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états-unis - Page 12

  • De l’affaiblissement d’Obama et de son possible rebond

    La crise syrienne ne sera sans doute pas un des meilleurs souvenirs de Barack Obama lorsqu’il aura quitté la Maison blanche.

    De même que les multiples blocages politiciens des républicains extrémistes, incapables de faire passer l’intérêt de leur pays avant celui des intérêts des plus riches et, surtout, de leur haine du premier président afro-américain.

    Le «shutdown» («fermeture») de l’administration qui vient d’en résulter à

    Washington avec le refus des élus républicains du Congrès de voter les fonds nécessaires au fonctionnement des services publics (sauf s’ils avaient pu détruire en contrepartie la loi sur l’assurance santé, la fameuse «Obamacare») en est une nouvelle et désolante preuve avec la prise en otage de toute une nation par une frange extrémiste, celle du Tea Party.

    Mais alors que les opposants d’Obama pointent sa faiblesse à propos de la crise syrienne (ainsi que d’avoir remis en selle la Russie sur la scène internationale du fait de son indécision) voire du bras de fer avec l’Iran et son intention de se doter de l’arme atomique en ayant discuté avec le nouveau président du pays, Rohani, voilà que ces mêmes opposants l’accusent d’intransigeance et de dureté dans la crise du shutdown!

    Comprenne qui pourra.

    Toutes ces crises provoquées ou non par les ennemis des Etats-Unis et les adversaires de Barack Obama font dire à certains observateurs que le président des Etats-Unis est définitivement affaibli et que le reste de sa présidence risque d’être celle d’un canard boiteux (lame duck) bien avant l’heure.

    Il semble évident à première vue que c’est le cas.

    Néanmoins, ce serait oublié un peu vite que l’hôte de la Maison blanche a encore plus de trois ans de mandat et que ses affaiblissements supposés d’aujourd’hui, sont peut-être ses forces de demain comme l’estiment plusieurs experts.

    Bien sûr, il se peut qu’Obama échoue face à la hargne des républicains et à la volonté des adversaires de la démocratie de travailler à tout faire pour empêcher le monde d’être plus sûr.

    Mais il se peut également qu’il réussisse, que sa loi sur l’assurance santé permette réellement à des millions d’Américains, et pas seulement à ceux qui ne sont pas assurés, de pouvoir se protéger contre la maladie à un coût acceptable tout en évitant – et il faut rappeler avec force qu’il s’agit d’un des objectifs prioritaires de cette loi – que le système n’implose pas à cause de coûts prohibitifs comme cela est prédit par les spécialistes qui savent que seule une régulation peut l’éviter et qui est contenue dans «Obamacare».

    De même, il est possible qu’après avoir mis fin aux conflits en Irak (illégitime) et en Afghanistan (légitime), il réussisse à renouer un vrai dialogue constructif et suivi de décisions concrètes avec l’Iran.

    Sans oublier une nouvelle phase de paix entre Israël et les Palestiniens, tout en trouvant une solution acceptable au conflit en Syrie où un dictateur sanguinaire tue son peuple pendant que des groupes terroristes aussi violents tentent de prendre le contrôle du pays pour en faire une base de combat contre l’Occident.

    Quant aux rapports avec la Chine, le «pivot» de sa politique étrangère vers l’Asie pour aider les voisins inquiets de la montée en puissance de l’agressivité de l’Empire du milieu permettra peut-être de stabiliser une région qui court à grande vitesse vers des périodes et des séquences de tensions extrêmes.

    De son côté, l’économie sera peut-être repartie sur un rythme de croisière qui permettra au chômage de baisser fortement et de faire entrer les Etats-Unis mais aussi le monde dans une nouvelle ère de développement.

    Enfin, l’urgence de mettre en route une vraie politique environnementale qui était un des objectifs de son premier mandat pourra peut-être se réaliser avec la lente prise de conscience des Américains qu’il faut agir, prise de conscience dont l’Administration Obama est en partie responsable.

    On ne parle même pas des possibilités de faire passer une loi sur l’immigration indispensable pour donner un nouveau souffle à un pays qui a réussi grâce à l’arrivée et l’assimilation de millions et de millions de personnes et sur celle, morale, concernant un meilleur contrôle des armes à feu.

    Si Barack Obama parvient à réaliser la moitié de ce que l’on vient de parler, alors son affaiblissement actuel n’aura été qu’un trompe-l’œil d’une politique résolument tournée vers la réforme et le consensus.

    Une politique centriste qui, comme il convient de le rappeler sans cesse, a des ennemis déterminés de chaque côté de l’échiquier politique et chez tous les régimes autoritaires et dictatoriaux.

    Quoiqu’il en soit, que l’on ne s’y trompe pas, Barack Obama ne navigue pas à vue mais a des objectifs précis, une méthode de gouvernement pour y parvenir structurée et une grande volonté.

    Et on le constatera si les Américains lui donnent à nouveau une majorité à la Chambre des représentants en 2014 lors des élections de mi-mandat, ce qui est loin d’être une vue de l’esprit tant les républicains lassent la population avec leur guerre stérile et incessante à son encontre.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Etats-Unis et crise syrienne: les limites de la «méthode Obama»?

    Elu en grande partie pour mettre un terme aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, Barack Obama, en recevant son prix Nobel quelques semaines après son élection, avait expliqué qu’il ne s’interdisait pas de faire la guerre si cela s’avérait nécessaire pour le bien de son pays.

    De même, en arrivant au pouvoir, il avait pris tout le monde par surprise en remettant à l’honneur le travail législatif en faisant en sorte, lors de la loi sur l’assurance-santé, de laisser au Congrès une large autonomie pour décider de son contenu, ce qui avait généré un débat citoyen dans tout le pays.

    La crise syrienne vient nous rappeler ces deux importants piliers de la «méthode Obama»: l’action, en l’occurrence ici militaire, doit, non seulement être juste et morale, mais être bénéfique aux intérêts américains; la discussion au sein du Congrès mais également dans toute la population doit être de mise pour toute décision importante.

    En ce qui concerne ce dernier point, c’est, dans le cas qui nous intéresse ici, à la fois une grande victoire et une grande défaite pour la démocratie!

    Il s’agit d’une victoire pour la démocratie américaine puisque celle-ci délibère au grand jour sur la nécessité de frappes contre la Syrie.

    Dans le même temps, c’est également une défaite de la démocratie qui montre sa faiblesse et son indécision face à ses ennemis ainsi que face aux victimes de ces derniers.

    La contradiction du système démocratique entre ses principes de fonctionnement et sa défense face aux menaces extérieures est posée dans toute sa dimension.

    Personne ne peut regretter le débat démocratique qui a saisi les Etats-Unis quand Obama a décidé de laisser les élus choisir ou non l’action militaire pour punir la Syrie mais personne, non plus, ne peut se satisfaire de l’indécision dans laquelle cela a mis le gouvernement de Washington.

    La délectation avec laquelle Vladimir Poutine a rejoué les plus belles partitions de la guerre froide le montre aisément.

    Quant à ceux qui reprochent à Barack Obama cette voie qu’il aurait choisie par faiblesse et incohérence de sa vision du monde, ils ont oublié qu’il a toujours été pour une démocratie délibérative et qu’il l’a toujours promue même dans les pires moments de sa présidence.

    Bien sûr, que ses compatriotes refusent de punir le dictateur syrien et son régime pour ses crimes abominables vis-à-vis de ses civils ne peut être une victoire des valeurs véhiculées par la démocratie.

    Pour autant, dans le même temps, c’est bien le fonctionnement de la démocratie qui en sort grandi…

    Quant à la guerre juste et morale qui sert les intérêts des Etats-Unis, deux points importants.

    D’une part, la défaite du régime autocratique syrien ne serait pas une victoire pour les Américains – et n’a jamais été considérée comme telle à Washington – puisque la plus grande probabilité serait aujourd’hui que les fondamentalistes islamistes s’emparent alors du pays ou d’une grande partie de celui-ci et mènent des attaques terroristes conte l’Occident après avoir massacré les chrétiens syriens.

    Mais la victoire de Bachar El-Assad serait une défaite pour les Américains qui, en tant que leader du monde démocratique, n’auraient pu empêcher un dictateur d’utiliser à sa guise et sans aucune sanction des armes interdites par la communauté internationale contre des civils et, en particulier, des enfants.

    Certains pensent que Barack Obama a refilé la patate chaude aux sénateurs et représentants américains tout en faisant valoir son point de vue mais en espérant qu’il n’aurait pas à mener une action militaire afin de ne pas devoir choisir entre deux mauvaises solutions et ne pas être responsable de l’option choisie.

    De ce point de vue, les déclarations de son secrétaire d’Etat, John Kerry, sur la seule façon qui rendrait les frappes inutiles, la destruction de toutes les armes chimiques syriennes après qu’elles aient été confiées à la communauté internationale, est vue, non comme un malheureux lapsus lors d’une conférence de presse, mais comme un moyen malin de se désengager sans trop d’humiliation alors même que le Congrès ne sait pas, non plus, trop quoi faire avec ladite patate...

    Sans aller jusqu’à créditer l’administration américaine de tant de machiavélisme, il est vrai que si la crise se résolvait par cette réelle destruction, les Etats-Unis n’en seraient pas les perdants malgré le fait que les frappes militaires, au départ, n’avaient aucun rapport avec l’élimination de ces armes mais était une punition pour les avoir utilisées…

    Quoiqu’il en soit, la crise syrienne montre à l’évidence que les dictatures sont plus fortes que les démocraties dans les bras de fer internationaux car elles n’ont pas à prendre en compte leurs fameuses opinions publiques, ce qu’Hitler avait bien compris et que les accords de Munich avaient entériné en 1938.

    Cependant, on ne peut critiquer le fait que les règles démocratiques fonctionnent.

    Tout au plus, on peut et on doit regretter que les peuples ne soient pas assez informés des réalités du monde et des conséquences d’un refus d’intervenir pour des motifs aussi importants.

    Car après Munich, il y a eu la Deuxième guerre mondiale et tous ceux qui croyaient qu’il suffisait de détourner les yeux pour sauver leur peau en ont été pour leurs frais…

    Quant à la «méthode Obama», elle sera jugée par l’Histoire sur ses résultats à long terme que ce soit en politique intérieure et en politique étrangère.

    En revanche, que ce soit en 2008 lors de sa première élection ou en 2012 lors de sa réélection, on ne peut pas dire qu’il a pris les Américains en traître.

    Cette démocratie délibérative dont il a appris le maniement quand il était travailleur social dans les quartiers pauvres de Chicago et qu’il devait trouver des solutions dans une atmosphère de violence endémique, est bien son mode de fonctionnement.

    La mettre à l’honneur dans un pays où l’on parle depuis la président de Nixon dans les années 1970 de «présidence impériale» est une bonne chose dans une démocratie mature.

    Malheureusement, elle suppose une majorité de citoyens également matures et là, rien n’est moins sûr…

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

  • La démocratie est un combat

    Faut-il ou non intervenir en Syrie? Comment se comporter face à l’autocrate Poutine et au régime communiste chinois? Quelle est la meilleure façon de protéger la liberté?

    Autant de questions qui se sont entrechoquées ces derniers mois que ce soit avec les combats en Syrie, les affrontements en Egypte, les fuites sur les pratiques de la NSA aux Etats-Unis, les provocations russes contre les gays et le soutien du régime aux dictateurs de tous poils sur fond de reprise en main intérieure, le tour de vis chinois depuis l’arrivée de Xi Jinping qui se réfère à Marx et, surtout, à Mao en lui rendant des hommages appuyés et répétés, souhaitant marcher dans ses pas.

    Les démocraties sont donc, une fois de plus, devant des dilemmes importants.

    Le président syrien, comme son père avant lui, tue ses concitoyens avec du gaz sarin, les Frères musulmans et l’armée égyptienne rivalisent d’intolérance, les écoutes américaines mettent en émoi une partie du monde qui place la liberté au-dessus de la sécurité, les agissements du président russe nous rappelle tous les jours qu’il a été formé par le KGB dont on pouvait comparer les pratiques lors de la guerre froide à la tristement célèbre Gestapo et les sombres prédictions des défenseurs chinois de la démocratie sur la personne du nouveau maître de l’Empire du milieu se révèlent malheureusement trop vraies.

    Que faire?

    Se faire tuer pour sauver des enfants syriens? Laisser une dictature quelle qu’elle soit se mettre en place en Egypte? Accepter de perdre de la liberté pour de la sécurité sans être sûr que le deal est exactement celui-là? Continuer à faire comme si Poutine et Xi étaient des gens charmants et fréquentables pendant que leurs opposants soient pourchassés et emprisonnés?

    Les réponses ne sont pas simples et, surtout, ne doivent pas être simplistes.

    Prenons l’exemple syrien. Se lancer dans une guerre totale avec le clan Assad tête baissée serait aussi stupide que de ne rien dire et faire en se lavant les mains de massacres horribles et inacceptables.

    Pourquoi?

    Parce que, dans le premier cas, intervenir alors que  la chute d’Assad aurait de grandes chances de permettre aux intégristes islamistes de mettre le pays sous leur coupe et à en faire une base de l’extrémisme et du terrorisme, faisant en quelque sorte d’avoir sauver les enfants syriens pour que nos enfants soient éventuellement tuer dans de futurs attentats.

    Et, dans le deuxième cas, il est impossible pour toute communauté ayant une conscience de fermer les yeux en prétendant qu’un dictateur a le droit de tuer son peuple, notamment ses enfants, sans vergogne, sans devoir rendre des comptes mais aussi sans porter un coup à l’image de la démocratie, incapable de réagir face à des comportements qui la provoquent dans son essence même.

    Ce dilemme est celui de Barack Obama aujourd’hui. Mais il est celui de toute la communauté internationale, en tout cas de celle qui revendique des valeurs humanistes.

    Même cas de figure ou presque en Egypte où il faut se demander si une organisation, les Frères musulmans, qui s’est battue pendant des décennies contre les valeurs démocratiques et ne les a endossées que parce qu’elle a gagné les élections – et dont la pratique démocratique a laissé à désirer pendant son passage au pouvoir – vaut mieux qu’une armée qui n’a guère prouvé son attachement à ces mêmes valeurs.

    Quant à savoir si nous devons adresser la parole à Poutine et à Xi, la realpolitik répond oui à coup sûr. Mais cela ne doit pas nous empêcher de dire ce que nous pensons de leurs agissements et de tenter toutes les pressions pour les mettre en échec? A voir certains responsables politiques occidentaux faire allégeance à ces deux hommes et à leurs régimes donnent parfois des nausées.

    Comme le montre crûment les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de l’agence de renseignements américaine, la NSA, l’éminente question de savoir où se situe le curseur entre défense de la démocratie, défense des démocraties et intérêt des démocraties n’a pas de solution évidente.

    Pour autant, les précédents devraient inciter à ne pas baisser la garde.

    Ainsi, elle s’est déjà posée lors de la montée en puissance du fascisme et du nazisme entre les deux guerres mondiales puis lors de la guerre froide avec le bloc soviétique avec les résultats que l’on sait.

    Le renoncement face à l’Allemagne nous a plongés dans une guerre à 50 millions de morts alors que l’on aurait pu agir contre Hitler quand il en était encore temps.

    L’affrontement avec les Russes s’est révélé problématique jusqu’à l’implosion de l’URSS, exsangue par ses dépenses militaires démesurées et incapable d’apporter le bien-être à sa population.

    Avec, à la clé, des camps de concentration dans les deux pays.

    Le régime en place à Moscou – comme à Pékin d’ailleurs – est encore largement dominé par une idéologie qui diabolise la liberté qualifiée d’«occidentale».

    Xi Jinping, le nouveau maître du Parti communiste chinois ne parle que de maoïsme, de renforcement de l’armée et des valeurs occidentales erronées et dangereuses mettant en avant un «rêve chinois» qui risque de devenir le cauchemar des démocraties.

    Le ralentissement préoccupant de la croissance chinoise sur fond de corruption, de pollution catastrophique et de menaces de toutes sortes sur le régime va sans aucun doute renforcer, au moins dans un premier temps, les tendances autoritaires de celui-ci.

    Les prisons sont à nouveau pleines d’opposants, internet est de plus en plus contrôlé et censuré, le peuple est invité à se faire moins critique et à suivre la ligne officielle.

    Tout ceci nous amène à cette vérité basique, pure et dure: la démocratie a été, est et restera à jamais un combat quotidien contre des forces qui, de tous les côtés ainsi que de l’intérieur même, travaillent à la rogner, à la dénaturer et, in fine à l’abattre.

    La démocratie américaine est née d’une guerre de libération. Ce sont des révolutions qui ont accouché des valeurs démocratiques françaises. Même le système démocratique britannique a nécessité après la Grande Charte de 1215, une lutte au cours des siècles pour s’établir.

    Ceux qui renoncent à vouloir mener ce combat condamnent la démocratie, d’abord à s’affaiblir puis à disparaître.

    Ils font le jeu des ennemis des valeurs et des principes démocratiques.

    Peut-être que les peuples qui goûtent à un régime démocratique, certes imparfait mais envié par tous ceux qui en sont privés, ne veulent pas ou plus se battre pour le protéger et le faire exister.

    Peut-être qu’ils préfèrent leur sécurité ou tout simplement leur confort quotidien à leur liberté.

    Peut-être qu’ils préfèreraient vivre esclaves que mourir libres.

    Les sondages, généralement, disent le contraire.

    Alors, mettons nos actes en accord avec nos paroles: défendons la démocratie avant qu’on nous défende de le faire.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Barack Obama, président noir mais pas des noirs

    L’emblématique victoire de Barack Obama en 2008 en a fait le premier président noir de l’histoire des Etats-Unis. Mais, dès le départ, celui-ci a tout fait pour ne pas être le président des noirs.

    Il avait ainsi déclaré deux mois après sa prise de fonction qu’«à l’inauguration (de sa présidence), j’ai pensé qu’il y avait une fierté justifiée d’une partie du pays que nous avions fait un pas qui avait permis de laisser derrière nous l’héritage desséché de la discrimination raciale de ce pays. Mais ce sentiment n’a duré qu’un jour».

    Cette volonté lui a été reprochée maintes fois par les activistes de la communauté noire ou par les médias, que ce soit, depuis son accession au poste suprême, pour pointer l’écart toujours aussi important entre la condition de la communauté blanche et la communauté noire ou par le racisme qui semble toujours aussi présent contre les noirs dans certaines régions du pays ou dans certains groupes.

    L’affaire Trayvon Martin qui vient de connaître son épilogue lorsqu’un jury composé de six femmes, dont cinq blanches et une latino, ont acquitté George Zimmerman (qui avait tué ce jeune noir qui rentrait tranquillement chez son père dans un quartier d’une petite ville de Floride au motif qu’il avait le profil d’un voleur et qu’une loi de cet Etat permet à toute personne s’estimant menacée de tuer son soi-disant agresseur), vient de rappeler, par les réactions diverses – pro et anti – qui ont accueilli ce verdict extrêmement contesté et contestable, que le «problème noir» était toujours et encore d’actualité pour ceux qui pensaient être entrés dans une ère nouvelle à ce sujet.

    Bien évidemment, Barack Obama a été victime du racisme depuis qu’il s’est déclaré candidat à la présidence, sans même parler de la période d’avant celle-ci.

    Rappelons que dans ce fameux «Sud profond» dont la Floride fait plus ou moins partie et où règnent toujours le fameux esprit «rednecks» (littéralement les «cous rouges» qui sert à désigner, par les habitants des côtes Est et Ouest, les ploucs racistes du Sud et du Midwest), on entendait encore lors de la campagne de 2008 des phrases du genre «les noirs et les femmes, ça ne fait pas de politique».

    Et depuis son élection, Obama est un des présidents les plus insultés avec des injures qui ne sont pas toujours directement racistes mais qui ne trompent personne. Sans parler de ceux qui déclaraient vouloir prendre les armes au cas où il serait réélu…

    Pour autant, si Barack Obama, lors du meurtre de Trayvon Martin en mars 2012 s’était risqué à déclarer que s’il avait eu un fils il lui aurait ressemblé, ce qui était sa deuxième déclaration présidentielle de soutien aussi directe à un noir (il en avait faite une autre en 2009 lorsqu’un professeur d’Harvard, Henry Louis Gates jr. avait été pris par la police pour un cambrioleur alors qu’il rentrait chez lui et molesté), il a réagi après le verdict en parlant de tragédie et en demandant un contrôle plus strict des armes à feu mais sans évoquer la couleur de peau d’aucun des deux protagonistes.

    Cela n’empêche pas les membres d’extrême-droite du Parti républicain d’affirmer que le cas Trayvon Martin a été instrumentalisé dès le départ par la Maison blanche pour faire passer tous les républicains comme des racistes et que c’était une des causes de la défaire de Mitt Romney lors du scrutin de novembre dernier!

    Cette thèse farfelue (contenue, notamment, dans un livre d’un activiste d’extrême-droite très apprécié du Tea Party) qu’évidemment aucune preuve n’étaye, est un exemple parmi d’autres qui montrent tout le danger pour Obama d’être le défenseur de sa communauté en tant que président. Cela montre aussi comment cette extrême-droite tente de diaboliser constamment ce président noir qui serait l’instigateur d’un complot pour mettre à mal la démocratie pour défendre sa communauté, ce qui s’appelle du racisme!

    Et puis, Barack Obama n’a été qu’une seule fois sur le continent africain lors de son premier mandat et vient d’achever ce qui risque d’être son seul ou un de ses deux voyages en Afrique de son second mandat.

    Plusieurs raisons expliquent cette décision Barack Obama de ne pas être le président des noirs.

    En premier lieu, il a toujours dit qu’il voulait être un président «normal» même s’il appréciait la valeur hautement symbolique de son élection en tant que premier noir à la Maison blanche. Mais, dans son esprit, sa réélection a été plus importante encore car elle a démontré au monde entier que si la couleur de sa peau avait pu jouer en sa faveur en 2008, c’est bien sa compétence qui avait été récompensée en 2012, les Américains n’ayant plus besoin de se donner bonne conscience en votant pour un noir s’il avait été un incapable.

    En second lieu, sa vision profondément centriste ne peut s’accommoder de la condition restrictive de président des noirs ou de tout autre cause ou communauté particulières. Cela irait à l’encontre de ses convictions et ses valeurs politiques qui sont d’être le président de tout les Américains en recherchant constamment le juste équilibre et le consensus.

    En troisième lieu, dès son intronisation, il a voulu éviter les polémiques destructrices pour sa fonction et sa politique ainsi que pour les intérêts de la communauté noire s’il avait été un avocat engagé de cette dernière et un porte-parole dénonçant tous les actes de racismes à travers le pays. Sa crédibilité aurait été atteinte profondément et le racisme plus ou moins latent dont on vient de voir la réalité aurait pu s’exprimer sans aucune retenue et paralyser toutes ses initiatives au-delà de ce que les républicains ont mis en place depuis 2010 et leur victoire aux élections de mi-mandat, c’est-à-dire le plus grand blocage politique jamais organisé depuis que les Etats-Unis existent (et, pourtant, des blocages, il en a existé!).

    Cependant, il faut bien se rappeler que Barack Obama n’est pas un Michael Jackson de la politique.

    Il n’a jamais tenté de cacher qu’il est un membre de la communauté noire. Plus, il le revendique sans aucune ambiguïté. Car, n’oublions pas qu’il est métis et qu’il aurait pu choisir de se définir comme blanc (aux Etats-Unis, c’est l’individu qui choisit sa communauté d’appartenance en cochant une case sur un formulaire), ce qu’il n’a pas fait, tout à fait consciemment et comme un acte militant.

    De même, il a épousé une femme noire descendante d’esclave pour mieux revendiquer son appartenance à cette communauté alors que plusieurs activistes noirs affirmaient que né d’une mère blanche et d’un père kenyan (donc non-américain), il ne pouvait en être.

    Barack Obama entrera sûrement dans l’Histoire comme le premier président noir des Etats-Unis d’Amérique. Peut-être qu’il y sera également pour ce qu’il aura accompli ainsi que pour son intelligence et son charisme. En tout cas, c’est tout ce qu’il souhaite et il aura tout fait pour que ce soit le cas.

    Alexandre Vatimbella

     

  • Etats-Unis 2016: En attendant Hillary

    Les médias américains qui veulent de plus en plus avoir une élection d’avance, fourmillent de reportages, d’articles et de commentaires sur la prochaine présidentielle de 2016 et, surtout, sur la probable candidature à la primaire démocrate d’Hillary Clinton.

    Ancienne première dame (surtout ancienne principale conseillère de Bill, son mari président), ancienne sénatrice de New York, ancienne candidate malheureuse à la primaire de 2008 face à Obama (et, alors, ancienne favorite qui, il ne faut pas l’oublier, avait réuni plus de voix qu’Obama mais avait été battue à cause du mode de désignation du candidat démocrate), ancienne secrétaire d’Etat du même Obama de 2009 à 2013, son parcours politique est bien rempli et beaucoup de politiques s’en contenterait.

    Mais Hillary Clinton poursuit un double but: son ambition qui a toujours été grande (on dit que c’est elle qui était la plus capable de devenir président dans son couple avec Bill) et l’ambition de voir, enfin, une femme comme président(e) des Etats-Unis.

    Pour autant, rien n’est gagné pour elle si elle se décide à se présenter.

    Si elle possède déjà un grand avantage sur tout autre candidat démocrate en vue de la primaire et tout candidat républicain lors de la présidentielle, elle devra démontrer qu’elle n’est pas trop âgée pour le poste, qu’elle propose un programme consistent et non qu’elle est «juste» une femme.

    Sans oublier son positionnement centriste depuis toujours et encore plus marqué que celui d’Obama.

    Concernant son âge (elle aura 69 ans en 2016), il s’agit actuellement de l’angle d’attaque de nombreux républicains pour la disqualifier. Mais comme le note le site Politico, cela pourrait bien se retourner contre ces derniers.

    D’une part, parce que les séniors pourraient, dans les Etats-clés où ils sont nombreux (Floride, Ohio), voter pour elle et la faire gagner haut la main. D’autre part, parce que rien n’indique actuellement que cet argument pourrait avoir un effet négatif sur l’électorat en général (69 ans au XXI° siècle n’est pas «vieux»).

    Rappelons, en outre, que l’icône de la quasi-totalité des républicains d’aujourd’hui, est Ronald Reagan qui fut le candidat le plus vieux à être élu président des Etats-Unis et qui prit ses fonctions à 70 ans en 1981…

    Et puis, l’électorat américain est majoritairement féminin. Les Américaines verraient sûrement d’un mauvais œil que l’on essaye de jouer sur l’âge d’Hillary Clinton, ce qu’elles assimileraient à une façon détournée pour les misogynes et autres antiféministes de ne pas parler ouvertement de son sexe (comme certains racistes en 2008 parlaient de l’incompétence de Barack Obama).

    Bien évidemment, Hillary Clinton devra éviter d’être seulement une candidate. Même si cela lui rapportera un soutien puissant au-delà de l’électorat démocrate et même «independent», ce positionnement peut être, in fine, un désavantage si les Américains ne la voient uniquement que comme quelqu’un qui se définit par son sexe féminin.

    Mais ce reproche ne sera sans doute pas à l’ordre du jour quand on connaît son parcours politique et son implication forte dans la politique américaine par ses prises de position, par ses actes et par ses propositions.

    Une des forces d’Hillary Clinton est certainement son centrisme qu’elle a toujours affiché et revendiqué. Elle est ainsi capable de réunir sur son nom de nombreux «independents» (électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains) ainsi que nombre de républicains modérés (d’autant plus si le Parti républicain se choisit un candidat très à droite, ce qui est une probabilité non-négligeable).

    Pour autant, Clinton qui peut être définie comme plutôt progressiste en matière sociétale, plutôt conservatrice en matière économique et plutôt «faucon» en matière de politique étrangère, sera sans doute contestée par une partie de l’aile gauche du Parti démocrate qui l’avait déjà attaquée durement lors de la primaire de 2008 face à Obama, l’accusant d’être trop à droite (son vote en faveur de la guerre en Irak est un des thèmes récurrents utilisés par les «liberals» même si elle a expliqué que si elle avait connu la réalité exacte de la situation, l’absence d’armes de destruction massive par Saddam Hussein, elle ne se serait pas prononcée en faveur d’une attaque militaire).

    De l’autre côté, nul doute que les tenants du Tea Party (droite extrême), mettront en avant son soutien à de nombreuses causes comme le mariage homosexuel ou l’avortement.

    Quoiqu’il en soit, et même si son taux de popularité a baissé ces dernières semaines, Hillary Clinton demeure la favorite pour l’élection de 2016.

    Si elle parvenait à l’emporter, non seulement elle serait la première «Madam the President» mais elle serait une présidente centriste qui se situerait dans un prolongement de la présidence de Barack Obama sans en être, toutefois, son héritière.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Obama fidèle à une politique centriste

    Un conseiller de Barack Obama vient d’expliquer que ce qui était particulièrement difficile pour le président américain était d’être constamment attaqué tant à sa droite qu’à sa gauche.

    Bienvenue dans le monde du Centre, monsieur le conseiller!

    Celui-ci estime qu’Obama devrait donner des gages à un des deux côtés afin de ne pas demeurer dans une telle situation qu’il considère comme intenable politiquement.

    En somme, il lui demande de ne plus être centriste…

    Comme je l’ai déjà dit de nombreuses fois, être du Centre, c’est effectivement s’exposer constamment aux critiques de la gauche et de la droite, c’est-à-dire à un double-feu de critiques des clientélismes et des populismes des deux bords extrêmes.

    Un centriste qui réussit, c’est une défaite pour la gauche et la droite. C’est donc inacceptable pour les extrêmes.

    Barack Obama, qui ne s’est jamais départi de son positionnement centriste, ne le savait peut-être pas en 2007 lorsqu’il a accédé à la Maison blanche, mais j’en doute.

    Parions qu’avec les attaques parfois ordurières dont il a été victime et venant tant de droite que de gauche, il est désormais parfaitement au courant!

    C’est bien d’ailleurs ce qui est arrivé à nombre de ses prédécesseurs lorsqu’ils ont accédé, dans le monde, au poste suprême d’un Etat.

    Bill Clinton aux Etats-Unis mais, en France, Valéry Giscard d’Estaing pour ne prendre que deux exemples.

    Et quand un dirigeant de droite ou de gauche, s’aventure de temps en temps au centre de l’échiquier politique, comme c’est le cas de François Hollande aujourd’hui et de Jacques Chirac hier, ils sont bombardés de critiques venus des deux bords.

    C’est comme cela.

    Pour en revenir à Obama qui, lui, est un vrai centriste, ces critiques sont un bon baromètre de son positionnement politique.

    Dans la tourmente actuellement – mais on pourrait dire, comme d’habitude! – suite à des affaires où il n’a rien à voir et à d’autres où l’on met en cause son action, voire ses reniements, il demeure droit dans ses bottes de centriste.

    Avant cela, rappelons qu’il y a le monde tel qu’on voudrait le voir et le monde tel qu’il est. Un centriste peut rêver que notre monde ressemble au premier mais il se doit d’agir de manière responsable vis-à-vis du second afin de le rendre meilleur et plus sûr.

    Mais ce hiatus entre les deux mondes est bien une réalité politique qui contraint les responsables politiques de tous bords de faire le grand écart lorsqu’ils sont au pouvoir.

    Oui, le monde tel qu’il est a du mal, parfois, à faire rêver alors que l’on peut bâtir toutes les fantasmagories que l’on souhaite avec le monde tel qu’on voudrait le voir.

    Dans ce dernier, il n’y a pas de crises économiques qui mettent au chômage des millions de personnes, il n’y a pas d’enfants battus et d’autres vivants dans des bidonvilles, il n’y a pas de terroristes qui s’attaquent à des personnes qui ne leur ont rien fait et il n’y a ni misère, ni haine, seulement du respect et de l’amour.

    Rêvons car cela nous aide à poursuivre l’espoir d’un monde meilleur et les rêveurs ont eu, souvent, de meilleurs résultats que ceux qui renonçaient.

    Cependant, agir sur la réalité pour la rendre meilleure est l’action la plus efficace de toute. Mais elle est loin d’être la plus glamour, ni la plus populaire.

    Voilà comment on peut expliquer, partout dans le monde, les difficultés des politiques centristes, voire au centre.

    Barack Obama a évidemment des idéaux et ses discours où il stigmatise la guerre, la pauvreté et la violence faite aux enfants en sont des preuves.

    De même que son action en faveur d’une couverture santé des plus pauvres, sa volonté de régulariser nombre d’immigrants entrés illégalement aux Etats-Unis ou pour réguler la finance afin qu’elle ne soit pas toute puissance et dicte ses volontés à la nation tout entière, est dictée par une volonté de bâtir un monde meilleur.

    Pour autant, il n’a jamais été un naïf et il sait qu’il y a une réalité que l’on peut réformer, que l’on peut améliorer, que l’on peut parfois transformer mais qui est là et qui sera toujours là face aux chimères des idéologues de la droite et de la gauche.

    De même, il n’a jamais fui les responsabilités qui peuvent écorner une image comme celle d’assurer la sécurité des Etats-Unis face au terrorisme, qu’il vienne de l’extérieur ou de l’intérieur, démontrant qu’être centriste n’est pas être naïf.

    Il lui reste encore trois ans et demi pour faire de son passage à la Maison blanche une réussite centriste mais il a déjà accompli beaucoup.

    Pour autant, quoiqu’il arrive, il devra faire face à ces attaques venues de la droite et de la gauche jusqu’à la fin de son mandat.

    Ceux qui, à droite et à gauche, affirment qu’être du Centre est un positionnement politique sûr et de tout repos sont des mystificateurs. Ils confondent à dessein la volonté de mener une politique de juste équilibre et de réformes responsables avec cette politique démagogique qui est de contenter, en même temps, tous les clientélismes en faisant de l’immobilisme irresponsable qu’eux-mêmes mènent lorsqu’ils sont au pouvoir après avoir abandonné la plupart de leurs promesses électorales irréalistes.

    Ici, l’alliance objective Gauche-Droite contre le Centre est vraiment une réalité.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Le juste équilibre du Centre entre liberté et sécurité

    Le juste équilibre est le principe premier d’une vision politique centriste.

    Il s’applique, entre autres, dans le débat sécurité-liberté qui est au cœur de la démocratie républicaine.

    S’il ne peut y avoir de démocratie sans liberté, il ne peut y en avoir, non plus sans sécurité.

    La sécurité garantit la liberté.

    Pour jouir et user de sa liberté, il faut être en sécurité.

    Et cette équation est encore plus prégnante pour tous ceux qui ne sont pas en haut de l’échelle sociale.

    De même, une démocratie se doit de se protéger contre les risques d’agressions extérieures.

    Et la communauté mondiale démocratique doit unir les efforts de tous ses membres pour en faire de même.

    Tout ceci n’est que du réalisme et du pragmatisme face aux dangers qui menacent depuis toujours le système démocratique.

    Quant à l’angélisme qui veut que personne ne peut en vouloir à la démocratie qui ne peut avoir d’ennemi ou se montrer agressif vis-à-vis d’un pays démocratique, l’histoire en a montré l’inanité et la dangerosité.

    Enfin, dans une démocratie républicaine, seule une institution communautaire peut assurer cette sécurité pour tous: le gouvernement central au niveau d’une entité étatique et tous les échelons intermédiaires ensuite selon les traditions de chaque pays.

    Ayant dit cela, il faut donc trouver ce fameux juste équilibre tout en ne tournant pas le dos aux valeurs de la démocratie mais aussi en ne niant pas les réalités dans lesquelles nous vivons et qui ne sont pas les mêmes selon les époques (tout en pointant les permanences des rapports de force).

    Si on se place dans le cadre de la démocratie représentative, il est évident que, quelles que soient les règles adoptées, les élus du peuple doivent avoir la capacité de contrôler les mesures de sécurité mises en place afin que celles-ci ne viennent pas annihiler la liberté mais la servent et la protègent.

    Quant au fil rouge qui doit animer les responsables politiques dans l’élaboration délicate de ce juste équilibre, il doit évidemment privilégier la liberté car c’est en son nom que les mesures de sécurité sont prises dans une démocratie.

    Cela ne signifie nullement qu’in fine se soit toujours plus de liberté pour moins de sécurité mais cette dernière ne peut-être légitime que si elle est incontournable afin d’assurer l’intégrité de l’individu et/ou de la communauté.

    Tout ceci nous ramène évidemment aux mesures anti-terroristes prises ces dernières années aux Etats-Unis qui sont actuellement l’objet de critiques de la part de nombreux politiciens et de médias à travers le monde depuis les «révélations» récentes d’un ancien agent de la CIA, Edward Snowden.

    Il faut rappeler d’abord que le travail controversé de la NSA (National security agency, l’agence fédérale qui est en charge des programmes de sécurité nationale dont, en particulier, ceux d’écoute afin de détecter les possibles attaques contre le pays) est contrôlé depuis toujours par le Congrès américain, celui-ci étant non seulement au courant de ce qui se passe mais c’est lui qui autorise ces contrôles.

    On est bien dans le contrôle démocratique exercé par les élus du peuple dont nous parlions plus haut.

    Ce que Snowden a «dénoncé» comme étant un Big brother qui a un œil sur tous les faits et gestes de tout un chacun (ce qui est faux selon les élus du Congrès) est un programme tout à fait légal et voté par le Congrès des Etats-Unis.

    Ensuite, il est important de savoir si ces mesures sont liberticides au point que leur mise en œuvre fait plus de mal à la démocratie qu’elle ne lui en fait du bien.

    Evidemment, nous ne savons pas tout de ce qui se passe réellement mais la surveillance telle qu’elle est autorisée – et qu’aucune preuve sérieuse, pour l’instant, n’a démontré qu’elle est un paravent pour des agissements répréhensibles – possède la légitimité nécessaire face aux risques terroristes internes et externes concrets qui planent sur les Etats-Unis.

    De leur côté, les citoyens américains à une majorité de 56% sont d’accord avec ces programmes de la NSA selon les derniers sondages

    Quant à Snowden, ils sont pour l’instant dans l’expectative et dans l’attente d’informations pour se déterminer afin de savoir s’il est un «traitre» ou un «patriote». 46% d’entre eux déclare ne pas savoir tandis que 31% pensent qu’il est patriote et 23% un traitre.

    Toujours est-il que, selon de nombreux experts interrogés par les médias, la mise sous les projecteurs de ces programmes va rendre le travail de surveillance et d’appréciation du risque terroriste plus difficile et tous les efforts réalisés jusqu’à présent moins efficaces à court terme.

    La liberté est un bien inestimable et son existence pour les citoyens des pays démocratiques n’est pas négociable.

    Néanmoins, cette liberté, s’il elle permet légitimement de débattre du juste équilibre entre liberté et sécurité notamment dans les médias, ne peut être invoquée afin d’affaiblir ces mêmes pays démocratiques face aux ennemis, non pas de l’Occident, mais de la liberté elle-même.

    Si l’on ne peut aller jusqu’à la sentence définitive de Saint-Just, «pas de liberté pour les ennemis de la liberté» et à toutes les conséquences radicales qu’il y attachait, on peut tout de même affirmer que les pays démocratiques ne doivent pas permettre à la liberté des ennemis de la liberté de détruire celle-ci sans essayer de la protéger et de la garantir dans un monde où ces ennemis sont en très grand nombre et déterminés à user de la violence extrême pour l’abattre sans aucun état d’âme.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Comment le Centre doit réagir à la «radicalisation» de la droite

    C’est un grand classique: un parti de gauche ou de droite qui se retrouve dans l’opposition est toujours plus idéologiquement marqué que lorsqu’il est au pouvoir. Normal, il se doit de réaliser une introspection après ses défaites électorales afin de retrouver ses racines et ses fondamentaux qui lui permettront de réaffirmer sa personnalité propre et de redynamiser sa base militante et ses sympathisants.

    Aux Etats-Unis ce fut le cas des démocrates après 2000 et c’est le cas du Parti républicain actuellement. Certains avancent même qu’aujourd’hui Ronald Reagan et George W Bush, deux anciens présidents pourtant accusés d’avoir été idéologiquement très à droite, n’auraient plus leur place dans la parti républicain tellement celui-ci a évoluer vers sa droite, sous l’influence du mouvement du Tea Party, afin de se présenter comme inflexible sur ses principes!

    En France, ce fut le cas du PS après 2001, c’est le cas de l’UMP depuis 2012.

    Néanmoins, au-delà de ce ressourcement idéologique «naturel» du à l’éloignement du pouvoir et à l’absence d’obligation de devoir gouverner de manière pragmatique et pour tous les Français, on peut se demander si ce que certains appellent la radicalisation de la droite française n’est pas plus profonde cette fois-ci, suivant en cela ce qui se passe dans la plupart des pays démocratiques, du Japon (avec Shinzo Abe) aux Etats-Unis (avec Paul Ryan ou Rand Paul) en passant par le Royaume Uni (avec David Cameron).

    D’autant qu’une forte résurgence nationaliste concurrence ces grands partis conservateurs sur leur flanc droit, avec le Front national en France, l’UKIP en Grande Bretagne ou le Tea Party aux Etats-Unis, suscitant d’ailleurs des débats houleux sur une possible alliance avec ces divers mouvements extrémistes.

    De ce point de vue, le discours de Jean-François Copé qui emprunte aux thématiques et à la rhétorique au Front national est assez emblématique de ce repositionnement de la droite, de même que les sorties médiatiques d’un Guillaume Peltier, ancien militant du Front.

    Non pas que cela soit nouveau à l’UMP si l’on se rappelle que Nicolas Sarkozy, pour affaiblir durablement le FN, avait repris les principaux thèmes du parti de Jean-Marie Le Pen afin de démontrer que la droite classique pouvait s’occuper de toute cette population en déshérence et de ses préoccupations.

    A l’opposé, il ne faut pas oublier qu’il existe une aile de l’UMP qui se bat contre les connivences et les possibles alliances entre droite et extrême-droite, emmené par François Fillon, notamment, mais aussi par Jean-Pierre Raffarin, pourtant allié à l’intérieur du parti à Jean-François Copé…

    Devant cette situation, quel doit être le positionnement des partis centristes?

    On se rappelle que lors de la dernière présidentielle, au moment où Nicolas Sarkozy a joué son va-tout face à François Hollande en droitisant parfois à l’extrême ses propos, ses alliés centristes tels Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde ou François Sauvadet, tous aujourd’hui membres éminent de l’UDI, ne se sont guère émus de ceux-ci, allant même jusqu’à les justifier.

    En revanche, François Bayrou et ses lieutenants du Mouvement démocrate avaient réagi vivement en condamnant ce qu’ils considéraient comme des dérapages préoccupants.

    Depuis, l’UDI a semble-t-il adopté majoritairement (mais pas unanimement, voir à ce sujet certaines déclarations d’Hervé Morin ou des membres du CNIP, parti membre de la confédération) un discours de défiance vis-à-vis de ces fameux dérapages à répétition comme ceux de Jean-François Copé, revenant à un positionnement beaucoup plus centriste.

    De son côté, le Mouvement démocrate puise dans cette radicalisation d’une partie de l’UMP la raison de son opposition actuelle à la droite et de son appel à voter François Hollande contre Nicolas Sarkozy aux dernières présidentielles.

    Cependant, il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse ce qui s’est parfois produit, tant du côté de l’UDI que du Mouvement démocrate.

    On n’enfoncera pas ici une porte maintes fois ouverte sur le fait que le Front national peut poser les bonnes questions mais en y donnant les mauvaises réponses.

    En revanche, adopter par principe une position soi-disant «modérée» ou «équilibrée» sur un certain nombre de problèmes qui touchent au fondement même de la démocratie républicaine , à la liberté, au respect, à la tolérance et au juste équilibre, ce n’est pas avoir un positionnement centriste mais plutôt une position de faiblesse face aux attaques de notre modèle de société en acceptant qu’il soit considéré comme amendable sans fin face à des revendications communautaires ou autres de groupes et de lobbies.

    Nous nous trouvons alors dans un relativisme et un renoncement qui, autrefois, nous ont amené à accepté qu’aux portes de la France, il y ait des régimes dictatoriaux qui ont semé la misère, la désolation et la mort dans le monde entier.

    In fine, le comportement des centristes devant les manifestations de cette radicalisation d’une partie de la droite doit être de la condamner fermement, de la contrer par un discours des valeurs à chaque fois qu’elle se manifeste ainsi que de rappeler sur quels principes se fonde cette condamnation.

    Mais celle-ci doit être faite sans tomber dans la critique systématique de la droite toute entière, ce qui serait totalement stupide, contreproductif et ne correspondrait pas à la réalité d’une droite qui, fondamentalement, n’est pas assimilable l’extrême-droite.

    De même, lorsque la radicalisation de la gauche se manifeste, les centristes doivent tout aussitôt la condamner et la contrer.

    Rappelons avec force que le Centre s’oppose à tout extrémisme. Ainsi, si l’alliance UMP-Front national est inconcevable avec une alliance centriste, c’est également la même chose pour une alliance PS-Front de gauche.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Obama, inspirateur de Hollande?

    On connait la fascination qu’exerce Barack Obama auprès de la classe politique française (mais également de beaucoup d’autres à travers le monde) et de l’admiration qu’il suscite notamment pour ses stratégies électorales et ses méthodes de gouvernement ainsi que pour son charisme.

    De Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal en passant par Jean-Louis Borloo ou Manuel Valls, le président des Etats-Unis à de nombreux fans chez les responsables politiques du pays.

    Sans oublier François Hollande.

    Celui-ci s’était déjà inspiré de la campagne «grassroots» (de proximité) d’Obama pour se faire élire (s’appuyant, entre autres, sur une étude réalisée par un think tank proche de lui, Terra Nova, après la victoire de l’Américain en 2007). Et, une nouvelle fois, on a pu apprécier des proximités lors de la dernière conférence de presse du chef de l’Etat français, la semaine dernière.

    Bien sûr, rien d’a priori anormal puisqu’Obama est membre du Parti démocrate, un parti de centre-gauche et François Hollande du Parti socialiste, un parti de gauche modéré.

    Cependant, comme nous le disons ici depuis la campagne de 2007, Barack Obama est un centriste qui se trouve à la droite du Parti démocrate et qui le revendique. C’est un peu plus compliqué pour François Hollande qui a du mal à assumer son socialisme libéral…

    Toujours est-il que les deux hommes sont des pragmatiques qui veulent travailler sur du concret et sous les auspices du principe de réalité.

    Tous deux sont traités de dangereux gauchistes par la droite extrême et d’hommes de droite par la gauche extrême.

    Pour autant, Hollande n’est pas un centriste.

    Qu’est-ce qui distingue les deux hommes? Une grande volonté de consensus et la recherche systématique du compromis chez Obama qui n’existent pas ou peu chez Hollande.

    La loi sur l’assurance santé et la loi sur le mariage pou tous -- deux réformes emblématiques des présidences des deux hommes -- en sont deux bons exemples.

    Mais alors que François Hollande n’a cherché aucun consensus, ni compromis avec la Droite et le Centre, Barack Obama a tenté, en vain, d’élaborer une loi en concertation avec les républicains, ce qui d’ailleurs lui a été vivement reproché par l’aile gauche du Parti démocrate.

    De même, Barack Obama réitère depuis toujours sa volonté de travailler avec tout le monde sans aucune condition de ralliement. François Hollande, lui, veut bien travailler avec tous ceux qui se rallieront à lui…

    Ces différences notables, toutefois, ne doivent pas masquer les similitudes. Et quoi qu’on pense de François Hollande et du Parti socialiste, tout modéré, tout centriste, même s’ils ne sont pas d’accord avec le programme et l’action actuelle du gouvernement, doivent s’en féliciter.

    D’autant que, dans le même temps, une bonne partie de l’UMP, dont son président Jean-François Copé, développe une fascination dangereuse pour l’action des ultras du Parti républicain qui ont instauré une guerre idéologique dure, voire haineuse, aux Etats-Unis pour combattre le centrisme d’Obama.

    Car pour le Centre, le débat politique entre des visions différentes, voire opposées, doit toujours se tenir dans la dignité, le respect de l’autre et le refus de la démagogie et du populisme.

    La stratégie de la tension, de la division et de la diabolisation des partis démocratiques est un bien mauvais signal envoyé aux électeurs, notamment quand le pays compte des formations extrémistes qui n’attendent qu’une détérioration du climat politique pour avancer leurs pions.

    Enfin, reste une différence entre les présidents français et américain dont François Hollande se serait bien passé.

    Au bout de cinq ans de présidence, la cote de popularité d’Obama est à 53% tandis que celle du président français, au bout d’un an de pouvoir, est de 24%! Mais, comme le dirait Bill Clinton, «c’est l’économie, stupide!» (croissance autour de 3% aux Etats-Unis, récession autour de -0,2% en France) avec, sans doute, un peu de charisme en plus outre-Atlantique…

    Alexandre Vatimbella

     

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  • L’union des Etats-Unis d’Europe et d’Amérique, le moteur du XXI° siècle

    En 1849, au Congrès de la paix, Victor Hugo déclarait du haut de la tribune, «un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies».

    Et si cette vision du grand poète était leur avenir en ce XXI° siècle, presque deux cents ans après qu’il l’ait formulée?

    En tous cas, même si l’Union européenne n’est pas (encore?) les Etats-Unis d’Europe, c’est ce que pensent de plus en plus de responsables des deux rives de l’Atlantique dans une mondialisation où les valeurs et les modes de vie occidentales doivent être renforcées, à la fois, pour permettre à l’Europe et l’Amérique du Nord de continuer à être ce berceau de la démocratie républicaine mais également pour qu’elles continuent à être le phare qui inspire tous ceux qui rêvent de liberté, d’égalité et de fraternité dans le monde.

    Mais, et il s’agit d’un point crucial, c’est également ce que souhaite une majorité d’Européens et d’Américains comme le montre de récents sondages. Ainsi, 58% des Américains souhaitent une augmentation des échanges commerciaux entre l’Europe et les Etats-Unis selon le Pew Research center. De même, selon une étude du Marshall fund, 75% des Italiens, 65% des Britanniques, 58% des Français ou 57 % des Allemands croient en un approfondissement des liens commerciaux et d’investissements entre les deux rives de l’Atlantique, sentiment partagé par 63% des Américains. Et une majorité encore plus forte (82% en France et 76% aux Etats-Unis, par exemple), sont en faveur d’une harmonisation des règlements entre l’Europe et l’Amérique sur les biens et les services.

    En outre, cette union permettrait aux Etats-Unis de compter un partenaire solide et à l’Europe de se réinventer enfin dans cette relation bilatérale.

    Ce rapprochement pourrait donc prendre, comme l’a proposé Barack Obama, d’abord la forme d’une vaste zone de libre-échange représentant 5.000 milliards de dollars. Sa proposition de mettre en place une «association totale en matière commerciale et financière» entre les Etats-Unis et l’Europe est appuyée par les milieux des affaires et les entreprises dans tous les pays visés par celle-ci et a été accueillie avec un énorme intérêt par l’ensemble des gouvernements concernés même si les points de vue des deux côtés de l’Atlantique doivent être rapprochés pour dissiper les inquiétudes et les malentendus (notamment en matière de biens culturels ou de produits agricoles).

    Pour autant, les officiels de Bruxelles se sont saisis du dossier et veulent avancer le plus rapidement possible afin d’aboutir dans les deux ou trois ans à venir.

    Cette zone serait évidemment une puissante dynamique pour la croissance au moment où les pays occidentaux souffrent d’une croissance trop faible voire d’une croissance zéro quand ce n’est pas d’une récession qui touche désormais la France.

    Mais elle dépasserait évidemment le simple caractère économique et commercial en ayant une forte signification politique.

    Elle enverrait ainsi un signal fort au reste de la planète d’une communauté occidentale revitalisée autour de ses liens économiques et commerciaux mais aussi de ses liens culturels, de ses valeurs ou de sa vision du monde capable de protéger et de faire progresser son modèle de civilisation.

    Quand on sait que les grands pays émergents, notamment ceux d’Asie mais pas seulement eux, deviennent de plus en plus puissants, cette union Europe-Amérique est une nécessité pour les deux entités, même si les Etats-Unis regardent aussi et de plus en plus vers le Pacifique.

    Cependant, ce n’est pas dans cette zone devenue cruciale pour eux (et pour le monde) qu’ils trouveront des alliés avec autant de points communs que les Européens et ils le savent, la proposition d’Obama en étant une preuve, lui que l’on dit, pourtant, peu intéressé par le vieux continent.

    Reste à savoir si la volonté politique qui s’est faite jour grâce au président américain pourra éviter les nombreux écueils et chausse-trappes d’une pratique politicienne étriquée et d’un manque de courage des peuples concernés.

    Pour pouvoir compter au XXI° siècle, pour pouvoir être pris au sérieux par les Etats-Unis, les pays européens n’ont qu’un moyen s’unir. Et au moment où les Etats-Unis leur proposent une zone de libre-échange qui pourrait déboucher sur une communauté euro-américaine, les pays européens sont devant leurs responsabilités.

    «Il n’y a qu’une voie de salut et c’est l’Europe» déclarait l’Européen convaincu qu’était Jean-Lecanuet en 1965. Près de cinquante ans après, il faut peut-être dire que le salut est devenu maintenant, dans cette ère de mondialisation et de globalisation, une communauté euroaméricaine ou américanoeuropéenne, au choix.

    Alexandre Vatimbella