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centrisme - Page 34

  • Le Centrisme en France en 2014. Elections à hauts risques et grands espoirs

    En 2014, on pourrait assister à la résurrection tant attendue d’un Centre politique fort et porteur d’avenir.

    Néanmoins il est fort possible également que l’on assiste, après une refondation à la va-vite, à sa décomposition, non pas finale mais rejetant les centristes dans les affres de groupuscules ennemis pour quelques années.

    C’est peu dire que l’année qui vient est importante pour les centristes.

    Entre les élections municipales et européennes, la rédaction d’un projet politique crédible et l’union entre centristes indépendants et ceux en-dehors de l’Alternative (essentiellement à l’UMP mais pas seulement), sans oublier la nécessité pour Borloo et Bayrou de s’entendre tout en essayant d’acquérir une image dynamique et responsable, il y a du pain sur la planche.

    - Les défis électoraux du Centre

    A l’heure où l’on écrit, il est difficile de savoir où en seront les listes centristes aux municipales et aux européennes dans les semaines à venir. C’est dire si les défis électoraux du Centre ne sont pas gagnés, loin de là.

    Pour les municipales, le flou règne dans de nombreuses villes où les situations sont aussi disparates que les centristes qui s’unissent ou s’affrontent.

    Ainsi, toutes les combinaisons sont sur la table ce qui en dit long sur l’incapacité des centristes à trouver un terrain d’entente et sur l’image opportuniste qu’ils sont malheureusement en train de donner aux électeurs.

    Dans certaines villes, le Mouvement démocrate sera l’allié du Parti socialiste alors que l’UDI sera celui de l’UMP. Dans d’autres, des listes autonomes de l’Alternative (MoDem + UDI) seront présentes contre l’allié «naturel» UMP. Dans d’autres encore, il y aura listes communes entre cet allié naturel et l’Alternative dès le premier tour. Sans oublier des alliances, certes isolées, entre UDI et PS.

    Sans parler évidemment de l’imbroglio parisien…

    Du coup, la grande clarification des alliances centristes qui était, pour Jean-Louis Borloo, la condition sine qua non du rapprochement entre le Mouvement démocrate et l’UDI n’aura pas lieu à l’occasion des municipales.

    Sera-ce le cas lors des élections au Parlement européen?

    Selon les discours des responsables centristes, la réponse semble positive. Semble parce qu’il demeure deux inconnues.

    La première est les intentions de vote en faveur de listes centristes autonomes. Si celles-ci sont très basses, les leaders de l’Alternative peuvent être tentés de faire alliance avec l’UMP pour éviter un comptage qui serait une gifle électorale.

    D’autant que la deuxième inconnue viendra de l’intensité de la pression «amicale» que mettra l’UMP à l’établissement de listes communes afin d’éviter que le Front national ne soit pas la formation qui remporte les élections (ou qui soit, en tout cas, devant une liste UMP autonome).

    On a vu, par le passé, que Jean-Louis Borloo avait du mal à résister aux demandes pressantes de ses «amis» de l’UMP.

    Dès lors, on ne peut être sûr de rien sauf d’affirmer que si l’Alternative ne se présente pas seule aux européennes, on se demande comment elle justifiera son existence aux yeux des électeurs et comment les centristes seront capables de surmonter ce nouvel échec de vivre de manière autonome et indépendante.

    - Les défis programmatiques du Centre

    La mise en place de l’Alternative s’est faite dans la précipitation des futurs scrutins et de la nécessité d’exister afin de ne pas sombrer dans l’anonymat et la division.

    Du coup, on s’est contenté de dire que l’on était d’accord sur la critique du gouvernement en place (ce qui n’était pas très difficile au vu de l’absence de réels résultats) et sur l’alliance «naturelle» avec l’UMP (ce qui n’était pas, non plus, très difficile, vu que François Bayrou avait reçu une fin de non-recevoir de la part de François Hollande et des socialistes).

    Mais, bien entendu, cela ne suffira pas à faire vivre l’Alternative de manière plus qu’éphémère sauf s’il y a un accord programmatique, un projet politique commun.

    Paradoxalement, cet accord, ce projet, semblent moins difficile à réaliser que de rapprocher les personnalités.

    Pour autant, il ne faudra pas minimiser les différences qui sont autant économiques et sociales (le MoDem étant largement plus keynésien que l’UDI) que sociétales (le MoDem étant plus libéral en la matière que l’UDI).

    - Les défis refondateurs du Centre

    L’Alternative ne devrait être qu’un premier pas dans une refondation plus globale du Centre où il faudra faire les yeux doux aux centristes encore «égarés» à l’UMP ou à gauche, en particulier aux Radicaux de gauche. Sans oublier quelques électrons libres qui se baladent au grès des opportunités sur l’échiquier politique comme Corinne Lepage.

    Si l’on peut penser qu’il y aura quelques ralliements à l’Alternative, notamment si les résultats électoraux sont bons, il ne devrait pas y avoir de raz-de-marée en la matière en 2014.

    Mais la capacité de l’Alternative d’attirer les centristes encore sceptiques prouvera, à la fois, le bien fondé de la démarche et son succès.

    Reste que c’est sans doute dans la capacité à demeurer une «organisation coopérative» efficace que se trouve le vrai défi de l’Alternative.

    Car rien n’est vraiment joué pour l’instant et l’on peut imaginer que des mauvais scores aux prochaines élections affaibliront la nouvelle structure politique.

    De même, un succès pourrait également la fragiliser, chacun des protagonistes voulant sûrement à cette occasion tenter une OPA en sa faveur.

    Et puis, il y a les déçus et les perdants de cette réunion comme Jean-Christophe Fromantin (déçu) et Hervé Morin (perdant). Que vont-ils faire?

    Leur but est d’affaiblir l’Alternative ou le duo Bayrou-Borloo pour se faire une place au soleil.

    Si l’on peut penser que Fromantin à des chances de quitter l’Alternative et l’UDI, on serait tenté de prédire que Morin devra encore ronger son frein cette année en essayant d’exister politiquement, ce qui devient de plus en plus difficile pour lui.

    Bien entendu, le défi le plus difficile à relever sera la bonne entente entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou, deux personnalités différentes, avec des visions différentes de la politique, des ambitions politiques différentes et partageant une «amitié» pour le moins versatile.

    Jean-Louis Borloo doit encore démontrer qu’il est un chef légitime du Centre et qu’il a envie de vraiment créer un espace centriste indépendant. Sans oublier qu’il doit prouver son courage politique et sa capacité à aller au combat.

    Sans doute que son ambition est plus de devenir un premier ministre qu’un président de la république. Mais il doit faire avec les institutions de la V° République qui font du chef d’un parti, le candidat naturel de ce dernier à la présidentielle.

    S’il ne relève pas ce défi, il pourrait être mangé tout cru par François Bayrou.

    Car le président du Mouvement démocrate va jouer sa dernière carte pour demeurer dans la course à l’Elysée, la seule qui importe pour lui malgré ses dénégations.

    L’accord avec l’UDI était, pour lui, une question de vie ou de mort politique.

    Reste qu’il va devoir convaincre ses nouveaux anciens amis de lui faire confiance, ce qui n’est pas gagné au vu des réactions officielles et officieuses de nombre d’entre eux.

    Néanmoins, il a un temps d’avance sur Jean-Louis Borloo pour se parer du titre de leader naturel du Centre et être, de ce fait, le candidat naturel de celui-ci à la présidentielle.

    Cependant et même si les deux hommes obtiennent de très bons résultats dans les baromètres de bonnes opinions des médias, peu de Français ne leur concède les qualités nécessaires pour diriger le pays.

    Il leur faudra donc convaincre pour avoir une chance en 2017.

    A moins que d’ici là un troisième larron ne fasse son apparition. Et il ne s’agit pas seulement d’une figure de style, tant les centristes ont la capacité de se jeter dans les bras d’un sauveur (le cas de l’UDI avec Borloo en est une preuve récente), eux qui pourtant affirment détester les hommes providentiels…

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Bill de Blasio doit préserver l’héritage centriste de Bloomberg à New York

    Comme prévu, le démocrate Bill de Blasio a prêté serment ce 1er janvier 2014 pour devenir le 109° maire de New York.

    Elu lors du scrutin de novembre dans un fauteuil, il occupe désormais celui laissé vacant par Michael Bloomberg, le premier magistrat de la cité pendant douze ans et centriste.

    Imaginez que sa victoire a été la plus large remportée par un candidat qui n’était pas le maire sortant (73% contre 24% à son adversaire républicain Joe Lhota). Il a même remporté certains districts avec 100% des voix!

    Donc New York s’est réveillée, non pas démocrate ce qu’elle a toujours été et encore plus depuis que le Parti républicain n’incarne plus que la droite de l’échiquier politique, mais avec un maire démocrate ce qui, paradoxe des paradoxes pour une des villes les plus démocrates des Etats-Unis, ne s’était plus produit depuis 1989!

    D’autant que que Bill de Blasio s’est décrit comme un «liberal» (gauche du Parti démocrate) pendant toute la campagne et a rappelé son engagement fort pour réduire les inégalités à New York lors de son discours d’investiture.

    D’ailleurs les médias le présentent comme un démocrate de gauche même s’il est un ancien de l’administration de Bill Clinton et qu’il fut le directeur de campagne d’Hillary Clinton lorsque celle-ci fut élue sénatrice de New York au Congrès en 2000.

    Il est un peut trop tôt pour savoir s’il sera un maire «socialiste» ou s’il mettra de l’eau dans son vin, devant le patchwork qu’est cette ville, le véritable melting-pot américain, mais on peut déjà affirmer qu’il devra préserver une grande partie de l’héritage centriste de Michael Bloomberg.

    Un héritage controversé par certains démocrates qui n’ont pas manqué de le critiquer le 1er janvier dans leurs interventions mais qui a été globalement positif selon les analystes les plus sérieux ainsi que l’affirme un éditorial du New York Times.

    Celui-ci explique «qu’en tout état de cause, quoi qu’il en soit, New York est en meilleur forme que lorsqu’il est devenu maire. Alors que le citoyen Bloomberg retourne à sa vie privée et s’occupera de diverses causes comme celles du contrôle des armes à feu, de la réforme de l’immigration, du changement climatique et des villes plus saines, nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance».

    Et de rappeler qu’il avait promis de reconstruire et revitaliser New York et de faire en sorte qu’elle demeure la «capitale du monde libre».

    Au moment où il quitte son poste, pour le quotidien, «dans de nombreux domaines, il a tenu sa promesse. New York est de nouveau une cité prospère et attrayante où, M. Bloomberg s’en vante, plus de gens s’y établissent qu’ils ne la quittent. Plus de 54 millions de touristes, le record, ont en foulé les rues en 2013. Le taux de criminalité est bas, le système de transports est plus efficace, l’environnement meilleur. Il laisse un budget en excédent de 2,4 milliards de dollars».

    Sans oublier, qu’au cours de son mandat, Michael Bloomberg, homme le plus riche de New York (et maire sans salaire puisqu’il n’a accepté qu’un dollar par an de d’indemnisation pour accomplir sa tâche), a permis à l’activité économique et financière de repartir après les attentats du 11 septembre 2001 et a fait de sa ville un laboratoire en matière d’environnement (avec la création de pistes cyclables et de vélos en location, entre autres) et de santé (interdiction de fumer dans les lieux publics autre que la rue et bannissement de certaine graisses dans les aliments, entre autres).

    Au passif de son action, il y a, bien sûr, le creusement des inégalités à New York (mais qui est un phénomène national dont Barack Obama a promis de s’occuper dans les trois dernières années de sa présidence), son attention toute particulière à Manhattan et Brooklyn au détriment des trois autres «boroughs», le Queens, Staten Island et le Bronx ainsi que son bilan mitigé (certains parlent de succès, d’autres d’échec) dans sa réforme du système scolaire de la ville.

    Ce sont d’ailleurs les trois priorités de Bill de Blasio (les inégalités, l’aménagement des boroughs plus pauvres et le système éducatif) qui s’est voulu, durant la campagne, un contre-Bloomberg, en particulier sur la pratique du «stop and frisk» de la police newyorkaise, la fameuse NYPD, qui permet d’arrêter toute personne que l’on suspecte de détenir une arme à feu et qui a été largement utilisée pour contrôler les minorités ethniques (même si certains représentants de ces minorités se sont déclarées en faveur de cette pratique, remarquant que la délinquance était plus élevée dans ces groupes ethniques et devaient être donc plus surveillés).

    Pour autant, Bill de Blasio ne pourra ignorer les résultats de Michael Bloomberg et devra même les consolider s’il veut être un maire efficace et apprécier des newyorkais, capable d’être réélu pour un second mandat.

    Dans cette optique, sa décision de nommer comme chef de la police («police commissioner») William J Bratton, le père de la politique «zéro tolérance» en 1994, une véritable révolution qui a permis à la délinquance de baisser dans des proportions gigantesques sous l’ère de son successeur, Raymond W Kelly, faisant de New York une des villes les plus sûres du pays, va dans le bon sens et est une excellente nouvelle.

    Laboratoire mondial des nouvelles pratiques, New York est une ville totalement métissée ce qui en fait la première ville globale du XXI° siècle. Tout ce qui s’y passe intéresse le reste de la planète.

    Et Michael Bloomberg a montré que l’on pouvait très bien la gouverner avec une vision de juste équilibre. Souhaitons que Bill de Blasio s’en inspire largement.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • L’année du Centrisme dans le monde. 2013, les centristes à la peine

    - Les Etats-Unis cherchent leurs centres

    Les mots centre, centriste, centrisme n’ont jamais été autant utilisés que cette année aux Etats-Unis face à des médias qui ont attaqué durement Barack Obama et face à la paralysie politique qui a touché une nouvelle fois le pays due en grande partie à l’attitude intransigeante de la droite du Parti républicain.

    Pourtant, paradoxalement, on semble trouver de moins en moins de personnalités politiques qui se réclament du Centre.

    Même Barack Obama, devant l’attitude extrémiste de la plupart des républicains (qui ont mis de l’eau dans leur vin, pour certains d’entre eux, en toute fin d’année) a «durci» son discours et parle plus de réduire les inégalités criantes du pays que de consensus et de gouvernement bipartisan.

    Cela dit, à l’inverse de ce que prétendent les médias conservateurs et les stars de droite des talk-shows, il n’a pas modifié profondément ni son positionnement politique, ni sa vision de la politique.

    Pragmatiquement, il a conclu qu’il se trouvait juste face à un mur du refus qu’il a essayé d’abord d’amadouer sans résultats, puis de contourner sans grandes réussites non plus et qu’il a décidé, désormais, d’affronter de face et d’essayer de le détruire, tout au moins de l’affaiblir au maximum.

    Ajoutons que si la grande majorité des centristes se trouvent désormais au sein du Parti démocrate, il semble qu’un renouveau centriste, très timide pour l’instant, se dessine chez les républicains dont beaucoup de membres éminents ont enfin compris que la droitisation du pays les menait dans une impasse et une incapacité pour longtemps de remporter l’élection présidentielles.

    On parle beaucoup de l’un d’entre eux, Chris Christie, le gouverneur républicain d’un Etat, le New Jersey, viscéralement démocrate qui vient d’être réélu triomphalement à son poste et qui serait une sorte de leader de ce renouveau ainsi que la chance la plus grande pour le Parti républicain de remporter la Maison blanche face au candidat démocrate qui devrait être, selon toutes probabilités, une candidate en la personne d’Hillary Clinton.

    Reste que du temps glorieux des centristes républicains de la côte est, dans les années 1950 à 1970, Christie aurait été plutôt catalogué comme un homme bien à droite.

    La cote de popularité de Barack Obama a nettement fléchie en cette année 2013, la première de son second mandat après avoir été réélu sans problème en novembre 2012 face au pâle Mitt Romney.

    Et pourtant l’économie va nettement mieux ainsi que l’emploi avec une baisse sensible du chômage et, surtout, la création de très nombreux emplois.

    Il faut dire que le climat politique n’a pas été très serein et les Américains le font payer à tous les politiques, le président y compris d’autant que celui-ci a connu quelques ratés dans la mise en place de sa réformer phare, celle de l’assurance santé qui est toujours vue négativement par une majorité de la population pour des motifs différents et qu’a éclaté l’affaire des écoutes de la NSA, l’agence de sécurité nationale, suite à la publication de documents secrets par Edward Snowden, la population étant partagée entre la nécessité d’être protégée efficacement contre les terroristes et celle de ne pas être surveillée et contrôlée par l’appareil étatique.

    Néanmoins, force est de constater que les centristes démocrates ont encore de beaux jours devant eux, en témoigne le traditionnel sondage sur les personnalités les plus admirées qui sont encore, cette année, Barack Obama pour les hommes et Hillary Clinton pour les femmes, loin devant leurs poursuivants.

    En outre, une étude très controversée publiée en fin d’année (et sur laquelle nous reviendrons) estime que 51% des Américains sont des centristes selon les critères retenus par l’institut de sondage Gallup. Même si ces résultats semblent mélanger un peu tout et n’importe quoi, ils démontrent, malgré tout, que l’espace central est de plus en plus une recherche et un positionnement, à la fois, des citoyens, des hommes politiques et des analystes, ce qui traduit une envie du corps social de sortir d’un affrontement idéologique malsain où les extrémistes de droite du Tea party sont les principaux meneurs.

    Dernière indication: les deux favoris de la prochaine présidentielle sont actuellement deux centristes, Chris Christie (républicain) et Hillary Clinton (démocrate).

     

    - L’Allemagne sans centristes mais avec une grande coalition

    La situation allemande est sans doute atypique. Voilà un pays qui n’a plus de centre politique réellement défini depuis que les Libéraux se sont transporté à la droite des Chrétiens démocrates (eux-mêmes ayant laissé largement vacant, depuis quelques années, l’espace du centre-droit dont ils sont pourtant issus) et que le SPD a glissé un peu plus à gauche suite à sa défaite électorale de 2009.

    Néanmoins, cela n’a pas empêché la mise en place d’une grande coalition droite-gauche après les dernières législatives du 22 septembre 2013 pourtant gagnées facilement par la chancelière CDU sortante Angela Merkel avec 41,55% des voix mais pas la majorité aboslue et ne pouvant plus compter sur les libéraux laminés.

    Celle-ci a voulu se montrer forte et droite dans ses bottes avec un discours ferme sur la politique économique et sociale à suivre qui fait la part belle aux entreprises et peu aux salariés.

    Néanmoins, ses déclarations de fin de campagne électorale ont été plutôt centristes afin de rassurer les Allemands qui ont été contraints de faire des efforts ces dernières années sans en voir des résultats positifs pour leur vie quotidienne.

    Cette attitude d’Angela Merkel s’est prolongée dans les négociations avec les sociaux-démocrates du SPD et elle a accepté ce que la droite allemande avait toujours refusé de faire, l’établissement d’un salaire minimum, condition sine qua non de la participation du SPD à la grande coalition, lui qui se rappelle douloureusement que cette alliance avec la CDU entre 2005 et 2009, déjà sous la direction de Merkel, ne lui a guère sourit.

     

    - La Grande Bretagne et son centre en péril

    Les Libéraux-démocrates (LibDem) qui occcupent l’espace centriste sont toujours en grand danger d’existence dans les années à venir mais ont obtenu un répit en 2013 faute d’élections nationales. Néanmoins, les européennes qui se dérouleront l’année prochaine risquent d’être périlleuses pour les troupes de Nick Clegg, le vice-premier ministre du pays et allié du conservateur David Cameron au sein de la coalition entre la Droite et le Centre actuellement aux affaires.

    Néanmoins, les bons résultats économiques du pays cette année pourraient peut-être jouer en faveur des LibDem lors des prochaines élections générales qui se dérouleront au plus tard en mai 2015.

     

    - Berlusconi out et le centre-gauche au pouvoir en Italie

    Après les élections législatives de février 2013, le pays s’est retrouvé dans un blocage politique très préoccupant. Car, même si le Parti démocrate (centre-gauche) avait remporté les élections, il ne pouvait gouverner seul et il avait promis de ne pas s’allier avec Berlusconi.

    La seule solution était de se tourner vers les nombreux élus populistes menés par l’ancien comique Beppe Grillo mais celui-ci refusait toute alliance avec un parti traditionnel.

    En fin de compte, c’est une grande coalition qui a été mise en place.

    Néanmoins, la situation s’est détériorée au moment où Silvio Berlusconi a été une nouvelle fois évincé du pouvoir en Italie, perdant son siège de sénateur suite à ses multiples condamnations judiciaires.

    Est-ce la fin du «Cavaliere»? Aucun analyste sérieux ne peut l’affirmer ce qui en dit long sur les problèmes au sein de la classe politique transalpine…

    Toujours est-il que Berlusconi a menacé de bloquer la coalition, ce qu’il n’est pas parvenu à faire in fine, perdant une grande partie de ses alliés.

    C’est donc le centre-gauche qui est actuellement au pouvoir avec aux commandes Enrico Letta du Parti démocrate qui dirige cette grande coalition.

    Un gouvernement qui a, désormais, les mains un peu plus libres que précédemment lorsque Berlusconi lui faisait continuellement du chantage.

    Reste qu’il est difficile de savoir ce qui va se passer dans les mois qui viennent, en Italie tout allant très vite, les gouvernements forts d’hier sont souvent les gouvernements renversés de demain.

     

    - Le Japon à droite toute

    L’échec de l’expérience centriste au Japon a ramené au pouvoir la droite dure d’autant plus que les Japonais sont très inquiets des menaces chinoises et du nationalisme agressif de Pékin à leur encontre.

    Shinzo Abe, le nouveau premier ministre a décidé de remettre le Japon sur les rails, ce qui en soi n’est pas mauvais au vu de la situation du pays, mais son discours est très équivoque notamment sur ses références au passé glorieux du pays.

    Ces dernières font-elles allusion au Japon démocratique des années d’après-guerre qui est devenu la deuxième puissance mondiale avant d’être détrônée récemment par la Chine ou aux années de l’entre-deux guerres où le Japon impérial, frustré de ne pas être reconnu par la communauté internationale et les Etats-Unis déclencha un conflit avec ces derniers?

    Les explications d’Abe ne sont pas très claires alors que ses paroles fortes, elles, font mouche auprès d’une population vieillissante et qui regarde la situation en Asie devenir explosive.

    Les centristes du Parti démocrate japonais (PDJ) sont en partie responsables de cette situation, eux qui ont géré le pays ces dernières années, accompagnant son déclin plutôt qu’en inversant le cours de l’histoire et faisant, au passage, de nombreuses bourdes, à la fois en matière de politique intérieure (après le passage du tsunami) et de politique extérieure (tension avec les Etats-Unis).

    Surtout, les dissensions internes, les scandales et les démissions ont miné le parti positionné plutôt au centre-gauche.

    Après s’être installé au pouvoir en 2009, le PDJ a gouverné pendant trois ans avec trois premiers ministres différents dont, le dernier, Yoshihiko Noda, a subi une défaite cinglante en novembre 2012 puisque son parti n’a remporté que 57 députés contre 294 au Parti libéral-démocrate d’Abe!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • L’année du Centrisme en France. 2013, une refondation du Centre tant attendue en chantier

    A l’orée de 2013, nous disions que celle-ci serait une année décisive pour le Centre et les partis centristes dans la reconstruction d’un espace centriste après la déculottée des élections présidentielles et législatives de 2012.

    Une année sans élections nationales qui devaient permettre l’amorce de tentatives de rapprochement des centristes comme de celles de positionnements politiques spécifiques sans autre pression que de se préparer à 2014 et aux scrutins municipal et européen.

    Tout cela a eu lieu comme prévu avec une réunion entre l’UDI de Jean-Louis Borloo et le Mouvement démocrate de François Bayrou même si les interrogations demeurent sur sa pertinence et sa durée.

     

    L’Alternative ou plutôt «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» qui est la vraie dénomination de cette «organisation coopérative» a donc vue le jour le 5 novembre dernier devant un parterre de journalistes qui ont assisté à un show d’un François Bayrou très à l’aise et à une intervention bien pâle d’un Jean-Louis Borloo emprunté, se succédant à la tribune pour annoncer leur union.

    Celle-ci a été pour le moins rapide à se conclure, trop rapide pour certains centristes, que ce soit du côté de l’UDI ou du Mouvement démocrate, qui craignent une alliance superficielle et sans consistance, surtout uniquement électoraliste.

    Si l’on peut effectivement se demander qu’elle est la véritable assise politique et programmatique de l’Alternative, tant les discussions ont été nébuleuses et tant les discours demeurent éloignés sur certaines questions, il est évident que l’alliance des deux partis du centre de l’échiquier politique français est électoraliste, plus une question d’existence même, si ne ‘est encore existentielle, tellement les résultats des sondages concernant l’UDI et le Mouvement démocrate demeurent désespérément médiocres.

    D’ailleurs, une première réponse sur les capacités de l’Alternative d’en être vraiment une face au PS et à l’UMP (l’allié «naturel») a été donné dans l’incapacité dans de très nombreuses villes de voir l’UDI et le MoDem s’alliés dans une liste commune uniquement centriste pour les prochaines municipales et devant faire alliance dès le premier tour avec l’UMP.

    Paris est évidemment le cas emblématique de ces difficultés de peser politiquement et électoralement tout en étant une épine dans le pied de l’UMP qui craint que les listes de l’Alternative, que ce soit aux municipales ou aux européennes, permettent au Front national de devancer la formation de droite.

    L’Alternative serait donc, pour l’instant, plus forte par son pouvoir de nuisance que par son pouvoir d’attraction.

    Cette analyse sera évidemment au cœur des commentaires sur les résultats des deux échéances électorales de 2014.

    Encore un mot sur cette «organisation coopérative» qui a permis à l’UDI et au Mouvement démocrate de s’unir. Jusqu’à maintenant, elle n’a pas réussi à débaucher plus que quelques personnalités éparses chez les centriste de l’UMP (comme Pierre Méhaignerie) et aucune du côté du centre-gauche.

    De ce point de vue, son pouvoir d’attraction à l’intérieur même de la mouvance centriste est demeuré très limité en 2013.

     

    François Bayrou n’y arrive plus, Jean-Louis Borloo n’y arrive pas encore

    On avait laissé, fin 2012, un François Bayrou battu et en plein doute mais pas encore résigné à abandonner son «indépendance», d’un côté, et de l’autre, un Jean-Louis Borloo plein d’espoirs, affirmant avoir conquis son «indépendance» mais toujours aussi velléitaire.

    Le premier avait perdu les présidentielles et les législatives, ne parvenant pas à être le partenaire qu’il rêvait d’être de François Hollande et de la Gauche tout en continuant à perdre des troupes au centre.

    Le second avait bien mis en place l’UDI en récupérant des partis centristes en plein désarroi et déliquescence mais tardait à s’imposer comme chef d’autant que son positionnement politique demeurait flou (de droite, de centre-droit, de droite modérée, du centre, radical, républicain?).

    Un an après, François Bayrou a perdu le match de la prééminence au centre de l’échiquier politique et tente de gagner celui du leadership dans le nouvel ensemble de l’Alternative.

    Jean-Louis Borloo a bien gagné le match de la prééminence au centre mais il a été incapable de s’imposer comme le leader «naturel» des centristes.

    La bataille du leadership au centre a, néanmoins, été lancée en 2013 avec la création de l’Alternative.

    Le gagnant sera, évidemment dans notre système constitutionnel de la V° République, celui qui représentera cette Alternative (si elle existe encore…) à la présidentielle de 2017.

    Au vu de ce qui s’est passé en 2013 et notamment les deux derniers mois de l’année, François Bayrou a pris une petite avance médiatique sur Jean-Louis Borloo. Pas sûr, en revanche, qu’il soit encore capable de mobiliser des troupes dans quatre ans pour être un outsider crédible à la présidentielle après, rappelons-le, trois tentatives ratées où il n’a jamais pu se qualifier pour le deuxième tour malgré son bon score de 2007.

     

    Hervé Morin cherche une porte d’entrée, Jean-Christophe Fromantin une porte de sortie

    Chez les seconds couteaux centristes qui se retrouvent dans l’Alternative, deux sont en porte-à-faux pour des raisons diamétralement différentes.

    Il y a d’abord Hervé Morin, le président du Nouveau centre et vice-président de l’UDI qui ne parvient pas à exister face à Bayrou et Borloo et ce, malgré des déclarations à l’emporte-pièce et parfois surréalistes, afin d’attirer l’attention des médias.

    Incapable d’exister de manière autonome lorsqu’il était à l’UDF de Bayrou, ministre de la Défense sans grands pouvoirs de Nicolas Sarkozy, chef très contesté d’un Nouveau centre incapable de se structurer en grand parti, second rôle à l’UDI face à un homme qu’il déteste, Jean-Louis Borloo, son avenir semble assez bouché.

    Sans oublier ses déboires lors de la présidentielle de 2012 (1% d’intentions de vote ou moins, incapacité de réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter alors que Jacques Cheminade y parvint).

    On le comprend, 2014 sera une année cruciale pour Morin s’il ne veut pas disparaître des écrans radars de la politique spectacle et se cantonner à être un «simple» député du département de l’Eure.

    Pour Jean-Christophe Fromantin, 2014 est également l’année de tous les dangers où il va devoir s’affirmer comme un homme politique de premier plan, capable de se faire (re)connaître au-delà de sa ville de Neuilly-sur-Seine et de voler de ses propres ailes tellement sa présence à l’UDI semble incongrue.

    Les prochaines municipales vont être son premier test. On se rappelle qu’il avait réussi contre toute attenter à enlever la mairie aux proches de Sarkozy, le «parrain» politique de la ville et alors fraîchement élu président de la république, lors des municipales de 2008 avec une liste indépendante de droite.

    Fromantin est devenu ensuite député en 2012 tout en rejoignant l’UDI et devenant le responsable du projet politique.

    Tout semblait lui sourire. Mais l’homme est un loup solitaire avec des idées bien arrêtées qui sont souvent fortement éloignées de celles de Jean-Louis Borloo, son président, et même de celles du Centre.

    Il y a donc de l’eau dans le gaz, d’autant qu’il a combattu et qu’il combat toujours avec une grande énergie la mise en place de l’Alternative et le rapprochement avec Bayrou, homme pour lequel il n’a aucune sympathie, ce qui est un euphémisme.

    De l’autre côté, l’UMP veut lui faire payer sa transgression de 2008.

    Du coup, il pourrait être un des grands perdants de l’année qui vient.

    Mais s’il gagne ses challenges alors il prendra sans doute une nouvelle dimension politique, pas forcément au centre de l’échiquier politique malgré tout.

    Reste, pour autant, à ce qu’il développe un discours politique plus consistant.

     

    Jean-Christophe Lagarde, éternel espoir?

    Le député-maire de Drancy avait réussi une année 2012 particulièrement prometteuse en créant une formation politique (FED) et en étant un des artisans principaux de la création de l’UDI aux côté de Jean-Louis Borloo.

    Celui qui est vu comme un espoir du Centre depuis plusieurs années a, malgré tout, eu du mal à sortir du lot en 2013.

    Evidemment, la faiblesse des partis centristes ne permet pas une exposition médiatique forte mais Jean-Christophe Lagarde est demeuré dans l’ombre de Jean-Louis Borloo même s’il a critiqué plusieurs fois le manque de consistance politique de ce dernier.

    Et la création de l’Alternative, le voit maintenant derrière, non seulement, Borloo mais aussi Bayrou.

    Dès lors, l’année qui vient de passer n’aura pas été celle de son éclosion sur la scène politique. Pire, elle pourrait annoncer son déclin s’il ne trouve pas l’énergie nécessaire pour exister face à ses deux rivaux.

     

    - Quid des centristes de l’UMP

    Devant le rapprochement de l’UDI et le Mouvement démocrate, plusieurs centristes de l’UMP ont marqué leur intérêt mais pas plus. Peu d’entre eux ont rejoint la nouvelle entité qui ne deviendra attrayante que si elle obtient des résultats électoraux.

    Mais si Jean-Pierre Raffarin ou quelques autres se sont montrés affables avec l’Alternative, d’autres comme Jean-Philippe Daubresse, ont musclé leurs discours qui a plus à voir désormais avec celui de la droite dure que du centre-droit, rappelant que les opportunistes au centre de l’échiquier politique sont toujours d’actualités...

    Pour autant, en 2013, l’UMP n’a globalement pas perdu ses centristes ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’Alternative qui doit absolument en convaincre un certain nombre en 2014 pour passer un cap politique indispensable.

     

    - Où sont les nouvelles têtes?

    Soyons clairs et succincts, il n’y a eu aucune nouvelle tête centriste qui a émergé en 2013.

    Ce sont plutôt les vieux de la vieille qui ont tenu le haut du pavé, de Borloo à Bayrou en passant par Raffarin.

    Dans ce registre (même si on ne voit poindre aucune tête particulière), vivement 2014!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • La refondation du Centre connait son premier tournant

    Personne ne pensait que la réunion de l’UDI et du Mouvement démocrate dans l’Alternative en novembre dernier serait un long fleuve tranquille une fois que leurs deux ténors se seraient serrés la main.

    Les premières tensions étaient d’ailleurs apparues dès l’accord entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou avec nombre d’élus et de dirigeants, à la fois du côté de l’UDI et du MoDem, qui demeuraient dubitatifs sur un rapprochement qui se faisait sans discussions approfondies à tous les niveaux.

    Mais nécessité faisant loi, l’approche des municipales et des européennes, l’Alternative devait se cimenter dans l’action disait-on dans les états-majors.

    Force est de reconnaître que la constitution des listes pour les municipales montre les limites de cette stratégie.

    Bien sûr, il y a Paris où l’on assiste à un psychodrame avec un Jean-Louis Borloo «ulcéré» selon Le Figaro, «en fureur» selon Le Monde, menaçant même une absence de listes communes aux municipales et aux européennes (remettant donc en cause le contrat signé avec François Bayrou) et accusant les chefs du Mouvement démocrate, notamment Marielle de Sarnez, de ne pas la jouer collectif.

    Et c’est vrai que l’on voit des craquements un peu partout qui légitime ce discours un rien comminatoire dans le sens où Borloo ne pouvait pas ne pas imaginer que les choses sérieuses et difficiles commenceraient une fois l’accord signé et non avant.

    Néanmoins, dans nombre de villes, les deux partis centristes travaillent dans une bonne ambiance et il ne faudrait donc pas exagérer la crise que connait actuellement l’Alternative.

    Sauf que les problèmes se situent dans des endroits très emblématiques comme Paris mais aussi Marseille, Toulouse, Lille, Lyon, etc.

    Et ce n’est pas parce qu’on fera liste commune (et souvent avec l’UMP dès le premier tour) dans quelques petites bourgades que cela atténuera le sentiment de malaise qui émane des mauvais rapports dans les grandes villes.

    Quoi que l’on pense de l’Alternative, il serait catastrophique pour les partis centristes et l’avenir proche du Centre en France que celle-ci implose dès ses premières difficultés.

    Mais si cela se produit, ne serait-ce pas la conséquence naturelle d’un contrat rédigé et signé à la va-vite?

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Il y a 150 ans, Lincoln honore la démocratie

    Voilà un anniversaire qui est passé presque inaperçu, même aux Etats-Unis, celui du fameux discours d’Abraham Lincoln à Gettysburg, le 19 novembre 1863, en mémoire aux soldats morts lors de cette bataille particulièrement sanglante qui se déroula entre les 1er et 3 juillet de la même année et fut un tournant dans la Guerre de Sécession, décidant largement de la victoire du Nord contre le Sud confédéré, même si le conflit fratricide dura encore deux longues années.

    Ce discours n’a pas à voir directement avec l’émancipation des Afro-Américains et avec l’abolition de l’esclavage mais parle de la démocratie, ce gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple et d’une nation d’hommes libres qui comprenait déjà dans l’esprit de Lincoln tous les habitants des Etats-Unis (puisque le discours d’émancipation des esclaves est antérieur, datant de septembre de la même année).

    Ce discours est d’autant plus essentiel qu’en ce milieu de XIX° siècle, les Etats-Unis sont le seul pays au monde à avoir un vrai système démocratique (à quelques iotas près évidemment).

    Et, Abraham Lincoln qui fut connu pour être un tribun hors pair, dédie la victoire des troupes de l’Union à la sauvegarde et à l’approfondissement de cette démocratie en quelques mots d’une extraordinaire puissance que voici.

    «Il y a huit décennies et sept ans, nos pères donnèrent naissance sur ce continent à une nouvelle nation conçue dans la liberté et vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux.

    «Nous sommes maintenant engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui vérifiera si cette nation, ou toute autre nation ainsi conçue et vouée au même idéal, peut résister au temps. Nous sommes réunis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous vînmes consacrer une part de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui moururent pour que vive notre pays. Il est à la fois juste et digne de le faire.

    «Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dédier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se battirent ici le consacrèrent bien au-delà de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser. Le monde ne sera guère attentif à nos paroles, il ne s'en souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes firent. C'est à nous les vivants de nous vouer à l'œuvre inachevée que d'autres ont si noblement entreprise. C'est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils offrirent le suprême sacrifice; c'est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain; à nous de vouloir qu'avec l'aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté; à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre.»

    Il n’est pas inutile de se rappeler lors d’anniversaires mémoriels de cette sorte que la démocratie libérale représentative défendue par le Centre et le Centrisme n’est pas une donnée intangible dans un monde où ses adversaires n’ont jamais désarmé et ne désarmeront jamais.

    S’il s’agit du meilleur système (ou du moins mauvais…), il n’est pas «naturel» comme nous l’ont dit et redit tous les penseurs libéraux du XVIII° siècle à nos jours, nous enjoignant de nous battre pour le conserver.

    Au moment où certains à la mémoire courte dans les démocraties penchent vers des extrêmes qui ont toujours abhorré cette démocratie libérale, ressourçons-nous dans tous les combats qui nous permettent aujourd’hui d’être des citoyens libres et égaux afin de faire en sorte que nos enfants et leurs enfants seront également de cette communauté de privilégiés que l’on espère voir un jour être composée de tous les habitants de cette planète.

    Et il n'est pas anodin de penser que le discours de Gettysburg fut prononcé par un président américain considéré comme un centriste.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • La démocratie nécessite un vrai service public d’information

    L’information – tout comme la transmission du savoir – est au cœur de la démocratie représentative que défendent le Centre et le Centrisme.

    Sans information, le citoyen ne peut ni connaître ses droits, les faire valoir et les exercer, ni savoir dans quel monde il vit.

    Sans un citoyen informé par de citoyen libre et égal.

    Il ne peut être, non plus, considéré comme une personne responsable, cette qualité nécessitant d’être correctement informé.

    Donc pas de démocratie autre que formelle.

    Il faut donc garantir la liberté d’expression mais aussi le droit à l’information du citoyen.

    Cela passe par une garantie d’une presse libre mais aussi par un devoir de la société d’informer ses membres.

    C’est pourquoi, dans la plupart des démocraties comme la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et bien d’autres, il existe, à côté d’un secteur privé de l’information, un secteur public, prolongement naturel du service public de l’éducation.

    Mais ce secteur public d’information a montré, au fil des ans, ses limites.

    D’abord une limite politique puisqu’il est géré par l’Etat (et parfois même par le gouvernement en place) donc il est toujours plus ou moins soupçonné d’être relativement proche du pouvoir en place, tout au moins de partager la même vision, même si ces reproches sont exagérés.

    Ensuite une limite déontologique puisque, se confrontant au secteur privé, il doit, pour survivre, adopter nombre des pratiques de ce dernier pour vendre son information (et ses divertissements) afin de faire de l’audience, ce qui n’est absolument pas sa finalité.

    Résultat, le citoyen n’a pas à sa disposition une information de qualité, sans fioritures et sensationnalismes, parlant du fond de ce qui est essentiel pour accomplir son devoir de membre éclairé de la communauté.

    Il faut donc un véritable service public d’information (ce qui suppose, par ailleurs, qu’il ne délivre que de l’information et ne s’occupe pas du divertissement).

    Libre, indépendant, gratuit, déontologiquement inattaquable, voilà l’absolu nécessité de l’absolu nécessaire service public d’information pour informer le citoyen et lui permettre d’être suffisamment éclairé pour choisir ses représentants et pour contrôler leur action ainsi que pour être capable de comprendre le monde dans lequel il vit afin d’être acteur responsable de sa vie.

    Or, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. On peut même dire que cela n’a jamais été le cas malgré ce que prétendent les esprits chagrins qui regrettent l’époque flamboyante de la presse écrite, oubliant que depuis toujours la majorité des titres font du sensationnel et de la sélection d’information pour des motifs partisans, ce qui n’a rien à voir avec le devoir d’informer.

    Mais la publicité et l’impératif de racoler le lecteur, deux nécessités pour faire vivre économiquement parlant, un média, ne peuvent pas aboutir à autre chose.

    Reste que la liberté de la presse est une condition sine qua non de la démocratie.

    Tout le monde doit pouvoir dire et écrire ce qu’il pense.

    Néanmoins, le citoyen a aussi le droit de pouvoir trouver un endroit où il pourra s’informer de la manière la meilleure possible et la plus «objective» possible, le tout, évidemment, «gratuitement».

    Ce service public d’information subventionné et financé par divers moyens n’aura aucunement pour objectif de phagocyter à son profit l’information mais d’être, à côté de la presse et des médias libres, un organe qui délivre une information nécessaire au citoyen libre et responsable.

    Il est important de dire que l’information a toujours été prise entre, d’une part, la propagande d’organisations publiques ou privées et, d’autre part, une vision spectaculaire et commerciale permettant aux entreprises de presse d’exister et de faire des profits.

    Ceux qui parlent d’un âge d’or de la presse où celle-ci aurait agi dans le seul but d’informer objectivement, ont la mémoire bien courte ou un manque criant de connaissances historiques dans ce domaine.

    Bien entendu, l’accélération technologique a permis à l’information de pouvoir être plus rapide et de se démultiplier.

    Cependant, réduire la problématique à l’apparition des stations de radios et des chaînes de télévision d’information en continue ainsi que du média internet est une contrevérité.

    Tout au plus peut-on dire que les problèmes inhérents à son fonctionnement, à son domaine d’intervention et aux attentes de ses clients ont suivi la même courbe exponentielle que celle de la multiplication des médias et de l’information.

    Il n’en demeure pas moins que ces problèmes sont constitutifs même de l’information et de sa possible manipulation.

    Le médiateur, l’informateur, chargé d’être le lien entre l’information et l’informé peut avoir de multiples raisons de dire certaines choses et d’en cacher d’autres.

    N’est-ce pas ce que nous faisons nous-mêmes dans notre communication avec les autres?!

    Mais, dans le cas qui nous intéresse, il doit pouvoir y avoir une source d’information qui tente d’être la plus neutre et la plus objective possible.

    Car l’information ne peut pas être qu’un produit commercial comme un autre que l’on peut malaxer comme l’on veut afin de pouvoir la vendre à n’importe quel prix et de n’importe quelle manière.

    C’est ce qui justifie ce service public.

    Celui-ci ne doit évidemment pas être ni «la voix de la France», ni même «info France» mais un organisme totalement indépendant chargé de délivrer une information citoyenne pour ceux qui la veulent, sans pressions commerciale et/ou partisane.

    Ce n’est évidemment pas un service qui se substitue aux médias actuels mais qui vient en complément de ceux-ci, qui s’ajoute à eux.

    Il ne sera la propriété ni de l’Etat, ni même des journalistes qui y travaillent mais de la collectivité nationale.

    Il sera régi par une règle déontologique stricte à laquelle veillera un organisme de tutelle élu au suffrage universel.

    On comprend que cette solution n’est pas parfaite (il n’en existe malheureusement pas) mais elle est la moins mauvaise.

    Ainsi, la liberté de la presse sera conservée comme un bienfait inestimable de la démocratie.

    Mais il existera aussi cette source d’information indispensable à la citoyenneté réelle et effective.

    Reste à trouver la volonté politique.

    N’oublions pas, à l’attention de tous les esprits chagrins, que personne ne sera obligé de lire, écouter ou regarder les informations de ce service public.

    Enfin et surtout, si nous continuons dans les dérives actuelles, nous risquons d’aboutir à ce que l’information ne soit plus qu’un produit de même nature que le divertissement.

    Et nous n’aurons plus que des consommateurs et plus de citoyens.

    Voilà bien le rêve de tous les apprentis dictateurs.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Pessimistes et déclinistes les Français demeurent démocrates

    Plusieurs sondages récents donnent un panorama intéressant de l’état d’esprit actuel des Français.

    On pourrait le résumer en disant que ceux-ci sont des pessimistes (66% estiment l’identité de la France menacée) déclinistes (à 73%), concernés (93% sont attachés à la France) et préoccupés (à 52%) par la situation actuelle du pays et par la leur, personnelle, mais qu’ils demeurent combatifs (à 54% contre seulement 15% résignés) et attachés à la démocratie ce qui n’est pas sans importance dans une période troublée où les populismes tentent de récupérer l’angoisse et la colère de la population à leur profit et pour leurs idéologies obscurantistes.

    Ainsi, pour l’enquête CSA (1), dont sont extraits les chiffres ci-dessus, 57% des Français estiment que le «moyen d’action le plus efficace pour faire entendre leur voix ou leurs opinions» est le droit de vote.

    Toujours selon cette enquête, 72% d’’entre eux estiment qu’être Français aujourd’hui c’est être attaché «aux valeurs de la République: Liberté, Egalité, Fraternité».

    Une enquête de l’agence Mediaprism (2) citée par Le Figaro magazine nous apprend, par ailleurs, que 99% des sondés estiment que pour avoir confiance en l’avenir il faut «être libre de penser et d’agir», 97% qu’il faut «vivre en démocratie et avoir le droit de vote» et 92%, «vivre dans un pays laïc».

    Ouf! Les Français croient encore à la démocratie et à ses valeurs.

    De même, ils sont encore 67% à choisir le progrès contre seulement 33%, les traditions, montrant une certaine foi en l’avenir malgré les difficultés de leur quotidien.

    En revanche, ils sont de plus en plus sceptiques sur notre capacité à vivre ensemble. Selon CSA, 57% affirment même que «ce qui divise les Français est plus fort que ce qui les rassemble».

    Bien sûr, ce résultat vient aussi de cette prise de conscience positive en démocratie de la différence qui permet à chacun d’avoir ses idées, ses opinions et sa vision de l’existence sans devoir adopter un comportement normatif et uniforme des sociétés du passé.

    Pour autant, il montre une difficulté à vivre ensemble qui se traduit souvent par cet irrespect au nom de son «droit» à être, non pas différent, mais «extraordinaire», c’est-à-dire, in fine, au-dessus des autres.

    Et s’ils estiment à 79%, à contre-courant d’une opinion médiatique fort présente et pesante que le politique ne peut plus rien, que les gouvernants ont «vraiment les moyens d'agir et d'influer sur le cours des choses» (32%) ou ont, malgré tout «des marges de manœuvre pour agir mais ne peuvent influer qu'à la marge sur le cours des choses» (47%), les Français pensent à 88% que les gouvernants «ne se préoccupent pas des gens comme vous».

    Et ils sont 49% à affirmer que c’est le gouvernement qui a le plus de pouvoir pour faire avancer la France sans pour autant se défausser sur celui-ci puisque 48% disent également que c’est «chacun d’entre nous à son niveau), tout cela loin devant les entreprises (32%), les mouvements citoyens (21%) ou l’Union européenne (19%).

    Et ce qui les préoccupe le plus désormais, ce sont les inégalités. En un an, elles sont devenues la «première menace sur la capacité à bien vivre ensemble en France» comme le dévoile un sondage Ipsos (3) pour le Conseil économique social et environnemental pour illustrer sa dernière conférence sur le vivre ensemble.

    En hausse de 11 points en un an, c’est le premier item cité par les Français détrônant au passage la crise économique et financière, 38% contre 34% (viennent ensuite les extrémismes religieux, l’individualisme, les extrémismes politiques, le repli communautaire et le fossé entre les générations).

    Dans l’enquête CSA, 77% des Français estiment qu’«au cours des dernières années les inégalités sociales en France se sont plutôt aggravées» contre 10% «qu’elles se sont plutôt réduites» et 13% qu’elles n’ont pas changé.

    Néanmoins, s’ils devaient choisir, les Français choisiraient la liberté (à 61%) plutôt que l'égalité (à 39%) selon CSA.

    En ce qui concerne la mondialisation, les Français voient négativement la globalisation économique (58% contre 27%) mais apprécient la mondialisation culturelle (49% contre 35%).

    Une bonne nouvelle malgré la frilosité en matière d’ouverture économique, puisque l’on nous rebattait constamment ces dernières années notre soi-disant fermeture d’esprit vis-à-vis de l’autre étranger, des autres cultures et de la culture métissée de la mondialisation.

    Dans cet afflux de données, les centristes peuvent y trouver la confirmation que leur positionnement politique correspond à l’époque actuelle mais aussi qu’il y a des dangers qui peuvent devenir extrêmement préoccupants dans les années à venir.

    La foi en la démocratie, l’ouverture à la culture mondiale, la volonté d’être combattif face à la situation, savoir que l’on doit compter sur soi-même (responsabilité) et que la liberté est plus importante que l’égalité sans pour autant que cette dernière ne soit oubliée (74% pensent que la société n’est pas assez égalitaire) tout en estimant que les gouvernements ne peuvent plus rien faire est une vision somme toute équilibrée.

    De même, il y a un motif d’espérance dans notre société où monte l’irrespect de l’autre, les Français placent les incivilités en troisième position sur ce qui les indigne le plus aujourd’hui, juste derrière la fraude aux aides sociales et la précarité de l’emploi.

    En revanche, la peur de la globalisation économique, le peu de crédibilité accordée à l’Union européenne, la défiance envers les partis politiques (75%) et les médias (49%), la vision négative de la décentralisation (41% contre 22%) montre des Français angoissés par l’ouverture économique au monde, portant une grande défiance à la politique et à l’information qui est délivrée (deux biens essentiels de la démocratie) et une appétence très limitée pour la manière dont la décision politique est organisée entre l’échelon central et les niveaux locaux.

    Reste une donnée essentielle dont les gouvernants doivent se saisir: 66% des Français estiment qu’il s'agit «d'une crise sans précédent» que nous vivons actuellement et qu’il sera difficile «d’en sortir sans réformer en profondeur le pays».

    Alors, au boulot, tous ensemble!

    Alexandre Vatimbella

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    (1) Enquête CSA réalisée du 14 au 21 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 2004 personnes âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points

     (2) Enquête Mediaprism réalisée par internet du 2 au 8 octobre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1057 personnes âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points

     

    (3) Enquête ISPOS réalisée les 8 & 9 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1025 personnes âgée de 15 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points

  • Nous chérissons une histoire que nous ne connaissons pas!

    49% des Français (pourcentage le plus élevé), interrogés en novembre dernier par l’institut de sondage CSA, considèrent que son histoire est ce qui définit le mieux la France devant sa gastronomie (46%), ses paysages et ses terroirs (40%), son modèle de protection sociale (38%) et sa devise républicaine «Liberté, égalité, fraternité» (33%). A noter que le chauvinisme arrive dans les derniers avec 7% de citations…

    Tout cela serait parfait si les Français connaissaient leur histoire ce qui malheureusement est très loin d’être le cas!

    Ce qu’ils célèbrent dans ce sondage, c’est plutôt le fait que l’histoire de France est glorieuse parce qu’on le leur dit (et non parce qu’ils le considèrent comme tel) et que nous avons été, grâce à Charlemagne, Richelieu, Louis XIV, Napoléon et quelques autres personnages plus ou moins controversés, une des plus grandes puissances mondiales voire la plus grande.

    Tout cela a plus à voir avec de la légende nationaliste qu’avec l’histoire.

    Pourtant, savoir d’où nous venons et ce qui est survenu dans le passé est d’une grande importance pour qui veut être capable de conduire sa vie en toute connaissance de cause et pour qu’une communauté puisse faire des choix collectifs responsables.

    Sans discuter ce que veut dire raconter l’histoire d’un pays, d’une civilisation ou du monde avec tous les problèmes que cela pose, tant du point de vue de l’objectivité, de la véracité, de la manière dont on le raconte et d’où on se place pour le faire, la connaissance du passé nous permet de nous appuyer sur l’expérience afin d’explorer les possibles acceptables et refuser les aventures dont le passé nous montre tous les dangers.

    Comment apprécier à sa juste valeur le régime démocratique et rejeter un nouvel Hitler lorsque l’on se rend compte qu’à peine près de soixante-dix ans après sa mort, beaucoup de jeunes allemands ne savent pas ce que le dictateur nazi a fait quand ils ne connaissent même pas son nom?!

    Et l’on pourrait multiplier les exemples tout aussi édifiants.

    Les «grandes leçons» de l’histoire ont pour but de nous faire progresser vers une plus grande humanité.

     

    C’est la raison pour laquelle le Centre dans sa démarche humaniste estime que la réflexion historique la plus honnête doit être un outil pour construire le présent et imaginer le futur.

    Alexandre Vatimbella

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  • La démarche centriste de Mandela

    Alors que vient de disparaître ce 5 décembre 2013 Nelson Mandela à 95 ans, vu comme une véritable icône et ce pas seulement en Afrique du Sud ou en Afrique tout court mais dans le monde entier, il n’est pas inutile de revenir, au-delà de la légende qui s’est forgée bien avant sa mort, sur la manière dont il a appréhendé la politique et son objectif de débarrasser son pays d’une des pires idéologies que l’homme ait inventé, l’apartheid, et qui ne fut pas en vigueur qu’en Afrique du Sud mais également dans d’autres pays, à une époque ou une autre (comme le Liberia où elle concernait des noirs entre eux ou même dans certains Etats des Etats-Unis entre blancs et noirs jusqu’aux votes des lois contre la ségrégation et les décisions de la Cour Suprême).

    Car, au risque de surprendre certains qui le voient comme un extrémiste révolutionnaire, la démarche de Mandela a été essentiellement centriste, basée sur le bien de tous, le nécessaire équilibre et le droit des minorités à avoir ce qu’ont les majorités.

    Bien évidemment, quand nous disons cela, nous n’oublions pas le radicalisme adopté par Mandela à une époque ou une autre devant, à la fois, l’impossibilité de faire bouger pacifiquement les lignes dans son pays et face aux guerres idéologiques qui régnaient après le second conflit mondial et qui ont fait que les Occidentaux se sont retrouvés – pour un temps seulement et heureusement – du côté du régime blanc de l’apartheid dans leur lutte contre le communisme au plus fort de la guerre froide alors que nombre de dictateurs, tels Fidel Castro ou Mouammar Kadhafi, se plaçaient, eux, non pas pour les noirs persécutés, mais contre ces mêmes Occidentaux en faveur du leader de l’ANC (African national congress).

    De même, l’admiration de Mandela pour Che Guevara dont on connait désormais la vision idéologique bornée et son peu de cas pour l’humanisme, ne doit pas être oubliée au moment où l’on fait un bilan de son engagement politique.

    Car, tout dans l’action de Nelson Mandela respire l’humanisme, le juste équilibre, la volonté de consensus.

    Il a été convaincu que la démarche non-violente de Gandhi était la bonne et qu’il fallait pour le bien de son pays mais aussi de l’Afrique et du monde, qu’une grande entreprise de réconciliation ait lieu une fois que l’apartheid serait enfin vaincu.

    Et à l’inverse de ce qui s’est passé dans la plupart des pays du monde lors du passage d’un régime à un autre, il n’y a pas eu de bain de sang, ni même de chasse aux sorcières.

    C’est grâce à lui si l’on peut appeler aujourd’hui l’Afrique du Sud, une «nation arc-en-ciel», une sorte de miracle si l’on se souvient de la haine qui régnait entre les différentes communautés, blanche, noire, zoulou et indienne.

    De même, il était considéré comme un «ubuntu» par son ami et compagnon de lutte, l’archevêque Desmond Tutu, qui définissait la notion ainsi: «Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés».

    Et il a mis en pratique cette maxime du même Tutu, «il n’y a pas de futur sans pardon».

    Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, dans son hommage au premier président noir d’Afrique du Sud, a expliqué qu’il ne «pouvait imaginer sa vie sans l’exemple de Mandela».

    Il a poursuivi en rappelant ce que Mandela avait dit, lors de son procès en 1964 qui devait le mettre derrière les barreaux pendant 27 ans: «Je me suis battu contre la domination blanche comme contre la domination noire. Je me suis battu pour l’idéal démocratique et pour l’harmonie entre les communautés et je suis prêt à mourir pour cela».

    Oui, c’est un grand humaniste qui vient de nous quitter.

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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