le monde ici-bas et s’il a édicté des règles de l’organisation des sociétés et du quotidien, il est donc impossible de les transgresser.

    Dès lors, le printemps arabe – devenu entretemps l’automne islamiste - risque bien d’être un hiver pour la démocratie.

    De nouveau, l’indignation monte.

    D’autant que ce que j’affirme semble oublier qu’avant ce printemps et cet automne, les autocrates et les despotes tenaient d’une main de fer des populations et qu’une répression sanglante était la règle à chaque fois que le peuple réclamait pacifiquement de la liberté.

    D’ailleurs, il suffirait de regarder ce qui se passe en Syrie avec le clan meurtrier des Assad pour prouver l’inanité de mes propos.

    Tout vaudrait donc mieux que les Ben Ali, les Kadhafi et les Moubarak et leurs cliques meurtrières. Tout? Non, pas tout. Malheureusement. Quand le shah d’Iran fut renversé, c’est l’ayatollah Khomeiny qui prit sa place… Quand les communistes d’Afghanistan tombèrent, ils laissèrent la place aux talibans…

    Evidemment, les bien-pensants du politiquement correct de nos démocraties, assis bien au chaud, en sécurité, derrière leurs pupitres d’autorités morales auto-désignées et qui se font rouler dans la farine à chaque fois par les ennemis de la liberté et leur rhétorique culpabilisatrice, m’accuseront d’occidentalo-centrisme, voire de néocolonialisme ou encore d’obscurantisme et d’inepties par rapport à une réalité qui est toujours «différente» «ailleurs».

    Admettons donc que tous les peuples ne pensent pas la même chose. Admettons que toutes les cultures sont différentes. Admettons que les situations sont à chaque fois particulières (entre nous, ces trois postulats sont aussi ceux que les autocrates ont utilisés pendant des années pour se maintenir en place et refuser toute réforme démocratique…).

    Mais alors, il faut aussi admettre que chaque individu possède une pensée originale. Que son être est unique. Que sa différence ontologique est irréductible à une identité communautaire englobante.

    Et que ceci pose bien le problème de la liberté de penser, de dire et de faire.

    Or, si le printemps arabe prend le tour d’une limitation de la liberté, il sera bien l’hiver de la démocratie.

    C’est peut-être ce souhaitent les peuples qui viennent de se rendre en masse dans les urnes. Très bien. Respectons leurs choix. Mais ne disons pas que c’est une victoire de la démocratie. Ce n’est, pour l’instant, qu’une victoire de la majorité des électeurs. Ce n’est pas du tout la même chose.

    Car une démocratie, à l’inverse de ce que viennent déclarer nos bien-pensants sur tous les plateaux de télévision et les studios de radio en passant par les colonnes éditoriales des quotidiens, ce n’est pas, avant tout, le droit de la majorité (qui, bien sûr, est légitime) mais bien la protection des droits de(s) la(es) minorité(s) (qui est essentielle).

    Comme l’écrivait James Madison, le père de la Constitution des Etats-Unis, premier pays démocratique de l’histoire humaine et seul pays à être demeuré tout au long de son histoire une démocratie et à n’avoir jamais annulé, ni même reporté aucune élection malgré les guerres et les troubles: «Quand une faction comprend la majorité, la forme du gouvernement populaire peut lui fournir les moyens de sacrifier à sa passion ou à ses intérêts dominants le bien public ainsi que les droits des autres citoyens. Défendre le bien public et les droits individuels contre le danger d’une telle faction, et en même temps préserver l’esprit et la forme du gouvernement populaire, tel doit être le principal objet de nos recherches; j’ajouterai que c’est la condition essentielle qui seule peut délivrer cette forme de gouvernement du mépris où elle est si longtemps restée, et lui assurer l’estime et l’adoption du genre humain».

    Oui, la démocratie se doit de protéger impérativement la minorité qui ne pense pas comme la majorité. Sinon, quoi de différent entre le gouvernement de la majorité et celui d’un autocrate? Rien.

    Car la majorité peut, tout aussi bien qu’un despote ou une caste, être à la tête d’une dictature si elle ne respecte pas ceux qui ne sont pas d’accord avec elle.

     «Pour moi, disait Tocqueville, quand je sens la main du pouvoir qui s’appesantit sur mon front, il m’importe peu de savoir qui m’opprime et je ne suis pas mieux disposé à passer ma tête dans le joug, parce qu’un million de bras me le présentent».

    La majorité n’est légitime à exercer le pouvoir que si elle respecte la minorité et que celle-ci, à la prochaine élection puisse devenir la majorité et, alors, respecter la nouvelle minorité et ancienne majorité.

    Dès lors, si un seul Tunisien, si un seul Egyptien ou si un seul Libyen ne se reconnait pas dans la pensée dominante et qu’il ne peut pas le dire et qu’il ne peut pas vivre selon ses propres vœux (tout en respectant les autres évidemment), il n’est donc pas libre et donc nous ne sommes pas en démocratie.

    Que l’on comprenne bien l’importance du phénomène. Avant ces élections, l’on pouvait espérer (même si cela semblait difficile, au vu de quelques précédents) que la liberté, acquise de haute lutte et grâce à leur courage et leur sang par les peuples arabes, permettrait la mise en place de pouvoirs laïcs assis sur les fondamentaux de la démocratie.

    Mais les peuples ont choisi une autre voie et c’est, bien évidemment, leur droit. Cependant, en choisissant de donner la majorité aux islamistes, qu’ils soient modérés ou non, ils légitiment les thèses de ces derniers et renvoie à plus tard l’établissement d’une vraie démocratie.

    Dès lors, ces partis islamistes légitimés par l’élection peuvent s’attaquer à ce qu’ils combattent depuis toujours, la démocratie soi-disant «occidentale» qui, dans ce paradoxe maintes fois vécu, leur a permis d’arriver au pouvoir.

    L’Iran, déjà citée, est un bon exemple de ce qui peut advenir dans les années qui viennent dans les pays arabes où après une première élection relativement libre suite au renversement du Shah, toutes les autres n’ont été que des parodies, phagocytées par les mollahs et le pouvoir religieux jusqu’à aujourd’hui.

    Mais, rétorquent certains, regardons plutôt ce qui se passe en Turquie avec l’exercice du pouvoir par les islamistes modérés de l’AKP du premier ministre Erdogan depuis dix ans. Une expérience que les islamistes tunisiens, marocains et égyptiens prétendent regarder avec intérêt. Le pays n’est-il pas une démocratie? A quoi l’on peut répondre qu’il l’était bien plus auparavant et que le recul des libertés individuelles est dénoncé sans relâche par les démocrates turcs.

    Ne tombons pas dans le piège qui fera, dans peu temps, que l’on accueillera en exil les hérauts démocrates de la place Tarhir ou de Bengazi en regrettant notre naïveté. Ni dans celui qui consiste à nous faire croire que la démocratie ne s’instaure pas en un jour, qu’il faut être patient, que le processus démocratique prend du temps. C’est bien ce que disaient les Moubarak et autres Ben Ali. C’est bien ce que disaient les mollahs de Téhéran et de Qom. Et l’on a vu ce qui s’est passé quand le peuple iranien leur a dit de «dégager»…

    Ne nous laissons pas enfermer, en tant que démocrates, dans un choix cornélien. Si vous n’applaudissez pas la victoire des islamistes aux élections, nous dit-on, c’est que vous êtes pour les anciens autocrates. Comme si les défenseurs de la démocratie devaient choisir entre deux pensées autoritaires, liberticides et créatrices de violences antidémocratiques comme on le voit déjà dans les rues de Tunis ou d’Alexandrie! Comme s’ils étaient responsables que des gens qui ne respectent pas les droits de l’homme succèdent à d’autres qui les respectaient encore moins…

    Saint-Just, que l’on trouvera osé de citer ici, disait «pas de liberté pour les ennemis de la liberté». Le révolutionnaire sombra avec Robespierre dans la folie meurtrière de la Terreur au nom de cette maxime demeurée célèbre. Pourtant, au-delà des excès qu’elle a engendrés, celle-ci pose une question fondamentale sur le droit de n’importe quel groupe, fut-il une majorité, fut-il quasiment une unanimité, de brider la liberté, ne serait-ce que d’une personne et sur le devoir des défenseurs de la liberté de s’y opposer.

    Et puis, rappelons-nous que ceux qui sont descendus dans les rues de Tunis, de Monastir, du Caire, d’Alexandrie n’étaient pas des islamistes dans leur immense majorité. Car les islamistes ne voulaient pas participer à cette révolte contre le pouvoir en place et pour la démocratie. Les tués et les blessés issus de leurs rangs sont en nombre dérisoire par rapport à ceux des démocrates, tout simplement parce qu’ils n’étaient pas là.

    Le devoir de tous les démocrates du monde entier (dont nombre de ceux qui ont été à l’origine du Printemps arabe), de tous ceux qui, comme les centristes, défendent la démocratie républicaine, sera de demeurer vigilant et non de décerner a priori des diplômes de bonne conduite à ceux qui vont prendre le pouvoir alors même que leurs visions de la société ont toujours été très éloignées de celle d’une véritable démocratie.

    Nous le devons à tous les Bouazizi. Nous le devons à tous ceux qui ont le droit, comme nous, de vivre démocratiquement.

    Car être libre de penser, de dire et de faire, cela n’a jamais été un rêve occidental mais bien un rêve mondial. De la place Tienanmen à Times Square. De la place de la Concorde à la place Tarhir.

     

    Alexandre Vatimbella

     

    Voir le site Le Centrisme

  • Au-delà des échéances électorales, le Centrisme ne peut pas mourir

     

     


     

    Aristote et Confucius en furent les penseurs précurseurs, le Centrisme ne pourra jamais mourir et, ce, malgré les tentatives de le dévoyer, de le compromettre, de l’arrimer à la Droite ou à la Gauche et l’inanité… de nombre de leaders centristes.

     

    Si les prémisses de la pensée centriste existent dans des textes si anciens et si fondamentaux pour la pensée humaine, c’est que les valeurs portées par le Centre et le Centrisme sont d’une évidence et d’une profondeur qui ont traversé le temps.

     

    L’Humanité sait bien par son expérience et par les valeurs qu’elle veut défendre qu’une politique consensuelle, équilibrée, qui travaille pour tous afin de permettre à chacun de vivre la meilleure vie possible est la solution et qui est portée par le Centrisme, demeurera la référence quoiqu’il arrive face aux idéologies extrêmes de l’exclusion, de l’affrontement, des clientélismes et des fausses promesses.

     

    Cependant, le Centrisme – qui ne s’appelait évidemment pas ainsi dans l’antiquité même si l’on utilisait le mot «centre» comme Cicéron, par exemple – est également une pensée jeune car elle est la fille de la démocratie. Une vision de «juste milieu», à équidistance du conservatisme anquilosant et du progressisme aventureux, voit le jour dès l’indépendance des Etats-Unis et de sa révolution démocratique puis dès la première assemblée constituante lors de la Révolution française où le groupe des modérés est, de loin, le plus important, se battant alors pour un système «à l’anglaise», d’une monarchie constitutionnelle, voulant pérenniser les acquis de 1789 et se méfiant des ultraroyalistes et des révolutionnaires extrémistes.

     

    Le corpus actuel de la pensée centriste du XXI° siècle ne s’est pas fossilisé, bien au contraire. Ces derniers cent ans, il s’est nettement enrichi avec l’appropriation par le Centre des idées du social-libéralisme ou de la démocratie chrétienne, entre autres.

     

    Ce rappel permet de voir que le Centrisme a traversé l’Histoire toujours animé de la même volonté: réunir les humains mais des humains libres, responsables et capables de prendre leurs destins communs et individuels en main.

     

    C’est en cela que le Centrisme ne pourra jamais mourir car il porte en lui l’idéal de chacun, de pouvoir concilier sa vie et les promesses qu’elle peut lui offrir, tout en bâtissant des communautés en cercles concentriques (familial, amical, professionnel, du quartier, de la ville, du pays, du monde) où il peut être libre, solidaire, tolérant dans le respect et la responsabilité.

     

    Alors, les prochaines échéances électorales pourront être ici ou là et, notamment pour les prochaines présidentielles françaises, décevantes, voire désastreuses, le Centrisme ne sera pas rayé de la carte pour autant.

     

    Et ce, malgré les attaques de ses adversaires, bien aidés en cela par les chamailleries centristes. Car, ne nous méprenons pas sur les différences entre les centristes. Elles sont, non seulement normales, mais souhaitables Le Centre accueille des hommes et des femmes libres. En cela, il ne peut et ne pourra jamais être monolithique (ce qui n’empêche pas son possible rassemblement autour de valeurs et de principes forts). Pour autant, les querelles mesquines de personnes et les fausses oppositions pour s’affirmer face à l’autre, sont autant d’armes contre le Centrisme. Quoiqu’il en soit, ce dernier continuera son chemin et à éclairer celui de l’Humanité. Ce n’est pas si mal que ça…

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le respect, valeur humaniste, valeur centriste


    Respecter quelqu’un, c’est avoir de la considération pour sa personne, c’est ne pas porter atteinte à son individualité physique, psychique et sociale, c’est respecter sa différence et sa dignité.

    Le respect se fait d’une personne égale à une autre. Il ne doit jamais être imposé pour être réel. Pour cela, il faut que ce qui doit être respecté (le sujet ou l’objet) soit légitime (l’autre ou la règle sociale) mais pas le comportement du sujet ni la manière dont la règle sociale est appliquée car ceux-ci peuvent être irrespectueux ou illégitimes.

    De son côté, la société, avant de demander à être respectée, doit respecter l’individu. Son respect fonde sa légitimité et non le contraire. La société ne peut demander le respect à une personne sans lui accorder le sien comme condition de sa demande. L’irrespect de la société vis-à-vis de ses membres ne serait alors que du mépris de celle-ci à ceux-là et une raison légitime pour les citoyens de se rebeller contre ce qui deviendrait alors une contrainte illégitime.

    Mais cette demande de respect ne veut pas dire que l’individu peut tout réclamer à l’autre et à la société. Elle signifie qu’il a le droit au respect ce qui lui permet, s’il respecte les valeurs essentielles de la vie en commun (respecter la liberté de l’autre, avoir de la tolérance vis-à-vis de l’autre et être solidaire de l’autre) et les principes de base du fonctionnement de la société, de vivre sa vie le plus librement possible.

    Sans respect entre les membres d’une même communauté, on aboutit à des rapports exacerbés où plus personne ne fait attention à l’autre, où plus personne n’écoute l’opinion de l’autre et où des groupes se constituent pour créer des réalités fictionnelles où l’autre, le différent, n’a plus sa place. Montent alors le déni de liberté, l’intolérance et l’absence de solidarité.

    Et n’oublions pas que, pour respecter l’autre, il faut d’abord se respecter soi-même. Ce qui ne veut pas dire de se prendre pour un individu-roi mais de s’estimer.

    Ce petit rappel pour démontrer tout l’importance du respect dans notre société du XXI° siècle afin que celle-ci puisse se bâtir dans une cohésion sociale forte.

    Cette valeur essentiellement humaniste et donc centriste devient de plus en plus nécessaire face à, d’une part, une montée de l’autonomisation de l’individu-monde mondialisé et, d’autre part, à une mondialisation où les chocs culturels doivent être absorbés grâce à l’ouverture d’esprit et à la tolérance de l’autre.

    Dès lors le respect est un ciment incontournable pour que la vie en société ne se transforme pas en la coexistence de plus en plus difficile d’individus autonomes et revendicatifs de leur propre «bonheur» au détriment d’un lien social basé sur le juste équilibre indispensable afin d’organiser des rapports apaisés entre les membres d’une même communauté, locale, nationale ou mondiale.

    Les centristes, qui veulent bâtir cette société humaniste, doivent sans relâche promouvoir ce respect.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Pour une solution consensuelle afin de relancer l’économie tout en réduisant les déficits publics


    Assainir les finances publiques qui croulent sous la dette tout en faisant repartir la croissance afin de créer des emplois, voilà bien la quadrature du cercle qui fait trembler les politiques et cogiter sans fin les économistes pendant que les citoyens, angoissés, attendent, de moins en moins patients, la solution miracle.

    D’autant que si l’économie repart et si le chômage baisse drastiquement, les rentrées fiscales seront beaucoup plus élevées, permettant à la sphère publique de se désendetter beaucoup plus rapidement.

    Ce cercle vertueux n’a pas été trouvé pour l’instant. Et les économistes se divisent en deux camps, ceux qui privilégient un plan de relance économique et ceux qui optent pour une cure d’austérité de l’Etat et des collectivités locales. Une division qui traverse également les politiques.

    Dans le premier cas, la reprise permettrait, ensuite et grâce aux rentrées fiscales (et un peu d’inflation…) de retrouver des taux d’endettement acceptables.

    Dans le second cas, l’assainissement permettrait aux pouvoirs publics de retrouver la capacité d’intervention tout en évitant une faillite du pays que l’on nomme, de manière plus euphémistique, un défaut de paiement…

    Personne ne sait ce qu’il est plus facile de faire, ni quelles sont les conséquences à court et moyen terme de l’une ou l’autre option.

    Des mesures de relance qui ne marchent pas creusent les déficits. Des mesures d’austérité mal proportionnées tuent l’activité.

    Bien sûr, on a vu que les plans de relance adopté lors de la première phase de la crise économique qui a débuté en 2008 (et dont on n’est pas sorti selon de nombreux experts) n’ont pas eu le succès escompté.

    Mais ils ont été trop timides dans bien des cas et la plupart des économistes sont d’accord pour dire que la situation serait bien pire aujourd’hui sans les décisions prises dans cette direction par Barack Obama ou Nicolas Sarkozy, par exemple.

    C’est dans ce sens qu’il faut éviter de tuer l’activité par une montagne de dette ou par une austérité qui assécherait les circuits économiques. Sauf à penser, dans ce dernier cas, qu’il faut en passer par là au moins pendant une décennie afin de complètement et définitivement supprimer le spectre de la dette.

    Qui prendra le risque politique mais aussi économique et social de cette diète radicale qui pourrait traiter le malade tout en l’envoyant au cimetière?!

    Du coup, les politiques, mises en œuvre un peu partout en Europe et aux Etats-Unis, allient relance et rigueur, à tour de rôle. Un coup de relance puis un coup de rigueur. Et les deux s’annulent!

    Et les populations s’impatientent.

    Le dilemme politique est qu’il n’est pas possible économiquement de laisser les déficits se creuser dans une dérive insoutenable et immaîtrisable. Mais il est tout aussi impossible socialement de laisser le chômage progresser à vitesse grand v.

    Il faut donc, à la fois, prendre des mesures de relance ciblées et de réduction des dépenses. Et, en plus, elles doivent donner des résultats assez rapides pour coïncider avec le temps électoral…

    Ceci serait sans doute possible si l’irresponsabilité n’était pas la règle d’or de l’action politique. Une  irresponsabilité qui se pare d’un discours responsable… et de propositions qui ne règlent rien quand elles n’aggravent pas la situation.

    Car, au lieu de s’assoir autour d’une table, pour trouver ensemble des solutions, les différents partis politiques s’écharpent. Pendant que les gouvernements en place sont paralysés par les défis qui se présentent à eux, les oppositions les voient comme du pain béni afin de reprendre, demain, le pouvoir et mettent tous les bâtons dans les roues des premiers nommés qu’elles peuvent trouver.

    Mais que les oppositions deviennent les majorités et inversement ne fera pas disparaître ces défis. Ceux-ci ne feront même que devenir de plus en plus prégnant.

    Il est dommage de voir que lorsque l’incendie fait rage, une partie des pompiers hésitent à employer les moyens efficaces pour l’éteindre pendant qu’une autre partie joue un jeu dangereux, les allumettes à la main.

    Ici, on ne parle pas de qui a raison et de qui a tort mais des fondements même de nos systèmes représentatifs et démocratiques ainsi que de la cohésion sociale qui les soutiennent. Ceci implique que tout le monde politique soit sur le pont afin de prendre ses responsabilités pour réparer efficacement l’économie avec des mesures, non pas électoralement gagnantes, mais efficaces.

    N’est-ce pas justement une des raisons de l’existence d’un système représentatif où les élus du peuple sont là pour prendre les décisions difficiles que leur fonction leur impose?

    Et quand la situation est grave, cela passe par un consensus de toute la nation par le biais, d’abord, de ses mêmes représentants. C’est à eux de montrer, d’abord, que le pays peut se retrouver autour d’une vision partagée de son présent et de son avenir. C’est à eux de montrer que la démocratie est le meilleur régime capable de relever les challenges cruciaux pour les peuples.

    Le risque de la division? Que les populations se lassent des mesquineries politiques et se disent un jour, pas si lointain, que, décidemment, la démocratie n’est pas capable de résoudre, quand ils se présentent devant elles, les vrais problèmes et soit tentée d’aller voir ailleurs un sauveur autant hypothétique que dangereux et incapable de faire mieux mais promettant le paradis sur terre…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centrisme du respect et de la responsabilité


    Deux principes humanistes sont centraux à la vision du Centrisme: le principe de respect et le principe de responsabilité.

    Ils fonctionnent, à la fois, comme principe de bon gouvernement (bonne gouvernance comme on dit de nos jours) et comme principe de comportement individuel.

    Au niveau politique, tout gouvernement doit s’inspirer constamment des principes de respect et de responsabilité dans les décisions qu’il prend.

    Au niveau relationnel, tout individu se doit d’être respectueux des autres et de la règle sociale (à laquelle il a librement consenti de par sa participation au processus démocratique) ainsi que responsable des actes qu’il accomplit.

    Cependant, les dimensions du respect et de la responsabilité vont au-delà afin de fonder une société apaisée, équilibrée et donc capable d’être le meilleur environnement pour développer la vie bonne (vivre bien ensemble, vivre bien individuel, réalisation de soi).

    Le respect comprend évidemment le respect de la vie. Même s’il s’agit, pour une société humaine, édifié par des humains pour des humains, d’abord du respect de la vie humaine, c’est aussi du respect de la vie et de son environnement au sens large. Toutes ces dimensions doivent être prises en compte dans une vision de juste équilibre.

    Respecter quelqu’un pour la société ou l’individu, c’est avoir de la considération pour sa personne, c’est ne pas porter atteinte à son individualité physique, psychique et sociale, c’est respecter sa différence et sa dignité. Le respect social, lui, c’est travailler dans le cadre du juste équilibre.

    Le respect ne doit jamais être imposé pour être réel et solide. Pour cela, il faut que ce qui doit être respecté (le sujet ou l’objet) soit légitime (l’autre ou la règle sociale) mais pas le comportement du sujet ni la manière dont la règle sociale est appliquée car ceux-ci peuvent être irrespectueux ou illégitimes.

    En outre, avant de demander à être respectée, la société doit respecter l’individu. C’est ce qui fonde sa légitimité et non le contraire car alors la société pourrait demander le respect sans accorder le sien à l’individu qui serait alors en droit de se rebeller contre cette contrainte illégitime.

    Mais cette demande de respect ne veut pas dire que l’individu peut tout réclamer. Elle signifie qu’il a le droit au respect s’il respecte les valeurs de base de la société, la liberté et la tolérance de l’autre et la solidarité avec l’autre.

    Et n’oublions pas que, pour respecter l’autre, il faut d’abord se respecter soi-même. Ce qui ne veut pas dire de se prendre pour un individu-roi mais de s’estimer suffisamment pour être capable de se construire soi-même, condition nécessaire pour respecter l’autre.

    La responsabilité c’est, bien sûr et d’abord, être responsable de ce que l’on fait, que l’on soit une société ou un individu et en rendre compte. Mais c’est aussi la capacité donnée par la société à toute personne d’être pleinement responsable de sa vie, c’est-à-dire aussi en ayant la maîtrise de son destin autant faire que possible. Etre responsable de soi-même c’est répondre de ses actes mais c’est aussi être libre de ceux-ci pour construire son existence.

    Par rapport à ce que je viens de dire, on voit bien en quoi un vrai respect et une vraie responsabilité vont modeler, de manière humaniste, une société et les rapports entre les individus.

    Si maintenant on extrapole ces principes dans l’action, on voit bien en quoi ils sont primordiaux aujourd’hui et donc en quoi le Centrisme est bien la vision politique adéquate du XXI° siècle.

    Avec tous les défis qui se présentent à elle, l’humanité a besoin d’une société mondiale responsable et respectueuse composée d’individus responsables et respectueux. La responsabilité et le respect sont ainsi les concepts centraux indispensables qui permettront de relever ces défis et de régler avec succès les problèmes qu’ils posent.

    Ainsi, face aux dysfonctionnements des systèmes économiques, financiers, sociaux et sociétaux, face à la raréfaction des matières premières, face aux problèmes environnementaux, face à la montée des périls que cela engendre, face à l’individualisation montante seul un individu responsable et respectueux dans une société responsable et respectueuse sera capable d’agir avec sagesse et lucidité mais aussi avec empathie et bienveillance dans la bonne direction, c’est-à-dire pour son bien et le bien de tous afin d’édifier cette société du juste équilibre, seule à même d’apporter la vie bonne.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • De l’importance du bénévolat civique dans la démocratie


    Occuper à des travaux d’intérêt général les chômeurs indemnisés et/ou les bénéficiaires des minimas sociaux a toujours été une idée populaire. Et, ceci, dans une vision, à la fois, pragmatique(pourquoi ne pas faire travailler ceux qui ne font «rien»), moralisatrice (les chômeurs et les pauvres sont souvent des gens qui ne font rien pour s’en sortir donc payons-les mais qu’ils fassent quelque chose pour mériter leurs indemnités) et utilitariste (il y a tant de choses à faire ou qui sont mal faites, avec des gens libres et capables on va améliorer le fonctionnement des services publics et des associations qui œuvrent pour le bien public).

    La récente polémique déclenchée par la proposition d’un ministre sur un travail de cinq heures par semaine obligatoire pour toucher le RSA (le revenu de solidarité active) a déclenché un tollé tout autant à gauche qu’à droite (même si de nombreux députés UMP la soutiennent). Mais selon un sondage publié par Le Figaro, une majorité de Français, tant à gauche qu’à droite, y sont favorables.

    Cependant, il faut recadrer le débat pour ne pas qu’il tombe dans la caricature et qu’il évite de stigmatiser une catégorie de la population, notamment celle qui est le plus en difficulté et qui, le plus souvent, n’a pas choisi d’en arriver à cette situation extrême qu’est l’assistanat pour cause de pauvreté.

    Il ne faut pas tromper les Français en leur faisant croire que ceux qui sont aidés par la solidarité nationale ne sont que des profiteurs fainéants dont on devrait faire en sorte de les faire travailler sans leur demander leur avis.

    Le bénévolat civique dans le fonctionnement de la démocratie est un sujet éminemment important et ne doit surtout pas être une sanction ou une obligation, ce qui serait catastrophique. Au contraire, il doit être promu positivement comme un juste devoir et un juste retour des choses pour tous ceux qui ont la chance de vivre dans une démocratie, bien sûre imparfaite, mais qui vaut cent mille fois mieux que vivre dans un régime autoritaire.

    Cependant le concept même de bénévolat civique est devenu de plus en plus erratique du fait d’une montée de l’individualisation mais aussi d’une incapacité des pouvoirs publics à proposer une formule incitatrice et attirante sans passer pour des ringards d’un autre âge.

    Il existe bien le service civique, qui a remplacé le service militaire, mais il peine à trouver des postes intéressants pour tous les jeunes qui sont candidats. Un comble alors que tant de dysfonctionnements existent un peu partout faute de personnel en nombre suffisant!

    Entendons-nous. Il ne s’agit évidemment pas de réduire la qualité en remplaçant subrepticement des professionnels qualifiés avec des non-professionnels incompétents afin de dégraisser le «mammouth de la fonction publique». Ce serait stupide et vain.

    Il s’agit d’impliquer les citoyens dans le fonctionnement de la démocratie et ce, dans une démarche civique où, encadrés par des professionnels, ils pourraient rendre des services utiles à la communauté tout en développant leur sens de la responsabilité ainsi qu’en permettant d’augmenter l’efficacité dédits services pour un coût contrôlé.

    Ce bénévolat, dont il faut évidemment dresser les contours de manière très précise, est, de surcroît, un moyen privilégié dans les années à venir pour pouvoir pérenniser, voire développer, les services rendus par la collectivité dans un environnement où il faut maîtriser la dépense publique, maîtriser les déficits publics et rendre sa compétitivité à la France tout en impliquant la population dans l’avenir commun de tous.

    Car, ce qui est important de dire, c’est que la démocratie n’est pas un cadeau gratuit qui fonctionne quoiqu’il arrive. En période de vaches grasses, nos impôts suffisent à garantir un fonctionnement relativement efficace des services publics. En période de vaches maigres, il serait normal que les citoyens qui bénéficient de tous les bienfaits de la démocratie (si, si, ils existent, demandez à ceux qui en sont privés et qui la réclame au péril de leur vie, de la Lybie à la Chine en passant par la Syrie ou la Corée du Nord ce qu’ils en pensent) se mettent à son service pour quelques heures par mois.

    Pour les jeunes, cela pourrait toujours passer par le service civique nettement amélioré. Pour les plus âgés, il s’agirait d’un engagement volontaire. Que ce soit dans la sécurité ou dans l’assistanat, dans la transmission des savoirs ou dans l’aide à domicile, dans l’écoute des autres ou dans l’organisation de la cité, pour prendre quelques exemples, les possibilités sont immenses et les besoins encore plus.

    Ce bénévolat donnerait de la fierté à ceux qui l’assureraient et rendrait la démocratie plus humaine, plus proche du citoyen. Un citoyen qui comprendrait ainsi qu’il est en un rouage essentiel.

    Il faut sortir des seules logiques monétaire et commerciale dans ce domaine même s’il n’est pas question de prétendre que les gens n’ont pas besoin de gagner leur vie pour vivre... L’important est que ce bénévolat civique permettrait une meilleure intégration de ceux qui sont laissés sur le bord de la route et donc une société plus dynamique et plus capable de relever les défis du XXI° siècle auxquels elle doit faire face.

    De même, cela permettrait de refonder, resolidifier et relégitimer le lien social incontournable pour bâtir le bien vivre ensemble.

    Mais, demeurant du bénévolat, cela n’affecterait pas la liberté de choix des individus qui demeureraient les seuls décisionnaires de leur investissement collectif. En revanche, il offrirait de vraies opportunités à tous ceux qui veulent s’investir et sont souvent dans le désarroi de ne pouvoir le faire ou de ne faire que des tâches tellement inintéressantes qu’ils jurent qu’on ne les y reprendra pas une seconde fois!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Sans responsabilité, pas de société démocratique équilibrée


    Au moment où nous devons prendre des décisions importantes pour notre avenir, rappelons-nous que le bon fonctionnement de la démocratie est impossible sans responsabilité. Un individu libre est quelqu’un qui fait des choix sans contrainte autre que celle du respect de la liberté d’autrui mais qui est capable, dans le même temps, de faire des choix responsables. Sans vraie capacité pas de réelle liberté.

    Cette capacité s’acquiert grâce à son émancipation, c’est-à-dire par l’acquisition d’un savoir qui lui permet de se déterminer librement et en toute responsabilité, à la fois, pour son intérêt propre mais également pour celui de la communauté à laquelle il appartient. D’où l’importance, dans une démocratie, d’une transmission du savoir efficace par un système éducatif performant et des médias délivrant une information sérieuse et libre afin de donner la réelle capacité à chaque individu de choisir en toute responsabilité.

    Sans cette prise en compte concomitante de ces deux intérêts, individuel et collectif, il n’y a pas de responsabilité individuelle et, en conséquence, il ne peut y avoir de société équilibrée composée de personnes c’est-à-dire d’individus libres, respectueux, solidaires et tolérants ayant des droits et des devoirs.

    C’est pourquoi l’on peut être inquiet devant les avancées de l’égoïsme et de l’égocentrisme dans les pays démocratiques. Cette individuation montante caractéristique des sociétés postmodernes n’est pas une conséquence inéluctable de l’avancée de la démocratie, bien au contraire, mais le résultat d’un dévoiement de l’individualisme par l’exercice d’une liberté sans responsabilité. Celle-ci n’est en réalité qu’une licence permettant à chacun d’entre nous de pouvoir revendiquer à son unique avantage et de choisir pour son seul intérêt propre en rejetant toute idée de responsabilité dans ses revendications et ses choix. Or, une telle perversion de la liberté détruit évidemment le vivre ensemble, détruit la démocratie et, in fine, détruit la liberté elle-même. Sans responsabilité, l’exercice de la liberté n’est qu’une suite de décisions dont le seul horizon est la satisfaction égoïste et égocentrique de désirs immédiats et la volonté d’acquérir des privilèges sans se soucier des conséquences.

    En outre, en l’absence de responsabilité, l’individu à tendance à orienter ses choix vers l’obtention d’un avantage superficiel et un profit à courte vue au détriment de décisions qui auraient des bénéfices, non seulement, plus pérennes et plus respectueuses de l’autre, mais qui seraient meilleures pour ses propres intérêts et ceux de ses proches.

    C’est la raison pour laquelle, le Centrisme, pensée de la liberté dans la responsabilité, applaudit à toutes les avancées de la liberté mais ne conçoit celles-ci que pour un individu responsable. Un individu de plus en plus autonome et libre n’est un danger pour la société que s’il est irresponsable, cette irresponsabilité détruisant alors le lien social qui unit les membres d’une même communauté entre eux.

    La responsabilité est donc une condition sine qua non du bon fonctionnement de la démocratie. Si elle ne s’élève pas dans les années à venir, en même temps que l’individu acquiert une plus grande autonomie, alors nous avons tout lieu d’être inquiets. Nous devons absolument remettre de la responsabilité de tous les actes, à tous les niveaux et dans tous les domaines, de la politique à l’économie, et pour tout le monde, du président de la république au simple citoyen.

    Les admirateurs des régimes totalitaires considèrent les individus comme des incapables qui ne peuvent se prendre en main et décider pour eux et pour la communauté. Les promoteurs des luttes pour l’émancipation qui ont traversé les XIX° et XX° siècles voulaient démontrer l’inanité d’un tel raisonnement. Ils savaient que la liberté était un risque. Cependant, ils pariaient dans la reconnaissance des bienfaits de celle-ci par les peuples qui l’utiliseraient avec responsabilité ce qui permettrait qu’ils fassent bon usage de cet inestimable bien. Il serait bien dommage que nous contredisions ces derniers et donnions raison aux premiers. Ce serait, en outre, excessivement dangereux pour la démocratie…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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