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La France Réconciliée - Page 54

  • Présidentielle: comprendre la défaite du Centre

     

     

     

    La défaite de François Bayrou au premier tour de la présidentielle est également une défaite du Centre.

     

    D’une part, parce qu’il était le seul candidat à se revendiquer centriste.

     

    D’autre part, parce que les autres candidats sensés également représenter le Centre avaient renoncé à aller jusqu’au bout de leurs démarches.

     

    Du coup, l’absence de Jean-Louis Borloo (déclarant forfait avant même le début de la campagne), d’Hervé Morin (incapable de dépasser les 1% d’intentions de vote et de réunir 500 signatures) et même de Corinne Lepage (obligée de jeter l’éponge car n’ayant pas le nombre de signatures requis) démontrent également le mauvais état du Centre lors de cette présidentielle que le score de François Bayrou ne fera que confirmer.

     

    Il y aurait donc pu y avoir quatre candidats centristes lors de cette élection.

     

    Si cela avait été le cas, cela n’aurait pas reflété la richesse du Centre (ce qui aurait pu être le cas si une primaire avait été organisée entre eux, comme cela avait été proposé) mais bien sa division actuelle, son morcellement et sa faiblesse électorale.

     

    Au bout du compte, il n’y en eu qu’une mais sans aucun ralliement autres qu’anecdotiques à François Bayrou des soutiens aux autres candidats.

     

    François Bayrou ne fut donc pas le candidat du rassemblement du Centre mais celui d’un des partis centristes (avec le soutien de la micro-formation de l’Alliance centriste) ne représentant qu’une mouvance du Centre.

     

    En conséquence, Il n’y eut donc pas de mobilisation centriste (au niveau des partis et des mouvances) pour porter la candidature unique de François Bayrou.

     

    Celui-ci, par ailleurs, partait avec un lourd handicap: une traversée du désert de cinq ans, des intentions de vote initiales assez basses (autour de 7%), une opposition d’une partie de la galaxie centriste et un discours assez ambigu qui ne permettait pas à tous les centristes de s’y reconnaître (notamment les références au général de Gaulle ou l’appel au nationalisme économique).

     

    Un handicap qui était à peine contrebalancé par son score en 2007 (18,55%) qui lui donnait un préjugé favorable dans les médias et une place de choix théorique sur la grille de départ de la compétition.

     

    Le déroulement de la campagne ne permit pas de sortir de ce malaise centriste de divisions, de manque de dynamisme et de mobilisation.

     

    En outre, très vite, la faiblesse majeure de François Bayrou prit une place importante dans les médias et aux yeux des électeurs: un doute important sur sa capacité à réunir une majorité pour gouverner s’il était élu.

     

    Avec qui François Bayrou pourrait-il bien gouverner si jamais il remportait la présidentielle? devint une question récurrente et lancinante. La réponse de François Bayrou affirmant que ce ne serait pas un problème car tout président élu se voit donner automatiquement une majorité par les électeurs n’a convaincu personne.

     

    Cette question ne trouva d’ailleurs aucune réponse politique crédible puisqu’aucun rassemblement digne de ce nom ne se fit derrière sa candidature et qu’il n’y avait guère de chances que des modérés de l’UMP et du PS s’unissent derrière celle-ci comme nombre d’entre eux le déclarèrent.

     

    Du coup, François Bayrou apparut comme un homme seul et impuissant, non comme un leader indépendant assez charismatique pour faire bouger les lignes.

     

    Encore moins comme un homme providentiel à la manière de de Gaulle en 1958, capable de restaurer la confiance sur sa seule aura et de remettre le pays sur les rails après une purge nécessaire.

     

    Aux yeux de la majorité des Français il n’était qu’un franc-tireur avec deux députés à l’Assemblée nationale, entouré de soutiens manquant d’expérience gouvernementale et à la tête d’un parti faible.

     

    Bien sûr, il a su garder une forte popularité qui s’est même améliorée à un moment donné de la campagne avant de fléchir.

     

    De même sa volonté de lutter contre les déficits publics et de se focaliser sur l’éducation recevait une bienveillance, voire une adhésion au-delà des intentions de vote qui se portaient sur sa personne.

     

    François Bayrou a bien tenté de faire coïncider cette popularité haute et la séduction de ses grandes idées auprès des Français avec des intentions de vote en sa faveur sans jamais y parvenir.

     

    Car, pour les Français, popularité et «électabilité» ne sont jamais allées de pair.

     

    Dans les sondages, François Bayrou n’est jamais apparu comme étant un futur président crédible, ne possédant pas, non plus, pour une majorité de la population, les qualités demandées pour ce poste.

     

    Ainsi, dans la dernière vague de l’étude Présidioscopie Ispos-Cevipof, 63% des Français estimaient que François Bayrou n’avait pas la stature présidentielle, 52% qu’il n’était pas compétent pour le poste, 62% qu’il manquait de dynamisme.

     

    Cependant, 50% avaient toujours une bonne opinion de lui, ce qui le plaçait juste derrière François Hollande (51%). De même, il était en tête pour l’honnêteté (avec 63% de réponses positives, loin devant François Hollandes, 56%), pour son côté sympathique et pour sa sincérité.

     

    Des qualités qui ne sont pas indispensables pour les électeurs pour diriger le pays.

     

    Ces hauts scores démontraient, paradoxalement, de la part des Français, une méconnaissance des détails du programme du candidat (comme le montraient des sondages où ceux-ci se demandaient où le président du Mouvement démocrate voulait les emmener) ainsi qu’une vision trop «gentille» de sa personne (c’est-à-dire l’absence de puissantes convictions partisanes qui caractérisent un fort leadership).

     

    Au fur et à mesure que la campagne progressait, la candidature de François Bayrou a patiné de plus en plus.

     

    Et ce qui devait arriver, arriva, les intentions de vote se mirent à baisser inexorablement.

     

    Que s’était-il donc passé?

     

    D’abord, François Bayrou n’est jamais parvenu à être crédible en habit présidentiel comme nous l’avons vu.

     

    Ensuite, il n’était plus «le» candidat «anti-système» comme en 2007 et le trublion du couple UMP-PS, laissant ces rôles à Jean-Luc Mélenchon et à Marine Le Pen.

     

    De même, les médias se lassèrent de son côté austère et prêcheur uniquement de mauvaises nouvelles et préférèrent la gouaille d’un Jean-Luc Mélenchon qui devint leur chouchou (sachant qu’il n’est pas possible que le représentant du Front national le soit) pour donner ce fameux coup de pied dans la fourmilière qui peut rendre l’élection présidentielle «vendable» en termes de tirages et de taux d’audience.

     

    Ses soutiens, au fur et à mesure  apparurent comme ce qu’ils étaient, des seconds couteaux, souvent ralliés parce que les grands partis ne leur avaient pas donné la place qu’ils estimaient mériter ou pour donner une certaine visibilité à leur carrière politique à un moment difficile de celle-ci.

     

    Enfin, il n’a pu trouver le bon positionnement, le bon discours et la bonne posture pour pouvoir, ne serait-ce qu’un moment, contester à Nicolas Sarkozy et à François Hollande, une des deux places de finalistes.

     

    Cela se caractérisa également par une incapacité à rebondir, sans doute parce que ses plus proches collaborateurs n’osent pas, depuis longtemps, le contredire ou lui dire ce qui ne va pas.

     

    Le résultat du 22 avril (cinquième position et 9,13% des votes) ne fut donc que la confirmation de cette situation qui se figea d’ailleurs quelques semaines avant le scrutin.

     

    Les centristes, collectivement responsables de ce fiasco (un des plus bas scores d'un candidat centriste lors d'une élection présidentielle) sont donc, de nouveau, au pied du mur. Il leur faut rebondir le plus vite possible.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le Centre, cet indispensable phare humaniste indépendant

     

     

    L’échec de François Bayrou à la présidentielle de 2012 ne remet pas en cause l’existence du Centre et du Centrisme comme on peut l’entendre et le lire ici ou là, dévoilant chez certains leurs souhaits profonds de les voir disparaître, au détriment d’une analyse politique sérieuse.

     

    Même si le leader du Mouvement démocrate avait été encore plus bas, comme en 2002, cela n’aurait pas signifié que cette pensée politique, basée sur des valeurs et des principes forts aurait cessé d’exister d’un coup de défaite électorale, tout aussi dure que celle-ci soit.

     

    Et le Centrisme sera d’autant plus une évidence au moment où une menace plane au-dessus de la démocratie telle que la conçoivent les centristes, au moment où la Gauche et la Droite s’allient ou vont s’allier, s’identifient ou vont s’identifier avec leurs extrêmes et mener des politiques démagogiques et dangereuses.

     

    Car, ne nous méprenons pas. Le Centre et le Centrisme ont toujours refusé les extrêmes, ceux qui ont fait de leur fonds de commerce, la haine de l’autre et qui, dans leurs gènes, portent le refus de la démocratie républicaine libérale issue des révolutions britannique, américaine et française.

     

    Rappelons-nous également que c’est une des raisons pour lesquelles les centristes ont été les principaux promoteurs et constructeurs de l’Union européenne.

     

    Que François Hollande s’allie sans aucun état d’âme avec le Front de gauche porté par le Parti communiste et reçoive sans sourciller les voix du Nouveau parti anticapitaliste et même, de manière moins directe, celles de Lutte ouvrière, ne correspond pas aux valeurs et à la vision politique du Centre.

     

    Que Nicolas Sarkozy parle du Front national comme d’un parti comme les autres, que ses lieutenants commencent à parler d’accords électoraux pour les prochaines législatives, voilà qui est plus qu’inquiétant pour les centristes.

     

    Le Centre, dans un moment mouvementé et tourmenté de notre histoire, où nous cherchons des réponses pour notre présent et face à notre avenir, doit être cet indispensable phare humaniste et indépendant qui mette en avant la liberté, le respect, la tolérance et la solidarité.

     

    Il doit refuser les discours de haine mais aussi les discours irresponsables qui nient la réalité des problèmes à régler et se réfugient dans une vision étriquée de la France, refermée sur elle-même, rabougrie dans la défense de son «modèle social» qui prend l’eau de partout et a un besoin urgent d’être modernisé.

     

    Il doit rechercher ce consensus porté par une majorité de Français auquel, malheureusement, les partis centristes sont été incapables de s’adresser jusqu’à présent avec un discours crédible tout en ne tombant pas dans la facilité rhétorique comme l’a trop montré la campagne présidentielle du premier tour.

     

    Le Centre porte en lui la belle idée d’une société humaniste. Le Centrisme porte en lui les valeurs essentielles pour faire vivre la liberté et la solidarité. Et le Centre et le Centrisme sont au cœur de cette valeur incontournable pour un vrai mieux vivre ensemble, le respect.

     

    Restent aux centristes à se montrer à la hauteur de cette vision politique. Restent aux centristes à être des hommes et des femmes responsables.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Mesdames, messieurs les centristes, au boulot, tout de suite et tous ensemble!

    Le constat est sans appel: la défaite de François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle est cuisante. Mais elle n’est pas une surprise. Le score, néanmoins, du président du Mouvement démocrate est beaucoup plus décevant, sinon que prévu, qu’espéré. Moins de 10% des voix, c’est bien en-dessous des potentialités du Centre qui se situent entre 15% et 20% de l’électorat. François Bayrou n’a non seulement pas rassemblé les Français comme il se proposait de le faire mais il n’a même pas réussi à rassembler les électeurs centristes. Entre 2007 et 2012, la régression est terrible: un pourcentage divisé par deux et plus de trois millions d’électeurs perdus. Pas étonnant, alors que le politologue Edouard Lecerf de l’institut TNS-SOFRES ait qualifié sa candidature de «troisième ordre». Et cette défaite cuisante vient après deux précédents échecs en 2002 et en 2007. Le Centre sera donc, une nouvelle fois, un spectateur lors du second tour. Mais, à l’inverse de ce qu’il a été en 2007, il doit absolument être un spectateur engagé afin d’être un acteur du troisième tour, les élections législatives, ce qui lui permettra d’être un courant politique qui compte lors du prochain quinquennat. Pour cela, il faut que les centristes se rassemblent malgré François Bayrou, c’est-à-dire avec ou sans lui, peu importe. S’il veut y participer, il doit, enfin, jouer collectivement et éviter de penser uniquement à son propre destin. Ce rassemblement est celui de l’urgence pour sauver d’abord les meubles et éviter le naufrage. Ensuite, il sera temps de construire le rassemblement dans la durée et autour d’un projet consistant et d’une dynamique collective qui ne sera pas seulement tournée vers une seule ambition personnelle. La tâche doit commencer dès maintenant par des rencontres entre les différents responsables des partis centristes pour que ceux-ci soient en mesure de présenter des candidatures communes aux élections législatives. C’est le travail le plus urgent. Mais rien n’empêche, non plus, que des discussions s’engagent sur une vision du plus long terme. Et c’est maintenant que l’on va voir ceux qui ont vraiment envie que le Centre et le Centrismes existent dans le paysage politique français et aient un véritable poids. Oui, mesdames et messieurs les centristes, au boulot. Tout de suite. Et tous ensemble! Alexandre Vatimbella Voir le site Le Centrisme

  • Le Centrisme n’est pas un passéisme nostalgique mais un progressisme prometteur

     

     

     

    François Bayrou promet des sueurs et des larmes pour les années à venir. S’il n’a pas tout à fait tort sur les efforts que la France doit accomplir pour retrouver son dynamisme et une compétitivité indispensable à l’ère de la mondialisation, ses constantes références au passé posent un réel problème pour tous ceux qui se disent des centristes.

     

    Se réfugier dans la vision d’un pays d’il y a cinquante ans, voire plus, en évoquant le Gaullisme de 1958 ou le Conseil national de la Résistance de 1943, voilà qui manque de ce souffle indispensable tourné vers demain et non hier dont parlait Jean Lecanuet en 1965 et Valéry Giscard d’Estaing en 1974.

     

    Discourir principalement sur un produire et un consommer français, ressusciter le Commissariat au Plan (même si on le rebaptise), exalter ainsi un nationalisme de réaction face à un monde qui semble vous dépasser, comme s’il était possible de remonter le temps, de réinstaller un protectionnisme et une dirigisme économique qui coûtèrent tant de retard dans le développement du pays alors qu’il faudrait se projeter sur une intégration fédérale européenne dont tous les politiques – principalement les centristes - savent depuis des années qu’elle est la seule planche de salut pour la France mais également pour tous ses partenaires de l’Union européenne, ce n’est pas construire le futur mais refuser le monde tel qu’il est et d’agir sur celui-ci au lieu de se retrancher dans une résistance au progrès.

     

    Que la Droite conservatrice porte ce message rétrograde en accord avec l’extrême-droite, que la Gauche arcboutée sur les situations acquises s’en accommode, que les écologistes recherchent à remonter le temps vers un jardin d’Eden illusoire, c’est leurs droits, c’est même dans leurs codes génétiques.

     

    Mais le Centrisme, lui, n’a jamais été et ne sera jamais un passéisme nostalgique mais un progressisme prometteur. Sa vision a toujours été tournée vers l’avenir. Son action s’est toujours préoccupée du présent pour le réformer et l’adapter au réel et non pour revenir en arrière. Cela vient de son double héritage libéral et humaniste.

     

    Et c’est parce qu’il se positionnera comme une pensée libérale et humaniste qui regarde devant que le Centrisme séduira les électeurs qui veulent autre chose que les idéologies poussiéreuses de la Droite et de la Gauche. Et c’est grâce à se positionnement, que le Centre sera capable d’insuffler une dynamique pour le bien du pays.

     

    Si l’on veut convoquer l’Histoire à des fins positives, rappelons que celle-ci n’a jamais été un long fleuve tranquille et que les situations acquises indéfiniment sans se battre pour les conserver n’ont jamais existé. Ceux qui ont cru ou qui ont pensé qu’il pouvait en être autrement en érigeant des murs, des barrières et des fossés soi-disant hermétiques pour se préserver d’un monde extérieur, ont souvent conduit leurs pays et le monde à des catastrophes que personne ne souhaite revoir.

     

    C’est en allant de l’avant avec une énergie positive et une volonté de réforme sans faille que les centristes savent que l’on peut sortir des difficultés actuelles. Non en se barricadant. Et leur honneur, c’est de faire passer ce message à une population anxieuse et doutant du lendemain. Non en caressant dans le sens du poil ses angoisses.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • François Bayrou peut-il devenir le premier ministre de Nicolas Sarkozy?

     

     

     

    Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment envie que François Bayrou soit son premier ministre? Au fond de lui-même, on peut en douter. Mais, nécessité faisant loi, il a absolument besoin de le prétendre pour s’accaparer les voix du Centre qui se porteront sur le leader du Mouvement démocrate au premier tour pour avoir une chance de l’emporter face à François Hollande.

     

    Et il doit faire la drague au candidat du Mouvement démocrate afin de tenter d’équilibrer son positionnement électoral face à des déclarations extrêmement clivantes et sensées lui apporter les voix du Front national qui ont rebuté nombre d’électeurs centristes.

     

    Ceux-ci, en effet, doutent encore fortement de leur appui le 6 mai prochain au président sortant, comme le montre les récents sondages.

     

    Néanmoins, admettons que Nicolas Sarkozy nomme François Bayrou après la présidentielle si, évidemment, il est réélu.

     

    Comment, après avoir porté des projets différents, les deux hommes pourront gouverner ensemble et sur quel programme?

     

    Commençons par le plus simple, le programme d’un gouvernement Bayrou sous présidence Sarkozy.

     

    Il est évident que les programmes électoraux des deux hommes se ressemblent peu ou prou pour nombre de mesures économiques ou sociales. Plus important, leurs philosophies sont assez proches sur les efforts à mener, la vision de la société et même sur des sujets comme l’autorité ou la responsabilité individuelle.

     

    On peut même penser que sur des sujets qui les opposent actuellement comme, par exemple, la dose de solidarité dont doit faire preuve la société envers les plus démunis, des compromis peuvent être trouvés.

     

    Il n’est donc pas aberrant d’affirmer qu’un centriste pourrait devenir le premier ministre d’un président de droite en s’appuyant sur les points de convergences programmatiques.

     

    Mais voici le plus compliqué, les relations entre les deux hommes ou, plus fondamental, la différence avec laquelle ils envisagent la manière de gouverner qui est parfois aussi importante que les mesures que l’on prend.

     

    Pendant quatre ans (un peu moins cette dernière année) les propos peu amènes et répétés de François Bayrou sur Nicolas Sarkozy ont démontré un vrai clivage dans ce domaine.

     

    Dès lors, comment François Bayrou pourrait accepter d’être le premier ministre d’un président bling-bling, au discours clivant, au comportement agressif et fonctionnant autour d’un clan, comme le prétend le leader du Mouvement démocrate?

     

    D’autant qu’il y la façon dont Sarkozy a envisagé pendant cinq ans la répartition des rôles avec son premier ministre, François Fillion, qu’il a qualifié de «collaborateur», se mettant constamment en avant et limitant son action.

     

    Bayrou pourra-t-il accepter de n’être qu’un premier ministre sans réel pouvoir et que tout se décide à l’Elysée?

     

    Et puis, se surajoute le problème Bayrou-UMP.

     

    Comment, en effet, le leader du Mouvement démocrate pourrait s’accommoder d’être sous la coupe de l’UMP (d’autant que le nombre de députés du Mouvement démocrate dans la prochaine Assemblée nationale sera peu important)?

     

    Comment, surtout, cette même UMP pourrait accepter de voir un centriste, qui plus est très critique sur le parti de droite depuis cinq ans et même depuis sa création, il y a dix ans, être le titulaire d’un poste si convoité?

     

    Ceux qui voient bien le tandem Sarkozy-Bayrou à la tête de l’Etat citent les exemples de couples improbables Georges Pompidou / Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing / Jacques Chirac ou François Mitterrand / Michel Rocard pour affirmer que des hommes en concurrence, voire en opposition, peuvent gouverner ensemble.

     

    C’est oublier que Pompidou et Chaban ainsi que Mitterrand et Rocard appartenaient au même parti. Et c’est oublier que Chirac avait soutenu Giscard dès le premier tour de la présidentielle. Rien de tout cela entre Sarkozy et Bayrou.

     

    Du coup, la nomination de François Bayrou comme Premier ministre par Nicolas Sarkozy apparait comme hautement improbable au jour d’aujourd’hui. Sauf que, en politique, l’impossible d’hier devient souvent le possible de demain!

     

    Et n’oublions pas qu’occuper la fonction de Premier ministre n’est évidemment pas rien dans la carrière d’un homme politique. En France, elle est juste en-dessous de celle de Président de la république.

     

    Etre à Matignon, pour quelqu’un qui veut peser sur le cours de l’Histoire de son pays est bien mieux que de demeurer isolé au siège de son petit parti, rue de l’Université en ruminant sur un score qui s’annonce très décevant le 22 avril!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Ne pas rater le rendez-vous de la refondation du Centre

     

     

     

    Selon toute vraisemblance, il n’y aura pas de président centriste à la tête de la France le 6 mai au soir. Et, selon toute vraisemblance, il n’y aura pas, non plus, une majorité centriste à l’Assemblée nationale, le 17 juin au soir.

     

    Il est donc temps, pour tous ceux qui défendent le Centrisme, de penser à ce que doit être l’avenir d’un Centre régénéré pour les cinq ans à venir.

     

    Indépendamment de qui va gouverner, le Centre doit absolument s’atteler à une (re)construction qui n’a pas pu avoir lieu ces cinq dernières années pour des problèmes de personnes et des ambitions personnelles qui ont bloqué tout processus politique dans ce sens.

     

    Cela passe par la création d’une structure qui réunisse d’une manière ou d’une autre les diverses tendances centristes.

     

    De même, il faut qu’émerge une nouvelle génération de dirigeants centristes, capables de tirer un trait sur un passé décevant et se projeter vers un futur en insufflant une dynamique indispensable pour séduire les Français.

     

    Et il faut que cela aboutisse à l’élaboration d’un vrai projet centriste de société, bien ancré dans notre XXI° siècle.

     

    L’important est de ne pas rater le rendez-vous qui s’annonce. Non pas pour les centristes, ni même pour un fétichisme du Centre. Mais pour la France.

     

    Lancer cet appel à la refondation du Centre, aujourd’hui, alors que deux élections sont en cours (présidentielle et législative) est une nécessité pour éviter la fuite en avant et une certaine irresponsabilité qui pourraient animer les responsables d’une situation qui était claire avant le début de la campagne électorale, claire pendant cette campagne et qui sera tout aussi claire après: les centristes ne sont pas crédibles aux yeux des Français pour gouverner le pays et ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, collectivement.

     

    A eux d’en tirer les conclusions car, oui, la France a toujours besoin d’une politique centriste du juste équilibre.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Pour gagner, le Centre doit être indépendant et ouvert à des alliances

     

     

     

    Sociologiquement parlant, les démocraties occidentales sont désormais centristes dans l’âme. Un phénomène du, entre autres, à l’élévation du niveau de vie général et au développement d’une importante classe moyenne. Les solutions extrêmes sont souvent rejetées par l’énorme majorité de la population. Ainsi, une majorité des électeurs se situent dans le spectre large de la modération, de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le Centre.

     

    Politiquement parlant, en revanche, on en est encore loin. Les joutes politiciennes sont toujours aussi exacerbées, les discours enflammés même si, ensuite, le gouvernement des pays se fait le plus souvent au centre de l’échiquier politique parce que c’est le seul lieu responsable pour agir.

     

    Dès lors, les partis du Centre qui ont vocation à occuper une position incontournable dans le gouvernement de ces pays avancés, doivent poursuivre deux buts. Loin d’être antimoniques, ils sont, au contraire, absolument complémentaires: affirmer la spécificité irréductible de la pensée centriste et nouer des alliances électorales et de gouvernement afin de participer au pouvoir lorsqu’ils ne sont pas majoritaires.

     

    C’est le cas particulier de la France.

     

    Si l’on voulait faire un clin d’œil à l’actualité du moment, les partis centristes français doivent agir, à la fois, comme François Bayrou et Hervé Morin, les deux anciens compères devenus ennemis irréductibles (ce qui ne veut pas dire grand-chose en politique où les séparations fracassantes ne sont que les préludes aux retrouvailles en grandes pompes)!

     

    Le splendide isolement centriste ou, à l’opposé, le ralliement systématique et sans conditions sont, tous deux, extrêmement dangereux pour les idées du Centre.

     

    Les cinq dernières années sont là pour le démontrer amplement. François Bayrou, dans son splendide isolement n’a pas fait progresser d’un iota la cause centriste. Et son probable échec lors du premier tour de la présidentielle sonnera sans doute le glas de ses ambitions et peut-être de sa carrière politique.

     

    Mais Hervé Morin et ses compères qui se sont ralliés sans condition après le premier tour de 2007 n’ont pas fait mieux pour le Centre. En témoigne la tentative désespérée et désespérante de ce dernier pour se présenter à la présidentielle. Mais la non-existence du Nouveau centre face à l’UMP pendant cinq ans ont abouti à ce que les Français, non seulement, ne comprenaient pas pourquoi son leader voulait se présenter contre Nicolas Sarkozy. Plus grave, ils ne le connaissaient même pas pour une grande partie d’entre eux et encore moins ses opinions politiques…

     

    Il faut dire que le Centre dispersé de 2007 - une partie, dont une majorité de militants, avec Bayrou et le futur Mouvement démocrate, une partie, dont la quasi-totalité des députés de feue l’UDF, ayant fait sécession pour s’allier avec l’UMP en créant le Nouveau centre, une partie, dont de nombreux centristes historiques, ayant intégré l’UMP depuis 2002 et une partie se trouvant au centre-gauche aux Radicaux de gauche ou même dans le PS (cette dernière préférant passer directement au ralliement avec Sarkozy sans passer par la case «Centre») - ne pouvait pas peser grand-chose pour imposer la prise en compte de ses vues et de ses valeurs. Les quelques miettes récoltées et fêtées comme des victoires éclatantes par les centristes de la majorité présidentielle ne peuvent cacher cette réalité.

     

    Ce qui est grave pour le Centre, c’est que cette configuration risque de perdurer. Déjà, pour la présidentielle, le Centre est désuni. Il y a peu de chances au jour d’aujourd’hui, pour qu’il soit réunifié pour les législatives (comment Bayrou, Morin et Borloo peuvent-ils s’entendre?).

     

    Ce n’est donc qu’après cet épisode électoral qui risque d’être une bérézina pour le Centre que les centristes se mettront peut-être autour d’une table pour discuter. Et l’on espère qu’ils le feront sérieusement et sans mettre en avant leurs égos surdimensionnés face à leurs réalités électorales.

     

    Demain, le Centrisme ne pourra devenir en France une pensée dominante que si les politiques qui prétendent s’en référer prennent ces fameuses responsabilités dont ils parlent à tout bout de champ… pour les autres!

     

    Cela passe par défendre leurs valeurs, non dans un splendide isolement, tout en trouvant des passerelles avec des partis proches de leurs idées afin de nouer des alliances, non des ralliements.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • L’Etat paradoxal du Centre aux Etats-Unis

    Le Centre aux Etats-Unis est pluriel comme il est dans la plupart des pays. Si l’on fait la liste des présidents que l’on peut considérer comme centriste, on trouvera, tout autant, des démocrates, comme Lyndon Johnson ou Bill Clinton, et des Républicains, comme Abraham Lincoln ou Theodore Roosevelt. De même, plusieurs partis se revendiquent du Centre, en dehors des franges centristes des partis républicains et démocrates. Citons, par exemple, le Modern Whig Party ou The Centrist Party.

    A l’approche des prochaines élections présidentielles et législatives, il est intéressant de noter que, pour certains, la présence centriste au pouvoir est menacée alors que pour d’autres Barack Obama, qui a de bonnes chances d’être réélu, est un pur produit centriste! De même, derrière une phraséologie et une posture de circonstance, le favori à la nomination républicaine pour la présidentielle de novembre, Mitt Romney, est considéré comme fondamentalement centriste.

    Reste que beaucoup de parlementaires étiquetés centristes ont été battus ces dernières années, que de nombreux ne parviennent pas à obtenir l’investiture de leurs partis respectifs, que les partis centristes revendiqués sont faibles (la plupart des centristes ayant un mandat électif font partie soit du Parti démocrate, soit du Parti républicain) et que de nombreux élus jettent l’éponge comme la sénatrice républicaine du Maine, Olympia Snow, qui a décidé de ne pas se représenter à la fin de l’année du fait d’un débat politique qui se radicalise (ce qui, soit dit en passant, amenuise les chances des républicains de s’emparer du Sénat).

    Quant à Barack Obama, il a été obligé, au moins dans certains discours et sur quelques mesures emblématiques, de donner des gages à l’aile gauche du Parti démocrate ce qui a fait dire à certains qu’il avait délaissé le Centre et sa volonté affirmée depuis son entrée à la Maison blanche de gouverner de manière bipartisane (il avait même voulu le faire de manière «postpartisane» qui consistait à trouver des majorités de circonstance pour chaque vote au-dessus des clivages politiques).

    Reste que, fondamentalement, la manière de gouverner et les mesures proposées par l’actuel président des Etats-Unis sont centristes, ce qui continue à faire enrager les «liberals» les plus à gauche de son propre parti.

    Néanmoins, devant le blocage politique qui s’est instauré à Washington suite à la volonté des républicains qui dominent la Chambre des représentants de bloquer le plus possible l’action d’un président qu’ils craignent tout autant qu’ils le détestent, des initiatives ont vu le jour afin de créer un troisième parti centriste (c’est-à-dire un parti qui compte puisqu’il existe déjà plusieurs formations qui se revendiquent comme telles) ou de proposer un «ticket» centriste pour la prochaine présidentielle.

    C’est le cas, par exemple, d’American Elects, une organisation qui, par le biais d’un site internet, veut faire choisir par la population, un candidat qui se positionnerait au centre de l’échiquier politique. Celui-ci, républicain ou démocrate, s’engageant à prendre comme colistier pour la vice-présidence, une personnalité qui serait de l’autre camp (ainsi, s’il est républicain, l’autre serait automatiquement démocrate et inversement).

    Les Américains sont sensibles par de telles initiatives même si elles ont peu de chance de succès tellement la bipolarisation de la vie politique américaine est forte. C’est d’ailleurs pourquoi la quasi-majorité des personnalités politiques crédibles aux yeux des électeurs et se positionnant au centre ou comme centristes se trouvent dans les deux grandes formations.

    Ce qu’il va falloir analyser dans les semaines et les mois à venir précédant l’élection présidentielle, c’est le positionnement des deux candidats qui se disputeront la victoire. Car aucun d’entre eux ne pourra gagner s’il ne parvient pas à séduire les «independents», ces électeurs qui affirment n’être ni démocrates, ni républicains. Nombre d’entre eux ne sont pas pour autant centristes mais beaucoup le sont. Et tous les présidents élus depuis des décennies ont du les convaincre pour pouvoir accéder à la Maison blanche.

    Pour l’instant, Barack Obama est celui qui a le plus de chance de pouvoir récupérer leurs voix. Mitt Romney qui a renié toutes ses positions de modéré afin d’être capable de remporter les primaires républicaines très à droite et de contrer ses adversaires dont certains, comme Rick Santorum, flirtent avec les positions d’extrême-droite quand ils n’en sont pas les principaux défenseurs, a perdu une grande part de sa crédibilité aux yeux de ces électeurs indépendants.

    Mais, comme le disent les analystes politiques américains, après la fin des primaires républicaines et la désignation du candidat, une autre phase électorale commencera. Non pas qu’elle partira de zéro mais elle concernera deux hommes face à la situation du pays et le choix se fera sur celui le plus capable de gouverner et de résoudre les problèmes actuels, notamment économiques.

    De même, Mitt Romney reviendra vers le centre de l’échiquier politique et même si ses multiples reniements l’handicaperont et ont choqué beaucoup de gens, ces derniers savent, quelque part, qu’il demeure un modéré sur de nombreux points. Cependant, son gros problème (qui n’est pas celui d’Obama) sera de garder le soutien des électeurs républicains les plus à droite tout en tentant de récupérer le vote de ceux qui se situent au centre. Un grand écart qui sera extrêmement difficile pour l’ancien gouverneur du Massachussetts.

    Une des grandes inconnues sera alors de savoir avec quel Congrès le vainqueur de la présidentielle devra gouverner. Que ce soit avec une majorité démocrate ou républicaine, il est probable que le nouveau président se trouvera face à des élus moins modérés qu’auparavant et moins enclins au fameux compromis qui a permis au gouvernement de fonctionner pendant des lustres sur le mode du consensus.

    De ce point de vue, il est paradoxal de voir que, dans toutes les enquêtes d’opinion, la majorité des Américains plébiscitent une vision bipartisane pour gouverner le pays alors que le personnel politique qu’ils vont élire en sera bien éloigné…

    Une des raisons de ce hiatus de plus en plus grand entre la volonté de la majorité de la population et de ses élus, vient du redécoupage politicien des circonscriptions électorales. Pour des européens cartésiens, il nous est souvent difficile de voir qu’une circonscription américaine peut être constitués par plusieurs morceaux de territoire qui ne se touchent même pas et dont la seule légitimité est de garantir à un parti de la garder pour lui quasiment éternellement (même s’il ne faut pas oublier que certains redécoupages avaient des buts plus nobles comme garantir la représentation des minorités).

    Malheureusement, cette pratique de plus en plus courante et appelée «gerrymandering» (charcutage électoral) mais aussi de plus en plus critiquée par les médias et la population, produira le même effet: un rejet du monde politique national, ce «Big Government» de Washington, plus préoccupé de ses prébendes que du bien-être des Américains qui est toujours au cœur des discours enflammés des candidats à la présidentielle qui affirment tous qu’ils sont les candidats «antisystème», même les sortants en quête de réelection!



    Alexandre Vatimbella



    Voir le site Le Centrisme

  • Oui, le Centre et le Centrisme existent messieurs les politologues

    Dans les années 1960-1970, Maurice Duverger, professeur de droit constitutionnel et de sciences politiques alors à la mode, a fait de la négation de l’existence d’un Centre indépendant et d’une pensée centriste originale un fonds de commerce. Selon lui, «toute politique implique un choix entre deux types de solutions: les solutions dites intermédiaires se rattachent à l’une ou à l’autre. Cela revient à dire que le centre n’existe pas en politique: il peut y avoir un parti du centre, mais non pas une tendance du centre, une doctrine du centre. On appelle ‘centre’ le lieu géométrique où se rassemblent les modérés des tendances opposées: modérés de droite et modérés de gauche. Tout centre est divisé contre lui-même, qui demeure séparé en deux moitiés: centre gauche et centre droit. Car le centre n’est pas autre chose que le groupement artificiel de la partie droite de la gauche et de la partie gauche de la droite (…). Le rêve du centre est de réaliser la synthèse d’aspirations contradictoires: mais la synthèse n’est qu’un pouvoir de l’esprit. (…) L’histoire des centres illustrerait ce raisonnement abstrait: qu’on suive par exemple l’évolution du Parti radical sous la Troisième République, celle du Parti Socialiste ou du Mouvement des républicains populaires sous la Quatrième. Il n’y a de centres véritables que par superposition des dualismes: le MRP est politiquement à droite, socialement à gauche; les radicaux, économiquement à droite, mystiquement à gauche, etc.».
    Cet argumentaire permet, à périodes répétées, à de nombreux politologues qui le partagent, de lancer une campagne de négationnisme du Centrisme, en particulier lors de chaque élection nationale, quelles soient présidentielles ou parlementaires.
    Cette présidentielle ne fait évidemment pas exception. Au moment même où François Bayrou se retrouve en grande difficulté dans les sondages et que sa stratégie ne permet pas de l’identifier clairement politiquement – est-ce un hasard?-, trois professeurs des universités, suivant l’exemple de Duverger, jouent la carte du relativisme du Centre dans de récentes contributions et interventions. L’un enseigne les sciences politiques, Pierre Bréchon, à l’université de Grenoble, les deux autres, l’histoire, Serge Bernstein à Sciences Po et Jean Garrigues à l’Université d’Orléans(*).
    Ils reposent un débat sémantique sur le Centre et le Centrisme qui n’est guère anodin car il renvoie, aussi, à la place de celui-ci dans la politique passée mais surtout présente et future.
    Ils reprennent également cette idée que les institutions de la V° République ont vocation à faire disparaître le Centre de la vie politique française par une bipolarisation. Jean Garrigues affirme, par exemple, que «avec la V° République et la présidentialisation des institutions, une bipolarisation de la vie politique française est apparue. Dans cette configuration, le centrisme a vocation à disparaitre ou à se retrouver en situation systématique de ralliement au deuxième tour de la présidentielle. Il peut exister uniquement comme une force d’appoint pour l’élection présidentielle.» Or, depuis 1958, soit cinquante-quatre ans après l’adoption de la Constitution marquant la naissance de cet opus 5, cette prédiction a été contredite par les faits que notre «expert» semble dédaigner…
    La «note» de quatre pages du Cevipof (Centre d’étude de la vie politique de Sciences Po Paris) sur l’indécision des électeurs du Centre écrite par Pierre Bréchon veut donner quelques explications pour comprendre le comportement des électeurs qui votent au centre ou qui se disent du Centre.
    Nombre d’entre elles sont intéressantes et plusieurs sont pertinentes. Mais Pierre Bréchon ne voit le Centre que comme un milieu de la Droite et de la Gauche, affirmant que s’il y a un Centre, il ne peut se définir que par une Droite et une Gauche… «Évidemment, écrit-il, la reconnaissance qu'un parti ou un candidat est centriste n'a rien de naturel. Il dépend de l'ensemble de l'offre politique (on ne situe le centre que par rapport à ce qui l'entoure) et se révèle un enjeu, selon que l'appellation est ou non valorisée dans l'opinion publique». Une opinion partagée par Serge Bernstein qui affirme que «définir le centrisme est à la fois facile… et un peu décevant!». Car, selon lui «il s'agit tout d'abord, si l'on veut, d'un lieu géométrique: les centristes se positionnent comme compromis entre deux extrêmes».
    A quoi, on pourrait leur répondre que s’il y a une Gauche, elle ne peut se définir que parce qu’il y a un Centre et idem pour la Droite mais cela ne semble pas leur avoir traversé l’esprit!
    Du coup, pour Pierre Bréchon, «dans le vocabulaire politique classique, les électeurs du centre sont des personnes qui ne se situent ni à droite, ni à gauche mais s’identifient à une position intermédiaire, entre les deux grands camps de l’espace politique». Malgré tout, continue-t-il, «on pourrait dire qu’il y a à la fois des centristes convaincus et des centristes nominaux, plutôt apathiques du point de vue politique». Très bien. Mais le voilà qui retombe ensuite dans le tropisme du «gauche et droite définissant le centre»: «Ces centristes convaincus affichent des positions intermédiaires entre celles des partisans de la gauche et de la droite. En 2007, ils étaient moins favorables à une régulation de l’économie que les personnes orientées à gauche mais plus favorables que les gens de droite. Dans certains domaines, notamment tout ce qui touche au libéralisme culturel (reconnaissance des droits des étrangers, refus du tout sécuritaire), ils étaient assez proches de la gauche mais très distants des électeurs de droite».
    Notons qu’être «assez proches», n’a jamais voulu dire «être identiques» ou faire siennes les idées des autres. Car, si c’est le cas, on pourrait affirmer que l’énorme majorité de ceux qui votent sont en faveur de la démocratie et qu’étant «assez proches» en la matière, cela signifie, donc, qu’ils sont tous d’un même courant politique ou que les idées de Gauche sont, par exemple, les mêmes que celles de Droite, selon cette thèse de la proximité…
    Quant à Serge Bernstein, parlant d’un positionnement centriste, il explique que «dans tous les cas, le contenu est mouvant par nature». Et n’ayant pas relu ses classiques (dont les écrits du CREC!), ni consulté les programmes centristes tout au long de l’histoire, il peut affirmer péremptoirement: «il n'existe aucune doctrine centriste, et le programme des partis définis comme tels dépend et du lieu et de l'époque, auxquels appartiennent des enjeux politiques et des forces en présence bien spécifiques.» Remarquons qu’une telle phrase s’applique à toutes les doctrines politiques et à tous les programmes de tous les partis si on le souhaite!
    De son côté, Jean Garrigues commence par reconnaître qu’il y a «toujours eu historiquement en France un courant centriste ou une sensibilité centriste, démocrate et chrétienne». Mais pour immédiatement affirmer que ce courant «réunit un certain nombre d’hommes venus de la droite libérale ou de la gauche radicale», excluant ainsi tout positionnement centro-centriste... Selon lui, cette «sensibilité composite» qui est «formée de personnes issues de familles différentes», «partagent certaines valeurs communes : l’humanisme, l’attachement à la République, le christianisme social (conception plus sociale que celle de la droite traditionnelle) et un penchant pour l’Europe, bien sûr.» Une vision quelque peu réductrice. Elle a tout de même l’avantage sur les deux autres de n’être pas caricaturale.
    Au moment de définir le Centre, Pierre Bréchon accepte que ceux qui s’en réclament soient automatiquement déclarés ‘centristes’, sans aucune analyse précise de ce qu’ils disent ou font: «dans certaines élections, identifier les candidats centristes n’est pas évident car le centre n’a pas de frontières claires et il est souvent divisé en un nombre important de petits groupes politiques». Et dirait-il la même chose de la Droite et de la Gauche qui comptent aussi de multiples «groupes politiques», petits et grands? Si Hollande est à gauche, où est Mélenchon et inversement. Même chose pour Villepin et Sarkozy… Pas facile donc de fixer des frontières claires à gauche et à droite! Tout comme le Centre, la Gauche et la Droite ne sont pas monolithiques.
    Et Serge Bernstein, pour nier l’existence d’un Centre indépendant appelle à la rescousse… Georges Pompidou! On se rappelle que le deuxième président de la V° République fut élu au second tour face à un candidat… centriste, Alain Poher. Celui-ci ayant déclaré un jour «je suis centriste», Bernstein en profite pour expliquer qu’être centriste est «un comportement visant à gouverner, non en fonction de vues extrêmes mais en arbitrant en faveur de la plus grande partie de la population et en évitant les excès».
    En fait, cela s’appelle simplement «gouverner au centre», pratique bien connue des extrêmes qui, après avoir tout promis lors des campagnes électorales, sont bien obligés de se confronter à la réalité et à agir en fonction de celle-ci et éviter à tous prix de mettre en œuvre leurs promesses électorales, non seulement irréalistes, mais très dangereuses. Serge Bernstein ne dit d’ailleurs pas autre chose: «de fait, on trouve un tel pragmatisme de la part de beaucoup de gouvernements : ce sont en général les ‘modérés’, de droite comme de gauche, qui occupent les fonctions exécutives».
    Enfin, en historien, Serge Bernstein termine sa démonstration par cette idée que le Centre est une arlésienne. Il affirme ainsi que «le centrisme refait son apparition lors des élections présidentielles de 2007 et de 2012 (nda: quid de toutes les autres présidentielles de la V° République où un candidat centriste a toujours été présent, sauf peut-être en 1995, sans parler de toutes les élections parlementaires, municipales, etc.), avec un argumentaire qui rejette à la fois le bilan de la droite et celui de la gauche, tout en reprenant une partie du programme de chacun».
    Nos trois compères ne sont évidemment pas les seuls dans le milieu universitaire à considérer que seule l’opposition droite-gauche structure le paysage et le débat politiques en France (et même ailleurs), le reste des positionnements politiques devant, inévitablement, entrer dans ce schéma réducteur et… faux.
    Historiquement, les gens du Centre, au centre, du milieu, de la modération, de la «médiocrité» (dans son sens premier de modéré et du milieu et non dans celui péjoratif qu’il a acquis), ne se définissent pas par rapport aux extrêmes mais par rapport à une vision de la société qu’ils veulent ouverte et tolérante pour tous, permettant à chacun de se réaliser. De ce point de vue, ils estiment que les extrêmes donnent de mauvaises solutions pour gérer la société, sans pour autant que leur pensée soit structurée à la base par lesdits extrêmes. Mais c’est la même chose avec les extrêmes qui estiment que le Centre propose de mauvaises solutions…
    Dès lors, faire à nouveau du Centrisme une pensée avec une pincée de sel de droite et une pincée de poivre de gauche ou inversement est une escroquerie intellectuelle. Ici, dans Le Centrisme et au CREC, nous expliquons depuis longtemps qu’il existe réellement une pensée centriste, un Centrisme aux valeurs humanistes et au principe du juste équilibre. Bien entendu, tout comme le socialisme ou le corpus des idées définissant la Droite, cela ne veut pas dire que les partis ou les politiques qui s’en réclament les mettent réellement en pratique lorsqu’ils sont au pouvoir. De même, quand la Droite ou la Gauche, minoritaires, entrent dans des coalitions pour gouverner, elles ne peuvent imposer leurs idéologies respectives. Pour autant, elles demeurent Droite et Gauche.
    On aimerait que les spécialistes de la politique, quelles que soient leurs appellations, se rappellent que les critères qu’ils appliquent au Centre pour le nier doivent également s’appliquer à la Droite et à la Gauche si l’on veut avoir un vrai débat sérieux. Et si c’était le cas, parions que la pratique du Parti socialiste ferait de grands écarts par rapport à la «pensée de Gauche». Même chose pour l’UMP et la «pensée de Droite». L’existence d’une pensée centriste est indépendante de ceux qui affirment la mettre en pratique. Et, au même titre que les pensées de la Gauche et de la Droite, elle structure le débat politique dans une démocratie et, ce, depuis que celle-ci existe.

    Alexandre Vatimbella

    (*) «Des électeurs du Centre encore très incertains de leur vote», Pierre Bréchon, note du Cevipof / Interview de Serge Bernstein, site web Toute l’Europe / Interview de Jean Garrigues, site web Atlantico

  • La liberté et l’égalité respectueuses fondement de la démocratie républicaine du XXI° siècle

    La progression et la longévité des régimes démocratiques (ainsi que leur influence sur tous les régimes du monde) ont engendré une autonomisation progressive des individus due à l’approfondissement des comportements démocratiques - liberté (souvent plus sociétale que politique qui peut aboutir à une revendication de toujours plus de droits et, a contrario, à une participation politique et électorale en recul) et surtout égalité - issu de la pratique et du développement des droits individuels (droits de, droits à), c’est-à-dire des droits donnés à chaque personne pour son unique intérêt par un Etat devenu le recours en première et dernière intention de chaque individu pour faire respecter ses droits, pour demander une protection la plus étendue possible, pour se défausser de sa responsabilité, pour demander un bien-être toujours plus grand, pour se garantir de l’intrusion des autres dans sa sphère personnelle - qu’il souhaite étendre de plus en plus – et éviter qu’il soit spolié dans la sphère communautaire (pour que ces autres ne soient pas favorisés par rapport à lui et qu’il obtienne au moins autant que ce que ces autres ont obtenu).

    Ici, la demande de liberté devient une demande à être considéré comme unique et la demande d’égalité est, en réalité, une demande d’«égalité prioritaire» (moi d’abord parce que je suis au moins égal aux autres), donc d’une demande réelle d’inégalité, d’être considéré comme privilégié c’est-à-dire une demande à être servi en priorité, à être respecté sans acceptation de réciprocité que celle choisie, une démarche que certains rapprochent de celle d’un consommateur et non d’un citoyen.

    Car cette autonomisation grandissante fragilise également l’individu qui a souvent l’impression d’être abandonné et laissé seul pour prendre des décisions existentielles qu’il estime difficiles à endosser.

    C’est pourquoi elle induit cette demande de surprotection et de «surégalité» face aux risques en tout genre, à l’insécurité et à la précarité mais sans remettre en cause les aspects qui lui semblent positifs de cette autonomisation, c’est-à-dire ceux qui servent ses intérêts.

    Dans le même temps, la nouvelle ère de mondialisation (dont fait partie la globalisation économique) a diffusé partout les valeurs démocratiques (ainsi que les cultures, notamment les cultures démocratiques) renforçant cette autonomisation et les revendications égoïstes et égocentriques des individus (même dans les pays non-démocratiques), justifiées, entre autres, par un détournement du droit à la différence.

    Mais cet approfondissement et cette diffusion de la culture démocratique a été partielle parce qu’elle n’a pas pris en compte deux éléments indispensables à l’existence d’une vraie démocratie, le respect de l’autre ainsi que la responsabilité de l’individu (d’où, d’ailleurs, la montée de certaines idéologies extrémistes jouant sur le désarroi de la population devant une société de plus en plus déshumanisée).

    Or, sans ces deux éléments précités, la liberté acquise, l’égalité établie et la progression de l’autonomisation ne peuvent aboutir qu’à un individu égoïste, assisté, irresponsable et irrespectueux.

    Et cet individu, enfant de la liberté et de l’égalité, devient dès lors une menace pour celles-ci car ses comportements boulimiques de tout vouloir comme un dû sans rien devoir en retour (toute obligation de ce type étant vue comme une contrainte inacceptable) peuvent les engloutir, les détruire et les tuer.

    Dès lors, le salut et l’approfondissement de la démocratie passe par cet individu métissé culturellement et mondialisé médiatiquement, respectueux et responsable.

    La démocratie républicaine mondiale du XXI° siècle, nouvelle étape des révolutions démocratiques du XVIII° siècle et de la démocratisation des sociétés au XIX° et au XX° siècles, se bâtira sur la liberté et l’égalité respectueuses ou n’existera pas.

    Pire, les expériences démocratiques ne pourront pas survivre si les peuples libres ne prennent pas conscience que l’autonomisation individuelle n’est soutenable pour une communauté que si elle s’accompagne de la considération de l’autre, que si la liberté individuelle et l’égalité sont médiatisées par le respect de soi-même et de l’autre.

    Sinon, les régimes démocratiques imploseront tôt ou tard.

    C’est tout le challenge proposé par le Centrisme du Juste équilibre. C’est tout le défi, énorme, des centristes qui appellent de leurs vœux cette démocratie républicaine mondiale…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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