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La France Réconciliée - Page 44

  • Borloo-Bayrou, 1-0 mais balle au Centre?

    Dans la bataille pour la prise de contrôle de l’espace au centre, force est de reconnaître que Jean-Louis Borloo vient de gagner la première bataille.

    Plus, il est bien parti pour remporter la victoire finale.

    Si un doute subsistait quant au vainqueur de la première manche, Il suffirait d’écouter les propos confus et contradictoires de François Bayrou pour s’en convaincre.

    Pour lui, sur bien des points, Il s’agit d’un reniement complet de tout ce qu’il a dit et espéré depuis un an.

    Ainsi sa critique de François Hollande semble bien exagérée à ce qu’il pouvait en dire de bien il y a peu comme s’il devait donner des gages à ses «anciens nouveaux» amis de l’UDI et parfois à la manière d’un amoureux éconduit.

    A l’opposé, il est désormais capable d’expliquer qu’il est d’accord à 95% avec Jean-Louis Borloo et qu’entre autres les accords municipaux qui lient le Mouvement démocrate avec le Parti socialiste dans de nombreuses villes et pas des moindres ne sont rien d’autre que des exceptions alors qu’il en faisait encore hier l’emblème de son indépendance avec ceux passés avec l’UMP.

    Et ce même s’il continue, timidement, à affirmer que le Centre se trouve au centre et pas à droite, il s’agit objectivement beaucoup plus d’un ralliement au positionnement de centre-droit de l’UDI que le contraire.

    On voit bien ici dans quelle urgence il se trouve pour ne pas disparaître de la scène politique.

    Sera-ce suffisant et est-il capable de reprendre la main face à un Jean-Louis Borloo qui vient de marquer un premier point qui risque d’être décisif.

    Non pas que le président de l’UDI soit dans une meilleure forme politique que celui du Mouvement démocrate.

    Sa formation est à la peine jusqu’à présent, manquant d’unité ainsi que d’identité, incapable de peser dans le débat politique et de séduire les Français.

    Les sondages électoraux donnent les deux partis centristes très proches et, surtout, très proches de rien du tout…

    Seuls les baromètres de popularité donnent des raisons d’espérer avec les bons scores des deux leaders.

    Mais François Bayrou s’est enfermé dans une logique de la solitude et de la marginalisation, tout à son rêve monomaniaque de devenir président de la république pendant que Jean-Louis Borloo, lui, faisait le contraire en s’entourant de tous les autres leaders centristes qui avaient quitté un à un le président du MoDem à cause principalement de son incapacité à partager le pouvoir au-delà d’un petit cercle de fidèles et à s’intéresser à l’avenir du Centre au-delà des présidentielles.

    Rien n’est évidemment totalement perdu pour Bayrou mais la tâche va s’avérer difficile pour lui.

    D’abord, il va lui falloir regagner la confiance de ses «anciens nouveaux» amis qui n’ont pas oublié 2002, 2007 et 2012.

    Ensuite, il va devoir redonner une crédibilité à son parti, en particulier en matière électorale s’il veut peser d’un poids politique suffisant dans les négociations à venir avec ses partenaires.

    Enfin son discours va devoir évoluer en prenant en compte le positionnement de centre-droit de l’UDI et son tropisme qui penche uniquement à droite en direction d’une UMP qui a, depuis toujours, représenté selon lui l’ennemi le plus dangereux, une machine à tuer le Centre.

    Jean-Louis Borloo, lui, est dans une situation bien plus confortable car il n’a absolument rien renié de son entreprise de parti centriste adossé au parti de droite.

    Plus, sa stratégie semble la bonne puisqu’il a obligé Bayrou à se rapprocher de lui sans aucune contrepartie pour l’instant.

    Cela le met dans une position de force afin de revendiquer la place de chef de la galaxie centriste alors même qu’il ne se définit pas comme centriste!

    Tout ceci, bien sûr, au cas où les rapprochements Borloo-Bayrou et MoDem-UDI se font dans le dur et non pour la galerie et les élections de 2014.

    Si l’on est réellement dans une logique d’une (ré)union alors Borloo mène bien par 1-0.

    Mais est-ce vraiment balle au Centre?!

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Etats-Unis et crise syrienne: les limites de la «méthode Obama»?

    Elu en grande partie pour mettre un terme aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, Barack Obama, en recevant son prix Nobel quelques semaines après son élection, avait expliqué qu’il ne s’interdisait pas de faire la guerre si cela s’avérait nécessaire pour le bien de son pays.

    De même, en arrivant au pouvoir, il avait pris tout le monde par surprise en remettant à l’honneur le travail législatif en faisant en sorte, lors de la loi sur l’assurance-santé, de laisser au Congrès une large autonomie pour décider de son contenu, ce qui avait généré un débat citoyen dans tout le pays.

    La crise syrienne vient nous rappeler ces deux importants piliers de la «méthode Obama»: l’action, en l’occurrence ici militaire, doit, non seulement être juste et morale, mais être bénéfique aux intérêts américains; la discussion au sein du Congrès mais également dans toute la population doit être de mise pour toute décision importante.

    En ce qui concerne ce dernier point, c’est, dans le cas qui nous intéresse ici, à la fois une grande victoire et une grande défaite pour la démocratie!

    Il s’agit d’une victoire pour la démocratie américaine puisque celle-ci délibère au grand jour sur la nécessité de frappes contre la Syrie.

    Dans le même temps, c’est également une défaite de la démocratie qui montre sa faiblesse et son indécision face à ses ennemis ainsi que face aux victimes de ces derniers.

    La contradiction du système démocratique entre ses principes de fonctionnement et sa défense face aux menaces extérieures est posée dans toute sa dimension.

    Personne ne peut regretter le débat démocratique qui a saisi les Etats-Unis quand Obama a décidé de laisser les élus choisir ou non l’action militaire pour punir la Syrie mais personne, non plus, ne peut se satisfaire de l’indécision dans laquelle cela a mis le gouvernement de Washington.

    La délectation avec laquelle Vladimir Poutine a rejoué les plus belles partitions de la guerre froide le montre aisément.

    Quant à ceux qui reprochent à Barack Obama cette voie qu’il aurait choisie par faiblesse et incohérence de sa vision du monde, ils ont oublié qu’il a toujours été pour une démocratie délibérative et qu’il l’a toujours promue même dans les pires moments de sa présidence.

    Bien sûr, que ses compatriotes refusent de punir le dictateur syrien et son régime pour ses crimes abominables vis-à-vis de ses civils ne peut être une victoire des valeurs véhiculées par la démocratie.

    Pour autant, dans le même temps, c’est bien le fonctionnement de la démocratie qui en sort grandi…

    Quant à la guerre juste et morale qui sert les intérêts des Etats-Unis, deux points importants.

    D’une part, la défaite du régime autocratique syrien ne serait pas une victoire pour les Américains – et n’a jamais été considérée comme telle à Washington – puisque la plus grande probabilité serait aujourd’hui que les fondamentalistes islamistes s’emparent alors du pays ou d’une grande partie de celui-ci et mènent des attaques terroristes conte l’Occident après avoir massacré les chrétiens syriens.

    Mais la victoire de Bachar El-Assad serait une défaite pour les Américains qui, en tant que leader du monde démocratique, n’auraient pu empêcher un dictateur d’utiliser à sa guise et sans aucune sanction des armes interdites par la communauté internationale contre des civils et, en particulier, des enfants.

    Certains pensent que Barack Obama a refilé la patate chaude aux sénateurs et représentants américains tout en faisant valoir son point de vue mais en espérant qu’il n’aurait pas à mener une action militaire afin de ne pas devoir choisir entre deux mauvaises solutions et ne pas être responsable de l’option choisie.

    De ce point de vue, les déclarations de son secrétaire d’Etat, John Kerry, sur la seule façon qui rendrait les frappes inutiles, la destruction de toutes les armes chimiques syriennes après qu’elles aient été confiées à la communauté internationale, est vue, non comme un malheureux lapsus lors d’une conférence de presse, mais comme un moyen malin de se désengager sans trop d’humiliation alors même que le Congrès ne sait pas, non plus, trop quoi faire avec ladite patate...

    Sans aller jusqu’à créditer l’administration américaine de tant de machiavélisme, il est vrai que si la crise se résolvait par cette réelle destruction, les Etats-Unis n’en seraient pas les perdants malgré le fait que les frappes militaires, au départ, n’avaient aucun rapport avec l’élimination de ces armes mais était une punition pour les avoir utilisées…

    Quoiqu’il en soit, la crise syrienne montre à l’évidence que les dictatures sont plus fortes que les démocraties dans les bras de fer internationaux car elles n’ont pas à prendre en compte leurs fameuses opinions publiques, ce qu’Hitler avait bien compris et que les accords de Munich avaient entériné en 1938.

    Cependant, on ne peut critiquer le fait que les règles démocratiques fonctionnent.

    Tout au plus, on peut et on doit regretter que les peuples ne soient pas assez informés des réalités du monde et des conséquences d’un refus d’intervenir pour des motifs aussi importants.

    Car après Munich, il y a eu la Deuxième guerre mondiale et tous ceux qui croyaient qu’il suffisait de détourner les yeux pour sauver leur peau en ont été pour leurs frais…

    Quant à la «méthode Obama», elle sera jugée par l’Histoire sur ses résultats à long terme que ce soit en politique intérieure et en politique étrangère.

    En revanche, que ce soit en 2008 lors de sa première élection ou en 2012 lors de sa réélection, on ne peut pas dire qu’il a pris les Américains en traître.

    Cette démocratie délibérative dont il a appris le maniement quand il était travailleur social dans les quartiers pauvres de Chicago et qu’il devait trouver des solutions dans une atmosphère de violence endémique, est bien son mode de fonctionnement.

    La mettre à l’honneur dans un pays où l’on parle depuis la président de Nixon dans les années 1970 de «présidence impériale» est une bonne chose dans une démocratie mature.

    Malheureusement, elle suppose une majorité de citoyens également matures et là, rien n’est moins sûr…

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

  • Le Centrisme et la cuisine électorale

    Comment je l’ai souvent affirmé, il convient de ne jamais oublier de distinguer la pensée centriste du centre électoral.

    Mais cette distinction ne concerne pas que le Centre, c’est également vrai de toutes les autres pensées politiques qui ne se réduisent pas aux organisations qui prétendent les représenter.

    Le socialisme et le Parti socialiste en est un bon exemple.

    Ainsi donc du Centrisme dont les partis au centre de l’échiquier politique n’embrassent pas l’ensemble de sa conception de la société.

    Certains partis centristes sont plus proches de celle-ci que d’autres mais aucun à l’heure actuelle n’est complètement centriste au sens strict du terme.

    Pour autant, nous ne sommes pas forcément dans une supercherie car l’action politique demande des marges de manœuvre qui ne sont pas toujours dans la «bonne ligne».

    Ceci est d’autant plus vrai que le Centrisme est un pragmatisme dont le principe d’action est le «juste équilibre» et que pour atteindre celui-ci l’on peut se déséquilibrer d’un côté avant de se rééquilibrer de l’autre et de revenir ainsi à l’équilibre juste qui est une recherche constante à défaut d’être un positionnement figé, ce qui est d’ailleurs impossible puisque la société elle-même n’est pas figée.

    Néanmoins, les marges de manœuvre ne sont pas extensibles indéfiniment et la proximité aux références du Centrisme, que ce soient ses valeurs humanistes (liberté, respect, tolérance, solidarité) son principe d’action (juste équilibre), sa règle comportementale (responsabilité), sa philosophie (réformisme, progressisme, personnalisme, pragmatisme) afin de faire fonctionner au mieux la démocratie républicaine, doit se retrouver clairement dans l’action des partis se réclamant du Centrisme.

    Ce rappel est important au moment où les partis centristes français semblent engagés dans un rapprochement alors que de nombreuses voix à l’intérieur de ceux-ci demandent également des clarifications des positions de chacun.

    Parce que ce rapprochement ne peut être qu’un simple deal électoral et électoraliste sous peine de décrédibiliser un peu plus ces partis centristes qui ont perdu une grande partie de la confiance des Français et, surtout, de leurs électeurs ces dernières années de par leur programme et leur stratégie politiques quasi-illisibles.

    Or, de l’aveu même des responsables de ces formations, une réunion aurait comme avantage, avant même de gagner des voix et des sièges, de ne pas en perdre…

    François Bayrou et son Mouvement démocrate sont incapables de redresser la barre alors que Jean-Louis Borloo et l’UDI sont à la peine pour faire entendre leur voix et l’imposer comme centriste.

    Si les discussions entre les deux bords se bornent à «donne-moi ta crédibilité, je te donne mes voix», alors cette cuisine électorale sera, à terme, plus désastreuse que la désunion actuelle et une supercherie que les électeurs seraient en droit de sanctionner durement.

    Que la plateforme électorale ou le projet politique commun que les partis centristes peuvent dégager de leurs négociations à venir – si elles ont lieu – soient plus ou moins proche du Centrisme sera un autre challenge pour faire vivre ce dernier au niveau électoral et non pas comme pensée politique – celle-ci existant en-dehors même d’une représentation électorale.

    Mais, pour mériter un label du genre «centristes authentiques», le Mouvement démocrate et l’UDI ne doivent pas oublier que c’est un contresens de prétendre que le Centre serait «naturellement» à droite, de droite ou même un allié «naturel» de la Droite, ce que Jean-Louis Borloo demande à François Bayrou avec insistance.

    J’ai déjà eu, à de nombreuses reprises, à répondre à ces inepties proférées, à la fois, par des gens de la Droite qui veulent capter les voix centristes et par des gens de la Gauche qui tentent de diaboliser les partis centristes afin de récupérer un électorat de centre-gauche tenté par le vote en leur faveur.

    De même, on nous explique que bipolarisation politique oblige, les centristes doivent choisir leur camp et que celui-ci est à droite dont ils sont plus proches

    Cette autre ineptie est parfois reprise par les gens du Centre qui, ainsi, tentent de légitimer leur opportunisme politique.

    Si c’était le cas, il faudra donc nous expliquer pourquoi, par exemple, la très grande majorité des centristes américains se trouvent aujourd’hui à l’intérieur du Parti démocrate plutôt catalogué à gauche…

    Plus sérieusement, que le Centre choisisse une alliance à Droite ou à Gauche, celle-ci ne peut être, fort heureusement, que conjoncturelle.

    Si ce n’était pas le cas, le Centre n’existerait pas comme lieu politique.

    Plus, ce qui définit le Centre n’est pas la Droite ou la Gauche mais le Centrisme.

    Et ceux qui, au centre de l’échiquier politique, font tout pour brouiller les cartes dans ce domaine en faveur de leur destin politicien n’ont de centriste que le nom.

    Quoiqu’il arrive, que ceux qui croient que le Centrisme est la solution ne désespèrent pas, il continuera à exister même trahi ou bafoué.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • La démocratie est un combat

    Faut-il ou non intervenir en Syrie? Comment se comporter face à l’autocrate Poutine et au régime communiste chinois? Quelle est la meilleure façon de protéger la liberté?

    Autant de questions qui se sont entrechoquées ces derniers mois que ce soit avec les combats en Syrie, les affrontements en Egypte, les fuites sur les pratiques de la NSA aux Etats-Unis, les provocations russes contre les gays et le soutien du régime aux dictateurs de tous poils sur fond de reprise en main intérieure, le tour de vis chinois depuis l’arrivée de Xi Jinping qui se réfère à Marx et, surtout, à Mao en lui rendant des hommages appuyés et répétés, souhaitant marcher dans ses pas.

    Les démocraties sont donc, une fois de plus, devant des dilemmes importants.

    Le président syrien, comme son père avant lui, tue ses concitoyens avec du gaz sarin, les Frères musulmans et l’armée égyptienne rivalisent d’intolérance, les écoutes américaines mettent en émoi une partie du monde qui place la liberté au-dessus de la sécurité, les agissements du président russe nous rappelle tous les jours qu’il a été formé par le KGB dont on pouvait comparer les pratiques lors de la guerre froide à la tristement célèbre Gestapo et les sombres prédictions des défenseurs chinois de la démocratie sur la personne du nouveau maître de l’Empire du milieu se révèlent malheureusement trop vraies.

    Que faire?

    Se faire tuer pour sauver des enfants syriens? Laisser une dictature quelle qu’elle soit se mettre en place en Egypte? Accepter de perdre de la liberté pour de la sécurité sans être sûr que le deal est exactement celui-là? Continuer à faire comme si Poutine et Xi étaient des gens charmants et fréquentables pendant que leurs opposants soient pourchassés et emprisonnés?

    Les réponses ne sont pas simples et, surtout, ne doivent pas être simplistes.

    Prenons l’exemple syrien. Se lancer dans une guerre totale avec le clan Assad tête baissée serait aussi stupide que de ne rien dire et faire en se lavant les mains de massacres horribles et inacceptables.

    Pourquoi?

    Parce que, dans le premier cas, intervenir alors que  la chute d’Assad aurait de grandes chances de permettre aux intégristes islamistes de mettre le pays sous leur coupe et à en faire une base de l’extrémisme et du terrorisme, faisant en quelque sorte d’avoir sauver les enfants syriens pour que nos enfants soient éventuellement tuer dans de futurs attentats.

    Et, dans le deuxième cas, il est impossible pour toute communauté ayant une conscience de fermer les yeux en prétendant qu’un dictateur a le droit de tuer son peuple, notamment ses enfants, sans vergogne, sans devoir rendre des comptes mais aussi sans porter un coup à l’image de la démocratie, incapable de réagir face à des comportements qui la provoquent dans son essence même.

    Ce dilemme est celui de Barack Obama aujourd’hui. Mais il est celui de toute la communauté internationale, en tout cas de celle qui revendique des valeurs humanistes.

    Même cas de figure ou presque en Egypte où il faut se demander si une organisation, les Frères musulmans, qui s’est battue pendant des décennies contre les valeurs démocratiques et ne les a endossées que parce qu’elle a gagné les élections – et dont la pratique démocratique a laissé à désirer pendant son passage au pouvoir – vaut mieux qu’une armée qui n’a guère prouvé son attachement à ces mêmes valeurs.

    Quant à savoir si nous devons adresser la parole à Poutine et à Xi, la realpolitik répond oui à coup sûr. Mais cela ne doit pas nous empêcher de dire ce que nous pensons de leurs agissements et de tenter toutes les pressions pour les mettre en échec? A voir certains responsables politiques occidentaux faire allégeance à ces deux hommes et à leurs régimes donnent parfois des nausées.

    Comme le montre crûment les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de l’agence de renseignements américaine, la NSA, l’éminente question de savoir où se situe le curseur entre défense de la démocratie, défense des démocraties et intérêt des démocraties n’a pas de solution évidente.

    Pour autant, les précédents devraient inciter à ne pas baisser la garde.

    Ainsi, elle s’est déjà posée lors de la montée en puissance du fascisme et du nazisme entre les deux guerres mondiales puis lors de la guerre froide avec le bloc soviétique avec les résultats que l’on sait.

    Le renoncement face à l’Allemagne nous a plongés dans une guerre à 50 millions de morts alors que l’on aurait pu agir contre Hitler quand il en était encore temps.

    L’affrontement avec les Russes s’est révélé problématique jusqu’à l’implosion de l’URSS, exsangue par ses dépenses militaires démesurées et incapable d’apporter le bien-être à sa population.

    Avec, à la clé, des camps de concentration dans les deux pays.

    Le régime en place à Moscou – comme à Pékin d’ailleurs – est encore largement dominé par une idéologie qui diabolise la liberté qualifiée d’«occidentale».

    Xi Jinping, le nouveau maître du Parti communiste chinois ne parle que de maoïsme, de renforcement de l’armée et des valeurs occidentales erronées et dangereuses mettant en avant un «rêve chinois» qui risque de devenir le cauchemar des démocraties.

    Le ralentissement préoccupant de la croissance chinoise sur fond de corruption, de pollution catastrophique et de menaces de toutes sortes sur le régime va sans aucun doute renforcer, au moins dans un premier temps, les tendances autoritaires de celui-ci.

    Les prisons sont à nouveau pleines d’opposants, internet est de plus en plus contrôlé et censuré, le peuple est invité à se faire moins critique et à suivre la ligne officielle.

    Tout ceci nous amène à cette vérité basique, pure et dure: la démocratie a été, est et restera à jamais un combat quotidien contre des forces qui, de tous les côtés ainsi que de l’intérieur même, travaillent à la rogner, à la dénaturer et, in fine à l’abattre.

    La démocratie américaine est née d’une guerre de libération. Ce sont des révolutions qui ont accouché des valeurs démocratiques françaises. Même le système démocratique britannique a nécessité après la Grande Charte de 1215, une lutte au cours des siècles pour s’établir.

    Ceux qui renoncent à vouloir mener ce combat condamnent la démocratie, d’abord à s’affaiblir puis à disparaître.

    Ils font le jeu des ennemis des valeurs et des principes démocratiques.

    Peut-être que les peuples qui goûtent à un régime démocratique, certes imparfait mais envié par tous ceux qui en sont privés, ne veulent pas ou plus se battre pour le protéger et le faire exister.

    Peut-être qu’ils préfèrent leur sécurité ou tout simplement leur confort quotidien à leur liberté.

    Peut-être qu’ils préfèreraient vivre esclaves que mourir libres.

    Les sondages, généralement, disent le contraire.

    Alors, mettons nos actes en accord avec nos paroles: défendons la démocratie avant qu’on nous défende de le faire.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Faut-il croire à une réunion des centres?

    Après les déclarations enflammées, viennent les précisions nettement plus en retrait. Ainsi, si les partis centristes envisagent une réunion (notons que cela est une constante affirmation de leur part depuis longtemps), ce n’est pas pour tout de suite que cela se concrétisera par un parti unique, ni même avec un projet centriste.

    Et s’il y a liste commune lors des européennes, cela pourrait être avec des personnalités adhérant à un même programme et non entre des partis politiques comme on l’a précisé à l’UDI.

    De même, si refondation il y a, elle n’est pour l’instant qu’un objectif et aucune discussion n’est pour l’instant au calendrier.

    D’autant que les voix dissonantes, n’en déplaise à Jean-Louis Borloo qui les a balayées de manière condescendante, se sont faites jour, et au Mouvement démocrate avec, en particulier, Jean-Luc Bennahmias, et à l’UDI avec Jean-Christophe Lagarde et François Sauvadet.

    Voilà de quoi refroidir les fantasmes qui, ici ou là, ont soudainement, surtout à droite, d’un centre adossé à l’UMP grâce à Jean-Louis Borloo.

    Non pas que la refondation ne soit pas nécessaire, ni même qu’il y ait des convergences, plus, des visions communes entre le Mouvement démocrate et l’UDI.

    Reste que les déclarations de bonnes intentions ne sont pas nouvelles et qu’il faut donc attendre si, cette fois-ci, elles seront suivies par du concret.

    De nombreux précédents plaident encore pour des prises de position qui permettent de baliser le terrain et d’apparaître, d’un côté comme de l’autre, unitaire pour deux alors que les stratégies sont essentiellement de se démarquer l’un de l’autre.

    François Bayrou n’a pas un intérêt personnel à se mettre sous les ordres d’un Jean-Louis Borloo qui, lui, n’a aucun intérêt à faire entrer le loup dans la bergerie.

    Néanmoins, François Bayrou pourrait rebondir s’il parvient à réunir les centristes à son profit et Jean-Louis Borloo donnerait à son projet de parti de centre-droit une consistance qu’il n’est pas encore au rendez-vous.

    Dès lors, en imaginant qu’une liste commune du Centre aux européennes soit mise sur pied, cela ne signifierait pas pour autant une réunion des centristes et peut-être même pas la première pierre d’une refondation de l’espace centriste.

    Il pourrait s’agir d’un «one shot», un acte isolé ayant avant tout une finalité électoraliste afin de ratisser beaucoup plus large pour des partis qui ne sont pas en position de force pour cette élection comme le montrent les sondages actuels.

    Car, en matière d’Europe, il suffira aux deux partis de se mettre d’accord sur de grands principes sans pour autant, par la suite, être obligés de se retrouver dans le même groupe au Parlement de Strasbourg et à Bruxelles.

    En revanche, il n’est pas question actuellement d’un accord pour les municipales avec des listes communes généralisées (même s’il devrait en exister ici ou là mais à l’initiative de la base).

    Le Mouvement tient à son concept d’alliance «à la carte» et l’UDI avec son alliance unique avec l’UMP.

    La réunion des centres aura peut-être lieu un jour mais elle ne semble pas être au programme.

    On peut même affirmer que si c’était le cas, cela ferait immédiatement imploser le Mouvement démocrate et créerait des remous à l’UDI.

    Et Bayrou et Borloo n’en ressortiraient pas forcément gagnants...

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Centre: faire l’union au lieu d’en parler

    Les déclarations récentes de leaders centristes sur une possible union entre leurs partis respectifs semble une bonne nouvelle sauf que celles-ci sont malheureusement toujours aussi peu crédibles et que celle-là à peu de chances de se faire à court terme.

    François Bayrou a ainsi parlé du «grand paradoxe du Centre en France» qui est, selon lui, «la seule famille politique française qui soit éparpillée alors qu'elle n'est pas divisée sur les idées».

    Et Jean-Louis Borloo lui a répondu en estimant qu’il ne voyait pas «ce qui nous sépare» notamment pour les européennes et les municipales «et le reste ça sera la construction d'un projet».

    Bien entendu, cette nouvelle fièvre unioniste qui a pris François Bayrou ou Jean-Louis Borloo est une nécessité électorale si l’on se base sur les mauvais sondages. Un Centre dispersé est voué à l’échec aux prochaines municipales et européennes.

    Pour autant, le Mouvement démocrate et l’UDI ne sont pas, aujourd’hui, sur la même ligne politique et les deux obstacles principaux à une union s’appellent… François Bayrou et Jean-Louis Borloo.

    Quand le premier appelle à une union de la gauche modérée à la droite modérée en passant par le Centre dont il se voit le leader naturel, le second lui demande de rejoindre tout simplement sa confédération, «c’est le dernier qui manque», ainsi que de faire allégeance à la Droite qui, rappelle-t-il, est son seul partenaire.

    Aucun des deux, bien sûr, ne veut se mettre sous la coupe de l’autre.

    Non seulement parce que les deux hommes ne s’apprécient guère depuis la présidentielle de 2002 où Bayrou estime avoir été trahi par Borloo, mais parce qu’également celui qui laissera le leadership à l’autre condamnera sans doute sa carrière et ses ambitions politiques.

    Quant aux positionnements politiques des deux partis, ils sont toujours aussi éloignés, malgré les dires de Jean-Louis Borloo, puisque le Mouvement démocrate souhaite une large union de tous les modérés avec lui en chef d’orchestre et capable de gouverner avec le PS et/ou l’UMP alors que l’UDI s’accroche à son alliance exclusive avec l’UMP.

    Le premier parti joue la carte de l’union nationale. Le deuxième celle de la droite.

    Deux stratégies qui sont impossibles à fondre pour les municipales par exemple où le Mouvement démocrate a décidé des alliances à la carte avec tous les partis sauf les extrêmes alors que l’UDI fera liste commune uniquement avec l’UMP au deuxième tour et souvent dès le premier tour.

    En revanche, des listes communes centristes pour les européennes sont tout à fait dans l’ordre du possible car les convergences de leurs visions sur l’Europe peut permettre la mise au point d’une plateforme électorale minimale qui suffirait pour les constituer.

    Mais que l’on ne s’y trompe pas. En matière de politiques prônées, il y existe encore trop de divergences sur la manière de sortir de la crise et les mesures à prendre.

    Néanmoins, François Bayrou et Jean-Louis Borloo ont raison, il faut une union des partis centristes.

    Cependant, pour la réaliser, François Bayrou et, surtout, Jean-Louis Borloo ne sont pas les mieux placés.

    Dès lors, y parvenir nécessiterait sans doute l’effacement de ces deux leaders mais également celui d’hommes tels qu’Hervé Morin ou Jean Arthuis.

    Ce n’est évidemment pas ce qui est dans les tuyaux actuellement. Au contraire.

    Prôner l’union des partis centristes est même l’opposé de cet effacement puisque, et François Bayrou, et Jean-Louis Borloo, qui savent que cela demeure encore largement de la rhétorique au jour d’aujourd’hui, espèrent renforcer ainsi leurs images de leaders et en retirer des avantages politiques en se montrant unitaires auprès d’un électorat modéré demandeur.

    D’où les chances limitées d’une vraie union.

    Quoiqu’il en soit, il serait intéressant que l’ensemble des partis centristes, sans exclusive et sans préalables, se mettent à une table de négociation et confrontent leurs points de vue respectifs afin de faire un état des lieux de ce qui les rapprochent et de ce qui les éloignent.

    D’un certain côté, si une union des centristes pouvaient avoir lieu lors de des prochaines élections européennes, ce serait une première pierre, certes branlante mais réelle, dans une refondation centriste unitaire.

    Cependant, il ne faut pas se bercer d’illusion. Car même si des listes communes voient le jour, l’intérêt des deux côtés, Mouvement démocrate et UDI, de les constituer est d’abord d’éviter de se prendre une gifle pour ce scrutin qui théoriquement doit bénéficier aux centristes ainsi que de sombrer sans avoir de représentants au Parlement européen.

    Reste que la nécessité de survivre peut être une bonne raison pour, ensuite, approfondir une simple alliance électorale en une union et, enfin, une vraie refondation du Centre.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • La rentrée politique vérité du Centre

    Après la déculottée des élections 2012 et avant les prochaines échéances de 2014, la rentrée politique 2013 des partis centristes sera éminemment importante pour leur avenir et leur capacité à séduire les électeurs.

    Pour être de nouveau crédibles, ceux-ci ont encore du chemin à faire si l’on se réfère à leur situation actuelle.

    D’un côté, on a un Mouvement démocrate sans grande troupe qui ne tient que par son chef, François Bayrou. De l’autre, on a une Union des démocrates et indépendants dont le chef ne tien absolument pas ses troupes néanmoins plus nombreuses, comme il l’a d’ailleurs lui-même reconnu dans un courrier récent adressé aux fondateurs de la confédération.

    Au niveau sondagier, si les deux chefs ont quelques raisons d’être satisfaits par leur classement dans les baromètres des personnalités préférées des Français, leurs partis n’en tirent pratiquement aucune bénéfice, plafonnant à des scores très décevants, pour ne pas dire plus.

    Quant à la ligne politique des deux partis, elles sont plus que floues, ce qui est peut-être la raison des mauvais sondages que nous venons d’évoquer.

    Bien sûr, on sait que l’UDI est au centre-droit puisque tous ses dirigeants le répètent à toutes les sauces sauf qu’il a pu accueillir en son sein pendant un an un parti, le CNI, plus proche de l’extrême-droite que du Centre.

    Bien sûr, on sait que le MoDem est au centre puisque François Bayrou l’affirme sns cesse sauf que de dire du bien un jour du gouvernement et du mal le lendemain dans une sorte d’équilibrisme du ni-ni ne fait pas de ces allers-retours une politique vraiment centriste.

    Tout cela va devoir changer et vite car les municipales puis les européennes arrivent à grands pas.

    De nouveaux échecs seraient catastrophiques pour les partis centristes. Or, aujourd’hui, c’est plutôt ce à quoi l’on s’attend.

    Evidemment, il reste encore un peu temps pour corriger le tir. Le peuvent-ils?

    Du côté de l’UDI, l’incapacité de Jean-Louis Borloo à être un chef qui va au combat et accepte de prendre les coups a toujours été connue de ses alliés bien avant la création du parti.

    Que le débat à l’UDI soit toujours aussi animé sur le sujet n’est guère rassurant.

    En même temps, sa volonté de tout contrôler sans trop se mouiller paralyse l’action du parti.

    Sans oublier la dimension confédération de l’UDI. Les leaders des formations centristes de l’UDI n’ont jamais souhaité fondre celles-ci totalement dans celle-là et y semblent encore moins disposés qu’auparavant…

    Quant à l’autocratisme bien connu de François Bayrou, il a déjà tant coûté d’abord à l’UDF puis au Mouvement démocrate que l’on se demande si ce dernier n’est pas amené à ne pouvoir faire que de la pâle figuration – comme cela a été le cas depuis sa création – lors des échéances électorales comme celles qui se profilent en 2014, en dehors, évidemment des présidentielles.

    Pour autant, on veut croire que les partis centristes ont la capacité de rebondir. Mais, pour cela, il leur faut se battre sur les valeurs et les grandes thématiques du Centrisme pour enfin démontrer qu’ils ne sont pas simplement des réunions de politiciens, réservoirs de voix pour la Droite et la Gauche.

    Pour cela, il leur faut descendre dans l’arène politique et défendre les idées et les politiques du Centre, en démontrant en quoi elles ont, non seulement, une utilité, mais surtout sont la solution aux problèmes du pays.

    Tout cela en démontrant que les partis centristes, s’ils ont besoin d’alliance avec d’autres partis, sont indépendants et ont leurs propres projets, responsables et crédibles, pour le présent et l’avenir de la France.

    Personne ne dit que ce sera facile et gagné d’avance.

    D’autant que la tâche s’annonce titanesque.

    Mais y a-t-il une autre solution?

    Ceux qui penseront qu’ils ont déjà lu quelque chose de ce genre ici ont raison… malheureusement.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Pourquoi le Centre est équilibre et pas milieu

    Etre le Centre, c’est être le point de référence qui détermine les côtés excentrés.

    Etre le milieu, c’est être un entre-deux déterminé par ces deux blocs.

    Centre c’est être l’équilibre face aux déséquilibres qui se trouvent de chaque côté.

    Milieu c’est être une ligne – poreuse – entre deux blocs.

    C’est pourquoi le Centrisme est une pensée politique de l’équilibre. Comme il est le point central à partir duquel se définissent les côtés déséquilibrés par leurs clientélismes constitutifs, il est naturellement le «juste équilibre».

    Si le Centrisme n’était que le milieu – et même le juste milieu comme le présentent certains – il ne serait qu’une ligne sans consistance, obligée de naviguer constamment entre les deux côtés pour y piocher idées et références sans avoir aucune démarche originale.

    Rien de tout cela avec le juste équilibre qui s’établit sur les valeurs humanistes du respect, de la liberté, de la tolérance et de la solidarité, dans une symbiose et des interactions propres au Centrisme et non dans une simple énumération qui leur donnerait une autonomie entre elles.

    C’est aussi la raison pour laquelle le Centre n’est ni à droite, ni à gauche. L’oxymore, «le centre est à droite» défendue par une partie de l’UDI, est une erreur fondamentale qui, in fine, nie l’existence même du Centre.

    Tout comme celui défendue par une partie du Mouvement démocrate, que l’alliance «naturelle» est à gauche.

    Que l’on discute si les partis centristes, pour parvenir au pouvoir, se doivent d’être dans une coalition avec des partis de droite ou avec des partis de gauche est une toute autre histoire, légitime celle-là.

    Mais, vouloir adosser le Centre avec la Droite ou la Gauche revient à valider l’idée des adversaires du Centre et du Centrisme qui affirment que ceux-ci n’existent pas.

    Oui, être du Centre, c’est se trouver au point d’équilibre alors qu’être simplement au centre, c’est s’être s’installé sur une ligne si fine qu’elle est pratiquement invisible et surtout qui permet tous les débordements opportunistes d’un côté ou l’autre de cette frontière politique. Ceux qui s’en réclament peuvent alors se présenter uniquement comme des modérés mais pas comme des centristes.

    Car les mots ont une signification et il n’est pas inutile de le rappeler de temps en temps pour que le débat politique ait, non seulement, un sens mais une dignité afin de respecter les citoyens…

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Où Borloo emmène-t-il les centristes?

    Au moment où souffle la tempête à l’UDI après les propos de Gilles Bourdouleix sur le fait qu’Hitler n’avait pas tué assez de gens du voyage (voir info), il n’est pas inutile de rappeler que c’est Jean-Louis Borloo, président-fondateur de l’UDI, qui a fait le forcing pour accueillir le CNI – dont le député-maire de Cholet est président – comme composante de l’UDI.

    Par ailleurs, monsieur Bourdouleix n’a jamais été un simple militant ou élu du parti mais bien un de ses vice-présidents, c’est-à-dire venant en second dans l’organigramme aux côtés de personnes comme Jean Arthuis, Chantal Jouanno ou Jean-Christophe Fromantin.

    Ses propos inqualifiables prennent ainsi une dimension supplémentaire dans l’analyse de ce qu’est l’UDI et de ce que veut en faire Jean-Louis Borloo.

    Nous avons toujours dit ici que la présence du CNI dans l’UDI était une erreur, pire une faute, car cette formation flirte depuis des années ouvertement avec les thèses du Front national et a souvent fait du compagnonnage avec le parti d’extrême-droite.

    Aujourd’hui, les langues se délient à l’UDI sur cette étrange affiliation mais pourquoi si tard? Qu’un Jean-Christophe Lagarde ou qu’une Rama Yade n’aient pas protesté de manière véhémente à la décision d’accueillir le CNI au sein l’UDI par Jean-Louis Borloo est troublant, voire dérangeant.

    D’autant que les propos de Gilles Bourdouleix pour qui le connaît ne sont pas de ce point de vue une totale surprise. Leur véhémence et leur contenu abject ont sans doute dépassé ses précédentes déclarations publiques mais n’oublions pas qu’il ne se savait pas enregistré…

    Cette histoire va-t-elle fragiliser Jean-Louis Borloo et/ou va-t-elle permettre à l’UDI de se recentrer et de ne plus regarder vers la droite parfois extrême pour se renforcer mais vers le centre de l’échiquier politique, l’avenir proche nous le dira.

    Car il demeure une question fondamentale que l’affaire Bourdouleix révèle, quel est le vrai projet de Borloo pour l’UDI?

    Cette question est pertinente parce qu’après une année d’existence, beaucoup de monde, dont nombre de militants de l’UDI, se la posent.

    Est-ce une nouvelle formation du Centre? De Droite? Une démarche individuelle pour se venger de l’UMP et de sa non-nomination à Matignon par Nicolas Sarkozy? Au contraire, est-ce une démarche voulue pour rapprocher sans le dire une partie des centristes de l’UMP avec cette alliance exclusive entre les deux formations sans cesse réaffirmée et ce, quel que soit le programme politique de l’une et de l’autre? Une sorte d’Opni (objet politique non identifiable) qui s’écrasera de lui-même faute de savoir où il va et, surtout, ce qu’il est?

    Pour le plus grand drame des udéistes, aucune de ces interrogations ne peut être aujourd’hui écartée!

    En outre, L’UDI, malgré le mot «indépendants» dans son appellation est incapable d’aller à une élection majeure toute seule de peur de se prendre une veste.

    La voici ainsi à Paris, capitale de la France, dans une stratégie, non pas d’alliance avec l’UMP, mais dans un sauve-qui-peut qui n’augure rien de bon pour son avenir.

    Au lieu de présenter des liste dans tous les arrondissements de Paris, la formation de Jean-Louis Borloo a décidé de faire liste commune avec l’UMP là où cette dernière détient déjà la mairie d’arrondissement et de ne pas déposer de liste face à Nathalie Kosciusko-Morizet, la chef de file de la droite parisienne.

    Cela fait donc huit arrondissements sur vingt où elle sera absente…

    Bien évidemment, cette décision est présentée comme une volonté d’union avec l’UMP qui, rappelons-le, est la seule possible selon les dirigeants de l’UDI.

    Mais à qui fera-t-on croire que s’il y avait eu une possibilité pour les troupes de Borloo de se mêler véritablement à la course pour la victoire, elles n’y seraient pas allées?!

    En vérité, l’UDI va cacher sa faiblesse dans les villes où elle a peur de se compter en constituant des listes d’union dès le premier tour avec l’UMP, si celle-ci le veut bien.

    Ce n’est que dans les villes où elle espère bien figurer qu’elle présentera des listes.

    En langage courant, cela s’appelle un manque de courage politique et une drôle de façon de justifier sa création comme force politique autonome avec un projet original.

    En revanche, il s’agit d’une manière de procéder courante chez Jean-Louis Borloo et bien connue de ses amis politiques.

    Rappelons que celui-ci a renoncé à se présenter à la dernière présidentielle, puis à la mairie de Paris et désormais comme tête de liste aux européennes de l’année prochaine de peur de se prendre une claque…

    N’ayant donc aucune chance de gagner la mairie de Paris, l’UDI a investi un obscur candidat parfait pour la conduire à l’échec, Christian Saint-Etienne, dont les interventions médiatiques auront vite fait de convaincre les parisiens qu’il n’est là que pour faire représentation.

    Jean-Louis Borloo rappelle sans cesse que son but est de faire de l’UDI le premier parti de France devant l’UMP et le PS ainsi que d’occuper le pouvoir le plus tôt possible (n’avait-il pas prédit des élections législatives anticipées pour le début de cette année et la victoire de sa formation?!).

    Mais en faisant de l’UDI un parti attrape-tout au-delà de toute logique politique, en agrégeant ensemble des formations qui n’ont rien à voir entre elles, il la fragilise avant même de l’avoir consolidée.

    De même, en jouant l’hyper-prudence de ne se présenter qu’aux élections que l’on peut gagner et de se mettre sous l’aile protectrice de l’UMP dans les autres cas, il condamne l’UDI à n’être qu’une force d’appoint au parti de droite.

    Quant au projet de l’UDI, il se perd dans les oppositions entre des visions politiques différentes voire opposées. Un projet confié à Jean-Christophe Fromantin qui affirme haut et fort ne pas partager pas les mêmes valeurs que Jean-Louis Borloo…

    Ce dernier a, en plus, multiplier des interventions pour le moins étonnantes, comme la présentation de ce programme qui devait permettre tous les partis de s’unir pour voter les mesures indispensables afin que la France ne sombre pas et qui s’est perdu dans les limbes, défendu du bout des lèvres par son initiateur dès qu’il a vu son peu de résonnance médiatique.

    Ou de la mise en place de ce contre-gouvernement confié à Yves Jégo et largement ignoré des journalistes jusqu’à présent. Sans doute parce l’UDI ne représente au mieux que 7% d’intentions de vote dans les sondages…

    Jean-Louis Borloo doit certainement certaines explications (dont une sur la présence du CNI de Bourdouleix dans la confédération) à ses troupes quelque peu désorientées.

    L’année prochaine, en cas d’échecs électoraux qui se profilent si l’on en croit les sondages, il les devra aux électeurs centristes.

    Espérons pour le Centre que les partis centristes de l’UDI seront capables d’inverser la trajectoire.

    Car le Centre a besoin d’un parti fort, regroupant ses diverses tendances. Et au lieu de confier son avenir à une personnalité qui n’a jamais été centriste, celle-ci ferait bien de prendre leur destin en main.

    Disons-le encore une fois, la France a besoin d’un parti centriste rassembleur. Un vrai.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Le débat Gauche-Droite-Centre encore pertinent?

    Certains estiment que le débat Gauche-Droite-Centre est désormais dépassé. Pour eux, les lignes de clivages se trouvent ailleurs. Par exemple entre ceux qui sont pour un monde métissé et ceux qui sont pour un monde cloisonné. Entre ceux qui veulent mettre en avant l’individu et ceux qui défendent la communauté. Entre ceux qui prône la mondialisation ouverte et ceux qui veulent un retour vers des barrières étanches entre les peuples. Entre ceux qui aspirent à une culture mondiale et ceux qui défendent les créations nationales.

    On pourrait multiplier les oppositions de ce type.

    S’il est vrai que plusieurs lignes de partage n’épousent plus les frontières entre les visions politiques différentes allant des extrêmes de chaque bord jusqu’au Centre, il n’en demeure pas moins que la pertinence du débat traditionnel entre Gauche, Droite et Centre demeure d’actualité.

    Car celui-ci permet, in fine, de se situer sur l’évolution du monde au-delà de l’acceptation ou non de certaines réalités et sur ce que doit être notre présent et notre futur.

    Prenons la mondialisation, par exemple.

    Il y a les défenseurs de la mondialisation et ses opposants.

    Mais si l’on prend, d’abord, ceux qui défendent ou acceptent la mondialisation, on trouve des gens de droite qui expliquent que la libéralisation sans entrave des échanges est une chance pour les économies de tous les pays, des gens de gauche qui expliquent qu’il faut bâtir une mondialisation avant tout sociale, des gens à l’extrême-gauche et libertaires qui veulent une «altermondialisation» contre le marché et des gens du Centre qui veulent une mondialisation libérale et humaniste. On retrouve là les divisions idéologiques classiques.

    Idem pour les opposants à la mondialisation avec les nationalistes d’extrême-droite et de droite, les marxistes d’extrême-gauche et les étatistes de tous bords qui craignent un affaiblissement de l’Etat-nation. Là aussi, on retrouve, au bout du compte, les divisions classiques du paysage politique.

    Et ce débat n’est pas nouveau, loin de là.

    Même chose si l’on étudie les nouvelles oppositions entre démocrates et populistes.

    D’un côté, il y a ceux qui défendent la démocratie libérale républicaine, représentative et délibérative ainsi que les droits de tous, dont la minorité. De l’autre côté, il y a ceux qui veulent, en s’appuyant sur les mauvaises humeurs populaires, gouverner au nom de la majorité et empêcher les voix des minorités de se faire entendre en prenant des mesures liberticides.

    Nous sommes-là, encore une fois dans un débat idéologique qui peut également trouver sa pertinence dans les distinctions politiques traditionnelles même si l’on trouve de chaque côté des gens de Droite, de Gauche et du Centre.

    Cela fonctionne également pour des prises de position plus incongrues comme par exemple l’alliance objective entre extrême-gauche et islamisme en France. On s’aperçoit que c’est la grille explicative du monde traditionnelle à cette extrême-gauche (les oppresseurs et les opprimés) qui amène la perception tronquée des trotskystes et autres maoïstes à défendre toutes les minorités quelles qu’elles soient du moment qu’elles s’opposent au système démocratique républicain au nom d’une vision révolutionnaire qui rassemble tous les adversaires de celle-ci (ensuite viendra le temps de l’épuration de chaque côté comme après tout phénomène révolutionnaire…).

    Néanmoins, il est vrai que la division Droite-Gauche-Centre n’explique pas tout. Mais elle n’a jamais expliqué tout.

    L’ouverture d’esprit qui peut animer des hommes et des femmes de bords politiques différends et à trouver des liens et des consensus à toujours existé au-delà des étiquettes.

    Militer pour la mondialisation, c’est se rappeler que l’union des peuples du monde entier est un combat aussi bien chrétien que libertaire, aussi bien libéral que socialiste.

    Empêcher que les extrémismes, quels qu’ils soient, ne parviennent à dicter leur loi à la démocratie est un combat aussi bien centriste que social-démocrate ou néolibéral au nom de valeurs communes aux démocrates.

    Pour autant, les nouvelles fractures qui se font jour dans la société mondiale ainsi que dans la société française, ne doivent pas être sous-estimées.

    Voir certains jeunes des banlieues françaises, originaires d’Afrique et du Maghreb mais pas seulement, se tourner vers un islamisme radical parce qu’ils n’ont pas trouvé de moyen satisfaisant de s’intégrer doit interpeler tous les bords politiques sans exception afin de mettre en place des solutions.

    Voir d’autres jeunes, souvent aussi des banlieues, rejoindre les rangs du Front national au motif que les formations politiques traditionnelles ne s’occupent pas d’eux doit amener à développer un discours mais surtout des actions qui démontre le contraire et l’inanité des positions d’extrême-droite.

    Voir les populations d’Amérique du Sud se complaire de plus en plus dans un anti-occidentalisme populiste avec des leaders de pacotille au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine, voire en Uruguay, ne doit pas conduire à les ignorer mais à leur démontrer qu’aujourd’hui, dans la mondialisation, leurs aspirations sont les mêmes qu’en Europe ou en Amérique du Nord, que ce que nous partageons et plus important que ce qui nous divise.

    Dès lors, le débat d’idées et de projets doit continuer à s’articuler dans un espace droite-gauche-centre mais il doit aussi et, de plus en plus, se construire sur l’opposition société ouverte-société confinée, entre ceux qui parient sur l’humanisme, comme les centristes, et ceux qui reste arcboutés sur leurs rigidités et leurs peurs.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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