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politique - Page 54

  • François Bayrou peut-il devenir le premier ministre de Nicolas Sarkozy?

     

     

     

    Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment envie que François Bayrou soit son premier ministre? Au fond de lui-même, on peut en douter. Mais, nécessité faisant loi, il a absolument besoin de le prétendre pour s’accaparer les voix du Centre qui se porteront sur le leader du Mouvement démocrate au premier tour pour avoir une chance de l’emporter face à François Hollande.

     

    Et il doit faire la drague au candidat du Mouvement démocrate afin de tenter d’équilibrer son positionnement électoral face à des déclarations extrêmement clivantes et sensées lui apporter les voix du Front national qui ont rebuté nombre d’électeurs centristes.

     

    Ceux-ci, en effet, doutent encore fortement de leur appui le 6 mai prochain au président sortant, comme le montre les récents sondages.

     

    Néanmoins, admettons que Nicolas Sarkozy nomme François Bayrou après la présidentielle si, évidemment, il est réélu.

     

    Comment, après avoir porté des projets différents, les deux hommes pourront gouverner ensemble et sur quel programme?

     

    Commençons par le plus simple, le programme d’un gouvernement Bayrou sous présidence Sarkozy.

     

    Il est évident que les programmes électoraux des deux hommes se ressemblent peu ou prou pour nombre de mesures économiques ou sociales. Plus important, leurs philosophies sont assez proches sur les efforts à mener, la vision de la société et même sur des sujets comme l’autorité ou la responsabilité individuelle.

     

    On peut même penser que sur des sujets qui les opposent actuellement comme, par exemple, la dose de solidarité dont doit faire preuve la société envers les plus démunis, des compromis peuvent être trouvés.

     

    Il n’est donc pas aberrant d’affirmer qu’un centriste pourrait devenir le premier ministre d’un président de droite en s’appuyant sur les points de convergences programmatiques.

     

    Mais voici le plus compliqué, les relations entre les deux hommes ou, plus fondamental, la différence avec laquelle ils envisagent la manière de gouverner qui est parfois aussi importante que les mesures que l’on prend.

     

    Pendant quatre ans (un peu moins cette dernière année) les propos peu amènes et répétés de François Bayrou sur Nicolas Sarkozy ont démontré un vrai clivage dans ce domaine.

     

    Dès lors, comment François Bayrou pourrait accepter d’être le premier ministre d’un président bling-bling, au discours clivant, au comportement agressif et fonctionnant autour d’un clan, comme le prétend le leader du Mouvement démocrate?

     

    D’autant qu’il y la façon dont Sarkozy a envisagé pendant cinq ans la répartition des rôles avec son premier ministre, François Fillion, qu’il a qualifié de «collaborateur», se mettant constamment en avant et limitant son action.

     

    Bayrou pourra-t-il accepter de n’être qu’un premier ministre sans réel pouvoir et que tout se décide à l’Elysée?

     

    Et puis, se surajoute le problème Bayrou-UMP.

     

    Comment, en effet, le leader du Mouvement démocrate pourrait s’accommoder d’être sous la coupe de l’UMP (d’autant que le nombre de députés du Mouvement démocrate dans la prochaine Assemblée nationale sera peu important)?

     

    Comment, surtout, cette même UMP pourrait accepter de voir un centriste, qui plus est très critique sur le parti de droite depuis cinq ans et même depuis sa création, il y a dix ans, être le titulaire d’un poste si convoité?

     

    Ceux qui voient bien le tandem Sarkozy-Bayrou à la tête de l’Etat citent les exemples de couples improbables Georges Pompidou / Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing / Jacques Chirac ou François Mitterrand / Michel Rocard pour affirmer que des hommes en concurrence, voire en opposition, peuvent gouverner ensemble.

     

    C’est oublier que Pompidou et Chaban ainsi que Mitterrand et Rocard appartenaient au même parti. Et c’est oublier que Chirac avait soutenu Giscard dès le premier tour de la présidentielle. Rien de tout cela entre Sarkozy et Bayrou.

     

    Du coup, la nomination de François Bayrou comme Premier ministre par Nicolas Sarkozy apparait comme hautement improbable au jour d’aujourd’hui. Sauf que, en politique, l’impossible d’hier devient souvent le possible de demain!

     

    Et n’oublions pas qu’occuper la fonction de Premier ministre n’est évidemment pas rien dans la carrière d’un homme politique. En France, elle est juste en-dessous de celle de Président de la république.

     

    Etre à Matignon, pour quelqu’un qui veut peser sur le cours de l’Histoire de son pays est bien mieux que de demeurer isolé au siège de son petit parti, rue de l’Université en ruminant sur un score qui s’annonce très décevant le 22 avril!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Ne pas rater le rendez-vous de la refondation du Centre

     

     

     

    Selon toute vraisemblance, il n’y aura pas de président centriste à la tête de la France le 6 mai au soir. Et, selon toute vraisemblance, il n’y aura pas, non plus, une majorité centriste à l’Assemblée nationale, le 17 juin au soir.

     

    Il est donc temps, pour tous ceux qui défendent le Centrisme, de penser à ce que doit être l’avenir d’un Centre régénéré pour les cinq ans à venir.

     

    Indépendamment de qui va gouverner, le Centre doit absolument s’atteler à une (re)construction qui n’a pas pu avoir lieu ces cinq dernières années pour des problèmes de personnes et des ambitions personnelles qui ont bloqué tout processus politique dans ce sens.

     

    Cela passe par la création d’une structure qui réunisse d’une manière ou d’une autre les diverses tendances centristes.

     

    De même, il faut qu’émerge une nouvelle génération de dirigeants centristes, capables de tirer un trait sur un passé décevant et se projeter vers un futur en insufflant une dynamique indispensable pour séduire les Français.

     

    Et il faut que cela aboutisse à l’élaboration d’un vrai projet centriste de société, bien ancré dans notre XXI° siècle.

     

    L’important est de ne pas rater le rendez-vous qui s’annonce. Non pas pour les centristes, ni même pour un fétichisme du Centre. Mais pour la France.

     

    Lancer cet appel à la refondation du Centre, aujourd’hui, alors que deux élections sont en cours (présidentielle et législative) est une nécessité pour éviter la fuite en avant et une certaine irresponsabilité qui pourraient animer les responsables d’une situation qui était claire avant le début de la campagne électorale, claire pendant cette campagne et qui sera tout aussi claire après: les centristes ne sont pas crédibles aux yeux des Français pour gouverner le pays et ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, collectivement.

     

    A eux d’en tirer les conclusions car, oui, la France a toujours besoin d’une politique centriste du juste équilibre.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Pour gagner, le Centre doit être indépendant et ouvert à des alliances

     

     

     

    Sociologiquement parlant, les démocraties occidentales sont désormais centristes dans l’âme. Un phénomène du, entre autres, à l’élévation du niveau de vie général et au développement d’une importante classe moyenne. Les solutions extrêmes sont souvent rejetées par l’énorme majorité de la population. Ainsi, une majorité des électeurs se situent dans le spectre large de la modération, de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le Centre.

     

    Politiquement parlant, en revanche, on en est encore loin. Les joutes politiciennes sont toujours aussi exacerbées, les discours enflammés même si, ensuite, le gouvernement des pays se fait le plus souvent au centre de l’échiquier politique parce que c’est le seul lieu responsable pour agir.

     

    Dès lors, les partis du Centre qui ont vocation à occuper une position incontournable dans le gouvernement de ces pays avancés, doivent poursuivre deux buts. Loin d’être antimoniques, ils sont, au contraire, absolument complémentaires: affirmer la spécificité irréductible de la pensée centriste et nouer des alliances électorales et de gouvernement afin de participer au pouvoir lorsqu’ils ne sont pas majoritaires.

     

    C’est le cas particulier de la France.

     

    Si l’on voulait faire un clin d’œil à l’actualité du moment, les partis centristes français doivent agir, à la fois, comme François Bayrou et Hervé Morin, les deux anciens compères devenus ennemis irréductibles (ce qui ne veut pas dire grand-chose en politique où les séparations fracassantes ne sont que les préludes aux retrouvailles en grandes pompes)!

     

    Le splendide isolement centriste ou, à l’opposé, le ralliement systématique et sans conditions sont, tous deux, extrêmement dangereux pour les idées du Centre.

     

    Les cinq dernières années sont là pour le démontrer amplement. François Bayrou, dans son splendide isolement n’a pas fait progresser d’un iota la cause centriste. Et son probable échec lors du premier tour de la présidentielle sonnera sans doute le glas de ses ambitions et peut-être de sa carrière politique.

     

    Mais Hervé Morin et ses compères qui se sont ralliés sans condition après le premier tour de 2007 n’ont pas fait mieux pour le Centre. En témoigne la tentative désespérée et désespérante de ce dernier pour se présenter à la présidentielle. Mais la non-existence du Nouveau centre face à l’UMP pendant cinq ans ont abouti à ce que les Français, non seulement, ne comprenaient pas pourquoi son leader voulait se présenter contre Nicolas Sarkozy. Plus grave, ils ne le connaissaient même pas pour une grande partie d’entre eux et encore moins ses opinions politiques…

     

    Il faut dire que le Centre dispersé de 2007 - une partie, dont une majorité de militants, avec Bayrou et le futur Mouvement démocrate, une partie, dont la quasi-totalité des députés de feue l’UDF, ayant fait sécession pour s’allier avec l’UMP en créant le Nouveau centre, une partie, dont de nombreux centristes historiques, ayant intégré l’UMP depuis 2002 et une partie se trouvant au centre-gauche aux Radicaux de gauche ou même dans le PS (cette dernière préférant passer directement au ralliement avec Sarkozy sans passer par la case «Centre») - ne pouvait pas peser grand-chose pour imposer la prise en compte de ses vues et de ses valeurs. Les quelques miettes récoltées et fêtées comme des victoires éclatantes par les centristes de la majorité présidentielle ne peuvent cacher cette réalité.

     

    Ce qui est grave pour le Centre, c’est que cette configuration risque de perdurer. Déjà, pour la présidentielle, le Centre est désuni. Il y a peu de chances au jour d’aujourd’hui, pour qu’il soit réunifié pour les législatives (comment Bayrou, Morin et Borloo peuvent-ils s’entendre?).

     

    Ce n’est donc qu’après cet épisode électoral qui risque d’être une bérézina pour le Centre que les centristes se mettront peut-être autour d’une table pour discuter. Et l’on espère qu’ils le feront sérieusement et sans mettre en avant leurs égos surdimensionnés face à leurs réalités électorales.

     

    Demain, le Centrisme ne pourra devenir en France une pensée dominante que si les politiques qui prétendent s’en référer prennent ces fameuses responsabilités dont ils parlent à tout bout de champ… pour les autres!

     

    Cela passe par défendre leurs valeurs, non dans un splendide isolement, tout en trouvant des passerelles avec des partis proches de leurs idées afin de nouer des alliances, non des ralliements.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • L’Etat paradoxal du Centre aux Etats-Unis

    Le Centre aux Etats-Unis est pluriel comme il est dans la plupart des pays. Si l’on fait la liste des présidents que l’on peut considérer comme centriste, on trouvera, tout autant, des démocrates, comme Lyndon Johnson ou Bill Clinton, et des Républicains, comme Abraham Lincoln ou Theodore Roosevelt. De même, plusieurs partis se revendiquent du Centre, en dehors des franges centristes des partis républicains et démocrates. Citons, par exemple, le Modern Whig Party ou The Centrist Party.

    A l’approche des prochaines élections présidentielles et législatives, il est intéressant de noter que, pour certains, la présence centriste au pouvoir est menacée alors que pour d’autres Barack Obama, qui a de bonnes chances d’être réélu, est un pur produit centriste! De même, derrière une phraséologie et une posture de circonstance, le favori à la nomination républicaine pour la présidentielle de novembre, Mitt Romney, est considéré comme fondamentalement centriste.

    Reste que beaucoup de parlementaires étiquetés centristes ont été battus ces dernières années, que de nombreux ne parviennent pas à obtenir l’investiture de leurs partis respectifs, que les partis centristes revendiqués sont faibles (la plupart des centristes ayant un mandat électif font partie soit du Parti démocrate, soit du Parti républicain) et que de nombreux élus jettent l’éponge comme la sénatrice républicaine du Maine, Olympia Snow, qui a décidé de ne pas se représenter à la fin de l’année du fait d’un débat politique qui se radicalise (ce qui, soit dit en passant, amenuise les chances des républicains de s’emparer du Sénat).

    Quant à Barack Obama, il a été obligé, au moins dans certains discours et sur quelques mesures emblématiques, de donner des gages à l’aile gauche du Parti démocrate ce qui a fait dire à certains qu’il avait délaissé le Centre et sa volonté affirmée depuis son entrée à la Maison blanche de gouverner de manière bipartisane (il avait même voulu le faire de manière «postpartisane» qui consistait à trouver des majorités de circonstance pour chaque vote au-dessus des clivages politiques).

    Reste que, fondamentalement, la manière de gouverner et les mesures proposées par l’actuel président des Etats-Unis sont centristes, ce qui continue à faire enrager les «liberals» les plus à gauche de son propre parti.

    Néanmoins, devant le blocage politique qui s’est instauré à Washington suite à la volonté des républicains qui dominent la Chambre des représentants de bloquer le plus possible l’action d’un président qu’ils craignent tout autant qu’ils le détestent, des initiatives ont vu le jour afin de créer un troisième parti centriste (c’est-à-dire un parti qui compte puisqu’il existe déjà plusieurs formations qui se revendiquent comme telles) ou de proposer un «ticket» centriste pour la prochaine présidentielle.

    C’est le cas, par exemple, d’American Elects, une organisation qui, par le biais d’un site internet, veut faire choisir par la population, un candidat qui se positionnerait au centre de l’échiquier politique. Celui-ci, républicain ou démocrate, s’engageant à prendre comme colistier pour la vice-présidence, une personnalité qui serait de l’autre camp (ainsi, s’il est républicain, l’autre serait automatiquement démocrate et inversement).

    Les Américains sont sensibles par de telles initiatives même si elles ont peu de chance de succès tellement la bipolarisation de la vie politique américaine est forte. C’est d’ailleurs pourquoi la quasi-majorité des personnalités politiques crédibles aux yeux des électeurs et se positionnant au centre ou comme centristes se trouvent dans les deux grandes formations.

    Ce qu’il va falloir analyser dans les semaines et les mois à venir précédant l’élection présidentielle, c’est le positionnement des deux candidats qui se disputeront la victoire. Car aucun d’entre eux ne pourra gagner s’il ne parvient pas à séduire les «independents», ces électeurs qui affirment n’être ni démocrates, ni républicains. Nombre d’entre eux ne sont pas pour autant centristes mais beaucoup le sont. Et tous les présidents élus depuis des décennies ont du les convaincre pour pouvoir accéder à la Maison blanche.

    Pour l’instant, Barack Obama est celui qui a le plus de chance de pouvoir récupérer leurs voix. Mitt Romney qui a renié toutes ses positions de modéré afin d’être capable de remporter les primaires républicaines très à droite et de contrer ses adversaires dont certains, comme Rick Santorum, flirtent avec les positions d’extrême-droite quand ils n’en sont pas les principaux défenseurs, a perdu une grande part de sa crédibilité aux yeux de ces électeurs indépendants.

    Mais, comme le disent les analystes politiques américains, après la fin des primaires républicaines et la désignation du candidat, une autre phase électorale commencera. Non pas qu’elle partira de zéro mais elle concernera deux hommes face à la situation du pays et le choix se fera sur celui le plus capable de gouverner et de résoudre les problèmes actuels, notamment économiques.

    De même, Mitt Romney reviendra vers le centre de l’échiquier politique et même si ses multiples reniements l’handicaperont et ont choqué beaucoup de gens, ces derniers savent, quelque part, qu’il demeure un modéré sur de nombreux points. Cependant, son gros problème (qui n’est pas celui d’Obama) sera de garder le soutien des électeurs républicains les plus à droite tout en tentant de récupérer le vote de ceux qui se situent au centre. Un grand écart qui sera extrêmement difficile pour l’ancien gouverneur du Massachussetts.

    Une des grandes inconnues sera alors de savoir avec quel Congrès le vainqueur de la présidentielle devra gouverner. Que ce soit avec une majorité démocrate ou républicaine, il est probable que le nouveau président se trouvera face à des élus moins modérés qu’auparavant et moins enclins au fameux compromis qui a permis au gouvernement de fonctionner pendant des lustres sur le mode du consensus.

    De ce point de vue, il est paradoxal de voir que, dans toutes les enquêtes d’opinion, la majorité des Américains plébiscitent une vision bipartisane pour gouverner le pays alors que le personnel politique qu’ils vont élire en sera bien éloigné…

    Une des raisons de ce hiatus de plus en plus grand entre la volonté de la majorité de la population et de ses élus, vient du redécoupage politicien des circonscriptions électorales. Pour des européens cartésiens, il nous est souvent difficile de voir qu’une circonscription américaine peut être constitués par plusieurs morceaux de territoire qui ne se touchent même pas et dont la seule légitimité est de garantir à un parti de la garder pour lui quasiment éternellement (même s’il ne faut pas oublier que certains redécoupages avaient des buts plus nobles comme garantir la représentation des minorités).

    Malheureusement, cette pratique de plus en plus courante et appelée «gerrymandering» (charcutage électoral) mais aussi de plus en plus critiquée par les médias et la population, produira le même effet: un rejet du monde politique national, ce «Big Government» de Washington, plus préoccupé de ses prébendes que du bien-être des Américains qui est toujours au cœur des discours enflammés des candidats à la présidentielle qui affirment tous qu’ils sont les candidats «antisystème», même les sortants en quête de réelection!



    Alexandre Vatimbella



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  • La liberté et l’égalité respectueuses fondement de la démocratie républicaine du XXI° siècle

    La progression et la longévité des régimes démocratiques (ainsi que leur influence sur tous les régimes du monde) ont engendré une autonomisation progressive des individus due à l’approfondissement des comportements démocratiques - liberté (souvent plus sociétale que politique qui peut aboutir à une revendication de toujours plus de droits et, a contrario, à une participation politique et électorale en recul) et surtout égalité - issu de la pratique et du développement des droits individuels (droits de, droits à), c’est-à-dire des droits donnés à chaque personne pour son unique intérêt par un Etat devenu le recours en première et dernière intention de chaque individu pour faire respecter ses droits, pour demander une protection la plus étendue possible, pour se défausser de sa responsabilité, pour demander un bien-être toujours plus grand, pour se garantir de l’intrusion des autres dans sa sphère personnelle - qu’il souhaite étendre de plus en plus – et éviter qu’il soit spolié dans la sphère communautaire (pour que ces autres ne soient pas favorisés par rapport à lui et qu’il obtienne au moins autant que ce que ces autres ont obtenu).

    Ici, la demande de liberté devient une demande à être considéré comme unique et la demande d’égalité est, en réalité, une demande d’«égalité prioritaire» (moi d’abord parce que je suis au moins égal aux autres), donc d’une demande réelle d’inégalité, d’être considéré comme privilégié c’est-à-dire une demande à être servi en priorité, à être respecté sans acceptation de réciprocité que celle choisie, une démarche que certains rapprochent de celle d’un consommateur et non d’un citoyen.

    Car cette autonomisation grandissante fragilise également l’individu qui a souvent l’impression d’être abandonné et laissé seul pour prendre des décisions existentielles qu’il estime difficiles à endosser.

    C’est pourquoi elle induit cette demande de surprotection et de «surégalité» face aux risques en tout genre, à l’insécurité et à la précarité mais sans remettre en cause les aspects qui lui semblent positifs de cette autonomisation, c’est-à-dire ceux qui servent ses intérêts.

    Dans le même temps, la nouvelle ère de mondialisation (dont fait partie la globalisation économique) a diffusé partout les valeurs démocratiques (ainsi que les cultures, notamment les cultures démocratiques) renforçant cette autonomisation et les revendications égoïstes et égocentriques des individus (même dans les pays non-démocratiques), justifiées, entre autres, par un détournement du droit à la différence.

    Mais cet approfondissement et cette diffusion de la culture démocratique a été partielle parce qu’elle n’a pas pris en compte deux éléments indispensables à l’existence d’une vraie démocratie, le respect de l’autre ainsi que la responsabilité de l’individu (d’où, d’ailleurs, la montée de certaines idéologies extrémistes jouant sur le désarroi de la population devant une société de plus en plus déshumanisée).

    Or, sans ces deux éléments précités, la liberté acquise, l’égalité établie et la progression de l’autonomisation ne peuvent aboutir qu’à un individu égoïste, assisté, irresponsable et irrespectueux.

    Et cet individu, enfant de la liberté et de l’égalité, devient dès lors une menace pour celles-ci car ses comportements boulimiques de tout vouloir comme un dû sans rien devoir en retour (toute obligation de ce type étant vue comme une contrainte inacceptable) peuvent les engloutir, les détruire et les tuer.

    Dès lors, le salut et l’approfondissement de la démocratie passe par cet individu métissé culturellement et mondialisé médiatiquement, respectueux et responsable.

    La démocratie républicaine mondiale du XXI° siècle, nouvelle étape des révolutions démocratiques du XVIII° siècle et de la démocratisation des sociétés au XIX° et au XX° siècles, se bâtira sur la liberté et l’égalité respectueuses ou n’existera pas.

    Pire, les expériences démocratiques ne pourront pas survivre si les peuples libres ne prennent pas conscience que l’autonomisation individuelle n’est soutenable pour une communauté que si elle s’accompagne de la considération de l’autre, que si la liberté individuelle et l’égalité sont médiatisées par le respect de soi-même et de l’autre.

    Sinon, les régimes démocratiques imploseront tôt ou tard.

    C’est tout le challenge proposé par le Centrisme du Juste équilibre. C’est tout le défi, énorme, des centristes qui appellent de leurs vœux cette démocratie républicaine mondiale…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • De la patience d’être centriste

    Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.

    Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.

    Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.

    A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.

    Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.

    A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.

    Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.

    Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…

    Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.

    Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.

    Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.

    Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.

    Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.

    C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.

    Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.

    Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.

    C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.

    Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

    Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.

    Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.

    Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.

    Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…

    Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.

    Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.

    Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.

    Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…

    Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.

    Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.

    Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.

    Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Centrisme, responsabilité des citoyens et populisme

    On parle beaucoup ces derniers temps de la nécessaire responsabilité des hommes et des femmes politiques et avec raison. Ceux-ci, dans une démocratie républicaine, se doivent de prendre des décisions justes et courageuses, qui plus est dans l’époque difficile que nous vivons, sans tomber dans le populisme facile. C’est la vision du Centrisme. Mais cela ne dispense pas les citoyens de leurs propres responsabilités. C’est aussi la vision du Centrisme.

    Si les politiques nous ont amené où nous en sommes, c’est aussi parce que les citoyens le souhaitaient. Croire que le monde politique vit en vase totalement clos et qu’il prend des décisions sans prendre le pouls des desideratas des citoyens est une incongruité, voire une stupidité.

    Toutes les élections passées ont confirmé que le choix des citoyens était de continuer à bâtir une société de plus en plus opulente quel qu’en soit le coût économique, sociétal, financier et environnemental (seul l’aspect social, avec le risque d’une remise en cause des droits acquis, pouvaient représenter un frein à cette fuite en avant).

    Rejeter, dès lors, la seule faute sur les politiques, en se défaussant à peu de frais de notre responsabilité de citoyens, au moment où nous nous trouvons au pied du mur, serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle et de lâcheté. Ce serait une auto-validation de nos comportements irresponsables.

    Pire encore, serait pour ces mêmes citoyens, dans une démarche encore plus irresponsable, de laisser empirer les choses en se tournant vers des extrémistes qui promettent tout et n’importe quoi comme c’est le cas avec le Front national ou le Front de gauche en France, le Tea Party aux Etats-Unis, les nationalistes britanniques ou finlandais.

    Pourtant, c’est une tentation forte.

    Or, le vote dans une démocratie représentative, ce n’est pas qu’un droit civique, c’est aussi un devoir moral dans le sens où l’électeur se doit de voter avec discernement pour son bien mais aussi pour celui de la collectivité. Le mouvement d’humeur n’est pas de mise s’il consiste à voter de manière irresponsable pour des irresponsables, soi-disant pour donner un avertissement à la «classe politique» dont, par un tour de passe-passe assez extraordinaire, ne feraient pas partie les extrêmes.

    Certains rétorqueront que c’est le seul moyen de se faire entendre, parlant de système bloqué. Ils oublient que tous ceux qui veulent participer à la vie de la cité peuvent s’investir dans des partis politiques ou des associations, militer pour leurs idées et convaincre les autres de leur justesse.

    La démocratie représentative n’est pas un système passif comme le croient beaucoup de citoyens. Selon eux, on met un bulletin dans une urne et puis on s’en remet totalement à ceux que l’on a élus.

    Il n’est pas question de parler de «mandat impératif» (l’élu doit absolument obéir aux désidératas de ses électeurs) qui n’a aucun sens. Mais il s’agit de contrôler l’action des élus, de faire entendre sa voix quand des décisions sont prises, de participer à la vie démocratique, d’être des citoyens éclairés et agissant.

    De même, c’est aussi se tenir au courant, comprendre dans quel monde nous vivons, analyser ce qui est possible ou non.

    Prenons un exemple. Les délocalisations qui font couler tellement d’encre ces dernières années. Bien sûr que les entreprises ont délocalisé pour avoir des coûts de fonctionnement moins élevé. Mais les citoyens y trouvaient aussi leur compte, eux qui réclament toujours des prix plus bas et des salaires plus élevés.

    Or si le coût de la main d’œuvre augmente, les prix aussi, mécaniquement (sauf en cas d’amélioration de la productivité ou d’innovations technologiques qui font baisser les coûts de production). Pour un certain nombre de produits, ce n’est qu’en produisant dans des pays à la main d’œuvre bon marché que l’on peut proposer dans nos hypermarchés des prix défiants toute concurrence.

    Les citoyens doivent donc faire des choix et ne pas réclamer le beurre et l’argent du beurre puis de critiquer ceux qui, par démagogie, leur ont assuré qu’ils pouvaient le faire sans se remettre également eux-mêmes en question.

    Cet examen honnête éviterait sans doute le poujadisme et le populisme. Et permettrait de se pencher sérieusement sur les problèmes pour trouver de vraies solutions, surtout à la mettre en place même si elles sont douloureuses. Quitte, alors, à congédier les mauvais représentants du peuple pour en mettre d’autres plus responsables et non moins…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centre et la réforme permanente

    La nature humaine a besoin de certitudes, de permanences et d’un cadre protecteur. Tout, dans l’évolution des êtres humains et des sociétés qu’ils bâtissent va dans ce sens. Qu’on s’en félicite ou qu’on s’en lamente, l’Etat-providence du XX° siècle, remis en cause aujourd’hui pour sa prodigalité parfois excessive en est la preuve.

    Et qui pourrait en vouloir aux hommes et aux femmes de souhaiter, pour eux et leurs enfants, la sécurité qui peut se décliner de multiples façons?

    Cependant, la nature humaine a également une fâcheuse tendance, celle de croire que ce qui est, n’est plus à bâtir, mais, pire, est devenu une permanence et ce, malgré la réalité de la vie sur terre et de la fluctuation de la condition humaine dans ce grand mouvement qui nous fait tous ressembler à Sisyphe sur son rocher, recommençant sans fin cette lourde tâche de se battre contre les éléments pour bâtir une meilleure vie sans avoir jamais l’assurance de pouvoir se reposer.

    Pourtant, le développement de la science et de la technologie, la progression de l’hygiène et de la médecine, lors des deux siècles précédant notre millénaire, ont changé notre état d’esprit. Nous nous sommes pris à rêver d’une société de l’acquis définitif.

    Dès lors, aussitôt qu’une avancée se fait dans un domaine quelconque, non seulement nous estimons que celle-ci s’inclut immédiatement dans l’immuable mais qu’il n’est plus besoin que nous nous battions pour la préserver.

    Grossière erreur qui sera peut-être à l’origine de l’effondrement de nos civilisations, ce qui ne sera pas une première comme nous le rappelle les historiens.

    Or, il est impératif que nous luttions contre cette illusion et que l’être humain garde constamment la lucidité nécessaire sur sa condition qui est liée à la réalité changeante de l’existence et fasse en sorte de ne pas se trouver dépourvu quand les événements sont contraires ou quand les temps sont difficiles.

    Pour cela, une seule façon, toujours évoluer et être en phase pour ne pas se laisser déborder par des «surprises» qui n’en sont que pour celui qui demeure immobile, campé dans ses acquis.

    Et, comme nous le démontre chaque crise aiguë qui nous frappent, cette évolution ne peut pas se faire correctement en réagissant simplement au coup par coup, ni même en agissant par des remises en question sporadiques. On voit tous les dégâts que ces comportements causent actuellement.

    Il ne s’agit pas, non plus, de tout chambouler, en créant plus de chaos destructeur que d’ordre créateur avec une révolution, qu’elle soit temporaire ou permanente.

    Non, la seule vraie solution se trouve dans une adaptabilité constante de la société par la réforme permanente.

    Mais, attention, il ne s’agit pas de réformer tout, tout le temps en créant de l’instabilité et le changement pour le changement.

    La réforme permanente est d’abord un audit permanent de la société ainsi qu’une prospective à court, moyen et long terme. Bien sûr, cette dernière ne peut être exacte. Quant au premier, il ne faut évidemment pas tomber dans une vision statique des choses faisant en sorte de gonfler un problème conjoncturel en en faisant une question structurelle fondamentale.

    Réformer correctement n’est pas aisé et ce n’est rien de le dire!

    Ayant dit cela, la réforme n’est rien d’autre que le mouvement de la vie. Tout au long de notre existence, nous nous adaptons, quotidiennement, vaille que vaille, aux circonstances de notre quotidien en les aménageant au mieux de ce que nous pouvons. C’est ce que doivent également faire les peuples collectivement.

    Par exemple, nous adaptons nos dépenses à nos moyens financiers. Si nous avons moins, nous dépensons moins et inversement. Pourquoi n’en serait-il pas de même de la société?

    Mais en dépensant moins, souvent, nous dépensons mieux. Un exemple dont la société pourrait s’inspirer.

    Cependant, même en dépensant mieux, nous sommes obligés avec moins de couper dans certaines dépenses. Une nécessité que la société devrait faire sienne dans les mêmes circonstances.

    Cette réforme permanente devient de plus en plus nécessaire alors que la société mondiale se complexifie et doit faire face à des défis, à la fois, plus difficiles à résoudre et de nature planétaire. Ainsi, chaque société locale doit s’adapter à cette nouvelle donne et aucune d’entre elles ne peut prétendre s’abstraire de cette réalité au risque de s’effondrer ou même de disparaître.

    Regardons avec quelle irresponsabilité les Grecs, population et dirigeants dans le même sac, ont fermé les yeux pendant des années à des pratiques et des comportements qui ne pouvaient qu’à terme, crise ou pas crise, les conduire au bord du précipice. Si des réformes progressives et bien menées avaient été mises en place, la société grecque ne serait pas là où elle en est.

    Les peuples mais aussi leurs dirigeants doivent comprendre et accepter la réalité et non la repousser jusqu’à ce qu’elle les renvoie dans les cordes et, pour finir, les mettent KO.

    Le courage de la réforme ne concerne pas e peuple ou les dirigeants. Il concerne le peuple et les dirigeants. Les deuxièmes doivent expliquer les enjeux et les solutions aux premiers qui valident celles qu’ils pensent les plus appropriées après un débat démocratique le plus large possible afin que les deuxièmes, munis d’un mandat clair des premiers les mettent en place.

    Cela s’appelle la démocratie républicaine représentative… dont une des principales vertus est ce fameux courage politique, un ingrédient que l’on peine souvent à trouver dans le comportement de peuples et les décisions de leurs dirigeants.

    Quant le Centrisme se présente comme un réformisme, c’est de cela qu’il parle. Pas d’un «grand soir» chimérique et destructeur. Mais, pas non plus, d’acquis permanents, vision tout aussi chimérique que destructrice.

    Non, il parle de cette réforme indispensable et continue. Cette réforme permanente basée sur le plus large consensus de citoyens libres et responsables pour bâtir sur la réalité et le concret la meilleure société possible.

    Celui qui travaille la terre sait bien que s’il ne s’occupe pas sas cesse de celle-ci alors les mauvaises herbes reviendront et détruiront tout son labeur.

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centrisme en 2012. Année à élections, année centriste?

     

     

     

     

    Vingt-six pays connaîtront, cette année, des élections nationales qui toucheront 53% de la population mondiale, représentant la moitié du PIB mondial. Des présidentielles à Paris et à Washington en passant par des législatives et d’autres présidentielles dans de nombreux pays, notamment en Afrique et en Europe, 2012 sera-t-elle une année centriste?

     

    Poser la question semble déjà une certaine provocation. En France, le meilleur candidat centriste est pour l’instant à moins de 15% des intentions de vote au premier tour. Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama est en grande difficulté et sa réélection n’est en rien assurée. De même, le Centre a, certes, des potentialités dans beaucoup d’autres pays mais pourrait n’en réaliser aucune ou peu.

     

    Pourtant, la crise et les difficultés qui l’accompagnent, touchant toutes les populations de la planète, demandent des solutions sans doute nouvelles et innovantes mais surtout responsables et difficiles, donc nécessitant un consensus. De quoi donner un certain avantage aux représentants du Centre.

     

    C’est dans ce cadre et avec des scénarios différents que les centristes pourraient faire la différence. Voyons ce qu’il en est dans deux des élections principales de l’année.

     

    En France, François Bayrou, après une traversée du désert tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy et au vu du peu d’enthousiasme soulevé dans la population quant à sa volonté d’être à nouveau présent à la présidentielle, aurait du se cantonner à la dure réalité d’un petit candidat qui ferait une campagne courageuse mais qui aurait du mal à dépasser les 10% des intentions de vote.

     

    Mais, divine surprise pour le leader du Mouvement démocrate qui semblait même s’être fait une raison et vivre sur le souvenir de ses «18,55%» en 2007, les sondages ont frémi début décembre sous l’impulsion, à la fois et comme lors de la précédente campagne, de son entrée en lice officielle, du manque de charisme de ses adversaires et en particulier des candidats des deux grands partis et de médias très complaisants.

     

    Ce dernier phénomène que nous avions déjà analysé il y a cinq ans s’explique, à la fois, par la volonté de ceux-ci de donner du piment à une élection qu’ils ne veulent pas voir se résumer à un combat à deux et parce que les médias de gauche espèrent qu’il parasitera la Droite avant d’appeler à voter pour François Hollande au second tour et inversement pour la Droite avec, in fine, une prise de position en faveur de Nicolas Sarkozy…

     

    Un quatrième élément, la crise économique et le désarroi d’une partie des Français qui en résulte, ouvre le jeu à des candidats «recours» comme François Bayrou ou Marine Le Pen (et à un degré moindre, Jean-Luc Mélenchon).

     

    Cependant, les chances de François Bayrou, en ce début d’année 2012 demeurent encore largement hypothétiques. Il est toujours en quatrième position dans les sondages, loin derrière les deux qui font la course en tête. De même, il va devoir confronter son projet qui n’est pas encore publié à la critique des autres et surtout défendre des positions qui font déjà débat chez les centristes eux-mêmes, dans lesquelles certains y voient plus de populisme que de libéralisme, plus du nationalisme que de l’européanisme traditionnel de la famille du Centre et, surtout, de la démocratie-chrétienne dont est issu le président du Mouvement démocrate.

     

    C’est le cas d’Hervé Morin qui, s’il continue à être candidat dans les prochaines semaines, pourrait être, malgré ses 1% dans les sondages, une épine dans le pied de François Bayrou en défendant, comme il fait actuellement, des positions souvent plus centristes que celles du leader du Mouvement démocrate.

     

    Sans oublier que des tensions sont récemment apparues dans l’équipe de campagne de ce dernier, composée de personnalités venues de bords et de cultures politiques totalement différents. On l’a vu cette semaine en ce qui concerne la TVA sociale où Jean Arthuis a durement critiqué l’hostilité de François Bayrou à cette mesure.

     

    Et puis se posera l’éternelle question de l’«électabilité», pour utiliser un terme franglais, de François Bayrou (la propension que les électeurs ont de penser qu’il a des chances réelles de devenir président). Car les sondages montrent encore que les Français ne le voient pas à l’Elysée et les questions, s’il devient président, de savoir avec qui il va gouverner et comment il se débrouillera avec un parti sans élus et faiblement structuré, seront de plus en plus prégnantes s’il continue à monter dans les sondages et au fur et à mesure que l’élection approchera.

     

    Aux Etats-Unis, Barack Obama qui ne suscite plus l’engouement de 2007-2008, pourrait toutefois tirer son épingle du jeu face à un candidat républicain qui, même s’il est modéré au fond de lui-même comme Mitt Romney (le favori actuel dans les primaires), demeurera, quoiqu’il arrive, l’otage des extrémistes de la droite conservatrice à qui il devra donner des gages afin qu’ils votent pour lui.

     

    D’autant, qu’en ce début d’année, la situation économique semble s’améliorer sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un mouvement de fond ou seulement d’une embellie passagère. Le chômage est ainsi tombé à son plus bas depuis quatre ans, à 8,5% de la population active, et les entreprises américaines ont créé 200.000 emplois en décembre.

     

    Néanmoins, la situation du président sortant demeure fragile. D’une part, parce que les difficultés économiques vont encore toucher, quoiqu’il arrive, la population. D’autre part, parce que toute rechute dans ce domaine boostera le candidat républicain qui lui sera opposé en novembre prochain.

     

    En outre, le filet de sécurité de Barack Obama est très effiloché avec des sondages qui sont, certes, meilleurs qu’il y a quelques semaines mais qui demeurent beaucoup moins favorables, en termes d’opinions positives et d’approbations de son action, que ceux de la plupart des présidents qui l’ont précédé et qui se présentaient à leur propre succession, surtout, les sondages de ceux qui ont été réélus...

     

    Bien sûr, il est faux d’affirmer que le seul atout majeur d’Obama est la faiblesse (même si celle-ci est véritable) du panel de candidats républicains qui veulent se présenter face à lui. Pour autant, cela, évidemment, le servira grandement. Reste qu’il peut aussi présenter un bilan dont il n’a pas à rougir.

     

    Enfin, son centrisme qui a été la cible d’attaques très dures voire haineuses au cours des trois dernières années de la part la Gauche et la Droite sera, sans doute, un précieux avantage au moment où les Américains rejettent de plus en plus les outrances des extrémistes (le Mouvement du Tea Party est en forte chute dans les sondages) et où le vote des «independents» - ces électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun des deux grands partis et qui se définissent le plus souvent comme des modérés -, sera la clé de l’élection.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • L’année du Centrisme dans le monde. 2011, année difficile pour Obama pendant que le printemps arabe faisait éclore de nombreux partis centristes… pas toujours centristes!

     

     


     

    Un courant centriste existe dans tous les pays du monde. Il n’est évidemment pas uniforme. Le corpus des valeurs et des références peut varier d’un pays à l’autre. Mais ce qui fait l’unité de ce courant, où qu’il soit implanté, c’est sa vision humaniste de la société, le consensus qu’il recherche et la liberté dans l’égalité qu’il entend promouvoir.

     

    Il serait donc inexact de vouloir relativiser le Centrisme mondial uniquement par rapport aux différences culturelles qui existent dans chaque pays ou dans des groupes de pays, comme c’est aujourd’hui la mode dans les sciences sociales,

     

    Bizarrement, les tenants et les défenseurs de cette thèse relativiste du culturalisme, sont les mêmes qui prétendent exécrer le colonialisme qui l’utilisa pour démontrer sa légitimité.

     

    Affirmant que les fameuses «différences culturelles» sont toujours légitimes (alors que ce sont souvent des créations superficielles de dictatures ou de régimes autoritaires qui les mettent en avant pour refuser la liberté à leur peuple comme en Chine), ils expliquent que la démocratie républicaine prônée par le Centre et le Centrisme «occidental» n’est pas exportable en dehors de sa sphère géographique, sauf à imposer un soi-disant néocolonialisme de la pensée au monde…

     

    Pourtant, à chaque fois que la révolte et la révolution ont germé cette année, c’est bien cette «démocratie occidentale» qui était demandée par des peuples qui sont privés de liberté depuis si longtemps.

     

    C’est ce qui s’est passé, par exemple, pour le Printemps arabe.

     

    Il est vrai, toutefois, qu’une des difficultés à parler du Centre et du Centrisme dans les pays arabes vient de ce qu’il y a deux centrismes. Ou, plutôt, qu’il y a une utilisation fallacieuse du mot «centrisme» par un courant qui ne l’est pas.

     

    Le premier courant centriste est laïc et il ressemble à celui qui a cours dans le reste du monde. L’autre est porté par certains partis islamiques dits «modérés» qui prône un entre-deux entre un régime laïc et un régime religieux afin de ne pas trop effaroucher une partie de la population et de l’opinion mondiale. Autrement dit, il ne s’agit en rien de Centrisme.

     

    Beaucoup ont été dupés par ce discours qui justifiait, selon eux, cette, soi-disant, fameuse «modération»  de partis comme les Frères musulmans!

     

    aux Etats-Unis

     

    Le Centrisme a connu une année agitée aux Etats-Unis. Vilipendé par les courants extrémistes, en particulier celui d’extrême-droite et populiste du Tea Party, qui hait par-dessus tout les «modérés» dans le Parti républicain (mais aussi par le courant le plus «libéral» du Parti démocrate qui les dénonce dans son propre camp et qui a abouti au mouvement Occupy Wall Street), il a eu pourtant les honneurs tout au long de l’année.

     

    D’abord, parce que la radicalisation des républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, a fait voler en éclats ce qui restait d’un certain consensus à l’américaine où l’on arrive toujours, au dernier moment à se mettre d’accord sur une ligne médiane où chacun a fait les concessions nécessaires pour parvenir à un compromis.

     

    Or, en 2011, les élus les plus à droite ont constamment refusé de lâcher du lest sauf sous la pression de leur électorat ou des sondages, et encore. D’où une volonté de trouver une solution centriste à la crise politique.

     

    Ensuite, parce qu’un débat, initié là aussi par les républicains les plus à droite (et qui n’est que la continuation d’autres attaques du même genre les années précédentes), s’est instauré sur le centrisme de Barack Obama (qui est pourtant de plus en plus évident, ce qui d’ailleurs lui est reproché par certains qui estiment qu’il recherche trop le consensus).

     

    Par des manœuvres pourtant très grossières, c’est-à-dire en défendant des thèses extrémistes et ensuite en accusant le président des Etats-Unis de ne pas faire le grand pas qu’ils lui demandaient dans leur direction (c’est-à-dire très à droite), les républicains proches de l’extrême-droite ont réussi à faire vivre ce débat repris par certains commentateurs peu inspiré sur ce coup comme deux des éditorialistes-vedettes du New York Times, Thomas Friedman (démocrate) et David Brooks (républicain) qui se présentent comme modérés.

     

    Enfin, parce que le blocage de Washington a remis au goût du jour le «troisième homme» (assez récurrent dans les élections américaines) pour la prochaine présidentielle, en novembre 2008, qui serait le candidat centriste idéal capable de réunir les Américains et de refonder un lien social mis à mal par les extrémistes de tous bords.

     

    Une organisation baptisée «no labels» («pas d’étiquettes») a ainsi vu le jour, regroupant des démocrates et des républicains modérés qui souhaitent promouvoir une candidature indépendante des deux grands partis. Une autre initiative, veut faire désigner un candidat modéré par un vote sur internet, candidat qui ensuite se lancerait dans la bataille présidentielle.

     

    De même, les partis centristes (on oublie qu’il existe plusieurs partis centristes aux Etats-Unis, comme le Centrist Party, le Modern Whig Party ou l’American Centrist Party, même s’ils sont peu puissants et que nombre de centristes préfèrent militer dans les deux grands partis, démocrate et républicain), sont montés au créneau pour réclamer une candidature centriste.

     

    En Grande Bretagne

     

    Les Libéraux démocrates («Lib Dem»)de Nick Clegg, vice-premier ministre du gouvernement de David Cameron, ont vécu une année très mouvementée et très difficile. Avec la crise économique et la rigueur, ils ont poursuivi leur descente aux enfers dans les sondages qui avait déjà débuté en 2010. Car leur électorat, plutôt de centre-gauche, ne leur pardonne pas les mesures d’austérité prises et leur allégeance aux conservateurs.

     

    Incapables de reprendre la main, noyés entre les travaillistes et les conservateurs, les Libéraux démocrates n’ont pu imposer une image d’un parti fort et capable, à terme, d’être une alternative crédible aux deux mastodontes qui se partagent le pouvoir depuis des décennies.

     

    Même le débat sur l’Union européenne lancé par le refus de David Cameron de faire partie d’une union plus resserrée n’a pas permis aux Libéraux démocrates, qui sont très pro-européens, de faire entendre leur différence. En tout cas, pour l’instant.

     

    Si une élection avait lieu aujourd’hui, les enquêtes d’opinion promettent une débâcle aux amis de Nick Clegg qui attendent des jours meilleurs.

     

    Dans les pays arabes

     

    Le Printemps arabe a fait fleurir de très nombreux partis centristes, que ce soit en Tunisie, en Egypte ou au Maroc. De même, au Liban, s’est instauré un débat sur le centrisme revendiqué d’un certain nombre de leaders politiques.

     

    Nous avons vu, plus haut, que le terme de «centrisme» a été détourné par les partis islamistes pour se donner une certaine respectabilité de la modération en expliquant que leur «centrisme» se trouvait à équidistance de la laïcité et de la religion…

     

    Mais, dans le même temps, de très nombreux partis laïcs et répondant aux critères du Centrisme ont été mis sur pied. Ils sont, à la fois, trop nombreux (pas moins de trente-trois en Tunisie!) et pas assez puissants pour prétendre au jour d’aujourd’hui, gagner seuls une élection.

     

    Des regroupements ont déjà eu lieu dans des «alliances centristes» comme au Maroc) et il faudra voir, dans les mois et les années qui viennent comment ils vont se positionner et s’ils auront la capacité à s’imposer comme des partis puissants dans un environnement délicat où l’on ne sait pas encore si la libéralisation des régimes issus de ce Printemps arabe débouchera sur une vraie démocratie ou si cette fenêtre de liberté sera récupérée par les réactionnaires laïcs ou religieux.

     

    Dans le reste du monde

     

    En 2011, plusieurs autres faits saillants ont marqué la galaxie centriste.

     

    - Dans les pays africains, la création de partis centristes a continué sans pour autant que ceux-ci parviennent à occuper le pouvoir sauf dans des coalitions où ils sont généralement minoritaires. Mais il semble que de plus en plus de personnes sur le continent noir pensent que le salut démocratique passe par des partis situés au centre de l’échiquier politique.

     

    - En Suisse, les élections législatives ont vu une poussé centriste en même temps qu’une poussée des socialistes.

     

    - En Belgique, les centristes wallons de CdH se sont réorganisés et participent au gouvernement d’union nationale du socialiste wallon, Elio di Rupo.

     

    - En Irlande, le parti de centre-droit au pouvoir, Fianna Fail, a été remplacé par le parti de… centre-droit dans l’opposition, le Fine Gail allié au Travaillistes. Et pour couronner le tout, le Fine Gail est plus à droite que le Fianna Fail et a pourtant noué une alliance avec la gauche! Cette recomposition politique est due en grande partie à la faillite du pays qui l’a plongé dans une forte récession.

     

    - En Espagne, un embryon de parti centriste a remporté cinq sièges aux élections législatives dans un pays où le Centre était jusque là totalement phagocyté par les deux grands partis de gauche et de droite (même s’il existe depuis longtemps un parti centriste catalan).

     

    - En Pologne, le premier ministre centriste Donald Tusk a remporté les législatives et s’est succédé à lui-même.

     

    - En Bulgarie, le candidat du Centre. Rosen Plevneliev, a remporté l'élection présidentielle avec 52,5% des suffrages.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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